Présentation
Depuis plusieurs décennies, certains auteurs de la philosophie classique allemande ont fait l'objet d'un intérêt renouvelé. On connaît, à cet égard, la fortune de la philosophie habermassienne, dans sa reprise de la pensée kantienne et les transformations qu'elle lui imprime. De même, à la faveur, notamment, de ce qui a pu être désigné comme un « Hegel Revival », la fécondité de la pensée hégélienne a été mise en lumière, en particulier concernant les enjeux soulevés par les questions liées à la normativité pratique. Toutefois, ces recours à certains aspects de la philosophie pratique de l'idéalisme allemand ne vont la plupart du temps pas sans une certaine renonciation – voire un abandon et un rejet radicaux – de la conception de la raison qui semble pourtant au cœur de ces pensées et, peut-être, du tournant philosophique qu'elles constituent : celle d'une raison qui, comprise comme faculté de l'universel, a fondamentalement une vocation pratique, normative. Si l'on peut en effet tenir que l'idée d'un primat de la raison pratique est l'un des traits qui caractérise les pensées qui, assumant le tournant critique kantien, sont communément regroupées sous le nom d'idéalisme allemand, c'est précisément les thèses les plus fortes sur la raison et la rationalité qui semblent être mises de côté par beaucoup des réactualisations contemporaines. Celles-ci jugent cette conception de la raison métaphysiquement trop pesante ou se méfient de l'optimisme de la raison et de l'idée de progrès issus de l'Aufklärung. C'est ainsi à un scepticisme de la raison et à un relativisme des valeurs que semble conduire le tournant post-moderne, de telle sorte encore qu'on a pu dire de la raison moderne qu'elle connaissait une véritable crise.
Les journées d'études « Raison et critique » organisées en deux sessions le 23 janvier et les 22 et 23 mai 2025 se proposent de mesurer les conséquences de cette crise au moins apparente et de dégager ses possibles conséquences sur la détermination de la critique comme de la puissance critique de la raison.
Affronter cette crise, est-ce nécessairement renoncer à la raison en un sens fort, c'est-à-dire une raison qui ne soit précisément pas réductible aux raisons (de l'agent) sur lesquelles semble essentiellement se concentrer, notamment, la philosophie contemporaine de l'action ? La crise de la raison moderne doit-elle conduire à reléguer l'intelligence de la pratique et sa critique à de simples raisons, toujours particulières ? Autrement dit, conduit-elle à renoncer à l'exigence de l'universel et à l'ambition qui était celle de la raison pratique à la faveur de simples raisons ? Et quel serait le coût de cette éventuelle renonciation quant au pouvoir critique de la raison dans sa liaison à l'émancipation, c'est-à-dire à sa capacité, en pensant le monde social, à ouvrir les voies de sa transformation ?
Programme
9h45 : Accueil des participants et mot d'ouverture
Quelle raison critique ?
10h00 : Deux hégélianismes post-hégéliens : Theodor W. Adorno et Jean Hyppolite
Frank Müller, Centre Marc Bloch
10h45 : Gillian Rose : Adorno and beyond
William Outhwaite, Newcastle University
11h30 : Pause
11h45 : Habermas : Theory and Diagnoses of the Times
Marcos Nobre, Université de Campinas
12h30 : Pause déjeuner
Critique et pratique
14h30 : Apprentissage, solidarité et critique
Isabelle Aubert, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
15h15 : Un travail socialement nécessaire. Réflexions pour une théorie critique du travail
Katia Genel, Université Paris-Nanterre
16h00 : Pause
16h15 : La raison face au tribunal de l'écologie
Louis Carré, Université de Namur
17h00 : Mot de synthèse et remerciements
17h15 : Fin de la journée
Raison et Critique II
Jeudi 22 (après-midi) et vendredi 23 (matinée) mai 2025
Le programme précis de ces deux demi-journées sera ultérieurement communiqué
Inscription obligatoire : https://evento.univ-paris1.fr/survey/journe-d-etude-raison-et-critique-f7p51p6k
Journées d'études internationales organisées par l'Institut Michel Villey de l'Université Paris Panthéon-Assas, l'ISJPS-CPCS-NoSoPhi de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne