A l'heure où les impacts du dérèglement climatique et de l'érosion drastique de la biodiversité sont de plus en plus visibles et leurs effets irréversibles, questionner, repenser et transformer nos manières de construire et de vivre le territoire s'imposent. C'est dans la perspective d'un changement de paradigme systémique lié aux enjeux environnementaux que naissent en parallèle d'une évolution classique du droit, des propositions innovantes pour impulser des réponses originales autour de ces enjeux. Parmi elles, la démarche du parlement de Loire porte l'idée d'un renversement de nos rapports au fleuve, appréhendé comme entité vivante, à travers quatre champs d'action : la reconnaissance de la personnalité juridique du fleuve, le dialogue inter-spécifique, la décolonisation des savoirs et la transformation des ingénieries territoriales. Initiée en 2019 par le POLAU - Pôle arts et urbanisme, la démarche est portée depuis par un collectif d'acteurs réunissant la Mission Val de Loire, la Maison des Sciences de l'Homme Val de Loire, l'Université Populaire pour la Terre de Tours, Ligere, Natexplorers, la Rabouilleuse et le POLAU. C'est par le prisme de cette démarche que ce travail de thèse se propose d'interroger la planification territoriale telle qu'elle existe. Elle représente un espace de décision où s'expriment et se jouent des arbitrages politiques déterminants pour nos sociétés à diverses échelles. Malgré les avancées du droit de l'environnement et son intégration renforcée, force est de constater que de nombreuses limites empêchent l'émergence de projets de territoires efficients et cohérents à l'échelle du bassin versant. Les documents de planification (SDAGE, SAGE, SRADDET, PCAET, SCOT, PLUi, etc.) sont par essence des supports et des modes d'expression de partis pris décisifs à moyen et long terme. Ils ont la capacité de réguler, cadrer et orienter les activités humaines, les destinations et les usages des sols. Du transport, à l'habitat, en passant par l'offre de service, l'emploi, la santé, l'eau, l'énergie, l'agriculture et d'autres encore, la planification territoriale est marquée par une grande transversalité. Cette transversalité fait des documents de planification un terrain propice pour penser des transformations systémiques en matière d'enjeux environnementaux. Pourtant, elle est aussi source d'une grande complexité et de conflits d'articulations et de cohérences des objectifs poursuivis. Au-delà de cette complexité de fond, les documents de planification sont souvent mal perçus (manque de lisibilité générale et densité), mal vécus (contrainte et mille-feuille juridique) et peu appropriés (relégués aux sphères technico-politiques). Cette thèse a pour ambition de mettre en perspective, à l'aune du parlement de Loire, une analyse critique des contenus (cadre juridique, place du fleuve), des articulations (hiérarchie des normes, périmètres et cohérence territoriale), des gouvernances (représentations des intérêts et participation) et des processus d'élaboration de projets de territoires (enjeux, outils et règles). Il s'agira ensuite de proposer les pistes opérationnelles d'un renouvellement des concepts et des pratiques pour une planification territoriale « environnementale et participative ». La démarche du parlement de Loire est porteuse d'une méthodologie et d'une boîte à outils singulière mêlant arts-sciences-territoires dans une dynamique de décloisonnement. Nous évaluerons en quoi cette approche est un levier de transformation des méthodes et plus largement du droit de la planification territoriale, à l'aune des outils juridiques existants. Nous explorerons les possibilités d'en faire naître de nouveaux en opérant un focus autour des démarches artistiques et culturelles comme levier d'émergence de projets de territoires renouvelés.