Dans un contexte marqué par l’impunité persistante d’une puissante criminalité organisée alimentée, entre autres, par le narcotrafic, ainsi que par une crise de légitimité et d’efficacité des forces de police, il existe une tendance, dans un grand nombre de pays d’Amérique latine, et plus particulièrement au Mexique et en Colombie, à affecter des forces militaires à des tâches de police. Au nom de la défense de la « Sécurité nationale », les forces armées latino-américaines sont ainsi déployées sur leur territoire national pour lutter contre le crime organisé et une de ses formes spécifiques qu’est le narcotrafic. Si les forces terrestres sont les plus mobilisées, elles ne sont pas les seules à être engagées dans ces missions de « sécurité nationale ». En effet, tant au Mexique qu’en Colombie, la Marine de guerre joue un rôle décisif dans la mise en œuvre d’opérations contre le narcotrafic. Elle doit ainsi, apprendre à se coordonner avec les forces de sécurité publique qui détiennent, en théorie, la primauté opérationnelle. Cette interprétation imprécise de la notion de « sécurité » a entraîné une confusion qui empêche de circonscrire avec précision les contours de la sécurité nationale et, par conséquent, de déterminer les différences entre « Défense » et « sécurité intérieure ». Ainsi, dans la pensée latino-américaine, la sécurité nationale fait-elle allusion à la sécurité et à la défense de la structure même de l’Etat qui seraient remises en question par des phénomènes comme la subversion, le terrorisme, le narcotrafic et la délinquance organisée. À l’heure actuelle, les cadres juridiques comme doctrinaux des forces armées latino-américaines prévoient différents types de missions, et ce, selon les caractéristiques de chaque pays : la défense du territoire face à un ennemi extérieur, la protection des infrastructures stratégiques, les opérations contre le narcotrafic et l’éradication des cultures illégales. Et c’est précisément sur ce type de missions, qui fait l’objet de nombreux débats à l’heure actuelle, que porte le présent travail de recherche afin de comprendre sous quelles modalités se base l’élaboration du cadre normatif et opérationnel de ladite « doctrine de la sécurité nationale ».