Présentation
Aujourd'hui, la question de l'urgence écologique traverse nos sociétés, comme si nous étions rattrapés par les maux générés par nos révolutions techno-industrielles. Les rapports du GIEC montrent chaque fois que les phénomènes de dégradation de l'environnement sont intrinsèquement liés à nos activités économiques. Certains parlent même de capitalocène ou plus communément d'anthropocène.
Il suffit d'observer, devant nous l'ampleur du phénomène, avec la pollution des océans et de l'eau potable, ou avec la plastification des terres et des organismes, les accidents nucléaires, ou simplement le changement climatique et les vortex polaires, les gaz à effet de serre et les trous dans la couche d'ozone, ou avec les déforestations, les feux de forêts, la désertification, l'érosion et la destruction des sols, l'extinction massive de la biodiversité et enfin avec l'apparition de nouvelles pandémies.
De fait, un tel bilan contraint de plus en plus les démocraties libérales (et illibérales) actuelles à penser (ou à nier) la crise écologique qui bouleverse notre modèle social. Mais rien ne semble tendre vers une écologie politique, qui se présente en sciences sociales comme le cinquième grand discours sur la modernité, après l'anarchisme, le communisme, le socialisme et le libéralisme. Cependant dès son apparition dans le champ politique, dans les années 1980, l'écologie politique a été jugée par une grande majorité des démocraties comme une simple utopie irréalisable, car anti-productiviste et donc contraire à la philosophie du libre marché qui orchestre nos vies quotidiennes. Ce qui fait, que sur le plan du projet politique, l'écologie a été ignorée par le jeu démocratique et républicain de nos sociétés pluralistes. Certes, ce phénomène est systémique, en effet, peu de discours sur la modernité ont résisté à l'hégémonie néolibérale. En revanche, le plus étrange est de voir que l'écologie est encore en 2024 considérée comme une branche des sciences naturelles, au lieu d'être appréhendée comme un projet de société, c'est-à-dire comme une utopie réelle au sens d'Erik Olin Wright.
L'écologie politique est aussi une perspective du possible en dehors du système néo-libéral. L'urgence écologique ouvre sur des nouveaux défis socio-politiques, l'ensemble des champs (sociaux, politiques, scientifiques, artistiques, etc..) et nos sociétés pluralistes sont dans l'obligation, pour faire face au changement, d'élaborer de nouveaux paradigmes, mêlant et entremêlant éthique et dialectique et proposant des scénarii ou des utopies réelles comme alternatives au monde actuel qui s'étiole.
L'objectif de cette journée d'étude organisée par l'Institut de recherche Montesquieu (IRM) est de réunir dans un cadre pluridisciplinaire différents chercheurs (politistes, juristes et économistes) de l'Université de Bordeaux et des chercheurs extérieurs qui travaillent sur ces questions sur les plans philosophique, institutionnel, juridique, politique et économique. Ces regards croisés, ainsi que la comparaison et l'interdisciplinarité ne permettront pas d'imaginer comment nos sociétés peuvent s'adapter sociologiquement, institutionnelle, pénalement, idéologiquement et systémiquement à ce changement, mais d'aborder l'idée que l'écologie politique à venir est l'enjeu démocratique de premier ordre du XXIe siècle.
Programme
10h00 Accueil des participants
10h15 : Introduction et présentation de la journée
Thierry Dominici et Gauthier Simon, Organisateurs
Présence d'un Adjoint(e) de la Mairie de Bordeaux
L'écologie politique dans les institutions : une contestation interne
Droit et économie
10h30 : Le droit, vecteur d'un aggiornamento de la Constitution économique de l'UE ?
Carlos Manuel Alves, Maître de conférences, CRDEI
Le droit pénal face aux mouvements écologistes radicaux
Julien Lagoutte, Maître de conférences, ISCJ
Comment concilier économie et écologie en présence de limites planétaires ?
Sylvie Ferrari, Professeur des universités, BSE
Modération : Alexandre Zabalza, Professeur des universités, ISCJ
11h30 : Pause
Région, économie et écologie
11h45 : Introduction à Bernard Charbonneau. Aux racines de l'écologie politique en France ?
Patrick Chastenet, Professeur des universités, IRM
Biorégionalisme et écologie politique
Thierry Dominici, Maître de conférences, IRM
Modération : Magali Della Sudda, Chargée de recherche CNRS, CED
12h30 : Déjeuner
L'écologie politique hors des institutions : une contestation externe
L'écologie sociale et solidaire
14h00 : Ecologie politique et praxis écologique populaires : les écologies des Gilets jaunes
Magali Della Sudda, Chargée de recherche CNRS, CED
ESS, postcroissance et territoires : l'aile marchante de l'écologie politique ?
Timothée Duverger, Chargé de recherche CNRS, CED
La confédération paysanne
Emmanuel Azé, Elu confédération paysanne
Modération : Sylvie Ferrari, Professeure des universités,BSE
L'éthique et la morale face à l'écologie
15h00 : L'éthique de la Terre face à la morale du Droit
Alexandre Zabalza, Professeur des universités, ISCJ
La conversion écologique : entre dissidence et intégration
Gauthier Simon, Doctorant, IRM
Modération : Patrick Chastenet, Professeur des universités, IRM
15h45 : Pause
16h00 : Table ronde conclusive : Une conciliation de la contestation écologiste interne et externe ?
17h00 : Clôture
Accès libre
Contact Carole Bergerot, Gestionnaire de l'IRM : carole.bergerot@u-bordeaux.fr
Journée d'études organisée par l'IRM, Université de Bordeaux sous la direction scientifique de Thierry Dominici, MCF, IRM-Université de Bordeaux et Gauthier Simon, Doctorant, IRM-Université de Bordeaux