Présentation
L'équité est conçue, depuis Aristote, par les juristes et les philosophes comme une forme de justice dépassant ou corrigeant l'application stricte des règles. La recherche de l'équité, effort d'ajustement aux singularités du cas que la règle n'a pas prévu ou auquel elle s'applique mal, exige de celui qui juge un rapport souple à l'application de la règle, voire un sens pratique qui lui permette de substituer entièrement à cette dernière son jugement individuel. Condition d'une justice humaine qui ne saurait se réduire à la mise en œuvre mécanique des lois pour les uns, l'équité apparaît aux autres comme un renoncement à la régularité du droit, qui fait pourtant sa valeur, comme une abdication face au pouvoir arbitraire du juge. Si elle est louée ici, selon un adage romain, comme « le droit que la loi n'a pas couché par écrit » ( Aequitas nihil aliud est quam jus quam lex scriptio praetermisit), elle est dénoncée là comme une menace pour la justice : « Dieu nous garde de l'équité des parlements », prévient ainsi un autre adage, légué par le droit français de l'ancien régime. Mais l'équité désigne-t-elle un type distinct de justice, qu'on ne saurait ramener à des principes ou des règles générales, une forme particulière de vertu ou de disposition, qui définirait en propre l'homme équitable, ou encore un mode spécifique de raisonnement, distinguant le jugement en équité des autres formes de jugement ? Qu'est-ce qui la distingue alors comme valeur, vertu ou jugement ? Peut-elle être définie ou réglée par des normes générales, si elle consiste dans le dépassement des règles fixes ? Sa pertinence s'arrête-t-elle au jugement juridique, ou peut-elle s'étendre au jugement politique et moral, et plus généralement à toutes les formes de jugement pratique, voire même au jugement esthétique ou scientifique ? Faut-il, en dernier lieu la craindre, et à quelles circonstances alors la cantonner ?
Des doctorants des écoles doctorales de droit et de philosophie présenteront leurs travaux sur ce thème, des enseignants-chercheurs juristes et philosophes leur répondront.
Programme
Présidence : Pascale Deumier, Professeure de droit
14h00 : L'équité ou la justice tempérée par l'altruisme ?
Blondine Desbiolles, Doctorante en philosophie
Répondant : Charles Girard, Maître de conférences en philosophie
14h45- L'ambivalence de l'équité en droit public
Aurélien Javel, Doctorant en droit
Répondant : David Mongoin, Professeur de droit
15h30 : Pause
15h45 : La pitié nuit-elle à l'équité ?
Corentin Lelong, Doctorant en philosophie
Répondante : Isabelle Delpla, Professeure de philosophie
16h30 : L'équité en droit des biens : principe et réalité
Florent Berthillon, Doctorant en droit
L'enrichissement sans cause : de l'équité à la morale ?
Chloé Maestroni, doctorante en droit
Répondant : François Chénedé, Professeur de droit
17h45 : Fin de la journée
Contacts : francois.chenede@univ-lyon3.fr ou charles.girard@univ-lyon3.fr
Site du groupe DroitPhiL : www.droitphil.hypotheses.org
Organisée par l'Ecole Doctorale de Droit et l'Ecole Doctorale de Philosophie, dans le cadre du Groupe de recherche en philosophie du droit de Lyon.