Présentation de l’éditeur
Quel juriste, ancien ou moderne, privatiste ou publiciste, n’a pas été confronté aux célèbres adages d’Antoine Loisel ? Cette figure majeure de l’humanisme juridique, formé par La Ramée et Cujas, a profondément marqué l’histoire du droit et de la pensée juridique par ses célèbres Institutes coutumières. Ce chef-d’œuvre de la littérature juridique réunit neuf cent huit maximes dont la concision et la sonorité charmante, confinant parfois à la poésie, tranche avec la rudesse et l’âpreté des règles qu’elles dissimulent. Certaines résonnent encore dans les facultés de droit, qu’elles soient employées par les enseignants pour faire comprendre aux étudiants quelque coriace raisonnement juridique ou par les chercheurs pour situer un problème de droit dans la longue tradition juridique. Les Institutes coutumières s’inscrivent dans une œuvre bien plus vaste et foisonnante, l’œuvre d’une vie consacrée à l’écriture et faite d’une multitude de plaidoyers, de harangues, de mémoires ou de remontrances. Elle montre un Loisel plus politique, tout dévoué au pouvoir royal, qu’il considère comme le seul à même de reconstituer l’unité d’une Nation déchirée par les querelles religieuses. Le droit occupe une place essentielle au sein de ce processus. Derrière les adages et les maximes transparaît une certaine vision du droit coutumier dont le Beauvaisien, dans la lignée de juristes comme Du Moulin ou Coquille, voudrait montrer qu’il est commun à l’ensemble d’un royaume alors marqué par la diversité et le morcellement juridique.
Avant-propos de Cédric Glineur