ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Cécile Capot, La bibliothèque et les archives de l'École française d'Extrême-Orient : de la constitution à la crise de la décolonisation (1898-1959), thèse soutenue en 2022 à Université Paris sciences et lettres en co-direction avec Andrew David Hardy présidée par Emmanuelle Chapron, membres du jury : Phuong Ngoc Nguyen (Rapp.), Sophie Cœuré (Rapp.), François Guillemot      

    En 1898, le besoin des orientalistes français de se doter d'une bibliothèque et d'une institution relais en Asie afin de collecter et d'étudier in situ les sources aboutit à la création de la Mission archéologique permanente de l'Indochine. Rebaptisée École française d'Extrême-Orient (EFEO) en 1900 et rapidement installée à Hanoi, l'institution naît dans le contexte politique de la colonisation française et dans celui du renouvellement de la méthode scientifique. Le travail de l'EFEO, fondée et longtemps dirigée par le chartiste Louis Finot (1864-1935), puis la décolonisation, ont façonné de nouveaux paysages documentaires en Indochine et de nouveaux rapports à l'écrit. L'étude du rôle scientifique, social et politique de la bibliothèque, à diverses échelles et au bénéfice de divers acteurs, converge vers un constat : la bibliothèque est un outil de légitimité, que ce soit pour l'institution, ses agents, le pouvoir français et les jeunes États en formation. À travers l'étude de cas de la bibliothèque et des archives de l'EFEO, ces travaux conduisent ainsi à se demander comment la France gagne et essaie de maintenir sa légitimité politique et scientifique en Indochine.La première partie de la thèse se rapporte à la construction de l'EFEO et de la bibliothèque. Elle se penche sur les logiques de constitution des collections et les stratégies mises en place pour y parvenir. Elle traite de la place et de la vocation de l'École dans l'environnement administratif, culturel et scientifique en Indochine, ainsi que de sa place dans la ville d'Hanoi et dans la société coloniale. Après la conquête militaire, l'EFEO, organe de l'administration, s'inscrit dans une politique de conquête des populations qui passe par la culture, l'éducation et la science. Au sein de cette politique de consolidation du nouveau pouvoir, l'institution n'est pas qu'un outil de l'administration : elle fait, elle aussi, de la politique, dans son domaine d'activité, la science, et la quête des documents sert un certain pouvoir.La seconde partie propose une vue de la bibliothèque et des archives de l'intérieur, en examinant son administration - de ses acteurs (personnel et usagers) à la gestion des documents. Elle rend compte du travail intellectuel réalisé à la bibliothèque, des relations (non uniquement verticales) entre les chercheurs et les agents asiatiques, auxiliaires de ces derniers. Cette partie pose aussi la question du rapport aux documents bibliographiques et aux archives, pour les chercheurs, l'institution et le public extérieur.La troisième partie se penche sur la gestion de la bibliothèque et des archives en temps de crise et met en relief les enjeux politiques et diplomatiques qui s'attachent aux documents en période de turbulences. Durant les temps troublés que traverse l'EFEO, de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Indochine à son départ définitif d'Hanoi en 1959, les collections se muent en patrimoine. Elles revêtent un enjeu identitaire pour les territoires en quête d'indépendance. Du côté français, le maintien de la bibliothèque permet celui de l'institution et donc celui des tractations politiques. Si les collections sont plusieurs fois disputées et manifestent la rupture entre la France et le Vietnam, elles sont aussi source de continuité. Elles symbolisent une permanence institutionnelle, notamment à l'arrivée du siège à Paris où certaines d'entre elles sont rapatriées, ainsi que la possibilité d'une perpétuation scientifique au Vietnam, où une partie de la bibliothèque est transférée et où demeurent ses anciens bibliothécaires.Des remises en perspectives bibliothéconomiques et archivistiques traversent enfin toute la thèse. Qu'apporte à l'histoire des bibliothèques et des archives l'étude de l'EFEO, institution éloignée de la métropole, où se formalisent les pratiques professionnelles et dont le cœur de métier est la recherche ? Quel rôle a-t-elle joué dans la diffusion de ces techniques professionnelles en Indochine ?

    Julie Maurice, Le charbon et l'escarbille : genèse et histoire du statut du personnel cheminot, de la seconde moitié du XIXe siècle à la veille de la Seconde Guerre mondiale, thèse soutenue en 2019 à Paris Ecole nationale des chartes sous la direction de Pascal Griset présidée par Andrea Giuntini, membres du jury : Agnès d' Angio-Barros (Rapp.), Christophe Bouneau et Christian Chevandier      

    Le statut du personnel de la SNCF est régulièrement remis en cause depuis les années 1980. De nombreuses idées reçues, parfois très caricaturales, sont véhiculées à son sujet. Cette thèse de doctorat propose de déconstruire la mythologie qui entoure le statut du personnel des cheminots français des grands réseaux, puis de la SNCF, à travers l’étude de sa genèse, de son histoire, de la seconde moitié du XIXe siècle à la veille de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que de sa mémoire. Cette thèse entend saisir la réalité mouvante des règles déterminant les conditions d’emploi, de travail et de retraite des cheminots, mettre en lumière les logiques processuelles et contextuelles qui caractérisent leur évolution sur le long terme, et interroger, au prisme de l’identité de la corporation, les discours et représentations qui leur sont attachés. Ce travail de thèse a été réalisé à partir des archives des compagnies et de la SNCF, des archives des administrations publiques et policières, des archives syndicales et parlementaires, de la presse, de traités techniques et juridiques, d’œuvres littéraires et de témoignages personnels (mémoires, discours, journaux politiques).

    Mohammed Ali Tawaf, L'évolution de la politique d'archivage au Yémen, des origines (années 1960) jusqu'aux évolutions technologiques actuelles, thèse soutenue en 2019 à Paris Ecole nationale des chartes présidée par Michel Tuchscherer, membres du jury : Mokthar Ben Henda (Rapp.), Éric Vallet (Rapp.), Patrick Arabeyre      

    Pendant plusieurs siècles, le Yémen n’a pas porté d’intérêt institutionnel à ses archives, étant isolé du monde extérieur à cause de l’occupation ottomane au nord du pays et de l’occupation britannique au sud. Depuis la révolution de 1962, le besoin de disposer d’archives bien organisées et accessibles est apparu et la création du Centre National des Archives en 1991 a permis d’améliorer considérablement la situation. L’objectif de cette thèse est d’étudier l’intérêt que l’État yéménite a porté au patrimoine archivistique. Elle rappelle l’histoire et le développement de l’archivage dans les ministères et les institutions gouvernementales yéménites depuis la révolution de 1962 jusqu’à aujourd’hui. Elle présente la création des Archives nationales, avec l’aide de partenaires internationaux notamment l’UNESCO et l’ICA, la direction des archives de France et les Archives nationales de Tunisie. Elle explore aussi la façon dont les nouvelles technologies appliquées aux archives permettent aux chercheurs et aux citoyens d’y accéder. Elle présente l’organisation des archives courantes et intermédiaires dans les institutions qui s’est imposée comme un concept et une pratique depuis la création du Centre National des Archives. C’est autour de ses activités et de ses applications qu’ont été élaborées l’observation, l’enquête, la réflexion et certaines propositions. Les problématiques de la thèse s’articulent autour de cinq points : - L’histoire et l’organisation administrative du Yémen- La tradition archivistique au Yémen avant la réunification de 1990- Les origines et le développement du Centre national des archives (CNA)- Les missions, le fonctionnement et l’évaluation du CNA (de 1994 à aujourd’hui)- La fonction archives chez les producteurs (institutions gouvernementales)Les événements survenus au Yémen depuis 2011 ont malheureusement remis en cause toutes ces avancées. Ils ont tari les principales sources de financement de l’État et détruit une partie des fonds et des bâtiments, entraînant une paralysie complète du CNA.

    Marie Ranquet, L'accès aux archives publiques en France. Le droit et la pratique vus par les archivistes depuis 1979, thèse soutenue en 2016 à Paris Ecole nationale des chartes présidée par Katia Weidenfeld, membres du jury : Marie Cornu (Rapp.), Patrice Marcilloux (Rapp.), Isabelle Rambaud (Rapp.)  

    L'archivistique française est encadrée par plusieurs textes, certains à portée législative, d'autres réglementaire, les premiers d'entre eux remontant à la Révolution française: la loi du 7 messidor an II édicte le principe de l'accès libre du citoyen aux titres conservés. Ce principe est encore bien éloigné du droit d'accès du citoyen à l'information publique, qui émerge réellement avec la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 et le contexte des lois de « 3e génération des droits de l'homme ». Les dispositions de la loi de messidor sont amendées dès le XIXe siècle afin de protéger les intérêts de l'État et des familles. La loi de messidor est abrogée par la loi n°79-18 du 3 janvier 1979, qui pour la première fois pose le principe des délais de communicabilité aux archives publiques dans la loi. La loi de 1979 est abrogée par la loi n°2008-696 du 15 juillet 2008 qui intervient à la suite de vives polémiques surl'accès aux archives de la Seconde guerre mondiale en particulier : si l'existence même des secrets n'est pas remise en cause, l'échéance à laquelle ces secrets doivent pouvoir être levés fait débat.Malgré une idée répandue, des restrictions de plus en plus fortes se font jour sur la possibilité d'accéder aux archives. Des régimes spéciques d'accès comme le secret défense ou le secret médical deviennent peu à peu incompatibles avec le droit général d'accès aux archives.La loi de 2008 suscite de nombreuses interrogations pratiques de la part des archivistes, confrontés à la fois à une modification des délais de communicabilité et à un changement de méthode, la communicabilité étant désormais définie par la sensibilité des informations contenues dans les documents.

    Xavier de Saint-Chamas, Etude biographique et recherche sur les écrits personnels de Jacques de Saint Pardoux, officier d'artillerie, thèse en cours depuis 2016 

    Charles Riondet, Le Comité parisien de la libération et les comités locaux de libération de la Seine, thèse soutenue en 2015 à Paris 8 sous la direction de Danielle Tartakowsky présidée par Laurent Douzou, membres du jury : Claire Andrieu (Rapp.), Philippe Nivet et Philip G. Nord    

    Le Comité parisien de la libération est l'institution chargée de coordonner les efforts de la Résistance et préparer la prise du pouvoir dans le département de la Seine. Créé en octobre 1943, le CPL est pendant toute son existence tiraillé entre prérogatives locales et dimension nationale de son territoire. Les contradictions propres à la coordination de forces aux objectifs et pratiques divers, parfois contradictoires, façonnent également l'action du CPL, en particulier les oppositions entre communistes et non communistes. Le CPL est également soumis à la surveillance de tutelles nationales, le CNR et la Délégation générale du CFLN. Au cours de l'insurrection d'août 1944, ces contradictions menacent de briser l'unité au sein du CPL, qui connaît alors la plus grave crise de son existence.Toutefois, le CPL est le principal architecte de la prise du pouvoir dans les mairies de Paris et de banlieue. Le CPL pousse à la création des comités locaux de libération dans chaque arrondissement et chaque commune du département qui, entre le 19 et le 24 août 1944, s'emparent du pouvoir municipal sans difficultés ce qui représente une incontestable réussite politique.Un bouleversement suit cette insurrection puisque le CPL et les CLL deviennent des acteurs de la restauration des institutions républicaines et dépositaires de l'autorité publique dans un contexte difficile. Les élections municipales d'avril-mai 1945 marquent la fin de leur existence officielle. Malgré la volonté de certains d'entre eux de continuer à être des inspirateurs du pouvoir politique, leur rôle se réduit alors progressivement jusqu'à disparaître ou devenir des associations portant la mémoire de la Résistance.

  • Damien Hamard, Des paléographes aux archivistes, l'Association des archivistes français au coeur des réseaux professionnels (1970-2010), thèse soutenue en 2015 à Angers sous la direction de Patrice Marcilloux présidée par Sophie Cœuré, membres du jury : Yvon Lemay (Rapp.), Bénédicte Grailles    

    Depuis le début des années 1970, le système archivistique français doit s’adapter à d’importantes transformations juridiques et administratives, faire face à l’émergence de nouvelles demandes sociales tout en s’appropriant les mutations technologiques. Dans ce contexte, l’Association des archivistes français – principale association professionnelle du secteur – parvient, à la faveur d’un processus d’ouverture progressif, à être représentative de l’ensemble des acteurs tant publics que privés. Pour autant cette ouverture s’accompagne de résistances internes et s’effectue au prix d’une complexification de la structure associative.Sur la base d’un modèle associatif unitaire – défini et caractérisé dans ces travaux – l’association réussit, par ses publications, ses réalisations et ses formations, à alimenter la doctrine archivistique française en lien, puis en marge, du réseau institutionnel des archives, en limitant toutefois son apport à une forme d’archivistique appliquée. La réalisation d’un modèle de compétences caractérise bien l’activité de l’association et contribue à la positionner en prescripteur de critères de professionnalité.Tandis qu’elle s’attache à s’affranchir de la tutelle administrative, scientifique et technique de la direction des Archives de France, l’Association des archivistes français tente de peser dans les débats qui touchent la profession. Mais peu encline aux techniques de communication et d’influence, et risquant les limites de sa propre unité face à un ensemble de problématiques dichotomiques, l’association en vient à être dépassée par des communautés partenaires qui maîtrisent mieux qu’elle ces méthodes.

    Mathilde Regnaud, Contribution à l'étude du processus décisionnel au PCF : les notes de bureau politique de Maurice Thorez (1947-1964), thèse soutenue en 2013 à Paris 1 sous la direction de Denis Peschanski présidée par Frédérique Matonti, membres du jury : Marc Lazar (Rapp.), Claude Pennetier    

    Entre 1947 et 1964, Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français, assiste à 381 réunions du Bureau politique et prend des notes pendant la plupart d'entre elles. Présentant une édition critique des notes de cinq années cruciales pour le PCF, ce travail définit le rôle du Bureau politique comme groupe dirigeant dans le processus décisionnel au sein du parti communiste français. Il s'est agi de montrer comment, en s'appuyant sur les notes de Maurice Thorez et en les mettant en relation avec les autres sources disponibles, le Bureau politique joue le rôle de médiateur à la direction du PCF. Composé de dirigeants sélectionnés selon des critères précis spécifiques à une organisation communiste, loyaux envers l'URSS et leur secrétaire général, il se réunit au moins une fois chaque semaine pour traiter principalement de l'actualité politique, intérieure comme extérieure, mais aussi du mouvement communiste international, ainsi que des sujets de prédilection du parti communiste: mouvement de la paix, luttes syndicales et catégories sociales par exemple. Même si, souvent, la ligne est tracée par l'URSS, Maurice Thorez se charge de l'adapter au cadre national et il a besoin, pour ce faire, du Bureau politique. Celui-ci nourrit et enrichit sa réflexion, lui sert de vecteur de transmission. Il est une interface indispensable entre le secrétaire général, relais du mouvement communiste international, et la base militante communiste représentée par le Comité central.

  • Yujue Wang, Archives, pouvoir et société : la communication et la valorisation des archives en Chine et en France dans la deuxième moitié du XXe siècle, thèse soutenue en 2014 à Paris Ecole nationale des chartes sous la direction de Bruno Delmas, membres du jury : Marianne Bastid-Bruguière et Patrice Marcilloux      

    La présente thèse se propose de mettre en valeur le développement d’une archivistique chinoise moderne et de l’usage social des archives depuis le milieu du XXe siècle, à la lumière de l’évolution de l’État et de la société. La thèse comporte cinq chapitres. Le premier est un rappel de l’histoire politique de la Chine et de son impact socioculturel sur les archives et le métier d’archiviste. Le deuxième présente l’évolution de l’archivistique chinoise, afin d’expliquer le contexte dans lequel s'établissent la communication et la valorisation des archives. Le troisième traite des origines et de la formation de la législation archivistique en Chine à l'époque contemporaine : législation archivistique générale et spécifique, se rapportant à la communication. Il s’agit d’une base essentielle dans le domaine de la communication des archives. Le quatrième chapitre présente une étude des politiques de communication des archives en Chine et donne des éléments de comparaison avec la situation en France, allant jusqu’au fonctionnement des salles de lecture – lieux où les archivistes et leurs « clients » se rencontrent et où s’appliquent les textes législatifs et réglementaires. Le dernier chapitre aborde le problème des relations entre les archivistes et le public, qui s’établissent et se développent notamment dans le cadre d'activités culturelles, principaux moyens de valorisation des archives conservées : publications, expositions, sur site et en ligne.

    Nathalie Sage Pranchère, L’école des sages-femmes. Les enjeux sociaux de la formation obstétricale en France, 1786-1916, thèse soutenue en 2011 à Paris 4 sous la direction de Olivier Faron présidée par Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, membres du jury : Jean-Pierre Bardet et Jacques Gélis    

    Dans les années 1780, une nouvelle politique française d’encadrement de la naissance choisit lasage-femme comme intermédiaire privilégié entre les attentes médico-administratives et lapopulation. Officialisé par la loi du 19 ventôse an XI sur l’exercice de la médecine, le métier desage-femme n’a plus dès lors qu’un point d’entrée possible et admis : la formation obstétricale.La thèse étudie le consentement des sages-femmes à leur mise en formation, sa chronologie et sesmodalités. Elle aborde la question de la part dans l’évolution de la profession et son renforcementau fil du siècle des dynamiques externes (État, administration, corps médical) et internes (sagesfemmeselles-mêmes). Ou comment les auxiliaires sans instruction de la naissance à la fin duXVIIIe siècle se muent en une profession médicale unifiée au début du XXe siècle.Au-delà, ce travail montre comment l’organisation administrative de la formation, les politiquesde recrutement et la forme des cours participent à la construction d’un nouvel agent sanitaire : lasage-femme qui se retrouve à assumer tour à tour les fonctions d’accoucheuse, de vaccinatrice, demédecin des pauvres ou encore de puéricultrice.En un siècle, les deux-tiers des départements français ont fondé un cours ou une écoled’accouchement. En un siècle, ce sont près de 45 000 sages-femmes qui ont été formées etdiplômées. Cette étude est celle de la construction d’une identité et d’une conscienceprofessionnelle permise par la formation obstétricale.