Leçon 1 : Introduction : des sociétés en crise
Cette première leçon, introductive, vise à poser le problème qui va courir tout au long quasiment (à l’exclusion de la dernière leçon) de ce cours : la crise du lien social, déclinée sous différentes formes, consécutive au basculement de nos sociétés salariales depuis une quarantaine d’années avec le chômage de masse, de longue durée et la précarisation plus générale du salariat. Elle fournit ensuite les clefs théoriques (les représentations de la stratification sociale) et méthodologiques (l’outil statistique) essentielles pour comprendre les chapitres ultérieurs.
Leçon 2 : Avènement et apogée de la société salariale en crise
Cette leçon historique vise à retracer les grandes lignes des bouleversements que nos sociétés vont connaître à partir de la révolution industrielle, de l’extension du salariat à la construction de l’Etat social en réponse à la naissance de la question sociale, qui est d’abord la question ouvrière.
Leçon 3 : Des sociétés "moyennisées" ?
Les « Trente Glorieuses », et en particulier les années 1970, ont été celles d’une ascension sociale inédite pour les classes moyennes et populaires en termes à la fois pécuniaires avec la croissance du pouvoir d’achat, matériels avec l’accès aux biens de consommation de masse, et en termes de mobilité sociale ascendante, assurant aux enfants des conditions de vie très supérieures à celles de leurs parents. Aussi ont-elles donné lieu à des analyses saluant la fin des classes sociales et, en France, l’avènement d’une société « moyennisée ». Le retournement de conjoncture du milieu des années 1970 va toutefois enrayer ces évolutions au point que l’on puisse parler d’une repolarisation des sociétés contemporaines à la charnière du siècle.
Leçon 4 : Les métamorphoses du travail au 3ème âge du capitalisme
Le monde du travail a connu des bouleversements sans précédents au cours de ces cinquante dernières années : l ’emploi s’est féminisé, tertiarisé et urbanisé ; il est aussi devenu plus qualifié. Les contraintes associées au travail ont progressivement changé de nature avec la montée des flexibilités : moins de fatigue physique mais davantage de stress au travail. Surtout l’emploi apparaît plus « éclaté » : le règne de la grande entreprise industrielle, marquée par une organisation du travail de type fordiste ou taylorien, avec essentiellement des contrats de travail à durée indéterminée et à temps plein est aujourd’hui dépassé. On assiste à un émiettement des situations qu’il s’agisse des statuts et des situations d’activité entre l’emploi et le chômage, des durées et des rythmes de travail, des modes de rémunération ou même des unités productives.
Les transformations du travail du 3ème âge du capitalisme ont profondément déstabilisé nos sociétés fondées sur le travail. Elles ont provoqué à la fois la précarisation de ceux qui sont exclus du travail et une fragilisation générale du salariat qui n’est pas prête de s’éteindre quand on sait qu’en 2013, 86 % des contrats signés sont des CDD. En dix ans, le nombre de CDD de moins d'un mois a plus que doublé. Or, plus de 25 % des nouveaux inscrits à Pôle emploi sortent d'un CDD, contre moins de 3 % d'un CDI.
Leçon 5 : La recomposition des inégalités sociales
A l'aube du XXIème siècle, la question des inégalités est revenue au cœur des débats scientifiques et politiques. La croissance des inégalités de revenus est éclatante depuis vingt ans. Les inégalités de patrimoine sont plus grandes encore. Mais elles ne doivent pas occulter d’autres formes d’inégalités qui se maintiennent malgré des progrès : les inégalités entre les sexes, et les inégalités sociales face à la santé et aux loisirs.
Leçon 6 : Ecole et mobilité sociale
Le dernier quart du XXème siècle a vu des écarts croissants se creuser entre les générations nées avant 1955 et celles venues au monde après 1955, au point que, pour la première fois en temps de paix, la situation de la génération suivante est plus difficile que celle de ses parents, ce qui est tout à fait inédit et particulièrement douloureusement ressenti. Les jeunes sont, plus que les autres, touchés par les difficultés d’accès à un emploi et à un logement, ils sont aussi davantage soumis à la précarisation du travail. Et ce malgré un niveau de qualification très supérieur à leurs aînés. Au sentiment d’un ascenseur social désormais en panne s’ajoute ainsi un désenchantement à l’égard de l’école républicaine qui semble ne plus (ou très mal) jouer son rôle intégrateur.
Leçon 7 : La question territoriale
Les quartiers populaires ont subi de plein fouet la crise et la désagrégation de la culture ouvrière, beaucoup étant d’anciennes banlieues rouges. Elles sont souvent stigmatisées et accusées d’être des « zones de non droit » et portées au repli communautaire. Pourtant, le séparatisme social est autrement plus marqué en haut de la pyramide avec « les ghettos du Gotha », pour reprendre le titre d’un ouvrage des Pinçon-Charlot, avec des stratégies d’évitement des catégories populaires à l’école et dans les quartiers.
Leçon 8 : Le désenchantement démocratique
Cette leçon s'attache à la crise de la représentation politique que l'on peut observer d'une part dans la défiance croissante à l'égard des partis de gouvernement et le développement corollaire des partis dits anti-système ; d'autre part dans la hausse des formes de non-participation électorale (vote blanc, non-inscription sur les listes électorales, abstention). On peut voir qu'elle touche particulièrement les catégories populaires qui, de plus en plus invisibilisées dans l'espace public, tendent à s'auto-exclure du débat par le retrait de la vie civique.
Leçon 9 : Les syndicats à la peine
Les conflits sociaux ont connu de profondes mutations au cours des dernières décennies, avec un déclin des grèves et une désyndicalisation majeure.
Acteurs centraux des relations professionnelles et prototypes des groupes d’intérêts, les syndicats apparaissent partout fortement déstabilisés depuis plusieurs décennies, mais peut-être plus en France qu’ailleurs. A la crise quantitative affectant leurs rangs, qui témoigne de réelles difficultés d’adaptation aux mutations du salariat post-fordiste (voir leçon 4), s’ajoute une perte de confiance à leur égard, voire une défiance cependant moindre que pour les partis politiques.
Leçon 10 : L'action collective en mutation
Les formes et modalités de l’action collective ont profondément évolué au cours des dernières décennies, avec une dimension transnationale croissante et le développement de collectifs nouveaux, moins formels et moins pérennes que les organisations traditionnelles de représentation des intérêts. Avec la crise majeure de ces dernières en France et une défiance à l’égard du fonctionnement démocratique plus poussée qu’ailleurs (voir les dernières leçons), les conflits y apparaissent particulièrement tendus et hors cadre régulateur, comme on a pu le voir avec le mouvement des Gilets jaunes.