Johann Michel

Professeur
Science politique.
Faculté de Droit et des Sciences sociales

Institut Marcel Mauss
  • THESE

    Paul Ricoeur et les paradoxes de la raison pratique, soutenue en 2001 à Paris EHESS sous la direction de Pierre Bouretz 

  • Johann Michel, Qu'est-ce que l'herméneutique ?, Presses Universitaires de France - Humensis, 2023, 384 p.   

    Johann Michel, L'humain au temps du vulnérable: l'humain au temps du vulnérable, Hermann et Cairn, 2023, Philosophie, 361 p.    

    Les sociétés occidentales connaissent un accroissement inédit des revendications en faveur des réparations. Les catastrophes historiques qui ont bouleversé le siècle dernier en sont l'origine immédiate et le paradigme fondateur. Le pari de cet ouvrage est de prendre à sa juste mesure l'historicité contemporaine de la réparation tout en la saisissant dans sa profondeur anthropologique. La réparation est un phénomène global qui ne se présente pas de manière unifiée : réparer un objet, réparer une lésion, réparer une offense, réparer un crime... Que révèle la réparation de l'être humain ? Sa vulnérabilité (naturelle), sa faillibilité (morale), son incomplétude (sociale), mais aussi l'ensemble des capacités qu'il met en œuvre pour en conjurer les effets, jusqu'à une certaine limite. L'irréparable du temps et l'irréparable de la dette hantent toute politique de réparation. Autant de défis qui se posent à une philosophie de la réparation construite dans un dialogue renouvelé avec les sciences sociales

    Johann Michel, Carla Canullo (dir.), Renouveler l’herméneutique , 11e éd., InSchibboleth, 2021, 290 p. 

    Johann Michel, La fabrique des sciences sociales: d'Auguste Comte à Michel Foucault, Cairn et Presses universitaires de France, 2021, Une histoire personnelle de ... 

    Johann Michel, Le réparable et l'irréparable: l'humain au temps du vulnérable, Hermann et Cyberlibris, 2021  

    Les sociétés occidentales connaissent un accroissement inédit des revendications en faveur des réparations. Les catastrophes historiques qui ont bouleversé le siècle dernier en sont l'origine immédiate et le paradigme fondateur. Le pari de cet ouvrage est de prendre à sa juste mesure l'historicité contemporaine de la réparation tout en la saisissant dans sa profondeur anthropologique. La réparation est un phénomène global qui ne se présente pas de manière unifiée : réparer un objet, réparer une lésion, réparer une offense, réparer un crime... Que révèle la réparation de l'être humain ? Sa vulnérabilité (naturelle), sa faillibilité (morale), son incomplétude (sociale), mais aussi l'ensemble des capacités qu'il met en œuvre pour en conjurer les effets, jusqu'à une certaine limite. L'irréparable du temps et l'irréparable de la dette hantent toute politique de réparation. Autant de défis qui se posent à une philosophie de la réparation construite dans un dialogue renouvelé avec les sciences sociales

    Johann Michel, Carla Canullo (dir.), Il rinnovamento dell’ermeneutica. Con e oltre Paul Ricoeur: con e oltre Paul Ricoeur, Quodlibet, 2020, 279 p. 

    Johann Michel, Sociologie du soi: essai d'herméneutique appliquée, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019, 212 p.    

    L'ouvrage de Johann Michel, au carrefour de la philosophie et des sciences sociales, vise à élaborer une sociologie du soi à partir de l'herméneutique de Paul Ricœur. La première partie de l'ouvrage se présente comme un essai théorique qui s'intéresse aux catégories particulières de techniques d'interprétations de sujets d'emblée engagés dans une histoire de vie. Le reste de l'ouvrage doit se lire comme une mise à l'épreuve empirique de ce projet théorique. Chaque chapitre compose le « roman vrai » d'une trajectoire biographique au cours de laquelle sont analysés les mises en intrigue de soi et les imaginaires sociaux, culturels et politiques. Les récits de vie portent plus précisément sur l'héritage de la guerre d'Algérie et de la migration algérienne en France. La thèse de l'ouvrage consiste à montrer que cet héritage ne cesse d'être transformé et reconfiguré au cours de l'existence, à la faveur de dispositifs actifs de réappropriation par les nouvelles générations. Les technologies de soi relèvent de cette part active de recomposition qui témoigne de la créativité et de l'inventivité de subjectivations ordinaires confrontées à des injonctions familiales et sociales parfois contradictoires, au « problème » de la « double culture », aux discriminations et aux stigmatisations sociales, au poids d'une guerre qui peine parfois à dire son nom.

    Johann Michel, Devenir descendant d'esclave: enquête sur les régimes mémoriels, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019, 288 p.  

    Au croisement de la sociologie de l'action publique et de la sociologie pragmatiste, l'ouvrage de Johann Michel explore les transformations depuis l'après-guerre des régimes mémoriels de l'esclavage en France. En s'appuyant sur une grande variété de matériaux empiriques (archives, entretiens, ethnographie), l'auteur distingue trois catégories de régimes mémoriels de l'esclavage, les conditions historiques de leur production et de leur autonomisation, les raisons de leur antagonisme, les possibilités de leur cohabitation. D'une part, le régime mémoriel abolitionniste tend à commémorer la République et les métropolitains blancs qui ont œuvré à l'émancipation des esclaves en 1848. D'autre part, le régime mémoriel anticolonialiste, qui prend son essor dans les mouvements nationalistes des DOM au cours des années 1960-1970, célèbre les luttes anti-esclavagistes et les héros de couleurs qui ont contribué à la libération des esclaves. Enfin, le régime victimo-mémoriel, qui se développe surtout à partir des années 1990, rend hommage aux souffrances des esclaves et s'inquiète de l'aliénation des sociétés post-esclavagistes. À travers cette typologie, Johann Michel cherche à théoriser, à la frontière de la mémoire collective et de la mémoire officielle, la notion pragmatiste de mémoire publique lorsque des groupes problématisent et publicisent un trouble mémoriel comme modalité de déni de mémoire

    Johann Michel, Le devoir de mémoire, Cairn et Presses universitaires de France, 2018, Que sais-je ? ( Histoire ), 126 p. 

    Johann Michel, La fabrique des sciences sociales : d'Auguste Comte à Michel Foucault, Presses universitaires de France - Humensis, 2018, Une histoire personnelle de la philosophie, 206 p.   

    Johann Michel, Homo interpretans, Hermann et Cyberlibris, 2017, 400 p.    

    La 4e de couv. indique : "Le propre de l'Homme est d'avoir la capacité de donner du sens au monde dans lequel il évolue et de lui attribuer des symboles. Cependant, dans son existence quotidienne, l'être humain n'interprète pas constamment : il ne le fait que lorsque la situation lui semble confuse, lorsqu'il est confronté à un sens trouble ou problématique. Mais qu'est-ce que l'interprétation révèle de l'être humain? À partir de cette question, Johann Michel renouvelle de manière inédite le champ de l'herméneutique, en frayant la voie à une anthropologie interprétative. Avant d'être un ensemble de technologies savantes appliquées à des champs spécifiques (textes, symboles, actions...), l'herméneutique prend sa source dans des techniques ordinaires d'interprétation (explicitation, clarification, dévoilement...). Pour surmonter la «relativité des interprétations», l'ouvrage prend en même temps le parti de montrer les apports d'une herméneutique critique, notamment aux sciences médicales, à la psychanalyse, aux sciences de la nature et aux sciences sociales. La perspective ainsi ouverte par Johann Michel lève l'interdit anthropologique qui pèse sur l'herméneutique depuis Heidegger et permet de refonder la théorie de la connaissance."

    Johann Michel, Abdoulaye Gueye (dir.), A Stain on our Past, Africa World Press, 2017, 376 p.   

    Johann Michel, Ricoeur et ses contemporains: Bourdieu, Derrida, Deleuze, Foucault, Castoriadis, Presses universitaires de France, 2017, Hors collection, 179 p.  

    Si l'on connaît aujourd'hui le dialogue fructueux que Paul Ricœur a noué avec les penseurs structuralistes, on ignore largement son positionnement face à la mouvance poststructuraliste. Faut-il opposer la philosophie de Ricœur au poststructuralisme à la française ou au contraire doit-on montrer qu'elle en est une variante singulière ? C'est la seconde option qui est ici défendue. Certes, le poststructuralisme ne doit pas être considéré comme une école de pensée mais comme une reconstruction qui relève de l'histoire de la philosophie. Dans la mesure où les horizons de dépassement du structuralisme ont été posés de manière chaque fois particulière, il est préférable de parler de poststructuralismes au pluriel. C'est la raison pour laquelle J. Michel propose des confrontations dyadiques entre Ricœur et certains de ses contemporains (Deleuze, Derrida, Foucault, Bourdieu…) que l'on regroupe habituellement dans cette mouvance

    Johann Michel (dir.), Dialogue sur l'histoire et l'imaginaire social, Éditions EHESS, 2016, Audiographie, 76 p. 

    Johann Michel, Paulo Renato Cardoso de Jesus, Gonçalo Marcelo (dir.), Du moi au soi: variations phénoménologiques et herméneutiques, PUR, Presses universitaires de Rennes, 2016, Philosophica, 250 p. 

    Johann Michel, Jérôme Porée (dir.), Philosophical anthropology, Polity Press, 2016, 308 p. 

    Johann Michel, Gouverner les mémoires: les politiques mémorielles en France, Presses Universitaires de France et Cairn, 2015, Hors collection, 207 p.  

    L'ouvrage de Johann Michel se veut une synthèse inédite portant sur les politiques de la mémoire dans la France contemporaine. Ce travail offre des clés indispensables pour comprendre les controverses mémorielles qui agitent notre scène sociale et politique. À la croisée de l'histoire et de la science politique, la thèse de l'ouvrage consiste à montrer comment nous sommes passés d'un régime mémoriel dans lequel prédomine l'imaginaire de l'unité nationale à une pluralité de régimes mémoriels (régime mémoriel de la Shoah, de l'esclavage...) dans lesquels prime la reconnaissance de victimes jadis délaissées par le récit national officiel. Les laissé(e)s-pour-compte de l'histoire et de la mémoire d'hier revendiquent aujourd'hui une nouvelle place symbolique dans le nouveau récit collectif

    Johann Michel, Quand le social vient au sens: philosophie des sciences historiques et sociales, P.I.E-Peter Lang S.A., Éditions Scientifiques Internationales, 2015, Anthropologie et philosophie sociale, 181 p.  

    Quand le social vient au sens ouvre un dialogue novateur entre philosophie et sciences sociales et historiques, à la croisée de la tradition socio-phénoménologique héritée de l’œuvre pionnière de Schütz et de la tradition herméneutique de Dilthey à Ricoeur. Un même fil conducteur parcourt la trame du livre : seule la « voie longue » de l’herméneutique, en reconnaissant la doublure de l’acte d’interpréter (à la fois comme pratique ordinaire au plan anthropologique et comme activité scientifique au plan épistémologique), peut se coordonner avec les réquisits d’une sociologie phénoménologique du monde-de-la-vie. L’ouvrage offre, sous ce cadre, toute une palette de réflexions qui concernent aussi bien l’épistémologie de l’histoire que la sociologie des institutions et l’anthropologie sociale du soi. Dans ce mouvement de va-et-vient entre réflexivité sur les sciences humaines et réflexivité des agents ordinaires sur leurs actions, l’auteur confronte en même temps l’herméneutique avec d’autres auteurs (Weber, Goffman, Foucault, Boltanski, Strawson, etc.) et autant de traditions correspondantes (positivisme, sociologies pragmatistes et pragmatiques, philosophie analytique).[4ème de couverture].

    Johann Michel, Jérôme Porée (dir.), Écrits et conférences, Éditions du Seuil, 2013, La Couleur des idées, 462 p. 

    Johann Michel, Paul Ricoeur: une philosophie de l'agir humain, Ed. du Cerf, 2006, Passages, 500 p. 

    Johann Michel, Les humides, Encres vives, 2006, Collection Encres blanches, 16 p.   

    Johann Michel, Olivier Nay, Antoine Roger, Dictionnaire de la pensée politique : idées, doctrines et philosophes, Armand Colin, 2005, [Dictionnaire], 228 p. 

    Johann Michel (dir.), Mémoires et histoires: des identités personnelles aux politiques de reconnaissance, Presses universitaires de Rennes, 2005, 283 p. 

  • Johann Michel, « Transformer l’herméneutique par le pragmatisme », in Anna Nieddu, Vinicio Busacchi (dir.), Pragmatismo ed ermeneutica : soggettività, storicità, rappresentazione, Mimesis, 2020 

    Johann Michel, « Qui interprète ? », Il rinnovamento dell’ermeneutica. Con e oltre Paul Ricoeur, Quodlibet, 2020, pp. 29-42 

    Johann Michel, « The Statut of the Subject in Ricoeur’s Phenomenology of decision », in Scott Davidson (dir.), A Companion to Ricoeur’s Freedom and Nature, Lexington Books, 2018 

    Johann Michel, « The Official Commemoration of the 150th Anniversary of the Abolition of Slavery in Metropolitan France: Between Abolitionism and CulturalMétissage », in Johann Michel, Abdoulaye Gueye (dir.), On stain on our past. Slavery and memory, Africa World Press, 2017 

    Johann Michel, « Le statut du sujet dans la phénoménologie de la décision de Paul Ricoeur. », in L. Cournarie (dir.), Agir : délibérer, décider, accomplir., FCE, 2006, pp. 15-30 

  • Johann Michel, « Le délit de non-assistance à personne en péril appliqué aux agents chargés d'une mission de service public de secours », Actualité juridique Pénal, 2023, n°05, p. 223   

    Johann Michel, « Herméneutique et théorie critique de la société », Raisons politiques, 2022, n°3, pp. 121-133 

    Johann Michel, « Le phénomène de réparation, sous le signe de l’analogue », Raison Publique, 2022, n°2, pp. 119-133 

    Johann Michel, Vinicio Busacchi, Anna Nieddu, « Introduction to Experience, Interpretation and Meaning: A Dialogue between Hermeneutics and Pragmatism », European Journal of Pragmatism and American Philosophy, 2022, n°1 

    Johann Michel, « Meaning and Experience », European Journal of Pragmatism and American Philosophy, 2022, n°1  

    It could be said, as an initial approximation, that the focus on experience is to pragmatism what the focus on meaning is to hermeneutics. Whether the role of induction and abduction in the logic of signs (Peirce), the role of experimental inquiry in scientific research (James) or that of “art as experience” (Dewey), or indeed the function of immediate experience in ordinary knowledge (Mead), experience, in all its dimensions, clearly bears the signature of pragmatism. And be it in the attent...

    Johann Michel, Vinicio Busacchi, Anna Nieddu, « Introduction to Experience, Interpretation and Meaning: A Dialogue between Hermeneutics and Pragmatism », 2022  

    1. This issue of EJPAP represents a new step forward in the comparison between two great philosophical traditions, Pragmatism and Hermeneutics. It recalls and mirrors the lines highlighted in the international conference held in Cagliari, Italy, in May 2019. On that occasion, scholars from different disciplinary fields pertaining to the two different traditions discussed the key themes of subjectivity, historicity and representation. They were understood as key thematic-problematic terms for ...

    Johann Michel, « Recension : Magali Bessone, Faire justice de l’irréparable. Esclavage colonial et responsabilité contemporaine (Paris : Vrin, 2020) », Journal of French and Francophone Philosophy, 2021, n°12, pp. 186-192 

    Johann Michel, « Pragmatism of Understanding and Interpretation », American Sociologist, 2021, n°4, pp. 782-797 

    Johann Michel, « L’oubli peut-il être réparateur ? », Sens-Dessous, 2021, n°2, pp. 39-50 

    Johann Michel, « Art et interprétation », Nouvelle Revue d'Esthétique, 2021, n°1, pp. 99-109 

    Johann Michel, « Qu’est-ce que la compréhension ? », Revue philosophique de la France et de l'étranger, 2021, pp. 163-182 

    Johann Michel, « Qu’est-ce que la compréhension ? », Revue philosophique de la France et de l'étranger, 2021, n°2, pp. 163-182 

    Johann Michel, « Signe, sens et symbole », Critical hermeneutics, 2020, n°2 

    Johann Michel, « Grand résumé de l’ouvrage Homo interpretans, Paris, Éditons Hermann, 2017 », SociologieS, 2020  

    Homo interpretans n’est pas un ouvrage de sociologie. Il ne l’est pas dans la mesure où il n’est pas adossé à un travail de terrain rigoureusement délimité par l’analyse d’un phénomène social. On n’y verra donc ni courbes, ni statistiques, ni extraits d’entretiens. Il ne l’est pas non plus dans le sens d’une étude spécialement consacrée à la méthodologie ou à l’histoire des sciences sociales. Homo interpretans se présente explicitement comme un ouvrage d’anthropologie philosophique dans une ...

    Johann Michel, « L’interprétation et le problème de l’espace », Methodos : savoirs et textes, 2020, n°20  

    « Le soir était lentement venu sur la terre Et la nuit était suspendue aux monts Le chêne émergeait du brouillard Pareil à un géant voilé – Là Les multiples yeux noirs des ténèbres Brillaient à travers les feuillages De l’Altitude nuageuse La lune jetait à travers la brune Un regard douloureux Des ailes battaient sourdement Dans le vent et m’entouraient lugubres La nuit suscitait mille monstres » Goethe, Accueil et Adieu L’histoire de l’herméneutique est l’histoire d’une tradition confrontée ...

    Johann Michel, « Le devoir de mémoire », Sciences humaines, 2019, n°6, pp. 19-19 

    Johann Michel, « Répondre à l'étrangeté de l'autre », Le Cercle herméneutique : herméneutique générale, anthropologie phénoménologique, phénoménologique psychiatrique, Daseinsanalyse, 2019, n°3233 

    Johann Michel, « Herméneutique et économie. Le valorisé, le valorisant, le valorisable », Revue de Philosophie Economique / Review of Economic Philosophy, 2019, n°2, pp. 131-156 

    Johann Michel, « Le rôle des associations antillaises et du Parti communiste français dans la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité », Cahiers d'études africaines, 2018, n°229, pp. 103-126  

    Du fait de la place dévolue à la mémoire de la Shoah en France depuis les années 1980, l’extension de la reconnaissance juridique du crime contre l’humanité à d’autres causes mémorielles, comme la déportation en esclavage, est loin d’aller de soi. D’une mémoire en partie déniée ou occultée, la Shoah est devenue peu à peu sanctuarisée. Étendre la labellisation juridique du génocide ou du crime contre l’humanité à d’autres tragédies collectives comme l’esclavage pourrait relativiser l’unicité d...

    Johann Michel, « Anthropology of Homo Interpretans », Études Ricœuriennes / Ricœur Studies, 2018, n°2, pp. 9-21 

    Johann Michel, « Lire ensemble la Revue Jusqu’à la mort accompagner la vie », Jusqu’à la mort accompagner la vie , 2018, n° ° 135, pp. 45-47   

    Johann Michel, Nicolas Carter, « Narrative as a Common Technique of Self-Interpretation », Philosophica: International Journal for the History of Philosophy, 2018, n°51, pp. 65-79 

    Johann Michel, « Gadamer lecteur de Dilthey », Philosophiques, 2018, n°1, pp. 21-38 

    Johann Michel, « Esclavage et réparations. Construction d’un problème public (1998-2001) », Politique africaine, 2017, n°2, p. 143 

    Johann Michel, « La réforme de la prescription pénale : le débat parlementaire », Les Cahiers de la justice, 2016, n°04, p. 629   

    Johann Michel, « Le vulnérable et le tiers narrant », Jusqu’à la mort accompagner la vie , 2016, n° ° 126, pp. 13-24   

    Johann Michel, « D’une phénoménologie de la volonté à une philosophie du co-agir », Revue des sciences philosophiques et théologiques , 2016, n° 99, pp. 641-660    

    L’objet de la présente contribution vise moins à analyser tel aspect de la Philosophie de la volonté élaboré par Ricœur que de repérer, dans son œuvre ultérieure, les structures de transition (et le sens de leur articulation) entre une phénoménologie d’abord centrée sur l’ eidos d’une volonté bien solitaire à une philosophie du co-agir qui débouche sur le souci de l’autre et des institutions. On peut ainsi, dans une perspective très panoramique, pointer trois structures de transition complémentaires venant initialement de traditions philosophiques hétérogènes, d’une part, la socio-phénoménologie couplée avec la philosophie hégélienne de la Sittlichkeit, d’autre part, la tradition chrétienne du socius et du prochain couplée avec une philosophie politique néo-aristotélicienne, enfin une sémantique de l’action issue des courants analytiques.

    Johann Michel, « Le consensus équivoque de la loi du 30 juin 1983 relative à la commémoration de l’abolition de l’esclavage : Analyse des grammaires de justifications dans les arènes parlementaires », Pôle Sud , 2015, n° ° 43, pp. 115-135    

    L’objectif de cette contribution consiste à analyser les controverses politiques qui se font jour au début des années 1980 à propos de la mémoire de l’esclavage. Ces controverses qui opposent dans les DOM les nationalistes et les départementalistes s’invitent dans les assemblées parlementaires au moment de l’arrivée de la Gauche au pouvoir et dans le contexte du vote de la première loi sur la décentralisation. En s’appuyant empiriquement sur l’étude de comptes rendus de débats parlementaires et en mobilisant conceptuellement des outils issus de la Frame analysis et de la sociologie pragmatique, l’ambition de cet article vise à montrer comment la loi du 30 juin 1983 est le produit d’un consensus équivoque qui consiste à agréger des acteurs antagonistes et des intérêts contradictoires.

    Johann Michel, « Ricœur et la Rückfrage », 2015, pp. 145-162    

    L’article prend pour cible la trajectoire phénoménologique et épistémologique de la Rückfrage dans l’œuvre de Paul Ricœur à partir de son site husserlien. Sous l’impulsion initiale d’une exposition des paradoxes de la dérivation husserlienne des idéalités physico-mathématiques du monde de la vie, l’objectif de Ricœur vise ensuite à transférer la méthode du questionnement en retour aux champs des sciences historiques. Loin d’être cependant une simple application de la démarche husserlienne, Ricœur invente en fait un nouveau mode de questionnement en retour en introduisant la notion de «dérivation indirecte». Ainsi c’est seulement à la faveur de médiations et de relais spécifiques

    Johann Michel, « L’évolution des politiques mémorielles : l’état et les nouveaux acteurs », Migrations Société , 2011, n° ° 138, pp. 59-70   

    Johann Michel, Baudouin Dupret, Jean-Noël Ferrié, Albert Ogien, Gérôme Truc [et alii], « IMM – Centre d’étude des mouvements sociaux (CEMS) », 2011  

    Baudouin Dupret, Jean-Noël Ferrié, Albert Ogien,directeurs de recherche au CNRSMichel Barthélémy, chargé de recherche au CNRS Ethnométhodologie : descriptibilité et ordre social Les premières séances ont été l’occasion de brosser le cadre théorique et empirique au sein duquel l’ethnométhodologie de Garfinkel s’est développée. Nous avons abordé les thématiques de l’ordre social, de l’action conduite en relation à une règle, des Institutions, etc. et avons montré en quoi la démarche de « respéc...

    Johann Michel, « Le libéralisme politique de Paul Ricœur à l'épreuve des totalitarismes », Cités , 2008, n° ° 33, pp. 17-30   

    Johann Michel, « Le paradoxe de l'idéologie revisité par Paul Ricœur », Raisons politiques , 2003, n° 11, pp. 149-172    

    Résumé En réhabilitant le concept d’idéologie, Paul Ricœur s’emploie à résoudre son paradoxe sous-jacent, mis en évidence par K. Mannheim. Tout se passe en effet comme si toute critique de l’idéologie était soupçonnée elle-même d’appartenir à une idéologie. Pour sortir de ce cercle vicieux, P. Ricœur ne suit ni la voie engagée par la « science » marxiste ni la voie inspirée par la sociologie de la connaissance dont il montre respectivement le caractère aporétique. La contribution originale de l’herméneute consiste à résoudre le paradoxe de l’idéologie en puisant dans les ressources d’une philosophie politique. À l’opposition inopérante science/idéologie, Ricœur préfère mettre en œuvre une dialectique subtile entre utopie et idéologie. En d’autres termes, une critique de l’idéologie n’est concevable que sur la base d’un discours utopique qui met à distance l’ordre social en proposant un horizon émancipateur.

  • Johann Michel, « Abus sexuels dans l'Église : comment rendre justice ? », le 15 mars 2024  

    Colloque organisé par le CMH, Université Clermont Auvergne et l'IUF sous la direction de Sophie Prétot, Pr. de droit privé et sciences criminelles, Evan Raschel, Pr. de droit privé et sciences criminelles et Anne Jacquemet-Gauché, Pr. de droit public

    Johann Michel, « La justice entre mémoire et oubli - Cycle 2021 », le 08 mars 2021  

    Cycle de conférence de l'AFHJ, organisé à la Cour de Cassation sous la direction scientifique de M. Denis Salas, Président de l’AFHJ et de Mme Sylvie Humbert, Secrétaire générale de l’AFHJ.

  • Johann Michel, Memories of Slavery in the Western Sudan 

    Johann Michel, Atelier 5 : Migrations en héritage, mémoires de migrants 

    Johann Michel, Le rôle des associations antillaises dans la labellisation de l’esclavage comme crime contre l’humanité / Johann Michel 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Audran Aulanier, Vivre dans l'intranquillité : une étude sur la vie quotidienne des demandeurs d'asile en France et en Allemagne, thèse soutenue en 2023 à Paris EHESS en co-direction avec Dietmar Loch, membres du jury : Marc Breviglieri (Rapp.), Catherine Delcroix (Rapp.), Daniel Cefaï, Natalie Depraz et Carolina Kobelinsky  

    Dans cette thèse, je suis le fil rouge d’une pression de l’intranquillité qui affecte les capacités attentionnelles des demandeurs et des demandeuses d’asile et en vient à bouleverser leur maintien de soi et leurs rapports à eux-mêmes, ce qui en pousse tant à avoir l’impression de « devenir fous ». Ce fil rouge – qui sert de guide pour rendre compte d’une ethnographie du quotidien des demandeurs d’asile en France et en Allemagne – est déployé à travers quatre parties. Dans la première, je me consacre au temps des demandeurs d’asile. Leur temps est fait d’attente : il est contraint par la procédure. Sur le temps long, l’ennui prédomine. Mais il faut aussi se soumettre au rythme imposé par les institutions en charge de l’asile, qui diffère quelque peu en France et en Allemagne et sort le temps vécu d’une pure uniformité. L’objectif principal de cette partie est de donner à voir la matérialisation de ce temps long de la procédure sur la vie quotidienne des demandeurs, depuis les côtés les plus subis jusqu’aux possibilités de faire face à l’imposition de normes temporelles, en retrouvant un temps à soi. Dans la deuxième partie, je me penche sur le rapport à l’espace des demandeurs d’asile, qui aspirent à retrouver un « lieu à eux ». Leur rapport à l’espace est complexifié par une faible familiarité avec leurs environnements, qui les oblige à interpréter sans cesse et complique la mise en place de routines intimes, à l’abri des regards publics. J’appréhende ce rapport à l’espace d’abord à l’échelle de la ville et ensuite à l’échelle des espaces intérieurs. Cette partie insiste donc sur le thème de l’habiter, montrant que l’espace de vie des demandeurs d’asile est impropre à les protéger et qu’il ne leur donne pas (ou très peu) la possibilité de recevoir, ce qui leur conférerait un pouvoir sur le lieu. Dans la troisième partie, il est question des relations que les demandeurs d’asile entretiennent avec d’autres personnes. Ces relations sont indispensables pour se forger un bon milieu d’hospitalité, apte à se protéger des aléas de l’asile. Au milieu de plusieurs possibilités, je me suis penché sur deux types de relations : les relations d’aide d’une part, et les relations sexuelles, de couple ou familiales d’autre part. Dans cette partie, je montre finalement que l’ombre portée du temps et de l’espace contraints se projette sur les espaces relationnels en les rendant incertains. Après ces trois parties qui décrivent la situation telle qu’elle est, une quatrième partie se présente, davantage normative. J’y parcours différentes théories de l’hospitalité (Kant, Benhabib, Foessel, Tassin, Derrida, Leblanc et Brugère, Stavo-Debauge et Waldenfels) à la recherche de moyens d’étayer une éthique de l’attention, pensée à travers de multiples allers-retours entre ces théories et le terrain. Ce parcours m’amène à proposer, dans le dernier chapitre, une réflexion philosophique à partir de l’enquête sociologique. Le but est de comprendre quel rôle joue l’attention pour les demandeurs d’asile, depuis ses versants pathologiques jusqu’au sentiment d’hospitalité que peut procurer l’attention qui se donne à l’autre et crée une sphère commune entre lui et moi. La formulation de brèves pistes pour une éthique de l’attention conclue la thèse

    Asmin Buhan, Le représentable et l’irreprésentable , thèse en cours depuis 2023 

    Marco Franceschina, La question esthétique dans l'œuvre de Paul Ricoeur. Une théorie du langage performatif., thèse en cours depuis 2023 en co-direction avec Maddalena Mazzocut-Mis 

    Jean-François Houle, Le Motif de la requête chez Paul Ricœur : du désir à la reconnaissance, thèse soutenue en 2023 à Paris EHESS sous la direction de Sophie-Jan Arrien, membres du jury : Jean-Philippe Pierron (Rapp.), Beatriz Contreras Tasso (Rapp.), Olivier Abel et Olivier Clain  

    Les notions de requête, d’appel et d’exigence, ainsi qu’un ensemble de notions connexes (demande, injonction, sollicitation, revendication), ont acquis dans la philosophie continentale contemporaine un statut fondamental, tant au niveau ontologique (Heidegger, Marion, Chrétien) qu’éthique (Levinas, Waldenfels, Honneth, Taylor, Fraser). À la faveur d’une analyse des usages que fait Paul Ricœur de ces notions, qui forment ce que nous appelons le réseau notionnel de la requête, nous mettons au jour la fonction essentielle qu’occupe le motif de la requête dans son anthropologie philosophique. La portée et les limites de la conception ricœurienne de l’appel et de la réponse, que nous reconstruisons à la faveur de l’étude du traitement qu’il réserve aux problèmes de la motivation, de la fragilité affective, du bonheur et, enfin, du rapport à autrui, peuvent ainsi être déterminées. La dialectique de l’appel et de la réponse se révèle particulièrement significative dans la théorie ricœurienne de la volonté et de l’affectivité – éléments fondamentaux de son anthropologie –, sa conception de la vie religieuse, ainsi que ses réflexions éthiques sur la justice, les relations de soin, le pardon et la reconnaissance. Nous procédons à la critique et à l’enrichissement de ce motif en vue du développement de ce que nous appelons la dialectique de la requête (requérir, être interpellé, répondre), dont la vocation épistémologique est à la fois ontologique, anthropologique et éthique. À cette fin, nous mobilisons, outre la littérature portant sur l’œuvre de Ricœur ou inspirée par elle (Abel, Michel, Porée, etc.), les travaux de penseurs tels que Marcel, Levinas et Waldenfels sur les phénomènes de l’appel, de l’injonction ou de la requête (Anspruch), ainsi que des études philosophiques portant sur des phénomènes tels que le care, la justice, l’amour, le pardon ou la reconnaissance (Boltanski, Honneth, Jankélévtich, etc.). Nous mettons également à profit des enquêtes sociologiques (Elias, Saglio-Yatzimirsky, Durand). Nous concluons que, dès lors qu’elle postule l’interdépendance des personnes humaines, une anthropologie philosophique telle que l’anthropologie ricœurienne de l’homme agissant et souffrant doit reconnaître aux gestes de la requête et de la réponse un rôle crucial dans l’existence humaine.

    Charles Berthelet, La question de l'interprétation dans la pensée sémiotique de C.S Peirce , thèse en cours depuis 2023 en co-direction avec Jean-François Côté 

    Lola Yon-Dominguez, Penser l'essentialisation des identités culturelles , thèse en cours depuis 2021  

    En France, les théories décoloniales latino-américaines ne font l’objet de travaux de recherche que depuis une dizaine d’années et une analyse critique approfondie continue de manquer. Leur réception se fait sur fond de discordes politiques et de dissensions universitaires, au centre desquelles se trouve l’idée qu’elles participeraient d’une essentialisation des identités culturelles, menaçant ainsi de produire des analyses erronées sur le plan scientifique et de fragmenter la société sur le plan politique. Afin de dépasser l’impasse théorique identitaire dans lequel le débat semble figé, nous voulons faire dialoguer le problématique primat de l’identité géo-culturelle – tel qu’il se trouve formulé dans les théories décoloniales latino-américaines – avec la pensée d’Édouard Glissant. Partageant pourtant de nombreuses problématiques communes (la réécriture de l’histoire, le poids du passé colonial et esclavagiste, le manque de visibilité et de reconnaissance académique, les tumultes des sociétés pluriculturelles), pensée de la créolité et pensée décoloniale n’ont jusqu’alors jamais été rapprochées. Notre hypothèse est que la notion de créolisation et la critique de « l’identité-racine » dont elle est porteuse permettent de dépasser les apories essentialistes du latino-américanisme associé au décolonialisme.

    Jean-philippe Desmarais, Logie de la réconciliation au canada. Sociologie herméneutique des écrits de Louis Riel., thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Jean-François Côté 

    Samuel Lelièvre, Image et sens dans l'herméneutique et la philosophie de l'art de Paul Ricoeur, thèse soutenue en 2020 à Paris EHESS, membres du jury : Michaël Fœssel, Andrew Dudley, Bernard Sève, Sabina Loriga, Jean-Philippe Pierron et Alberto Romele  

    Le projet philosophique de Ricoeur peut être défini comme celui d’une anthropologie philosophique. Dans ce cadre, un rôle central est accordé à l’imagination à partir des ressources de la phénoménologie, de l’herméneutique, et de la philosophie réflexive. La question de l’image demeure pourtant assez mal connue et a été peu explorée ; elle serait même dévalorisée dès lors qu’elle est ramenée au cadre d’une imagination reproductrice, par opposition à l’imagination vive de l’anthropologie ricoeurienne, et en raison de l’insistance sur le rapport langagier au sens. Or, plutôt qu’une opposition entre le plan de l’image et celui du sens, c’est bien une articulation de ces deux plans qui doit être considérée. La question du symbolisme ouverte par Ricoeur depuis sa Philosophie de la volonté sert de point de départ à notre investigation. De cette première herméneutique jusqu’à La mémoire, l’histoire, l’oubli, en passant par De l’interprétation. Essai sur Freud, La Métaphore vive, et Temps et récit, on peut également dire que l’image donne à penser. La question du symbolisme ne peut toutefois être séparée de celle de l’imagination. Il est ainsi nécessaire de relier deux cheminements de la philosophie ricoeurienne à partir de la question du symbolisme, l’un qui s’oriente dans la voie d’une herméneutique – le parcours jusqu’au positionnement fixé par Du texte à l’action –, l’autre qui relie le projet d’une anthropologie philosophique aux champs de l’art et de l’esthétique. Dès lors, notre recherche s’organise autour de quatre parties. Une première partie se concentre sur l’articulation entre la philosophie ricoeurienne de l’imagination et l’esthétique philosophique en abordant la perspective herméneutique comme la condition d’effectivité de cette articulation. Prolongeant cette orientation herméneutique, une deuxième partie cherche à établir un lien entre la conception ricoeurienne d’une herméneutique critique et la question de l’image. Parallèlement au cadre d’une herméneutique critique, une troisième partie s’attache à définir l’imagination comme le lieu d’une médiation entre le plan de l’art et celui de l’expérience en revenant sur la lecture ricoeurienne de la philosophie analytique et plus spécifiquement de la philosophie analytique de l’art. Prenant appui sur les précédentes parties, une quatrième partie considère finalement le champ du cinéma, en articulant des plans ontologique, narratif, et social à une herméneutique philosophique.

    Maria Cristina Clorinda Vendra, Paul Ricœur’s Social Thought : A Critical Reconstruction, thèse soutenue en 2019 à Paris EHESS en co-direction avec Virgilio Cesarone, membres du jury : Francesco Botturi (Rapp.), Frédéric Rognon (Rapp.), Carla Canullo  

    L’œuvre de Paul Ricœur excelle à la fois en termes de profondeur mais également de richesse. En touchant virtuellement tous les principaux thèmes de la vie intellectuelle européenne, la philosophie ricœurienne déploie les ressources de l’analyse existentielle, phénoménologique, herméneutique, éthique, morale et politique. Même s’il existe une vaste littérature secondaire qui continue de croître rapidement, l’aspect social de la pensée de Ricœur requiert indubitablement un effort très important de discussion. En proposant une analyse directe des idées de la philosophie ricœurienne, cette thèse de doctorat vise à développer une reconstruction critique à la fois compréhensive et explicative de sa pensée sociale. Sa conception de l’intersubjectivité, son analyse de la signification de la réciprocité mutuelle dans la dialectique entre ipséité et altérité, sa perspective critique et argumentative du paradoxe du politique et son intérêt pour les questions fondamentales des institutions, de la justice, de la mémoire et de la reconnaissance, témoignent de l’authenticité et des limites d’une réflexion philosophique immergée dans les complexités de la vie sociale.Au regard de la littérature scientifique déjà existante sur la philosophie ricœurienne, l’objectif de cette thèse de doctorat est de reconstruire sa pensé sociale à partir des héritages qui ont une influence significative sur son projet philosophique : phénoménologique (E. Husserl ; A. Schutz), herméneutique (W. Dilthey ; H.-G. Gadamer), sociologique (L. Boltanski ; L. Thévénot, ; M. Weber), éthique (Aristotle ; Kant) et politique (J. Rawls ; M. Walzer). Ce travail n’entend pas se limiter à l’étude des thèmes qui caractérisent l’œuvre ricœurienne la plus récente. Il s’appuie aussi sur ses premiers travaux consacrés à la phénoménologie de Husserl, en soulignant le fait que ces écrits fournissent des éléments très signifiants et des clés interprétatives avec lesquelles lesquels adresser sa plus large pensée sociale. De plus, cette thèse considère certains articles à caractère éthique et politique de Ricoeur, qui portent sur la relation entre la foi Chrétienne et le criticisme social, publiés dans les revues Esprit et Christianisme Social. Certes, la pensée sociale de Ricœur se caractérise comme une voie longue, traversée par des signifiants détours, qui nécessitent d’être critiquement considérés. La problématisation interne, qui s’interroge sur l’unité de la pensée sociale de Ricoeur, sera ainsi liée dynamiquement à une problématisation externe reliée à la place occupée par la pensée sociale ricœrienne parmi les différentes traditions de la philosophie sociale et des sciences sociales. En quoi, donc, la pensée sociale de Ricœur est-elle singulière ?

    Angelo Montoni Rios, Radicalisation de l'action collective et jeunesse populaire , thèse soutenue en 2015 à Paris EHESS  

    Cette thèse analyse le processus de radicalisation politique chez les jeunes issus des quartiers populaires à Santiago du Chili, à partir d'une enquête ethnographique de diverses pratiques du politique mises en œuvre par des individus actifs au sein de collectifs d'action directe. L'enquête se déroule principalement durant la période de mobilisation étudiante de 2011 et 2012, qui constitue l'événement contestataire le plus important depuis la fin de la Dictature en 1989. Fondée sur la politisation de l'expérience de jeunes, cette étude cherche à comprendre, à travers l'interprétation de récits de vie, l'observation et le travail d'archivé, les motifs d'un engagement radical dans lequel les actions de violence politique prennent une place essentielle. Ce travail est composé de trois parties. La première interroge le rôle de l'histoire et de la mémoire en tant que sources d'une radicalisation politique de groupes populaires. Dans un second temps, le travail sur l'histoire du temps présent mené à travers une ethnographie d'événements contestataires et de violences en situation permet de comprendre l'importance des aspects émotionnels et de nouvelles pratiques du politique (occupation de lieux, démocrate directe, pratiques de contre culture, etc. ) dans un engagement radical fondé sur une idéé autonomiste de la société. Cette thèse défend enfin l'idée d'un déplacement d'expérience individuelles du politique vers l'espace communautaire : l'instauration de collectifs politiques artistiques et sociaux permet aux jeunes militants de construire de nouvelles normativités et de nouvelles formes de résistance, intégrées ensuite par d'autres acteurs populaires.

    David-Le-Duc Tiaha, Altérité intime du soi , thèse soutenue en 2012 à Paris EHESS en co-direction avec Jérôme de Gramont  

    Il y a dans l'œuvre philosophique de Paul Ricœur une véritable réappropriation des catégories ontologiques du même et de l'autre chez Platon, d'une part et, d'autre part, de celles de l'acte et de la puissance chez Aristote, déployée dans une dialectique de l'agir et du pâtir en dialogue avec les sciences humaines et sociales par les biais méthodologiques de la phénoménologie et de l'herméneutique. En définissant le cadre philosophique pour penser l'altérité intime du soi, selon le lexique de Soi-même comme un autre, encore appelé l'intra-sujectivité du corps propre dans le Volontaire et l'Involontaire, les délimitations méthodologiques des problèmes du transcendantal et de la transcendance procèdent à une désubjectivation du transcendantal afin de se défaire des apories d'une métaphysique de la substance pour laquelle l'onto-théologie et l'onto-cosmologie peuvent être encore pensées comme fondatrices de la subjectivité humaine. L'échec d'une poétique de la Transcendance semble justifier chez Paul Ricœur la réserve d'usage de la notion d'ousia comme point focal de l'unité des significations de l'être. Les méandres de la confrontation méthodique entre le criticisme de Kant, la phénoménologie de Husserl et les philosophies analytiques organisent le procès de désubstantialisation de la subjectivité d'une part et, d'autre part, explicitent les modalités du rapport intentionnel - représentation et affection - du sujet au corps, au temps et au langage comme des figures d'altérité intime constitutives du soi implicites à l'intersubjectivité et à la socialité.

  • Godefroid Nzila Yaav, Les conflits sociopolitiques en République Démocratique du Congo : une analyse dans la perspective de Paul Ricoeur, thèse soutenue en 2023 à Bourgogne FrancheComté sous la direction de Jean-Claude Gens et Dominique Andolfatto, membres du jury : Pierre Bühler (Rapp.), Adrien Diakiodi  

    Les conflits sociopolitiques et les crises à répétitions qui ensanglantent la République Démocratique du Congo depuis des décennies, minent la vie de sa population et son avenir. Pays géostratégique pour l’Afrique et, sans doute, l’un des plus riches du monde en ressources naturelles mais avec une population maintenue dans la pauvreté. En effet, la mal gouvernance fragilise les institutions, engendre les conflits, suscite de la révolte et les violences. En outre, la crise congolaise vient de la perte des valeurs traditionnelles, éthiques et anthropologiques. C’est ce qui justifie le manque d’honnêteté, de sens de dignité et d’honneur, de cohésion interne et externe entre le dire et le faire, le manque de justice et de dialogue sincère ainsi que la corruption qui se trouve au sommet des anti-valeurs qui gangrènent ce pays. Pour ce faire, nous militons pour la bonne gouvernance comme un moyen efficace dans la prévention et la gestion des conflits sociaux.Dans ce sens, il nous faut des dirigeants qui s’auto-tiennent intérieurement, c’est-à-dire, des hommes éprouvés qui ont une moralité et des principes de vie qui témoignent de la responsabilité politique dont ils ont la charge pour la destinée d’une nation et d’un peuple. Au demeurant, il sied de noter que la démocratie est multiforme. Cela étant, quelle démocratie pour l’Afrique ? Il apparaît sagement que si l’Afrique continue d’imiter le système politique d’ailleurs, la catastrophe sera encore plus grande. Dans la dynamique de cette pensée, l’expérience de la vie sapientiale africaine, nous amène à faire appel à la sagesse pratique dans la gestion de la res publica pour un vivre-ensemble pacifique. C’est pourquoi, une bonne gouvernance fondée sur la sapience que nous appelons : la « sophiacratie » est une urgence pour la prévention et gestion des conflits en République Démocratique du Congo.Godefroid Nzila Yaav’.

    Frédéric Menager, Théorie critique et sécularisation, thèse soutenue en 2019 à Paris EHESS sous la direction de Pierre Bouretz, membres du jury : Danielle Cohen-Levinas (Rapp.), Vincent Delecroix (Rapp.), Marc Buhot de Launay et Nicolas Poirier  

    La Théorie critique n’est pas un ensemble figé d’auteurs rassemblés dans une école mais elle se déploie plutôt comme un style de pensée. Parmi les particularités de ce style de pensée, la référence constante à des concepts issus de la théologie et du vocabulaire religieux est à la fois indéniablement connue des meilleurs commentateurs comme Martin Jay, mais reste faiblement considérée ou expliquée de manière systématique. Ce travail ambitionne de fournir à la fois une cartographie et une généalogie de l’utilisation de ces concepts en étudiant donc cet aspect sous des dehors génétiques afin d’en expliquer les sources et sous des dehors structurels afin d’expliquer l’apport fonctionnel dans l’économie générale de la Théorie critique. Un autre aspect réside dans la nécessaire confrontation de cette signification interne à la Théorie critique à la querelle de la sécularisation qui a traversé la vie philosophique allemande depuis 1922 et la publication de la Théologie politique de Schmitt. A cette fin nous avons étudié un corpus qui s’étend des fondateurs de ce qu’il est convenu d’appeler l’Ecole de Francfort aux représentants ultérieurs qui ont été regroupés sous le vocable de tournant communicationnel, mais aussi à des auteurs proches qui partagent ce rapport à la sécularisation du théologique come Bloch ou Kracauer. L’étude porte sur les concepts eux-mêmes et n’obéit pas à une logique historique ou à une logique de classification par auteurs. Une approche centrée sur les grands mouvements et modifications des concepts a été privilégié. La coupure paradigmatique a cependant été intégrée puisqu’elle recoupe à la fois un tournant historique, méthodologique et conceptuel. Les postions des différents auteurs ont été comparées entre elles et leur signification mises en rapport à la fois avec le structures théologiques sous-jacentes, en particulier autour de la notion de messianisme juif, mais aussi avec les lignes de force des discussions autour du Théorème de sécularisation. Cet usage de concepts théologiques sécularisés permet de considérer que le paradigme communicationnel se pose aussi comme une réponse à certaines difficultés nées de l’usage antérieur des concepts théologiques sécularisés et s’inscrit dans le passage d’une théorie de la domination à une théorie de la démocratie. Cette transformation amène un glissement de la théologie sécularisée vers une philosophie politique de la religion. En outre, Nous en sommes venus à constater que la Théorie critique redéfinit le champ épistémique de la querelle de la sécularisation en proposant une alternative au débat Löwith-Blumenberg. Cette position constitue au-delà des métamorphoses de la Théorie critique un ferment d’unité, annonçant un modèle de conception de la sécularisation complexifié. Ce dernier appelle désormais une modélisation systématique afin de rendre compte de l’aporie entre persistance de la puissance de la pensée religieuse hétéronome et déclin de l’emprise de cette dernière sur l’organisation politique et juridique des sociétés devenues autonomes.

  • Anaïd Mouratian, Parcours de la proximité et herméneutique ricoeurienne de l'action, thèse soutenue en 2021 à Paris 12 sous la direction de Patrick Savidan, membres du jury : Olivier Abel (Rapp.), Corine Pelluchon    

    Le travail de thèse vise une recherche sur l'herméneutique de la proximité et un parcours ricoeurien de cette notion. Il s'agit de lier deux points cruciaux qui motivent mes recherches : la compréhension de l'affect de proximité dans l'espace public et la sphère sociale et la lecture de Paul Ricoeur comme herméneutique et éthique de la bonne et juste distance. Par cette double approche, il est possible de dégager une problématique philosophique qui joint l'espace de la proximité et la temporalité d’un « se rendre proche », de comprendre ce qui se joue dans la sphère sociale et publique en articulation avec une herméneutique d'une pratique vivante. La proximité entendue comme affect démocratique est abondamment développée dans les travaux de sciences humaines.Il s'agit dans un premier temps d'apporter un regard philosophique et historique sur la transformation de l'espace politique : ce qui ressort du domaine politique renseigne sur la manière d'aborder les frontières du privé et du public. L'affect de proximité est couplé à une compréhension spatiale de la proximité. Ce qui s'ajoute ici à la réflexion première sur l'importance contemporaine et l'évolution de la place de l'affect de proximité dans nos organisations politiques et la vie de la cité, c'est de voir que le terme même de proximité désigne un rapport, une relation spatiale entre deux ou plusieurs individus, structures, organisations. La proximité enfin, peut être étudiée comme une pratique d'ajustements individuels dans la sphère sociale. Avec l'anthropologie et le développement des études de « proxémie », l'intérêt pour la proximité s'est manifesté autour d'une attention pour les usages de la vie quotidienne. A partir du paradoxe politique de Paul Ricoeur, celui de l’articulation de la question du rapport de la politique comme relation verticale et du politique comme rapport horizontal entre les individus, nous nous intéresserons au deuxième versant, le lien horizontal de proximité au sein de la société.Après un examen en trois temps des enjeux particuliers de la prise en compte horizontale du politique au sens de ce qui réunit au sein d’une société, en termes de besoins, d’examen critique de cette notion et du questionnement éthique contemporain, l'herméneutique ricoeurienne de l'action peut nous permettre d'envisager la proximité dans sa temporalité. Expliquer la structure de notre conception du temps nous éclaire sur la praxis de la proximité, comme un « se rendre proche » dynamique. Envisager le triptyque ricoeurien de la mémoire, du récit et du rôle des institutions, est un axe de thèse pour étudier la temporalité propre d'une telle praxis, se rendre proche. L'herméneutique de l'action de Paul Ricoeur peut nous mener à la question de la juste distance, comme discussion finale de ce parcours de la proximité. La notion de juste distance est chez Ricoeur au cœur de la visée éthique et de son articulation aux pratiques institutionnelles.

    Benjamin Tremblay, Pragmatique de la mémoire : une enquête villeurbannaise, thèse soutenue en 2020 à Lyon sous la direction de Michel Peroni, membres du jury : Jean-Louis Tornatore (Rapp.), Dominique Belkis  

    Dans une perspective à la fois pragmatiste et ethnométhodologique, cette thèse s’intéresse à l’enquête sur la mémoire déployée dans la ville de Villeurbanne autour du Rize. Ce « Centre mémoires et société », inauguré en 2008 sous l’égide politique de Jean-Paul Bret (PS), avait pour mission de mettre au travail la proposition suivante : avec nos mémoires, faire société. Il s’agit alors de saisir, à l’aide notamment de la théorie de l’enquête de J. Dewey, ce travail d’exploration proprement sociogénétique du Rize. « La mémoire » et « la société », ici, ne sont plus ce que l’historien et le sociologue théorisent, définissent – et, le cas échéant, règlementent - : elles sont constituées comme thèmes et comme ressources par les acteurs eux-mêmes. Le Rize apparaît alors comme opérateur privilégié d’une enquête publique sur la mémoire, elle-même tenue de longue date à Villeurbanne. Fondée sur un travail de terrain en immersion, qui a duré plus de trois ans, cette thèse se propose de suivre, patiemment, les attachements que compose le Rize avec d’autres acteurs locaux (associations, chercheurs, passionnés, artistes). De ces attachements singuliers naissent autant d’enquêtes sur la catégorie de « mémoire », ainsi que des dispositifs qui font, littéralement, apparaître « la mémoire » à la vue du public (expositions, balades urbaines, médiations d’archives, brochures…). Hors de toute visée normative, cette thèse se propose en somme de décrire ce que la mémoire fait-faire, et plus précisément ce qu’elle « nous » fait-faire et « nous » fait devenir.

    Juliette Tommasi, Identité narrative et justice ethnoculturelle. L’exemple israélien, thèse soutenue en 2019 à Sorbonne université sous la direction de Hélène L'Heuillet, membres du jury : Magali Bessone (Rapp.), Renée Poznanski    

    Revendiqué par des auteurs aussi divers que Paul Ricoeur, Alasdair MacIntyre ou Charles Taylor, le modèle narratif de l’identité – qui affirme que c’est l’histoire que nous racontons qui définit qui nous sommes – a fait l’objet de nombreuses critiques dans la littérature académique des dernières décennies. À suivre certaines d’entre elles, l’identité narrative serait une notion intrinsèquement conservatrice, et le récit serait le langage conflictuel par excellence. Ce soupçon jeté sur la narration doit être pris au sérieux compte tenu de la nature toute spécifique des inégalités qui se dessinent en Israël entre les Israéliens juifs et les Israéliens palestiniens, et dont nous montrerons qu’elles doivent être interprétées comme des « inégalités narratives ». Faut-il en conclure qu’il faille tourner le dos au langage des récits ? C’est une autre voie que nous chercherons à emprunter, en tentant de montrer le potentiel normatif et émancipateur de la narration. En nous appuyant sur le travail de Paul Ricoeur, notre hypothèse est qu’il devrait être possible d’accepter certaines prémisses narratives, sans que cela ne débouche sur les implications conservatrices du communautarianisme. Dans la dernière étape de ce travail, je tente d’utiliser les ressources conceptuelles de la narrativité dans le cadre d’une discussion plus vaste sur la justice ethnoculturelle, afin d’ouvrir la voie à un modèle théorique et pratique de réduction des inégalités narratives en Israël, que j’appelle « multinarrativisme ». En définitive, l’ultime finalité de cette recherche consiste à montrer que le modèle narratif de l’identité n’est pas seulement compatible avec l’exigence libérale du respect du pluralisme, mais qu’il permet aussi d’offrir un soutien théorique important aux politiques qui visent à promouvoir une plus forte inclusion démocratique des minorités culturelles.

    Vladimir Stolojan-Filipesco, Le statu-quo de la mémoire nationale à Taïwan : les dynamiques antagonistes de mises en récits publiques de l'expérience autoritaire, thèse soutenue en 2017 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Gilles Guiheux, membres du jury : Isabelle Thireau (Rapp.), Françoise Mengin, Frank Muyard et Li-Chuan Tai  

    Le statu-quo de la mémoire nationale à Taiwan : les dynamiques antagonistes de mise en récits de l’expérience autoritaireresume :Cette thèse a comme origine l’apparente contradiction des politiques de la mémoire dédiées au régime de parti unique mis en place par le Parti nationaliste chinois (KMT) en 1945. Colonie japonaise depuis 1895, Taiwan passe alors sous le contrôle de la République de Chine au lendemain de la Seconde guerre mondiale. L’île sert de refuge aux nationalistes chinois en 1949, lorsqu’est actée la victoire des troupes maoïstes suite à la reprise de la guerre civile chinoise après 1945. En exil, le KMT, refusant de reconnaître sa défaite, gouverne Taiwan à travers un régime pensé pour représenter symboliquement toute la Chine. Les politiques identitaires et mémorielles d’alors valorisent uniquement les expériences historiques d’une communauté minoritaire au sein de la population taiwanaise, celle des insulaires venus de Chine à Taiwan avec le KMT entre 1945 et 1950. Cette fiction politique prend fin avec la démocratisation. Débutant en 1987, celle-ci voit l’affirmation d’un nouveau paradigme identitaire articulé autour des spécificités de Taiwan et son multiculturalisme, la Chine n’étant plus le référent central. Les victimes de la répression policière de l’ère autoritaire sont peu à peu reconnues. S’il perd rapidement sa prééminence, l’ancien récit officiel ne disparaît pas pour autant, une fraction de la population insulaire continuant de se reconnaître en une partie des représentations qui y sont inscrites. De même, le KMT, qui reste un des acteurs dominants la scène politique taiwanaise après la démocratisation, se refuse à tout véritable retour critique sur sa propre histoire pour éviter de mettre en danger sa propre légitimité. Plutôt que marquer une rupture nette avec l’ère autoritaire, les politiques de la mémoire post-1987 aboutissent à l’institutionnalisation de dispositifs reconnaissant les victimes de la dictature et d’autres à la gloire des anciens dirigeants, que ce soit Chiang Kai-shek ou son fils Chiang Ching-kuo. En adoptant une démarche relevant de la sociologie de la mémoire, notre recherche a pour but d’analyser les dynamiques soutenant la mise en place de nouveaux récits publics sur la période autoritaire après la démocratisation. L’objet de notre travail est d’expliquer les principales luttes mémorielles actuelles engageant la place qu’occuperait dans l’histoire taiwanaise le régime autoritaire du KMT, ce tout en interrogeant la notion de mémoire nationale.

    Sébastien Nicolas, Identités raciales et production du politique , thèse soutenue en 2017 à Bordeaux sous la direction de Christine Chivallon et Justin Daniel  

    Ce travail propose une analyse comparée portant sur la construction d’Haïti en tant queproblème public en Jamaïque et en Guadeloupe au cours des années 2000. Un premierfacteur de politisation observé dans ces deux territoires repose sur l’altérisation desHaïtiens par le biais de normes héritées de l’idéologie raciale coloniale et se traduit pard’importantes mobilisations contre les immigrés haïtiens. Un deuxième typed’intervention dans le champ politique relève au contraire de pratiques d’opposition audiscours colonial et tend à présenter la première République noire comme le symboled’une appartenance commune forgée dans la lutte contre l’hégémonie occidentale. Cetteconflictualité identitaire est resituée à l’aune du fond imaginaire racialisé hérité de lasociété de plantation et au croisement des modèles institutionnels mis en oeuvre après ladécolonisation en Jamaïque et en Guadeloupe. En retraçant la trajectoire du « problèmehaïtien », l’enquête engage une réflexion sur la production du politique dans l’espacecaribéen. Elle s’attache à montrer en quoi les antagonismes socio-raciaux exprimés dansles sociétés à fondement esclavagiste informent et travaillent l’action pol itique qui yprend place. La première partie revient sur l’invention de la figure racisée du « barbarehaïtien » dans l’espace Atlantique et son usage par les puissances occidentales en tantqu’outil de légitimation de l’ordre colonial en Jamaïque et en Guadeloupe. La deuxièmepartie s’intéresse à la manière dont ces stéréotypes raciaux sont réactivés dans les deuxterritoires durant les années 2000 à travers la politisation de l’immigration haïtienne etsa mise à l’agenda auprès des pouvoirs publics. En troisième lieu, les interactions quifaçonnent les énoncés officiels du « problème haïtien » sont saisies au prisme desinstruments de l’action publique mis en place afin de réguler, contrôler et mettre àl’écart les corps haïtiens. Cette recherche invite à aborder, par le biais de l’exemplecaribéen, les fondements de l’articulation entre identités raciales, production dupolitique, pratiques du pouvoir et modes de gouvernementalité. Elle met en évidence lalongévité des schèmes de pensée issus de la domination coloniale, tout en soulignant lacapacité des acteurs à en renégocier le contenu à travers le conflit politique.

    Sébastien Nicolas, Identités raciales et production du politique, thèse soutenue en 2017 sous la direction de Christine Chivallon et Justin Daniel, membres du jury : Laurent Dubois (Rapp.), Andy Smith et Patrick Simon    

    Ce travail propose une analyse comparée portant sur la construction d’Haïti en tant queproblème public en Jamaïque et en Guadeloupe au cours des années 2000. Un premierfacteur de politisation observé dans ces deux territoires repose sur l’altérisation desHaïtiens par le biais de normes héritées de l’idéologie raciale coloniale et se traduit pard’importantes mobilisations contre les immigrés haïtiens. Un deuxième typed’intervention dans le champ politique relève au contraire de pratiques d’opposition audiscours colonial et tend à présenter la première République noire comme le symboled’une appartenance commune forgée dans la lutte contre l’hégémonie occidentale. Cetteconflictualité identitaire est resituée à l’aune du fond imaginaire racialisé hérité de lasociété de plantation et au croisement des modèles institutionnels mis en oeuvre après ladécolonisation en Jamaïque et en Guadeloupe. En retraçant la trajectoire du « problèmehaïtien », l’enquête engage une réflexion sur la production du politique dans l’espacecaribéen. Elle s’attache à montrer en quoi les antagonismes socio-raciaux exprimés dansles sociétés à fondement esclavagiste informent et travaillent l’action pol itique qui yprend place. La première partie revient sur l’invention de la figure racisée du « barbarehaïtien » dans l’espace Atlantique et son usage par les puissances occidentales en tantqu’outil de légitimation de l’ordre colonial en Jamaïque et en Guadeloupe. La deuxièmepartie s’intéresse à la manière dont ces stéréotypes raciaux sont réactivés dans les deuxterritoires durant les années 2000 à travers la politisation de l’immigration haïtienne etsa mise à l’agenda auprès des pouvoirs publics. En troisième lieu, les interactions quifaçonnent les énoncés officiels du « problème haïtien » sont saisies au prisme desinstruments de l’action publique mis en place afin de réguler, contrôler et mettre àl’écart les corps haïtiens. Cette recherche invite à aborder, par le biais de l’exemplecaribéen, les fondements de l’articulation entre identités raciales, production dupolitique, pratiques du pouvoir et modes de gouvernementalité. Elle met en évidence lalongévité des schèmes de pensée issus de la domination coloniale, tout en soulignant lacapacité des acteurs à en renégocier le contenu à travers le conflit politique.

    Quan Kuang, Une ontologie de la liberté dans l'œuvre de Paul Ricoeur, thèse soutenue en 2016 à Strasbourg sous la direction de Daniel Frey, membres du jury : Olivier Abel (Rapp.)    

    Penser l’être humain comme un être libre : tel est le souci constant de la réflexion de Paul Ricœur. Au niveau anthropologique, le philosophe cherche à remettre la liberté en lien avec la condition concrète de l’homme, où la nature, le corps, autrui et la société sont en jeu. Ce n’est qu’en reconnaissant une telle condition que la liberté devient réelle, affirmative et puissante. Au niveau ontologique, c’est la liberté humaine qui offre un accès privilégié à la compréhension de l’être en général. Après avoir écarté la notion de l’être comme objectivité, la liberté le dévoile comme un acte affirmatif. Au niveau méthodologique, le développement d’une herméneutique phénoménologique constitue un élément essentiel de l’ontologie de la liberté, dans la mesure où la pensée est elle-même toujours impliquée dans cette interrogation ontologique. C’est par un tel « engagement » que la pensée atteste l’être de la liberté, surtout face à l’énigme du mal.

    Sidney Floss, Les critiques de la notion de souveraineté en Droit et Sciences Politiques : l'évolution sématique des concepts source de confusion, thèse soutenue en 2015 à Rennes 1 sous la direction de Jean Baudouin, membres du jury : Dario Battistella (Rapp.), Bernard Bruneteau, Stéphane Pierré-Caps et Philippe Raynaud  

    Cette thèse s’interroge sur les raisons de la crise actuelle de la notion de souveraineté. La plupart des critiques affirment dénoncer la souveraineté dans sa conception classique telle que formulée par Hobbes et Bodin. Il s’agira alors de montrer que ces critiques manquent leur objet. Elles ne concernent pas la souveraineté de Hobbes ou Bodin mais une reconstruction de celle-ci. La thèse soutenue est que les évolutions paradigmatiques au sein des différentes disciplines ayant à traiter de la souveraineté ont profondément modifié son sens, de même que le sens des termes la définissant. Les concepts de pouvoir, d’État, de droit, ont été transformés en fonction de l’évolution des États et des préoccupations de chercheurs appartenant à des champs différents. Ce travail s’attachera à préciser la diversité de sens accordée aux différentes notions pour ensuite montrer que les critiques actuelles de la souveraineté transposent leurs propres définitions aux termes utilisés par Bodin et Hobbes. Il apparaîtra alors qu’en reprenant la souveraineté dans son sens originel, il est impossible de la considérer comme limitée.

    Simon Bourgoin-Castonguay, Entre Histoire et Vérité : Paul Ricoeur et Michel Foucault. Généalogie du sujet, herméneutique du soi et anthropologie, thèse soutenue en 2014 à Paris Est sous la direction de Frédéric Gros et Sophie-Jan Arrien, membres du jury : Michaël Fœssel (Rapp.), Philip Knee  

    Cette thèse cherche, par le biais des concepts d’histoire et de vérité, à placer en position de dialogue deux des plus grands philosophes français contemporains : Paul Ricœur et Michel Foucault. L’hypothèse avancée est que l’histoire du concept de subjectivité oscille entre la volonté de savoir et le désir de comprendre. Ces deux postures, irréductibles l’une à l’autre, inaugurent les deux méthodes à l’étude : une généalogie du sujet relevant d’une historicisation de la volonté de vérité (Foucault) et une herméneutique du soi érigée dans le besoin d’interpréter notre finitude (Ricœur). Mais cette comparaison ne cherche pas la réconciliation. Il s’agit plutôt de relever, chaque fois, une tache aveugle rendant ces deux pensées complémentaires dans ce qui les oppose : faire jouer la distance, tel pourrait être le leitmotiv de cette recherche.

  • Nathan Ferret, Le capitalisme autonarratif : production, réception et valorisation du récit de soi sur Twitch, thèse soutenue en 2023 à Paris EHESS sous la direction de Arnaud Esquerre, membres du jury : Élisabeth Belmas (Rapp.), Sylvain Parasie (Rapp.), Jeanne Lazarus et Valérie Beaudouin  

    En plein essor depuis une décennie, les plateformes de (live-)streaming forment un foyer de pratiques sociales exemplaires des mutations du lien social, des constructions médiatiques de soi, des modes de consommation culturelle et des nouveaux modèles économiques qu’engage le capitalisme digital contemporain. En analysant la pratique des streamers et leur carrière à la plateformisation de soi sur Twitch, les usages quotidiens de leurs viewers, la structuration sociodémographique du réseau de ces usagers, la construction des communautés virtuelles rassemblées sous la figure des vidéastes et l’économie non-marchande auxquels l’activité donne lieu, cette thèse dresse un panorama de la scène française de la plateforme et étudie son fonctionnement socio-économique original. Au travers d’une double approche qualitative (ethnographie virtuelle, ethnographie physique, entretiens) et quantitative (analyse de deux bases de données constituées pour la recherche), elle montre comment les streamers diffusent, sous la forme de streams, des récits d’eux-mêmes numériques, multimodaux, interactifs, spéculaires et partagés, configurant le sens des manières d’agir et de réagir en ligne en sens autonarratif et supportant un lien social personnifié par cette activité auto-expressive. L’encastrement des transferts numériques d’argent dans ces récits de soi configure alors le don un acte narratif, permettant une exploitation monétaire des identités narratives et d’une accumulation par don sur la plateforme. Le jeu vidéo s’y intègre comme facteur de production de soi, ouvert à l’analyse de la reconduction des différences socialement situées de s’exposer et de se raconter par le jeu sur internet en différences économiques. Au croisement de la sociologie des pratiques culturelles et des sociabilités en ligne, de la sociologie économique et de la sociologie du récit de soi, la thèse dégage ainsi le double mouvement duquel le streaming tire sa particularité et son intérêt épistémologique : celui de l’économicisation des pratiques autonarratives et de la narrativisation des pratiques économiques, identifiant un capitalisme autonarratif.

    Azadeh Arjangi, Sagesse tragiques, sagesse freudienne : un parcours de Paul Ricœur, thèse soutenue en 2020 à Paris EHESS sous la direction de Olivier Abel, membres du jury : Michaela Bauks (Rapp.), Daniel Frey (Rapp.), Claudine Cohen et Marc Boss  

    « Sagesse tragique, sagesse freudienne. Un parcours de Paul Ricœur » est l’intitulé de la présente thèse s’inscrivant au cœur de l’interprétation freudienne de Paul Ricœur (1913-2005). Ce travail de recherche est le résultat d’une démarche philosophique ayant eu pour ambition d’effectuer une reconstitution inédite de la philosophie de Ricœur autour de la psychanalyse et des écrits de Freud.Puisque la dynamique de l’entreprise de Ricœur s'exprime dans sa continuité, et dans la mesure où la lecture de Freud répond à la question du mal, on s’est arrêté sur les thèmes abordés antérieurement aux années soixante où le philosophe s’intéresse à Freud. Il s’agit de l’époque de sa Philosophie de la volonté et particulièrement de La symbolique du mal. Par conséquent, nous avons étudié de nombreux concepts évoqués pendant cette époque par Paul Ricœur comme le mythe, le symbole, la culpabilité ou encore le tragique. Nous avons ainsi montré comment tous ces thèmes ont suscité l’intérêt particulier et atypique de Ricœur pour les écrits psychanalytiques de Freud et comment ils ont pu préparer le terrain pour les réflexions postérieures du philosophe, notamment à l’époque où il s’interrogeait sur la question de l’interprétation.Ensuite, on s’est interrogé sur l’interprétation philosophique de Freud que Ricœur propose. Notre hypothèse de travail était que le foyer de la lecture ricœurienne de Freud se trouve dans une architectonique envisagée par le philosophe. Les trois grandes masses de cette architectonique : l’interprétation des rêves, la question de la culture et la pulsion de mort, en forment les gonds ou le pivot. Nous avons ainsi considéré cette architectonique comme le sommet de la lecture freudienne de Ricœur où les hypothèses les plus notables de Freud ont été discutées.La thèse de ce travail se fonde donc sur la reconstruction progressive du parcours de Paul Ricœur menant à cette architectonique, et ce grâce aux différents sujets comme la psychanalyse, la topique, le conscient et l’inconscient et la philosophie réflexive. Ensuite, après avoir étudié les différents aspects de l’architectonique freudienne, on s’en est éloigné graduellement et d’autres thèmes à l’instar du complexe d’Œdipe ou encore la dialectique de l’archéologie et de la téléologie ont été invoqués. Enfin, le thème du tragique, influencé cette fois par la lecture de Freud, est réapparu, ce qui nous a rappelé une autre dimension du travail philosophique de Paul Ricœur, à savoir qu’aucun thème déjà croisé et réfléchi ne sera jamais abandonné dans son parcours intellectuel.

    Charlotte-Lucie Bouvier, La mémoire et le droit des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité depuis la seconde guerre mondiale : comparaison Allemagne fédérale / France, thèse soutenue en 2014 à Poitiers sous la direction de Michel Massé et Bernadette Aubert, membres du jury : Aurélien Lemasson (Rapp.), Jocelyne Leblois-Happe (Rapp.)  

    A rebours de la croyance populaire qui veut que le temps efface les blessures, le constat s'impose de l'omniprésence de la mémoire comme matrice des orientations décidées par nos gouvernants. Soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle occupe l'espace public dans toutes ses composantes et pousse à l'adoption de lois de reconnaissance des victimes et de sanction des discours de négation. Parallèlement, le législateur doit répondre à ses engagements conventionnels et satisfaire aux exigences de la justice pénale internationale. Mais ici encore, les contingences politiques sont fortes, qui sclérosent la réflexion juridique et conduisent à l'élaboration de dispositions controversées. Ce phénomène, ostensible en France, l'est moins chez notre voisin allemand, pourtant tributaire d'un lourd héritage mémoriel. Cette observation peut surprendre celui qui ne tient pas compte des évolutions conjointes mais divergentes des deux Etats depuis 1945, quant à la « gestion » des crimes internationaux par nature et de leurs suites ; d'où l'utilité d'une approche transversale, historique et comparative de ces questions.