Information transmise par N. Ghermani
Image et Droit III
Du refus à la régulation des images
Table ronde
Université Grenoble II / Ecole française de Rome
23-25 novembre 2015, Piazza Navona, 62 – Rome
organisé par Naïma Ghermani et Caroline Michel d'Annoville
Présentation
Cette dernière table ronde entend revenir sur le refus et la régulation des images, un thème qui a pris, ces derniers mois, une ampleur toute singulière.
En février 2015, l'attaque contre le musée de Mossoul et contre plusieurs oeuvres issues du patrimoine irakien provoquèrent la stupeur et l'incrédulité dans la presse et sur les réseaux sociaux. Ces destructions, qui font écho à celles des Bouddhas de Bâmiyân en 2001, témoignaient de la reviviscence d'un iconoclasme aux enjeux et aux contextes nouveaux. Les destructions, elles-mêmes soigneusement mises en image et en scène, ne posaient pas seulement la question de la licéité des représentations, mais désignaient sans fard le refus absolu des images - y compris celles dont les usages cultuels avaient disparu depuis des siècles- comme un signe de ralliement à une interprétation radicale d'un type d'islam. L'indignation qu'elle suscita sembla cependant oblitérer le fait que ces questions s'adossaient à une très longue histoire de la méfiance et de la relégation des images.
C'est cette histoire que la troisième rencontre du projet Image et Droit souhaite évoquer, celle d'une intense défiance que les images peuvent susciter, de l'abondante réflexion sur leur licéité, leur rejet et leur limitation. Quelles étaient celles qui demeuraient autorisées? Comment les restrictions et les régulations d'images pouvaient-elles produire de nouveaux types d'image? Dans un contexte ouvertement hostile à la représentation du vivant, les formes abstraites et l'ornementation furent-elles une des réponses visuelles à ce choix? Les destructions ou les occultations d'images furent-elles l'objet de codifications précises? Comment les destructions d'images entendaient-elles fonder sinon un nouvel ordre juridique qui ne se restreint pas à la simple question des images, du moins une nouvelle normativité des pratiques? Ces questions ne touchent pas seulement les images de culte, mais aussi, pour certaines périodes historiques, les représentations profanes et notamment le portrait dont la régulation ne fut pas seulement posée par les théologiens protestants, mais aussi par les révolutionnaires français qui légiférèrent précisément sur les retraits de certaines figures royales. Elles continuent encore aujourd'hui de préoccuper les représentants des Etats pour l'établissement des papiers d'identité où la question de la définition légitime de la ressemblance constitue l'objet d'une législation tatillonne. En somme, cette table ronde propose de repenser à nouveaux frais la question du droit des images. Il s'agira de voir combien sa limitation est à la fois l'objet et le produit de conflits juridiques, religieux et politiques, conduisant à de nouvelles définitions et de nouvelles élaborations d'images.
Programme
Lundi 23 novembre 2015
14h 30 : Ouverture du colloque : S. Bourdin, C. Michel d'Annoville, N. Ghermani, C. Delage
Recomposer le droit des images : enjeux contemporains
Présidence C. Delage et N. Goedert
15h00 : Emmanuel Alloa, Université de Saint-Gall
La mobilisation de l'aura. L'oeuvre d'art à l'époque de sa déplaçabilité
15h30 : Frédéric F. Martin, Université de Nantes
« Marquées par le droit » : le cadre juridique des images au prisme de ses manifestations visuelles
16h00 : Agnès Maffre-Baugé, Université d'Avignon
La création et la circulation des images confrontées à l'ordre public
Discussion et pause
17h00 : Jean-Michel Bruguière, Université de Grenoble-Alpes
Le « droit » de défiguration et de destruction de l'oeuvre d'art par son créateur ou des artistes tiers
17h30 : Alexis Fournol, Université Paris I-Panthéon Sorbonne
L'enfance dans l'art : l'encadrement juridique de la représentation au musée
Discussion
Mardi 24 novembre 2015
Détruire les images : souveraineté et limitations du corps
de l'antiquité à l'âge de la digitalisation
Présidence A. Stoehr-Monjou, C. Michel d'Annoville, G. Milani
9h30 : David Freedberg, Warburg Institute : Conférence inaugurale
Présentation et discussion : Olivier Christin, Université de Neuchâtel
10h00 : J. César Magalhães de Oliveira, Université de São Paulo
Le rasage d'Hercule : une statue outragée à Carthage au début du V e siècle
10h30 : Hervé Inglebert, Université Paris Ouest-Nanterre
Les statues dans l'espace public et dans l'espace privé : le licite et l'illicite à Byzance et chez les Omeyyades dans la première moitié du VIII e siècle
Discussion et pause
11h30 : Marina Prusac, University of Oslo
The Necessity of Destruction. Damnatio Memoriae explained through a Perspective on the Animism of Roman Portraits
12h00 : Ionna Rapti, Ecole Pratique des Hautes Etudes
Destructive Devotion : Damage as a Devotional Behavior
Discussion et pause déjeuner
Justifier et penser la destruction des images
Présidence O. Christin, N. Ghermani
14h30 : Valérie Hayaert-Vanautgaerden, Paris, Institut des Hautes Etudes sur la Justice
Le portrait lacéré
15h00 : Emmanuel Fureix, Université-Paris XII-Créteil
Réguler l'iconoclasme politique dans une société postrévolutionnaire : le cas de la Restauration
Discussion et pause
16h00 : Silvia Naef, Université de Genève
Images à détruire, images à préserver : la multiplicité des positions des religieux musulmans
16h30 : Dominique Clévenot, Université de Toulouse II
Esthétique de la censure. Sur quelques gestes défiguratifs dans le monde islamique
Discussion
Mercredi 25 novembre 2015
Préserver ou réévaluer l'image ?
Présidence A-L. Connesson, G. Mazeau
9h30 : Sabine Fialon,Université de Montpellier
Virtus et miracles d'images dans l'Antiquité tardive (II e -VI e siècles)
10h00 : Brigitte Miriam Bedos-Rezak, New York University
Beyond Images? Printed Matter and the Feel of the Law (Western Europe XIth-XIVth Centuries)
Discussion et pause
11h30 : Fabian Steinhauer, Frankfurt-am-Main Universität
Censoring the cinema. From pastoral sorrow to cinema law
12h00 : Nathalie Goedert, Université Paris Sud et Ninon Maillard, Université de Nantes
Vérité judiciaire versus vérité médiatique. Les fictions du réel constituent-elles une menace pour la justice ?
Renseignements:
naima.ghermani@upmf-grenoble.fr
caroline.michel-dannoville@upmf-grenoble.fr