Au cours des dernières années, c’est une véritable prise de conscience du fait insulaire qui s’est opérée au niveau international. Initiée par l’Organisation des Nations Unies (ONU), avec la déclaration de Rio, la reconnaissance des caractéristiques communes aux économies insulaires jugées discriminantes pour leur développement s’est parallèlement étendue à d’autres organismes internationaux tels que l’Union européenne. Dorénavant, l’on parle de Petits États Insulaires en Développement (PEID) pour désigner le groupe de 14 territoires dépendants et 38 pays membres des Nations Unies exposés à des risques sociaux, économiques et environnementaux particuliers. Hautement vulnérables, les 16 États indépendants de la Caraïbe, les 13 du Pacifique et les 9 dispatchés dans l’Atlantique, l’Océan Indien, la Méditerranée et le Sud de la mer de Chine, constituent, en effet, des cas singuliers pour le développement. La crise économique de 2008 et plus récemment celle liée à la COVID-19 sont venues le rappeler. Ainsi, ces dernières décennies, la littérature économique s’est logiquement enrichie de nombreuses contributions visant à aborder l’analyse des problématiques fondamentales dans ces territoires. Cette thèse a pour ambition de prendre part à ce mouvement et se propose de relever le défi de la documentation d'une thématique qui est particulièrement manquante dans les travaux et publications consacrés à ces économies. Elle a donc pour objet d’examiner la qualité des institutions insulaires et de s’interroger sur leurs rôles dans la croissance et le développement économique.Examinant l’effet d’un déficit/surplus de gouvernance sur les performances économiques, notre analyse établit, dans un deuxième temps, plusieurs conclusions intéressantes. D’abord, et contrairement à ce que prédit la théorie, la relative bonne qualité institutionnelle des PEID ne leur a pas permis de se prémunir face à des crises économiques, notamment celle de 2008. Ensuite, les économies insulaires dotées d’une bonne gouvernance n’ont, d’une part, pas su répondre de manière optimale à ce choc et d’autre part, ont connu une plus grande volatilité de leur taux de croissance. Mobilisant la technique des coupes transversales et des données de panel, nos applications, portant sur 33 PEID, attestent dans un troisième temps, que la gouvernance n'a globalement pas d'impact sur leur croissance économique, entre 2002 et 2016. En scindant cette période en deux, nous montrons toutefois une relation plus significative entre la gouvernance et la croissance avant la crise économique de 2008 (2002-2009) qu'après (2010-2016). Afin de mieux appréhender le rôle de la qualité institutionnelle nous poursuivons par l’examen de l’effet combiné et individuel des institutions, à partir de deux cadres d’analyse unifiés. Nous mettons alors en évidence, dans un quatrième temps, que seule la stabilité politique a un effet positif et significatif robuste sur la croissance du PIB par tête des PEID, toutes périodes confondues. Nos résultats enseignent enfin que les institutions insulaires défaillantes (qualité de la règlementation, efficacité du gouvernement) ont un impact nul voire négatif sur cette dernière.