Présentation de l'éditeur
De toutes les justices, la justice pénale est sans doute celle dont on attend le plus qu’elle réponde au sentiment d’injustice. Non seulement l’infraction constitue un trouble à l’harmonie sociale, mais en outre, la peine a-t-elle vocation à y répondre, en restaurant les équilibres rompus. Reconnaître le mal causé à la société et aux victimes, le rendre symboliquement à l’auteur de l’infraction tout en préservant la collectivité aux maux futurs, telle est l’œuvre de la justice pénale indéfectiblement vouée à l’apaisement des cœurs et des esprits. La justice rendue n’est cependant pas toujours celle qu’on attend. Il y a bien sûr les faits restés impunis, en raison de leur méconnaissance, leur ancienneté, le manque de preuves. Mais il y a également les vérités qui lui échappent, même si elles en sont dérivées ; celles dont on a besoin pour comprendre, se reconstruire, se réconcilier ; celles dont on veut se saisir comme une alerte pour les générations futures. Ces carences ou impossibilités nourrissent le sentiment d’injustice, d’autant plus fortement que le rapport aux institutions est en pleine mutation. Parce qu’on la veut « démocratique », la justice pénale devrait en effet entendre ces revendications, si ce n’est en les intégrant à son fonctionnement, du moins en organisant leur cohabitation.
Cahiers Jean Monnet , Vol. 13 , 162 pages. 20,00 €