L'arbitrage est une procédure de solution de controverses par le biais de laquelle les parties choisissent un ou plusieurs arbitres afin d'obtenir une décision, de forme imposée, sur le litige. Chaque pays possède sa législation spécifique pour l'arbitrage national et international, et donc des règles sur les matières qui peuvent être soumises à l'arbitrage ainsi que sur les exigences de base qui doivent être remplies pour la validité d'un compromis ou d'une clause arbitrale. Par le principe compétence-compétence, d'origine allemande («kompetenz-kompetenz»), c'est l'arbitre qui possède, dans un premier temps, la compétence pour apprécier l'existence, la validité et l'efficacité de la clause ou du compromis arbitral. C'est ainsi l'arbitre qui décide de sa propre compétence. Il existe deux effets qui découlent de ce principe: (i) l'effet positif qui est la permission donnée à l'arbitre de décider de sa propre juridiction; et (ii) l'effet négatif qui est l'interdiction au Pouvoir Judiciaire d'examiner la compétence de l'arbitre pendant le procès arbitral. L'application de ce principe évite qu'une des parties ne retarde l'avancement de l'arbitrage en se fondant sur un prétendu vice de la convention arbitrale ou d'incompétence de l'arbitre, conférant ainsi une courte durée au procès. La partie n'est pas interdite de recourir au Pouvoir Judiciaire, pouvant, à la fin de l'arbitrage, plaider l'annulation de la sentence arbitrale. Ce principe est presque universellement accepté, à cause, principalement, de la Loi Modèle CNUDCI. Cependant, ce ne sont pas tous les pays qui l'appliquent de manière rigoureuse. Au fil du temps, il est possible d'observer que de nombreuses mesures judiciaires ont été interposées pour réviser la compétence du Tribunal Arbitral avant que le procès n'arrive à sa fin. Ainsi, dans quelques pays, il existe une «flexibilisation» du principe compétence-compétence dans des situations exceptionnelles. En ce sens, il est important, et spécialement pour l'arbitrage international, d'étudier quels sont les précédents pour la non-application du principe compétence-compétence ou, au moins, sa «flexibilisation», ainsi que les justifications de celle-ci, afin d'analyser la cohérence des fondements et l'évolution de l'application du principe compétence-compétence. Il est nécessaire de tenter de répondre à quelques questions: le principe de compétence-compétence confère-t-il réellement une courte durée aux procès arbitraux? Doit-il être assoupli ? Y a-t-il des cas à part qui justifient de soumettre l'examen de la validité de la convention arbitrale au Pouvoir Judiciaire avant la fin du procès arbitral? Doit-il exister une forme de contrôle judiciaire de la validité de la convention arbitrale durant l'arbitrage? Tout au long de la recherche seront examinées les lois et les décisions judiciaires des principaux pays d'Amérique Latine et de la France, des articles publiés dans des revues spécialisées, des livres juridiques et, dans la mesure du possible, des procès arbitraux. A la fin de l'étude, nous prétendons avoir un panorama de la situation actuelle du principe compétence-compétence et des réponses aux questions citées ci-dessus, au travers desquelles les parties, les avocats, les arbitres, les juges et la communauté juridique en général pourront décider sur ce sujet avec plus d'assurance.