Colloque Organisé par Olivier Camy, CGC, UMR 7366 CNRS-uB et Lukas Macek, Directeur du Campus de Dijon IEP Paris avec le soutien de l'IEP Paris - Campus de Dijon et du CEFRELCO (Centre d'Etude du Fait Religieux Contemporain)
Présentation
On constate aujourd'hui, qu'au sein des communautés de croyants des religions révélées telles l'Islam, des minorités radicalisées prétendent instaurer une souveraineté absolue de la loi divine qui conduit notamment à rejeter l'autorité d'un Etat laïc, protecteur des libertés individuelles. Cette revendication est fondée sur une lecture politisée de la loi divine qui ignore les exégèses traditionnelles fondées sur une rationalité herméneutique et philosophique. Mais, au delà de cette approche extrême, de nombreux signes montrent que le conflit entre loi divine et raison est réapparu au sein même des sociétés occidentales laïques. Ainsi, s'est développé en Europe un débat sur le port d'insignes religieux, sur le respect des interdits religieux relatifs aux usages alimentaires, aux rituels funéraires, etc. Un communautarisme religieux progresse tandis que la laïcité, notamment à la française, se donne un nouvel objectif : limiter, voire contrôler les manifestations extérieures de la liberté religieuse, invoquant la protection de l'ordre public. Dès lors, la cohabitation paisible entre Religion et Etat est menacée.
Admettons que nous vivons aujourd'hui un moment straussien. Leo Strauss affirmait que le conflit entre religion et raison ne saurait être une « affaire classée » et devait inévitablement se réouvrir. Pourquoi ? Selon lui, les victoires des Lumières radicales ou modérées, fondatrices de notre modernité, n'ont été qu'apparentes. Ainsi, il n'a pas été possible de réfuter à l'aide de la science les vérités révélées ou de les renvoyer au règne de l'illusion. On n'a pas non plus réussi à leur donner un sens strictement personnel permettant de confiner leurs effets cognitifs et pratiques à la sphère de la vie privée. Dès lors, le désenchantement du monde n'a peut-être pas eu lieu. Au contraire, se profile un « triomphe de la religion » (Lacan) déversant du sens sur un réel appauvri car essentiellement construit par la techno-science. Cet échec des Lumières pourrait expliquer en partie au plan juridico-politique la fin de la pacification de l'espace public en Occident ou encore la tentative d'étatiser la loi révélée en Orient.
Notre colloque se propose, grâce à une démarche pluridisciplinaire (histoire des religions, histoire du droit, philosophie, droit), d'éclairer la nature et l'origine du conflit contemporain entre raison et loi divine tout en analysant ses répercussions au plan juridique. On pourra ainsi espérer mieux comprendre la remise en cause des formes actuelles de cohabitation entre religion et Etat, notamment à travers le développement de positions radicales telles l'islamisme qui veut imposer le règne d'une loi divine devenue totalitaire.
Programme
9h30 : Accueil des participants
10h00 : Moment historique (histoire, histoire du droit, sciences religieuses)
Le conflit du Moyen Age aux Temps modernes : complémentarité entre doctrine sacrée et philosophie naturelle, coexistence et échanges entre les pouvoirs spirituels et temporels.
La sharî'a : aperçus sur un concept
Mohammed-Hocine Benkheira, Section des Sciences religieuses, EPHE, Sorbonne
Originalité et enjeux de l'encyclique Fides et ratio
Christian Trottmann, CNRS, Université de Tours, CESR, UMR 7323
La religion d'Etat dans le droit pénal moderne
Isabelle Moine-Dupuis, uB, et Frédéric CHARLIN, uB, CREDIMI, UMR 6295
13h30 : Moment juridique (droit, droit comparé)
Le conflit aujourd'hui : crise de la laïcité, place de la religion dans l'espace public, la question de l'existence politique ou sociale à travers une positivité religieuse
Le principe de laïcité, une invention française ignoré
Laurence Baghestani, uB, CREDESPO, EA 4179
Embracing and Rejecting the Divine : The Elusive Presence of Jewish Law in Modern Israel
Nir Kedar, Université Bar-Ilan, Sapir Academic College, Israël
Le principe constitutionnel de séparation entre l'Etat et la religion au Japon
H. Nakashima, Université Yamagata, Japon
16h30 : Moment philosophique (théorie du droit, philosophie)
Vrai ou faux conflit ? Un conflit inévitable ? Relation entre religion et idéologie religieuse
Le conflit loi divine/raison à l'époque des simulacres
Olivier Camy, IEP Paris, uB, Centre Georges Chevrier, UMR 7366
Le religieux dans les limites de la simple raison
Alain David, Collège international de Philosophie – Licra
D'une codification l'autre. L'appel à la loi religieuse saisi par le politique
Bernard Botiveau, CNRS, Université d'Aix-Marseille, IREMAM, UMR 7310
Inscription sur réservation uniquement
Un contrôle des sacs sera effectué à l'entrée
Organisé par Olivier Camy, CGC, UMR 7366 CNRS-uB et Lukas Macek, Directeur du Campus de Dijon IEP Paris avec le soutien de l'IEP Paris - Campus de Dijon et du CEFRELCO (Centre d'Etude du Fait Religieux Contemporain)