Franck Petiteville

Professeur
Science politique.
Sciences Po Grenoble

Politiques Publiques, Actions Politiques, Territoires
  • THESE

    La coopération décentralisée pour le développement, soutenue en 1995 à Université Pierre Mendès France Grenoble 19902015 sous la direction de François d' Arcy 

  • Franck Petiteville, Maxime Chervaux, Nicolas Dubos, Julian Fernandez, Jean-Clément Martin [et alii], La guerre civile, Seuil, 2024, 174 p. 

    Franck Petiteville, Auriane Guilbaud, Frédéric Ramel (dir.), Crisis of Multilateralism? Challenges and Resilience: challenges and resilience, Palgrave Macmillan, 2023, The sciences po series in international relations and political economy, 281 p. 

    Franck Petiteville, Les organisations internationales, Cairn et La Découverte, 2021, Repères ( Sciences politiques-Droit ), 127 p. 

    Franck Petiteville, Guillaume Devin, Simon Tordjman (dir.), L'Assemblée générale des Nations Unies. Là où le monde se parle depuis 75 ans: Là où le monde se parle depuis 75 ans, Cairn et Presses de Sciences Po, 2020, Relations internationales, 302 p.  

    Seul forum où tous les pays sont représentés sur un pied d'égalité, l'Assemblée générale des Nations unies est le centre politique du multilatéralisme et le creuset où se forgent les références communes de notre planète.Cette institution politique mondiale méritait bien un premier ouvrage de référence en langue française.Souvent éclipsée par le Conseil de sécurité, volontiers taxée de « bavarde », l'Assemblée générale des Nations unies n'est pourtant pas qu'une scène où viennent se produire, le temps d'un discours, les dirigeants mondiaux. Épicentre d'intenses négociations diplomatiques depuis plus de soixante-quinze ans, elle fait entendre sa voix sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, les droits humains, la sécurité, le développement, l'environnement…Au cœur de l'architecture onusienne dont elle irrigue les institutions, seul forum où tous les pays sont représentés sur un pied d'égalité, l'Assemblée est le centre politique du multilatéralisme et le creuset où se forgent les références communes de notre planète.Cette institution politique mondiale méritait bien un premier ouvrage de référence en langue française

    Franck Petiteville, Delphine Placidi (dir.), Négociations internationales, Cairn et Presses de Sciences Po, 2014, Relations internationales, 429 p.      

    La 4e de couverture indique : "Les négociations constituent la trame des relations Internationales et de l'activité des organisations et des conférences multilatérales, qu'il s'agisse de la régulation de l'économie mondiale, de la paix et de la sécurité ou de la prise en charge des enjeux environnementaux. En tant que dynamiques de coopération, elles apparaissent à la fois comme des jeux d'interaction stratégique entre Etats et comme des processus de socialisation et de création normative. Les négociations internationales sont étudiées ici à la fois du point de vue des théories des sciences sociales et des discours culturalistes dont elles font l'objet ; de celui de leur histoire longue et de leurs enjeux contemporains (conflit israélo-palestinien, prolifération nucléaire, commerce, climat) ; ou encore de celui des pratiques des négociateurs (diplomates, fonctionnaires, experts, ONG) et des institutions qui les abritent (Conseil de sécurité de l'ONU, OMC, Union européenne). Un ouvrage qui a vocation à servir de référence pour tous les enseignements de relations internationales et pour les praticiens de la négociation. "

    Franck Petiteville, Dario Battistella, Marie-Claude Smouts, Pascal Vennesson (dir.), Dictionnaire des relations internationales: approches, concepts, doctrines, 3e éd., Dalloz, 2012, 572 p.   

    Franck Petiteville, Dario Battistella, Marie-Claude Smouts, Pascal Vennesson, Dictionnaire des relations internationales: approches, concepts, doctrines, 3e éd., Dalloz, 2012, Dictionnaires Dalloz 

    Franck Petiteville, La politique internationale de l'Union européenne, Cairn et Presses de Sciences Po, 2011, Références  

    L’Europe n’est pas « absente au monde ». L’impuissance européenne lors des guerres de Yougoslavie et d’Irak ne doit pas éluder le bilan d’une diplomatie collective européenne qui a désormais plus de trente ans d’existence. Puissance civile sans égal, combinant diplomatie et commerce, coopération et sanctions, médiation et maintien de la paix, l’UE joue un rôle déterminant dans la régulation de la mondialisation à l’OMC, dans les rapports Nord-Sud, dans la promotion internationale des normes démocratiques, mais aussi dans la gestion des conflits, la lutte contre le terrorisme et la non-prolifération nucléaire. Une diplomatie collective est-elle encore possible à 25 États et plus ? L’idée d’une Europe agissante dans l’ordre international reste crédible tant que, par les valeurs et les représentations qui les animent, les Européens paraissent plus unis que divisés face au reste du monde. Vulnérable vis-à-vis de la politique étrangère américaine, l’Union n’en exprime pas moins des positions divergentes avec les Etats-Unis sur les grands enjeux du multilatéralisme (ONU, Cour pénale internationale, Kyoto)

    Franck Petiteville, Le multilatéralisme, Montchrestien, 2009, Clefs ( Politique ), 156 p.   

    Franck Petiteville, La politique internationale de l'Union européenne, Presses de Sciences Po, 2006, Références, 270 p. 

    Franck Petiteville, Damien Helly (dir.), L'Union européenne, acteur international, l'Harmattan et Numilog, 2005, Logiques politiques, 270 p. 

    Franck Petiteville, Bastien Irondelle (dir.), À la recherche de la politique étrangère européenne, l'Harmattan, 2005, 202 p. 

    Franck Petiteville, Torbjörn Larsson, Koen Nomden (dir.), Le niveau intermédiaire d'administration dans les pays européens: la démocratie au défi de la complexité ?, Institut européen d'administration publique, 1999, 444 p. 

    Franck Petiteville, La face nationale de la gouvernance communautaire: l'élaboration des positions nationales des Etats membres sur les propositions d'actes communautaires, Institut européen d'administration publique, 1999, Current European issues, 113 p. 

    Franck Petiteville, Torbjörn Larsson, Koen Nomden (dir.), The intermediate level of government in European States: complexity versus democracy?, European Institute of Public Administration, 1999, 417 p. 

    Franck Petiteville, La coopération décentralisée pour le développement, Atelier national de reproduction des thèses, Université Lille 3, 1996, Lille-thèses 

    Franck Petiteville, La coopération décentralisée: les collectivités locales dans la coopération Nord-Sud, Éd. L'Harmattan et Impr. Laballery, 1995, Logiques politiques, 278 p.   

    Franck Petiteville, Maurice Croisat, Jean Tournon, Le Canada, d'un référendum à l'autre: les relations politiques entre Canada et Québec, 1980-1992, Association française d'études canadiennes, 1992, Collection de l'AFEC, 136 p.   

  • Franck Petiteville, Auriane Guilbaud, Frédéric Ramel, « Introduction: Crisis as the Matrix of Multilateralism », Crisis of Multilateralism? Challenges and Resilience, Palgrave Macmillan, 2023, pp. 1-14   

    Franck Petiteville, Manon-Nour Tannous, Simon Tordjman, « Polarization and Plasticity at the United Nations over the War in Syria  », in Auriane Guilbaud, Franck Petiteville, Frédéric Ramel (dir.), Crisis of Multilateralism? Challenges and Resilience,, Palgrave, 2023, pp. 17-45 

    Franck Petiteville, « Aborder le droit multilatéral en tant que politiste  »,  Le droit international multilatéral, Pedone, 2023, pp. 65-72 

    Franck Petiteville, Frédéric Ramel, « La longue marche de l’Assemblée vers le désarmement », in Guillaume Devin, Franck Petiteville, Simon Tordjman (dir.), L'assemblée générale des Nations unies. Une institution politique mondiale, Presses de Sciences Po, 2020, pp. 201-219 

    Franck Petiteville, Delphine Placidi-Frot, « Multilateral Diplomacy », in Thierry Balzacq, Frédéric Charillon, Frédéric Ramel (dir.), Global Diplomacy: An Introduction to Theory and Practice, Palgrave MacMillan, 2020 

    Franck Petiteville, Nicolas Bué, « Le structuralisme dynamique d’Edmund Leach », in Guillaume Devin, Michel Hastings (dir.), 10 concepts d’anthropologie en science politique, CNRS Editions, 2018, pp. 57-81 

    Franck Petiteville, Delphine Placidi-Frot, « La diplomatie multilatérale », in Thierry Balzacq, Frédéric Charillon, Frédéric Ramel (dir.), Manuel de diplomatie, Presses de Sciences Po, 2018, pp. 43-57 

    Franck Petiteville, « L'action extérieure de l'Union européenne », in Véronique Charléty, François Lafarge, Michel Mangenot, Christian Mestre, Sylvain Schirmann (dir.), Dictionnaire encyclopédique de la gouvernance européenne, Larcier, 2018, pp. 25-29 

    Franck Petiteville, « Organisations Internationales », in Benoit Durieux, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, Frédéric Ramel (dir.), Dictionnaire de la guerre et de la paix, Presses Universitaires de France, 2017, pp. 947-954 

    Franck Petiteville, « L’Union européenne, acteur conditionnel de la résolution des conflits », in Anne Bazin, Charles Tenenbaum (dir.), L'Union européenne et la paix. L'invention d'un modèle européen de gestion des conflits, Presses de Sciences Po, 2017, pp. 113-136 

    Franck Petiteville, « A propos de la théorie de la structuration (Giddens): les Etats qui font le système international qui fait les Etats », in Guillaume Devin (dir.), 10 concepts sociologiques en relations internationales, CNRS Editions, 2015 

    Franck Petiteville, « L'analyse et la résolution des conflits », Traité de relations internationales, 2013 

    Franck Petiteville, Delphine Placidi-Frot, « Introduction », in Franck PETITEVILLE, Delphine PLACIDI-FROT (dir.) (dir.), Négociations internationales, Presses de Sciences Po, 2013, pp. 19-24   

    Franck Petiteville, « La mondialisation prise au piège de l'OMC », in Josepha Laroche (dir.), Un monde en sursis : dérives financières, régulations politiques, exigences éthiques, L'harmattan, 2010, pp. 93-107 

    Franck Petiteville, « Politique internationale », in Laurie Boussaguet, Sophie Jacquot, Pauline Ravinet (dir.), Dictionnaire des politiques publiques, Presses de Sciences Po, 2010, pp. 437-446 

  • Franck Petiteville, « Diplomatie et guerre civile », Pouvoirs - Revue française d’études constitutionnelles et politiques, 2024, n°188, pp. 83-93 

    Franck Petiteville, « Une guerre aux répercussions mondiales », Études internationales, 2023, n°2, pp. 185-191 

    Franck Petiteville, Delphine Allès, Gilles Bertrand, Auriane Guilbaud, Frédéric Ramel [et alii], « Hommage à Guillaume Devin », Études internationales, 2022, n°2, pp. 141-144   

    Franck Petiteville, Francois-Xavier Dudouet, Antoine Vion, Catherine Wihtol de Wenden, « Guillaume Devin : une démarche de sciences sociales de l’international », Études internationales, 2022, n°2, p. 145   

    Franck Petiteville, Delphine Allès, Frédéric Ramel, « Chronique bibliographique. Relations internationales », Revue Française de Science Politique, 2018, n°68, pp. 365-368 

    Franck Petiteville, « International Organizations beyond Depoliticized Governance », Globalizations, 2018, n°3, pp. 301-313   

    Franck Petiteville, « La politisation résiliente des organisations internationales », Critique Internationale, 2017, n°3, pp. 9-19   

    Franck Petiteville, « Les organisations internationales dépolitisent-elles relations internationales ? », Gouvernement & action publique, 2016, n°3, pp. 113-129 

    Franck Petiteville, « Have the Europeans Repudiated the Use of Force? A Dissenting Voice », European Review of International Studies, 2015, n°1, pp. 3-14 

    Franck Petiteville, « Les mirages de la politique étrangère européenne après Lisbonne », Critique Internationale, 2011, n°51, pp. 95-112 

    Franck Petiteville, « Économie politique internationale et science politique : où est la frontière ? », 2010, pp. 73-77    

    Petiteville Franck. Économie politique internationale et science politique : où est la frontière ?. In: Recherches Internationales, n°88, 2010. Regards sur l’économie politique internationale. pp. 73-77.

    Franck Petiteville, Fabien Terpan, « L'avenir de la politique étrangère européenne », Questions internationales, 2008, n°31, pp. 64-70 

    Franck Petiteville, Andy Smith, « Analyser les politiques publiques internationales », Revue Française de Science Politique, 2006, n°3, pp. 357-366   

    Franck Petiteville, Bastien Irondelle, « La politique étrangère européenne en débats », Politique européenne, 2005, n°17, pp. 5-9 

    Franck Petiteville, Bastien Irondelle, « A la recherche de la politique étrangère européenne », Politique européenne, 2005, p. 204 

    Franck Petiteville, « Lomé IV bis : Vers une gestion à bas régime de la coopération Europe/ACP à l'horizon 2000 », 1996, pp. 941-951    

    Petiteville Franck. Lomé IV bis : Vers une gestion à bas régime de la coopération Europe/ACP à l'horizon 2000. In: Tiers-Monde, tome 37, n°148, 1996. Relations de travail et mondialisation. pp. 941-951.

    Franck Petiteville, « Intérêt et limites du paradigme culturaliste pour l'étude du développement », 1995, pp. 859-875    

    Petiteville Franck. Intérêt et limites du paradigme culturaliste pour l'étude du développement. In: Tiers-Monde, tome 36, n°144, 1995. pp. 859-875.

  • Franck Petiteville, N'enterrons pas trop vite le multilatéralisme, Paris : Magazine littéraire, 2018 

  • Franck Petiteville, « Democratic Representation in and by International Organizations », le 22 juin 2023  

    Colloque organisé par Samantha Besson, Chaire Droit international des institutions avec le support financier de la Fondation du Collège de France

    Franck Petiteville, « Le droit international multilatéral », le 19 mai 2022  

    Colloque de la Société française pour le droit international, organisé avec le soutien de l'Université de Perpignan Via Domitia, sous la direction scientifique de Jacobo Rios et Marie-Clotilde Runavot

    Franck Petiteville, « La réforme dans/des institutions internationales », le 15 novembre 2021  

    Organisée à l'Inalco par le Groupe de Recherche sur l’Action Multilatérale (GRAM), Université Paris Panthéon-Sorbonne, Ecole de droit de la Sorbonne

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Morgane Caujolle, Le rôle des Nouvelles Technologies de l'Information (NTIs) dans les politiques et pratiques du régime international de Protection des populations civiles : crise identitaire et altération de régime, thèse soutenue en 2023 à Université Grenoble Alpes, membres du jury : Frédéric Ramel (Rapp.), Miriam Bradley (Rapp.), Thomas Ribémont, Kristin Bergtora Sandvik et Fiona Terry  

    Le tournant numérique a fondamentalement changé notre façon de comprendre les réalités des conflits et leurs impacts sur les populations civiles. La recherche tente d'apporter une intelligibilité à la reconfiguration actuelle des politiques et des pratiques autour de la « gestion des vies précaires » par rapport aux dimensions technologiques. Le régime international de protection (RIP) soutenant les civils dans les conflits englobe des principes implicites ou explicites – notamment l’Humanité – ainsi que des normes, des règles et des procédures de décision, autour desquels convergent les attentes et les comportements des acteurs dans un domaine donné des Relations Internationales (RI). Les acteurs du RIP comprennent les États, les groupes armés non étatiques qui sont des belligérants dans les conflits, les acteurs de la protection humanitaire et les acteurs des droits de l'homme et, dans une moindre mesure, le grand public. Les humanitaires ont un rôle spécifique en tant que « gardiens de la protection », car leur responsabilité consiste à convaincre les parties à un conflit de respecter les mesures de protection et de fournir une protection aux civils dans le besoin. Cela justifie donc une focalisation approfondie sur les acteurs de la protection humanitaire – tandis que les interactions, les interdépendances et les liens entre tous les acteurs sont soigneusement pris en compte dans la recherche.Au tournant du XXIe siècle, l’ajustement des pratiques de protection humanitaire avec l’utilisation les nouvelles technologies de l'information (NTI) n'a pas été sans défis et dilemmes à la fois éthiques et techniques. Par exemple, le principe humanitaire traditionnel de Do No Harm, qui oblige les acteurs humanitaires à minimiser les dommages qu'ils pourraient causer par inadvertance par leur présence ou par leurs activités, a été remis en question par de nouveaux « paradoxes numériques ». Cela a conduit à la fois les chercheurs universitaires et les praticiens humanitaires à s'interroger sur l'adéquation de l'éthique humanitaire et des pratiques de gouvernance pour répondre aux défis soulevés par les NTI.Cette recherche explore donc comment le rôle des NTI affecte à la fois les politiques et les pratiques du régime internationale de protection (RIP) soutenant les civils dans les conflits. L'étude relie la théorie académique à aux pratiques humanitaires afin d'étayer et de nourrir la réflexion. La recherche comprend des entretiens avec plus de 30 professionnels humanitaires de cinq organisations humanitaires (CICR, UNHCR, UN OCHA, NRC et DRC) et de trois catégories d'expertise différentes : (1) Protection, (2) Gestion de l'information/Technologies de l'information, et (3) Personnel de Direction/Politique et innovation.Les résultats indiquent qu'une dépendance excessive à l'égard des outils numériques quantitatifs, ce qui remet en question les approches de protection traditionnelles et obscurcit la boussole morale des professionnels de la protection. La combinaison de l'expertise de terrain et des compétences diplomatiques humanitaires a permis aux gardiens de la protection de jouer un rôle - consciemment mais avec prudence - dans la renégociation des termes du RIP. L'extrapolation des principes, normes, règles et procédures de protection existants de la dimension physique et psychologique vers la dimension digitale du ‘corps civil’ est en cours. Alors que les paramètres et le périmètre du RIP sont en cours d'affinement et de renégociation pour tenir compte des NTI, aucune gouvernance mondiale n'a encore été substantiellement conçue, discutée et convenue. Les développements actuels et futurs des normes prendront probablement forme par le biais d'accords souples basés sur la participation de plusieurs parties prenantes. Par conséquent, la continuation d’une recherche universitaire et d’une réflexion de politiques organisationnelles est nécessaire pour permettre aux humanitaires de travailler de manière efficace et éthique.

    Michał Symonides, L'Arctique comme enjeu de coopération internationale, thèse soutenue en 2018 à Université Grenoble Alpes ComUE, membres du jury : Albane Geslin (Rapp.), Frédéric Ramel (Rapp.), Anne-Laure Amilhat-Szary et Cécile Pelaudeix  

    L’intérêt pour l’Arctique s’est développé à travers l’environnement et les changements climatiques, avec avant tout la question du réchauffement climatique, qui bouleversent grandement cette région. Ces évolutions amènent aussi bien de nombreuses menaces que des opportunités importantes, qui demandent toutes une coopération approfondie pour y répondre. La protection de l’environnement, l’accès et la gestion des ressources (naturelles, énergétiques, halieutiques, etc.), l’utilisation des routes maritimes, la délimitation des limites maritimes et limites extérieures du plateau continental, le respect des droits de l’homme et des droits des peuples autochtones, l’aspect stratégique et militaire sont des exemples des nombreux enjeux qui existent en Arctique. La coopération arctique, qui se structure de manière plus prononcée depuis la fin de la Guerre froide, se trouve devant des défis importants qui demandent son approfondissement. Tous ces enjeux dépassent la seule coopération entre les Etats arctiques, d’autant plus que les conséquences et les intérêts présents sont mondiaux. A la multitude de domaines de coopération s’ajoute donc une congruence d’acteurs, arctiques et non-arctiques avec, de manière classique, les organisations internationales, les organisations non-gouvernementales et les multinationales, mais également les régions, les organisations interparlementaires, les peuples autochtones ou encore les associations scientifiques. La complexité de la situation se traduit au niveau de la coopération, qui fait face aux tensions aussi bien entre les acteurs arctiques qu’entre les acteurs arctiques et non-arctiques. Deux processus contradictoires semblent donc structurer la coopération avec d’une part une régionalisation et d’autre part une internationalisation. La coopération entre les acteurs arctiques se bâtit ainsi autour de nombreuses institutions internationales dont la structure et le rôle sont voués à évoluer, avec comme institution centrale le Conseil de l’Arctique, tout en se fondant sur des coopérations internationales globales, avec comme instrument essentiel la Convention sur le droit de la mer de 1982. La coopération arctique semble constituer un modèle intéressant reposant sur une flexibilité qui doit permettre une adaptation, d’autant plus importante dans une région exposée à des évolutions rapides. Elle utilise une structure unique mettant en avant une action multiniveaux et multi-acteurs en gardant un équilibre entre hard law et soft law. Si la coopération arctique structure une véritable région arctique avec une importance grandissante sur l’arène internationale, les liens entre le monde et cette région restent incertains. L’ouverture aux acteurs extra-arctiques est nécessaire, mais fait face à la réticence de certains acteurs arctiques. L’Arctique se pose comme un nouvel objet des relations internationales et peut même en devenir un acteur, mais doit répondre aux dangers qui peuvent exister pour la coopération dans cette région, dangers qui semblent avant tout venir de causes exogènes. La coopération arctique nécessite donc une analyse approfondie des enjeux qu’elle présente ainsi que des contradictions et paradoxes qui semblent y exister. Cette thèse vise ainsi à étudier la coopération arctique en mettant en exergue ses mécanismes et spécificités tout en analysant les relations qu’elle peut entretenir avec les acteurs extra-arctiques et la manière dont elle s’intègre dans les relations internationales.

    Lidwine Clerc, Semer les graines de la paix : les Organisations Internationales et l'éducation à la paix au Kenya., thèse soutenue en 2016 à Université Grenoble Alpes ComUE, membres du jury : Christian Thibon (Rapp.), Daniel Compagnon (Rapp.), Claire Médard et Hervé Maupeu    

    Cette thèse s'intéresse au programme et aux activités d'éducation à la paix menées par le gouvernement Kenyan analysés grâce à un cas d'étude qualitatif et une ethnographie "multi-site". Les violences postélectorales de 2007-2008 ont été le point de départ de considérable programme et activités œuvrant à la construction de la paix. Notre analyse débute à l'indépendance, en 1963; en effet, ce fut un point charnière de l'histoire nationale car le Kenya a été rendu aux Kenyans mais aussi car la violence structurelle du pays, ses injustices sociales, se renforcèrent dans les mains même des Africains. Nous revoyons l'histoire de la politique étatique pour saisir les notions de groupe ethnique, de communauté ethnique, de politique ethnique en plus des répartitions inégales des terres et des frontières intérieures. En conséquence, les principales causes de conflit ethniques sont revues aussi. En dehors de la violence physique, le Kenya est sérieusement défié au cœur de sa sécurité nationale; par l'urbanisation rapide et la croissance incessante des bidonvilles avec de forts taux de chômage chez les jeunes; et par de nombreux problèmes liés aux 500,000 réfugiés habitant sur son sol. Nous revoyons aussi brièvement comment la corruption est omniprésente et sous-jacente à tous les problèmes mentionnés ci-dessus. Le Kenya a fait la paix avec l'aide d'une médiation internationale et de l'implémentation inhérente des quatre agendas adressant les causes urgentes et celles de long terme du conflit Kenyan. Cette thèse explore pourquoi, et surtout, comment l'éducation à la paix s'est développée au niveau national; et si elle a eu un impact sur la violence structurelle. Notre inspection commence à la naissance du programme d'éducation à la paix au Ministère de l'Education, de la Science et de la Technologie, avec le HCR; et ensuite avec l'UNICEF. Après, la campagne nationale d'éducation à la paix a été construite en vue des élections générales, notablement paisibles, de 2013 et aussi grâce à d’autres activités. Le Kenya devint le leader continental de l'ADEA: ICQN-EP, en apprenant et partageant ses expériences avec d'autre pays africains. Une politique nationale d'éducation à la paix a été promulguée en 2014 avec l'UNICEF et l'UNESCO; l'éducation à la paix appartient désormais au patrimoine national kenyan.

  • Cécile Pelaudeix, Le régionalisme différencié et l’agenda mondial de la Chine : UE, ASEAN, Mercosur entre résilience at autonomie stratégique, thèse soutenue en 2023 à Université Grenoble Alpes sous la direction de Sabine Saurugger, membres du jury : Stéphanie Balme (Rapp.), Christian Lequesne (Rapp.), John Erik Fossum et Brigitte Weiffen  

    Cette recherche compare les réponses de trois organisations différenciées, l'UE, l'ASEAN et le Mercosur, au regard de leurs mérites spécifiques en matière de résilience et d'autonomie stratégique face à l'influence chinoise dans les politiques commerciales et de sécurité. Elle teste trois hypothèses complémentaires pour expliquer quels facteurs permettent aux organisations régionales (OR) de renforcer leur résilience et leur autonomie stratégique. Si le renforcement de la différenciation institutionnelle constitue une option, d'autres options consistent à établir des partenariats externes.La différenciation verticale n'est utilisée que par l'UE et 75% de ses instruments régionaux sont supranationaux, une proportion qui montre l'intérêt du supranationalisme dans une situation de stress externe. Cependant dans le cas des IDE, un règlement paradoxalement très souple nuit à son efficacité. La différenciation interne est rarement utilisée par les trois ORs. L'UE l’utilise avec efficacité dans le cadre de PESCO. Les instruments de différenciation interne de l'ASEAN et du Mercosur se révèlent indispensables mais insuffisants. La différenciation externe n'est utilisée que par l'UE. L'étude montre que la vulnérabilité ne provient pas de la différenciation mais d'un faible niveau d'intégration.La résilience ou l'autonomie stratégique peuvent également être recherchées par la coopération extérieure. Cela concerne 60 % des instruments de l'UE. La position de l'ASEAN et de l'Amérique latine à l'égard de la Russie constitue une contrainte importante pour la résilience de l'UE. L'ASEAN est très dépendante de la coopération extérieure (80 % de ses instruments). Toutefois, la stratégie de couverture est moins une stratégie qu'une option par défaut. L'ASEAN est l'OR qui a le plus haut degré d'alignement avec la Chine dans le secteur économique. En termes de sécurité, les États membres ne s'alignent pas tous sur la Chine et certains modifient leur position pour une coopération plus étroite avec les États-Unis. Le Mercosur est une OR dont les relations avec la Chine peuvent affecter son autonomie et sa résilience en raison d'investissements dans des secteurs stratégiques et d'une coopération de nature militaire. L'accord UE-Mercosur reste le plus pertinent pour maintenir une certaine autonomie face à la Chine.Trois modèles de régionalisme différencié émergent.(1) Premièrement, un régionalisme différencié, centralisé et en expansion, est illustré par l'UE. Il se caractérise par une stratégie d'équilibre qui accroît les instruments supranationaux, approfondit la différenciation extérieure et développe une coopération différenciée formelle et informelle. La Communauté politique européenne constitue une autre forme de différenciation (une ‘co-différenciation’). L'UE n'a pas renoncé aux conditionnalités et contrairement à la Chine, elle les rend transparentes.(2) Le régionalisme peu institutionnalisé et encerclé de l'ASEAN repose sur une stratégie de couverture et d'alignement et implique un degré élevé de dépendance à l'égard de la Chine et d’autres puissances. Sans une intégration plus poussée, le risque est d'être contrôlé par la Chine ou contourné par d'autres forums.(3) Un régionalisme limité fonctionnellement et géographiquement coexistant avec de multiples organisations régionales s'applique au Mercosur qui s'engage dans une stratégie de couverture mais n'a pas d'autonomie stratégique et approfondit son interdépendance avec la Chine. L'absence de politique de défense et de sécurité commune rend le Mercosur dépendant d'autres ORs qui pourraient être relancées comme l'Unasur.La différenciation, et la coopération extérieure présupposent une intégration solide. La Chine projette une puissance protéiforme et exerce un pouvoir de division au sein des ORs. Celles-ci peuvent se désintégrer ou devenir impuissantes, contournées en faveur d'autres mécanismes de coopération régionale plus efficaces ou moins exigeants.

    Clothilde Facon, International actors in the governance of Syrian refugees in Lebanon : an analysis of the depoliticisation and repoliticisation of humanitarian and border interventions, thèse soutenue en 2023 à Paris 13 sous la direction de Antoine Pécoud, membres du jury : Tamirace Fakhoury Mühlbacher (Rapp.), Thomas Lacroix (Rapp.), Mohamed Kamel Doraï, Catherine Colard-Fabregoule et Mona Fawaz  

    Cette thèse porte sur les réponses des acteurs internationaux aux arrivées de réfugiés syriens au Liban depuis 2011. Elle vise à montrer que la dépolitisation est une modalité clé de ces interventions, qui structure leur espace discursif et conduit à la légitimation de leur existence. Je soutiens que cette dépolitisation est profondément ancrée dans l'hégémonie du « paradigme de la faiblesse » pour décrire l'État libanais, un paradigme reposant sur un ensemble d'hypothèses réductrices qui « pathologisent » et technicisent l'État en le présentant comme absent, miné par la fragmentation et la mauvaise gouvernance. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et le Centre International pour le Développement des Politiques Migratoires ont établi un continuum de signifiants et de labels politiques articulés autour de l'absence d'État, de leurs revendications de neutralité et des politiques de vulnérabilité. Cette recherche valide sur le plan empirique l'idée selon laquelle la dépolitisation et la repolitisation entretiennent une relation dialectique. La repolitisation a des conséquences concrètes : en effet, malgré un déséquilibre initial et structurel de pouvoir entre le gouvernement libanais et la communauté internationale, la présence des réfugiés a été instrumentalisée par le premier pour augmenter son pouvoir de négociation. Enfin, je montre que les donateurs et les organisations du Golfe remettent en cause l'hypothèse selon laquelle les acteurs internationaux sont obligés d'avoir recours à la dépolitisation pour gagner en légitimité : en ce qui les concerne, le recours à une forme de politisation et à l'humanitarisme religieux est un moyen d'accéder au terrain et de légitimer leurs interventions sans s'intégrer pleinement dans les structures de l'ONU.

    Camille Escudé, Coopération politique et intégration régionale en Arctique (1996-2019) , thèse soutenue en 2020 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Guillaume Devin  

    En l’espace de trente ans, la construction de la gouvernance politique régionale s’est faite en Arctique grâce à l’interaction de différentes échelles d’action politique correspondant à divers acteurs : États, société civile, organisations autochtones, gouvernements fédéraux et locaux, ONG, entreprises. L’Arctique est à présent impliquée dans divers mécanismes qui tendent vers une intégration, définie comme processus par lequel la régularité et l’intensité des interactions entre les sociétés s’accroissent. Il s’agit donc ici d’analyser la manière dont la gouvernance politique à toutes les échelles a construit l’espace arctique comme une région. La coopération politique impulsée « par le haut » dans l’après-Guerre froide a conduit à l’intégration régionale institutionnelle visible en Arctique. Cette intégration institutionnelle est issue de la volonté étatique de protection de l’environnement comme prétexte à la coopération politique, mais également de réseaux transnationaux informels, en particulier scientifiques et autochtones. Il apparaît alors que dans un contexte de politisation accrue de la région due en particulier aux conséquences du changement climatique, la construction de la région arctiques devient pour les États arctiques un moyen d’exclure certains acteurs, progressivement poussés hors des instances décisionnelles. En retour, ces derniers élargissent les limites de la région à travers de nouvelles formes de gouvernance politique (forums informels, diplomatie de club), montrant bien que la région est une réalité politique et sociale toujours mouvante dans l’espace comme dans le temps, revendiquée, et contestée.

    Camille Escudé, Coopération politique et intégration régionale en Arctique (1996-2019), thèse soutenue en 2020 sous la direction de Guillaume Devin, membres du jury : Cécile Crespy (Rapp.), Yann Richard (Rapp.), Virginie Mamadouh et Frédéric Lasserre    

    En l’espace de trente ans, la construction de la gouvernance politique régionale s’est faite en Arctique grâce à l’interaction de différentes échelles d’action politique correspondant à divers acteurs : États, société civile, organisations autochtones, gouvernements fédéraux et locaux, ONG, entreprises. L’Arctique est à présent impliquée dans divers mécanismes qui tendent vers une intégration, définie comme processus par lequel la régularité et l’intensité des interactions entre les sociétés s’accroissent. Il s’agit donc ici d’analyser la manière dont la gouvernance politique à toutes les échelles a construit l’espace arctique comme une région. La coopération politique impulsée « par le haut » dans l’après-Guerre froide a conduit à l’intégration régionale institutionnelle visible en Arctique. Cette intégration institutionnelle est issue de la volonté étatique de protection de l’environnement comme prétexte à la coopération politique, mais également de réseaux transnationaux informels, en particulier scientifiques et autochtones. Il apparaît alors que dans un contexte de politisation accrue de la région due en particulier aux conséquences du changement climatique, la construction de la région arctiques devient pour les États arctiques un moyen d’exclure certains acteurs, progressivement poussés hors des instances décisionnelles. En retour, ces derniers élargissent les limites de la région à travers de nouvelles formes de gouvernance politique (forums informels, diplomatie de club), montrant bien que la région est une réalité politique et sociale toujours mouvante dans l’espace comme dans le temps, revendiquée, et contestée.

    Jan Wörlein, Gouverner l'humanitaire : une sociologie politique du monde des acteurs de l'aide en Haïti (2010-2016), thèse soutenue en 2017 à Paris 10 sous la direction de Élisabeth Claverie, membres du jury : Yves Buchet de Neuilly (Rapp.), Nicolas Lemay-Hébert (Rapp.), Laëtitia Atlani-Duault    

    Cette thèse est le résultat d’une enquête documentaire et ethnographique prenant pour objet les acteurs du système de l’aide internationale en Haïti entre 2010 et 2016 ainsi que leurs interactions structurées dans l’objectif de faire une sociologie politique de la gestion des crises dans ce pays. L’enquête montre notamment que la multiplication et l’enchevêtrement des domaines de spécialisation de ces acteurs a produit une « bureaucratie de l’urgence » parallèle à l’État haïtien, ce qui entraîne des superpositions et des incohérences dans la gestion et la prévention des crises. Je présente le travail de cette bureaucratie pour gouverner l’humanitaire comme un art de gouvernement. L’apport principal de cette thèse est de montrer que cet art de gouvernement s’exerce tant sur les humanitaires eux-mêmes que sur les bénéficiaires de l’aide, bien que de manières différentes.

    Folashadé Ayodélé Soulé-Kohndou, Les "clubs" de puissances "émergentes", fonctions objectives et usages stratégiques : le cas du forum de dialogue IBAS (Inde-Brésil-Afrique du Sud), thèse soutenue en 2014 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bertrand Badie, membres du jury : Camille Goirand (Rapp.), Jean-Luc Racine (Rapp.), Chris Alden et Jean-Jacques Gabas  

    A partir de l’étude de cas du forum Inde-Brésil-Afrique du Sud (IBAS), cette thèse aborde la construction sociale de l’émergence en relations internationales, et la dynamique de prolifération de clubs sélectifs entre puissances émergentes comme expression de l’émergence internationale. A travers une approche pluridisciplinaire, mobilisant la sociologie de l’action collective au service des relations internationales, cette thèse démontre que les fonctions des clubs d’émergents, s’élèvent au nombre de trois: la consultation et la coordination politique sur des sujets internationaux d’intérêt mutuel; l’intensification des relations sud-sud multidimensionnelles; et la mise en place de mécanismes financiers communs. A travers ces trois fonctions, les puissances émergentes, se servent de ces clubs, à trois usages stratégiques transversaux, notamment la légitimation, l’autonomisation et la socialisation afin de renforcer leur intégration internationale. L’action des clubs d’émergents aboutit cependant davantage à l’inclusion, sous forme de cooptation de ces puissances, dans les processus décisionnels de gouvernance globale, qu’à leur intégration. Favorisant des stratégies de différenciation, à travers une action séparée des autres Etats du Sud, le défaut d’association des voisins régionaux et sociétés provoque des stratégies de contestation et d’obstruction de la part de ces derniers. Cette action collective des clubs d’émergents apporte enfin des changements institutionnels systémiques amenant les organisations internationales à se réadapter stratégiquement aux pratiques réformistes apportées par ces puissances, et à profiter à leur tour de l’émergence internationale.

  • Franck Fortune, La fabrique du développement : trajectoires des normes, des pratiques et des acteurs. Cas d'études comparés en Algérie et au Maroc., thèse soutenue en 2021 à Bordeaux sous la direction de Pierre Blanc, membres du jury : Philippe Lavigne Delville (Rapp.), Yasmine Berriane  

    Cette thèse s’intéresse à l’aide au développement, défendue comme une politique publique globale, chargée d’aiguillonner d’autres politiques, locales ou sectorielles. L’étude de leur fabrique nous permet d’analyser leurs trajectoires, c’est-à-dire le brassage opéré entre les normes, les pratiques et les acteurs qui portent ces politiques, plus que la finalité même de l’aide. Pourquoi observe-t-on si souvent, dans la littérature dédiée et sur le terrain, un décalage entre la formulation et la mise en œuvre d’un programme de développement ? La réponse, nous la cherchons moins à travers une nouvelle réflexion sur l’échec des promesses de l’aide que dans l’analyse pragmatique de l’instrumentation des politiques de développement. Ces dispositifs sociotechniques, sous forme de programmes et de projets, constituent des fenêtres d’observation sur les phénomènes de circulation, de transfert et d’appropriation des référentiels de l’aide à de multiples niveaux de l’action publique. Les conditions et la mesure dans lesquelles s’opère ce transfert sont les éléments qui fondent tout l'intérêt et la spécificité de la démonstration. En nous appuyant sur la littérature en sociologie de l’action publique, et à partir de cas d’étude sur les programmes de coopération de la France au Maroc et en Algérie, nous démontrerons que l’aide au développement est une entreprise d’influence politique singulière, à la fois hasardeuse et circonstanciée : singulière par les apories d’une méthode qui cherche à agir sans intervenir ; hasardeuse par les bricolages qu’elle opère entre plusieurs référentiels de politiques publiques ; circonstanciée par la prise en compte des contingences locales de production de l’action publique, la temporalité de la mise en œuvre de l’action et la portée limitée des transferts. Cette thèse met ainsi en exergue une trajectoire complexe de dépolitisation de la démarche d’aide et de repolitisation par le bas des acteurs de cette fabrique.

    Sarah Tanke, Japan at the United Nations : cooperative diplomacy as a means for influence and recognition, thèse soutenue en 2021 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Guillaume Devin, membres du jury : Guibourg Delamotte (Rapp.), Delphine Allès et Akiko Fukushima  

    Inexistante dans la littérature académique à ce jour, cette thèse propose une étude de la diplomatie onusienne du Japon qui est à la fois globale – analysant les thèmes centraux, les contributions financières et les pratiques diplomatiques – et couvre toute la période de l’adhésion japonaise à l’ONU de 1956 jusqu’en 2020. Elle s’appuie sur des méthodes quantitatives et qualitatives : une soixantaine d’entretiens semi-directifs notamment avec des diplomates japonais, une étude d’archives japonaises et onusiennes, et une analyse d’environ 200 discours japonais. Au vu de l’essor du multilatéralisme notamment depuis le milieu du 20ème siècle, l’évolution du rôle et du pouvoir du Japon, sa constitution renonçant à la guerre ainsi que sa politique étrangère caractérisée par son alliance avec les Etats-Unis, nous nous interrogeons sur le « comment » et le « pourquoi » de la coopération japonaise aux Nations unies. Cette thèse donne trois réponses à chacun de ces questionnements. Concernant le « comment », il y a d’abord une évolution en direction d’un recentrement discursif sur le Japon ; ensuite, ses contributions financières lui permettent de jouer un rôle international ; et enfin, les diplomates onusiens japonais ont un style diplomatique que nous appelons « coopératif ». Concernant le « pourquoi », nous avons identifié trois motivations principales – outre les contraintes externes – pour la diplomatie multilatérale japonaise : elle est, d’abord, basée sur un certain nombre de principes, ensuite elle est un moyen d’influence et finalement un outil pour obtenir de la reconnaissance.

    Mathilde Leloup, Redéfinir l’humanité par son patrimoine : l'intégration de la protection des sites culturels dans le mandat des opérations de paix onusiennes, thèse soutenue en 2019 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Frédéric Ramel et Dacia Viejo-Rose, membres du jury : Valérie-Barbara Rosoux (Rapp.), Bob Reinalda  

    A partir de juin 2012 le groupe terroriste Ansar Dine s’empare du Nord du Mali. De nombreux sites historiques et culturels sont alors détruits et pillés. Le 25 avril 2013, le Conseil de Sécurité charge la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) par le biais de l’alinéa f) de la résolution 2100 de « protéger les sites culturels et historiques du pays contre toutes attaques, en collaboration avec l’UNESCO ». Or, les sites historiques et culturels du pays réhabilités et reconstruits en priorité par l’unité ‘Environnement et Culture’ de cette opération ont été les sites classés sur la liste du patrimoine mondial, à savoir les mausolées de Tombouctou. Alors qu’en 2015 le groupe terroriste ISIS entame une campagne de destruction systématique des sites du patrimoine mondial irakiens et syriens, la protection du patrimoine culturel par la MINUSMA devient le symbole de la défense de l’humanité face à l’inhumanité, de la civilisation face à la barbarie. Fondée sur une observation participante à l’UNESCO et au Département des Opérations de la Paix de l’ONU, mais également sur des entretiens avec les fonctionnaires onusiens au siège et sur le terrain des opérations de paix ainsi que sur un travail d’archives, cette thèse vise à comprendre comment une initiative ponctuelle et locale telle que la protection du patrimoine culturel par la MINUSMA est devenue, à la faveur d’un contexte de crise, le cœur d’une rhétorique prétendant à l’universalisme. Afin de faire de la MINUSMA un précédent pour les futures opérations de paix, trois types d’acteurs (l’UNESCO, sa Directrice Générale et certains de ses Etats membres) ont en effet donné corps à l’humanité par le biais de son patrimoine commun : en identifiant les coupables (par un processus de criminalisation) et les victimes de sa destruction (par un processus de victimisation) mais aussi ses défenseurs (par un processus d’héroïsation).

    Kari De Pryck, Expertise under controversy : the case of the Intergovernmental Panel on climate change (IPCC), thèse soutenue en 2018 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bruno Latour et Géraldine Pflieger, membres du jury : Annabelle Littoz-Monnet (Rapp.), François Gemenne et Sandrine Revet  

    L'expertise internationale joue un rôle important dans la mise à l’agenda d’enjeux environnementaux globaux. Ces évaluations sont souvent contestées, en particulier là où les faits et les valeurs sont fortement imbriqués. Cette thèse examine le cas du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), une des organisations d’experts les plus contestées. Elle s'intéresse plus généralement à comment ces organisations maintiennent leur autorité, en croisant les apports théoriques des études des sciences et des techniques et de la sociologie des organisations internationales. Un argument central est que le GIEC, en partie à cause de l'univers controversé dans lequel il évolue, est devenu une bureaucratie internationale. La thèse identifie quatre arrangements institutionnels sur lesquels l'organisation s'est appuyée pour maintenir son autorité. Premièrement, elle s'est efforcée de maintenir une représentation équilibrée des États, principalement entre pays développés et pays en développement. Deuxièmement, il a mis en place des mécanismes de gouvernance qui permettent aux gouvernements de jouer un rôle dans le processus d'évaluation, encourageant la “reappropriation” de ses conclusions. Troisièmement, il a procéduralisé le processus d'évaluation pour formaliser le rôle de ses différentes parties et protéger l'organisation contre les critiques. Quatrièmement, il est plus attentif à la gestion de la communication. Ces arrangements sont régulièrement renégociés dans le contexte de nouveaux défis et controverses. Au-delà du GIEC, ils offrent de nouvelles perspectives pour observer l'imbrication de l'autorité politique et épistémique.

    Benoît Martin, La production des statistiques internationales : le cas de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), thèse soutenue en 2018 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Guillaume Devin, membres du jury : Roser Cussó (Rapp.), Anna Alvazzi Del Frate  

    Comment les organisations internationales produisent-elles leurs statistiques ? Cette thèse dévoile ces activités singulières à partir du cas de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC). La démonstration suit une double approche sociologique (des relations internationales et des quantifications) en s’appuyant sur des entretiens menés au siège (à Vienne, en Autriche), la littérature méthodologique (interne et publiée) et les documents onusiens (normatifs et analytiques). Quantifier à l’échelle internationale consiste en un processus complexe organisé en étapes successives : accord d’un mandat, définition d’une méthode, collecte puis traitement et validation des données et, enfin, publication d’un rapport mondial. L’entreprise s’avère collective, impliquant le secrétariat de l’UNODC, les États-membres et des experts. En revanche, la tâche est inégalement répartie, les fonctionnaires internationaux réalisent ou coordonnent l’essentiel ; tout comme les interactions entre les acteurs sont asymétriques, l’UNODC dépend de ses États-membres à plusieurs égards et sans véritable pouvoir de les contraindre. Enjeux bureaucratiques, politiques, financiers, voire autocensure affectent alors le travail statistique routinier. De plus, les sources nationales officielles mais administratives – aux biais pourtant documentés et délicats à surmonter – restent majoritairement utilisées car légitimes. Le recours aux images satellites et aux enquêtes sur le terrain fait figure d’exception. Élaborées dans de telles conditions, les statistiques onusiennes de la drogue et du crime fournissent davantage un inventaire international consensuel que le diagnostic mondial prétendu.

    Olivier Van den Bossche, Entreprendre pour le développement. Une histoire des politiques UE-ACP de développement du secteur privé, de Lomé à Cotonou (1975-2000), thèse soutenue en 2018 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Laurent Martin, membres du jury : Laurence Badel (Rapp.), Christine Manigand, Véronique Dimier et Guia Migani    

    Cette thèse retrace la construction historique d’une politique publique dite prioritaire de l’aide au développement. Les politiques de développement du secteur privé consistent à penser le développement économique par le renforcement d’un tissu économique privé local (micro-, petites et moyennes entreprises) et l’accueil d’investissements étrangers. La mise en place de ces politiques est ici étudiée dans le cadre des relations entre les institutions communautaires de l’Union européenne et les pays du groupe Afrique Caraïbes Pacifique (ACP), de 1975 à 2000, c’est-à-dire dans le temps des accords quinquennaux successifs de partenariat UE-ACP sous les Conventions de Lomé.Si ces politiques représentent un objectif aujourd’hui dominant de l’aide au développement, elles existaient déjà sous d’autres formes dès 1975. Notre recherche prend le parti d’étudier les évolutions d’une politique publique d’aide au développement depuis Bruxelles en regardant en particulier les liens des services de la direction générale du développement (DG VIII) de la Commission européenne avec les instruments communautaires ou paritaires au service de cette politique : la Banque européenne d’investissement et le Centre de développement industriel. L’histoire de ces politiques est croisée ponctuellement avec les évolutions propres à certains réseaux économiques transnationaux, aux Etats-membres, et à d’autres organisations internationales (Banque mondiale, OCDE). La recherche se place dans une double perspective d’histoire des organisations internationales et d’une histoire transnationale des réseaux économiques, pour retracer les trajectoires socioprofessionnelles individuelles et les dynamiques institutionnelles qui expliquent la fabrique des politiques européennes de développement.Trois temps sont étudiés : la coopération industrielle (1975-1985) qui vise à réussir le mariage d’intérêts entre les objectifs politiques des pays en développement dans le cadre du « Nouvel ordre économique international » et les besoins économiques de l’Europe ; l’émergence du développement du secteur privé comme nouvelle terminologie hégémonique au sein du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE (1985-1995) ; le temps des réformes institutionnelles et opérationnelles de l’aide au développement au nom d’une recherche d’efficacité pour le développement et de changements globaux (1995-2000).

    Ardijan Sainovic, Acteurs locaux et acteurs internationaux dans la construction de l’Etat. : Une approche interactionniste du cas du Kosovo, thèse soutenue en 2017 à Bordeaux sous la direction de Daniel C. Bach, membres du jury : Nathalie Duclos (Rapp.), Brigitte Vassort-Rousset, Philippe Claret et Gilles Bertrand  

    Comment les intervenants internationaux peuvent-ils (re)construire des institutions légitimes après un conflit intra-étatique ? En d’autres termes, quels facteurs déterminent le résultat du statebuilding post-conflit ? D’un côté, l’approche dominante, dite « technique », soutient que des ressources significatives (financières, humaines, politiques) permettent aux intervenants internationaux de construire les institutions voulues. Au Kosovo, les acteurs internationaux ont établi une administration internationale dotée de pouvoirs exécutifs et des ressources étendues et maintenues tout au long du processus. Or, le bilan du statebuilding est mitigé. D’un autre côté, le paradigme de la « paix libérale » affirme que la libéralisation (politique et économique) contribue au résultat limité des opérations post-conflit car elle est mal appliquée, illégitime voir dangereuse pour les sociétés sortant de conflits violents. Cette approche néglige aussi bien les facteurs internes que les variations dans les intentions internationales et se base, comme l’approche technique, sur un postulat implicite (erroné) de l’asymétrie porteuse de rapports de pouvoir qui favoriseraient les intervenants internationaux. En conséquence, ces approches ignorent la manière dont les acteurs locaux peuvent résister aux normes et objectifs internationaux.Pour expliquer les variations du résultat du statebuilding international, nous proposons un modèle théorique alternatif en modélisant une approche multicausale et séquentielle d’un jeu à deux niveaux. Notre thèse est la suivante. Les variations dans l’issue du statebuilding sont fonction des interactions stratégiques, elles-mêmes déterminées par les changements dans les préférences et les relations de puissance entre les intervenants internationaux et les élites politiques locales. Le statebuilding est étudié comme un processus interactif, mettant en relation potentiellement trois acteurs clés qui dominent le paysage politique post-conflit. Dans ces conditions, le statebuilding est un succès uniquement si les réformes internationales ne menacent pas le pouvoir politique des élites locales – pouvoir qui s’appuie sur deux piliers, le nationalisme et les pratiques informelles – et que les acteurs internationaux ont mobilisé suffisamment de ressources pour amener les élites locales à adopter et appliquer les réformes désirées.Or, le cas du Kosovo montre que les préférences des acteurs ne s’alignent que très rarement. Le statebuilding international a été instrumentalisé et miné par les préférences divergentes et contradictoires entre les principaux acteurs clés. Les acteurs internationaux ont voulu créer un Etat démocratique et multinational, mais ont privilégié la stabilité car ils ont été confrontés à des élites politiques locales – kosovar-albanaises et kosovar-serbes – préoccupées par le pouvoir et la domination de leur groupe sur autrui et par le maintien du leadership à l’intérieur de leur propre groupe. Entraînant ainsi une multiplication des autorités et à une fragmentation de la légitimité : deux systèmes politiques et sociaux persistent et empêchent la cohésion et le caractère multinational de l’Etat. L’intervention de l’UE a permis de changer le jeu en contribuant à apaiser la situation sur le terrain. Mais des tensions persistent, confortant le compromis.

    Marie Saiget, Programmes internationaux et politisation de l'action collective des femmes dans l'entre-guerres : une sociologie des interventions sur le genre et les femmes au Burundi (1993-2015), thèse soutenue en 2017 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Guillaume Devin, membres du jury : Ioana Cîrstocea (Rapp.), Devon Curtis et Philippe Lavigne Delville  

    Partant du constat de l’attention croissante et appuyée des organisations internationales aux thématiques « femmes, paix et sécurité », cette recherche vise à mieux comprendre les modalités concrètes des interventions sur cette thématique ainsi que leurs effets sur les dynamiques sociales et politiques de mobilisation des femmes en contexte d’entre-guerres. La thèse discute la perspective à la fois critique et experte des effets des programmes internationaux en proposant une sociologie des interventions déployées sur la thématique du « genre » au Burundi (1993-2014). En s’appuyant sur une enquête documentaire et de terrain menée au Burundi entre 2012 et 2014, elle contextualise dans une première partie la construction des interventions du point de vue des normes, des pratiques et des relations entre les acteurs. Elle étudie dans une deuxième partie la socialisation des acteurs individuels participant aux interventions aux savoirs diffusés par les programmes internationaux. Dans une troisième partie, elle analyse les processus de politisation dont certains enjeux, pratiques et sujets de l’action collective des femmes font l’objet. La thèse défend une interprétation dynamique du processus de politisation. De par leurs effets problématiques sur la socialisation des acteurs, les interventions déployées sur le genre participent à la politisation de l’action collective des femmes. Cette politisation place les organisations internationales face à une impasse car ces tendances échappent au cadre d’intervention qu’elles peuvent effectivement porter. Paradoxalement, cette impasse entretient plutôt qu’elle n’altère la politisation en cours.

    Lucile Maertens, Quand le Bleu passe au vert : la sécurisation de l'environnement à l'ONU, thèse soutenue en 2015 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bertrand Badie et Géraldine Pflieger, membres du jury : Amandine Orsini (Rapp.)  

    Depuis plusieurs décennies, l’Organisation des Nations Unies (ONU) – ses Etats membres, ses programmes officiels et ses fonctionnaires – s’intéresse aux connexions entre environnement et sécurité. Pourtant, l’inscription des problématiques environnementales dans l’agenda sécuritaire onusien n’a pas fait l’objet d’une étude détaillée. De même, la littérature sur la construction sociale des enjeux de sécurité ne propose pas un éclairage exhaustif sur les fonctions des organisations internationales dans le processus de sécurisation. La présente thèse vise à combler ces vides. S’appuyant sur des enquêtes d’inspiration ethnographique – observations participantes, entretiens semi-directifs –, elle examine, de l’intérieur, l’intégration de l’environnement dans la définition et la gestion de la sécurité à l’ONU. La recherche a ainsi montré que, ancrés dans des intentionnalités multiples – stratégies gouvernementales, organisationnelles et individuelles –, les efforts de sécurisation de l’environnement à l’ONU s’articulent autour de quatre modalités principales : sécurisation par le langage, sécurisation par l’intégration institutionnelle, sécurisation par la technique, sécurisation inversée. Les manœuvres de sécurisation sont confrontées à des obstacles relevant tant de contraintes imposées par les Etats membres que de rivalités internes. Toutefois, même si peu d’effets ont été observés sur le système de gouvernance globale de l’environnement, les manœuvres de sécurisation ne sont pas sans conséquence : elles favorisent le changement institutionnel pour les acteurs sécurisants et participent à la construction d’un « ordre symbolique » constitué d’obligations et d’interdépendances.

    Marieke Louis, La représentativité , thèse soutenue en 2014 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Guillaume Devin  

    Depuis ces vingt dernières années, la représentativité des organisations internationales est au cœur du débat politique sur la réforme des institutions de la gouvernance mondiale. Considérée comme un enjeu clé de leur légitimité, la représentativité apparaît à la fois comme une qualité liée au fait de « bien représenter » mais aussi comme un objet dont se saisissent les institutions pour permettre à certains acteurs d’en représenter d’autres. À partir d’une recherche menée dans le cadre de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur une période s’étendant de 1919 à 2014, nous proposons de recourir à la notion de « valeur pratique » pour aborder cette notion polysémique et ambivalente qu’est la représentativité dans le cadre d’une organisation internationale à la fois particulière et emblématique des enjeux soulevés aujourd’hui par le problème de la représentativité. Créée en 1919, l’OIT est en effet, à la différence de toutes les autres organisations internationales du système des Nations unies et de Bretton Woods, la seule à être composée non seulement des représentants des gouvernements mais aussi des représentants des organisations syndicales de travailleurs et d’employeurs (représentation tripartite). L’OIT constitue donc un cas particulièrement intéressant pour étudier la représentativité sur le long terme à la fois au niveau des États et des acteurs non étatiques. Sur le plan méthodologique, nous défendons l’intérêt d’une démarche socio-historique qui accorde une place importante aux représentations des acteurs, sans pour autant faire l’économie de l’analyse des pratiques de représentation objectivables à travers le temps.

    Marieke Louis, La représentativité, thèse soutenue en 2014 sous la direction de Guillaume Devin, membres du jury : Hélène Michel (Rapp.), Sandrine Kott et Vincent Pouliot    

    Depuis ces vingt dernières années, la représentativité des organisations internationales est au cœur du débat politique sur la réforme des institutions de la gouvernance mondiale. Considérée comme un enjeu clé de leur légitimité, la représentativité apparaît à la fois comme une qualité liée au fait de « bien représenter » mais aussi comme un objet dont se saisissent les institutions pour permettre à certains acteurs d’en représenter d’autres. À partir d’une recherche menée dans le cadre de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur une période s’étendant de 1919 à 2014, nous proposons de recourir à la notion de « valeur pratique » pour aborder cette notion polysémique et ambivalente qu’est la représentativité dans le cadre d’une organisation internationale à la fois particulière et emblématique des enjeux soulevés aujourd’hui par le problème de la représentativité. Créée en 1919, l’OIT est en effet, à la différence de toutes les autres organisations internationales du système des Nations unies et de Bretton Woods, la seule à être composée non seulement des représentants des gouvernements mais aussi des représentants des organisations syndicales de travailleurs et d’employeurs (représentation tripartite). L’OIT constitue donc un cas particulièrement intéressant pour étudier la représentativité sur le long terme à la fois au niveau des États et des acteurs non étatiques. Sur le plan méthodologique, nous défendons l’intérêt d’une démarche socio-historique qui accorde une place importante aux représentations des acteurs, sans pour autant faire l’économie de l’analyse des pratiques de représentation objectivables à travers le temps.

    Olivier Moncharmont, Contestations rhétoriques et rivalités normatives à la Conférence du désarmement : Le discours diplomatique de la République populaire de Chine en matière de prévention d'une course aux armements dans l'espace de 1998 à 2009, thèse soutenue en 2012 à Lyon 2 sous la direction de Jean-Pierre Cabestan et Eric Seizelet, membres du jury : Frédéric Ramel (Rapp.), Bernard Sitt  

    La politique étrangère de la République populaire de Chine est l’objet d’explications doxiques qui, en vertu d’un raisonnement rationaliste positiviste, lui attribuent des visées secrètes, déterminées par des « intérêts » de « sécurité ». L’accession en 2003 de la Chine au rang symbolique de troisième puissance spatiale, après les États-Unis et la Russie, a été présentée par les experts réalistes des Relations internationales comme un témoignage supplémentaire de l’ambiguïté du pouvoir politique chinois quant à son utilisation des technologies militaires dans l’espace extra-atmosphérique. L’objectif de la thèse est de proposer une approche constructiviste de la politique étrangère chinoise en matière de Prévention d’une course aux armements dans l’espace. Il s’agit de reconnaître les sources premières par lesquelles le pouvoir politique chinois fait connaître et évoluer sa position en la matière. Le discours diplomatique produit à Genève par la délégation chinoise auprès de la Conférence du désarmement (CD) entre 1998 et 2009 est le matériau analysé par l’étude. Sa matérialité discursive est instituée dans des documents multiples au travers desquels sont produits des récits en légitimation des normes prescrites par la délégation chinoise ainsi que des représentations problématisées du réel social. La production discursive de normes façonne un ethos idéalisé du pouvoir politique en RPC. Elle est aussi constitutive de stratégies rhétoriques de coercition et de contestation destinées à contraindre la production discursive des délégations des autres États à propos de négociations connexes. Ces stratégies sont à l’origine du « blocage » de la CD depuis 1998.

    Yves Montouroy, Enjeux forestiers globalisés et territoires : les acteurs européens face à la régulation politique multiscalaire, thèse soutenue en 2012 à Bordeaux 4 sous la direction de Andy Smith, membres du jury : Patrick Hassenteufel (Rapp.), Bastien Irondelle  

    La thèse a pour objectif de participer à l’étude de l’Union européenne et à celle des relations internationales en ciblant spécifiquement la régulation du secteur forêt-bois-papier. La question de fond est de savoir comment la gestion des forêts est construite en problème public européen. Prenant acte d’un agenda mondial qui donne à voir un problème forestier globalisé et des processus de gouvernance opposant multilatéralisme et acteurs transnationaux, la thèse propose de porter la focale sur les acteurs européens qui définissent et politisent les enjeux forestiers selon leur propre relation à la ressource. Pour ce faire, le travail de recherche s’appuie sur une hypothèse centrale selon laquelle l’institutionnalisation des territoires forestiers constitue une ressource d’action publique pour les acteurs face à la régulation politique multiscalaire. Afin de mettre en avant la capacité des acteurs européens à circuler parmi les échelles de régulation pour participer à la construction des politiques publiques sectorielles, la thèse s’appuie sur un cadre théorique empruntant aux Théories des relations internationales et à l’Analyse des politiques publiques. Forte d’une telle grille d’analyse sociologisée, une seconde partie s’articule autour de trois études de cas de politiques européennes de la forêt (la protection des forêts contre les feux, la valorisation énergétique de la biomasse forestière et la lutte contre le commerce international de bois illégal). Au total, elles montrent toutes trois la capacité des acteurs locaux à territorialiser des enjeux globalisés de gestion d’une ressource naturelle.

    Nicolas Bouchet, La négociation multilatérale de l'aide aux Etats fragiles : constructions d'agendas et stratégies d'influence au Comité d'aide au déveloeppement de l'OCDE, thèse soutenue en 2011 à Bordeaux 4 sous la direction de Daniel Compagnon, membres du jury : Olivier Nay (Rapp.), Martinus Desmet  

    Les modes de négociation au CAD de l'OCDE sont organisés autour de la règle du consensus et d'un processus itératif conduit entre pairs. Ces modes de négociation ont produit la notion d'Etat fragile de 2004 à 2010, idée prête à l'usage et prête à être étendue par ses promoteurs initiaux comme par tous les représentants de bailleurs de fonds qui choisissent de s'y investir. La notion et l'agenda concernant les Etats fragiles entrent en 2005 dans la course à la démonstration de la légitimité de l'aide publique au développement comme des compléments nécessaires et comme des concurrents à l'agenda de l'effocacité de l'aide. Cependant les mêmes modes de négociations ainsi que les contraintes organisationnelles et normatives rencontrées dans les bureaucraties de l'aide qui participent à cette construction ont tendu à normaliser le contenu et à limiter la transposition politique et bureaucratique de ce nouvel agenda. Au sein du CAD, ces contraintes diminuent également la portée des tenants de l'agenda Etats fragiles qui doivent faire face à des normes établies. Cet agenda a cependant pu être diffusé rapidement en raison de sa malléabilité, de la nature proinstitutionnelle de son argumentaire et du risque normatif et politique relativement faible qu'il fait prendre aux acteurs qui s'en servent pour promouvoir leurs propres visions stratégiques de l'aide publique au développement. Dans ce contexte, le CAD constitue une arène internationale de négociation où s'analyse l'action organisée des représentants de bureaucraties bilatérales et multilatérales.

    Pierre Anouilh, Sant'Egidio et les métamorphoses de la fabrique de la paix , thèse soutenue en 2010 à Bordeaux 4 sous la direction de François Constantin  

    Médiateur providentiel au Mozambique, opérateur de paix reconnu pour ses méthodes et sa discrétion au Burundi, la communauté catholique et romaine de Sant'Egidio est un acteur atypique et singulier de la résolution des conflits. "Naturelle", son expertise pacificatrice n'a jamais été problématisée au regard des conflictualités dans lesquelles elle est intervenue. Notre étude, sur une base comparative, ambitionne de dépasser les prénotions entourant la gestion des conflits armés en privilégiant une approche articulée en termes de sociologie politique de dispositifs internationaux de fabrique de la paix. Les deux premières parties, historiquement situées, partagent la même démarche : problématiser l'évidence et la nécessité des pratiques médiatrices de Sant'Egidio au Mozambique et au Burundi. L'enjeu est de retrouver les connexions, les rencontres, les jeux de force et les stratégies qui ont contribué à l'émergence de la paix égidienne. C ette dernière doit être mise en relation avec les évolutions des pratiques internationales de pacification dont elle participe et qui conditionnent son efficience. Tel est l'objet de la troisième partie. L'étude des médiations africaines de la Communauté s'ouvre alors à l'ensemble des stratégies enchevêtrées concourant à la production de la paix en Afrique. En conclusion, il s'agira d'événementialiser la "diplomatie parallèle" de Sant'Egidio, à travers une brève archéologie des catégories de pensées qui fondent sa reconnaissance et sa légitimité en tant qu'opérateur de paix. Que nous révèle, in fine, l'action de Sant'Egidio quant aux modalités contemporaines du gouvernement des guerres des pauvres ?

    Marie Campain, La genèse du partenariat oriental , thèse soutenue en 2010 à Bordeaux 4 sous la direction de Andy Smith  

    Cette recherche a pour objet d'étude la genèse d'une politique publique européenne dans le domaine de la politique étrangère, le Partenariat oriental. Cette politique communautaire qui a vu le jour officiellement en 2008 se donne comme objectif la gestion des relations entre, d'une part, l'Union européenne et ses États membres et, de l'autre, les États du voisinage oriental appelés « near abroad » car n'ayant pas vocation à entrer à court terme dans ce bloc régional. L'étude de cette genèse soulève un ensemble de questions relatives à la construction d'une telle politique et plus généralement au fonctionnement du processus décisionnel européen en politique étrangère. En effet, étant donné les particularités de ce dernier, l'adoption d'une politique publique ne se fait pas sans l'émergence d'un leadership : le rôle primordial que tiennent certains États membres dans la mobilisation des autres afin de parvenir au compromis et à une décision. Ce leadership conditionne le comment et le pourquoi de la genèse de cette politique, en influençant à la fois la manière de faire et son contenu. À l'issue d'une enquête de terrain fondée sur des entretiens et une analyse documentaire et historique, il apparaît que la genèse du Partenariat oriental s'est chronologiquement d'abord déroulée en Pologne, dont les décideurs ont eu l'initiative en premier. Leur travail a permis non seulement de mettre sur agenda le voisinage oriental comme « problème public » via un projet de solution intitulé « Partenariat oriental », mais également de parvenir à une acceptation relativement consensuelle de ce dernier. Notre attention se tourne ainsi vers la configuration d'acteurs polonais ayant permis la naissance de ce projet de gestion du voisinage oriental, en partant du constat que ce niveau domestique de l'action publique européenne est souvent méconnu des études sur le processus décisionnel européen.

    Delphine Marie-Josée Natacha Loupsans, La place des intérêts et des normes dans l'action humanitaire de l'Union européenne, thèse soutenue en 2009 à Bordeaux 4 sous la direction de Thomas Lindemann  

    Il ressort largement des réflexions inspirées des théories traditionnelles, comme le réalisme et le libéralisme, qu'aucun Etat ou groupe d'états n'est disposé à intervenir - civilement et plus encore militairement - pour mettre fin à une urgence humanitaire, si aucun intérêt matériel ou stratégique ne l'y contraint. Toutefois, en s'accordant sur le refus de donner une exitence propre aux normes, aucun de ces paradigmes n'est en mesure d'expliquer de façon apodictique l'action humanitaire d'urgence mise en oeuvre par les institutions européennes, ni même d'en traduire le caractère original et novateur. En effet, l'intérêt des décideurs européens pour les normes humanitaires a évolué au point qu'ils prennent parfois des décisions jouant contre les intérêts matériels et stratégiques de l'Union européenne. Pour nous, c'est bien la marque que ces normes sont devenues un symbole constitutif, c'est-à-dire pour résumer Martha Finnemore "des attentes partagées par les décideurs européens à propos des comportements acceptables" et qu'elles façonnent le comportement européen en intervenant dans la constitution de l'identité et des intérêts de l'Union européenne. Dans notre optique onstructiviste, les identités dont sont issus les intérêts ne sont pas comprises comme étant données mais comme étant la résultante du processus d'interaction sociale par lequel se disséminent les compréhensions partagées et structurées autour des normes humanitaires. Les intérêts sont, alors, définis dans un contexte d'appropriation de ces normes, expliquant alors que les intérêts humanitaires priment sur les intérêts stratégiques.

  • Rhoumour Ahmet Tchilouta, « De l’autre côté de la frontière » : souveraineté, gestion des frontières et évolution de la géopolitique du Niger face à l'externalisation des politiques migratoires de l'Europe dans la région saharo-sahélienne, thèse soutenue en 2023 à Université Grenoble Alpes sous la direction de Anne-Laure Amilhat-Szary et Harouna Mounkaila, membres du jury : Olivier J. Walther (Rapp.), Frédéric Giraut (Rapp.), Florence Boyer, Julien Brachet et Mahaman Sanoussi Tidjani Alou  

    Cette thèse propose d’explorer le changement de paradigme qui s’est opéré dans la gestion des migrations au Niger depuis 2015, passant d’une approche de laisser-faire à une approche criminalisant les prestations de services aux migrants. Plus précisément, cette thèse cherche à comprendre le rôle joué par l’Europe, notamment à travers la diffusion de ses normes, de ses fonds et de ses personnes, dans ces évolutions.Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette évolution notable : la déstabilisation des systèmes migratoires transsahariens après la chute du régime de Kadhafi en 2011, la détérioration de la situation sécuritaire dans la région et, surtout, la gestion par l’Europe de la « crise des réfugiés » de 2015. Alors que l’afflux de réfugiés menaçait de disloquer l’espace Schengen (Laine, 2017), le seul consensus qui a paru possible aux dirigeants européens était d’externaliser leurs responsabilités en matière de contrôle des migrations et des frontières vers des pays en dehors de l’Union, comme le Niger. Labellisé pays de transit (Frowd, 2019), un rôle qui n’est pas nouveau (Brachet, 2007), il est alors apparu aux yeux de l’Europe comme un pays charnière dans l’externalisation de ses dispositifs de contrôle migratoire et de gestion des frontières (Boyer & Mounkaila, 2018).Cette position centrale dans la stratégie d’externalisation des contrôles aux frontières de l’Union européenne se confirme lors du sommet de La Valette. Les décisions politiques et financières qui y ont été prises, en particulier le Fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique (FFUA), ont désigné le Niger comme son principal bénéficiaire, en le dotant d’environ 300 millions d’euros. Simultanément, alors que le Niger émergeait comme projection des intentions européennes et devenait un lieu d’investissement pour son industrie migratoire, une ruée inédite d’acteurs internationaux, notamment européens, s’est déclenchée vers le pays. En conséquence, le Niger s’est soudainement retrouvé quadrillé par un large éventail d’acteurs internationaux déployant une approche de la gestion des migrations basée sur les routes, où toute mobilité est présumée être à destination de l’Europe, et doit donc être stoppée en tant que telle. Il a ainsi vu ses frontières transformées, tant dans leur forme que dans leur fonction, créant de nouveaux espaces géographiques et politiques pour la gestion des frontières (Frowd P. M., 2021).Cette thèse analyse ces transformations et leurs implications, en déplaçant le point de vue et la méthodologie de l’autre côté de la frontière, afin de proposer un récit alternatif de l’internalisation de cette externalisation et de ses implications pour le Niger. Pour ce faire, elle s’appuie sur une approche méthodologique combinant des approches qualitatives (observations, entretiens, etc.) et quantitatives (Social Network Analysis-SNA), ainsi que des méthodes d’analyse géospatiale et géostatistique.

    Marlène Rosano-Grange, Revisiter l'histoire de la construction européenne : le poids des structures et des conjonctures internationales, thèse soutenue en 2022 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Guillaume Devin, membres du jury : Florence Delmotte (Rapp.), Antoine Roger (Rapp.), Marlène Benquet  

    Notre recherche propose une sociologie historique mondiale de l’intégration européenne, qui revisite les périodisations eurocentrées du processus. A l’aide de la perspective du « développement inégal et combiné », la thèse articule le regard contingent et situé de l’histoire mondiale avec la structure économique différenciée des sociétés. La méthode d’enquête est basée sur des sources secondaires, historiques essentiellement, rapportées à des régimes de régulation (concurrentiel, fordiste et néo-libéral) et des intérêts en lutte à plusieurs échelles. Nous montrons que les relations internationales sont nécessaires à la reproduction de l’intégration européenne, en trois périodes. La sociogenèse du processus fait sens dans la structure hégémonique des Etats-Unis sur les Etats d’Europe de l’Ouest, qui importent la norme fordiste au rythme de la décolonisation et de la guerre froide. La différenciation du processus, d’abord sous la forme sociale-démocrate, a lieu dans la configuration internationale de la crise du fordisme qui lie le mouvement transnational de Mai 68, les pays du Tiers-monde dans le NOEI et l’URSS dans la détente. A partir du milieu des années 1970, le projet contre-hégémonique néolibéral se diffuse depuis les organisations financières internationales et les Etats-Unis de Reagan dans l’intégration, par une alliance avec le patronat industriel européen, sous la forme de l’ordolibéralisme. Enfin, l’Europe politique, monétaire et militaire, est indissociable de la victoire mondiale du néolibéralisme dans la guerre froide, sous une forme coopérative jusqu’à la guerre au Kosovo, puis coercitive avec la montée des forces contestataires, à commencer par la Chine.

    Ousmanou Nwatchock A Birema, Les organisations internationales, le principe de souveraineté et la gestion des crises politiques internes : cas de la francophonie et de l'union africaine, thèse soutenue en 2018 à Lyon sous la direction de David François, membres du jury : Guy Mvelle Minfenda (Rapp.), Joseph Vincent Ntuda Ebode (Rapp.), Guillaume Devin et David Cumin    

    La gestion des crises politiques internes est devenue l’activité à la fois la plus visible et la plus controversée des organisations internationales aujourd’hui. C’est en raison de cette ambivalence que cette thèse prend prétexte de la gestion des crises politiques par la Francophonie et l’Union Africaine pour interroger l’articulation entre le multilatéralisme politique et le principe de souveraineté des États en situation de crise politique interne en Afrique. La question centrale est de savoir ce qui reste du principe de souveraineté devant la récurrence des interventions multilatérales de ces deux organisations dans des problématiques relevant de la stricte souveraineté. La réponse est donnée à travers une analyse profonde des trajectoires politique, juridique et philosophique de l’interaction entre la souveraineté des États et les ingérences multilatérales dans l’histoire des relations internationales de facture westphalienne. Par ailleurs, cette thèse fait une rétrospective théorique sur la question des ingérences en général, avant de s’appesantir de manière spécifique et empirique sur les trajectoires interventionnistes de la Francophonie et de l’Union Africaine en Côte d’Ivoire, à Madagascar et en République Centrafricaine. L’analyse aboutit au constat que la gestion multilatérale des crises politiques internes se caractérise par sa complexité opérationnelle : d’une part elle permet aux organisations internationales intervenantes de pratiquer une sorte de « rançon » de la liberté politique de leurs États membres, et d’autre part elle est une opportunité d’instrumentalisation des organisations internationales qui s’y engagent.

    Osmany Porto De Oliveira, Ambassadeurs de la participation : la diffusion internationale du Budget Participatif, thèse soutenue en 2015 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Yves Surel, membres du jury : Camille Goirand, Eduardo Fernandez-Caldas, Guillaume Gourgues et Patrick Hassenteufel  

    Cette thèse de doctorat porte sur une facette encore peu explorée dans les études sur la démocratie et la participation : la diffusion internationale d’idées et de technologies sur la gouvernance participative. Les recherches récentes sur ce thème ont insisté sur l’influence des différents acteurs afin d’expliquer le phénomène de la diffusion, en accordant une attention particulière aux organisations internationales. La préconisation de modèles spécifiques de la part de ces institutions est fréquente, comme dans le cas du Budget Participatif (BP), qui, de nos jours, compte plus de 2800 expériences réparties à travers le monde. Cependant, les orientations des institutions internationales suffisent-elles à expliquer la diffusion d’idées et de technologies de gouvernance participative ? Située entre analyse de politiques publiques et étude des relations internationales, cette recherche de doctorat se propose d’examiner le processus de diffusion du BP, au travers d’une méthodologie qualitative, combinant entretiens approfondis, observation participante et analyse de documents. L’étude a été développée à partir d’un cas précurseur, Porto Alegre, et de différents cas de transfert en Afrique Subsaharienne et en Amérique Latine. Les résultats de la recherche semblent indiquer l’existence d’un flux global, de mouvements de diffusion régionale – comme dans la région des Andes –, et de mouvements ponctuels de transfert, au sein desquels le BP se déplace d’une institution à une autre, comme de Porto Alegre, au Brésil, vers la municipalité de Cotacachi, en Équateur, ou encore à Maputo, au Mozambique. L’action d’un ensemble d’individus a été fondamentale pour introduire le BP dans l’agenda international, ainsi que pour aider les processus de transfert à l’étranger. Une fois le BP légitimé au niveau international, les organisations internationales se démarquent, car elles financent les expériences, organisent des ateliers de formation de cadres et produisent du matériel d’implantation.

    Hélène Colineau, L'Union européenne, puissance normative ? : la politique de coopération au développement en actes, thèse soutenue en 2013 à Grenoble sous la direction de Jean-Charles Froment, membres du jury : Marie-Laure Basilien-Gainche (Rapp.), Philippe Mary (Rapp.), Jan Orbie  

    La politique de coopération au développement représente une part très importante de l'action extérieure de l'Union européenne, ne serait-ce qu'en termes budgétaires. Cette thèse s'interroge sur la manière dont les valeurs inscrites dans les traités européens (démocratie, droits de l'homme et Etat de droit) sont promues par le biais de la coopération au développement. Pour ce faire, le concept de « puissance normative » (Manners, 2002) a été mobilisé comme idéaltype afin d'analyser la façon dont l'Union conduit sa politique de coopération au développement. La politique de coopération au développement est étudiée dans sa dimension globale, à travers l'analyse des méthodes européennes, et dans sa dimension concrète, c'est-à-dire par l'étude des projets de terrain financés par l'UE dans ses pays partenaires. Le cas des projets de soutien à la réforme pénitentiaire a été choisi, afin de comprendre comment se déroule la diffusion des normes sur le terrain, dans un domaine régalien, et dans lequel l'UE ne dispose pas d'une compétence interne. En définitive, l'UE ne dispose pas d'une spécificité normative permettant de la distinguer des autres acteurs du système international en tant que puissance normative. La coopération au développement apparaît subordonnée à la politique extérieure, les préoccupations stratégiques l'emportant alors sur l'objectif de diffusion des normes. Sur le terrain, les projets financés par l'UE répondent à des considérations bureaucratiques portées par les délégations de l'UE. Plus qu'un moyen de diffusion des normes, les projets sont considérés par les agents européens comme un moyen de faire vivre la coopération, quels que soient, au final, leurs résultats. Reste alors l'espace d'échange qu'auront ouvert de tels projets, permettant aux experts étrangers et aux fonctionnaires de l'Etat bénéficiaire de confronter leurs pratiques administratives, et d'envisager, éventuellement, de nouvelles « solutions » d'action publique.

    Rachel Polaud, L'implication des ONG dans les débats des OIG : le cas de l'aménagement des droits de propriété intellectuelle par l'OMC, l'OMS, l'OMPI entre 1996 et 2006, thèse soutenue en 2012 à Grenoble sous la direction de Yves Schemeil, membres du jury : Bob Reinalda (Rapp.), Jan Beyers (Rapp.), Sabine Saurugger  

    Les ONG font partie intégrante du paysage médiatique, dans le cadre duquel elles cherchent souvent à se présenter comme les artisans d'une meilleure prise en compte des aspirations des populations. Mais qu'en est-il réellement, notamment au niveau international ? Pour répondre à cette question, nous nous sommes intéressés à la façon dont les ONG tentent de faire connaître leurs points de vue aux Organisations Intergouvernementales (OIG), et de les inciter à adopter des résolutions allant dans le sens de leurs convictions, pour les plus puissantes et les mieux introduites d'entre elles. Nous avons confronté les résultats obtenus en matière d'influence aux principes développés par les démocrates délibératifs qui voient en elles les instruments de l'idéal délibératif en raison de leur aptitude à communiquer et à travailler en réseaux. D'un point de vue méthodologique, nous nous sommes appuyés sur l'analyse des réseaux de politique publique afin de préciser les ONG qui s'appuient sur le même socle de principes et de convictions et qui travaillent ensemble de façon suffisamment régulière pour que l'on puisse parler de stratégie commune. Afin de compléter cette analyse, nous avons réalisé une trentaine d'entretiens semi-directifs et dépouillé 300 communiqués de presse. Pour chacune des Organisations que nous avons étudiées (OMC, OMS, OMPI), nous avons tenté de préciser dans quelles circonstances et dans quel contexte les ONG sont parvenues à exercer une influence qui s'est traduite par une institutionnalisation de leurs idées. Nous arrivons à la conclusion que les ONG influentes empruntent bien davantage aux groupes d'intérêt et à la conception pluraliste de la démocratie qu'aux idéaux délibératifs. Ce faisant, elles contribuent à améliorer la transparence des décisions internationales et parviennent dans certains cas à modifier l'agenda politique. A un niveau plus général, cette étude permet de revenir sur l'activité de plaidoyer des ONG internationales et de montrer à quel point les opportunités qui s'offrent à elles diffèrent d'un forum à l'autre.