Marie-Joëlle Redor-Fichot

Professeur émérite
Droit public.
Faculté de droit, administration économique et sociale et administration publique

Institut Caennais de Recherche Juridique
  • THESE

    De l'état légal à l'état de droit. L’évolution des conceptions de la doctrine publiciste française 1879-1914, soutenue en 1988 à Paris 2 sous la direction de Jean Combacau   

  • Marie-Joëlle Redor-Fichot, Xavier Aurey (dir.), Les cliniques juridiques, Presses universitaires de Caen, 2015, Symposia, 240 p.    

    Nées dans les universités nord-américaines, les cliniques juridiques ont une double vocation, pédagogique et sociale. Ces structures se consacrent ainsi à la formation des étudiants par une expérience auprès des populations défavorisées, sous l'encadrement d'enseignants-chercheurs et de professionnels du droit. Approche innovante en France et complémentaire de l'enseignement universitaire traditionnel, l'activité clinique permet d'enrichir l'offre éducative en droit. Réunissant les contributions de spécialistes de l'enseignement clinique et de théoriciens du droit, cet ouvrage collectif rend compte du "mouvement clinique global" et de son acclimatation au contexte français

    Marie-Joëlle Redor-Fichot (dir.), Roms, Tsiganes et Gens du voyage: actes du colloque de Caen organisé les 24 et 25 novembre 2011, Mare & Martin, 2013, Collection Droit public, 300 p.   

    Marie-Joëlle Redor-Fichot (dir.), L'ordre public, Bruylant, 2001, Droit et justice, 436 p. 

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, Stéphane Leclerc, Jean-François Akandji-Kombé, Redor-Fichot Marie-Joëlle, L'Union européenne et les droits fondamentaux, Éditions Bruylant, 1999, 235 p. 

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, Stéphane Leclerc, Jean-François Akandji-Kombé (dir.), L'Union européenne et les droits fondamentaux: [journée d'études CEDECE], Bruylant, 1999, 235 p.   

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, De l'État légal à l'État de droit: l'évolution des conceptions de la doctrine publiciste française, 1879-1914, Économica et Presses universitaires d'Aix-Marseille, 1992, Droit public positif, 389 p.   

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, Les Couches inférieures de la paysannerie dans l'Election de Vire à travers les "Cahiers de 1789",, 1977, 80 p. 

  • Marie-Joëlle Redor-Fichot, Jean-Manuel Larralde, « Éditorial », Presses universitaires de Caen, 2014  

    Le dossier du présent numéro des Cahiers fait suite à un colloque organisé le 15 novembre 2013 par le Centre de recherche sur les droits fondamentaux et les évolutions du droit (CRDFED) sous la direction de Marie-Joëlle Redor-Fichot et Mathias Couturier. Ce colloque était consacré aux relations complexes qu’entretiennent depuis longtemps le droit et la psychiatrie et que la réforme législative relative aux soins psychiatriques sans consentement a profondément remodelées. La loi du 5 juillet 2...

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, « L’article 66 de la Constitution, le juge administratif et la protection des droits du malade mental », Presses universitaires de Caen, 2014  

    En confiant à l’autorité judiciaire le soin de protéger l’individu contre les détentions arbitraires, l’article 66 a inscrit dans la Constitution de 1958 une tradition née au XIXe siècle selon laquelle le juge judiciaire est un meilleur défenseur des libertés que ne pourrait l’être le juge administratif. Dès 1838, dans l’objectif de préserver l’individu des abus de pouvoir de l’administration, la loi Esquirol avait ainsi confié au juge judiciaire, plutôt qu’au juge administratif soupçonné de ...

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, Samuel Etoa, Grégory Godiveau, Juliette Lecame, Sébastien Platon, « Clinique juridique des droits fondamentaux – CRDFED », Presses universitaires de Caen, 2012  

    Introduction : le régime juridique résultant de la loi du 3 janvier 1969 La loi nº 69-3 du 3 janvier 1969 s’intitule Loi relative à l’exercice des activités ambulantes et au régime applicable aux personnes circulant en France sans domicile ni résidence fixe. Elle oblige notamment ces personnes à détenir un titre de circulation pour circuler en France, obligation pénalement sanctionnée ; elle leur impose également de désigner une commune de rattachement et les soumet à un régime spécifique pou...

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, « C'est la faute à Rousseau.... Les juristes contre les parlementaires sous la IIIe République », Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1995, pp. 89-96    

    «C'est la faute à Rousseau». Les juristes contre les parlementaires sous la IIIe République. Marie-Joëlle Redor [89-96] Loin des théories à la mode qui visent à faire de cette notion le fondement de la démocratie, cet article cherche à montrer, en revenant sur le contexte de son apparition - le début du siècle - que celle-ci a d'abord été élaborée par des publicistes contre les parlementaires. Au cœur du développement de l'État de droit s'inscrit ainsi un antiparlementarisme porté par des juristes qui voyaient dans les élus de la IIIe République et dans le suffrage universel, le symbole de l'incompétence et de l'ignorance.

  • Marie-Joëlle Redor-Fichot, « Le droit : une arme au service du vivant ? », le 11 décembre 2023  

    Colloque organisé par l'Université de Rouen Normandie et Sciences Po Toulouse sous la direction scientifique de Anne-Sophie Denolle et Christel Cournil, sous le parrainage de la SFDE

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, Eleonora Bottini, Thibault Larrouturou, Frédérick Lemarchand, Marie Rota [et alii], « Table ronde : Pandémies et états d'exceptions », Pandémies et états d'exceptions, Caen, le 07 décembre 2021  

    Organisée par le Centre de recherche sur les droits fondamentaux et les évolutions du droit (CRDFED), Université de Caen Normandie.

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, « Réclamer en démocratie », le 09 mars 2020  

    Table ronde organisée par la Faculté de droit, AES et administration publique, le Centre de recherche sur les droits Fondamentaux et les évolutions du droit (EA2132) & l'École doctorale de Normandie (ED98DN).

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, « Représentation, gouvernement et systèmes électoraux », le 31 janvier 2020 

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, « Les systèmes électoraux et la démocratie au XXIème siècle : quelles évolutions possibles ? », le 18 mars 2019  

    Organisé sous la direction de Eleonora Bottini, Professeure à l'Université de Caen Normandie, et Serge Surin, Docteur en droit et ATER à l'Université de Caen Normandie

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, « Le recours à la notion de démocratie par les juridictions », le 23 mars 2017  

    Organisé par le CRDFED (EA2132) avec le soutien de la Fondation Anthony Mainguené

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, « Le droit aux visites des personnes incarcérées », le 27 octobre 2016  

    Le droit de visite est une garantie du droit fondamental au respect de la vie privée et familiale depuis la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 (article 35).

    Marie-Joëlle Redor-Fichot, « Pédagogie et droits de l’homme », le 02 novembre 2011 

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Alexia David, L'impartialité du Conseil constitutionnel, thèse soutenue en 2021 à Normandie sous la direction de Jean-Manuel Larralde, membres du jury : Dominique Rousseau (Rapp.), Pierre Esplugas-Labatut (Rapp.), Fanny Malhière  

    L’impartialité est une exigence relative : le juge impartial n’est pas le juge dénué d’opinions, mais celui qui n’a pas encore pris parti et qui, donc, conserve sa liberté de réflexion. À l’inverse, le juge partial est celui qui a pris parti a priori, de façon prématurée et qui, de ce fait, a perdu cette liberté de réflexion. Cette définition permet d’affirmer que les juges constitutionnels français peuvent être impartiaux s’ils en ont la volonté. Néanmoins, l’impartialité n’est pas seulement affaire de volonté : le juge peut être placé dans une situation favorable ou défavorable à son impartialité. Or, le risque de partialité apparaît fort pour le juge constitutionnel. L’appréciation de la conformité de la loi aux droits et libertés garantis par la Constitution est une opération subjective, portant sur des questions complexes, mettant en conflit des valeurs et laissant donc une large place à l’expression des préjugés individuels des juges. Le risque de partialité connaît cependant certaines limites, car les juges constitutionnels disposent d’outils pour objectiver leur raisonnement et subissent un certain nombre de contraintes juridiques qui réduisent ce risque. La question de l’impartialité du Conseil constitutionnel se pose ensuite en termes de garanties d’impartialité. Or, si l’impartialité est une qualité recherchée par le Conseil, cette recherche doit être approfondie, au bénéfice de son impartialité mais aussi, plus largement de son rôle au sein de la démocratie, en tant que lieu où se discute le sens de la loi et de la Constitution.

    Eugenie Duval, Participation et démocratie représentative : le cas de la France, thèse soutenue en 2020 à Normandie sous la direction de Jean-Manuel Larralde, membres du jury : Dominique Rousseau (Rapp.), Marthe Fatin-Rouge Stéfanini (Rapp.), Laurent Fonbaustier et Eleonora Bottini  

    La participation est au cœur de la démocratie que l’on peut entendre notamment comme reposant sur l’idée d’autonomie, c’est-à-dire un système dans lequel les gouvernés sont leurs propres gouvernants. Elle est toutefois cantonnée au suffrage en raison de l’adoption du système représentatif. Cependant, les élections apparaissent de plus en plus insuffisantes pour réaliser l’idée de démocratie et légitimer les gouvernants et leurs décisions. C’est pourquoi l’on assiste depuis la fin du XXème siècle au développement de mécanismes institutionnalisés de participation visant à associer plus directement les gouvernés aux décisions. Mais c’est une participation limitée qui est consacrée, révélant une conception étroite du rôle que peuvent être amenés à jouer les gouvernés au sein de la démocratie représentative. La participation est davantage conçue comme un outil devant renforcer la légitimité du système représentatif que comme un moyen d’associer effectivement les gouvernés aux décisions. Cette conception peu ambitieuse de la participation est en décalage avec les formes d’expression plus contestataires qui se développent en pratique, les gouvernés n’hésitant pas – face aux insuffisances de la participation institutionnalisée – à créer eux-mêmes les conditions de leur participation aux décisions. Ces formes « parallèles » ou contestataires de participation témoignent d’une demande de participation accrue que l’on retrouve au cœur des revendications de certains mouvements de contestation qui réclament une démocratie « réelle ». Cette demande de participation, parce qu’elle tend à remettre en cause le système représentatif, n’est pas accueillie favorablement par les gouvernants qui cherchent à la canaliser. L’étude de la participation des gouvernés au sein de la démocratie représentative met finalement en lumière l’artificialité du lien entre le système représentatif actuel et la notion de démocratie.

    Juliette Lecame, Santé et droit(s) des étrangers en France, thèse soutenue en 2018 à Normandie sous la direction de Vincent Tchen, membres du jury : Emmanuel Aubin (Rapp.), Ségolène Barbou Des Places (Rapp.), Catherine Teitgen-Colly  

    Il y a en France un double mouvement, une tension permanente entre la logique du droit des étrangers et celle des droits de l’homme, qui se cristallise autour de la santé des non-nationaux.La santé est intégrée au sein de la police administrative spéciale afin de protéger la collectivité de risques induits par l’arrivée d’étrangers malades. Mais d’autres enjeux que la préservation de la santé publique sont présents. La santé des étrangers est utilisée comme un moyen de régulation des flux migratoires et de sélection parmi les individus. La mise en œuvre de la politique dite de « l’immigration choisie » est cependant encadrée par les droits fondamentaux reconnus progressivement aux étrangers.La santé est également un droit des étrangers résidant en France, celui d’accéder aux soins nécessaires à leur état. Ce droit est porté par les principes d’égalité et de dignité, mais également dépendant de leur application par les juges. Le principe d’égalité conduit ainsi à une catégorisation du droit d’accès aux soins en fonction de la situation administrative des étrangers. Ce droit connaît en outre des variations importantes et se résume parfois au seul bénéfice de soins vitaux et/ou essentiels. Pour des considérations migratoires mais aussi financières, les juges font le choix de le rattacher au principe de dignité plutôt qu’à un droit, autonome, à la protection de la santé.

    Habib Moukoko, L'ONU et la promotion des droits de l'homme en Afrique : Le cas de l'Αfrique subsaharienne francοphοne., thèse soutenue en 2017 à Normandie, membres du jury : Philippe Lagrange (Rapp.), Bérangère Taxil (Rapp.), Isabelle Moulier  

    La présente réflexion sur le cadre d'intervention de l'ONU dans le domaine des droits humains, en Afrique subsaharienne francophone, pousuit deux principaux objectifs. Le premier objectif vise à démontrer que l'Organisation des Nations Unies est très engagée sur le terrain des droits de l'homme, dans les pays de l'espace francophone. Cet engagement n'est pas nouveau. Depuis 1960, année du déploiement d ela première Opération de maintien de la paix en Afrique subsaharienne francophone, l'Opération de l'ONU au Congo (ONUC), les Nations Unies n'ont cessé de considérer la stabilité politique, économique et sociale de l'Afrique, comme prioritaire et comme la condition principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Cette stabilité passe par la création des conditions effectives de promotion et de protection des droits fondamentaux des citoyens Africains. Nous avons tenté, dans le cadre de ce travail, d'apprécier le bilan de l'ONU dans le domaine des droits de l'homme. Or, après 56 ans de présence en Afrique francophone subsaharienne, ce bilan apparaît principalement négatif. Le deuxième objectif de ce travail est d'analyser plus précisément cet échec et d'en comprendre les causes. En effet, les programmes de promotion des droits de l'homme, visant à inculquer une culture de respect des droits de l'homme au sein des diverses catégories socio-professionnelles et à renforcer les capacités des Etats dans le domaine des droits de l'homme, sont souvent inadaptés aux réalités socio-culturelles de l'Afrique, dans la mesure où ils ne prennent pas en compte les causes profondes des guerres civiles africaines que constituent les conflits intercommunautaires.

    Malado Agne, Le statut juridique de l'islam en France, thèse soutenue en 2015 à Le Havre en co-direction avec Vincent Tchen  

    L’islam est une religion qui, bien qu’apparue au VIIe siècle, ne s’est développé en France de manière significative qu’au XXe siècle. Il constitue aujourd'hui la deuxième religion de France. Ainsi, si la question de la place des religions – particulièrement monothéistes – a soulevé de nombreux questionnements voire des conflits durant les siècles précédents, c’est désormais l’islam de France qui suscite de nombreuses interrogations. Le droit français des religions est marqué par le caractère central des principes de liberté de religion, de laïcité et de séparation des Églises et de l’État. Conformément à ces principes, l’État doit observer à l’égard de l’ensemble des religions de France neutralité et traitement égalitaire. Cependant, l’analyse révèle que l’islam est soumis à un statut particulier caractérisé par des infléchissements dans l’application de la légalité et une hypertrophie dans la mise en œuvre de l’ordre public. L’État français, par ce traitement d’exception, s’éloigne ainsi de l’orthodoxie formée par le cadre juridique général français et par le régime opposable aux autres religions.

    Marie Rota, L'interprétation des Conventions américaine et européenne des droits de l'homme , thèse soutenue en 2013 à Caen en co-direction avec Laurence Burgorgue-Larsen  

    L'étude comparée de la jurisprudence des Cours européenne et interaméricaine des droits de l’homme en matière d’interprétation conventionnelle, comprise comme le processus, la recherche du sens à donner aux Conventions (et non son résultat) fait ressortir deux choses. Elle démontre tout d’abord l’inexistence d’une herméneutique commune. Si les Cours s’appuient sur la particularité des deux Conventions au regard du droit international général pour légitimer l’élaboration d’une démarche herméneutique spécifique, il existe de véritables différences méthodologiques entre elles. Elle révèle ensuite un mouvement de rapprochement des solutions jurisprudentielles adoptées, dont le rythme peut être comparé à celui d’une valse à trois temps. Le premier est marqué par le développement de l'herméneutique européenne ; le deuxième consiste en la reprise de ce patrimoine interprétatif par la Cour interaméricaine, qui l’adapte néanmoins à ses spécificités ; le troisième, enfin, consiste en une convergence de la jurisprudence des deux Cours, qui est bien souvent davantage le fait de la Cour européenne que celui de la Cour interaméricaine. Cette valse révèle un phénomène de syncrétisme interprétatif. Les Cours élaborent et réadaptent continuellement leur démarche à partir de la «fusion» de différentes «doctrines» ou «éléments culturels» dont elles s’enrichissent réciproquement, mais elle reste ancrée dans chaque système. Le syncrétisme, lui-même issu d’un double mouvement d’approfondissement de chaque système dans sa propre vision et d’ouverture sur d’autres, semble alors s’inscrire dans une certaine recherche de l’universel.

    Anne-Sophie Denolle, Le maire et la protection de l’environnement, thèse soutenue en 2013 à Caen en co-direction avec Laurent Fonbaustier  

    L’impératif de protection de l’environnement, tel que garanti par la Charte de l’environnement, pouvait paraître porteur d’aspirations ambitieuses propres à réformer les pratiques administratives et les conditions d’exercice du pouvoir, afin notamment de renforcer le potentiel environnemental des acteurs publics. Mais, à l’échelle de la commune, pourtant pertinente, dans l’exercice de polices, pourtant prometteuses, l’ambition affichée ne semble pas avoir produit les effets escomptés. Il n’y a pas eu de revalorisation de l’ordre public général permettant une préservation globale de l’environnement à l’échelon communal. Et de manière générale, l’adaptation des mécanismes de la police municipale à la matière environnementale semble laborieuse et s’opérer avec lenteur. Il en est ainsi tant en raison de la logique de l'indépendance des législations qui a longtemps guidé le juge, que de l'interprétation restrictive qu'il fait de l'obligation d'agir ou encore de sa vision étroite du concours de police qui se traduit par le développement des polices étatiques exclusives. La marginalisation du maire est de nouveau accentuée par le développement de l'intercommunalité. Et sa contribution à la mise en œuvre du principe de participation est encore trop limitée pour que le maire puisse voir son rôle revalorisé en matière environnementale.

    Aurore Catherine, Pouvoir du médecin et droits du patient , thèse soutenue en 2011 à Caen  

    La relation médicale a évolué, essentiellement depuis un siècle, avec les progrès de la médecine. Cette évolution s'est traduite dans les rapports interpersonnels entre le médecin et le patient par une émancipation de ce dernier revendiquant un rôle d'acteur dans la gestion de sa maladie et plus largement de son corps. Ses exigences à l'égard du médecin se sont accrues en termes d'autonomie et plus spécifiquement relativement à son pouvoir de décision. Sur le plan juridique, cette évolution s'est traduite par un rééquilibrage a priori substantiel de la relation médicale. La reconnaissance d'obligations toujours plus importantes à la charge du médecin dans le cadre contractuel puis l'intervention législative mettant l'accent sur les droits du patient vont dans le sens d’une réduction du pouvoir du médecin traditionnellement qualifié de paternalisme. La modification du régime juridique mëme de la relation marque la volonté des pouvoirs publics de modifier, ou en tout cas d’atténuer le déséquilibre inhérent à la relation médecin-patient. Cette relation n'est plus en effet contractuelle, mais statutaire, depuis la loi Kouchner du 4 mars 2002. Toutefois l’analyse plus précise des textes et de la jurisprudence montre une toute autre réalité revalorisant souvent à l'excès le pouvoir du médecin. Ce pouvoir a en effet au contraire connu un renforcement par son inscription juridique laquelle légitime un certain nombre de pratiques médicales. La sollicitation du médecin par les pouvoirs publics, dans le cadre de la préservation de l'ordre public sanitaire et économique, a par ailleurs contribué à renforcer son autorité dans les différentes sphères sociales

    Samuel Etoa, Le passage des libertés publiques aux droits fondamentaux , thèse soutenue en 2010 à Caen en co-direction avec Jean-Manuel Larralde  

    La référence aux ‘droits fondamentaux’ est aujourd’hui préférée à celle plus ancienne et sans doute plus classique de ‘libertés publiques’ dans les discours juridiques français. Ce phénomène est surprenant pour qui se souvient que le vocable ‘droits fondamentaux’ est essentiellement présenté comme spécifique au droit allemand où il prend un sens particulier. La question du remplacement des libertés publiques par les droits fondamentaux prend une tournure particulière. En effet on ne trouve pas en droit français de protection similaire à celles dont bénéficient les droits fondamentaux allemands. Ce constat n'a pourtant pas empêché la doctrine, notamment constitutionnaliste, et le jurislateur de s'emparer du vocabulaire de la fondamentalité des droits. L'objectif de cette thèse est donc double. Il s’agira tout d’abord de s'interroger sur les raisons qui permettent d'expliquer cette substitution terminologique. Nous nous demanderons dans un second temps, si l'usage de l'expression ‘droits fondamentaux’ renvoie à l'existence d’un concept juridique, autrement à un objet spécifique, doté de caractéristiques propres et déterminable a priori

    Christophe Pouly, Droit à la sûreté et police des étrangers , thèse soutenue en 2003 à Paris 11 en co-direction avec François Julien-Laferrière 

  • Thomas Dumortier, L'ordre public : Essai sur quelques usages contemporains d'un standard classique., thèse soutenue en 2010 à Paris 10 sous la direction de Véronique Champeil-Desplats, membres du jury : Geneviève Koubi (Rapp.), Guillaume Tusseau (Rapp.), Éric Millard    

    L’ordre public est susceptible de deux types d’analyse en droit : une approche ontologique et une approche linguistique. La première consiste à rechercher le sens de la notion en dehors du droit, dans une réalité sociale ou normative préexistante au droit. En ce sens, le discours doctrinal entretient une confusion permanente entre des propositions relevant d’un registre descriptif et d’autres relevant d’un registre prescriptif. Mais, en définitive, cette approche est fondamentalement prescriptive. La seconde manière d’envisager l’étude de l’ordre public consiste à déduire le sens d’une notion strictement juridique à partir de ses usages dans le droit positif, et plus particulièrement dans le discours des juges. Ainsi parvient-on à décrire les fonctions de la notion juridique d’ordre public sans présupposer la réalité d’un concept qui en déterminerait a priori l’application.

  • Sandrine Perera, Le principe de liberté en droit public français, thèse soutenue en 2018 à Paris 1 sous la direction de Étienne Picard, membres du jury : Jean-Marie Pontier (Rapp.), Catherine Puigelier  

    Cette recherche sur le principe de liberté tend à interroger la liberté en tant qu'elle est un principe, pour tenter de déterminer son sens, sa valeur et sa portée. La première partie («Un principe positivement mal assuré») repose sur une observation du droit positif, spécialement sur la façon dont celui-ci pose la liberté comme principe, afin de saisir le ou les sens qu'il lui donne, tout en observant ses évolutions réelles ou possibles. D'une part, le principe est appréhendé en tant que fondement de l'ordre juridique. D'autre part, il est considéré en tant que norme qui prévaut par principe. Mais tout au long de cette première partie, l'observation et la réflexion s'attachent à déceler les raisons de l'absence de reconnaissance explicite du principe de liberté comme tel. Ces raisons tiennent certainement à certains contextes doctrinaux ou théoriques, à des craintes pratiques, et à une évolution du sens commun de la liberté, qui s'éloigne de son sens initial, celui donnée par la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen de 1789. La seconde partie (« Le principe de liberté : un principe juridiquement nécessaire») entend d'abord démontrer la nécessité de pleinement reconnaître le principe de liberté comme principe de droit, c'est-à-dire comme norme de droit positif. Cette reconnaissance permettrait en effet une meilleure saisie du fonctionnement de l'ordre juridique, du fondement des normes, et de l'engendrement de nouvelles normes, notions ou mécanismes procéduraux. Cette reconnaissance assurerait également une reconsidération de l'encadrement du principe de liberté. Ensuite, et plus fondamentalement, cette seconde partie vise aussi à attester que la liberté est un principe du droit, c'est-à-dire qu'elle est, plus généralement, nécessaire à l'existence du droit en tant que tel et à la reconnaissance totale d'un principe positif de liberté. Le principe de liberté est alors considéré d'un point de vue ontologique.

    Eléonore Potier de La Varde, L'ordre juridique partisan, thèse soutenue en 2013 à Paris 2 sous la direction de Jacques Chevallier, membres du jury : Marie-Anne Cohendet (Rapp.), Pierre Avril et Yves Poirmeur  

    Etudier l’ordre juridique partisan, c’est affirmer qu’un parti politique constitue un ordre juridique. Pour cela, il faut d’abord montrer que les règles internes des partis répondent aux critères mobilisés par la doctrine pour qualifier la juridicité puis, en s’inscrivant dans la perspective du pluralisme juridique et en s’appuyant sur la théorie de l’institution, démontrer que le parti politique, en tant qu’institution, est un ordre juridique. Ce constat implique d’étudier ses relations vis-à-vis de l’Etat tant en ce qui concerne son encadrement que son contrôle ce qui permet de prendre la mesure de son autonomie. L’ordre juridique partisan n’est pas seulement un ordre juridique spécifique, c’est encore un ordre juridique flexible, perméable à la société qui l’entoure et au sein duquel le droit est instrumentalisé. La porosité de l’ordre juridique partisan vis-à-vis de son environnement se traduit par une conformation au contexte institutionnel dans lequel il évolue mais aussi par une adaptabilité aux évolutions du contexte social dans lequel il s’inscrit. Au sein du parti, le droit est mis au service de la justification des stratégies politiques et de nombreuses règles se voient contournées ou même jamais appliquées. Le droit disciplinaire, quant à lui, connaît une application circonstancielle motivée par des considérations d’opportunité politique ou résultant des rapports de forces internes au parti qui en font un droit négocié.

  • David Poinsignon, La protection des droits fondamentaux par l'Union européenne : éléments pour une théorie de la Fédération de droit, thèse soutenue en 2019 à Normandie sous la direction de Laurence Potvin-Solis et Jean-Denis Mouton, membres du jury : Sébastien Platon (Rapp.), Romain Tinière (Rapp.)  

    La protection des droits fondamentaux par l’Union européenne et la problématique de la qualification juridique de l’Union ne sont pas isolées. Au contraire, elles sont profondément liées. Sous l’effet de la protection des droits fondamentaux, l’Union peut être classée dans la catégorie des fédéralismes. Cette nature fédérative exerce en retour une influence sur la protection des droits fondamentaux. La protection des droits fondamentaux et la nature de l’Union forment ensemble l’identité de l’Union. Cette identité pourrait-elle se concrétiser par une Fédération de droit ? Cette hypothèse de qualification, qui s’inspire du modèle de l’État de droit et repose sur les exigences du cosmopolitisme, vise une Fédération dont l’un des objectifs fondateurs est la protection des droits fondamentaux. Cette hypothèse offre certaines clés de compréhension sur l’articulation du processus de fédéralisation et de la protection des droits fondamentaux. Cependant, à bien des égards, l’articulation entre ce processus et cette protection est conflictuelle. Les obstacles à cette qualification sont nombreux. Les États membres souhaitent en effet préserver leur souveraineté. Les impératifs du fédéralisme économique ou les attentes d’une sécurité fédérative soulèvent également de multiples inquiétudes. Ces obstacles affectent tant le processus de fédéralisation que la protection des droits fondamentaux. En conclusion, ils empêchent de qualifier pleinement l’Union de Fédération de droit.

    Florian Savonitto, Les discours constitutionnels sur la "violation de la Constitution" sous la Ve République, thèse soutenue en 2011 à Montpellier 1 sous la direction de Dominique Rousseau, membres du jury : Jean-Marie Denquin (Rapp.), Jean Rossetto (Rapp.), Pierre-Yves Gahdoun  

    Omniprésente au début de la Ve République dans les discours constitutionnels, l'expression « violation de la Constitution » a progressivement disparu alors que la pratique initiée par le Général de Gaulle est restée inchangée. Cette disparition des discours signifie-t-elle que la notion de « violation de la Constitution » ne peut être ni « parlée », ni « pensée » ? L'hypothèse proposée est la suivante : la présence ou l'effacement de la notion de « violation de la Constitution » dépend des représentations de la Constitution. Certaines, en recourant à « l'esprit de la Constitution » ou aux règles non écrites, conduisent à un effacement relatif de la notion de « violation de la Constitution » ; d'autres, s'appuyant sur les analyses politiste et réaliste du droit, conduisent à un effacement absolu de la notion. Pourtant, ces représentations n'arrivent pas à faire complètement disparaître la notion de « violation de la Constitution » qui apparaît même renaître sous l'effet du contrôle de constitutionnalité de la loi, lequel vient renforcer la qualité de l'écrit constitutionnel. Dès lors, cette reconnaissance pratique impliquait une reconnaissance conceptuelle de la Constitution permettant de « penser » autrement la notion de « violation de la Constitution ».