Présentation
Ces dernières décennies, un phénomène juridique et politique d'ampleur a vu le jour : l'immixtion du droit dans la sphère intime des individus. Cet ouvrage vise à montrer la prise en compte croissante de la dimension psychique des personnes par l'Etat. L'intérêt porté à l'intériorité ne se limite plus à la volonté et à ses déclinaisons, mais s'ouvre désormais à l'identité, au sexe, à la souffrance, à la filiation psychiques comme au libre épanouissement et au bien-être. Désormais, les préjudices d'anxiété ou les troubles de stress post-traumatiques sont juridiquement reconnus, et les comportements psychiques encadrés au même titre que les comportements physiques. Cette évolution marque l'émergence d'un sujet psychique dans la sphère juridique et invite à repenser les usages du corps dans le droit et la science du droit. Cet ouvrage déplace le regard vers la dimension intérieure de la personne et s'attache à identifier, décrire et analyser les normes juridiques visant un fait psychique. Comment sont-elles organisées ? Comment évoluent-elles ? A quelles conditions est-il possible de connaître concrètement un fait par nature non directement observable ? Quels procédés et nouvelles sciences les acteurs du droit mobilisent-ils pour s'en emparer ? Dans quelle mesure l'encadrement juridique des psychismes individuels est-il devenu un enjeu majeur de nos politiques publiques ? L'introduction de la psyché dans le droit d'Etats démocratiques constitue une nouvelle étape décisive de la modernité et la psychépolitique un nouveau versant de la biopolitique contemporaine.
Programme
Conférence de Géraldine Aidan, Docteure en droit public (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Chargée de recherche au CNRS et Directrice adjointe du Centre d'Etudes et de Recherches de Sciences administratives et politiques (CERSA).
Discussion :
Laure Buquet, Doctorante en histoire du droit
Sonia Desmoulin, Directrice de recherche au CNRS
Séance du séminaire général du laboratoire Droit et changement social, CNRS-Université de Nantes