Stéphanie Guyon

Professeur
Science politique.

Centre Universitaire de Recherches sur l'Action Publique et le Politique - Épistémologie et Sciences Sociales
  • THESE

    Du gouvernement colonial à la politique racialisée : Sociologie historique de la formation d'un espace politique local (1949-2008), St-Laurent du Maroni, Guyane, soutenue en 2010 à Paris 1 sous la direction de Frédérique Matonti 

  • Stéphanie Guyon, Natacha Gagné, Benoît Trepied (dir.), Justices ultramarines, Presses Universitaires de France, 2018, 191 p. 

    Stéphanie Guyon, Audrey Célestine, Violaine Girard (dir.), L' Etat outre-mer, De Boeck, 2016, 240 p. 

    Stéphanie Guyon, Du gouvernement colonial à la politique racialisée: sociologie historique de la formation d'un espace politique local (1949-2008), St-Laurent du Maroni, Guyane, Atelier national de reproduction des thèses, Université de Lille 3, 2012, Lille-thèses 

  • Stéphanie Guyon, « Christiane Taubira, a Black Woman in Politics in French Guiana and in France », Black French Women and the Struggle for Equality, 1848-2016, UNP - Nebraska, 2018, pp. 19-36 

    Stéphanie Guyon, « L’engagement dans les associations amérindiennes et businenge de Guyane. Ancrage local de la participation, relation clientélaire et politisation », in COMBES Hélène, GARIBAY David, GOIRAND Camille (éd.) (dir.), Les lieux de la colère. La dimension spatiale des mobilisations, Karthala, 2016, pp. 315-334 

    Stéphanie Guyon, Benoît Trépied, « Les autochtones de la République : Amérindiens, Tahitiens et Kanak face au legs colonial français », in Irene Bellier (dir.), Peuples autochtones dans le monde : les enjeux de la reconnaissance, L'Harmattan, 2013, pp. 93-112   

  • Stéphanie Guyon, « Distance de classe, distance ethnique ? La réception des prétentions à la représentation politique à Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane) », Participations - Revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté, 2021, n°2, pp. 97-128 

    Stéphanie Guyon, Gérard Collomb, Marie-Hélène Sa vilas boas, « Penser les relations ethno-raciales dans les trois Guyanes : fluidité et performativité des catégories », Cahiers des Amériques Latines, 2020, n°93, pp. 13-28  

    « Trois Fleuves, trois fleuves coulent, trois fleuves coulent dans mes veines. »Léon-Gontran Damas, Black Label, 1956« One river so many creeks, all are going to one sea. »Robin Ewald Ravales, dit R. Dobru, Wan Bon, 1965 Mobilisant la métaphore des rivières qui se rejoignent pour ne plus former qu’une seule eau, le Guyanais L.-G. Damas et le Surinamien R. E. Ravales plaçaient chacun au cœur de leur poésie, ode à la construction d’un pays, la question de la diversité ethno-raciale. La Guyane f...

    Stéphanie Guyon, Marie Hélène Sa Vilas Boas, « Relations sociales, relations ethno-raciales dans les trois Guyanes », Cahiers des Amériques Latines, 2020, n°93 

    Stéphanie Guyon, N. Gagné, « Les langues de la justice républicaine: Interpréter en situation post-coloniale », Outre-Mers Revue d'Histoire, 2020, n°406407, pp. 73--95 

    Stéphanie Guyon, « Classe, genre et représentation politique, Saint-Laurent du Maroni, Guyane (1949-1983) », Études rurales, 2019, n°204, pp. 22-41 

    Stéphanie Guyon, « Classe, genre et représentation politique, », 2019  

    Avenue du Général-de-Gaulle, Saint-Laurent du Maroni en 1966. Photo : @ Fonds A. Heurtet. L’abolition française de l’esclavage a provoqué, l’effondrement progressif de l’économie de plantation en Guyane dans la seconde moitié du xxe siècle et le départ des colons blancs. Dès lors, le terme de « créole », qui englobait toute descendance locale de populations importées dans un cadre colonial, désigne uniquement les descendants des esclaves. Il comprend au xixe et au premier xxe siècle les Créo...

    Stéphanie Guyon, Natacha Gagné, Benoît Trépied, « Cultures à la barre : Regards croisés sur la justice civile outre-mer », Ethnologie française, 2018, n°1, pp. 15-26 

    Stéphanie Guyon, « Cultures à la barre : Regards croisés sur la justice civile outre‑mer », Ethnologie française , 2018, n° 48, pp. 15-26   

    Stéphanie Guyon, « Passer devant le juge aux affaires familiales ? : Intermédiaires de la justice et alternatives au tribunal à Saint‑Laurent du Maroni (Guyane) », Ethnologie française , 2018, n° 48, pp. 107-120    

    À partir d’une enquête ethnographique par observation et entretien, cet article porte sur le rapport des Amérindiens et des Noirs‑marrons (ou Businenge) de Guyane française à la justice étatique en matière d’affaires familiales (séparation, délégation d’autorité parentale). Il appréhende d’abord les différents intermédiaires qui concourent au travail de médiation des institutions judiciaires auprès de ces groupes, en particulier les travailleurs sociaux qui interviennent dans le cadre de l’allocation des prestations sociales. Il analyse ensuite les logiques sociales du non‑recours aux instances judiciaires étatiques au regard de modes alternatifs de traitement de ces situations familiales et des difficultés d’accès à la justice.

    Stéphanie Guyon, « Passer devant le juge aux affaires familiales? Intermédiaires de la justice et alternatives au tribunal à Saint-Laurent du Maroni (Guyane) », Ethnologie française, 2018, n°1, pp. 107-119 

    Stéphanie Guyon, Natacha Gagné, Benoît Trépied, « Justices ultramarines », Ethnologie française, 2018, n°1 

    Stéphanie Guyon, « Trajectoires post-coloniales de l’assimilation », Politix , 2017, n° ° 116, pp. 9-28    

    Cet article s’intéresse à la singularité de l’appareil d’État dans les Outre-mer. Il appréhende la manière dont se sont historiquement construites et consolidées des formes singulières d’intervention étatique et de domination bureaucratique dans ces territoires. Tout en dressant un état de la littérature, il plaide pour une analyse du legs colonial attentive à la diversité des processus de décolonisation et à la complexité de leurs chronologies dans les Outre-mer. Loin de naturaliser « la spécificité » de l’État ultramarin, il envisage différents types de mobilisations qui construisent cette exceptionnalité et les processus de politisation ou de dépolitisation dans lesquelles elles s’inscrivent. En s’adossant à la sociologie du guichet, il aborde enfin l’adaptation en pratique de l’action publique dans la rencontre administrative ultramarine.

    Stéphanie Guyon, Violaine Girard, Audrey Célestine, « L’État Outre-mer », Politix, 2017, n°116   

    Stéphanie Guyon, « L’engagement des  transfuges coloniaux  en Guyane française : genre, relations coloniales et mobilité sociale », Politix , 2016, n° ° 114, pp. 177-201    

    À partir d’une enquête ethnographique au sein du mouvement amérindien de Guyane française, cet article appréhende les liens entre mobilités sociales et engagement en articulant relations postcoloniales, classe, genre et génération. L’article met en évidence la sexuation des trajectoires de mobilité ascendante : les hommes amérindiens connaissent une réussite scolaire supérieure à celle des femmes, accèdent à des positions de professions intermédiaires, bénéficient d’une mobilité géographique en métropole jusque-là réservée aux créoles et héritent bien souvent de leurs aînés de responsabilités militantes. Si l’école, qui favorise une relative autonomie à l’égard des assignations sexuées traditionnelles, joue un rôle indéniable dans la promotion sociale des femmes amérindiennes, celles-ci bénéficient aussi de dynamiques de socialisation au milieu d’accueil qui se produisent en dehors de l’institution scolaire et, de manière plus informelle, dans l’intimité des couples. Leur mariage avec des hommes créoles ou métropolitains leur fournit ainsi les ressources nécessaires à leur engagement associatif et/ou politique. Cet article montre aussi ce que l’engagement fait à la mobilité en termes d’opportunité de rattrapage scolaire ou de reconversion professionnelle. Là aussi, les chances de reconversions promotionnelles du militantisme sont supérieures pour les hommes que pour les femmes. Toutefois, depuis la réforme paritaire, les femmes ont comme les hommes des opportunités d’entrée en politique au niveau local.

    Stéphanie Guyon, « L'engagement des transfuges coloniaux en Guyane française : genre, relations coloniales et mobilité sociale », Politix, 2016, n°2, pp. 177-201 

    Stéphanie Guyon, « Trajectoires post-coloniales de l’assimilation », Politix, 2016, n°4, p. 9 

    Stéphanie Guyon, « Outre-mers indigènes », Genèses , 2013, n° ° 91, pp. 2-6   

    Stéphanie Guyon, « Des  Primitifs  aux  Autochtones  : Savoirs ethnologiques et politiques publiques en Guyane de 1946 à nos jours », Genèses , 2013, n° ° 91, pp. 49-70    

    Cet article appréhende les liens entre l’ethnologie et la gestion étatique des populations en Guyane de 1946 à nos jours. Dans une perspective socio-historique, il étudie la genèse des modes de catégorisations de ces différents groupes de « populations primitives » à « peuples autochtones » - et des dispositifs publics dédiés à ces groupes. Il met en évidence la transformation des figures de l’ethnologue engagé dans l’action publique : d’abord fonctionnaires chargés de la protection des « primitifs », puis soutiens militants de la cause autochtone et enfin experts.

    Stéphanie Guyon, « Des marges ultra-marines de la République au Parlement : trajectoires de députées guyanaises », Parlement, Revue d'histoire politique , 2013, n° ° 19, pp. 91-106    

    Cet article appréhende la socialisation et l’entrée en politique des députés guyanaises de la 13e législature, Christiane Taubira et Chantal Berthelot, au regard de leur génération d’élu.e.s guyanais.e.s en prêtant une attention particulière au caractère sexué des carrières militantes. Il analyse les filières d’accès au mandat parlementaire de ces députés et leur manière d’endosser le rôle.

    Stéphanie Guyon, « III. Du gouvernement colonial à la politique racialisée. Sociologie historique de la formation d'un espace politique local (1946-2008), Saint-Laurent-du-Maroni, Guyane », 2012, pp. 813-822    

    Guyon Stéphanie. III. Du gouvernement colonial à la politique racialisée. Sociologie historique de la formation d'un espace politique local (1946-2008), Saint-Laurent-du-Maroni, Guyane. In: Droit et gestion des collectivités territoriales. Tome 32, 2012. Transports et politiques locales de déplacement. pp. 813-822.

    Stéphanie Guyon, Marie-Emmanuelle Pommerolle, « La transformation des registres de légitimation politique en Guyane », Pouvoirs dans la Caraïbe , 2010, n°16, pp. 37-66   

    Stéphanie Guyon, Alexandra Oeser, Lucie Bargel, Céline Bessière, Magali Della Sudda [et alii], « Appropriations empiriques du genre. Introduction », Sociétés & Représentations, 2007, n°24, pp. 5-13   

  • Stéphanie Guyon, « Les « sciences » électorales. Expertises, dispositifs et circulations des savoirs sur les élections », le 28 mars 2024  

    Colloque organisé par le CURAP, Université de Picardie sous la direction scientifique de Clément Desrumaux et Sébastien Vignon, en collaboration avec Triangle et l’ANR VERELECT

    Stéphanie Guyon, « Un siècle d’adoption des enfants en France », le 20 juin 2023  

    Organisé par Yves Denéchère, Fabio Macédo, l’UMR TEMOS, le Pôle universitaire ligérien d’études sur l’enfance-jeunesse et sa chaire ‘Parole et pouvoir d’agir des enfants et des jeunes’ et le programme ANR EN-MIG

    Stéphanie Guyon, « Justice et inégalités au prisme des sciences sociales », le 23 novembre 2022  

    Colloque de clôture du programme JustineS – Justice et inégalités au prisme des sciences sociales, organisé par le Laboratoire Cresppa-CSU, organisé avec le soutien du Programme Emergence(s) de la Ville de Paris

    Stéphanie Guyon, « La vie privée des responsables publics », le 06 février 2019  

    Colloque organisé sous la responsabilité scientifique du Pr. Charles-Edouard Sénac

    Stéphanie Guyon, Benoît Trépied, « L'invisibilité de la question autochtone en France. Kanak et Amérindiens face au débat postcolonial français », XXIIe congrès de l'Association Internationale de Science Politique (IPSA), Madrid Spain (ES), le 08 juillet 2012 

  • Stéphanie Guyon, "Le consentement des classes populaires à la domination politique : une évidence sociologique ?", semi-plénière avec la participation de Stéphanie Guyon, Violaine Girard et Julian Mischi 

    Stéphanie Guyon, Des échelles, des États et des peuples 

    Stéphanie Guyon, TABLE RONDE : La participation à la prise de décision 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Edenz Maurice, Faire l’École dans une "vieille colonie" : un État colonial aux prises avec le monde scolaire de la Guyane française (de 1928 au début des années 1950), thèse soutenue en 2018 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Romain Bertrand, membres du jury : Sylvie Thénault (Rapp.), Éric Thomas Jennings et Pierre Singaravélou  

    Cette thèse s’est donnée pour objet l’étude du fonctionnement de l’État colonial en Guyane française au prisme de son action dans le domaine scolaire entre 1930 et 1951, soit la seule période pendant laquelle ce territoire se trouve scindé en deux entités administratives coiffées, cependant, par un même gouverneur. Au cœur de cette recherche réside l’hypothèse d’une singularité, dans une double perspective sociale et politique, de l’expérience coloniale guyanaise des années 1930 et 1940 – laquelle a conduit à forger les notions de « colonie-département » et d’« assimilation différenciée ». L’enquête menée articule ainsi histoire sociale de groupes professionnels issus du milieu éducatif et des sociabilités militantes, anthropologie des sociétés autochtones de l’intérieur amazonien et sociologie de l’Etat et des politiques publiques. Ce faisant, cette étude entend contribuer, d’une part, à une meilleure compréhension de l’Etat colonial à partir du cas trop souvent délaissé d’une « vieille colonie » ; de l’autre, à une histoire de la République donnant toute leur place aux Outre-mers.

  • Clémentine Lehuger, L'Etat "magnégné" : Imaginaires, pratiques et rapports à l'Etat à Mayotte, thèse soutenue en 2022 à Paris 1 sous la direction de Delphine Dulong et Florence Brisset-Foucault, membres du jury : Johanna Siméant-Germanos (Rapp.), Patrick Le Lidec (Rapp.)  

    La thèse étudie le champ politique local dans le département de Mayotte, en considérant ce microcosme insulaire comme un observatoire privilégié de l’État « au concret » aussi bien qu’idéalisé. En questionnant la dialectique centre-périphérie constitutive de la catégorie « outre-mer », que l’on retrouve dans les discours et les pratiques locales, cette thèse montre en effet comment l’État et ses agents se « réinventent » en outre-mer, à travers entre autres ce qui est souvent désigné sur place comme du « bricolage » (magnégné, en shimaoré). Attentive à l’histoire aussi bien qu’à ses usages politiques, la thèse décrit au moyen d’entretiens, d’observations et d’archives les différents rapports à l’État ainsi que les diverses formes de participation au gouvernement du territoire des agents de l’État métropolitain.es (préfecture, rectorat), de ses représentant.es loca.ux/les (élu.es et agents des collectivités territoriales), mais aussi de ses habitant.es (mahorais.es, « expatrié.es »). Elle analyse ainsi les luttes symboliques, sociales et politiques dans lesquelles l’État est pris à Mayotte, et via lesquelles il se déploie, proposant ainsi une redéfinition du gouvernement des marges en contexte post-colonial.

    Damien Riccio, La condition clandestine : une ethnographie des travailleurs migrants à Mayotte, thèse soutenue en 2022 à Bordeaux sous la direction de Antoine Roger et Benoît de L'Estoile, membres du jury : Johanna Siméant-Germanos (Rapp.), Michael Joshua Lambek (Rapp.), Ronan Hervouet et Antoine Hochet  

    Ce travail de recherche ethnographique porte sur l’emploi, à Mayotte, de la main d’oeuvre migrante en provenance des îles voisines des Comores. Cette main d’oeuvre est localement qualifiée de « clandestine ». Pourtant, elle répond à un ensemble de besoins particuliers dans un contexte de déploiement rapide de dispositifs de politique publique, conséquences de la départementalisation de Mayotte. Si les travaux en matière de migration de travail se sont ordinairement intéressés aux raisons de l’exil et à ses effets sur les logiques migratoires, ou inversement aux relations entre les conditions accordées aux populations migrantes dans la société d’accueil et les processus d’acculturation et d’assimilation, l’objet de ce travail invite à une perspective différente. En effet, il ne s’agit pas seulement de se placer du point de vue des migrants, mais de rendre compte de l’ensemble des processus sociaux et historiques qui configurent la place de cette main-d’oeuvre dans la société mahoraise. La place et le traitement accordés à cette catégorie de population seront analysés au prisme des transformations structurelles qui traversent la société mahoraise depuis la départementalisation de ce territoire en 2011. En effet, le déploiement rapide des politiques publiques qui accompagnent cette transformation statutaire tendent à redéfinir les logiques de distribution des ressources parmi les populations locales. Traditionnellement, la société mahoraise, au même titre que les sociétés comoriennes, s’est construite sur un modèle stratifié, impliquant donc des accès inégaux aux ressources pour les membres qui composent cette société, en fonction de la position sociale de chacun. Or, les effets de normalisation qui accompagnent la départementalisation tendent à imposer une logique différente en termes de distribution des ressources : le modèle traditionnel de la stratification tend à être remplacé – au moins théoriquement – par un modèle « égalitaire » ne limitant pas l’accès aux ressources à la position sociale des acteurs. Ce travail de recherche propose d’analyser les effets de cette contradiction apparente sur la main d’oeuvre migrante. Partant du postulat que l’entretien et le renouvellement de la force de travail sont des éléments indispensables au fonctionnement et au maintien de toute économie, quelles sont les évolutions et les adaptations mises en oeuvre par la main d’oeuvre migrante face aux transformations imposées par la départementalisation ?

    Soizic Brohan, « La femme politique paradoxale ». Étude comparative sur la représentation des femmes dans les assemblées politiques en Guadeloupe et en Jamaïque depuis 1944. : Étude comparative sur la représentation des femmes dans les assemblées politiques en Guadeloupe et en Jamaïque depuis 1944, thèse soutenue en 2019 à Bordeaux sous la direction de Christine Chivallon et Catherine Achin, membres du jury : Jessica Byron (Rapp.), Marion Paoletti  

    Les sociétés caribéennes de legs plantationnaire sont souvent associées à des sociétés « matrifocales » à tendance matriarcale où les femmes seraient détentrices d’un potentat féminin et les hommes dépossédés de leur autorité « naturelle ». Les femmes sont certes dotées d'une autorité féminine mais la « matrifocalité » ne nie pas des rapports de pouvoir inégaux entre les hommes et les femmes. Le champ politique en constitue un terrain d'expression privilégié. Le décalage paradoxal entre le pouvoir prêté aux femmes et leur position dans le système politique sert de point de départ à ce travail de thèse qui cherche à étudier les relations entre ordre social et représentation politique du point de vue du genre. Il analyse l'évolution de la représentation des femmes dans les assemblées politiques centrales en Guadeloupe (Conseil départemental et Conseil régional) et en Jamaïque (Chambre des représentants et Sénat) depuis 1944 au prisme des renégociations permanentes entre les contraintes structurelles des deux contextes politiques étudiés et les contraintes symboliques intériorisées par leurs acteur.rices.s porteur.se.s d'une histoire sociale particulière, ainsi que les modalités de professionnalisation politique des représentantes recouvrant une hétérogénéité de trajectoires personnelles, professionnelles et politiques. La méthode de recherche adoptée mobilise des sources archivistiques par le recueil de données de type statistique et monographique, donnant lieu à la réalisation d'une base de données sur les femmes siégeant dans les assemblées politiques et d'une typologie de leurs trajectoires, ainsi que la réalisation d’une série d'entretiens semi-directifs biographiques auprès de certaines d’entre elles afin d'approfondir l'analyse de leurs trajectoires. La perspective comparatiste entre la Guadeloupe et la Jamaïque souligne les spécificités de leurs systèmes de représentation politique en dépit de leurs similitudes socioculturelles.

    Clémence Léobal, « Osu », « baraques » et « batiman » : redessiner les frontières de l'urbain à Soolan (Saint-Laurent-du-Maroni, Guyane), thèse soutenue en 2017 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Anne Gotman et Benoît de L'Estoile, membres du jury : Olivia Maria Gomes da Cunha (Rapp.), Alexis Spire (Rapp.), Sylvie Tissot  

    Cette thèse porte sur la rencontre entre des politiques urbaines françaises et des modes d'habiter de l'Amazonie guyanaise, à Saint-Laurent-du-Maroni, à la frontière avec le Surinam. Cette vie urbaine est menée par des habitants de classes populaires souvent non francophones, confrontés à des normes d'urbanité concrétisées par les démolitions de « bidonvilles » et la construction de logements sociaux. Il s'agit d'analyser les interactions entre les acteurs en jeu dans cette situation postcoloniale impliquant habitants, élus communaux et professionnels de la ville, dans un contexte d'Outre-Mer aux hiérarchies sociales propres, croisant classe, nation, et race. Alliant une perspective historique et ethnographique, ce travail met en lumière les rapports d'habitants originaires de l'amont du Maroni aux administrations et à leurs agents. Ces derniers sont racialisés par le terme 'bakaa', qui renvoie à une blancheur postcoloniale spécifique, associée à l'urbanité, par opposition à une affirmation renouvelée de leur identification en tant que « personnes des pays de la forêt » ('bushikonde sama') - appartenance héritée du passé du marronnage des plantations surinamaises. Mises en lumière par l'ethnographie réalisée à leurs côtés, les démarches quotidiennes des habitants témoignent de leur progressive socialisation institutionnelle, tandis que certains agents des administrations adaptent les politiques publiques et les procédures administratives aux pratiques d'une population racialisée comme « Bushinenguée ». L'analyse passe des logements, catégorie de l'action publique, aux maisons, espaces vécus inscrits dans des configurations de parenté, des mobilités et des modes d'habiter de part et d'autre du Maroni. Les maisons sont appropriées par les habitants de manière dialectique : tout en se conformant aux normes d'urbanité 'bakaa' matérialisées par les logements sociaux, et sanctionnées par les bailleurs, les habitants transforment la ville par leurs modes d'habiter incorporés qui reflètent l'usage stratégique de ressources issues de la maîtrise d'un territoire transfrontalier. Les interactions asymétriques entre habitants et professionnels ont donc des effets sur les modes d'habiter et sur les politiques urbaines. Impliquant plusieurs normes d'urbanité, elles concrétisent leurs différences, constamment réitérées, dans les formes urbaines d'une ville ségréguée. Elles redéfinissent en permanence les frontières des personnes, des maisons, et des lieux.