En moins de dix années, par des vagues de législation successives, s'est mis en place un cadre juridique sophistique visant à assurer la transparence et la moralisation des activités politiques et, notamment, des campagnes électorales et des partis politiques. Ce domaine, jusqu'alors dominé par des pratiques connues, mais non moins douteuses, a été "saisi par le droit". L'apport législatif et jurisprudentiel fut, en la matière, considérable. L'ancrage législatif s'est opéré de façon rapide, mais néanmoins progressive à mesure que les strates de réglementation se sont succédé. Le législateur a entendu agir sur différents registres : d'une part, limiter le recours à certains modes de communication, d'autre part, limiter et clarifier les sources de financement des partis politiques et des candidats aux principales élections. Enfin, fut mis en place un système original de contrôle du respect des prescriptions législatives avec, pour élément central, une autorité administrative indépendante, la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. La physionomie et la condition du contrôle des opérations électorales ont d'ailleurs été profondément renouvelées par l'insertion du critère financier et des comptes des actions politiques. Un volet nouveau du contrôle de la situation patrimoniale des élus fut, en outre, mis en place. Afin de limiter le rôle de l'argent, les dispositions concernant les campagnes électorales ont, d'une part, réglementé les modes de communication en écartant les techniques les plus couteuses, d'autre part, instaure un plafonnement des dépenses autorise et, enfin, qualifié certaines actions de dépenses électorales, selon des critères de plus en plus stricts. Le législateur a également, au delà de la restriction quantitative, agi sur les sources de financement. Aussi, moralisa-t-il le financement privé pour ne laisser subsister que le financement citoyen et, en instaurant un financement neutre de substitution, le financement public. La condition des partis politiques a, elle aussi, évolue. La personnalité morale leur a été reconnue et ils ont été soumis à un contrôle financier, certes constitutionnellement limité, mais novateur. Pour autant, la démarche engagée en 1988 ne semble pas arrivée à son terme et cet ensemble législatif souffre encore de nombreuses "malfaçons" dues, parfois, au caractère instable.