Coll. Libre propos, 192 pages
Présentation de l'éditeur
Depuis 1945, Hitler incarne le mal absolu en politique et le nazisme sent le souffre. Ou plutôt le zyclon B des chambres à gaz, utilisées d’abord pour les malades mentaux, puis, à plus grande échelle, sur les Juifs. Au point qu’on a oublié qu’avant-guerre, avant que ces fruits immondes n’arrivent à maturité, « la bonne semence » était apparue à de grands esprits comme une expérience intellectuellement intéressante. Et la diabolisation qui a été faite du nazisme, après-guerre, aussi compréhensible soit-elle au plan moral, en occulte certains aspects que notre modernité a spontanément retrouvés, depuis la lutte contre le cancer jusqu’à la protection des animaux. Mais ce qu’un néo-nazi cynique pourrait oser appeler « l’héritage positif » du régime hitlérien ne peut pas dissimuler une seule seconde l’abjection profonde du système.
Se pourrait-il que celui-ci soit de retour derrière ces récurrences ? La question peut être posée quand on voit l’horreur éthique qui vient. L’idée de recourir à la déontologie pour moraliser l’exercice d’une profession et de codifier cette déontologie pour lui donner une force juridique, c'est-à-dire une force contraignante, apparaissent de prime abord comme des innovations contemporaines très largement positives. Mais l’horizon se ternit brutalement lorsqu’on découvre que le premier code de déontologie médicale d’Europe a été promulgué en 1937 sous Hitler, que l’euthanasie a occupé une place centrale dans la politique sanitaire nazie, que l’idée de l’amélioration humaine de l’homme ne peut engendrer que l’esclavage ou l’extermination des sous-hommes, que la mise sous tutelle comptable du système de santé nous mène lentement mais sûrement à l’abjection, qu’une société qui traite les animaux avec autant de considération que des humains est aussi une société où les humains peuvent être traités aussi misérablement que des animaux.
Le nazisme ne serait-il pas de retour sous de nouveaux oripeaux ? C’est la question que soulève ce livre, qui s’efforce d’y apporter une lumière crue, ainsi qu’un vœu : « il faut vomir le nazisme chaque jour, de peur d’être étouffé par ses mirages ».
Antoine Leca est agrégé des facultés de droit, professeur à l’université Paul Cézanne d’Aix-Marseille et directeur du CDSA (EA n° 3242).
Sommaire
Avant-propos « comique »
Leçon 1 - De quoi la codification étatique de la déontologie médicale est le nom : l’avènement d’une nouvelle téléologie prioritairement au service de la collectivité (Gesundheitsführung)
Leçon 2 - De quoi l’euthaNAZIe est le nom : le droit de l’état d’autoriser à mettre fin aux vies indignes d’être vécues (Lebensunwerten Lebens)
Leçon 3 - De quoi l’idée d’améliorer la race est le nom : l’esclavage (Versklavung), l’extermination (Vernichtung)
Leçon 4 - De quoi l’avènement de la médecine de masse est le nom : un art médical qui n’est plus au service du malade
Leçon 5 - De quoi la maîtrise médicalisée des soins est le nom ou l’économie perverse
Leçon 6 - De quoi la désacralisation de l’humain est le nom ou l’avènement d’une politique de santé de type vétérinaire
Leçon 7 - De quoi les médecines naturelles sont le nom : une vision chimérique de la nature opposée au progrès scientifique
Conclusion - La bête immonde est de retour