Le travail politique est-il devenu de plus en plus collectif avec une distribution du pouvoir au sein des communes à repérer et à questionner ? La légitimité à agir des élus et des agents publics ne s'inscrit pas dans les mêmes enjeux, ni dans la même temporalité. Les agents publics garantissent la continuité du service public, les élus portent la volonté des habitants/électeurs sur la réalisation d'un programme politique. La particularité de ce binôme démocratique est assez inédite, en ce qu'elle oblige, sauf si les élus se voient reconduits sur plusieurs mandats, à se réadapter mutuellement pour faire converger « les équipes » dans une même direction. Le législateur soucieux de la protection des droits et obligations des agents publics, mais également du statut de l'élu et des précautions déontologiques qu'il convient de rappeler de part et d'autre, tente d'adapter et de proposer les conditions d'un exercice coordonné du service public, dans l'intérêt général. La pluralité des profils des élus, comme celle des agents publics, leur ancrage territorial, leur engagement, leur formation opèrent-ils comme des facteurs intrinsèques non négligeables dans cette relation ? De même les contraintes extérieures : diminution des dotations globales de fonctionnement de l'Etat, perte de population, mutualisation des compétences, manque d'attractivité des métiers de la fonction publique ; n'agissent-ils pas comme des enjeux convergents et partagés, dont ce binôme doit prendre la mesure. Je travaille depuis 1997 au sein la fonction publique territoriale. J'ai eu l'occasion d'exercer différentes fonctions, et mon expérience en collectivités territoriales (département, commune et intercommunalité), m'a permis de mesurer à quel point la relation de confiance est le maître mot dans le binôme élus/agents, de même que le degré d'implication professionnelle. Les agents publics beaucoup plus fréquemment qu'on ne le croit ou qu'on ne le dit, ont un sens aigu de l'intérêt général, du service du public, de la mission à laquelle ils concourent. Le rapport au temps, est un axe que nous questionnerons également, car il induit un rapport à l'action/au projet contraint pour les élus, et au contraire, pour l'administration le besoin d'assoir son organisation quotidienne, le socle de sa raison d'être, pour autant dans une vision partagée du service rendu à l'usager. Je tenterai de proposer à travers la conduite d'entretiens semi-directifs avec des élus locaux et des agents publics, des formes de catégorisation des modèles existants de "partenariats", dans ce binôme qui sera toujours singulier et contextualisé dans un environnement. Je m'attacherai plus particulièrement à démontrer, qu'en milieu rural, ce binôme ré invente, innove, se mobilise grandement pour assurer l'effectivité d'un service public de qualité. La décentralisation, repose sur une organisation administrative et politique en proximité, qui génère des résultats concrets, et l'on peut questionner légitimement son impact sur l'amélioration du service public local. J'émets l'hypothèse, que les élus et leurs agents publics en milieu rural, ne sont pas tout à fait confrontés aux mêmes réalités d'exercice du pouvoir que des communes disposant d'une administration très étoffée. Les responsabilités n'en demeurent pas moins importantes, et dans ce contexte le binôme élu/agent peut se révéler encore plus proche.