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mardi26nov.2024
mercredi27nov.2024
L’épistémologie : approches pluridisciplinaires, perspectives contemporaines

Colloque

L’épistémologie : approches pluridisciplinaires, perspectives contemporaines


Présentation

 

L'épistémologie a pour objet d'étude les savoirs, non pas pris pour eux-mêmes (c'est là l'objet des disciplines traditionnelles), mais à travers la logique de leur constitution, leurs modes d'acquisition, les pratiques qui leur sont associées. Toutes celles et ceux qui participent à la production des connaissances sont un peu épistémologues dans leur travail quotidien, dès lors qu'ils ou elles mobilisent des outils conceptuels, des paradigmes, des protocoles qui ne se réduisent pas à une norme théorique codifiée. Le propos de l'épistémologie est d'élaborer un discours scientifique pour penser et rendre explicite les rationalités de tous ordres qui structurent cette mobilisation.

De façon générale, l'épistémologie est donc une manière pour la connaissance de se prendre elle-même pour objet. Cette caractérisation est évidemment très large et s'adresse à toutes les disciplines tout en abritant de fait des pratiques épistémologiques variées, tant dans leurs objets que dans leurs méthodes. Le pari du colloque est qu'il est à la fois possible et stimulant de rassembler des intervenants de différentes disciplines, et qu'en dépit des différences entre domaines (ou grâce à elles), il est éclairant d'aborder certaines questions touchant à l'épistémologie à travers une approche pluridisciplinaire.

Le colloque est structuré en deux temps. La première journée, intitulée « L'épistémologie et ses vertus », vise à examiner l'utilité de l'épistémologie, ou plutôt ses différentes utilités, tant celles-ci sont nombreuses et variées.

Les travaux en épistémologie d'une discipline particulière peuvent tout d'abord bénéficier à la discipline de rattachement. Les pères fondateurs de la Mécanique Quantique (Bohr, Heisenberg, Schrödinger) ont, de leur propre aveu, éprouvé le besoin de mener d'authentiques réflexions philosophiques au moment même où ils construisaient la nouvelle théorie, afin de mieux maîtriser ce qu'ils étaient en train de faire et d'en éclaircir à la fois les fondements et les enjeux. L'épistémologie d'une discipline peut également contribuer progressivement à constituer ce qu'on pourrait appeler une épistémologie générale, qui ne serait limiterait pas à une discipline et aborderait au contraire des thématiques transversales, communes à tout un champ, voire à plusieurs champs. C'est ainsi que, par exemple, la notion d'émergence est d'abord apparue dans le cadre de réflexions sur la biologie et sur la psychologie, mais a été ensuite mobilisée dans de nombreuses autres épistémologies, celles de l'économie et de la sociologie notamment. Elle se trouve aujourd'hui au centre de ce qu'on appelle les sciences de la complexité qui regroupent de nombreuses disciplines.

L'épistémologie peut, enfin, apporter des contributions importantes à des questions très générales de philosophie, qui dépassent le cadre des sciences. Les questions classiques en philosophie touchant au réalisme et à l'ontologie (Y a-t-il une réalité extérieure à nous ? Quels sont les constituants du monde ?) peuvent être abordées à l'aide des sciences, en prenant appui sur les progrès de la connaissance scientifique. C'était ce que faisaient la plupart des philosophes à l'âge classique (Descartes, Leibniz, Locke, Hobbes) et qu'une longue tradition de philosophes a continué de faire jusqu'à aujourd'hui. A sa manière, c'est ce geste qu'a reproduit Gaston Bachelard (1883-1962) auquel la deuxième journée, intitulée « L'épistémologie historique : Gaston Bachelard et ses successeurs » est consacrée. A ses yeux, non seulement l'épistémologie peut contribuer à la philosophie, mais elle doit la renouveler en profondeur. La substance, les corps matériels, l'espace, la relation : toutes les notions philosophiques, y compris les plus classiques, devaient à ses yeux être retravaillées à la lumière des connaissances scientifiques. Pour Bachelard, le savoir scientifique est une matière inépuisable que la philosophie doit accueillir et assimiler, à partir des ruptures qu'il produit avec la connaissance ordinaire et des révolutions qu'il connaît régulièrement.

Reprenant une tradition française inaugurée par Auguste Comte, Bachelard a ainsi développé une manière de faire de l'épistémologie qui a perduré en France, en particulier avec les figures de George Canguilhem et de Michel Foucault, et qu'il est courant d'appeler « l'épistémologie historique ».

La deuxième journée du colloque est ainsi consacrée à ce courant en épistémologie, à Gaston Bachelard et à ses successeurs. La postérité de Bachelard est grande en effet, qui a permis d'élargir le champ d'investigation. Alors que Bachelard s'intéressait principalement à la physique, la chimie et aux mathématiques, Canguilhem prenait comme domaine d'investigation la biologie, et Foucault les sciences humaines et sociales. L'épistémologie historique a même fini par se développer au sein de la philosophie anglo-saxonne qui, dominée par les principes du Cercle de Vienne, fut longtemps indifférente à l'épistémologie pratiquée à la manière de Bachelard. Quelques précurseurs, tels que Thomas Kuhn ou Ian Hacking, ont au contraire permis que l'épistémologie historique ne demeure pas limitée aux frontières de la philosophie continentale.

Les interventions de la deuxième journée permettront de montrer le dynamisme de ce courant épistémologique, la variété des champs d'investigation et des disciplines concernées, ainsi que les questions centrales qu'il permet d'aborder. L'épistémologie historique, parce qu'elle est attentive aux pratiques scientifiques, aux sciences telles qu'elles existent effectivement et se développent, permet en eƯet de trouver dans les sciences une matière inépuisable pour de nouvelles considérations.

Le colloque a vocation, enfin, à montrer le type de travaux que l'Institut Fédératif de Recherche en Epistémologie (IFRE) voudrait accueillir et promouvoir. Cet institut, nouvellement créé au sein d'Université Côte d'Azur, regroupe plusieurs laboratoires qui ont des activités de recherche ou d'enseignement en lien avec l'épistémologie. Il a pour mission d'instaurer un espace commun où des chercheurs issus de disciplines variées (mathématique, physique, chimie, économie, droit, sociologie, philosophie…) peuvent se rencontrer et travailler sur des sujets communs. Il s'agit donc d'un institut à la fois pluridisciplinaire dans sa composition et transversal dans ses objets. Le colloque des 26 et 27 novembre 2024 constituera la première manifestation extérieure organisée par l'Institut.

Comité scientifique : Charles Alunni, Richard Arena, Jean-Sylvestre Bergé, Christian Bracco, Sandye Gloria, Uwe Meierhenrich, Jean-Marc Lévy-Leblond, Frédéric Patras, Sébastien Poinat, Ludovic Ragni, Hervé Tiffon.

 

Programme

 

Mardi 26 décembre 2024

 

L'épistémologie et ses vertus

(Amphithéâtre H69)

 

9h30 : Accueil, mot d'introduction

10h00 : Pour une épistémologie analytique du droit : modèles et débats
Frédéric Rouvière, Laboratoire de Théorie du Droit, Université Aix-Marseille

11h00 : Pause-café

11h20 : A propos de deux pionniers de l'épistémologie politique libérale et de leur actualité : Aron et Lippmann
Cyril Hédoin, REGARDS Research Center, Université de Reims Champagne-Ardenne

 

12h30 : Pause déjeuner
(buffet ouvert à tous, avec inscription obligatoire)

 

13h30 : Réflexions sur la notion de connaissance collective en mathématiques
Yacin Hamami, Institut Jean Nicod, ETH Zürich

14h30 : Individuation et adaptabilité dans les systèmes biologiques
Paul-Antoine Miquel, ERRAPHIS, Université de Toulouse

15h30 : Pause

16h00 : Apports de la philosophie de la chimie pour élargir et approfondir la réflexion sur la science, la technique, la connaissance et le vivant
Jean-Pierre Llored, SPHERE, Ecole Centrale de Casablanca

17h00 : Fin de la 1ère journée

 

Soirée

Dîner de gala (réservé aux intervenants et aux membres de l'IFRE)

 

Mercredi 27 Novembre 2024

 

L'épistémologie historique : Gaston Bachelard et ses successeurs

(Salle du Conseil)

 

9h00 : Accueil-café

9h15 : Emile Meyerson. Pas d'épistémologie sans ontologie
Bernadette Bensaude-Vincent, CETCOPRA, Université Paris I-Panthéon Sorbonne

10h15 : L'épistémologie historique face aux sciences sociales
Gerardo Ienna, Università di Verona

11h15 : Pause-café

12h00 : Gaston Bachelard face aux mathématiques
Charles Alunni, Laboratoire Pensée des sciences, Ecole Normale Supérieure

 

13h00 : Pause déjeuner
(Buffet ouvert à tous, avec inscription obligatoire)

 

14h00 : Temps et causalité formelle
Elie During, IRePh, Université Paris Ouest Nanterre La Défense

15h00 : De la refonte épistémologique
Jean-Marc Lévy-Leblond, InPhyNi, Université Côte d'Azur

16h00 : Clôture

 

 

Contact : Jean-Sylvestre.Berge@univ-cotedazur.fr

L'inscription au buffet se fait en remplissant ce formulaire : https://forms.gle/W8WbgFcqPGVjZwyJ9


Colloque organisé par l'Institut Fédératif de Recherche en Epistémologie, avec le soutien de la MSHS Sud-Est, Université Côte d'Azur sous la direction de Christian Bracco, Frédéric Patras, Sébastien Poinat



Université Côte d’Azur
Campus Carlone
98 Boulevard Édouard Herriot
06000 Nice