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jeudi27avril2017
vendredi28avril2017
De la démocratie-régime à la démocratie-société

Colloque

De la démocratie-régime à la démocratie-société

Perspectives croisées, entre philosophie politique et sciences sociales.


Présentation

 

« La philosophie et la sociologie, écrit Merleau-Ponty, ont vécu longtemps sous un régime de séparation qui ne parvenait à cacher leur rivalité qu'en leur refusant tout terrain de rencontre, en gênant leur croissance, en les rendant l'une pour l'autre incompréhensible, en plaçant donc la culture dans une situation de crise permanente. Comme toujours, l'esprit de recherche a tourné ces interdits, et il nous semble que les progrès de l'une et de l'autre permettent aujourd'hui de réexaminer leurs rapports ».
Ce texte, rédigé en 1951, n'a rien perdu de sa validité. Le constat d'une ancienne animosité reste aussi pertinent que l'invitation à y échapper. Cela semble particulièrement valide lorsqu'on se tourne vers cet objet à la fois illusoirement circonscrit et constamment insaisissable qu'est la démocratie, concept essentiellement contesté par excellence, comme le remarquait W. B. Gallie à peu près à la même époque.
Maintenant que la démocratie semble l'avoir emporté sur ses adversaires, nous ne cessons de constater que la frustration grandissante vis-à-vis du fonctionnement de son régime institutionnel est accompagnée d'une prolifération de formes et d'expériences qui, tout en se réclamant de ce terme, ne s'inscrivent pourtant pas dans les discours ou les pratiques d'un régime de gouvernement. Ces formes de l'expérience démocratique ont attiré l'attention de certains penseurs qui, au fil de l'histoire, se sont efforcés de penser le phénomène démocratique dans ce qu'il pouvait avoir d'irréductible à sa simple « phase » politique (John Dewey), à savoir le fait d'être, tout d'abord, la « forme » prise par une société, ou la qualité distinctive d'un mode ou d'une forme de vie. C'est le cas notamment de traditions souterraines qui, en France, vont de Alexis de Tocqueville à Claude Lefort, du pragmatisme américain, d'un certain courant post-wittgensteinien, et enfin de plusieurs auteurs s'inscrivant dans le sillon de la théorie critique, comme Jürgen Habermas et Axel Honneth.

Ce colloque se propose d'explorer les chemins croisés qui, à partir de ces traditions, se sont efforcés de penser la démocratie dans ce qu'elle a de plus essentiel, à savoir non pas le fait de nommer un régime politique, mais le fait de décrire un projet de société, une expérience qui s'exprime tout autant dans la forme prise par les institutions sociales et politiques que dans les modes d'interaction qui donnent forme à une société, que ce soit dans les relations de face-à-face ou dans celles entre étrangers, et qui prennent corps à la fois au sein d'une pluralité d'organisation sociales – associations et corps intermédiaires – et dans les espaces anonymes qui sont de plus en plus constitutifs de notre espace public globalisé et virtualisé.

Les interventions viseront à explorer les points de rapprochement et de clivage entre ces traditions, afin de faire émerger les contours d'une manière complexe et originale de penser la démocratie, manière qui demande de repenser en profondeur les rapports entre philosophie, sociologie et histoire, chacune apportant à l'éclaircissement de cet objet sa contribution propre.

 

Programme

 

Jeudi 27 avril

 

Matin : Les formes de la démocratie

 

8h45 : Ouverture du colloque
Manuel Cervera-Marzal et Roberto Frega, Organisateurs du colloque

9h00 : La démocratie comme forme de vie. Réflexion depuis la Théorie critique
Estelle Ferrarese

10h00 : Pause café (salle 9)

10h15 : Démocratie. Le substantif et l'adjectif
Philippe Urfalino

11h15 : Transformer les formes démocratiques : l'articulation de la raison et de la liberté politique chez John Dewey
Just Serrano

12h15 : Déjeuner

 

Après-midi : Justice et constitution

 

14h00 : Nos démocraties ont-elles besoin d'une théorie de la justice ?
Luc Foisneau

15h00 : Que peut vouloir dire "démocratie par la constitution" ?
Dominique Rousseau

16h00 : Pause café (salle 9)

16h15 : Des faits aux normes, des normes aux faits : légitimité démocratique et pensée constitutionnelle chez Tocqueville
Giulia Oskian

17h30 : Fin de la première journée

 

Vendredi 28 avril

 

Matin : La démocratie en acte

 

9h00 : La revendication démocratique pendant la période révolutionnaire française 1789-1795 : penser la cité, penser la société ?
Sophie Wahnich

10h00 : Pause café (salle 10)

10h15 : La discussion publique : une expérimentation civique et pragmatiste à New York dans les années 1920
Daniel Cefaï

11h15 : Saisir les dynamiques de l'engagement à l'échelle des personnes et des situations : approche ethnographique de la démocratie comme expérience
Carole Gayet

12h15 : Déjeuner (salle 10)

 

Après-midi : Le conflit démocratique

 

14h00 : Variétés d'antidémocratie
Sandra Laugier

15h00 : Considérations sur la citoyenneté
Isabelle Aubert

16h00 : Pause café (salle 9)

16h15 : Réflexions sur l'interprétation de la démocratie chez Claude Lefort
Gilles Bataillon

17h30 : Fin du colloque

 

 

Contacts : Roberto Frega (fregarob@gmail.com)
Manuel Cervera-Marzal (manuelcerveramarzal@gmail.com)

Entrée libre


Colloque organisé par le Centre d'Etudes Sociologiques et Politiques Raymond Aron (CESPRA), le Centre d'Etude des Mouvements Sociaux (CEMS) et la mention Etudes Politiques (EHESS)



EHESS, Amphithéâtre Furet
105 boulevard Raspail
75006 Paris