• THESE

    John Foster Dulles, secrétaire d'état, et la France (1953-1959) : les relations franco-américaines entre idéalisme politique et réalités militaires, soutenue en 2006 à Paris 4 sous la direction de Georges-Henri Soutou 

  • François David, Le Vietnam, de la protection de la France à l'influence américaine, Les Indes savantes, 2023, 237 p.  

    La délicate transition des années 1950, au Vietnam - de la puissance coloniale française à la protection américaine - illustre la complexité des relations entre puissances occidentales, au sein d'une même alliance. L'Indochine offre alors un exemple exceptionnel de transfert d'empire, d'une « translatio imperii » que l'on peut dater avec précision : 1954. Jusqu'à la catastrophe finale, le gros handicap de la France procède du fait qu'elle ne nourrit aucun projet digne de ce nom pour le Vietnam et qu'elle ne réussit jamais à définir à quoi devrait ressembler exactement l'Union française créée le 27 octobre 1946. Rompant avec ses prédécesseurs, l'administration Eisenhower se montre autant anticolonialiste que favorable à l'idée que les futurs États décolonisés préservent des liens consubstantiels avec la France. Une période de deux ans s'ouvre en 1953- 1954 - de l'investiture d'Eisenhower à Diên Bien Phù - durant laquelle, la France aurait pu acheter clé en main le projet américain, avec une chance de maintenir son influence dans son empire en voie d'émancipation. Mais la volonté d'exporter les valeurs américaines se heurte frontalement aux méthodes du vieux continent, la France en l'occurrence. C'est tout ou rien. Les deux grammaires géopolitiques, la grammaire française et la grammaire américaine ne peuvent pas s'exprimer ensemble, en même temps, au même endroit.

    François David (dir.), Pouvoir et puissance en francophonie, Presses Universitaires Savoie Mont Blanc, 2020, Collection Francophonies, 377 p.  

    "Si certains États ont imposé leur civilisation, au fil des victoires militaires, les langues possèdent cependant leur autonomie de développement. Le facteur linguistique transcende la Cité tandis que le pouvoir et la puissance ne s'accompagnent pas toujours d'un surcroît de rayonnement culturel. Cet ouvrage collectif confronte les enjeux traditionnels des conflit aux espaces francophones. Nombre d'entre eux vivent sous tension, selon des lignes de fracture séculaires, aussi géopolitiques que sociales ou linguistiques. Les contributions scientifiques rassemblées ici commencent par rappeler que la colonisation et les indépendances ont structuré les paramètres socio-linguistiques, selon un phénomène de «conservation-suppression». En seconde étape, ce livre s'intéresse aux enjeux de sécurité sur le continent le plus francophone : l'Afrique. Toutefois, d'autres crises, certes moins violentes, caractérisent les aires francophones, sur fond de coexistence multilinguistique (la Suisse du Röstigraben, par exemple). Au final, nous nous penchons sur les virtualités prometteuses offertes par la Francophonie institutionnelle à travers l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)."

    François David, La naissance de la CIA: l'aigle et le vautour, 1945-1961, Nouveau Monde, 2017, Le grand jeu  

    Pourquoi, en temps de paix, un État se dote-t-il de moyens clandestins d'investigation et d'ingérence à l'égard des autres États ? La CIA, le service secret le plus célèbre du monde, a fini par faire oublier que sa création n'avait rien d'une évidence. En 1945, l'OSS fondé durant la guerre est dissous : pour le président Truman, l'Amérique en paix n'a plus besoin d'espions. Deux ans plus tard, c'est le début de la guerre froide, qui voit naître la CIA. Elle se transforme vite en une institution puissante et autonome qui mord sur les ministères, en particulier le département d'État et le Pentagone. Surtout, son service action devient le bras armé audacieux d'une guerre invisible Est-Ouest que l'arme atomique empêche de dégénérer en affrontement ouvert. Dans ce conflit souterrain, tous les coups paraissent permis. Comment ce renversement a-t-il été possible ? Comment la culture de l'État secret devient-elle un ferment de l'histoire ? L'aigle et le vautour : la respectabilité publique et la part d'ombre. Une nation possède les services secrets qu'elle mérite. La CIA se présente à l'image de l'Amérique. Elle compte ses champions, ses savants, ses héros ordinaires, ses préposés paresseux et... de sombres brutes. Nous ne faisons pas leur procès, pas plus que nous ne leur rendons hommage. Nous essayons seulement de comprendre : comment en est-on arrivé là ?

    François David, La naissance de la CIA: l'aigle et le vautour 1945-1961, Nouveau monde éditions, 2016, Le Grand jeu, 461 p. 

    François David, John Foster Dulles: secrétaire d'État, Cold Warrior et père de l'Europe, PUPS, 2011, Mondes contemporains, 577 p.  

    John Foster Dulles (1888-1959) est un personnage clé de la montée en puissance des Etats-Unis au XXe siècle. Ce diplomate, avocat d'affaires le mieux payé du monde, dirigeant des Eglises protestantes, petit-fils et neveu de secrétaires d'Etat, frère d'un directeur de la CIA, intervient au coeur des réseaux qui transforment les Etats-Unis en une superpuissance volontariste et extravertie. Théoricien et praticien de l'idéalisme wilsonien, Foster Dulles participe aux premières réussites transatlantiques, mais aussi aux grandes déchirures américanoeuropéennes. Après avoir rédigé l'article 231 du traité de Versailles ("responsabilité" de l'Allemagne dans l'entrée en guerre), il forge, trente ans plus tard, la grande réconciliation entre l'Allemagne et l'Occident, en ancrant la RFA d'Adenauer au sein de l'Occident libéral. Apôtre par excellence de "l'indépendance dans l'interdépendance", Foster Dulles veut répudier la souveraineté des Etats nations pour mieux promouvoir le fédéralisme intégral sur le Vieux Continent. Chantre de la "destinée manifeste" et du messianisme américain, le secrétaire d'Etat du président Eisenhower, de 1953 à sa mort en 1959, n'a pas seulement coalisé l'Occident aux pires heures de la guerre froide; père de l'Europe, il a aussi posé, avec son ami Jean Monnet, les fondements idéologiques de l'actuelle Union européenne. Cet ouvrage bénéficie du soutien et du prix de l'Association des anciens pensionnaires et amis de la Fondation Thiers (prix 2007).

  • François David, N. Layglon, Benjamin Misson, Gaël Durieu, Clément Coclet [et alii], « Long-term monitoring emphasizes impacts of the dredging on dissolved Cu and Pb contamination along with ultraplankton distribution and structure in Toulon Bay (NW Mediterranean Sea, France) », Marine Pollution Bulletin, Elsevier, 2020, p. 111196   

    François David, Vincent Apremont, Marie-Anne Cambon-Bonavita, Valérie Cueff-Gauchard, David François [et alii], « Gill chamber and gut microbial communities of the hydrothermal shrimp Rimicaris chacei Williams and Rona 1986: A possible symbiosis », PLoS ONE, Public Library of Science, 2018, n°11, p. 0206084   

    François David, David François, « Bouleversements du Paf - Le pouvoir de régulation du CSA en question », Légipresse : l'actualité du droit des médias, de la communication et des réseaux sociaux, Dalloz , 2011, n°287, p. 520   

    François David, « L’alliance franco-américaine et la guerre d’Indochine, laboratoire d’une rupture », Service historique de la Défense, 2007  

    En 1953-1954, les relations franco-américaines, très riches de virtualités, expérimentent la coopération internationale souhaitée par la nouvelle administration Eisenhower, dans le cadre de la guerre froide. À savoir : aider les alliés sur le plan matériel, en Indochine en l’occurrence, leur laisser localement un certain bénéfice moral, politique et économique en cas de succès, et surtout ne pas intervenir directement, selon le principe que l’Amérique ne peut pas tout faire, toute seule, à tr...

    François David, « Deux théâtres, un même conflit ? Le poids de l'Union française sur l'intégration atlantique 1952-1956 », Paris : Service historique de la Défense et PERSÉE : CNRS & ENS de Lyon, 2004, pp. 18-32    

    This study begins with striking the geopolitical balance in Europe of the French Indochinese war within the framework of the Cold War. On one side, France needs an independent expeditionary force to remain a World power during the 1950's. On the other side, ECD or NATO require to keep important French field forces on the European soil, since the EDC Agreements and then the London Agreements assign 12 divisions to West Germany. Therefore, each theatre of operations is ambiguous and source of misunderstandings with the Atlantic allies of France, especially United States and Great Britain. On one end, the Indochinese conflict is as much a colonial struggle (inconsistent with American liberalism), as a primary Cold War issue in which however the United States subsidize the French overseas forces ($ 1,1 billion for 1953-1954). In Europe, the main threat remains of course the USSR whereas the French skeptical opinion still watches over Germany with anxiety. That explains the basic indecision of the legislative branch (Assemblée nationale ), and of the shaky governments of the IVth Republic. Just after Diên Biên Phu (Laniel Government), the Mendès France Government fails to obtain the ratification of ECD. It means very difficult relations between France and the other members of NATO about the French taking part in the common effort. The financial strain on French budget (because of Vietnam), chronic inflation, and now the Algerian crisis (11/1/1954) imperil the national outlay on armaments. Moreover, Algeria absorbs at least the two thirds of the home army with its NATO equipment, also subsidized by the United States (1952-1955). This material deficit and strategical breach in the integrated Atlantic command provoke growing tensions. We will analyze the reactions of the French high command, and its attempts to define a military disposition in harmony with the overseas needs, the heavy budget deficits and the NATO requirements. We will especially concentrate on the chaotic fate of the Yellow Plan (1954-1955) and of the Orange Plan (1956-1958), proposed by the general staff and the French Minister of Defence in order to reorganize the land forces.

    François David, « John Foster Dulles et l'Alliance atlantique », Revue d'histoire diplomatique, A. Pedone, 2003, pp. 171-189 

  • François David, « Centenaire de la (2ème) Révolution russe. Perceptions et représentations contemporaines », le 15 décembre 2017  

    Organisé par le Centre Lyonnais d’Études de Sécurité Internationale et de Défense (CLESID)

    François David, « Diversité culturelle et citoyenneté », le 12 octobre 2017  

    Les conditions de la reconstruction du projet démocratique dans les pays qui ont engagé une démarche de reconnaissance des différences, tout en conservant l’horizon d’une émancipation citoyenne vers des valeurs et des références à prétention

    François David, Claire Dalmay, Matthieu Chatras, Pierre Blondy, David François [et alii], « Micro-fabrication of high Q 38 GHz resonators and filters », Microwave Technology and Techniques Workshop, Noordwijk Netherlands (NL), le 11 avril 2017 

    François David, « Opérations civilo-militaires et maintien de la paix en Afrique francophone », le 09 décembre 2016  

    Organisé par le C.L.E.S.I.D. (Centre Lyonnais D’Études de Sécurité Internationale et de Défense)

    François David, David François, Claire Dalmay, Matthieu Chatras, Luc Lapierre [et alii], « Additive micro-fabrication of high Q millimeter-wave cavities and filters », 10th ESA round table on micro and nano technologies, Noordwijk Netherlands (NL), le 08 novembre 2016 

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Jabir Abdoulaye Touré, Les opérations de paix et les interventions étrangères dans l'espace francophone : les variables culturelles et linguistiques dans le cas du Mali (2012-2020), thèse soutenue en 2023 à Lyon 3, membres du jury : Frédéric Turpin (Rapp.), Aurélie Campana (Rapp.), André Bourgeot, Claire Laux et Nadine Machikou Ndzesop    

    Constituées d’agents originaires de multiples pays, les opérations de paix (OP) offrent des lieux de rencontres à de nombreuses cultures hétérogènes du monde entier, elles-mêmes en interaction avec des populations locales composites, qui relèvent aussi de cultures bien diverses. En médiation, la langue devrait établir des liens de confiance avec les communautés du pays hôte. La réalité apparaît tout autre. Cette étude poursuit donc l’objectif d’analyser les facteurs culturels et linguistiques souvent négligés dans les opérations de paix dans l’espace francophone en général, et au Mali en particulier. Devenu l’un des principaux foyers d’instabilité de l’espace francophone, celui-ci affronte une crise multidimensionnelle. Or, les ambitions officielles des missions internationales ne peuvent guère espérer de résultats probants si elles n’intègrent pas les réalités sensibles du pays qui les accueillent. Nous tentons ainsi de répondre aux deux questions principales : Comment les opérations de paix doivent-elles procéder pour prendre en compte plus efficacement les facteurs linguistiques et culturels au sein des pays d’accueil, mais aussi entre les acteurs onusiens eux-mêmes ? Comment les OP peuvent-elles consolider la paix qu’elles peinent à obtenir dans un pays où la langue et les pratiques culturelles leur sont étrangères ? Pour répondre à ces questions, nous passons en revue les différentes interventions en cours au Mali avant de livrer une appréciation qualitative et quantitative (enquête de terrain) du niveau des rapports socioculturels entre les personnels des OP et les communautés autochtones. Par personnel des OP, nous entendons le personnel de la MINUSMA, de l’opération Barkhane, de la mission de l’UE (EUTM) et du G5 Sahel. Au sein de ces missions, les paramètres culturels, sociologiques et linguistiques affectent les points de vue des intervenants, leurs comportements sur le terrain et les objectifs poursuivis. Une prise de conscience de la multiplicité de ces facteurs et des outils d'analyse sont essentiels pour comprendre et relever les défis sur place. Nous proposons une nouvelle approche permettant d’incorporer ces facteurs dans le baromètre de réussite d’une OP. Cependant, cette nouvelle approche ne saurait entraîner un effet systémique sans des mesures politiques fortes et crédibles en faveur des populations, attestant d’une bonne gouvernance des autorités du pays hôte.

    Benoît Delerue, Les Souverainetés partielles et résiduelles des États fédérés , thèse soutenue en 2021 à Lyon  

    L’émergence de la pensée fédéraliste au XVIIe siècle, notamment sous la plume d’Althusius, a amorcé un changement de paradigme au profit du partage de la puissance étatique en plusieurs loci de souveraineté. Puis, la confusion idéologique entre fédération et confédération a entravé la compréhension des normes juridiques de répartition des pouvoirs permettant aux États fédérés de défier l’État fédéral constitutionnel au bénéfice de leurs souverainetés politiques. Comment se sont exprimées ces revendications dans le contexte de suprématie fédérale ? Sont-elles l’expression de souverainetés partielles et résiduelles viables, ou un artifice politique ? Confrontant les Histoires politiques brésilienne, canadienne et états-unienne, cette thèse identifie trois grandes crises structurelles régionales à retentissement pan-national : la crise offensive sous la forme d’un affrontement hégémonique, à travers la guerre civile brésilienne ; la crise radicale, en tant que velléité séparatiste de rupture nationaliste, notamment au Canada ; et la crise défensive, expression souverainiste douce, en particulier dans la continuité des states’ rights aux États-Unis. Forte de documents d’archives et d’enquêtes de terrain, notre réflexion se concentre sur les États fédérés qui, dotés d’identités et de cultures politiques diverses, et confrontés à des facteurs historiques ou conjoncturels particuliers, ont su faire valoir leurs intérêts et déterminer leur place dans leur ensemble fédératif, quand ils ne l’ont pas mené vers une révolution systémique complète. Il y aurait donc un lien de causalité fondamental entre les conjonctures critiques, les fractures idéologiques, et les transformations de la structure fédérative.

    Philippe Eyebe Awono, Opérations de paix, action humanitaire et sécurité humaine en Afrique francophone : la dialectique de l'urgence et du développement pérenne en République centre-africaine, République démocratique du Congo et au Mali, thèse soutenue en 2021 à Lyon, membres du jury : Thierry Balzacq (Rapp.), Frédéric Turpin (Rapp.), Valérie-Barbara Rosoux, David Cumin, Marie-Eve Desrosiers et Nathalie Duclos    

    En mobilisant une approche comparée entre la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo et le Mali, cette thèse propose une analyse critique des processus de sortie de crise et de reconstruction en Afrique tels que mis en route par les opérations de paix. Il en ressort une analyse désenchantée de la pratique du maintien de la paix en Afrique menée pour la plupart sous le prisme de l’urgence. Le paradigme de l’urgence plutôt producteur d’une paix négative, notamment l’arrêt circonstanciel des hostilités et la quasi-victoire militaire est soumis à la rude épreuve de la gouvernance et des calculs des acteurs qui hypothèquent la sortie durable des crises et la paix positive. La thèse renouvelle les études sécuritaires africaines et décrypte les dynamiques profondes qui informent les mécanismes de maintien de la paix. Des mécanismes qui n’offrent finalement pas une chance à la sécurité humaine de prendre corps dans ces pays, car les préalables en termes de stabilisation efficace restent limités.

    Benoit Delerue, Les Souverainetés partielles et résiduelles des États fédérés, thèse soutenue en 2021, membres du jury : Daniel Béland (Rapp.), James Frank Hollifield (Rapp.), Yves Schemeil, Blandine Chélini-Pont, Armelle Enders, Anessa Kimball et François Vergniolle de Chantal      

    L’émergence de la pensée fédéraliste au XVIIe siècle, notamment sous la plume d’Althusius, a amorcé un changement de paradigme au profit du partage de la puissance étatique en plusieurs loci de souveraineté. Puis, la confusion idéologique entre fédération et confédération a entravé la compréhension des normes juridiques de répartition des pouvoirs permettant aux États fédérés de défier l’État fédéral constitutionnel au bénéfice de leurs souverainetés politiques. Comment se sont exprimées ces revendications dans le contexte de suprématie fédérale ? Sont-elles l’expression de souverainetés partielles et résiduelles viables, ou un artifice politique ? Confrontant les Histoires politiques brésilienne, canadienne et états-unienne, cette thèse identifie trois grandes crises structurelles régionales à retentissement pan-national : la crise offensive sous la forme d’un affrontement hégémonique, à travers la guerre civile brésilienne ; la crise radicale, en tant que velléité séparatiste de rupture nationaliste, notamment au Canada ; et la crise défensive, expression souverainiste douce, en particulier dans la continuité des states’ rights aux États-Unis. Forte de documents d’archives et d’enquêtes de terrain, notre réflexion se concentre sur les États fédérés qui, dotés d’identités et de cultures politiques diverses, et confrontés à des facteurs historiques ou conjoncturels particuliers, ont su faire valoir leurs intérêts et déterminer leur place dans leur ensemble fédératif, quand ils ne l’ont pas mené vers une révolution systémique complète. Il y aurait donc un lien de causalité fondamental entre les conjonctures critiques, les fractures idéologiques, et les transformations de la structure fédérative.

    Thào Huong Nguyễn, La Francophonie dans la politique extérieure du Vietnam de 1970 à 1997, thèse soutenue en 2019 à Lyon, membres du jury : Pierre Journoud (Rapp.), Thi Hanh Nguyen, Van Quang Duong, Laëtitia Do Benoit et Guy Lavorel    

    Cette réflexion s’intéresse à évaluer la coopération historique entre le Vietnam et la Francophonie dans une perspective bilatérale surtout au niveau étatique mais aussi au niveau institutionnel. Elle sonde la place que la Francophonie occupe dans la politique étrangère vietnamienne depuis la naissance de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) en 1970 jusqu’en 1997 – le pic de la relation Vietnam-France-Francophonie. Cette ré-évaluation est nécessaire et impérative pour que nous puissions voir plus clairement l’utilité de la Francophonie pour le Vietnam face à la situation alarmante de la culture et de la langue françaises dans le pays actuellement. Prenant comme point de départ les théories de la politique étrangère des Petits Etats, cette étude nous fait découvrir les phases de développement du Vietnam depuis 1970, voire avant, jusqu’aux conséquences durables de la réunification. C’est en effet une étude chronologique qui part de l’idée d’une union des pays francophones sous la contrainte (Union française, 1946) puis de plein gré (années 1970), pour terminer sur la création d’une nouvelle organisation multilatérale l’(Agence/) Organisation internationale de la Francophone (OIF). Nous sondons ainsi l’attachement du gouvernement vietnamien socialiste avec la Francophonie en essayant de répondre à la question « Est-ce que la participation à la Francophonie relève des enjeux stratégiques liés à une politique étrangère globale, ou bien relève-t-elle plutôt de considérations tactiques pour sortir le Vietnam de son isolement ? ». Cette recherche contribue donc à l’étude de la Francophonie, en particulier l’ACCT – ignorée des recherches universitaires jusqu’alors – mais aussi à l’histoire et à la géopolitique de la République démocratique du Vietnam au sortir de sa guerre contre les Etats-Unis jusqu’à l’« ouverture » (Doi Moi, 1986) puis l’effondrement du bloc soviétique.

    Jean-François Payette, Quelle politique étrangère ? Étude critique sur les relations internationales du Québec, thèse soutenue en 2016 à Lyon en co-direction avec Bernard Landry, membres du jury : Alistair Cole (Rapp.), Stéphane Roussel (Rapp.), Jean-Michel Lacroix et Louise Beaudoin    

    Le Québec est l’un des États fédérés les plus actifs en relations internationales. Toutefois, l’étude de ses activités extérieures présente tout de même une certaine atonie. Disciplinairement écartées, analytiquement restreintes «[l]es relations internationales du Québec ont été étudiées comme un sous-produit des relations internationales ». On peut alors imaginer, sur la base de cette affirmation du professeur Luc Bernier, l’attention portée, par la communauté scientifique, sur la nature de ces activités. Ce «sujet n’a été qu’exploré, particulièrement dans sa dimension théorique », écrivait la ministre Louise Beaudoin. En effet, il est rarement question, dans la littérature, d’exploration de la substance de cette activité québécoise. Rares sont les chercheurs qui ont approfondi rigoureusement ce sujet. Quelle interprétation peut-on donner à cette activité internationale québécoise ? Quels sont le contenu, la texture et la nature de cet objet ? Comment définir celui-ci ? Quels sont les repères théoriques et conceptuels pour baliser scientifiquement les relations extérieures du Québec ? Dans un contexte de scientificité, il est particulièrement «légitime de s’interroger sur la teneur et la nature de cette action » québécoise.

  • Quentin Rouxel, L'extraterritorialité du droit comme instrument de puissance dans les relations internationales : comparaison Etats-Unis, Union européenne, Chine depuis la fin de la Guerre froide, thèse soutenue en 2024 à Bordeaux 3 sous la direction de Sébastien-Yves Laurent, membres du jury : Olivier Zajec (Rapp.), Laurence Badel (Rapp.), Julien Ancelin et Thibaut Charles Fleury  

    L’essor de l’utilisation de l’extraterritorialité du droit dans les rapports internationaux est l’une des conséquences directes de la mondialisation entrée, depuis les années 1990 et la fin de la Guerre froide, dans une phase de globalisation économique. La volonté de réguler les phénomènes transnationaux, comme l’activité des firmes multinationales, ou « déterritorialisés » comme le numérique, lesquels dépassent par nature le cadre étatique de souveraineté westphalienne, amène les États à adopter un cadre législatif et un comportement juridique dépassant lui aussi le seul cadre d’application spatiale de la règle de droit à leur territoire. Ce faisant, à travers l’extraterritorialité, un État ou une organisation régionale, est aujourd’hui apte à appréhender juridiquement certaines situations de droit situées, au moins partiellement, en dehors de son territoire et ses frontières, et donc de son périmètre de souveraineté. Ainsi, outre sa dimension juridique largement étudiée par la doctrine, l’extraterritorialité du droit apparaît également comme un phénomène social à part entière qui prend place dans le champ particulier des relations internationales. Partant, l’objet de notre étude est d’appréhender et d’évaluer dans quelle mesure l'outil juridique d'extraterritorialité du droit est aujourd'hui utilisé comme un instrument au service des stratégies de puissance. Grâce au concept de puissance, et à travers l’étude comparée des usages contemporains de l’extraterritorialité du droit par les États-Unis, l’Union européenne, et la République populaire de Chine, cette thèse doctorale en sciences sociales a pour objectif de démontrer : comment et depuis quand l’extraterritorialité du droit est devenue un instrument de puissance dans les relations internationales.

    Mélina Agricole, La National Endowment for Democracy : la pratique de l'exportation de la démocratie par les États-Unis 1983-2000, thèse soutenue en 2021 à Bordeaux 3 sous la direction de Sébastien-Yves Laurent, membres du jury : Alexandre Rios-Bordes (Rapp.), Pierre Bourgois (Rapp.), Éric Dubesset  

    La NED est une organisation non gouvernementale créée en 1983 par le président Ronald Reagan, dans un contexte de guerre fraîche et de politique étrangère dictée par la lutte anti-communiste. La promotion de la démocratie représentait alors pour le président un réel enjeu de sécurité nationale. Ce projet reposait également sur un statut particulier : l’alliance des secteurs public et privé afin de créer une entité qui serait capable de promouvoir la démocratie, objectif du gouvernement, de la manière la plus légitime possible et surtout de façon transparente. Car la NED est un organisme privé, mais dont le financement est attribué en quasi-totalité par le Congrès américain. Ce travail de recherche se penche sur la question de l’autonomie de la fondation envers le gouvernement américain, envers l’administration ainsi que le Congrès, et son évolution au regard du changement de contexte des années 1990. En effet, la fin de la Guerre Froide et l’effondrement de l’URSS provoquèrent une remise en question de l’existence de la NED. Cette période est également marquée par l’arrivée de Bill Clinton qui doit redonner une nouvelle voie à la politique étrangère américaine après que le containment soit devenu désuet. À ce titre, nous tentons de montrer que l’anticommunisme, qui constitue le socle idéologique de la création de la NED, la lie aux objectifs du gouvernement. Mais elle conserve malgré tout une certaine autonomie qui en fait un outil ponctuel de politique étrangère. Mais cette position évolue dans les années 1990 avec le nouveau contexte international ainsi que les changements d’administration. Malgré cette autonomie, elle adopte de sa propre initiative un interventionnisme dans la poursuite de l’intérêt américain, alors nouvellement défini comme le maintien de la position hégémonique américaine, résultat notamment des différentes influences qui pèsent sur son conseil d’administration.

  • Grégoire Mettra, La stratégie des États-Unis dans la Corne de l'Afrique, 1977-1981 : Rôle des acteurs politiques américains dans un contexte de crise régionale et globale, thèse soutenue en 2023 à Montpellier 3 sous la direction de Antoine Coppolani, membres du jury : Annick Cizel et Sonia Le Gouriellec  

    Il s'agit dans, cette recherche, d'analyser et décrire le jeu d'acteurs qui détermine la politique des États-Unis dans la Corne de l'Afrique (Éthiopie, Somalie, Djibouti) entre 1977 et 1981, soit la durée du mandat du président James E. Carter. Durant cette période, Djibouti acquiert son indépendance de la France, la Somalie mène une guerre territoriale contre l'Éthiopie et, dans le cadre de la guerre froide, les alliances régionales avec l'Est et l'Ouest exacerbent la concurrence entre les États-Unis et l'URSS. À la lumière des archives et d'autres sources primaires françaises et américaines, cette thèse vise à montrer ce qui influence le processus de décision et la diplomatie américaine dans le cadre d'une politique africaine dans la seconde partie des années 1970.

    Musaad Alnashwan, L'évolution des relations franco-saoudiennes depuis le mandat présidentiel du général Charles De Gaulle jusqu'à la participation française à la Vision 2030, thèse soutenue en 2023 à CY Cergy Paris Université sous la direction de Régine Perron, membres du jury : Anne-Claire de Gayffier-Bonneville (Rapp.), Dominique Barjot et Mohamed Shihata  

    L'objectif de la thèse est d'aborder l'importance de la participation française dans les projets du plan saoudien « Vision 2030 ». Les relations entre Paris et Riyad remontent à plus de 90 ans. En 1839, la France a nommé son premier consul à Djedda. La Convention d'Al-Jazzera entre le royaume du Hedjaz, Nedjd et les territoires annexes et le gouvernement Français a été signée en 1931, une année avant la création officielle du royaume saoudien actuel en 1932. En février 1945, Riyad maintient la neutralité officielle pendant la Seconde Guerre mondiale tout en fournissant du pétrole vital à la France et aux Alliés, puis elle déclare symboliquement la guerre à l'Allemagne et au Japon. Mais, en 1956, après l'attaque de l'Égypte par la France, la Grande-Bretagne et Israël, lors de la crise de Suez, le roi saoudien Saoud bin Abdulaziz rompt les relations diplomatiques avec la France et le Royaume-Uni et suspend les expéditions de pétrole vers les deux pays. En 1967, la France condamne l'agression israélienne. Quelques années plus tard, les relations ont été normalisées et le roi Fayçal rend visite au président Charles de Gaulle à Paris. En 2018, le Prince héritier Mohammed bin Salman effectue une visite à Paris pour avoir une discussion avec Emmanuel Macron pour « construire une alliance avec les Saoudiens ». Un accord de partenariat entre Paris et Riyad est également signé pour le développement de la cité antique d'Al-Ula et sa transformation en un vaste complexe touristique.Lors de cette visite, 19 protocoles d'accord ont été signés entre des entreprises françaises et saoudiennes, pour une valeur de plus de 18 milliards de dollars dans des secteurs très divers, comme le traitement de l'eau, la pétrochimie, mais aussi le tourisme, la culture, la santé et l'agriculture. Un accord a notamment été signé entre Total et Aramco, d'une valeur de 5 milliards de dollars, qui a pour but de développer un site industriel à Jubail qui comprend déjà la plus grosse raffinerie de Total dans le monde. Neom Mégaprojet, situé au nord-ouest de l'Arabie saoudite, Oxagon, ville industrielle de Neom, qui est la plus grande structure flottante du monde, est le premier et le plus grand port entièrement automatisé et centre logistique intégré du monde. La ville flottante de 4,3 millions de mètres de large sera un centre d'innovation, rendu possible par un port automatisé intégré à un réseau de chaîne d'approvisionnement intelligent. Le développement à terre devrait être achevé en 2030, l'objectif étant que les installations de solutions logistiques de la ville soient en place en 2025. Une fois terminée, la ville accueillera certaines des entreprises les plus avant-gardistes et visionnaires du Royaume. La région NEOM a été créée par le Fonds d'Investissement Public (FIP) saoudien dans le cadre de la Vision 2030 du Royaume, qui vise à redéfinir la vie urbaine. Parsons a été sélectionné par NEOM pour fournir une assistance à la gestion du projet pour la construction d'OXAGON, le centre industriel du futur de NEOM. Al-Ula Mégaprojet, se trouve dans le nord-ouest du royaume, une zone d'importance archéologique qui pourrait être un atout majeur pour le tourisme. Le projet se déroulera en trois phases, la première étant achevée en 2023, pour un coût estimé entre 3 et 4 milliards de dollars. Il devrait être achevé en 2035 pour un coût compris entre 19 et 25 milliards de dollars, selon Amr Al Madani, PDG de la Commission royale saoudienne. Dans le cadre de la feuille de route saoudienne, cette mission d'Al-Ula est idéale pour montrer comment les futurs leaders de l'architecture en Arabie saoudite peuvent bénéficier de l'expertise française, dont celle de l'architecte Jean Nouvel, en matière de concepts et de designs, à l'heure où le pays est appelé à devenir le plus grand chantier du monde avec un investissement total de 4,13 trillions de riyals saoudiens dans des projets d'infrastructure et immobiliers.

    Chuberlin Léandre Ndong Emane, Le pétrole de l'Afrique subsaharienne : un enjeu stratégique dans la genèse de l'industrie pétrolière publique française (1928-1977), thèse soutenue en 2023 à Sorbonne université sous la direction de Dominique Barjot, membres du jury : Samir Saul (Rapp.), Marta Musso    

    Au sortir de la Seconde guerre mondiale, la France tire ses leçons de ce conflit. L’énergie est utilisée à des fins géostratégiques et géopolitiques de démonstration de puissance. Les deux grandes guerres mondiales révèlent ainsi, le pétrole comme un objet d’influence, de rapport et de force capable d’octroyer la victoire à quiconque le possède. À cet effet, comme le souligne le Comte de Fels : « La Nation qui n’a pas de pétrole, n’aura plus désormais de marine, d’armée et de crédit, et tombera dans la catégorie humiliée des nations subordonnées (…). Sans pétrole, il n’y a pas de véritable indépendance nationale ! ». C’est ainsi que l’ensemble des États se lancent dans une course effrénée pour l’obtention de cette huile noire par tous les moyens possibles. La France ne possédant pas de réelles potentialités pétrolières sur son territoire, se tourne ainsi vers son immense empire colonial. Le 1er novembre 1954, on assiste à la première découverte pétrolière française commercialement exploitable, dans le Sahara algérien. Malheureusement cette découverte se déroule au moment même où commence la guerre de libération nationale algérienne. Cette découverte pétrolière est utilisée par les Algériens comme outil de chantage dans les négociations entre l’Algérie et la France. Ces négociations aboutissent à une scission au profit d’une indépendance quasi-totale de l’Algérie. Quelques années plus tard, la France fait une importante découverte en Afrique équatoriale française sur l’île d’Ozouri (actuel Port-Gentil) au Gabon. Cette dernière est suivie de plusieurs autres découvertes de gisements pétroliers et gaziers en Afrique centrale, tant au Gabon qu’au Congo-Brazzaville. C’est ainsi que la France fonde ses espoirs dorénavant sur le Gabon. Cette découverte d’or noir permet, non seulement à la France de s’approvisionner en pétrole, mais aussi de pouvoir occuper une place respectable dans le grand concert des nations. Ces découvertes d’hydrocarbures participent, sans équivoque, à la naissance du groupe pétrolier français ELF. L’Afrique centrale en générale, et le Gabon en particulier, constitue un atout important dans la réalisation de la vision d’antan d’un pétrole « franc », et sur le long terme, à celle d’une industrie pétrolière nationale française.

    Pascal Martin, Le renseignement en France face au cyberespace et aux nouvelles technologies de l information et de la communication (NTIC), thèse soutenue en 2022 à Bordeaux 3 sous la direction de Sébastien-Yves Laurent, membres du jury : Bertrand Warusfel (Rapp.), Jean-Marc Césari et Patrick Calvar  

    Le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) se traduit par une interconnexion croissante de nos appareils dans une zone dénommée cyberespace. Ce dernier est au cœur des évolutions des doctrines de défense des États et constitue donc une zone d'action pour les services de renseignement français, qui ont dû s’adapter à ce nouvel environnement opérationnel. En conséquence, le renseignement technique occupe désormais une place primordiale et suppose une adaptation des services par la création de structures mutualisées, des stratégies de ressources humaines adaptées, l'attribution de moyens financiers importants, une évolution des modes opératoires (nouvelles perspectives dans le renseignement humain notamment) et une collaboration accrue entre services, secteur privé et monde universitaire. L’accroissement inédit et exponentiel du nombre de données à traiter constitue un défi de premier ordre pour les services, tout comme l’accès à ces données. Ces nouveaux enjeux supposent donc une importante capacité d'innovation et une évolution des processus d'analyse, ainsi que le développement d'outils technologiques permettant le stockage, le traitement et l'exploitation de masses de données colossales. Enfin, en raison de cette connectivité croissante, l'action clandestine doit s'adapter constamment pour pleinement exploiter mais également contourner les contraintes liées aux technologies (biométrie, reconnaissance faciale, passé numérique des individus, etc.), tandis que ce mode opératoire est pleinement décliné au cyberespace (vol de données, sabotage, subversion, influence, désinformation…). Dans ce cadre, les services de renseignement voient leur rôle renforcé comme acteurs d'une cybercoercition au profit d'enjeux géopolitiques. Les services de renseignement français s'inscrivent donc dans une évolution constante pour s’adapter à ces nouveaux enjeux et faire face aux menaces qui en sont issues.

    Jacques Bringuez, Les conséquences de la crise de Suez de 1956 sur le système international, thèse soutenue en 2019 à Sorbonne université sous la direction de Olivier Forcade, membres du jury : Anne Dulphy (Rapp.), Georges-Henri Soutou et Maurice Vaïsse    

    La crise de Suez de 1956 est avant tout synonyme d'une opération militaire menée par les Français et les Anglais, dont l'échec retentissant a sonné le glas de la politique colonialiste des deux États. Mais Suez 1956 représente aussi et surtout un véritable tournant dans les relations internationales pour plusieurs raisons. Tout d'abord parce que, pour la première fois depuis l'avènement de la Guerre froide, l'URSS et les USA vont faire front commun contre les puissances occidentales associées à Israël. Ensuite parce que concomitamment, les Soviétiques répriment l'insurrection hongroise, battant en brèche leur toute nouvelle théorie de la coexistence pacifique. Enfin parce que le Tiers-monde trouve naissance dans cet affrontement, et devient l'objet de conquête idéologique, notamment au Moyen-Orient. En quoi la crise a-t-elle modifié les interactions au niveau diplomatique, l’équilibre des institutions internationales, les relations géopolitiques, les relations bilatérales dans l'univers de la Guerre froide, les relations intra blocs Est-Ouest ? Quelles conséquences la crise aura-t-elle eue sur la stratégie et les objectifs politiques des différents acteurs ?

    Arben Rushiti, La communauté internationale face à la crise du Kosovo : de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie à l'intervention de l'OTAN (1991-1999), thèse soutenue en 2018 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Frédéric Turpin, membres du jury : Laurent Cesari (Rapp.), Denis Varaschin et Odile Perrot    

    De l’éclatement de l’ex-Yougoslavie en 1991 à la montée des tensions à la fin de 1997, la crise du Kosovo a été insuffisamment considérée par la communauté internationale, qui était accaparée par la gestion des conflits ouverts en Croatie et en Bosnie. Mais l’éclatement du conflit armé au début de 1998 poussa la communauté internationale à réagir au Kosovo. Or, cette réaction était à la fois tardive et insuffisante pour permettre de parvenir à une solution diplomatique du conflit. L’une des interrogations de ce travail est donc de déterminer si un règlement politique et pacifique du conflit était possible. Si, avant le conflit armé, tout n’a pas été tenté pour prévenir son éclatement, les chances de trouver une solution politique une fois les hostilités déclenchées, étaient illusoires. Aussi, toutes les initiatives entreprises par la communauté internationale au cours de l’année 1998 et le début de 1999 échouèrent.L’absence d’une solution diplomatique conduisit l’OTAN à intervenir militairement contre l’ex-République fédérale de Yougoslavie, entre mars et juin 1999. Les raisons qui ont motivé cette intervention constituent un autre questionnement important de cette thèse. Dans cette crise, l’OTAN semble avoir subi l’évolution de la situation plus qu’elle ne l’a précédée et anticipée. Selon notre hypothèse, l’Alliance atlantique s’est impliquée dans le conflit en espérant que ses menaces lui éviteraient une intervention militaire qu'elle croyait brève lorsque celle-ci devint inévitable. En entendant mettre fin au conflit par une démonstration de force contre Belgrade, l’OTAN se retrouva donc engagée dans une guerre qu'elle devait mener jusqu'au bout, car il en allait de sa propre crédibilité. Si d’autres facteurs ont également joué un rôle important, l’enjeu de crédibilité nous semble donc constituer l'élément déclencheur de l’intervention de l’OTAN, puis son moteur au fur et à mesure qu’elle se prolongeait et s’intensifiait.

    Raphaël Ramos, L'administration Truman et l'émergence d'une communauté du renseignement aux Etats-Unis (1945-1953), thèse soutenue en 2015 à Montpellier 3 sous la direction de Antoine Coppolani, membres du jury : Wolfgang Krieger (Rapp.), Pierre Journoud  

    Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'administration Truman initia plusieurs réformes structurelles d'envergure, parmi lesquelles la réorganisation de ses capacités de renseignement. En créant la CIA en 1947 et la NSA en 1952, le président Harry S. Truman posa les fondations d'une communauté du renseignement qui ne cesserait de se développer à la faveur de la Guerre froide et au-delà. L'institutionnalisation de cette activité protéiforme, impliquant une multitude d'acteurs bureaucratiques, civils et militaires, se heurta à de nombreux obstacles, révélateurs du fonctionnement de l'État américain et de ses traditions démocratiques. À partir d'une vaste quantité d'archives récemment déclassifiées, cette thèse vise à identifier les acteurs et dynamiques intervenus dans la réorganisation du renseignement opérée par l'administration Truman. En corollaire, elle cherche à analyser leur impact sur la constitution d'un appareil de renseignement et sur son fonctionnement entre 1945 et 1953. Tout d'abord, cette étude examine comment la réorganisation du renseignement, qu'il soit stratégique ou électromagnétique, a été influencée par le processus d'unification des forces armées qui a abouti, en 1947, à l'émergence du concept de sécurité nationale. Ensuite, elle démontre comment les principes de coordination et de collégialité, dont est empreint le National Security Act, ont entravé le développement d'un appareil de renseignement intégré et cohérent. Enfin, cette thèse explique en quoi la dégradation de la situation internationale, symbolisée par le déclenchement de la guerre de Corée en 1950, a favorisé une ébauche de rationalisation de la gestion des activités de renseignement.

    Qibin Hou, Quarante ans de dialogue : évolution des relations politico-diplomatiques entre la France et la Chine (1964-2007), thèse soutenue en 2014 à Montpellier 3 sous la direction de Antoine Coppolani, membres du jury : Patrick Doan  

    Le but de cette thèse est de trouver les éléments, internes ou externes, qui influencent les relations politico-diplomatiques entre la France et la Chine depuis 1964. Comme premier grand pays occidental qui reconnaît la Chine en 1964, les rapports privilégiés avec Beijng (Pékin) sont devenus l’un des trois grands axes de la politique asiatique de la France. Et du côté chinois, les dirigeants chinois sont aussi attentifs à cette relation bilatérale. Puisque le contexte international ne cesse pas d'évoluer durant les quatre dernières décennies, les relations sino-françaises se développent aussi. Face à cette période, plusieurs questions concernées sont posées : Pourquoi les deux gouvernements décident d’établir les relations officielles en 1964 ? Quels sont les changements de cette relation bilatérale durant la dernière quarantaine d’années ? Quelles sont les raisons de ces changements ? Comment le contexte international et les politiques extérieures des deux pays ont influencé cette relation ? Etc.Les sources que l'on étudie sont des documents officiels publiés (du côté chinois ainsi que du côté français), des notes d’interviews avec les personnes du milieu diplomatique chinois, des mémoires des diplomates et des ouvrages académiques. J’ai choisi la période de 1964 à 2007 comme le fond général de cette recherche et j’ai divisé le texte en cinq parties principales dans l’ordre chronologique.Dans la conclusion est effectuée une synthèse afin d’illustrer comment les relations sino-françaises se développent depuis 1964, sous les influences internes et externes: l’alternance du gouvernement, réformes politiques et économiques, géopolitique régionale et le contexte international.

  • Hoang Nhu Thanh Nguyen, Repenser le pouvoir dans les théories des relations internationales : du pouvoir productif de la Francophonie à la socialisation du Vietnam au Conseil de Sécurité des Nations Unies, thèse soutenue en 2018 à Lyon sous la direction de Frédéric Ramel, membres du jury : Joëlle Le Morzellec (Rapp.), Jean-Jacques Roche (Rapp.), Van Quang Duong    

    Le pouvoir est omniprésent dans les interactions sociales. Il en va de même pour la politique internationale depuis la naissance des Relations internationales. Mais au sein de celle-ci, ce concept est contesté. Par exemple, le terme anglais power désigne deux phénomènes qui ne sont pas identiques et qui sont traduits par deux termes distingues en français : « la puissance » signifiant la capacité d’obtenir ce qu’on désire, et « le pouvoir » renvoyant au contrôle du comportement d’un acteur sur un autre. L’objectif de la thèse est double. Tout d’abord, cette recherche entend établir un lien étroit entre la façon de définir le pouvoir et les différents cadres théoriques (réalistes, libéraux, constructivistes) puisqu’il n’existe pas d’unique définition du concept. Ce premier aspect permettra de mieux comprendre la genèse mais aussi les tensions entre le concept et sa théorie-cadre lorsque le premier a tendance à circuler dans d’autres théories, comme ce dont témoigne les débats autour de la trilogie hard power, soft power, smart power de Joseph Nye. Le deuxième objectif vise à mieux comprendre le pouvoir des organisations intergouvernementales en adoptant un cadre constructiviste. La thèse s’appuie sur l’approche de Barnett et Duvall qui distingue quatre types de pouvoir (imposé, institutionnel, structurel et productif) en vue de saisir le pouvoir productif de la Francophonie dans la « fabrication » d’une nouvelle subjectivité de l’Etat : le « droit souverain » de promouvoir sa diversité culturelle et le « devoir souverain » concernant la responsabilité de protéger. La thèse montre également que le pouvoir institutionnel du Conseil de Sécurité des Nations Unies s’exerce via la socialisation du Vietnam en son sein dans le cas de la responsabilité de protéger.

    Yue Xu, Les États-Unis dans les relations sino-françaises de 1949 à 1964, thèse soutenue en 2017 à Paris 4 sous la direction de Olivier Forcade, membres du jury : Hans d' Orville et Lihong Zhou    

    La République Populaire de Chine a été établie le 1er Octobre 1949, cela met fin au régime de Chiang Kaï-shek en Chine continentale. À ce moment-là, le gouvernement français commence à négocier officiellement pour reconnaître la République populaire de Chine. Vivant dans deux camps hostiles, pourquoi la France est-elle prête à reconnaître le régime de Mao Tse-tung en 1949 ? Le 27 janvier 1964, la Chine populaire et la France ont publié simultanément un communiqué diplomatique à Pékin et à Paris. La France est devenue le premier pays occidental majeur à établir des relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs avec la République populaire de Chine en 1964. Que se passe-t-il au cours de ces 15 ans? Pendant cette période, les États-Unis jouent un rôle très important à la Guerre de l’Indochine, la Guerre de Corée, la Conférence de Genève, la question de Taïwan et la représentation des peuples chinois à l’ONU, et influence la politique européenne avec le plan Marshall. Après son retour en 1958, De Gaulle a la volonté de sauvegarder la souveraineté nationale, les intérêts nationaux et l’indépendance, et s’engage sur une route de décolonisation. À partir de 1962, la politique extérieure française devient plus active en Chine, et les deux pays commencent à négocier sur l’établissement des relations diplomatique après être parvenus à un consensus sur Taïwan, Algérie et États-Unis. L’établissement des relations diplomatiques sino-françaises n’est pas accidentelle, cela répond aux besoins politiques et diplomatiques et aussi à la tendance inévitable du développement historique dans la Guerre Froide.

    Jérémy Bougrat, L’opposition non-communiste de la Ve République dans la Guerre froide : l'esprit de détente, 1962-1966, thèse soutenue en 2014 à Paris 4 sous la direction de Georges-Henri Soutou, membres du jury : Christine Manigand    

    Amorcée dès la mort de Staline en mars 1953, la décrispation des antagonismes Est-Ouest connaît cependant des fluctuations dans les années suivantes, jusqu'au sommet des tensions internationales que représente la crise de Cuba de l'automne 1962. Débute alors une période d'accalmie communément qualifiée de « détente ». Notre étude s’est ainsi fixée comme mission d’étudier l’influence de ce contexte international sur le monde politique français. De la fin de la crise de Cuba au voyage du général de Gaulle en Union soviétique en juin 1966, celui-Ci évolue dans sa vision de la guerre froide et révèle un « esprit » de détente plus ou moins fort. Si tous les partis et les structures non-Partisanes de l’opposition non-Communiste sont favorables à un encouragement de la détente, rares sont ceux qui appellent à baisser sa garde face à un pays qui reste le plus probable des adversaires. La notion de sécurité est centrale pour des responsables politiques aspirant à assumer les réalités du pouvoir. Afin d’avancer vers un approfondissement de la détente, tout en réglant une question allemande omniprésente, il faut continuer la construction européenne, emprunter la voie de la sécurité collective, désarmer simultanément et développer les liens avec l’Est.

    Julien Florent, Renseignement et diplomatie de la SDN à l'ONU : histoire des pratiques de l'espionnage dans les organisations internationales, thèse soutenue en 2014 à Paris 4 sous la direction de Olivier Forcade, membres du jury : Sébastien-Yves Laurent et Peter Jackson    

    Les Etats sont amenés à espionner les organisations internationales, les structures comme les membres qui les composent, car ces organisations ont déterminé depuis 1920 la place et la puissance des Etats dans l’ordre international. Cette recherche traite de la dynamique du renseignement dans la relation diplomatique de l’Etat à la Société des Nations et aux Nations Unies, de son articulation avec la diplomatie dans l’élaboration d’une politique étrangère à la SDN et à l’ONU. L’enjeu est de définir les leviers théoriques de l’articulation stratégique entre les services diplomatiques et les services de renseignement au cours de moments historiques précis et marquants des appréhensions, des objectifs, des moyens de mise en œuvre et de conduite des politiques d’influence des Etats dans les organisations internationales. A la SDN puis à l’ONU, nous étudierons le renseignement par le biais de son évolution vis-à-vis de ces nouveaux cadres internationaux, des figures et des jeux d’espions qui entourent les activités des organisations internationales, puis au cours de temps diplomatiques forts qui ont renforcé son rôle dans les organismes internationaux. Cette étude revisite l’histoire des relations internationales et des grandes institutions multilatérales telle qu’elle a été appréciée par les services de renseignement. Nous verrons ainsi que le renseignement à la SDN et à l’ONU se construit en fonction des impératifs diplomatiques comme un outil traditionnel de puissance et d’influence, un instrument de force et d’intégration de la politique étrangère des Etats. Il permettra de se projeter dans une actualité très contemporaine avec toute la profondeur de l’Histoire.