Tristan Haute, Vincent Tiberj, Tristan Haute, Vincent Tiberj, « Introduction. Le vote est nu », La vie des idées.fr, 2024
Tristan Haute, François Alfandari, Anaïs Bonanno, Lina Cárdenas, Willy Gibard [et alii], « Quand la nécessité devient vertu. Croiser les données concernant le vote professionnel pour en surmonter les limites », Sociétés, Espaces, Temps, 2024
Ce chapitre explore de manière non exhaustive les questionnements induits par l’utilisation de données quantitatives pour étudier les relations professionnelles en partant d’un exemple concret : une recherche doctorale en science politique sur les déterminants du vote des salarié·es aux scrutins professionnels dans le secteur privé en France. Revenant sur les trois principaux matériaux utilisés dans le cadre de cette recherche doctorale, nous soulignant, pour chacun, en quoi ils contribuent à contraindre mais aussi à cadrer l’analyse des votes professionnels et ainsi à nous offrir des angles différents pour saisir les relations professionnelles. Si chaque source de données présente d’indéniables limites, elle donne aussi à voir des mécanismes sociaux différents, d’où l’intérêt de croiser ces sources.
Tristan Haute, Remi Lefebvre, « Lille : Martine Aubry mise au défi de l’écologie politique », Démobilisation électorale dans la France urbaine. Les élections municipales de 2020, 2023
Tristan Haute, Rémy Bretton-Wilk, « « En attente » : les logiques plurielles du sentiment d’injustice face à Parcoursup », https://www.cereq.fr/selections-du-systeme-educatif-au-marche-du-travail, 2023
Tristan Haute, Baptiste Giraud, « Le travail, espace de politisations différenciées pour les classes populaires salariées », Les classes populaires à l'écart du politique ?, 2023
Tristan Haute, « 8. Travail à distance, distance aux syndicats ? Le cas du télétravail », https://doi.org/10.3917/dec.senik.2023.01, 2023
Le recours au télétravail va de pair avec un affaiblissement des liens entre les salariés et leurs représentants, notamment syndicaux, comme le montre une enquête quantitative réalisée durant la crise sanitaire. Une analyse fine de cette enquête montre toutefois que c’est moins le télétravail en soi, même permanent, que sa durée et son cumul avec une faible ancienneté qui favorisent une moindre sollicitation des représentants du personnel, preuve de l’importance de considérer la diversité des conditions d’exercice du télétravail. À l’inverse, les télétravailleurs qui rencontrent le plus de problèmes au travail restent fortement en lien avec leurs représentants du personnel, preuve que ces derniers conservent une certaine centralité en entreprise.
Tristan Haute, Vincent Tiberj, « Introduction. Le vote est nu », in Tristan Haute, Vincent Tiberj (dir.), Extinction de vote ?, PUF, 2022, pp. 5-12
Tristan Haute, Lilian Mathieu, Sophie Orange, « Les enfants indociles de la massification scolaire », in Collectif Sombrero, Olivier Fillieule, Sophie Béroud, Camille Masclet, Isabelle Sommier (dir.), Changer le monde, changer sa vie. Enquête sur les militantes et les militants des années 1968 en France, Actes Sud, 2018, pp. 389-418
Tristan Haute, Séverine Misset, « Villes et bastions ouvriers : les grandes mutations ? », in Fillieule, Olivier, Béroud, Sophie, Masclet, Camille, Sommier, Isabelle, Collectif SOMBRERO (dir.), Changer le monde, changer sa vie. Enquête sur les militantes et les militants des années 1968 en France, Actes sud, 2018, pp. 73-101
Tristan Haute, « Participer ou non aux scrutins professionnels : quelles inégalités ? », XXXVIes Journées de l'Association d'économie sociale, Lille (France), 8-9 septembre 2016, organisées par le CLERSE (CNRS, Université Lille 1), Politiques sociales en mutation : quelles opportunités et quels risques pour l'Etat social ?, Presses universitaires de Louvain, 2016, pp. 445-462
Tristan Haute, Felix-Christopher von Nostitz, Marie Neihouser, Giulia Sandri, « Individual attitudes towards internet voting: The case of France », JeDEM - eJournal of eDemocracy and Open Government, 2024, n°2024-10-02
Depuis le début des années 2000, le vote par internet s'est considérablement développé. Cependant, peu de recherches examinent encore les attentes des citoyens concernant son utilisation dans le processus électoral, en particulier dans les pays qui n'ont pas encore introduit le vote par internet. Cet article comble cette lacune en étudiant les opinions des citoyens sur le vote par internet. Nous remettons en question les idées préconçues sur leur propension à accepter une telle option de vote. Notre analyse empirique est basée sur une enquête post-électorale en France. Nous démontrons que les citoyens français sont largement favorables à l'introduction du vote par internet. Le rejet d'un tel système est principalement dû à des raisons politiques ou à l'utilisation générale des médias sociaux. L'indifférence à ce sujet reflète la fracture sociale traditionnellement observée dans la participation politique électorale et en ligne. En outre, nous montrons que différents groupes émergent, en fonction des arguments qu'ils utilisent pour soutenir ou s'opposer à l'introduction du vote par internet.
Tristan Haute, Karel Yon, « Une analyse matérialiste du comportement électoral. Discussions autour du livre \u201CVotes populaires !\u201D du Collectif Focale », 2024, n°2022-10-12
Tristan Haute, Marie Neihouser, Camille Kelbel, Thomas Soubiran, nicolas Bué [et alii], « Variables lourdes et effets de voisinage. Retours sur une enquête à la sortie des urnes à Roubaix », Revue française de science politique, 2024, n°2023-04-01
Cet article mobilise une méthode particulière d’analyse des choix électoraux : une enquête à la sortie des urnes à vocation représentative menée lors de l’élection présidentielle de 2022 dans la ville de Roubaix, un territoire à la fois populaire et inégalitaire. Notre enquête a porté sur 35 des 45 bureaux de vote de la ville (4 266 questionnaires). Nous expliquons dans un premier temps qu’il est possible de contenir les biais associés aux enquêtes à la sortie des urnes. Nous présentons ensuite la manière dont ce dispositif permet une étude fine des déterminants sociaux du vote en milieu populaire. Nous montrons enfin que le caractère localisé du dispositif permet de documenter, autrement que par l’intermédiaire de données agrégées, l’existence d’effets de voisinage.
Tristan Haute, Léa Palet, Jean-Gabriel Contamin, Igor Martinache, Stéphan Mierzejewski, « Retour sur les (dés)engagements enseignants », 2023
Peu de groupes professionnels ont fait l’objet d’autant de recherches dans la sociologie française que celui des enseignant·es. Ces travaux soulèvent, chacun à leur manière et à différentes périodes, la question de l’unité de cette communauté, de son homogénéité, mais aussi de ses transformations et rémanences. L’engagement de ses membres dans leur métier, pour leur métier ou dans la Cité a, dans cette optique, suscité une attention particulière. Et si ce problème est en réalité loin d’être n...
Tristan Haute, Marie Neihouser, Felix-Christopher von Nostitz, Giulia Sandri, « Les réseaux socionumériques dans la campagne présidentielle de 2022 en France : diversité des usages, diversité des usager·e·s ? », Revue Française de Science Politique, 2023, n°6, pp. 977-996
Tristan Haute, « Syndicats : moins d'encartés, mais une image toujours positive auprès des salariés », https://theconversation.com/syndicats-moins-dencartes-mais-une-image-toujours-positive-aupres-des-salaries-201209, 2023, n°2023-03-15
Un examen minutieux du rapport des salariés aux syndicats ces dernières années révèle que, si les salariés sont peu syndiqués, ils ont toutefois une bonne image des syndicats.
Tristan Haute, « Trade unions and voting for the left in France and Belgium », transform! eDossier, A New Energy to Change Europe, 2023, n°2023-03-31
Le lien entre les syndicats et les partis politiques de gauche a longtemps été important. Cependant, il est de plus en plus remis en cause en raison de l'individualisation du rapport salarial, du déclin du syndicalisme et de l'éloignement des luttes des travailleurs des lieux de travail réels. Dans cet article, nous explorons la manière dont les rapports des salariés aux syndicats (présence dans l'entreprise, adhésion, participation aux grèves, etc.) affectent le comportement électoral en France et en Belgique, sur la base de données nationales de 2012 à 2022, et nous évaluons l'impact des syndicats sur les préférences électorales..
Tristan Haute, « Recours au télétravail et transformation des attitudes des salariés à l’égard des syndicats en France », Négociations, 2023, n°2023-02-23
Les conséquences de la digitalisation du travail sur les relations entre les salariés et leurs représentants, dimension clé des relations professionnelles, ont été jusqu’ici peu étudiées en France. Nous proposons dans cet article une première analyse de l’impact éventuel du télétravail sur les attitudes des salariés à l’égard des syndicats, à partir de données issues d’une enquête quantitative réalisée pendant la crise sanitaire, l’enquête PaCS (Participation et citoyenneté sociale). Nous montrerons que, si le télétravail d’avant-crise, peu répandu et le plus souvent occasionnel, ne semble pas aller de pair avec des attitudes plus distantes à l’égard des organisations syndicales, les télétravailleurs du confinement, recourant à un télétravail quasi permanent et bien plus contraint, semblent, davantage que les autres salariés, développer des attitudes indifférentes ou défavorables à l’égard des syndicats. Si ces premiers résultats venaient à être confirmés à partir d’autres données, la digitalisation du travail pourrait bien constituer un nouveau défi pour les organisations syndicales tant elle risquerait d’accroître un processus, déjà en cours, de distanciation des salariés vis-à-vis des syndicats et de leurs actions, affaiblissant ainsi leur position dans les négociations collectives.
Tristan Haute, « Diversity and Changes in Employee Attitudes Towards Trade Unions in France », Travail & Emploi, 2023, n°2022-12
Cet article cherche à saisir les logiques sociales et les évolutions des attitudes des salariés à l’égard des syndicats en France. Pour ce faire, nous mobilisons les données de plusieurs enquêtes quantitatives, dont l’enquête REPONSE (Relations professionnelles et négociations d’entreprise). Saisir et analyser les attitudes des salariés à l’égard des syndicats à partir de données quantitatives pose une série de problèmes méthodologiques, mais s’avère utile pour améliorer la compréhension des dynamiques contemporaines de démobilisation des salariés au travail et en dehors. Ainsi, nous montrons, d’une part, que les salariés ont des attitudes plutôt positives à l’égard des syndicats, mais qu’une proportion croissante d’entre eux ne s’exprime pas. D’autre part, nous montrons que le fait d’exprimer ou non une opinion ainsi que la teneur de celle-ci semblent liés aux caractéristiques sociales et professionnelles des salariés. Ainsi, les salariés les plus jeunes, les moins qualifiés et ceux qui côtoient le moins les syndicats tendent à moins s’exprimer ; par ailleurs, les couches supérieures du salariat du secteur marchand ont des attitudes plus hostiles à l’encontre des syndicats que les autres, tandis que ceux ayant les attitudes les plus favorables appartiennent aux couches intermédiaires et aux classes populaires stabilisées.
Tristan Haute, Marie NEIHOUSER, Giulia Sandri, Felix Von Nostitz, « À la recherche des citoyens mobilisés en ligne lors des élections municipales de 2020 », Réseaux : communication, technologie, société, 2023, n°2022-11-25
Cet article étudie les effets du contexte de crise liée à la Covid-19 sur la mobilisation en ligne des électeurs lors des municipales de 2020 en France. En mobilisant les données de l’enquête PELMEL (Participation électorale dans la métropole lilloise), conduite à l’issue du second tour du scrutin municipal, nous montrons que la participation numérique est restée minoritaire durant la campagne et cela malgré le contexte sanitaire. Cette participation répond d’ailleurs aux mêmes logiques qu’avant la crise : le niveau d’intérêt pour la politique des citoyens reste la variable la plus structurante. On constate toutefois une surmobilisation des jeunes en ligne, en particulier sur les réseaux sociaux et, à rebours de certains travaux, une participation relativement importante des répondants peu diplômés. Enfin, si les différentes pratiques politiques en ligne s’articulent entre elles, mais aussi avec des pratiques hors ligne, on observe, en matière d’activisme sur les réseaux sociaux, des variations dans le choix des plateformes et des pratiques principalement liées à l’âge et à des variables politiques.
Tristan Haute, Emmanuel Bellanger, Fabien Desage, Jean Rivière, « Élections nationales 2022 : pour une analyse localisée du vote et de ses enjeux », Métropolitiques, 2023, n°2022-12
Après avoir scruté les votes des grandes villes lors de l’élection présidentielle de 2017, Métropolitiques a consacré un nouveau dossier aux élections nationales de 2022. Les articles rassemblés ici proposent une analyse localisée des résultats électoraux et interrogent quelques enjeux territoriaux de ces élections.
Tristan Haute, Marie Neihouser, Felix-Christopher von Nostitz, Giulia Sandri, « Le vote par Internet, une solution pour faire face à l’abstention en France ? », The Conversation, 2023, n°2022-09-29
Le vote en ligne est souvent évoqué ces dernières années comme une solution pour lutter contre la hausse de l’abstention. Emmanuel Macron avait par exemple prévu dans son programme de 2017 de « généraliser le vote électronique d’ici 2022 ». Si la promesse n’a pas été tenue, le contexte de crise sanitaire et la distanciation sociale généralisée qui s’en est suivie tout autant que l’abstention massive de ces dernières années (26 % d’abstention au premier tour de l’élection présidentielle de 2022), ont amené de nombreuses personnalités politiques à se prononcer en faveur du vote en ligne. Pour autant, en France, où se rendre au bureau de vote reste un rituel républicain,on peut penser que le vote en ligne serait accueilli plus difficilement par les citoyens que dans certains autres pays.
Les premiers résultats de notre enquête post-électorale dans le cadre People 2022 nous permettent d’éclairer ce débat.
Tristan Haute, Léa Palet, Jean-Gabriel Contamin, Igor Martinache, Stéphan Mierzejewski, « Retour sur les (dés)engagements enseignants », Revue française de pédagogie, 2023, n°4
Tristan Haute, Martin Baloge, François Briatte, Nicolas Bué, Fabien Desage [et alii], « Présidentielle 2022 à Roubaix »: les déterminants sociaux du vote populaire ont-ils vraiment changé ?, Métropolitiques, 2022, pp. -2022---------
Tristan Haute, Marie Neihouser, Felix Von Nostitz, « Diversité des ancrages locaux des électeurs et vote. Le cas de la métropole lilloise », Pôle Sud, 2022, n°2022-01-21
La question des relations entre les comportements politiques des électeurs et leurs ancrages locaux est centrale en sociologie électorale. Cet article propose d’interroger plus précisément, à l’échelle d’un territoire donné, la métropole lilloise, et en croisant des matériaux quantitatifs à plusieurs échelles, deux relations : entre faible ancrage local et abstention d’une part et entre fort ancrage local et vote à l’extrême-droite d’autre part. Dans la continuité d’autres travaux, il invite à dépasser l’association mécanique entre implantation locale et surmobilisation des électeurs ou encore entre fort ancrage local et vote à l’extrême-droite. Par ailleurs, il démontre qu’il est nécessaire de décortiquer tant la notion de mobilisation électorale, - en tenant compte de la participation mais aussi de la non et de la mal inscription -, que celle d’ancrage local. Ainsi l’ancienneté résidentielle ou encore la présence de l’entourage à proximité ne sont pas statistiquement liées à la participation ou à l’orientation du vote, contrairement au statut d’occupation du logement et au rapport au quartier qui semblent avoir un rôle plus central.
Tristan Haute, Marie Neihouser, Giulia Sandri, Felix Von Nostitz, « Political information consumption and electoral turnout during COVID: the case of the 2020 municipal elections », French Politics, 2022, n°2022-04-22
La question des effets sur la participation politique de la consommation d'informations politiques provenant des médias traditionnels et numériques a été largement abordée par la littérature. Cependant, que se passe-t-il en période de pandémie lorsque les gens ont d'autres préoccupations et lorsque la pandémie occupe l’agenda médiatique ? La consommation d'informations politiques mobilise-t-elle ou plutôt démobilise-t-elle les électeurs lors des élections locales ? En nous concentrant sur les deux tours des élections municipales françaises de mars et juin 2020, nous explorons comment la pandémie a affecté la participation à travers la consommation d'informations politiques distribuées par les médias traditionnels et sur les réseaux sociaux pendant le premier pic de la crise (mars 2020) et pendant la première période de déclin des contaminations (juin 2020). Nos résultats montrent que l'association entre la consommation d'informations politiques et la participation existe mais reste moins pertinente que les déterminants traditionnels de la participation tels que les variables socio-démographiques ou l'intérêt pour la politique. De plus, nous montrons que la force de l'effet de la consommation d'informations politiques varie à la fois en fonction du type d'élection et du type de consommation d'informations politiques (nouvelles locales ou nationales, en ligne ou hors ligne). Globalement, il semble que le contexte de la pandémie ait eu peu d'effet sur les relations entre la consommation d'informations politiques et la participation électorale.
Tristan Haute, Marie NEIHOUSER, « Regional election in Hauts-de-France, 20-27 June 2021 », Electoral Bulletins of the European Union, 2022, n°2022-04-01
Dans cet article, nous analysons les résultats de l'élection régionale de 2021 dans les Hauts-de-France.
Tristan Haute, Marie NEIHOUSER, « Élections régionales en Hauts-de-France, 20-27 juin 2021 », Bulletin électoral de l'Union Européenne, 2022, n°2022-04-01
Dans cet article, nous analysons les résultats de l'élection régionale de 2021 dans les Hauts de France.
Tristan Haute, « Le travail, ultime lieu de fabrique de la politique (et de l’abstention) ? », The Conversation, 2022, n°2022-03-30
Les derniers sondages mettent en avant une forte proportion d’abstentionnistes, près de 30 %, dès le premier tour de l’élection présidentielle. Si les travaux de sociologie électorale, notamment en France, insistent sur l’existence de « variables lourdes » de l’abstention, les relations entre la participation électorale et le travail, malgré ses mutations, sont toujours structurantes.
Ainsi les caractéristiques socioprofessionnelles et les conditions d’emploi et de travail constituent des facteurs déterminants du (non-)vote. De même, les engagements collectifs et revendicatifs des salariés dans leur travail, s’ils sont moins nombreux qu’auparavant, vont de pair avec une mobilisation électorale plus importante.
Tristan Haute, « Les expériences du travail influencent-elles les choix de vote ? », The Conversation, 2022, n°2022-04-20
La question de l’influence éventuelle de l’activité et des expériences professionnelles sur les comportements de vote n’est pas nouvelle en analyses électorales. Cependant, le « vote de classes », mis en évidence au cours des années 1970 pour la France se serait érodé.
Peut-on pour autant conclure à la disparition de relations entre conditions de travail et d’emploi et pratiques électorales ? Rien n’est moins sûr.
Tristan Haute, Marie NEIHOUSER, Julien DORLENCOURT, Paul DESPLACES, « Ce que l’analyse des sondages nous dit de la candidature avortée de Xavier Bertrand », The Conversation, 2022, n°2021-12-26
« Pour l’instant, vous n’êtes même pas au second tour dans les sondages. » C’est ainsi qu’avait réagi Anne-Sophie Lapix, dans le journal télévisé de France 2 du 30 septembre, face à Xavier Bertrand. Ce dernier venait de déclarer être « le mieux placé » pour « porter ce changement ». Cette scène nous rappelle que Xavier Bertrand a construit en partie sa pré-campagne présidentielle autour de sa supposée « puissance sondagière ».
Or, alors qu’il a été battu dès le premier tour de la primaire interne aux Républicains, cette défaite pourrait s’expliquer par son incapacité à apparaître comme un candidat significativement mieux placé que ses autres concurrents à droite. C’est en tout cas ce que suggère une analyse des sondages pré-électoraux réalisés entre septembre et novembre 2021.
Tristan Haute, Marie NEIHOUSER, « Élection présidentielle : deux idées fausses à propos des réseaux sociaux », The Conversation, 2022, n°2022-02-02
Tristan Haute, Paul DESPLACES, Marie NEIHOUSER, « Présidentielle : pourquoi n’y a-t-il pas (encore) de dynamique de vote utile à gauche et à l’extrême droite ? », The Conversation, 2022, n°2022-03-07
La multiplication des candidatures est un thème récurrent des campagnes présidentielles depuis le « choc » du 21 avril 2002 – où la gauche, pourtant électoralement dominante, avait été évincée du second tour du fait de la grande dispersion des voix entre ses candidats.
En 2022, les candidatures d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen pourraient bien se neutraliser et fermer les portes du second tour à l’extrême droite. À gauche, la division associée à l’absence d’hégémonie d’une de ses composantes constitue un obstacle parmi d’autres à toute éventuelle victoire électorale. Cette multiplication des candidatures, si elle peut en partie être expliquée par des divergences politiques, semble aussi recouvrir des différences sociologiques.
C’est ce que met en évidence notre analyse agrégée des sondages d’intentions de vote réalisés depuis septembre 2021 (et avant la déclaration de candidature d’Emmanuel Macron du jeudi 3 mars 2022).
Cela pourrait être une des explications de l’absence, pour l’heure, de mouvements vers un « vote utile » à gauche comme à l’extrême droite, alors même que Jean-Luc Mélenchon semble le candidat le moins mal placé à gauche et Marine Le Pen la mieux placée à l’extrême droite (même si les intentions de vote en faveur d’Éric Zemmour sont très fluctuantes) (voir figure 1).
Tristan Haute, Felix VON NOSTITZ, François BRIATTE, Giulia SANDRI, « Les citoyens actifs sur Internet sont-ils politiquement plus radicaux ? », The Conversation, 2022, n°2022-04-27
Les usages électoraux d’Internet et des réseaux sociaux ont été particulièrement scrutés lors de la campagne d’avant premier tour. De nouvelles plates-formes, telles que TikTok ou Twitch, ont été fortement investies afin de toucher les plus jeunes, et certains candidats semblent y avoir été plus performants que d’autres – notamment Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour. À cet égard, des études montrent que l’activisme sur Internet se structure souvent sur des bases idéologiques et est plus élevé aux extrêmes de l’échiquier politique. D’où une question : les citoyens actifs sur Internet sont-ils politiquement plus radicaux que l’ensemble des électeurs ?
Tristan Haute, Emmanuel Bellanger, Fabien Desage, Jean Rivière, « Élections nationales 2022 : pour une analyse localisée du vote et de ses enjeux », Métropolitiques, 2022
Tristan Haute, « Voter ou non aux élections étudiantes : intérêts et limites d'une enquête par questionnaire localisée », Les Cahiers du GERME, 2021, n°2021-06
Une analyse de la participation aux élections étudiantes au niveau individuel, malgré les limites de l'enquête mobilisée, permet de mettre au jour les déterminants pluriels de la participation que recouvre souvent artificiellement un « effet filière ». D'une part, la conjonction d'un investissement faible, voire nul, dans la vie étudiante, notamment associative, et d'une absence d'intérêt pour la politique semble éloigner les étudiants des urnes. D'autre part, si notre enquête ne posait pas la question du « sentiment d'intégration » dans la filière et dans l'université, force est de constater que l'intégration objective dans celle-ci, qu'il s'agisse d'appartenir à une association étudiante ou même de loger dans une résidence étudiante, semble favoriser la participation électorale des étudiants. À ce titre, et même si la participation apparaît comme une pratique située socialement, le poids des interactions sociales apparaît déterminant comme l'illustre la relation entre la confrontation à un scrutin et l'existence, même rare, de discussions politiques entre amis. Comme le souligne Frédéric Lebaron, ce sont ces influences, celles des amis ou des candidats, « plus ou moins diffuses, qui " activent " de façon variable la norme civique
dans des contextes précis ; le fait de voter dépend ainsi avant tout de l'état de l'organisation collective du groupe [...] et de la mobilisation de celui-ci » . Le recours croissant au vote électronique lors des élections étudiantes, qui s'est particulièrement accéléré en raison du contexte de crise sanitaire, pourrait modifier l'équilibre entre ces déterminants pluriels. En effet, si la participation ne semble pas avoir significativement diminué lors du passage au vote en ligne, descendant rarement au-dessous des 10 %, on peut se demander si un vote par Internet et non plus physique, a fortiori en période de confinement où les interactions sociales entre étudiants sont plus que réduites, n'a pas engendré une démobilisation électorale des étudiants appartenant à des filières où le sentiment d'intégration est davantage répandu et où des organisations corporatives mobilisent plus massivement les étudiants et, au contraire, la remobilisation d'étudiants qui, quoique moins intégrés dans leur filière, ont un rapport moins distant à la politique. Se pose à ce titre la question de la capacité des organisations étudiantes à transposer en ligne des stratégies de mobilisation électorale qui, jusqu'ici, étaient principalement déployées hors ligne (distributions de tracts, interventions dans les cours, porte-àporte dans les résidences universitaires…).
Tristan Haute, Camille Noûs, « Le télétravail, frein à la représentation et à l’action collective en entreprise ? », Sociologies pratiques, 2021, n°2021-11-24, pp. 63-72
Cet article interroge l’impact du télétravail sur la participation des salariés à la représentation et à l’action collective en entreprise. En mobilisant les données de l’enquête reponse 2017 (Relations professionnelles et négociation d’entreprise), nous montrons que le télétravail ne semble pas constituer en soi un frein à la participation. Les différences de participation observées sont en réalité liées au profil spécifique des télétravailleurs (moins précaires et appartenant aux couches supérieures du salariat). Les télétravailleurs occasionnels ne sont ainsi pas significativement moins participants que les autres salariés, y compris lorsqu’on se limite aux cadres, catégorie au sein de laquelle le télétravail est le plus répandu.
Tristan Haute, « Abstention : au-delà de la crise sanitaire, les vraies raisons de la démobilisation », The Conversation, 2021, n°2021-06-23
Cet article s'intéresse à la très forte abstention constatée lors des élections régionales et départementales de 2021 en France. Les premières données soulignent que le risque épidémique est un argument insuffisant pour expliquer cette abstention massive. En revanche, les variables sociodémographiques comme le genre ou la catégorie sociale ont eu un rôle déterminant.
Tristan Haute, Camille Kelbel, François Briatte, Giulia Sandri, « Down with Covid: Patterns of Electoral Turnout in the 2020 French Local Elections », Journal of Elections, Public Opinion and Parties, 2021, n°2021-05-31, pp. 69-81
Cet article s'intéresse aux effets de la crise du COVID-19 sur la participation aux élections municipales organisées en France en mars et juin 2020. La tenue de ces élections en période de pandémie a entraîné une baisse significative de la participation, mais cette baisse apparaît très inégale au sein de l'électorat. Nous utilisons à la fois des résultats électoraux agrégés au niveau du bureau de vote et des données au niveau individuel tirées d'une enquête que nous avons menée entre juin et juillet 2020. Si la peur de la contagion explique en partie l'abstention des électeurs, cet article met en évidence les effets contradictoires de la pandémie sur les déterminants socio-économiques de la participation électorale. D'une part, la variation des taux de participation par âge, habituellement assez importante en France, a considérablement diminué en 2020. D'autre part, les différences de taux de participation en fonction du statut économique et social des électeurs se sont renforcées pendant la pandémie. Cette analyse à partir de données individuelles montre dès lors que la crise sanitaire a également eu d'importantes conséquences sur les inégalités sociales en matière de représentation politique.
Tristan Haute, Rémy Bretton-Wilk, Fabien Desage, « De qui le maire de Roubaix est-il l'élu ? », Métropolitiques, 2021, n°2021-04-19
Analysant les effets croisés de la ségrégation spatiale et de l’abstention sur les résultats électoraux, Rémy Bretton-Wilk, Fabien Desage et Tristan Haute démontrent l’existence d’une « prime au vote bourgeois » dans l’une des villes les plus pauvres de France.
Tristan Haute, Paolo Stuppia, « La démocratie de l’abstention à l’université. Constante historique ou nouvelle défiance envers la représentation étudiante ? », Agora débats/jeunesses, 2021, n°2, pp. 7-25
Tristan Haute, « Diversité et évolutions des attitudes des salariés à l’égard des syndicats en France », 2021
À l’hiver 2018-2019, en France, le mouvement des Gilets jaunes s’est singularisé d’autres modalités de contestation par sa construction à l’écart des formes institutionnalisées de la représentation collective, et notamment des organisations syndicales. Les Gilets jaunes rejettent ainsi majoritairement la présence des syndicats dans le mouvement, alors même qu’une part importante d’entre eux sont syndiqués ou l’ont été par le passé et que leurs revendications portent en partie sur la rémunérat...
Tristan Haute, Pierre Blavier, Etienne Penissat, « La grève, entre soubresauts et déclin », Mouvements, 2020, n°2020-10-23
Si le recours à la grève a oscillé au cours du temps, et en dépit des soubresauts qu'apportent les grandes mobilisations interprofessionnelles, le déclin de la conflictualité gréviste est une tendance lourde depuis la fin des années 1970. En s'appuyant sur les données de la statistique publique, les auteurs montrent que cette évolution résulte d'un double mouvement: non seulement les salarié•es sont moins souvent confronté•es à une grève, mais ils et elles sont en outre moins enclin•es à s'y engager. Si le déclin de la grève a d'abord concerné le secteur privé, la décennie passée est marquée par un recul sensible de la conflictualité dans le secteur public.
Tristan Haute, « La participation électorale en temps de crise sanitaire : évolutions et persistances », Pouvoirs Locaux, 2020, n°2020-12-22
En mobilisant différentes données statistiques, collectées notamment dans la métropole lilloise, cet article revient sur l'impact de la crise sanitaire sur la participation aux élections municipales de 2020. Si l'abstention massive enregistrée lors des deux tours de scrutin est indéniablement liée au contexte sanitaire, l'article met également en évidence la diminution ou, au contraire, l'accroissement, sous l'effet de la crise, des inégalités sociales de participation. Toutefois, l'intérêt pour la politique et les incitations de l'entourage à participer ont toujours un rôle très structurant en matière de mobilisation électorale.
Tristan Haute, « En temps de crise, des salariés très inégaux face au travail », Eclairages de l'IRES, 2020, n°2020-06
Si la pandémie en cours affecte depuis la mi-mars dernier au moins tous les secteurs de l'économie et tous les salariés, les situations de ces derniers face au travail sont variées. De nombreuses enquêtes réalisées pendant le confinement, dont l'enquête d'une équipe du CEVIPOF exploitée dans cet éclairage (voir encadré), ont mis au jour d'importantes inégalités face au travail pendant la crise. En effet, chacune des situations face au travail est associée à une dégradation plus ou moins importante des conditions de travail des salariés, à une diminution plus ou moins sensible de leur rémunération et à un accroissement plus ou moins conséquent du risque de perdre leur emploi.
Tristan Haute, Pierre Blavier, Etienne Pénissat, « Du vote professionnel à la grève », Revue Française de Science Politique, 2020, n°2020-09, pp. 443-467
Alors que les pratiques de participation des salariés en entreprise ont souvent été analysées de manière séparée, cet article propose d’investiguer, dans le cas du secteur privé en France, les articulations entre ces pratiques, du vote professionnel à la grève, mais aussi d’en restituer les déterminants et les évolutions récentes en s’appuyant sur les données de l’enquête « Relations professionnelles et négociations d’entreprise » (REPONSE). La majorité des salariés n’est que très peu engagée en entreprise, tandis qu’une minorité y est très engagée. Ces deux pôles renvoient à la conjugaison de deux mécanismes : « l’exclusion de fait », définie comme le fait de ne pas pouvoir participer du fait de l’absence de scrutin ou d’action collective organisée, et « l’auto-exclusion ». La première apparaît fortement dépendante des logiques de fonctionnement du champ économique. En revanche, ce sont surtout les caractéristiques des salariés qui déterminent l’auto-exclusion : les plus précaires et les cadres participent moins, notamment lors des élections professionnelles. Par ailleurs, la participation en entreprise a connu un déclin généralisé depuis le début des années 2000 même si des dynamiques conflictuelles se développent au sein de certaines fractions du salariat.
Tristan Haute, « Workplace vote, between relationship to unionism and relationship to occupation and institution: the case of the French public sector teachers », Participations, 2019, n°2019-12-13
En France, l’abstention aux élections professionnelles est élevée et en hausse, y compris pour une profession fortement engagée, mobilisée et syndiquée comme les enseignants. En éclairant ce paradoxe à partir de nouvelles données d’enquête et en s’appuyant sur les outils de la sociologie électorale, cet article montre que le vote professionnel des enseignants constitue une pratique participative conditionnée d’une part par leur rapport au syndicalisme et d’autre part par leur rapport au métier et à l’institution scolaire. Si le vote professionnel s’articule fortement avec certaines pratiques syndicales, notre analyse montre que la pratique du vote professionnel est bien plus dépendante du degré d’intégration professionnelle que l’adhésion ou l’information syndicales. De plus, la variété des motivations de l’abstention apparaît également associée à des profils socioprofessionnels particuliers avec, d’un côté, des abstentionnistes « par choix » très éloignés du syndicalisme et, de l’autre, des abstentionnistes « par omission » très faiblement intégrés dans la profession. L’existence de ce dernier groupe pose la question d’un désencastrement social du vote qui serait consécutif à la mise en place du vote électronique.
Tristan Haute, Fabien Desage, « Lille : quand l'effondrement du PS ravive le vote de classe », Métropolitiques, 2019, n°2017-06-02
Bastion historique du socialisme municipal, Lille est-elle en passe de tourner la page de la domination électorale du Parti socialiste ? Les clivages électoraux à l’occasion de la présidentielle 2017 révèlent la fracture croissante entre des quartiers populaires partagés entre abstention et vote à la gauche du PS, et des espaces des classes supérieures où l’effondrement du PS a profité au centre-droit.
Tristan Haute, « Évolutions du paysage syndical et du salariat : analyse des élections aux comités d’entreprise (2009-2016) », La Revue de l'Ires, 2019, n°2018
Depuis la réforme de la représentativité syndicale de 2008 en France, les résultats des élections professionnelles, et en particulier celles aux comités d’entreprise, ont acquis un poids juridique, symbolique et médiatique renforcé. Mais les évolutions du paysage syndical, entre 2009 et 2016, n’ont été lues que comme le reflet d’une « opinion publique » salariale volatile, qui viendrait sanctionner ou approuver tel ou tel « type de syndicalisme ».
Loin d’une lecture globalisante, nous faisons le choix d’une analyse fine des nouvelles données électorales rendues disponibles par la réforme de 2008, dont le maniement nécessite quelques précautions du fait de leur construction. Cette analyse montre que ces évolutions s’expliquent surtout par des éléments structurels (taille des entreprises, secteur d’activité ou catégorie d’emploi), faisant le lien entre résultats électoraux et implantations syndicales.
Tristan Haute, Karel Yon, « Comprendre la construction sociale de la représentativité syndicale », 2018
Le 31 mars 2017, sont publiés les résultats fondant la représentativité des organisations syndicales de salariés au niveau national interprofessionnel. À cette occasion, la Confédération française démocratique du travail (CFDT) devance pour la première fois la Confédération générale du travail (CGT) dans le secteur privé, conduisant certains commentateurs à décrire cet événement comme un « séisme » historique dans le paysage syndical français. Considérées comme un « baromètre des audiences sy...