Michel Hastings

Professeur émérite
Science politique.
Sciences Po Lille

Centre d'Études et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales
  • THESE

    Halluin la rouge 1919-1939, aspects d'un communisme identitaire : singularités écologiques et stratégies d'implantation, soutenue en 1988 à Lille 2 sous la direction de Marc Sadoun 

  • Michel Hastings, Avec Pierre Sansot: flâneur du sensible, l'Harmattan, 2023, Espaces Littéraires, 269 p.   

    Michel Hastings, Bénédicte Héraud, Anne Kerlan (dir.), Le sens pratique de l'hospitalité: accueillir les étrangers en France, 1965-1983, CNRS Editions et Impr. Dupliprint, 2021, CNRS alpha, 582 p. 

    Michel Hastings, Philippe Buton, Olivier Büttner (dir.), La Guerre froide vue d’en bas, CNRS Éditions et OpenEdition, 2019, 382 p.    

    La 4e de couv. indique : "Est-il concevable qu’une période historique longue de quarante ans, qui vit s’instaurer un système bipolaire au niveau mondial, entraînant la planète dans une grille de lecture du monde manichéenne, n’ait trouvé aucun écho dans les communes et les départements français ? Peut-on au contraire imaginer découvrir quelques traces de ce conflit géopolitique dans les comportements politiques et les pratiques culturelles qui se sont déployés aux échelons infranationaux ? Ce sont ces deux questions, faussement naïves, auxquelles cet ouvrage se propose de répondre. Adossée au réseau des correspondants de l’Institut d’Histoire du Temps Présent (CNRS), pluridisciplinaire dans ses approches, l’enquête collective est portée par une double ambition : retrouver de la Guerre froide ailleurs que là où elle est communément située et interprétée, repérer une autre Guerre froide que celle élaborée par les seuls acteurs des relations internationales. Vue d’en bas, quelle Guerre froide rencontre-t-on ? Est-elle au moins encore guerrière ?"

    Michel Hastings, Guillaume Devin (dir.), 10 concepts d’anthropologie en science politique, CNRS Éditions, 2018, Biblis, 245 p.  

    "Tout en ayant son identité propre, la science politique s’enrichit en permanence de ses relations avec les autres disciplines. Preuve de son universalité, nombre de ses objets ont été appréhendés par l’anthropologie. Réciproquement, le décentrement anthropologique est l’occasion de revenir aux questions les plus essentielles des sociétés humaines. Ce livre s’attache à l’apport de dix concepts-clés appartenant à l’oeuvre de dix anthropologues : Geertz (la description), Douglas (l’institution), Leach (la structure), Sahlins (la culture), Godelier (l’imaginaire), Lévi-Strauss (l’échange), Van Gennep (le rite), Balandier (le changement), Clastres (le pouvoir), Girard (la violence). Cette démarche originale entend enrichir l’étude de la science politique en encourageant un réflexe d’ouverture vers l’anthropologie, et, plus généralement, vers d’autres sciences sociales." -- [4ème de couverture]

    Michel Hastings, Bruno Villalba (dir.), De l'impunité: tensions, controverses et usages, Presses universitaires du Septentrion et OpenEdition, 2017, Espaces politiques, 256 p.  

    La 4ème de couverture: "La question de l'impunité connaît aujourd'hui un net regain d’actualité. En son nom, les sociétés démocratiques fabriquent en permanence les frontières morales de leur intolérable. Agir impunément, c’est échapper à la sanction prévue par les normes positives ou morales. Pas d’impunité pour les jeunes casseurs de banlieue, pas d’impunité pour les violences policières, pas d’impunité pour les fraudeurs fiscaux, plus d’impunité pour le personnel politique. Inversement, l’impunité sera réclamée pour les lanceurs d’alerte, les faucheurs volontaires, les caricaturistes ; elle est régulièrement convoquée pour justifier les faits divers. L’impunité suscite des réactions contradictoires selon la nature des infractions et le statut de ceux qu’elle est censée protéger des éventuels châtiments. Mieux comprendre cette notion aux usages variables permet de raconter aussi bien nos inclinations au populisme punitif que nos aspirations à une société plus juste et démocratique, nos velléités d’échapper aux règles que nos besoins d’en produire de nouvelles."

    Michel Hastings, Sylvie Le Clech (dir.), La France en Guerre froide. Nouvelles questions: nouvelles questions, Éditions universitaires de Dijon, 2015, Collection Histoires, 250 p.  

    "Les perspectives de recherches abordant la géopolitique mondiale, de 1945 aux années 1960, se sont toujours fixées sur l'opposition bipolaire États-Unis 'versus' URSS. L'ambition de cet ouvrage est de parvenir à nationaliser la perspective du conflit afin de rendre compte des enjeux de société, en France, et de mettre en lumière un récit de guerre froide qui ne soit pas celui des seuls milieux décisionnels officiels, nationaux et internationaux. À partir de problématiques inédites, en interrogeant les sources archivistiques et en comparant les situations en Italie et dans les ex-Allemagne de l'est et de l'ouest, cet ouvrage entend dessiner un paysage de lecture de la guerre froide original et inviter à de nouvelles investigations." [Source : 4e de couv.]

    Michel Hastings, Loïc Nicolas, Cédric Passard (dir.), Paradoxes de la transgression, CNRS éditions, 2012, 300 p. 

    Michel Hastings, Anissa Amjahad, Jean-Michel De Waele (dir.), Le vote obligatoire: débats, enjeux et défis, Economica, 2011, Politiques comparées, 158 p. 

    Michel Hastings, Cédric Passard, Juliette Rennes (dir.), Que devient le pamphlet ?, ENS éditions, 2009, 152 p. 

    Michel Hastings, Olivier Dabène, Julie Massal (dir.), La surprise électorale, Éditions Karthala et Institut d'études politiques, 2007, Science politique comparative, 262 p. 

    Michel Hastings (dir.), Le modèle nordique, De Boeck université, 2006, 371 p.  

    Résumés des articles en anglais

    Michel Hastings (dir.), Les élections européennes de juin 2004: ceci n'est pas un scrutin européen..., Institut d'études politiques, 2004, Cahier de recherches du Centre d'études politiques sur l'Europe du Nord, 106 p. 

    Michel Hastings, Bernard Dolez (dir.), Le parachutage politique, l'Harmattan, 2003, Logiques politiques, 301 p. 

    Michel Hastings, Élise Féron (dir.), L'imaginaire des conflits communautaires, l'Harmattan, 2002, Logiques politiques, 304 p. 

    Michel Hastings, Aborder la science politique, Seuil, 1996, Mémo, 95 p.   

    Michel Hastings, Jean-Philippe Roy (dir.), Villes en campagne: les élections municipales de 1995 en région Centre, Université François Rabelais, Maison des sciences de la ville, 1995, Collection Sciences de la ville, 257 p.   

    Michel Hastings, Halluin la Rouge, 1919-1939: aspects d'un communisme identitaire, Presses universitaires de Lille et Impr. centrale de l'Artois, 1991, Politiques, 438 p.   

    Michel Hastings, Européennes, Revue politique et parlementaire, 1989, 96 p. 

  • Michel Hastings, Philippe Buton, Olivier Büttner, « Nouveaux regards sur la Guerre froide », in Sous la direction de Philippe Buton, Olivier Büttner, Michel Hastings (dir.), La Guerre froide vue d'en bas, CNRS Editions, 2014, pp. 7-18           

    Michel Hastings, Sandrine Lefranc, Elise Féron, « Les politiques du pardon : la continuation du conflit par d'autres moyens », L'Imaginaire des conflits communautaires, L'Harmattan, 2002, pp. 268-284 

    Michel Hastings, « Le Mouvement social »: Halluin la rouge, 1920-1934, Identité culturelle locale et politique festive communiste, Les Ed. ouvrières, 1987, pp. - 

    Michel Hastings, « Ethnologie française »: étude d'un carnaval rouge, Halluin 1924, Communisme et folklore, Maisonneuve et Larose, 1986, pp. - 

  • Michel Hastings, Bénédicte Héraud, Anne Kerlan, « Du côté de chez l’accueillant  », 2018  

    Nous présentons ici les principaux éléments d’une enquête collective intitulée Accueillir les étrangers en France, 1965-1983, actuellement menée au sein de l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP), et qui, parvenue à mi-parcours, nous semble déjà en mesure de livrer quelques premières pistes de réflexion. Cette enquête mobilise le réseau des correspondants départementaux de l’IHTP, une spécificité historique de l’unité de recherche, en activité depuis plus de 70 ans et la naissance du Co...

    Michel Hastings, « Un appel missionnaire : Conférence d’ouverture », Revue d'éthique et de théologie morale , 2017, n° ° 294, pp. 11-16    

    Dans sa conférence, le Cardinal Vingt-Trois rappelle que l’Exhortation du pape François, pleine d’optimisme et d’espérance, nous invite à considérer les réalités familiales d’un point de vue essentiellement pastoral. Il ne s’agit pas d’appliquer de manière automatique des lois générales à des situations particulières mais d’éclairer et d’accompagner dans l’amour les personnes dans leur réalité singulière, en exerçant un discernement spirituel et en suscitant le désir d’une vie meilleure. C’est toute l’Église qui est appelée à une prise de conscience pour exercer un discernement qui tient ensemble la dimension universelle de l’anthropologie chrétienne dont le kérygme est le fondement et la dimension particulière de l’histoire liée à la mission de salut de l’Église pour le monde qui vise à aider les personnes sur un chemin de croissance à la suite du Christ.

    Michel Hastings, « Oppositions parlementaires, gouvernements minoritaires et démocraties inclusives. L'exemple des pays scandinaves », Revue internationale de politique comparée , 2011, n° 18, pp. 45-58    

    RésuméLes pays scandinaves partagent une culture politique de la négociation qui leur a permis de mettre en place un répertoire très diversifié de modalités de consultation et d’association entre le gouvernement et l’opposition parlementaire. Mais au-delà de ces diversités, on constate aujourd’hui un recul des recherches de majorités ad hoc au profit d’un soutien conçu dans la durée par des partis érigés en partenaires. Ces arrangements s’institutionnalisent progressivement, engageant désormais les loyautés et les confiances dans des programmes de plus en plus intégrés. Il est probable qu’à terme ces reconfigurations coalitionnelles s’accompagnent d’une hiérarchisation des partis d’opposition en fonction de leur potentiel d’association.

    Michel Hastings, Cédric Passard, Juliette Rennes, « Les mutations du pamphlet dans la France contemporaine », 2009  

    Le pamphlet : le mot et la chose Souvent condamné à l’éphémère, le pamphlet se présente comme un écrit de circonstance peinant à survivre à la conjoncture particulière qui l’a vu ou qui l’a fait naitre. Aussi, l’histoire de la littérature pamphlétaire demeure encore mal connue et l’étymologie elle-même du mot pamphlet apparait incertaine (Angenot, 1982, p. 372-377 ; Bellenger, 1984). Un rapide détour lexicographique permet de mettre en évidence l’émergence relativement tardive du pamphlet dan...

    Michel Hastings, « Les nouvelles guerres de cent ans », Revue internationale des sciences sociales , 2003, n° ° 177, pp. 545-556    

    RésuméCet article défend l’idée que les conflits communautaires, dont les résurgences actuelles posent la question des identités collectives en souffrance, développeraient un imaginaire de la guerre perpétuelle. Toute leur économie interne conduirait les acteurs à s’installer dans la durée, à éterniser les oppositions en rejouant sans cesse une sorte de conflit primitif et indémodable. Ces nouvelles guerres de cent ans se fabriqueraient ainsi à partir de trois éléments principaux : tout d’abord, une ritualisation des pratiques violentes qui lierait les ennemis autour d’un pacte de cruauté réciproque ; ensuite, la mise en place d’une rhétorique de l’impossible et de l’impensable négociation qui permettrait à chacun d’inscrire son combat dans la défense indéfectible de l’honneur de la communauté menacée ; enfin, le prolongement des conflits par une routinisation des clivages, des mobilisations haineuses et des jeux de mémoire qui traversent alors toute activité sociale pour composer une sorte de société d’apartheid spontané. Ce fantasme partagé de l’impossible paix ne participerait-il pas lui-aussi et en dernière instance d’un douloureux besoin de reconnaissance ?

    Michel Hastings, « Contrebande et contre-société communiste. Éléments d'une culture frontalière », 1984, pp. 83-91    

    L'auteur propose l'étude de l'incidence structurante d'une frontière sur la définition d'un tempérament local dont la contrebande et le communisme seraient les deux expressions les plus originales. Après 1919, l'entrée d'Halluin dans le communisme marque la continuité de la pratique contrebandière en lui conférant une nouvelle signification : d'une transgression à caractère commercial, on passe à une transgression à expression politique, nouveau moyen pour cette population ouvrière frontalière d'affirmer son identité. Contrebande et communisme créent un espace culturel particulier avec ses propres marques (organisation, hiérarchie, vocabulaire...).

    Michel Hastings, Les démiurges de l'introspection cartographique, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1989, pp. 74-76    

    Hastings Michel. Les démiurges de l'introspection cartographique. In: Politix, vol. 2, n°5, Hiver 1989. Domaines d'élection, sous la direction de Bastien François, Florence Haegel et Jean-Baptiste Legavre. pp. 74-76.

  • Michel Hastings, Bernard Dolez, Annie Laurent, Le vote des villes. Les élections municipales des 11 et 18 mars 2001, Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2002, pp. 333-337    

    Hastings Michel. Bernard Dolez, Annie Laurent, Le vote des villes. Les élections municipales des 11 et 18 mars 2001. In: Revue française de science politique, 52ᵉ année, n°2-3, 2002. pp. 333-337.

    Michel Hastings, René Otayek, Identité et démocratie dans un monde global, Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2002, pp. 469-472    

    Hastings Michel. René Otayek, Identité et démocratie dans un monde global. In: Revue française de science politique, 52ᵉ année, n°4, 2002. pp. 469-472.

  • Michel Hastings, Philippe Buton, Le Projet de l'enquête départementalisée de l'IHTP (2008-2012) " LA GUERRE FROIDE VUE D'EN-BAS " 1947-1967., 2009   

    Michel Hastings, Les cendres rouges de la mémoire, Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1995, pp. 153-158    

    Hastings Michel. Les cendres rouges de la mémoire. In: Revue française de science politique, 45ᵉ année, n°1, 1995. pp. 153-158.

  • Michel Hastings, « La discipline et l’indiscipline parlementaires », le 26 novembre 2018  

    Colloque organisé par le Laboratoire de Recherche Juridique de l’Université du Littoral Côte d’Opale, en partenariat avec Sciences-po Lille, avec le soutien de la Communauté d’Agglomération du Boulonnais.

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Loïc Trégourès, Jeu en triangle : Football, politique et identités dans l'espace post-yougoslave des années 1980 à nos jours, thèse soutenue en 2017 à Lille 2    

    La transformation de supporters de football serbes, bosniaques et croates en soldats dès 1991, la présence de supporters en première ligne contre la police dans la chute du régime de Milošević et dans l’opposition au président croate Franjo Tuđman, la mobilisation violente de supporters contre la tenue de gay pride, la prise d’assaut de l’ambassade des Etats-Unis à Belgrade, sont autant de faits qui s’inscrivent au croisement du football par les acteurs en jeu, du politique par la portée de leurs actes, et de l’identitaire comme fondement légitimateur à agir. C’est donc à partir de ces faits politiques que la question des interactions entre les mondes du football et le monde politique tire sa légitimité. Il s’agit alors de décrypter ces interactions, aussi bien dans le temps depuis la fin de la Yougoslavie communiste jusqu’à nos jours, que de façon comparée entre les différents pays issus de la Yougoslavie. Ce faisant, loin de la futilité dont on l’affuble, il faut prendre le football au sérieux aussi bien dans son rôle de fenêtre d’observation que dans celui d’agent politique de changement. Ce faisant, c’est à travers le football mais surtout par le football que l’on peut produire une analyse politique transversale de l’espace post-yougoslave, que ce soit sur le phénomène de politisation par le bas, sur la persistance du paradigme ethno-nationaliste, sur le caractère très discutable de l’idée de rupture entre l’avant et l’après 2000, ainsi que sur la persistance de pratiques politiques autoritaires dans l’ensemble de la région indépendamment du processus d’intégration européenne.

    Sidonie Verhaeghe, De la Commune de Paris au Panthéon (1871-2013) : célébrité, postérité et mémoires de Louise Michel Sociologie historique de la circulation d'une figure politique, thèse soutenue en 2016 à Lille 2    

    Née d’une interrogation sur les dynamiques d’intégration républicaine des radicalités politiques, cette recherche au carrefour de la sociologie historique du politique, de l’histoire sociale des idées et de la sociologie politique des mémoires collectives,s’attache à expliquer les conditions dans lesquelles Louise Michel, une femme et une anarchiste du XIXe siècle, devient une figure éligible à la panthéonisation en 2013. L’analyse longitudinale de la carrière de la figure de Louise Michel interroge plus généralement les processus de canonisation, de circulation et de transmission qui caractérisent les dispositifs de célébration politique. A partir de l’étude monographique des multiples occurrences de lafigure de Louise Michel du dernier tiers du XIXe siècle au début du XXIe siècle (presse, discours, pratiques commémoratives, biographies ou encore manuels scolaires), ce travail montre comment une personnalité marquée par la marginalité politique devient une référence commune de la gauche. Les formes et les espaces de la célébration ne peuvent alors se comprendre qu’au regard des positions occupées par ses traducteurs et de la structure de l’espace politique et social dans lequel ils s’inscrivent. Le processus de reconnaissance institutionnelle de Louise Michel doit d’une part à la pacification d’une mémoire officielle de la Commune de Paris, et d’autre part à l’intégration de l’histoire des femmes au sein d’un féminisme d’Etat. Ce double mouvement explique l’élargissement de l’identification collective et individuelle dans la figure de Louise Michel. Il autorise l’hypothèse d’une entrée de Louise Michel au Panthéon républicain. Pourtant, cette thèse montre également que des mécanismes de résistance aux processus de reconnaissance institutionnelle demeurent. Loin d’un processus linéaire la construction de la figure Louise Michel fait l’objet d’appropriations multiples qui coexistent aujourd’hui. L’inscription d’une figure historique dans les mémoires collectives constitue dès lors un dispositif conflictuel, marqué par des conjonctures mouvantes qui met aux prises des acteurs à la croisée des espaces politiques, militants, universitaires et intellectuels.

    Agnieszka Kuczala, Sénat et sénateurs de la Troisième République de Pologne : une institution, un métier en quête de légitimité et d'identité., thèse soutenue en 2015 à Lille 2 en co-direction avec Jacek Wódz    

    Le Sénat de la IIIème République de Pologne est une institution restaurée en 1989. Elle faisait alors partie d’un compromis conclu dans les négociations de la Table ronde, devenant ainsi un symbole fort de la démocratisation de la Pologne. Pourtant cette seconde chambre polonaise a vite perdu sa légitimité originelle. En outre, le bicamérisme polonais manque d’une vision cohérente. Le Sénat est donc continuellement en quête d’une mission.Ce travail propose de porter un regard nouveau sur le Sénat polonais, en adoptant une approche compréhensive focalisée sur ses membres, les sénateurs. L’analyse de leurs stratégies de légitimation, effectuée à partir d’un important corpus de discours, montre que les sénateurs emploient des arguments qui renvoient à la fois à l’origine aristocratique de ce corps parlementaire et à la genèse démocratique du Sénat après 1989. A travers la combinaison paradoxale de ces deux registres contradictoires, ils tentent de contribuer à leur propre légitimation et celle de leur institution. Dans le cadre de cette approche, le métier sénatorial est également soumis à une analyse sociologique. D’abord, l’activité des sénateurs est analysée dans son homogénéité pour passer ensuite à l’examen des rôles parlementaires.

    Marie-Pierre Richard, La citoyenneté locale en Suède : permanences, recompositions et mises à l'épreuve, thèse soutenue en 2014 à Lille 2, membres du jury : Jean-Pascal Daloz (Rapp.), Bruno Villalba (Rapp.), Christian Le Bart et Pierre Mathiot    

    Les études françaises sur la citoyenneté en Suède sont généralement centrées sur le niveau national. Or le niveau local des communes, landsting et régions a acquis au cours des dernières décennies une forte légitimité pour la citoyenneté. La citoyenneté sociale est assurée en grande partie par les collectivités locales qui mettent en œuvre le système redistributif de l’État-providence ; grâce à des institutions relativement vertueuses, en dépit des restrictions financières et de la privatisation de services publics le niveau local fournit des services de qualité qui servent de point d’appui essentiel au sentiment d’appartenance des citoyens et à leur degré de confiance dans la société. Mais la citoyenneté locale est en mutation. Le mythe égalitaire qui avait servi de base au Folkhem est remis en cause par des évolutions politiques, économiques et sociétales créatrices d’inégalités. La « communauté imaginée » qui façonnait le lien entre les citoyens est fragilisée par la montée des inégalités, l'apparition de l'extrême-droite dans le paysage politique ainsi que par les conditions créées par l’immigration et le multiculturalisme. Le citoyen exerce moins sa citoyenneté locale dans le cadre du cercle vertueux traditionnel de la civic literacy que dans celui du political trust ; il adopte des comportements civiques pragmatiques, axés par exemple sur ses choix économiques et sur sa responsabilisation dans le domaine environnemental. Dans cette phase de recomposition de la citoyenneté locale, le débat porte essentiellement sur les défis posés par les inégalités sociales et les inégalités socio-ethniques. Cette étude montre que le niveau local fait sens pour la pratique, l’exercice et la représentation de la citoyenneté suédoise.

    David Persson, Les récits du Folkhem et l’utopisme de la social-démocratie suédoise , thèse soutenue en 2014 à Lille 2 en co-direction avec Sylvain Briens  

    Cette thèse analyse les formes et les effets de l’utopisme qui sous-tend le projet politique du SAP (parti social-démocrate suédois) entre 1932 et 1986. Dans le cadre d’une approche conceptuelle du politique nous nous interrogeons sur le pouvoir des idées, des symboles et de l’imaginaire dans la constitution d’un roman national original, mais aussi à travers la mise en œuvre de l’action publique. A partir d’un important corpus inédit de discours et d’écrits rédigés par les trois leaders qui se sont succédés à la tête du gouvernement pendant un demi-siècle (Hansson, Erlander, Palme), la thèse s’efforce de mettre à jour « la cristallisation sémantique » qui a structuré le lexique politique du SAP. En son cœur figure la métaphore du Folkhem qui fonctionne comme un mythe mobilisateur pour la nouvelle société, avant de se transformer en élément essentiel de l’identité nationale et de la culture politique de la Suède. Autour du Folkhem, se noue le contrat social suédois, et la notion se transforme en source et ressource de légitimité politique. L’histoire des récits du Folkhem permet de mieux comprendre les origines du modèle suédois et les modalités récentes de son évolution. Par son extrême plasticité, le Folkhem continue de nos jours à faire l’objet d’appropriations politiques nombreuses et diverses, confirmant ainsi son rôle fondateur d’institution de sens.

    David Persson, Les récits du Folkhem et l'utopisme de la social-démocratie suédoise, thèse soutenue en 2014 en co-direction avec Sylvain Briens, membres du jury : Dominique Andolfatto (Rapp.), Christophe Roux (Rapp.), Jenny Andersson et Jean-François Battail      

    Cette thèse analyse les formes et les effets de l’utopisme qui sous-tend le projet politique du SAP (parti social-démocrate suédois) entre 1932 et 1986. Dans le cadre d’une approche conceptuelle du politique nous nous interrogeons sur le pouvoir des idées, des symboles et de l’imaginaire dans la constitution d’un roman national original, mais aussi à travers la mise en œuvre de l’action publique. A partir d’un important corpus inédit de discours et d’écrits rédigés par les trois leaders qui se sont succédés à la tête du gouvernement pendant un demi-siècle (Hansson, Erlander, Palme), la thèse s’efforce de mettre à jour « la cristallisation sémantique » qui a structuré le lexique politique du SAP. En son cœur figure la métaphore du Folkhem qui fonctionne comme un mythe mobilisateur pour la nouvelle société, avant de se transformer en élément essentiel de l’identité nationale et de la culture politique de la Suède. Autour du Folkhem, se noue le contrat social suédois, et la notion se transforme en source et ressource de légitimité politique. L’histoire des récits du Folkhem permet de mieux comprendre les origines du modèle suédois et les modalités récentes de son évolution. Par son extrême plasticité, le Folkhem continue de nos jours à faire l’objet d’appropriations politiques nombreuses et diverses, confirmant ainsi son rôle fondateur d’institution de sens.

    Cédric Passard, Les pamphlétaires et la politique : contribution à une étude socio-historique des processus de politisation. 1868-1898, thèse soutenue en 2013 à Lille 2, membres du jury : Yves Déloye (Rapp.), Christian Le Bart (Rapp.), Jean-Philippe Schreiber et Sylvie Strudel    

    Le dernier tiers du XIXème siècle ne constitue pas un moment pamphlétaire parmi d’autres. Non seulement il survient dans une période de démocratisation inédite qui confère au fait pamphlétaire un statut nouveau en lui permettant d’investir l’espace public officiel, mais il est aussi marqué par l’invention de la figure du pamphlétaire et l’émergence de personnalités reconnues comme telles et accédant parfois à une visibilité de premier plan. En dépit de leurs différences de cultures politiques, ces personnalités contribuent à organiser tout un jeu et tout un monde du pamphlet au croisement de la littérature, du journalisme et de la politique. A travers leur violent répertoire discursif, elles contestent l’ordre politique en cours d’édification et le procès de civilisation des mœurs politiques. Partant de l’hypothèse que ces pamphlétaires ont pu être des médiateurs importants du politique, notre recherche a pour objet d’interroger leur contribution aux processus de politisation. Elle entend examiner, dans une perspective socio-historique, dans quelle mesure ils ont pu représenter, dans cette période d’enracinement de la République et de stabilisation de la démocratie, un cheminement de la politique hors des sentiers battus, en favorisant une forme symbolique de participation non conventionnelle au jeu politique et en incarnant une forme transitoire de la rationalisation des passions politiques, entre l’émeute révolutionnaire et la patience démocratique.

    Matthieu Timmerman, « L’animal littéraire » , thèse soutenue en 2007 à Lille 2  

    Les écrits politiques de Simon Leys sont désormais objet consensuel, que l’on s ‘évertue paradoxalement à analyser sous l’angle unique du récit polémique. L’image du pamphlétaire n’est certes nullement infidèle à celui qui fut, pendant quelques années, le dénonciateur des prétendus experts maoïstes. Mais, en se focalisant sur un contexte et sur ces talentueuses diatribes, ne néglige-t-on pas l’essentiel ? Car la lecture des Essais sur la Chine n’est point uniquement prétexte à s’indigner de l’aveuglement des clercs, elle questionne un parcours et un savoir construits en réaction au politique. Les Essais doivent donc s’envisager non pas à partir d’une prise de parole dégagée du reste de l’œuvre, mais comme inextricablement liée à l’œuvre. Cette thèse se donne pour objectif d’investir les problématiques soulevées par cette critique du totalitarisme chinois. La première a trait à l’analyse faite par Simon Leys de la « Révolution culturelle ». Pour le sinologue, l’événement se caractérise par une déculturation radicale qui prive la société chinoise de ses référents. Le doute quant à la capacité de sortie d’un pareil bouleversement devient au fil des écrits prédominant. La deuxième a trait à cette distance délibérément entretenue par Simon Leys à l’égard de la politique. La pertinence des Essais peut se comprendre par cette posture spécifique de la critique artiste, à savoir un regard qui se déploie à partir du monde de la vie et de l’ambiguïté. Ce savoir lucide car décentré interroge cependant cette réaction de défiance à l’encontre du politique – cette antipolitique comme conséquence du bouleversement totalitaire

    Christian-Pierre Ghillebaert, L'abbé Jean-Marie Gantois (1904-1968), un prêtre égaré en politique , thèse soutenue en 2007 à Lille 2  

    Dans cette étude biographique, nous analysons, à partir du promoteur d’une entreprise nationalitaire, la mobilisation de multiples ressources pour la définition, la défense et la promotion d'une hypothétique identité flamande dans le nord de la France. Nous montrons ce que l'engagement en faveur de la Flandre française a impliqué pour l'abbé Jean-Marie Gantois. Dans une première partie sur la production de son œuvre, nous examinons son apprentissage du travail intellectuel, sa réaction aux offres idéologiques, sa fabrication doctrinale d'une Flandre archétypale. Dans une deuxième partie sur l'organisation d'une sociabilité néo-flamande, nous évaluons sa position dans différents champs sociaux, son rôle dans la création de modes d'interaction, sa responsabilité dans l'invention de traditions. Dans une dernière partie sur son militantisme, nous étudions sa conception de l'action collective, ses initiatives concrètes, sa tentative d'institutionalisation de la dynamique nationalitaire

    Nicolas Bué, Rassembler pour régner , thèse soutenue en 2006 à Lille 2  

    Depuis 1971, Calais est dirigée par une coalition d'union de la gauche à direction communiste. Dans un contexte d'affaiblissement généralisé du PCF, la ville est, en 2006, la plus importante « ville communiste »de province, alors même que le PCF y est aujourd'hui devancé par ses rivaux de droite et de gauche dans la plupart des élections. Afin de comprendre les ressorts du maintien communiste local, la thèse part du constat que les alliances partisanes structurent la vie politique pour interroger le fonctionnement de ces coalitions et ses usages par les acteurs politiques. L'observation microsociologique de l'alliance en train de se faire, menée sur le temps long et centrée sur ses conditions pratiques de fonctionnement, montre comment des rapports de connivence conflictuelle cimentent les relations entre coalisés. L'union de la gauche est vécue comme une norme sociale qui, tel un carcan, enjoint fortement aux partis de gauche, et plus particulièrement au PS, de reconduire leur alliance avec le PCF pour la conservation de la mairie. La coalition ainsi formée tend alors à s'autonomiser partiellement sous la forme d'un ordre local ; elle fonctionne comme une microsociété, dont les règles, la répartition des rôles, les routines et les pratiques de négociation favorisent la reproduction du jeu et des hiérarchies qui le fondent. L'ordre coalitionnel tel qu'il s'est institutionnalisé façonne alors les négociations et les interactions entre les associés-rivaux, indissociablement dans et hors l'institution municipale. Le système d'alliances à gauche tel qu'il s'est construit, formalisé et renouvelé à Calais constitue ainsi la matrice principale de la prééminence communiste au niveau municipale. Au delà, la thèse invite à réinterroger de façon sociologique et empirique les phénomènes d'alliance partisane

    Katarzyna Czernicka, La société politique polonaise et les défis de l'intégration à l'Union européenne, thèse soutenue en 2005 à Lille 2  

    La marche de la Pologne vers l'intégration européenne s'est accompagnée de profonds bouleversements politiques et sociaux exigés par le passage du communisme à la démocratie. Le rôle du facteur extérieur dans ces transitions a été crucial, car le processus d'adhésion impose un certain nombre de contraintes au pays candidat (démocratie, économie de marché, reprise de l'acquis communautaire). Les changements politiques et économiques faisaient l'objet de l'évaluation de la Commission Européenne. Le thème de " retour à l'Europe " a suscité l'ouverture d'un nouvel espace public où les discours europhiles ou critiques se sont affrontés en reconstruisant le système partisan, en renforçant le fossé socioculturel entre la Pologne des champs et la Pologne des villes, en opposant enfin les générations. Le transfert du modèle de l'UE s'est opéré dans le domaine administratif, politique et éducatif. Une nouvelle élite européenne a réussi à s'imposer, notamment grâce aux écoles comme le Collège d'Europe à Natolin

    Christophe Roux, Les "îles soeurs" , thèse soutenue en 2005 à Lille 2 en co-direction avec Maurizio Cotta  

    La contestation nationalitaire corse, phénomène à la fois original et négligé en France, est largement perçue par le biais culturaliste des spécificités historiques insulaires et méditerranéennes. La thèse entend questionner cette interprétation en saisissant la genèse de cette mobilisation dans le cadre d'une comparaison socio-historique avec le cas sarde qui partage avec l'île française bon nombre de caractéristiques historiques, géographiques, culturelles et économiques similaires. Elle saisit le processus d'interaction entre la pénétration de l'Etat en périphérie et les cycles de mobilisations que celle-ci a suscités avant et après la Seconde guerre mondiale. Elle permet ainsi de grandement relativiser le poids des facteurs culturels et de l'histoire pour affiner les éléments d'explication sociopolitique résidant tant dans les caractéristiques propres de la mobilisation que dans les conditions de sa réception dans l'espace politique régional et désenclave des phénomènes nationalitaires en mobilisant les outils propres à la sociologie de l'action collective

    Jean-François Havard, Bul faale ! , thèse soutenue en 2005 à Lille 2  

    Depuis la fin des années 1980, le rapport à la politique de la jeunesse sénégalaise a considérablement évolué sous les effets de processus d'individualisation et de redéfinition des identités collectives, entre structuration d'un idéal générationnel d'émancipation, incarné par le slogan " Bul faale " et diffusion d'un modèle identitaire " wolofo-mouride ". La remise en cause des fondements d'une assignation politique héritée du " contrat social sénégalais " et réaffirmée à l'indépendance a alors permis aux jeunes, et plus particulièrement aux jeunes urbains, de développer une conscience politique générationnelle et des modalités de mobilisation qui ont fortement contribué à l'alternance présidentielle en 2000. La " génération bul faale " serait alors devenue une " génération politique ". Mais si ces processus ont permis l'approfondissement de la démocratie sénégalaise, ils participent aussi à la fragilisation d'une harmonie ethno-confrérique longtemps considérée comme exemplaire

    Djamel Mermat, Les imaginaires du changement dans les discours communistes , thèse soutenue en 2005 à Lille 2  

    Tout au long de l'histoire du PCF, ses dirigeants ont eu à résoudre une formidable tension au niveau idéologique : en même temps, qu'ils tentaient d'entretenir une certaine fidélité au patrimoine communiste; à l'histoire du communisme ; ils devaient changer, par nécessité, pressés par les évolutions de la société, et les changements survenus à l'échelle internationale. Notre travail consiste à démontrer comment un perti politique essaie de trouver une issue à cette contradiction majeure. Nous situons le début de notre recherche aux alentours de l'année 1976, date à laquelle le 22e Congrès communiste marque une rupture idéologique : c'est la volonté de s'éloigner du modèle de société et de parti expérimenté à l'Est, et les premiers abandons des principales thèses marxistes. Mais l'annèe 1976 marque aussi à la fois un tournant idéologique, et les prémices de la rupture de l'Union de la Gauche, qui conduit le PCF à s'isoler de nouveau politiquement pour se retrouver face au dilemme que nous proposons d'analyser. Et d'un point de vue électoral, le rapport de force à gauche prend progresssivement une tournure inédite : l'écart entre Parti communiste et Parti socialiste se réduisant considérablement. En partant de ce moment, nous étudions les différents discours des dirigeants et des militants, parce qu'il est vrai que la culture communiste a toujours été une culture du verbe. C'est pourquoi, nous examinons les composantes de ces discours, les images et représentations des communistes, et les différentes inflexions à cette rhétorique, sur les trente dernières années. Nous nous intéresserons aussi à l'abandon des symboles qui questionne l'appareil communiste. De plus, nous mettons l'accent sur les notions de loyauté, de confiance, de fidélité autrement dit les mécanismes psycho-sociaux et les ressorts de conformisme à l'intérieur d'un parti politique. Il s'agit là d'une contribution à l'étude de la question de l'affectivité collective et des imaginaires du changement

    Sonia Leverd, Un intellectuel dans la mêlée , thèse soutenue en 2004 à Lille 2  

    Le nom de Stefan Heym est associé à la controverse politique depuis son enfance. Jeune juif, il doit quitter sa ville natale pour la Tchécoslovaquie, puis les Etats-Unis pour échapper aux Nazis. Officier de l'armée américaine, il participe au débarquement en Normandie. L'arrivée au pouvoir de Mac-Carthy, l'oblige à fuir à nouveau vers l'Allemagne de l'Est, où il jouera à plein son rôle d'intellectuel, toujours fidèle à ses convictions. En choisissant d'entrer en politique en 1994 sous la bannière du PDS, Heym devient, tout d'abord, l'archétype d'une certaine prise de parole, peu commune au regard de la tradition intellectuelle allemande. Stefan Heym a en effet toujours évolué aux frontières de la politique et de la morale cherchant à les concilier plutôt qu'à les opposer. Devenir représentant du peuple à la suite d'élections démocratiques offrait à Heym une tribune privilégiée pour délivrer son message civique. Cet exemple nous permet de réfléchir à la double logique qui soustend l'espace public : logique intellectuelle et logique politique, construites chacune autour de leurs propres règles du jeu. Mais paradoxalement, sa sortie du politique s'avère tout aussi problématique. L'intérêt du " cas Heym " réside également dans la manière dont le passé d'un homme va se retrouver au cœur d'un processus d'instrumentalisation complexe. Sa vie est certes suffisamment riche pour constituer un réservoir d'images exemplaires ou répulsives, mais les usages stratégiques sont ici tels - entre promotion et stigmatisation - qu'ils finissent par poser la question des véritables enjeux d'une mise en scène aussi sophistiquée. On peut se demander si, à travers la vie de Heym, l'Allemagne réunifiée ne se prête pas à un vaste travail d'introspection collective.

    Epée Ariane Salome, Le don d'argent , thèse soutenue en 2004 à Lille 2  

    Grâce à une professionnalisation grandissante et à l'adoption de méthodes d'interpellation empruntées au marketing commercial, les associations faisant appel à la générosité privée ont contribué à l'augmentation de la population donatrice française. A partir d'une enquête quantitative (questionnaire) et qualitative (entretiens) auprès des donateurs de deux associations collectrices françaises (l'AFM et le CCFD), cette thèse se donne pour objectif de saisir les ressorts du don d'argent octroyé par des particuliers aux organisations caritatives et de recherche. Après avoir dressé un tableau sociographique des donateurs des deux associations étudiées, elle analyse la spécificité de leurs procédures de collecte respectives et leur réception par les donateurs. Il en ressort que si le don d'argent répond en pratique à une sollicitation, les préférences caritatives des donateurs reflètent leur contexte socio-culturel ainsi que leur trajectoire sociale. Sans être dénués d'attentes de retour et de rétributions symboliques, leurs dons s'inscrivent dans une relation de confiance avec leurs associations donataires. Générée par la notoriété des associations et la routine qui s'installe en cas de fidélisation du don, cette confiance résulte également de la médiation des réseaux d'insertion et des groupes d'appartenance des individus. En résumé, il apparaît que le don est un acte posé par des individus évoluant dans des espaces pourvoyeurs de dispositions et/ou d'incitations altruistes ; il oscille entre habitus et intention, entre intégration et discrimination.

    Anna Fudali, Les cabarets satiriques de la République populaire de Pologne , thèse soutenue en 2004 à Lille 2 en co-direction avec Jacek Wódz  

    L'étude des cabarets satiriques en République populaire de Pologne (1948-1989) pose deux séries de questions. Elle illustre tout d'abord les rapports entre culture et politique en période d'absence démocratique, à travers une analyse des modalités de l'engagement des acteurs. Elle interroge ensuite la manière dont les autorités politiques produisent une culture du sérieux dont les transgressions par la dérision menacent les principaux fondements. Le rire suscite une désacralisation du pouvoir, et le comique manipulé par les victimes d'un régime oppressif, démonétise les valeurs et les idéologies d'Etat

    Ibrahima Silla, Le fatalisme en politique , thèse soutenue en 2003 à Lille 2 

    Silvano Aromatario, La pensée politique et constitutionnelle de Michel Debré, thèse soutenue en 2002 à Lille 2  

    En vérifiant la cohérence doctrinale de Michel Debré, on découvre au sein de son discours global sinon une stratification particulière du moins des étapes bien précises. Sa pensée, principalement politique et constitutionnelle, s'est d'abord formée dans un sens libéral et organiciste. Cela le conduit à vouloir servir l'Etat le plus parfait qui soit. Il se bâtit une doctrine de gouvernement basée sur un parlementarisme rationalisé où, le Gouvernement gouverne, le Parlement contrôle et où, surtout, les institutions s'incarnent au sein d'un chef d'Etat. Ce paradoxe pour un esprit républicain s'est très vite inscrit dans une volonté de servir non plus l'Etat, mais un homme d'Etat : le général de Gaulle. Sa pensée s'est donc ensuite adaptée, au point d'en être re-déterminée dans un sens plus national et normatif. Enfin, en voulant rester dans la lignée du gaullisme, il a empêché la consécration de ses propres idées sous la forme d'un debréisme.

    Philippe Fache, Lutter contre l'immoralité , thèse soutenue en 2001 à Lille 2  

    Aux marges des débuts chaotiques de la Troisième République, quelques hommes jettent les bases d'une "croisade morale" qui se donne pour principal objectif de lutter contre tout ce qui concourt à la décadence morale du pays. Dans ces "années électriques" dont l'historiographie cumule les désignations en terme de "crise" à la fois intellectuelle et politique, s'amorce ainsi un mouvement structuré qui cherche à placer la question morale au coeur des préoccupations politiques et sociales : sous la forme d'une myriade de Ligues de vertus réparties sur l'ensemble du territoire, cette croisade morale est non seulement mue par l'ambition farouche de défendre les "bonnes moeurs" et de protéger la "moralité publique", mais plus encore, elle revendique dans un contexte de lai͏̈cisation de la régulation morale une place légitime de "sentinelle morale". . .

    Florence Plumat, "L'univers politique des enfants" en 2001 , thèse soutenue en 2001 à Lille 2  

    "Travailler sur la socialisation politique des enfants aujourd'hui, c'est, pour tout chercheur, étudier une mise en abyme: objectiver le legs des études passées sur ce thème est en effet assez paradoxal, puisqu'au cœur même de la notion de socialisation politique, trône celle. . . D'héritage. Notre thèse, qui est intitulée "L'univers politique des enfants en 2001: Lectures critiques et nouvelles questions autour de la socialisation politique des 5-12 ans" s'articule très volontairement autour de l'inventaire, nécessairement critique, des recherches passées, au premier rang desquelles est toujours citée la dernière œuvre phare de ce champ d'études: L'univers politique. . . D'Annick Percheron, qui date déjà de 1974. Le silence "assourdissant" sur la socialisation politique des enfants à partir des années 80 laissait penser que tout avait été dit. . . "

    Virginie Tchoffo Djomkouo, La politique de gestion des déchets ménagers en France , thèse soutenue en 2000 à Lille 2  

    Face a la croissance exponentielle du volume des dechets engendree par les changements dans les modes de vie et de consommation, les autorites publiques doivent apporter des reponses appropriees qui se resument par la modernisation de la gestion des ordures menageres. Cette tache se revele ardue a cause des enjeux ecologiques, economiques, politiques et sociaux autour de la question et des insuffisances ou difficultes d'harmonisation des politiques locale, nationale et europeenne. La lecture critique que nous faisons de l'option nationale privilegiant la planification (plan departemental d'elimination des dechets menagers) et le dispositif d'eco-emballages met en exergue la negligence de la reduction a la source dans la politique actuelle. L'exemple de la communaute urbaine de lille (cudl) illustre parfaitement les difficultes de choix et d'elaboration de cette politique. Comment menager simultanement le social, l'ecologie et l'economie dans une optique durable ? la cudl propose une solution multi-filieres prenant en compte conjointement les pratiques de collectes separatives (collecte en porte a porte et par apport volontaire), de recyclage, de valorisation organique, d' et de stockage des residus ultimes. Mais comment faire, pour ne pas mettre sur le meme pied d'egalite toutes ces methodes dont certaines se revelent bien plus nefastes que d'autres pour l'environnement ? en recyclant, en compostant davantage, repondent les acteurs communautaires, c'est-a-dire en donnant a nos dechets une deuxieme vie et une utilite en tant que matieres premieres secondaires. Or, pour y parvenir efficacement, il faut amener les menages a effectuer des collectes separatives en amont des traitements, donc changer completement les habitudes de ceux-ci. Ce changement social passe par une modification importante du role de l'habitant qui doit evoluer de la position de consommateur a celle de > ou de . L'analyse de l'action communautaire permet de comprendre l'ampleur des interventions de l'acteur public local a travers ces multiples changements qui vont de la sensibilisation des acteurs, a l'implantation des structures de traitement, en passant par les collectes separatives, les ramassages et tris selectifs. . . Ces interventions sont des illustrations de la place preponderante de l'autorite publique locale dans le processus.

    Cécile Milloud, L'échec en politique , thèse soutenue en 2000 à Grenoble 2 

    Élise Féron, La harpe et la couronne , thèse soutenue en 1999 à Lille 2  

    Tout semble avoir été dit, écrit-on à propos de l'Irlande du Nord. Et pourtant, l'incompréhension apparaît souvent dans les propos de ceux qui se penchent sur un conflit qui semble interminable, irréductible aux multiples processus de paix lancés par un gouvernement britannique gagné par la lassitude, après plusieurs décennies de ce que les irlandais du Nord appellent eux-mêmes, pudiquement, les troubles. Paradoxalement, au vu de la production foisonnante d'ouvrages sur ce conflit, aucune étude ne s'est penchée jusqu'ici sur les ressorts imaginaires et symboliques de l'opposition entre les communautés catholique et protestante, comme si ces aspects n'avaient, finalement, qu'une importance secondaire pour comprendre la perpétuation de ces antagonismes. Il semble néanmoins que l'imaginaire constitue l'une des principales ressources des acteurs en présence ; en particulier, les imaginaires politiques sont utilisés afin de favoriser la mobilisation, mais aussi la cohésion et l'unité de chacune des deux communautés, et fondent leurs représentations, idéaux et objectifs. L'objet de cette étude sera donc, dans un premier remps, à partir de l'analyse des principaux acteurs et vecteurs de l'imaginaire politique en Irlande du Nord, de mettre en évidence les différents niveaux de production imaginaire qui coexistent. Nous analyserons ensuite la nature, le contenu et l'évolution des représentations que les protagonistes ont les uns des autres ; nous nous pencherons plus particulièrement sur les rôles attribués à chacun, et sur les réactions suscitées par ces images. Nous étudieront enfin, par le biais d'une analyse des discours et des légitimations avancées par les différents acteurs, les métamorphoses et les permanences de ces imaginaires, notamment dans le contexte particulier du processus de

    Mario Pedretti, La figure du desobeissant en politique , thèse soutenue en 1999 à Lille 2  

    Il s'agit, dans cette recherche, de comprendre la signification des pratiques de desobeissance civile - definie comme la transgression publique, collective et non-violente de la loi - emanant des mouvements non-violents et des groupes d'objecteurs de conscience. La these defendue est que ces pratiques ne sont intelligibles qu'a travers l'etude de la vision du monde du desobeissant - c'est-a-dire un ensemble structure de representations et de sentiments vis-a-vis du politique - propre a cet acteur. Cette vision du monde se construit dans une interaction, a la fois conflictuelle et inegalitaire, entre, d'un cote, une mobilisation collective, affective et cognitive des desobeissants et, de l'autre, une volonte politique de maitrise de la transgression de la loi emanant de divers "entrepreneurs de morale". Autrement dit, la figure du desobeissant ne peut etre dessinee qu'a travers l'etude de ces transactions inegalitaires. En fin de compte, cette approche dynamique a permis de mettre en avant une recherche de conformite du desobeissant a l'ideal democratique - qui n'empeche pas une propension au dogmatisme - invalidant l'approche politique dominante sur la dangerosite, par essence, de la desobeissance civile pour la democratie. Cette recherche, s'appuyant sur une methode combinant l'observation directe des acteurs, une analyse d'entretiens et de sources documentaires, s'articule autour de trois parties. Apres avoir retrace l'emergence de ces groupes et de leur problematique centrale, nous nous sommes interesses, dans une deuxieme partie, a leurs dynamiques affectives et cognitives internes avant d'analyser, dans une ultime etape, les strategies des "entrepreneurs de morale" afin de maitriser la desobeissance civile.

    Apollinaire Malumalu, La politique de recours à l'authenticité au Congo-Zaïre sous le régime Mobutu (1965-1997), thèse soutenue en 1999 à Grenoble 2  

    L'aspiration des peuples à penser et à agir par eux-mêmes et pour eux-mêmes, en comptant sur leurs propres forces a été toujours déterminante dans la production du politique. En analysant l'une des expériences les plus saisissantes de l'Afrique post-coloniale, à savoir la politique zaïroise de recours à l'authenticité, nous voulons contribuer au renouvellement de l'intelligence du politique en Afrique noire mais aussi souligner la complexité de toute culture politique marquée par le syncreetisme strategique. Derriere le mot "authenticité" en tant que volonté du peuple zaïrois de se desaliener, s'ouvre un champ de bataille entre cultures dominantes et cultures dominees. Si l'enjeu majeur est ici l'investissement de l'imaginaire social dans les luttes politiques internes et externes, les strategies du faire-memoire et les pratiques symboliques politiques en sont les principaux ressorts.

    Laurence Personné, L'enseignement du dessin dans l'école primaire et secondaire publique de la Troisième République (1870-1914) , thèse soutenue en 1998 à Lille 2  

    L'enseignement du dessin apparait comme une nouvelle discipline scolaire a la fin du xixeme siecle, lorsqu'il est integre de maniere obligatoire dans les etablissements d'enseignement primaire et secondaire publics. En mettant en evidence les processus et les contenus de l'impregnation de cette matiere par les ideologies dominantes de l'epoque, la sociologie historique de cette discipline scolaire demontre qu'elle constitue une instance de socialisation republicaine. Dans une premier temps, l'analyse des definitions du dessin et de son enseignement emanant des autorites intellectuelles et politiques met a jour leur volonte de transformer l'acte d'art individuel en une discipline scolaire. Cette determination s'exprime dans les programmes officiels qui assignent precisement et formellement a l'enseignement du dessin un objet, un objectif et une pedagogie. Dans un second temps, l'etude de l'institutionnalisation du dessin met en evidence le decalage entre les volontes politiques theorisees dans les textes des lois et la pratique reelle des cours de dessin. Au tournant du siecle, la prise de conscience de cet ecart suscite une reflexion nouvelle sur la formation des professeurs specialisees ainsi que l'evolution des programmes. En dernier lieu, la permeabilite de la discipline scolaire dessin aux theories "scientifiques" et aux grands debats sociaux et politiques du moment interroge sur l'instrumentalisation de cette matiere. Au dela de l'apprentissage artistique, l'enseignement du dessin diffuse et impose, de maniere plus ou moins volontaire, la conception republicaine de la patrie et de la citoyennete.

    Laurence Bury, Les élections de juin 1968 , thèse soutenue en 1997 à Tours  

    A l'origine de cette thèse, un constat : si les évènements de mai-juin 1968 ont suscité une abondante littérature, l'épisode électoral de juin, souvent présenté comme simple épilogue à une crise qui seule retient l'attention, occupe une place minime dans les ouvrages. Surtout, le scrutin n'a pas fait l'objet d'analyses complètes et systématiques, contrairement aux autres consultations électorales. Ce détournement de curiosité a favorisé une généralisation hâtive des premiers commentaires des journalistes et observateurs de l'époque : "élections de la peur", "raz de marée gaulliste", "chambre introuvable" : soit le sens commun forgé dans l'instant et qui nous parvient encore en écho. Il semblerait donc que dans un espace délaissé par la politologie et l'histoire, se soit construit autour de ces résultats un discours mythique. Nous proposons de découvrir les ressorts de cette structuration. Avec l'hypothèse centrale que le scrutin a été perçu de façon originale, nous avons choisi de l'analyser a partir d'un point de vue "monographique", avant de rechercher comment sont nées, sur ce socle de faits tangibles, un certain nombre de représentations. Représentations qu'il nous a semblé intéressant d'observer au fil du temps : de juin 1968 à nos jours. Car on peut émettre l'hypothèse suivante : les représentations associées à la consultation, ne se sont-elles pas formées, comme le récit légendaire, par couches successives? Des commentaires "à chaud" aux interprétations moins immédiates, il s'agissait de rechercher les différents discours génèrés par la consultation. Cette étude diachronique nous a permis de suivre l'évolution de ces représentations. Or, si notre proposition s'avère féconde, nous devrions repérer dans les récits qui se sont succèdes les stigmates des premiers commentaires, mais également leur altération dans le temps. Recherche, donc, autour de deux axes : analyse de cette consultation électorale particulière et étude des discours et représentations qui lui sont liés.

    Manassé Aboya Endong, L'approche behavioriste appliquée à l'étude du personnel politique camerounais , thèse soutenue en 1996 à Tours  

    A la veille comme au lendemain des independances, le declin de l'institution parlemantaire au cameroun s'est renforcee. Ce qui a suscite la necessite de contribuer a promouvoir la comprehension du declin de cette institution tant dans la logique de la separation des pouvoirs que dans une vision qualitative se referait a la production parlementaire proprement dite. Surtout qu'il se degage froidement que le plus grand pourcentage des 650 parlementaires sur lesquels porte notre etude est constitue de fonctionnaires subalternes et des chefs traditionnels. La logique tendant a argumenter cette demonstration s'est appuyee sur l'approche behavioriste qui s'in s'interresse a la decouverte de relations inherentes a la nature des phenomenes a etudier. Il s'est degage ainsi deux idees majeures faisant ressortir tour a tour l'analyse des traits caracterisant la chute de la production legislative d'origine parlemantaire et les determinants contribuant a expliquer les contours de cette situation. Toute cette demonstration etant construite autour d'une periode qui va de 1947 date de la creation de la premiere assemblee representative du cameroun jusqu'en 1982 une annee qui correspond a la fin du regne du president camerounnais, ahmadou ahdidjo

  • Élise Meyer, L’écho de Valmy : mémoires d'une bataille de la Révolution française, thèse soutenue en 2022 à Reims sous la direction de Philippe Buton, membres du jury : Sophie Wahnich (Rapp.), Christian Amalvi (Rapp.), Rémi Dalisson et Bernard Gainot  

    Si les lieux de mémoire vivaces au sein de la société française sont traités par les historiens depuis les années 1980, ceux qui ont sombré dans l'oubli sont encore souvent laissés de côté. C'est le cas de la bataille de Valmy, dont le souvenir a été abondamment évoqué au cours de la IIIe République, puis délaissé après la Seconde Guerre mondiale. La mémoire de cette bataille est d'autant plus intéressante qu'elle a suscité de nombreux débats depuis son déroulement, en 1792. Valmy, c'est un combat truqué pour les royalistes légitimistes, un emblème du roi Louis-Philippe, une victoire du peuple pour les socialistes ; l'étudier revient à analyser comment un événement devient un mythe. La bataille de Valmy n'est pas seulement une date dans l'Histoire : c'est un argument éminemment politique.

    Haramila Jolly-Boufenghour, Le théâtre communiste international de 1917 à 1929, thèse soutenue en 2021 à Reims sous la direction de Philippe Buton, membres du jury : Sophie Cœuré (Rapp.), Emmanuelle Loyer (Rapp.), Sabine Dullin et Yves Santamaria  

    Le théâtre communiste fut théorisé, écrit, mis en scène, interprété et/ou produit par des acteurs (au sens sociologique du terme) affiliés au Komintern (ou Internationale communiste, ou Troisième Internationale), à des organisations auxiliaires (ou de masse) et/ou à certaines de leurs sections nationales (partis communistes). Le théâtre communiste a communément été appelé théâtre « prolétarien », « ouvrier », « révolutionnaire » ou encore « théâtre d’agitprop », les acteurs de ce théâtre préférant masquer leurs liens avec le parti communiste et le Komintern.Pour les communistes, le prolétariat fut privé durant des siècles d’une représentation théâtrale. « Classe objet » (Bourdieu), il ne parlait pas : il était « parlé ». Les scènes « bourgeoises » en Europe, « nobles » en Russie tsariste, ignoraient cette classe. Non que le peuple (paysans, ouvriers) ne fût représenté dans les pièces de théâtre, mais pas en tant qu’acteur politique. Le « peuple » n’était pas le « prolétariat » c’est-à-dire une classe sociale consciente de son exploitation et aspirant à y mettre fin par la révolution.De 1917 à 1929, les artistes communistes eurent à cœur de donner aux prolétaires les moyens non seulement d’être représentés mais également d’être les auteurs, les metteurs en scène, les acteurs et/ou les récepteurs de leur représentation. Ils créèrent pour ce faire une organisation auxiliaire du Komintern, une Internationale théâtrale communiste : la "Société du Théâtre ouvrier international". Le théâtre communiste se diffusa à l’échelle internationale, de la Russie vers les périphéries du Komintern. Cependant, Lénine comme Staline ne voyaient en le prolétariat qu’une « classe prétexte », servant de faire-valoir pour leur politique autoritaire et le prolétariat, représenté comme une classe victorieuse dans un paradis soviétique, se trouva de nouveau « parlé », les pièces de théâtre donnant désormais l’illusion qu’il était au cœur de la représentation.

    Ygaël Attali, La complexité du décloisonnement culturel : étude des tensions, complémentarités et contradictions inhérentes au décloisonnement, thèse soutenue en 2019 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Gil Delannoi, membres du jury : Jean-François Petit (Rapp.), Shuo Yu  

    Le concept de décloisonnement, est élaboré à partir d'une réflexion sur la complexité des enjeux culturels, notamment, lorsqu'une pluralité de cultures, coexiste et se confronte dans un espace commun. L'étude, le développement et la discussion du décloisonnement sont issus d’une généalogie de la culture et des cultures dans l'histoire des idées, notamment à travers les Sophistes, Las Casas, Montaigne, Rousseau, Volney et Lévi-Strauss et par une analyse historique des concepts de nomos, coutume, et civilisation. Le décloisonnement est bâti autour de trois pôles : décentrement, pluralité et hiérarchie affaiblie ou reconfigurée. La pertinence du concept est testée en regard des rencontres interculturelles et de leurs significations. A partir d'observations historiques, sociologiques et philosophiques, le décloisonnement est rattaché à un cloisonnement initial dans un équilibre sous tension constante et nécessaire. Aux principes absolus du couple ouverture/fermeture est substitué le décloisonnement/cloisonnement. Les dynamiques étudiées sont inévitablement antagonistes et complémentaires. Les tensions, apories et contradictions rencontrées conduisent à l'élaboration d'une triple balance des concepts et aspects trans- inter- et multi- culturels. La triple balance pose la nécessité d'un équilibre entre la pluralité intérieure et la transculturalité dans une perspective de dialogues et de rencontres. La notion conclusive de proximétrie pose la recherche nécessaire d'une mesure des distances culturelles, d'où procède un art délicat du discernement d'un équilibre dans le décloisonnement culturel.

    Philippe Degrave, Le parti des travailleurs brésilien : de son émergence à la conquête du Planalto (1979 - 2002), thèse soutenue en 2016 à Dijon sous la direction de Dominique Andolfatto, membres du jury : Pierre Bréchon (Rapp.), Alexandra Goujon  

    Le Parti des Travailleurs brésilien constitue une expérience marquante de construction d’un parti de gauche et de masse. Quand il nait en 1980, beaucoup se posent la question de sa nature. En 2002, quand Lula devient président du Brésil, cette question ne mérite sans doute plus la même réponse. Le PT s’est bureaucratisé, institutionnalisé et professionnalisé. Il a connu une sorte de social-démocratisation accélérée. L’étude part des spécificités du mouvement ouvrier, du syndicalisme et de la dictature (1964-1985) au Brésil. Le PT nait en 1979-80, de grandes luttes sociales, autour des syndicalistes « authentiques » (dont Lula) ; de la gauche catholique ; de militants d’extrême gauche; de l’intelligentsia de gauche ; des élus « progressistes ». Dès ses débuts, le parti s’implante dans la classe ouvrière industrielle, le secteur tertiaire (banques en particulier), les quartiers populaires, et une partie des campagnes. Le PT des années 1980 est militant, dans l’opposition sociale et politique. Après l’élection présidentielle de 1989, ratée de peu par Lula, le PT change : l’opposition parlementaire remplace la rupture; des dirigeants professionnels laissent moins de place à la base militante ; l’antilibéralisme se substitue à l’anticapitalisme; les alliances s’étendent toujours plus au centre. Jusqu’à 2001, le PT reste opposé aux politiques néolibérales. Mais le grand tournant aura lieu avec la campagne présidentielle de 2002. Le programme du parti connait une « dé-radicalisation » progressive, étudiée à travers cinq aspects significatifs du socialisme pétiste. L’étude des contenus et des styles de 4 campagnes présidentielles, de 1989 à 2002, complète ces conclusions.

    Marie-Hèlène Caitucoli, Le processus de légitimation du Conseil constitutionnel français à l'épreuve de la démocratie représentative , thèse soutenue en 2016 à Paris EHESS sous la direction de Pasquale Pasquino  

    La démocratie moderne se caractérise par la représentation et l'élection des représentants des citoyens, lesquels peuvent alors consentir à respecter l'organisation sociale définie en leur nom par ces représentants. La légitimité démocratique renvoie en effet à l'égale participation des citoyens à leur gouvernement, a priori par le biais de l'élection. Pourtant, les cours constitutionnelles composées de membres non élus interviennent sur l'organisation de la vie publique en exerçant sur la loi votée un contrôle de constitutionnalité susceptible de l'invalider. Comprendre ce qui peut fonder leur légitimité apporte alors un éclairage sur la démocratie représentative, ses impensés ou ses possibles. Cette thèse propose d'aborder la question à partir d'une étude empirique, sans autre présupposé sur la démocratie moderne que celui identifié plus haut. Les délibérations du Conseil constitutionnel, tenues à huis-clos mais rendues publiques par la réforme constitutionnelle de 2008 quand elles ont eu lieu vingt-cinq ans auparavant, offrent ainsi un matériau riche d'enseignements. Elles sont ici étudiées sur la période 1958-1986. Les analyser à partir des arguments échangés renvoyant à la conception que les membres du Conseil constitutionnel se font de la légitimité de leur institution permet d'en déduire la trame d'un processus de légitimation en cours : en effet, les interlocuteurs du Conseil constitutionnel réintègrent à leurs saisines ultérieures le fondement de ces arguments. Cette thèse propose de décrire ce processus de légitimation spécifique puis de le mettre à distance pour une réflexion plus générale sur l'éclatement de la représentation des institutions démocratiques.

  • Clémence Faure, Les effets du discours sarkozyste de l'identité nationale (2002-2007), thèse soutenue en 2019 à Bordeaux sous la direction de Patrick Troude-Chastenet, membres du jury : Vincent Martigny (Rapp.), Sylvie Strudel et Vincent Tiberj  

    Nous nous proposons dans ce travail d’éclairer le processus d’émergence, entre 2002 et 2007, du discours de l’identité nationale dans la parole de Nicolas Sarkozy, et cela au prisme du paradigme des actes de langage, prisme nous permettant de mesurer parallèlement l’opérabilité des concepts de la philosophie et de la pragmatique du langage dans la compréhension des discours de nature politique. Notre hypothèse est que la rhétorique sarkozyste sur la nation résulte d’une dynamique discursive régie par la tension entre l’intention de son auteur et les contextes idéologiques et politiques dans lequel celui-ci se trouve inséré. Plus précisément, il s’agit ici de comprendre les attendus de ce discours et les effets cognitifs et politiques qu’il a pu engendrer au travers de la relation que celui-ci entretient à la configuration de l’espace idéologique des Français et des rapports de forces qui structurent l’espace politique. Pour ce faire, nous nous sommes appuyée sur l’analyse automatisée des déclarations de Nicolas Sarkozy prononcées entre 2002 et 2007, confrontant ses résultats à diverses enquêtes d’opinions sur les valeurs des Français mais aussi à l’évolution des dynamiques électorales observables depuis les années 1980. Il ressort de nos recherches que le discours de l’identité nationale sarkozyste est un véritable acte, résultat d’une entreprise discursive de coalescence idéologique menée dès 2003 et qui se caractérise par un pragmatisme. Cherchant à faire exister et à imposer un ordonnancement du réel jusqu’alors impensé, cette entreprise se définit comme une construction sans cesse renouvelée, puisant dans le contexte pour mieux certifier auprès de ses destinataires la pertinence de la grille du réel qu’elle promeut. Passant alors entre 2003 et 2007 d’une rhétorique de cadrage à un problème objectivé socialement et politiquement autorisé, le discours de l’identité nationale aura in fine participé à transformer l’ordre des choses et, corrélativement, à maximiser les chances de Nicolas Sarkozy de remporter les élections présidentielles de 2007.

    Adamou Moussa Ibrahim, L’insécurité transfrontalière en Afrique de l’Ouest : le cas de la frontière entre le Niger et le Nigeria, thèse soutenue en 2019 à Université Côte dAzur ComUE sous la direction de Christophe Roux, membres du jury : Hubert Peres (Rapp.), Christine Pina  

    À l’instar des grandes transformations des relations internationales, les notions de la sécurité, d’insécurité et de frontière leurs étude ont été bouleversées par la multiplication des activités qualifiées de terroristes dans maints endroits du monde. Cette thèse se saisit de thème à la frontière entre le Niger et le Nigeria, victime ces dernières années d’une insécurité transfrontalière que lui impose notamment l’organisation Boko Haram qui agit à l’échelle transnationale en s’affranchissant des limites frontalières dans le bassin du Lac Tchad. Ainsi cette crise sécuritaire a fait l’objet d’une panoplie des réactions aussi bien nationales que bilatérales ou encore issues des organisations régionales et internationales. La gestion diversifiée de cet ébranlement met en lumière les contradictions qui animent les relations internationales et la complexité des ressorts d’une insécurité transfrontalière mouvante, mal connue et peu médiatisée.

    Pauline Soulier, L'instrumentalisation du nationalisme à l'ère post-communiste : Serbie et Biélorussie, thèse soutenue en 2019 à Bordeaux sous la direction de Philippe Claret, membres du jury : Stanislav Sretenović (Rapp.), Slobodan Milacic et Olga Belova  

    Au début des années 1990, la Serbie et la Biélorussie n’empruntent pas la voie démocratique. Après une timide amorce de cette transition, les prises de pouvoir par S. Milošević et A. Loukachenka suspendent, pour un temps plus ou moins long, la démocratisation. Outre l’originalité des régimes qu’ils instaurent, ce sont leurs techniques d’accès au pouvoir qui interpellent. Ils ne commettent pas un putsch, mais détournent le processus de démocratisation de la région. Alors que les Etats voisins s’appuient sur le nationalisme et cherchent les originesde la nation pour bâtir des régimes inspirés de l’Occident et débarrassés du communisme, S. Milošević et A. Loukachenka récupèrent cette logique de redéfinition identitaire pour s’opposer à la démocratie avec, au début,le consentement du peuple.Cette recherche vise à comprendre comment ces deux leaders politiques travestissent les idéologies démocratiques et nationalistes, pour mettre en place des régimes anachroniques. Pour cela, nous étudierons d’abord leur définition de la nation et nous chercherons à comprendre, à la lumière de travaux spécialisés, comment est réécrit le roman national (M. Ferro, P. Nora, P. Ricoeur, A.-D. Smith et G.-L. Mosse), et comment sont repensés les fondements protonationaux de la nation (E. Hobsbawm). Nous analyserons ensuite, à l’aide de certains auteurs, la mise en œuvre du mouvement nationaliste (M. Hroch) et la façon dont les deux leaders séduisent le peuple par un discours populiste plus efficace que ceux de leurs concurrents démocrates (P.-A.Taguieff), pour mettre en place, en définitive, les premières démocraties illibérales d’Europe (I. Wallerstein et C. Schmitt).

    Pierre-William Fregonese, De cendres et de braises : la stratégie culturelle de la France au XXIe siècle, thèse soutenue en 2018 à Paris 2 sous la direction de Pascale Martin-Bidou et Jean-Vincent Holeindre, membres du jury : Olivier Forcade (Rapp.), Beatrice Heuser et Philippe Raynaud  

    La stratégie culturelle est une composante essentielle de la stratégie globale de puissance d'un Etat au XXIe siècle. La France, puissance culturelle historique dotée d'un réseau diplomatique fort, structurant son action culturelle extérieure, voit une concurrence émerger sur la scène internationale. Pour garder son statut, elle défend la diversité culturelle, démarche complémentaire de celle d'exception culturelle, en conservant les acteurs traditionnels de l'influence. Or, dans une époque du tout numérique et de l'immédiateté, et de l'essor des acteurs privés, les codes de l'influence sont renouvelés, remettant en question la pertinence d'une action culturelle extérieure principalement publique.

    Luigi Gatti, Idéologie et déconstruction de l'Etat , thèse soutenue en 2017 à Bordeaux sous la direction de Daniel Bourmaud  

    La littérature scientifique associe communément l’idéologie à la construction d’un groupe, d’une société, d’un régime. Ici, il s’agit d’expliquer comment une idéologie, projetant de bâtir une Yougoslavie communiste et indépendante, cause la chute du régime et la dislocation de la fédération yougoslave. Un examen minutieux de la doctrine ainsi que de la pratique politique issues de l’idéologie yougoslaviste met en exergue les contradictions à l’origine de l’échec yougoslave. Reconsidérer l’autonomie des acteurs politiques et de leurs idées offre de rendre pleinement intelligible l’impasse du modèle yougoslave.

    Luigi Gatti, Idéologie et déconstruction de l'Etat, thèse soutenue en 2017 sous la direction de Daniel Bourmaud, membres du jury : Hubert Peres (Rapp.), Tanasije Marinković et Philippe Claret    

    La littérature scientifique associe communément l’idéologie à la construction d’un groupe, d’une société, d’un régime. Ici, il s’agit d’expliquer comment une idéologie, projetant de bâtir une Yougoslavie communiste et indépendante, cause la chute du régime et la dislocation de la fédération yougoslave. Un examen minutieux de la doctrine ainsi que de la pratique politique issues de l’idéologie yougoslaviste met en exergue les contradictions à l’origine de l’échec yougoslave. Reconsidérer l’autonomie des acteurs politiques et de leurs idées offre de rendre pleinement intelligible l’impasse du modèle yougoslave.

    Fabien Escalona, La reconversion partisane de la social-démocratie européenne : du régime social-démocrate keynésien au régime social-démocrate du marché, thèse soutenue en 2016 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Pierre Martin, membres du jury : Jean-Michel De Waele (Rapp.), Gerasimos Moschonas et Jenny Andersson    

    La thèse porte sur la "reconversion partisane" de la social-démocratie en Europe. Elle propose une explication au paradoxe apparent entre d’une part l'existence de travaux décrivant la crise voire la mort du régime social-démocrate d’après-guerre, et d’autre part la conservation par cette famille de partis de son statut de grande alternative de gouvernement. La reconversion partisane est définie comme une modalité particulière de changement partisan, qui seule pouvait permettre à la social-démocratie de surmonter l’obsolescence (plus ou moins avancée) de son projet, de sa coalition électorale et de son modèle organisationnel. M’inscrivant dans la tradition de l’institutionnalisme historique, je propose une étude macrosociologique et comparée de quatre processus de reconversion, analysés de manière systématique au Royaume-Uni, en France, en Suède et en Allemagne. Leurs similarités et leurs différences sont ensuite expliquées, notamment à l’aide de plusieurs variables susceptibles de peser sur la forme et la temporalité des reconversions. Mon travail s’achève sur une appréciation provisoire de la mise à l’épreuve des reconversions par la grande crise économique en cours depuis 2008. Au-delà de l’éclairage nouveau qu’elle projette sur la trajectoire historique de cette famille politique, la thèse est une contribution à la littérature sur le changement partisan, sur la "cartellisation" des grands partis de gouvernement, et sur l’adaptation de ces derniers aux mutations de la structure des clivages politiques en Europe. Elle illustre aussi comment une approche "intégrée" des partis (sur plusieurs niveaux d’analyse) peut entrer dans un dialogue fécond avec les travaux sur les recompositions contemporaines de l’Etat moderne et du capitalisme.

    Dogba Blaise Ogou, Les évolutions de la règle électorale dans les systèmes politiques transitionnels : les élections législatives en Europe du Sud-Est (1989-2009), thèse soutenue en 2016 à Bordeaux sous la direction de Philippe Claret, membres du jury : Marie-Élisabeth Baudoin (Rapp.), François Frison-Roche, Slobodan Milacic et Miroslav M. Novak  

    Le sujet central de cette thèse concerne les évolutions de la règle électorale dans les régimespost-communistes et traite de la contribution de ces évolutions à la démocratisation dessystèmes politiques de l’Europe du Sud-Est, à partir d’un échantillon d’Etats (Albanie,Bulgarie, Macédoine, Roumanie et Serbie-Monténégro). La transition démocratique et lechangement de régime impliquent la construction d’une nouvelle légitimité politique. Cettelégitimité passe par les élections qui sont au coeur de la démocratie. Ce travail cherche àcomprendre comment sont choisies les règles régissant ces élections. Le choix du systèmeélectoral est, dans une grande mesure, la conséquence de plusieurs processus. L’accent mis surles facteurs déterminants de l’adoption et de la réforme électorale permet de comprendre lesmotivations et les objectifs des évolutions de la règle électorale en Europe post-communiste.L’étude de la législation réformée et l’analyse du comportement des acteurs électorauxpermettent de constater que les leaders politiques ont très souvent contourné le sensdémocratique de la norme électorale. Dans cet échantillon d’Etats, les évolutions de la règleélectorale ont eu des conséquences relatives sur le nombre des partis politiques représentés auParlement. Le changement de régime a favorisé l’alternance des majorités électorales etparlementaires. Cette alternance démontre que les principes démocratiques des électionscontribuent à la stabilisation démocratique, même si le contexte et les enjeux politiques propresà cette région favorisent une relative instabilité des majorités parlementaires etgouvernementales.

    Denis Ramond, Puissance et nuisance de l’expression : les conceptions de la liberté d'expression à l'épreuve de la pornographie, thèse soutenue en 2015 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Jean-Marie Donegani, membres du jury : Philippe Portier (Rapp.), Éric Desmons  

    Partant du postulat selon lequel la principale justification de la répression de formes d’expressions réside dans leur nocivité supposée, nous tentons de répondre à la question suivante : comment définir des limites claires et cohérentes à la liberté d’expression ? L’analyse des controverses relatives à la pornographie, et en particulier de la manière dont les notions de liberté d’expression et de nuisance ont été articulées, contribue à répondre à cette question générale. À travers l’analyse des débats portant sur la restriction des représentations sexuelles, nous tentons de montrer que les parties en présence ne sont pas parvenues à définir la notion de « nuisance » de manière claire et satisfaisante, et ne permettent pas, dès lors, de définir avec précision les limites légitimes de la liberté d’expression. Les deux voies théoriques alternatives que nous avons identifiées, les conceptions instrumentales et déontologiques de la liberté d’expression, ne se révèlent pas plus convaincantes. Nous montrons néanmoins qu’il est possible de préciser le principe de non-nuisance en y intégrant deux éléments auparavant négligés : la subjectivité du récepteur, et les rapports d’autorité qui existent entre le locuteur et le récepteur. Nous défendons ainsi l’idée que le principe de non-nuisance reste l’instrument le plus clair et le plus cohérent pour fonder les limites de la liberté d’expression, à condition de l’amender et de le compléter.

    Romain Mathieu, Tous ensemble !" ? Les dynamiques de tranformation de la gauche radicale française, thèse soutenue en 2015 à Université de Lorraine sous la direction de Étienne Criqui et Dominique Andolfatto, membres du jury : Fabienne Greffet et Rémi Lefebvre    

    La gauche radicale est étudiée comme un espace relativement autonome dans le champ politique, faisant sens pour un nombre restreint d’acteurs politiques. Il s’agit de saisir les effets des dynamiques d’interactions entre entreprises partisanes, parfois alliées mais toujours rivales, sur la recomposition des offres politiques. La thèse associe une approche « par le haut » à une analyse localisée des relations intra et inter-partisanes. Tout d’abord, la première partie opère un retour sur les conditions d’émergence d’une coalition – investie d’une pluralité de sens et d’intérêts par les acteurs – dans un espace politique fragmenté et concurrentiel. Ensuite, dans une deuxième partie, il s’agit d’étudier et de comparer les traits structurants de la sociologie des militants des principaux partis de gauche radicale. Enfin, la troisième partie est consacrée aux interactions et interdépendances entre ces acteurs, à la fois dans l’espace de la gauche radicale et dans le processus d’institutionnalisation conflictuelle d’une coalition partisane. La méthodologie repose sur des données plurielles : exploitation de sources écrites, réalisation de soixante-dix entretiens semi-directifs auprès de dirigeants et militants actifs, recours à des observations directes et réalisation d’une enquête par questionnaire auprès des participants aux congrès du PG (novembre 2010), du NPA (février 2011) et à la conférence nationale du PCF (juin 2011)

    Alfred Ramadji, L'opposition partisane dans le systeme politique tchadien 1993 – 2011, thèse soutenue en 2015 à Bordeaux sous la direction de Daniel Bourmaud, membres du jury : Hubert Peres (Rapp.), Slobodan Milacic et René Otayek  

    La recherche menée dans cette thèse se situe dans le cadre global de l’étude des partis politiques au Tchad. Mais, au-delà de l’expérience partisane, notre propos met en évidence la nature même de l’antagonisme partisan. Nous défendons l’idée que l’opposition mobilise et gère mal ses ressources politiques. D’une part, l’offre politique qu’elle propose est idéologiquement faible, peu claire et moins contrastée et, d’autre part, elle développe une stratégie inefficace et incohérente de gestion de ses ressources politiques. Un autre axe majeur de notre réflexion dans cette thèse, défend l’idée que les limites internes ne sauraient suffire à justifier l’impuissance et l’inefficacité de l’opposition. Le parti au pouvoir oeuvre, lui aussi, à affaiblir l’opposition pour ainsi conforter son hégémonie. En effet, dans la compétition politique avec le MPS, l’opposition subit une sorte d’échange inéquitable. De fait, le parti au pouvoir bénéficie d’un avantage comparatif dû à sa position, notamment dans la mainmise sur tout l’appareil d’État, et dans le contrôle absolu qu’il exerce sur les institutions de la République.

    Thomas Ehrhard, Le découpage électoral en France sous la Vème République : entre logiques partisanes et intérêts parlementaires, thèse soutenue en 2014 à Paris 2 sous la direction de Hugues Portelli, membres du jury : Xavier Crettiez (Rapp.), Ilvo Diamanti, Sylvie Strudel et Jean-Michel De Waele  

    Le découpage électoral est marqué par le mythe du gerrymandering, ou du « charcutage électoral ». Gouvernements et majorités l’utiliseraient dans l’objectif d’établir une carte électorale favorable par la délimitation de circonscriptions visant produire des gains électoraux. Il serait un outil électoraliste utilisé à des fins partisanes. En France, cette perception prédomine notamment en raison du peu de travaux consacrés au découpage électoral qui est, pourtant, un objet important au sein de la littérature politiste internationale. La thèse propose une étude du découpage des circonscriptions législatives sous la Ve République selon deux axes. Le premier, relatif au processus, interroge le rôle et l’action du gouvernement. Grâce à une analyse pluridisciplinaire, il apparaît que le découpeur est soumis à de fortes contraintes, et que les députés y occupent un rôle majeur. Le second porte sur les conséquences des délimitations. Après l’élaboration d’une méthode permettant d’appréhender l’aspect politique des découpages, l’étude empirique – statistique et cartographique – établit que les circonscriptions sont découpées en fonction des députés – sortants –, avant d’être favorables aux partis politiques, ou à la majorité qui y procède. S’il apparaît également que les changements de délimitations ne produisent pas toujours les effets escomptés, ils disposent de conséquences structurelles qui se vérifient sur la compétition électorale. Sous la Ve République, les découpages électoraux peuvent être qualifiés d’interparlementaires et d’intrapartisans. In fine, ni le processus, ni les conséquences des découpages électoraux ne correspondent à sa représentation cognitive classique.

    Papa Loum, La politique de décentralisation et les nouvelles stratégies de développement : le cas du Sénégal., thèse soutenue en 2013 à Montpellier 1 sous la direction de Hubert Peres, membres du jury : Christophe Roux (Rapp.), Daniel Bourmaud et Marc Smyrl  

    La décentralisation dans sa globalité est une réalité au Sénégal depuis une vingtaine d'années. Cependant il existe très peu d'études sur ce processus, pays où pourtant, on note une riche production en sciences sociales. Et depuis, l'arrivée au pouvoir d'élus locaux a profondément changé les rapports des acteurs entre eux et vis-à-vis de l'Etat central. De nouvelles tensions sont apparues, se cristallisent autour des ressources financières et budgétaires, et du transfert des compétences. Ainsi la définition par les législateurs et par l'Etat des compétences et des prérogatives des collectivités locales, a donné lieu à beaucoup d'atermoiements et d'imprécisions, particulièrement dans le domaine fiscal, de l'aménagement du territoire et de gestion du foncier. Pourtant ces formes de régulations parfois ambigües, parfois innovantes, sont importantes à cerner pour concrétiser les objectifs de la décentralisation : le développement. Dire qu'il reste beaucoup à faire pour consolider la progression d'une autonomie concrète des collectivités locales et d'une stratégie de développement au Sénégal, relève dans l'état des réformes, de l'euphémisme. Pour autant, l'enjeu actuel des programmes de décentralisation ne se limite pas à ses seuls aspects ; l'autonomisation institutionnelle des instances locales nécessite également de rester attentifs à la question du développement local et durable. S'agit-il d'un mythe supplémentaire ? On sait en effet que la marche vers cette autre alternative risque de prendre encore beaucoup de temps.

    Kouléga Julien Natielse, Le burkina faso depuis 1991 : entre stabilite politique et illusionnisme démocratique, thèse soutenue en 2013 à Bordeaux 4 sous la direction de René Otayek et Céline Thiriot, membres du jury : Barbara Delcourt (Rapp.)  

    Le « Burkina Faso depuis 1991 : entre stabilité politique et illusionnisme démocratique » ambitionne de se projeter au cœur du régime de la IVème République. Les fondements de la domination de l’élite politique post-transition sont examinés à travers la stratégie de conquête du pouvoir politique et la légitimation électorale à travers l’organisation des premières élections pluralistes. Le président Blaise Compaoré progressivement met en place un système de domination verrouillé où les possibilités de changements démocratiques s’amenuisent pour ses adversaires politiques. Cette mainmise du régime de M. Blaise Compaoré nécessite des ressources qui se déclinent en ressources internes et en un répertoire de légitimation internationale qui fait aujourd’hui du président Blaise Compaoré un acteur majeur du jeu politique sous-régional.

    David Gouard, La "banlieue rouge" face au renouvellement des générations : une sociologie politique des cités Maurice Thorez et Youri Gagarine à Ivry-sur-Seine, thèse soutenue en 2011 à Montpellier 1 sous la direction de Jean-Yves Dormagen, membres du jury : Florence Haegel (Rapp.), Céline Braconnier, Olivier Masclet et Bernard Pudal  

    Durant plusieurs décennies, au sein de ce qui s'est appelé la « banlieue rouge », Ivry-sur-Seine faisait figure de « bastion » modèle pour le Parti Communiste Français. Le communisme municipal ivryen avait fait de ses cités ouvrières des espaces laboratoires au service d'un creuset d'affiliation sociopolitique particulièrement efficace. Jusqu'au tournant des années 1980, aux cités Maurice Thorez et Youri Gagarine, les résultats électoraux enregistrés par les différents représentants communistes en ont attesté. Avec la remise en cause du modèle de politisation fondé sur l'écosystème industriel, le renouvellement des générations pose avec acuité la question des conditions de reproduction d'une affiliation sociopolitique favorable aux représentants communistes. Une approche ethnographique sur la longue durée a permis de renseigner cette question. Depuis le milieu des années 1980, la trajectoire sociopolitique contrastée des deux quartiers atteste des ruptures infra-communales touchant ce type de territoire de la banlieue parisienne. Dans le quartier Youri Gagarine, la majorité des anciennes familles ouvrières a été remplacée par les nouveaux milieux populaires essentiellement composés de populations issues de l'immigration. Entretenant une historicité tout à fait différente à l'égard de l'étiquette « communiste(s)», les nouvelles générations participent, parfois activement, d'une contestation de l'ancienne autorité politique locale. À l'inverse, dans le quartier Maurice Thorez, situé au cœur du centre-ville, les descendants des familles ivryennes les plus proches de l'appareil partisan et/ou municipal ont maintenu résidence. Dans ce quartier, autour d'une endocratie politique locale, se maintiennent des liens communautaires fonctionnant de manière relativement indépendante de l'ancien encadrement partisan. Pour de nombreuses familles ivryennes appartenant à la classe moyenne, le maintien d'une certaine autorité communiste facilite leur accompagnement social, politique et électoral des métamorphoses contemporaines du communisme municipal.

    Mihaela Irène Costelian, Mythes et images du leader postcommuniste – Le cas roumain, thèse soutenue en 2011 à Bordeaux 4 sous la direction de Philippe Claret, membres du jury : Philippe Braud (Rapp.), Cristian Preda  

    L’avènement de la démocratie de type libérale a entraîné un reconditionnement des mythes et images du leader politique, en Roumanie. Les événements de 1989 ont entraîné un besoin endémique de créer une nouvelle scène et un véritable imagier des figures politiques roumaines. Cependant, la communication des leaders politiques postcommunistes est soumise à l’héritage de leur passé communiste et des traces laissée par Nicolae Ceausescu dans l’imaginaire collectif. Tributaire de ce lourd héritage, les leaders politiques roumains répondent à un mécanisme qui semble contradictoire au premier abord : ces leaders construisent le terrain politique de la Roumanie contemporaine en même temps qu’ils se construisent eux-mêmes. En cela, ils sont le produit d’une société dont ils semblent être, eux-mêmes, les architectes. Cette double participation à la vie du pays rend donc le cas des leaders politiques roumain très particulier. Toutefois, l’instrumentalisation des mythes et des images permet aux représentants politiques de forger l’archétype du leader démocrate roumain et contribuent à la construction d’un espace politique stable en Europe Centrale et Orientale.

    Maurice Soudieck Dione, Le processus d'institutionnalisation de la démocratie au Sénégal, thèse soutenue en 2010 à Bordeaux 4 sous la direction de Dominique Darbon  

    En articulant les paradigmes du constructivisme, du néo-institutionnalisme et du politique par le bas revisité, il est question de mettre en évidence le processus d'institutionnalisation de la démocratie au Sénégal. D'une part elle repose sur une complicité objective des acteurs du jeu politique, qui à travers des stratégies croisées instrumentalisent la démocratie, le droit et les institutions comme ressources politiques, dont ils subissent les contrecoups à travers la sécrétion de contraintes à eux imposées. Ils s'engagent alors dans une dynamique de mesures responsives en termes d'aménagement et de renouvellement de l'architecture juridico-institutionnelle par rapport aux conjectures politiques de crise, dont les enjeux sont la conquête, l'exercice et la conservation du pouvoir. Cette confrontation d'objectifs et d'intérêts aboutit à l'extériorisation progressive de règles et normes d'une compétition politico-électorale loyale, comme acquis démocratiques socialement stabilisateurs, dont la préservation et la perpétuation entretiennent la négociation entre les acteurs. D'autre part, les conséquences entraînées par le passage d'un étatisme triomphant à un étatisme décadent né des impératifs de l'ajustement, provoque la déstructuration des relations réticulaires entre le temporel et le spirituel qui ont été la base de la pénétration et de la socialisation de l'Etat ; libérant ainsi les citoyens condamnés à se prendre eux-mêmes en charge, et donc à développer des stratégies d'individuation subjective renforçant la citoyenneté démocratique. Celle-ci est davantage valorisée par d'autres dynamiques socioculturelles d'élargissement et d'approfondissement des libertés publiques, essentiellement portées par les médias privés, al musique populaire, notamment le m'balax et le rap, de même que les organisations de promotion et de protection des droits humains, qui se désignent sous le label de la société civile.

    Vincent Darracq, La question raciale à l'African National Congress post-apartheid , thèse soutenue en 2010 à Bordeaux 4 sous la direction de René Otayek  

    Dans ce travail, on utilise la question raciale comme un prisme pour étudier le parti politique African National Congress (ANC), en se focalisant sur trois problèmes de recherche : la production de discours, la régulation et le changement partisan. Notre postulat de départ est que le positionnement idéologique nationaliste de l'ANC est un positionnement ambigu et pluriel, entre non-racialisme et nationalisme africain, entre caractère multi-classes et biais en faveur des pauvres et des travailleurs. C'est un consensus hétérogène sur ce positionnement multiple qui « tient » le parti ensemble. On entend tout d'abord démontrer que dans le contexte de la nouvelle Afrique du Sud démocratique et non-raciale, ce positionnement pluriel amène le parti à développer des discours alternatifs et à construire des identités collectives emboîtées, notamment dans son offre électorale. On étudie ensuite comment le nouvel environnement post-apartheid, celui d'une société normalisée où les clivages raciaux et socio-économiques évoluent, met en péril le consensus sur lequel repose l'ANC et émet des pressions sur le parti pour qu'il change et se repositionne. Enfin, on démontre qu'idéologie et organisation sont liées : du positionnement pluriel de l'ANC sur la question raciale découlent des règles formelles et informelles d'organisation et de fonctionnement.

    Stéphanie Dechézelles, Comment peut-on être militant ? , thèse soutenue en 2006 à Bordeaux 4 sous la direction de Daniel-Louis Seiler  

    Comment devient-on militant et comment le demeure t-on au fil du temps, dans un contexte de "crise du politique" et de déprise partisane ? Contrairement à ce qu'une lecture hyper-rationaliste des comportements individuels présume, l'engagement suppose que les acteurs assimilent une culture politique spécifique à chaque organisation partisane. A partir d'une enquête qualitative menée auprès de jeunes engagés dans trois partis italiens de "droite" et d' "extrême droite" (Alleanza Nazionale, Lega Nord et Forza Italia), nous avons cherché à mettre au jour les conditions présidant à l'appropriation des cultures politiques et leur transformation / altération au cours du temps, notamment face aux changements liés à la conquête et l'exercice du pouvoir. Nous montrons que l'engagement juvénile repose sur un double mécanisme social a) d'appropriation d'un modèle de société (une cité, un territoire, une mémoire) et de trajectoire militante interne (un type idoine de dévouement, de socialisation et d'avancement) et b) d'indexation entre le discours d'une organisation partisane et le récit biographique, autrement dit l'établissement d'un rapport d'équivalence entre les éléments d'une culture partisane d'une part et les éléments d'une biographie personnelle et sociale d'autre part. L'hypothèse générale que nous défendons est que la mobilisation d'une culture militante par les jeunes sert autant à mettre en cohérence le sens (signification) de leur engagement que le sens (direction) de leur trajectoire militante, au gré des éventuelles bifurcations. En effet, les jeunes militants justifient leur entrée et négocient leur carrière (maintien, ascension, déprise, engagement) sur la base de cette même culture ; ainsi les processus de désengagement trouvent une partie de leurs motifs dans les formes de l'attachement et de l'appartenance au groupe.

    Pierre Boisseau, La Commune de Paris de 1871 à l'épreuve du droit constitutionnel, thèse soutenue en 1998 à Tours sous la direction de Jean Rossetto  

    La commune de paris n'a guere retenu jusqu'ici l'interet des juristes. Pourtant, l'action des communards souleve de nombreuses questions juridiques. Cette these s'efforce donc de pallier cette carence en etudiant, sous l'angle constitutionnel, la mise en place de l'ephemere regime parisien, son organisation, son fonctionnement, son activite normative et le projet de federation de communes defini au prtntfmps 1871 dans la capitale francaise. Et cette demarche conduit notamment l'auteur a relativiser la filiation entre la commune de paris de 1871 et le droit constitutionnel des anciens etats socialistes.

  • Maëlle Moalic-Minnaert, Les gauches de la gauche à l'épreuve des classes populaires : une analyse localisée des collectifs partisans, thèse soutenue en 2017 à Rennes 1 sous la direction de Érik Neveu et Sylvie Ollitrault, membres du jury : Julian Mischi (Rapp.), Valérie Sala Pala (Rapp.), Annie Collovald et Nicolas Bué  

    Les gauches de la gauche à l´épreuve des mutations des classes populaires. À travers l'étude des gauches de la gauche des années 2010-à savoir le PCF, le PG, le NPA et LO-, cette thèse s'emploie à prolonger et discuter les travaux portant sur le divorce de la gauche et des classes populaires. À la croisée de la sociologie des partis politiques et de la sociologie des classes populaires notre thèse se propose d'apporter un éclairage sur la manière dont les transformations ayant affecté les classes populaires depuis les années 1980 et les représentations dominantes qui en ont été véhiculées ont renouvelé les liens entre les gauches de la gauche et leur traditionnel groupe social de référence. Nous entendons repérer le caractère populaire des formations partisanes des gauches de la gauche en dépassant l'analyse des propriétés sociales du personnel politique et en nous arrêtant sur les grilles de lecture partisanes du monde social, le travail partisan de propagande et d´enrôlement et les normes régissant le militantisme. Postulant une déclinaison localisée des « cultures partisanes » selon les configurations sociales et partisanes, les liens qui unissent les gauches de la gauche des années 2010 et les mondes populaires ont été mis en lumière à l'issue d'une enquête de terrain menée dans quatre espaces locaux : Villejuif, Saint-Brieuc, Saint-Étienne et Nantes. L'exploration des « gauches de la gauche » des années 2010 donne à voir comment les mondes populaires persistent à être un enjeu problématique mais central pour une partie de la gauche partisane. Loin de n'être que des porte-parole rationnels autoproclamés des classes populaires, les gauches de la gauche sont porteuses de « cultures partisanes » imprégnées de populaire. Elle ne font pas que parler des dominés, elles s'adressent à eux sur un ton populaire. Elles peinent néanmoins à voir aboutir ou à pérenniser leurs idylles avec les classes populaires notamment avec les franges pluri-dominées de ce groupe social. L'insertion des gauches de la gauche, héritières d'un modèle d'investissement efficace de la classe ouvrière, dans des contextes populaires renouvelés et largement défaits (éclatés, réfractaires à l'unité, indisposés à se mobiliser) permet d'apporter un éclairage sur ce bilan contrasté. Resserrer la focale sur les militants « produits de socialisations multiformes » et donc inégalement sensibles au populaire permettra de compléter l'analyse de rencontres des collectifs partisans et des classes populaires inégalement inabouties.

    Charlotte Barcat, Bloody Sunday et l'enquête Saville : vérité, justice et mémoire, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Valérie Peyronel, membres du jury : Michel Prum, Christophe Gillissen et Agnès Maillot    

    Le 30 janvier 1972, dans la ville nord-irlandaise de Derry/Londonderry, treize personnes furent tuées par des soldats britanniques alors qu’elles participaient à une manifestation pour les droits civiques. Ce « Bloody Sunday » provoqua immédiatement des polémiques : les soldats affirmaient avoir répliqué à des tirs, ce que contestaient vigoureusement les civils. Le verdict de la première enquête publique, qui conclut en 1972 que les soldats avaient agi dans les règles, ne fut jamais accepté par les familles des victimes, qui lancèrent en 1992 une campagne réclamant une nouvelle enquête. En 1998, dans le contexte du processus de paix, le gouvernement britannique accéda à cette requête et créa l’enquête Saville. Le défi était grand : comment réécrire la mémoire officielle d’un événement aussi symbolique, alors que celui-ci avait déjà été intégré dans des mémoires collectives antagonistes et fortement enracinées ? Ce travail étudie l’enquête Saville à la lumière de trois grands concepts : la vérité, la justice et la mémoire. La vérité, car la découvrir était l’objectif premier de l’enquête. La justice, car une enquête publique, bien que n’étant pas un procès, la sert en rétablissant la confiance en l’Etat de droit et en accordant aux victimes une reconnaissance officielle. Enfin, la mémoire, car une tentative de réécrire la version officielle d’un tel événement se heurtait forcément aux mémoires collectives existantes : celles des communautés nationaliste et unioniste, mais aussi de l’Etat. Cette enquête chargée d’oeuvrer pour la réconciliation a donc du gérer les difficultés nées de ces relations étroites mais parfois conflictuelles entre vérité, justice et mémoire.

    Camille Laporte, L’évaluation, un objet politique : le cas d'étude de l'aide au développement, thèse soutenue en 2015 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Guillaume Devin, membres du jury : Rosalind Eyben (Rapp.), Jean-Jacques Gabas (Rapp.), Christian Hugues  

    Cette thèse analyse la construction et la diffusion d’une bonne pratique de l’évaluation dans le secteur de l’aide au développement. D’un point de vue historique, l’auteure étudie comment l’évaluation est passée d’une pratique marginale des organismes d’aide au développement dans les années 1960, à un passage obligé de tous les programmes d’aide dans les années 2000. Ensuite, l’auteure réalise une étude sociologique de l’acteur qu’est l’évaluateur dans le système international de l’aide au développement. Elle étudie son influence auprès des autres acteurs de ce système, ainsi que sa capacité à légitimer et à diffuser son expertise. Elle montre comment les évaluateurs se professionnalisent par la création de « communautés de pratique » au Nord et au Sud. Enfin, l’auteure s’intéresse aux effets de « déclassement » que produit l’évaluation sur les acteurs de l’aide au développement du Nord et du Sud. Elle analyse comment l’évaluation, en produisant un jugement de valeur sur les politiques de développement des donateurs et des bénéficiaires, conduit à les mettre en concurrence et à discriminer les moins performants ; performance déterminée de manière subjective. L’objectif de l’auteur est de montrer que l’évaluation est un objet politique, dans la mesure où sa mise en pratique est déterminée par l’environnement politique dans lequel elle intervient, et où elle influence à son tour les politiques des donateurs et des bénéficiaires de l’aide au développement.

    Clémentine Fauconnier, Organisation partisane et exercice du pouvoir dans la Russie de Poutine : les paradoxes de la fabrication de Russie Unie (2001-2012), thèse soutenue en 2015 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Dominique Colas, membres du jury : Julien Fretel (Rapp.), Jean-Robert Raviot (Rapp.), Gilles Favarel-Garrigues  

    Cette thèse vise à interroger les enjeux et les modalités de la construction d’une majorité politique en Russie à partir des années 2000, après une décennie marquée par la faiblesse de l’exécutif central et l’éclatement de l’offre politique. Créé en 2001 pour soutenir Vladimir Poutine, la situation du parti politique Russie unie dans le paysage politique peut sembler paradoxale. Dominant à tous les échelons du pouvoir depuis 2003, il demeure néanmoins un instrument entre les mains des dirigeants de l’exécutif, sans réelle autonomie ou influence. Fort officiellement de 2 millions d’adhérents, Russie unie est peu ancré dans la société russe et compte très peu de militants. L’analyse de la tension créée entre la dynamique d’institutionnalisation du parti et, en même temps, son maintien sous le contrôle de l’Etat se présente comme un point d’entrée privilégié pour envisager, dans une perspective comparative, la production des mécanismes d’assujettissement d’une partie du personnel politique russe. Cela implique de s’intéresser à la mise en place et aux modalités concrètes de fonctionnement de Russie unie, d’observer les pratiques des acteurs engagés dans ces activités et de s’interroger sur les significations qu’ils leur donnent. Cette démarche suggère alors de montrer comment l’étude de ce processus spécifique de fabrication partisane est susceptible de nourrir une réflexion plus générale et comparative sur la façon dont les dynamiques de différenciation ou de rapprochement entre les partis et l’Etat contribuent à produire différentes formes d’investissements politiques. Pour cela l’étude des partis en tant qu’institution ainsi que de la sociologie historique comparative permet de montrer les tensions créées par le processus de différenciation sous contrôle de Russie unie et la façon dont celui-ci accompagne la mise en place de nouveaux mécanismes de domination.

    Morgan Donot, La pratique discursive post-péroniste, au fondement d'une nouvelle identité partisane ou nationale. Les cas de Carlos Menem (1989-1995) et de Nestor Kirchner (2003-2007), thèse soutenue en 2014 à Paris 3 sous la direction de Jean-Michel Blanquer, membres du jury : Sophie Moirand, Christian Le Bart, Renée Fregosi et Victor Armony    

    Le péronisme reste la première force politique de l’Argentine. Ce mouvement politique, qui se caractérise par l’absence d’une idéologie propre et une faible institutionnalisation, ne peut se comprendre, s’analyser qu’au regard des trajectoires des leaders qui l’ont incarné au cours du temps, chacun le transformant et le personnalisant de telle sorte que chaque courant qui a représenté le Parti justicialiste est aujourd’hui caractérisé par le nom de son leader du moment ; ainsi en est-il du péronisme, du ménémisme, du duhaldisme, du kirchnérisme et dorénavant du cristinisme. L’objectif de ce travail est de dresser un portrait des deux post-péronistes qui se sont succédé depuis la transition à la démocratie en 1983, à travers une comparaison de l’usage de la parole politique par ses principales figures représentatives que sont Carlos Menem (1989-1995) et Néstor Kirchner (2003-2007). Les thématiques clés des discours de ces deux hommes politiques, ainsi que leurs formes spécifiques de mise en discours, doivent être étudiées conjointement, afin de pouvoir comprendre le processus de légitimation énonciative qui leur a permis de se positionner en tant que leader, dans une certaine conjoncture, de la scène politique argentine. Ainsi, l’objet de cette recherche correspond à une analyse des discours de Carlos Menem et de Néstor Kirchner en tant que discours antagonistes en lutte pour la définition d’un même objet, d’une même réalité : la nation argentine. Quelles sont les valeurs de l’argentinité que ces deux figures politiques ont cherché à incarner ? Quels sont les modèles et les projets de société qu’ils ont proposés et tenté de construire discursivement afin de consolider leur légitimité et de fonder une identité, proprement ménémiste ou kirchnériste ? Quelles sont les valeurs qu’ils ont prônées et qu’ils ont réussi à instituer comme garantes et représentatives d’un nouvel ordre politique ? En se basant sur des antagonismes fondateurs, ces deux présidents ont donné naissance à de nouveaux imaginaires qui sont aujourd’hui liés et investis du sens qui leur a été attribué lors de leur émergence dans l’espace discursif post-péroniste et dont les multiples significations ne peuvent être abordées en dehors d’une analyse approfondie de la parole politique de ces deux leaders. Le discours de Carlos Menem et le discours de Néstor Kirchner se présentent donc comme des espaces énonciatifs concurrents, en lutte pour le sens de la réalité et de l’histoire argentines.

    Marie-Violaine Louvet, L'Irlande et le Moyen-Orient 1967-2013, lectures domestiques, discours politiques et solidarités transnationales, thèse soutenue en 2013 à Paris 3 sous la direction de Wesley Hutchinson, membres du jury : Valérie Peyronel, Christophe Gillissen et Agnès Maillot    

    Cette thèse a pour origine le constat de l’implication forte d’une fraction de la société civile irlandaise, de l’homme de la rue, d’associations politiques militantes, de syndicats mais aussi de l’appareil diplomatique, dans le rapport de force en Palestine, depuis la Guerre des Six jours de 1967, qui soulève l’indignation populaire. Le paroxysme de ce phénomène prend place en Irlande du Nord, où Unionistes et Nationalistes brandissent les drapeaux israéliens et palestiniens, pour témoigner de leur attachement à l’un ou l’autre des acteurs du conflit au Moyen-Orient. Il s’agit ici d’explorer les origines et l’évolution de cette mobilisation, en définissant le contour d’une perspective irlandaise protéiforme sur le conflit israélo-palestinien, qui s’appuie sur un faisceau multiple de lectures domestiques des événements au Moyen-Orient, fondées sur autant d’appréhensions de l’histoire irlandaise. Celles-ci s’épanouissent dans un entremêlement de narrations contradictoires du conflit israélo- palestinien, qui animent le discours politique irlandais autour du débat sur l’identité postcoloniale de l’Irlande. Cet exposé propose une analyse des manifestations de solidarité transnationale avec Israël et la Palestine, que ce soit à l’échelle nationale et supranationale, des partis politiques, ou des syndicats et des associations civiles. Il s’attache à mettre en lumière les facteurs, à la fois historiques, et par là-même ancrés dans l’identité de l’Etat irlandais et de l’Irlande du Nord, mais aussi stratégiques, diplomatiques et religieux, qui participent à une domestication irlandaise du conflit au Moyen-Orient. La récupération politique de ce conflit dans la propagande du militantisme républicain irlandais au début des années 1970, mais aussi dans les discours politiques et au sein de la société civile, ainsi que la réaction pro-israélienne plus récente, qui échappent encore à un apport théorique, constituent le cœur de ce travail de recherche.

    Alireza Kalhor, La participation directe dans les conflits armés et la notion de combattant : l'externalisation des activités militaires, thèse soutenue en 2013 à Lille 2 sous la direction de Jean-Jacques Lavenue, membres du jury : Rahim Kherad (Rapp.), Catherine Sarlandie de La Robertie (Rapp.), Élise Féron    

    La notion de participation directe aux hostilités n’a jamais été définie de manière précise au regard du droit international humanitaire. Cette ambiguïté a conduit à des interprétations divergentes du concept d’hostilités et des critères juridiques utilisés pour définir une participation directe par opposition à une participation indirecte (effort de guerre). D’ailleurs, les conflits contemporains posent de nouveaux défis quant à la définition et la mise en œuvre de la notion de la participation directe aux hostilités. Les moyens de guerre de haute technicité (l’attaque de réseaux informatiques) et l’externalisation des forces armées (sociétés militaire privées), illustrent l’imbrication croissante des activités civiles et militaires et la difficulté à identifier précisément qui participe directement aux hostilités et quelles sont les mesures à prendre pour protéger ceux qui n’y participent pas directement.

    Luc Semal, Militer à l’ombre des catastrophes : contribution à une théorie politique environnementale au prisme des mobilisations de la décroissance et de la transition, thèse soutenue en 2012 à Lille 2 sous la direction de Pierre Mathiot, membres du jury : Xavier Crettiez, Andrew Dobson, Bruno Villalba et Edwin Zaccaï    

    Au cours des années 2000, deux mobilisations parallèles ont contribué à renouveler le paysage de l’écologie politique : la décroissance en France, et les Transition Towns au Royaume-Uni. Nous proposons une approche comparative internationale de ces deux mouvements, d’abord distincts, mais qui se sont progressivement imbriqués à mesure qu’ils s’internationalisaient. Nous nous intéresserons particulièrement à la dimension catastrophiste de ces deux mouvements, entendue comme un mode de pensée politique fondé sur l’anticipation de ruptures écologiques majeures (pic pétrolier, mais aussi réchauffement climatique ou effondrement écosystémique) qui mettraient fin à la version moderne du projet démocratique. Loin de n’être qu’une posture intellectuelle, le catastrophisme s’incarne dans ces mouvements en des pratiques délibératives expérimentales qui invitent à questionner la temporalité continuiste dans laquelle se conçoit généralement la théorie démocratique. L’étude de ces deux mobilisations vise à nourrir une réflexion d’ordre plus théorique sur les outils dont dispose la science politique pour penser l’insertion des communautés politiques dans leur environnement. En nous appuyant sur les travaux pionniers de la green political theory, nous montrerons qu’une théorie politique environnementale pourrait contribuer à interroger la théorie démocratique en invitant à la réinsérer dans un contexte de déstabilisation écologique globale.

    Laëtitia Ogorzelec-Guinchard, Le miracle et l'enquête : Analyse sociologique de l'expertise médicale des guérisons déclarées "miraculeuses" à Lourdes., thèse soutenue en 2012 à Besançon sous la direction de Jean-Michel Bessette, membres du jury : Bruno Péquignot (Rapp.), Louis Quéré (Rapp.), Jean-François Laé  

    Afin de ne pas prêter le flanc aux railleries et aux critiques, l’Église fait preuve d’une grande prudence à l’égard des déclarations de « guérison miraculeuse ». C’est dans cette perspective qu’elle s’attache à départager l’"authentique" et l’"inauthentique" parmi les manifestations de la vie religieuse et qu’elle considère que « les faux miracles doivent être discernés des vrais ». Ces distinctions ne vont pas de soi. Elles nécessitent des procédures d’enquêtes dont le fonctionnement reste largement inexploré par les sciences humaines. Si, depuis le XIe siècle, le magistère catholique exerce un droit de regard, allant s’élargissant, sur les miracles déclarés par les fidèles, c’est sans doute à la suite des événements de Lourdes (« apparitions » et « guérisons » à partir de 1858) que cette volonté de contrôle s’exprime sous une forme nouvelle. À une époque qui exalte les vertus de la rationalité scientifique, au moment précis où la médecine parisienne atteint le sommet de sa notoriété pour ses travaux sur l’hystérie, redoutant les controverses provoquées par « l’épidémie de guérison » qui suit les visions de Bernadette Soubirous, de nombreux membres de la hiérarchie catholique française souhaitent donner des formes plus respectables à ce que l’on peut considérer comme une « explosion de dévotion populaire » non orthodoxe et difficilement contrôlable. C’est dans le cadre de cette stratégie d’encadrement des événements que s’inscrit, en 1883, au sein même du sanctuaire de Lourdes, la création d’une instance médicale chargée de contrôler les revendications de guérisons miraculeuses. En s’attachant à analyser cette procédure de contrôle, spécifique au sanctuaire de Lourdes, cette thèse voudrait permettre de mieux comprendre la manière dont sont produits les miracles à Lourdes. Notre travail souhaite montrer qu’il est, au contraire, produit collectivement par un ensemble d’acteurs (témoins, médecins, ecclésiastiques…) engagés dans une activité concertée d’enquête complexe au résultat incertain

    Lison Ducastelle, L'IRA , thèse soutenue en 2011 à Paris 3 sous la direction de Valérie Peyronel  

    L’Irish Republican Army (IRA), le principal groupe paramilitaire républicain, fut fondé en 1969. Dès lors, il lutta contre la présence britannique en Irlande du Nord et pour la réunification de l’île d’Irlande. Le désarmement de l’IRA, considéré comme irréalisable jusqu’en 2001, s’accomplit pourtant bel et bien entre 2001 et 2005 dans le cadre du processus de paix. Le 26 septembre 2005, l’IRA avait officiellement déposé les armes. Quels mécanismes avaient alors permis, au sein du processus de paix nord-irlandais, d’aboutir à la "mise hors d’état de nuire" de l’arsenal de l’IRA qui déclarait pourtant encore en 1998 qu’il n’accepterait pas de rendre les armes ? Comme l’annonce le titre de cette thèse, trois questions sous-tendent notre analyse : quels étaient les enjeux de l’abandon de la violence et du désarmement pour l’IRA et le Sinn Féin durant tout le processus de paix ? Quelle était la portée symbolique du désarmement pour le groupe armé clandestin et pour le mouvement républicain dans son ensemble ? Enfin, quels mécanismes, tant diplomatiques que psychologiques, avaient pu convaincre l’IRA d’abandonner la violence puis de désarmer ? À la demande du groupe clandestin, la nature du dispositif de désarmement et le nombre d’armes détruites demeurent confidentiels. Cette étude ne prétend donc pas révéler des secrets d’État, mais bien de mettre en évidence la dynamique du processus qui a mené l’IRA de la violence armée à l’abandon des armes.

    Gaëlle Dequirez, Nationalisme à longue distance et mobilisations politiques en diaspora : le mouvement séparatiste tamoul sri lankais en France (1980-2009), thèse soutenue en 2011 à Lille 2 sous la direction de Johanna Siméant-Germanos et Éric Meyer, membres du jury : Jean-Gabriel Contamin, Christophe Jaffrelot et Nira Wickramasinghe    

    Cette thèse porte sur le mouvement séparatiste tamoul sri lankais en France, depuis son émergence au début des années 1980 jusqu'à 2009. L'enjeu est de comprendre les ressorts du nationalisme à distance tel qu'il est diffusé par les associations tamoules de la région parisienne qui ont soutenu les Liberation Tigers of Tamil Eelam (LTTE). Il est aussi de questionner le concept de nationalisme à longue distance. A partir d'une enquête reposant principalement sur des entretiens et de l'observation directe, ce travail propose notamment une analyse du fonctionnement interne du mouvement et de ses relations externes. C'est d'abord le projet identitaire et politique du nationalisme eelamiste qui est défini, ainsi que la façon dont les leaders pro LTTE ont diffusé cette idéologie nationaliste dans l'ensemble de la diaspora tamoule. Le succès des discours séparatistes ne peut cependant se comprendre sans une analyse des dispositifs qui permettent en France d'ancrer la nation tamoule dans la vie quotidienne des migrants. Cette thèse montre ainsi que le mouvement nationaliste tamoul fonctionne comme une institution dans laquelle les comportements de dévouement sont valorisés, mais aussi dans laquelle la possibilité d'investissements différenciés est aménagée. Enfin, cette étude montre comment le mouvement eelamiste en France a été amené à se reconfigurer sous l'effet des relations externes établies à différentes échelles d'action.

    Ziad Osman, Les approches juridiques de la lutte antiterroriste : les nouvelles extensions du droit international, la coopération européenne et les règlementations du monde arabe, thèse soutenue en 2011 à Lille 2 sous la direction de Jean-Jacques Lavenue, membres du jury : Mustapha Ben Letaïef (Rapp.), Gilles Ferréol (Rapp.), Antoine Sfeir    

    La notion de terrorisme international relève de deux critères, l’un emprunté à des actes qui constituent l’assise de l’action terroriste, l’autre tiré de circonstances particulières, qui tiennent à une relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur. La communauté internationale est confrontée depuis la fin de l’effondrement de l’Union soviétique à l’internationalisation d’un mouvement radical extrémiste l’organisation wahhabite Al-Qaïda. Les attaques terroristes organisées par cette mouvance menacent aujourd’hui la sécurité mondiale. Ses actes extrémistes, criminels et terroristes visent à tuer les gens sans distinction entre les enfants et les femmes, car ils ne considèrent pas comme interdits de tels actes. La scène internationale est devenue de plus en plus menacée par l’idéologie wahhabite d’origine saoudienne à laquelle appartenaient quinze des dix-neuf kamikazes de New York et Washington. Face au problème que pose le terrorisme, les Etats ont réagi, mais chacun à sa manière, en prenant des mesures nécessaires en fonction de leur propre système juridique. Leurs objectifs sont de renforcer la répression, de faciliter le travail des enquêteurs et de rendre les jugements plus rapides. Le plus souvent, de nouvelles lois pénales ou de nouveaux textes ont été adoptés par les Parlements dans plusieurs Etats pour lutter contre ce phénomène international. Les réponses juridiques des droits nationaux restent jusqu’à présent les véritables instruments de lutte contre les actions terroristes. Elles sont l’occasion d’approfondir les réflexions sur les motivations profondes des terroristes, leurs méthodes et leurs objectifs. Elles permettent de réprimer le financement des mouvements terroristes et le blanchiment d’argent, en se basant sur les directives internationales du GAFI et du Comité Contre le terrorisme (CCT). Mots clefs en français : Lutte antiterroriste, légitime défense, agression armée, coopération européenne, menace terroriste, approches et lacunes juridiques.

    Lison Ducastelle, L'IRA, thèse soutenue en 2011 sous la direction de Valérie Peyronel, membres du jury : Wesley Hutchinson, Thierry Dubost et Agnès Maillot    

    L’Irish Republican Army (IRA), le principal groupe paramilitaire républicain, fut fondé en 1969. Dès lors, il lutta contre la présence britannique en Irlande du Nord et pour la réunification de l’île d’Irlande. Le désarmement de l’IRA, considéré comme irréalisable jusqu’en 2001, s’accomplit pourtant bel et bien entre 2001 et 2005 dans le cadre du processus de paix. Le 26 septembre 2005, l’IRA avait officiellement déposé les armes. Quels mécanismes avaient alors permis, au sein du processus de paix nord-irlandais, d’aboutir à la "mise hors d’état de nuire" de l’arsenal de l’IRA qui déclarait pourtant encore en 1998 qu’il n’accepterait pas de rendre les armes ? Comme l’annonce le titre de cette thèse, trois questions sous-tendent notre analyse : quels étaient les enjeux de l’abandon de la violence et du désarmement pour l’IRA et le Sinn Féin durant tout le processus de paix ? Quelle était la portée symbolique du désarmement pour le groupe armé clandestin et pour le mouvement républicain dans son ensemble ? Enfin, quels mécanismes, tant diplomatiques que psychologiques, avaient pu convaincre l’IRA d’abandonner la violence puis de désarmer ? À la demande du groupe clandestin, la nature du dispositif de désarmement et le nombre d’armes détruites demeurent confidentiels. Cette étude ne prétend donc pas révéler des secrets d’État, mais bien de mettre en évidence la dynamique du processus qui a mené l’IRA de la violence armée à l’abandon des armes.

    Hélène Hamayon-Alfaro, Les arts communautaires à Belfast de 1979 à 2006 : de la marge au consensus ?, thèse soutenue en 2009 à Paris 3 sous la direction de Wesley Hutchinson, membres du jury : Valérie Peyronel, Eamonn Hughes et Martine Pelletier    

    Ce travail de recherche explore les raisons et les enjeux de l’essor des arts communautaires à Belfast de 1979 à 2006. Il a pour objectif de mettre en relief une interdépendance entre les stratégies déployées pour résoudre le conflit nord-irlandais et le développement des arts communautaires. Nous avons, dans un premier temps, analysé le contexte dans lequel les arts communautaires ont émergé à Belfast. Nous avons, ensuite, étudié en parallèle le développement des stratégies mises en œuvre tant sur le plan national qu’européen et l’essor des arts communautaires. Principalement présents dans les quartiers catholiques, les arts communautaires ont d’abord été l’expression d’une résistance aussi bien artistique que politique. Au cours des années 90, le regard que les milieux décisionnels portent sur les arts communautaires évolue, notamment sous l’impulsion de l’Europe dont les Programmes pour la Paix et la Réconciliation encouragent la participation des habitants à des projets variés. Identifiés comme moteur de changement, les arts communautaires apparaissent en mesure de répondre aux attentes gouvernementales et européennes en termes de construction de la paix, de cohésion sociale, de relations communautaires et de développement économique. Dans un contexte de sortie de conflit, la municipalité de Belfast, désireuse de transformer l’image de la ville et de s’ouvrir sur l’extérieur, place les arts et la culture au cœur d’une stratégie de reconversion urbaine.

    Pascaline Gaborit, La confiance après un conflit civil , thèse soutenue en 2009 à Lille 2 sous la direction de Élise Féron  

    Comment contribuer à la reconstruction sur le long terme des sociétés fortement ébranlées par des conflits sanglants et qui se trouvent dans des périodes de déstructuration/restructuration ? A la fin des conflits civils, les populations qui ont survécu dans des pays dévasté s par la guerre, connaissent un manque de confiance envers les institutions publiques émergentes mais aussi au sein de la société civile et au niveau social ou interpersonnel. Le concept de confiance est un terme transversal kaleidoscopique et polysémique, dont les différents sens peuvent servir d'outil d'analyse des situations de post-conflit (Möllering 2006 ; Khodyakov 2007). C'est aussi un terme transversal au sein des sciences sociales. Dans un contexte de reconstruction et d'instabilité politique, ponctué d'éruption de violences sporadiques ; cette étude cherche à montrer comment la confiance et un paramètre central de compréhension des situations de post-conflit. L'étude va au-delà de la littérature existante en ajoutant des résultats d'enquête de terrain : à savoir 308 entretiens effectués dans les trois pays d'étudiés : le Cambodge, le Mozambique et la Bosnie-Herzégovine. L'étude propose aussi quelques pistes de réflexion sur l'intervention des organisations internationales dans la construction de la paix et de la justice

    Malika Ghemmaz, Des Portugais en Europe du Nord , thèse soutenue en 2008 à Lille 2 sous la direction de Sylvie Strudel  

    La recherche vise à définir la relation au vote des ressortissants portugais résidant dans des Etats membres de l’Europe du Nord. La mise en place de la citoyenneté de l’Union européenne nous a donné l’opportunité d’interroger les pratiques électorales, les représentations politiques et les appartenances identitaires des Portugais. Après avoir présenté les recherches relatives à l’immigration portugaise en Europe du Nord, nous avons exposé le choix méthodologique de la monographie et de la comparaison internationale (France, Belgique, Luxembourg). A partir de notre étude de terrain, nous avons montré que le comportement électoral des Portugais repose sur des déterminants contextuels et individuels. Plusieurs modèles de participation ont été construits pour rendre compte de la diversité et de la complexité des rapports des Portugais à la politique

    Lucien Fidèle Toulou, Des usages du multipartisme , thèse soutenue en 2005 à Bordeaux 4 sous la direction de Jean-François Médard  

    Comment se comportent les élites face au multipartisme ? Le maintien au pouvoir des dirigeants des anciens régimes autoritaires n'est-il que l'expression de l'échec des sociétés africaines à s'ouvrir à la démocratie ? Ce travail tente d'y répondre à partir d'une étude des logiques de reproduction des élites au Cameroun et au Kenya, deux cas exemplaires de transitions post-autoritaires hybrides dans lesquelles la mise en place de régimes électoraux multipartites n'a pas mis fin à l'emprise de l'ancien parti unique sur la vie politique. Mieux qu'une simple modalité de survie, la reproduction des élites se présente, ici et là, comme la création continuée d'un mode de domination fondée notamment sur l'instrumentalisation des clivages ethniques et l'échange inégal dans la redistribution des ressources de l'Etat ; c'est l'un des usages, une des manières par lesquelles les élites s'adaptent au multipartisme. Si la revendication anti-autoritaire a mis en crise les régimes politiques camerounais et kenyan, le retour au multipartisme leur a en revanche permis de réinventer le parti unique par d'autres moyens. Un tel mode d'appropriation de la rhétorique démocratique est porteur de pluralité et de créativité cependant qu'il souligne la nature ambigüe des changements en cours depuis le début des années 1990. Entre la tentation d'un retour au monopole politique que manifeste la transformation de l'ancien parti unique en parti dominant et les effets émergents d'une lbéralisation ayant des bienfaits déguisés et des conséquences inattendues, l'un des défis majeurs des régimes hybrides, dans les deux pays comme ailleurs, est celui de l'habituation à la réalité du pluralisme.

    Thierry Sellin, Le domaine réservé du président de la Ve République, chef des armées (1981-2002), thèse soutenue en 2003 à Brest sous la direction de Pascal Jan  

    Le dualisme instauré par la Constitution de 1958 est selon Georges Burdeau un dualisme entre l'Etat et la démocratie. La restauration du pouvoir d'Etat est une des caractéristiques essentielles de ce système constitutionnel où l'incarnation par le chef d'Etat fait face à la démocratie dont la représentation institutionnelle s'exprime par l'Assemblée nationale. L'affaire algérienne mit entre parenthèses l'aspect parlementaire de la Constitution du fait de ce que Léo Hamon appelait la "suppléance " du général de Gaulle. De là est née la théorie contestée du "domaine réservé" en matière de défense et de diplomatie. Au-delà de ses compétences formelles et de ses pouvoirs propres, le chef de l'Etat empiétait sur les pouvoirs réels du Premier ministre. La victoire d'un président de gauche en 1981 pouvait-elle remettre en cause ce tropisme que certains considéraient comme conventionnel ? L'usage présidentialiste, par delà le texte constitutionnel, de cette pratique institutionnelle par le président Mitterrand confirme et développe le rôle et la fonction du représentant du pouvoir d'Etat. Paradoxalement, ce sacre confirmatif d'une pratique "contra legem" rendu possible par la grâce de l'alternance et par l'abandon prévisible des derniers réfractaires signifie sans doute l'altération programmée du concept. Renforcé par la première cohabitation, cet exercice orienté de l'arbitrage entre, avec la première majorité relative de la Ve République et la cohabitation de "long terme", dans une spirale où les variabilités de l'environnement institutionnel interne et externe conduisent à une dévitalisation de cette convention d'essence moniste légitimant le principat.

    Bernard Schwengler, Le vote Front national en Alsace , thèse soutenue en 2002 à Université Robert Schuman Strasbourg 19712008 sous la direction de Renaud Dorandeu  

    Le projet d'étudier le vote Front national en Alsace découle des scores élevés obtenus par J. M. Le Pen aux élections présidentielles de 1988 et de 1995 dans cette région ainsi que de l'interprétation " identitaire " qui fut faite de ce vote. La démarche utilisée pour cette étude consiste en l'analyse des entretiens effectués auprès de 22 électeurs ainsi qu'en l'examen des résultats électoraux étudiés dans leur cadre spatial. Le vote Front natonal émane de personnes dont le discours principal est un discours hétérophobe et protestataire. Ces électeurs raisonnent par catégories en opposant les membres de l'ingroup aux membres de l'outgroup sur la base d'nne ethnicisation des problèmes économiques et sociaux. . Ces électeurs développent également un discours protestataire marqué contre les Institutions (hommes politiques, justice, presse etc. . . ) Le degré d'adhésion de ces électeurs au Front national ou à ses idées est variable et s'exprime par des propos qui sont parfois contradictoires et qui montrent que ces électeurs s'efforcent de concilier une position d'attirance d'une part et de rejet d'autre part par rapport au Front national. Le fort vote rural alsacien pour le Front national, qui a en tendance à être opposé au vote Front national dans la France dans son ensemble, correspond à un vote onvrier et il est la conséquence du fait que les zones rurales sont en général davantage ouvrières que les zones urbaines et notamment que les centres--villes. Un tel vote rural ouvrier pour le Front national peut également être observé dans d'autres départements de l'est de la France. Par aillenrs il semble important d'analyse les scores élevés du Front national en Alsace dans le cadre du particularisme politique alsacien--mosellan tel qu'il existe depuis 1871, notamment du point de vue de la forte prédominance de la droite et du ceutre dans cette région depuis 1945 ainsi que de la faiblesse électorale de la gauche.