Romain Damien, Représenter la cause palestinienne à l’international, 1964-2018 : de la prétention à représenter à la professionnalisation des diplomates palestiniens, thèse soutenue en 2023 à AixMarseille en co-direction avec Philippe Aldrin, membres du jury : Pénélope Larzillière (Rapp.), Aude Merlin (Rapp.), Delphine Placidi et Virginie Dutoya
L’objet de cette thèse porte sur la professionnalisation des diplomates palestiniens et questionne la « genèse » puis l’étatisation de la diplomatie palestinienne depuis la création de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1964. À partir d’une approche socio-historique de ces acteurs, nous avons cherché à comprendre les conditions d’émergence d’une diplomatie à vocation étatique, c’est-à-dire visant à parlementer avec les États, mais issue d’un mouvement de libération nationale, partiellement reconnu et évoluant hors des institutions officielles. Notre enquête nous a ainsi poussé à sortir d’une définition de la diplomatie restreinte au cadre inter-étatique et institutionnel pour nous tourner vers les réflexions issues de la représentation politique. Nous interprétons les origines d’une diplomatie comme l’internationalisation d’une prétention à la représentation politique des Palestiniens, performée à l’international par ces diplomates qui n’en portent pas le nom. Avec la reconnaissance progressive de l’OLP, qui conduit aux accords de paix avec Israël en 1993 puis à l’établissement d’une Autorité nationale palestinienne dans les Territoires occupés, cette prétention devient celle à une diplomatie d’État. Cette nouvelle configuration favorise alors la professionnalisation d’un corps diplomatique palestinien avec les instaurations d’un ministère et de dispositifs visant à la formation de nouveaux diplomates. Notre travail se situe ainsi au carrefour de la sociologie des relations internationales, de la représentation politique et des professions, et articule plusieurs échelles d’analyse : internationale, institutionnelle et microsociologique
Fouad Ibrahim daoud, La mise en uvre du fédéralisme dans les États fragiles , thèse en cours depuis 2022
Ce projet de thèse de sciences politiques vise à étudier l'application d'un système de gouvernement décentralisé au Soudan entre ce qui se trouve dans les textes constitutionnels, accords des paix et légaux et leur réalité pratique, dans une perspective comparative et analytique. L'idée de ce projet est de proposer une analyse à contre-courant et de tester l'hypothèse selon laquelle le fédéralisme peut accroître le degré de transparence et de responsabilité en matière de gouvernance dans le contexte africain et le monde arabe. Et de montrer comment le fédéralisme a contribué à une augmentation de la corruption politique, administrative et financière dans le pays pour des raisons liées au contexte socio politique des pays africains, en particulier dans les pays à pluralisme ethnique et donc, potentiellement vulnérables aux conflits politiques interethniques.
Lina Benchekor, Contester au royaume du Maroc , thèse en cours depuis 2022
La recherche doctorale s'intéresse au devenir et aux trajectoires des participants au mouvement du 20 février au Maroc (M20F). Plus de dix ans après la vague de protestations dites des 'printemps arabes', cette recherche se concentrera sur les conséquences biographiques de l'engagement au sein du mouvement contestataire marocain et plus particulièrement, aux conséquences de l'expérience répressive sur les participants 'ordinaires' du M20F. Cette thèse questionnera ainsi l'évolution des parcours de vie et des relations interpersonnelles forgées pendant le mouvement sur le long terme, mais aussi le rapport à l'appareil d'État, le 'makhzen'.
Andrea Gallinal arias, La frontière ailleurs , thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Philippe Aldrin
Les études sur les migrations et les frontières placent souvent le regard sur les recompositions de l'action publique en matière d'immigration et l'établissement des dispositifs de contrôle migratoire et ses effets. Cette thèse s'intèresse aussi à ces processus, mais elle se donne pour objectif d'élargir la focale pour étudier « la frontière ailleurs ». L'immigration est ici envisagée comme un fait social total qui doit être analysé dans tous ses aspects et qui est indisociable des transformations politiques des sociétés. Pour les comprendre, il est nécessaire d'aller au-délà des transfromations matérielles de la frontière et d'étudier aussi leur dimension symbolique. Il ne s'agit pas de laisser de côté les dimensions materielles de la frontière frontière physique et régimes de contrôle mais de la considérer dans sa pluralité, en intégrant à l'analyse ses dimmensions symboliques lignes sociales et culturelles d'inclusion et différence. Pour cela, nous proposons de considérer le rapport quotidien qu'une multiplicité d'acteurs entretient avec la frontière. Cette entrée nous permet de mettre en relation les perspectives territoriales et relationnelles dans la recherche sur les frontières, matérielles et symboliques, pour appréhender les recompositions des paysages politiques et des arènes sociales.
Elen Le Chêne, Frontières de l’État, frontières dans l’État : jeux et pouvoirs bureaucratiques dans le gouvernement des exilés en Turquie, 1990-2020, thèse soutenue en 2021 à AixMarseille en co-direction avec Philippe Aldrin, membres du jury : Jay Rowell (Rapp.), Élise Massicard, Laurent Bonelli, Cécile Robert et Benjamin Gourisse
La démarche générale de cette thèse est d’aller étudier les rapports entre les fonctionnaires et le changement politique en Turquie au prisme d’une sociologie de l’administration et de l’action publique. À partir d’une enquête de terrain basée sur des entretiens, des archives personnelles et de l’observation auprès d’acteurs étatiques et non étatiques, cette étude porte sur l’action publique migratoire de 1990 à 2020. À l’encontre de représentations ordinaires sur le ministère de l’Intérieur turc, peuplés de fonctionnaires passifs et/ou acquis à la cause des partis, cette thèse montre les rapports ambivalents et pluriels de ces fonctionnaires au politique et leurs prises aux jeux socio-politiques à travers l’étude de la trajectoire de réformes : celles de la police, des migrations et des frontières. Elle s’intéresse en particulier à l'appropriation d’un « modèle » européen dit de « gestion intégrée des frontières » et de savoirs qui ont placé le « bon gouvernement des exilés » au cœur de la redéfinition du « bon gouvernement de la sécurité ». Elle nous éclaire sur l’évolution de la trajectoire du régime politique avec la réévaluation du pouvoir de l’institution militaire, le réagencement des institutions de sécurité et le contrôle de l'action publique à l'égard d'« invités indésirables », les Syriens, par le gouvernement AKP. Ce travail invite ainsi à interroger les formes d’engagement des fonctionnaires par l’analyse de dispositions professionnelles et extra-professionnelles au travail. Il est susceptible d’être mobilisé sur d’autres terrains pour penser l’évolution de la trajectoire des politiques de sécurité et des régimes politiques dans une optique comparative
Alice Baudy, Les trajectoires socio-politiques des descendants de harkis à l'épreuve de l'action publique, thèse en cours depuis 2019 en co-direction avec Philippe Aldrin
Habiba Ashraf Sherif Sherif, Travailler la communauté, dire le sens , thèse soutenue en 2019 à AixMarseille en co-direction avec Bernard Rougier
L’objet de cette thèse vise à apporter des éléments de réponse à une question de départ simple : comment un acteur collectif parvient-il à politiser une communauté en la restructurant sur des bases « confessionnelles » et pourquoi ? Autrement dit, comment les processus de construction communautaire s’élaborent-ils et se négocient-ils entre société et État ? Pour ce faire, nous avons choisi le Yémen et le Bahrein comme terrains d’étude privilégiés. Il s’agit alors de comprendre dans quelles mesures le fait communautaire chiite, de référence dans ces deux États, est porté par deux acteurs principaux - respectivement Ansâr Allah au Yémen et al-Wifâq à Bahrein. Nous établissons que la dynamique communautaire suit trois phases successives. La première phase (fin des années 1990-2011) correspond au processus de communalisation par les leaders des deux mouvements étudiés. La deuxième phase (2011-2014) correspond à la consolidation du processus de communalisation engagé par Ansâr Allah et al-Wifâq. Nous verrons comment le moment des révoltes arabes est devenu un moment assurant la re-configuration et le renforcement du processus de communalisation sujet de notre analyse. Enfin, la troisième phase (2014-2017) illustre la prise de contrôle de la communauté par les deux mouvements en question. Pour comprendre la succession de ces trois phases ; un plan chronologique composé de trois parties correspondant à ces phases esquissées était le mieux adapté à notre recherche
Habiba Ashraf Sherif Sherif, Travailler la communauté, dire le sens, thèse soutenue en 2019 en co-direction avec Bernard Rougier, membres du jury : Frédéric Charillon (Rapp.), Franck Mermier
L’objet de cette thèse vise à apporter des éléments de réponse à une question de départ simple : comment un acteur collectif parvient-il à politiser une communauté en la restructurant sur des bases « confessionnelles » et pourquoi ? Autrement dit, comment les processus de construction communautaire s’élaborent-ils et se négocient-ils entre société et État ? Pour ce faire, nous avons choisi le Yémen et le Bahrein comme terrains d’étude privilégiés. Il s’agit alors de comprendre dans quelles mesures le fait communautaire chiite, de référence dans ces deux États, est porté par deux acteurs principaux - respectivement Ansâr Allah au Yémen et al-Wifâq à Bahrein. Nous établissons que la dynamique communautaire suit trois phases successives. La première phase (fin des années 1990-2011) correspond au processus de communalisation par les leaders des deux mouvements étudiés. La deuxième phase (2011-2014) correspond à la consolidation du processus de communalisation engagé par Ansâr Allah et al-Wifâq. Nous verrons comment le moment des révoltes arabes est devenu un moment assurant la re-configuration et le renforcement du processus de communalisation sujet de notre analyse. Enfin, la troisième phase (2014-2017) illustre la prise de contrôle de la communauté par les deux mouvements en question. Pour comprendre la succession de ces trois phases ; un plan chronologique composé de trois parties correspondant à ces phases esquissées était le mieux adapté à notre recherche
Yassine Temlali, Pour une autre histoire des rapports de l'Etat central à la Kabylie dans l'Algérie algérienne , thèse soutenue en 2021 à AixMarseille sous la direction de Karima Direche
Cette thèse interroge deux récits opposés au sujet des rapports de l’État algérien à la Kabylie de 1962 à 1965. Le premier est un récit officiel ne leur réservant aucune place si bien que l’insurrection du Front des forces socialistes (F.F.S; septembre 1963-juin 1965) en est absente ou y est euphémisée. Le second est le récit du mouvement berbère, qui les interprète sous le jour d’une ferme volonté de l’État d’écraser la Kabylie. L’un pose l’existence d’une relation uniforme de l’État aux régions, l’autre celle d’une Kabylie unie dans sa lutte contre un pouvoir déterminé à la soumettre et à la ‘’déberbériser’’. Exploitant des sources diverses cette thèse montre la complexité des rapports de l’État à la Kabylie en 1962-1965. Si il y a réprimé l’opposition il s’y est aussi ménagé des alliés qu’on ne peut réduire à des ‘’Kabyles de service’’. Si il se méfiait de son particularisme berbère il n’a pas œuvré à la ‘’déberbériser’’: sa politique linguistique, hésitante, ne s’est intéressée aux langues maternelles que pour les ‘’défranciser’’. Cette thèse souligne comment la période 1962-1965 a déterminé l’avenir de l’affirmation berbère après la fin de l’insurrection du F.F.S. Elle restitue l’intensité des débats sur les questions linguistiques et culturelles et la pluralité des acteurs qui les animaient. Elle montre que du point de vue des rapports de l’État à la Kabylie, cette période doit être distinguée de la présidence de Boumediene (1965-1978) au cours de laquelle la négociation n’a plus fait partie des modes de relations avec les élites kabyles et l’attachement à la berbérité était réprimé dès qu’il n’était pas une simple reconnaissance pour le pays d’un fond historique lointain.
François Ceccaldi, Construction d’une opposition et création d’une troisième voie , thèse soutenue en 2021 à Paris EHESS sous la direction de Hamit Bozarslan et Henry Laurens
Le présent travail vise à restituer le rôle politique joué par les factions de gauche de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), de la signature de la Déclaration de Principes (DoP) en septembre 1993, connue sous le nom des accords d’Oslo, aux élections législatives de janvier 2006. Il permet de rendre compte plus fidèlement du paysage politique palestinien après Oslo en apportant un complément aux recherches nombreuses sur la politique menée par la direction palestinienne – incarnée par la négociation intérimaire – d’une part, et sur l’islamisme, principale force contestataire durant cette période, d’autre part.Par une documentation renouvelée, ce travail sur les factions de gauche a permis d’enrichir les études déjà existantes sur le champ politique palestinien à travers notamment trois axes qui traversent la période et qui ont été très peu, voire pas étudiés : la restitution des discussions du dialogue national palestinien, la reconstitution des initiatives d’unification des factions de gauche et, de manière transversale, le suivi du débat sur la réforme de l’OLP. Cette recherche a par ailleurs permis de restituer les activités de ces factions confrontées à une situation politique radicalement nouvelle que les accords d’Oslo ont permis de mettre en place. La création d’une Autorité Palestinienne, venue concurrencer le rôle de représentation joué par l’OLP, a notamment bouleversé les logiques politiques, l’architecture du pouvoir et les objectifs nationalistes fixés par le mouvement national oscillant désormais entre libération et construction de l’État. Entre opposition farouche aux accords d’Oslo et à leurs conséquences, et adaptation à une réalité politique devenue incontournable, les factions de gauche ont tenté d’apporter une réponse politique qui permette de se distinguer de celle du Fatah et de celle des mouvements islamistes.Entre 1993 et 2006, les factions de gauche tentent plusieurs initiatives politiques– unification, coalition et plateforme politique notamment – qui toutes échouent en raison principalement de l’hégémonie du Fatah, de la concurrence du Hamas et d’une faiblesse de leurs structures partisanes et de leurs programmes politiques. La victoire du Hamas aux élections législatives de janvier 2006 consacre leur échec à proposer une troisième voie et à incarner un recours. Le paysage politique palestinien se polarise confirmant la marginalisation politique de ces factions.
François Ceccaldi, Construction d'une opposition et création d'une troisième voie: les factions de gauche de l'OLP face à Oslo (1993-2006), thèse soutenue en 2021 sous la direction de Hamit Bozarslan et Henry Laurens, membres du jury : Jean-Pierre Filiu (Rapp.), Stéphanie Latte Abdallah (Rapp.), Pénélope Larzillière
Le présent travail vise à restituer le rôle politique joué par les factions de gauche de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), de la signature de la Déclaration de Principes (DoP) en septembre 1993, connue sous le nom des accords d’Oslo, aux élections législatives de janvier 2006. Il permet de rendre compte plus fidèlement du paysage politique palestinien après Oslo en apportant un complément aux recherches nombreuses sur la politique menée par la direction palestinienne – incarnée par la négociation intérimaire – d’une part, et sur l’islamisme, principale force contestataire durant cette période, d’autre part.Par une documentation renouvelée, ce travail sur les factions de gauche a permis d’enrichir les études déjà existantes sur le champ politique palestinien à travers notamment trois axes qui traversent la période et qui ont été très peu, voire pas étudiés : la restitution des discussions du dialogue national palestinien, la reconstitution des initiatives d’unification des factions de gauche et, de manière transversale, le suivi du débat sur la réforme de l’OLP. Cette recherche a par ailleurs permis de restituer les activités de ces factions confrontées à une situation politique radicalement nouvelle que les accords d’Oslo ont permis de mettre en place. La création d’une Autorité Palestinienne, venue concurrencer le rôle de représentation joué par l’OLP, a notamment bouleversé les logiques politiques, l’architecture du pouvoir et les objectifs nationalistes fixés par le mouvement national oscillant désormais entre libération et construction de l’État. Entre opposition farouche aux accords d’Oslo et à leurs conséquences, et adaptation à une réalité politique devenue incontournable, les factions de gauche ont tenté d’apporter une réponse politique qui permette de se distinguer de celle du Fatah et de celle des mouvements islamistes.Entre 1993 et 2006, les factions de gauche tentent plusieurs initiatives politiques– unification, coalition et plateforme politique notamment – qui toutes échouent en raison principalement de l’hégémonie du Fatah, de la concurrence du Hamas et d’une faiblesse de leurs structures partisanes et de leurs programmes politiques. La victoire du Hamas aux élections législatives de janvier 2006 consacre leur échec à proposer une troisième voie et à incarner un recours. Le paysage politique palestinien se polarise confirmant la marginalisation politique de ces factions.
Yassine Temlali, Pour une autre histoire des rapports de l'Etat central à la Kabylie dans l'Algérie algérienne, thèse soutenue en 2021 sous la direction de Karima Direche, membres du jury : Rachid Ouaissa (Rapp.), Amar Mohand-Amer (Rapp.), Malika Rahal, Alain Mahé et Rostane Mehdi
Cette thèse interroge deux récits opposés au sujet des rapports de l’État algérien à la Kabylie de 1962 à 1965. Le premier est un récit officiel ne leur réservant aucune place si bien que l’insurrection du Front des forces socialistes (F.F.S; septembre 1963-juin 1965) en est absente ou y est euphémisée. Le second est le récit du mouvement berbère, qui les interprète sous le jour d’une ferme volonté de l’État d’écraser la Kabylie. L’un pose l’existence d’une relation uniforme de l’État aux régions, l’autre celle d’une Kabylie unie dans sa lutte contre un pouvoir déterminé à la soumettre et à la ‘’déberbériser’’. Exploitant des sources diverses cette thèse montre la complexité des rapports de l’État à la Kabylie en 1962-1965. Si il y a réprimé l’opposition il s’y est aussi ménagé des alliés qu’on ne peut réduire à des ‘’Kabyles de service’’. Si il se méfiait de son particularisme berbère il n’a pas œuvré à la ‘’déberbériser’’: sa politique linguistique, hésitante, ne s’est intéressée aux langues maternelles que pour les ‘’défranciser’’. Cette thèse souligne comment la période 1962-1965 a déterminé l’avenir de l’affirmation berbère après la fin de l’insurrection du F.F.S. Elle restitue l’intensité des débats sur les questions linguistiques et culturelles et la pluralité des acteurs qui les animaient. Elle montre que du point de vue des rapports de l’État à la Kabylie, cette période doit être distinguée de la présidence de Boumediene (1965-1978) au cours de laquelle la négociation n’a plus fait partie des modes de relations avec les élites kabyles et l’attachement à la berbérité était réprimé dès qu’il n’était pas une simple reconnaissance pour le pays d’un fond historique lointain.
Pierre Boussel, Géostratégie du Temps au Proche-Orient, thèse soutenue en 2020 à Tours sous la direction de Marc Lavergne, membres du jury : Olivier Hanne (Rapp.), Jean-Yves Moisseron (Rapp.), Aurélie Campana et Sandrine Mansour-Merien
Cette thèse étudie l'usage tactique et stratégique du temps par les acteurs de la violence au Proche-Orient. À travers deux études de cas, le conflit israélo-palestinien et la percée du groupe État Islamique sur l'axe syro-irakien, ces travaux établissent que la variable temporelle, loin d’être évanescente, est une réalité concrète en situations conflictuelles, celle de combattants adoptant une gouverne différenciée du temps selon leurs objectifs de guerre. S’inscrivant dans une démarche heuristique, cette étude fonde une méthodologie du risk géostratégique intégrant une nouvelle gamme d’outils d’analyse : la signature temporelle, les segments primordiaux et les zones d’impacts qui identifient les agents moteurs de l’islam radical et analysent les manœuvres du « temps long » en Palestine. À l’appui du mode narratif rendant lisibles les flux temporels au cœur de l’action humaine, ces recherches démontrent que les guerres proche-orientales sont en phase d’atomisation. Les lignes de front se dissolvent en une somme d’affrontements existentiels dépourvus de butée temporelle ; un combat sans fin où l’intentionnalité est moins la reddition de l’adversaire que la désintégration de ce qui fait sa raison d’être : la liberté du temps.
Jeanne Perrier, Quelle gouvernance des eaux pour quelle construction étatique dans les territoires palestiniens? : l'étude des constellations hydropolitiques des eaux douces et usées entre adaptation, fragmentation et colonialité, thèse soutenue en 2020 à Montpellier 3 sous la direction de Julie Trottier, membres du jury : Diana K. Davis (Rapp.), Christian Bréthaut et Stephen P. Gasteyer
Cette thèse propose d’étudier la coproduction de la gestion de l'eau et de l'agriculture et des processus de formations étatiques en Cisjordanie. Elle associe l’étude des discours, des constellations d’acteurs et des processus de territorialisation qui façonnent et résultent de la gouvernance de la terre et de l’eau. Elle se fonde sur des travaux de terrains en Cisjordanie et des concepts de la critical political ecology. L’objectif de notre recherche est de comprendre les transformations socio-politiques des territoires investis par les discours sur l’efficience pour caractériser la fragmentation du pouvoir politique en Cisjordanie. Les alliances politico-économiques dans certains territoires jouent un rôle important dans la fabrication par le haut d’une structure étatique palestinienne, ignorant et fragilisant l’organisation sociale et politique traditionnelle. Dans le même temps, les territoires délaissés par l’Autorité palestinienne, les bailleurs et les investissements privés s’organisent autour de nouvelles formes de tenure de l’eau et de la terre. Cette thèse contribue ainsi à éclairer les effets des politiques et projets d’amélioration de l’efficience de l’irrigation et leurs implications dans la formation d'une structure étatique en Cisjordanie.
Sara Tonsy Mahmoud, Mobilisation politique, pouvoir et symboles : le cas de l'armée et les frères musulmans en Égypte, thèse soutenue en 2019 à AixMarseille sous la direction de Mohamed Tozy, membres du jury : Fadma Aït Mous (Rapp.), Khaled Fahmy (Rapp.), Bernard Botiveau et Clément Steuer
« Chacun incarne une facette de cette révolution qui marque un point de rupture, dans leur destinée et dans celle de leur pays » raconte Alaa el-Aswany en mettant en oeuvre le soulèvement de 2011 en Égypte ; ceci reste aussi vrai pour les acteurs et élites politiques. Égypte 2011, l’armée égyptienne et les frères musulmans (FM) sont retournés dans le champ politique égyptien avec des pouvoirs, symboles et mobilisation des supporteurs. Ces aspects ont démontré et reformulent la relation entre les deux acteurs politiques non civils qui peuvent donner une impression d’un « retour vers le futur » de leur relation et dynamique du pouvoir, qui ne sera pas exacte. La lutte du pouvoir entre l’armée et FM depuis 2011 a souligné des éléments de similarités entre les deux acteurs politiques et leur façon de survivre et régénérer leurs pouvoirs, symboles et discours politiques. En analysant la relation entre ces deux anciens acteurs politiques égyptiens non civils, il était évident que cinq éléments sont en communs, consistants et récurrents pendant des différentes périodes en Égypte. Comment le rapport entre l’armée et FM en tant qu'acteurs politiques les met en comparaison ? Qu’elles sont les éléments caractéristiques des deux qui leur ont permit de survivre et se régénérer pendant de différentes périodes ? Comment le champ politique égyptien a été affecté à cause de ces dynamiques du pouvoir ? Nous tracerons, dans ce projet, le parcours de l’armée égyptienne et FM en tant qu'acteurs politiques en soulignant leurs moments d’impacts dans le champ politique durant différents contextes socio-historiques
Imen Amandine Hafsaoui, La confection de la constitution tunisienne dans un contexte "post-révolutionnaire", 2011-2014 : construction des nouvelles règles du jeu politique par les "élites" de l'assemblée nationale constituante, thèse soutenue en 2018 à AixMarseille sous la direction de Mohamed Tozy, membres du jury : Jean-Philippe Bras (Rapp.), Mohamed Kerrou (Rapp.), Dionigi Albera, Michel Peraldi et Franck Frégosi
La Tunisie a longtemps été un laboratoire de recherches pour les sociologues occidentaux sur l'apport des sciences sociales dans un pays du Maghreb. Toutefois ces études sociologiques restent encore centrées sur une période très précise qui dénotait l'existence d'un pouvoir autoritaire et les abus du gouvernement. Le débat occidental s'est alors cristallisé sur la forme du régime et les contestations protestataires en Tunisie. Il a fallu attendre le 13 Janvier 2011 lors du discours au palais de Carthage, pour que la question de la remise en question se pose sans équivoque. Le président Ben Ali avait atteint avec cet ultime affront aux citoyens tunisiens, les limites de son autorité abusive. Au 14 Janvier 2011, la fuite du président déchu Ben Ali a consommé la rupture avec l'ancien régime et a créé ce phénomène que l'on nomme à tort ou à raison la transitologie. Pour la première fois dans le pays, les élections étaient ouvertes à différentes catégories socio-professionnelles, de cultures politiques différentes, à tous les partis hormis le RCD ancien parti du régime, et aux femmes comme aux hommes. Cette initiative a créé un tel engouement, que le jour d’entrée des élus parlementaires au sein du Palais du Bardo, il était nécessaire de déterminer qui étaient ces nouveaux locataires du palais. C’est ainsi que débutent ces travaux de recherche
David Berdah, Les relations entre l’Union européenne et Israël : vers un partenariat privilégié en matière de sécurité et de défense ?, thèse soutenue en 2017 à AixMarseille sous la direction de Jean-Claude Ricci, membres du jury : Ilan Greilsammer (Rapp.), Danielle Cabanis et Alain Boyer
Relations entre l'Union européenne et Israël
Jean-Baptiste Le Moulec, Janissaires du savoir : sociologie des producteurs et diffuseurs de savoirs sur le Moyen-Orient en Turquie (1998-2015), thèse soutenue en 2016 à AixMarseille sous la direction de Gérard Groc, membres du jury : Élise Massicard (Rapp.), Mohamed Tozy (Rapp.), François Burgat et Claire Visier
Cette thèse se propose d’explorer les modalités de constitution d’un domaine de production de savoirs dits académiques dépendant du pouvoir politique. La première partie examine la convergence de trajectoires individuelles vers une activité relativement nouvelle, située au carrefour de champ professionnels et centrée sur l’analyse de la politique étrangère turque menée depuis 2003 par le gouvernement du parti AKP. Partant de là, la seconde partie s’attache plus particulièrement aux liens des acteurs de l’espace identifié avec les responsables gouvernementaux. Il apparaît que ce domaine constitue un champ d’activité dont la structure concentrique découle de la proximité d’une communauté épistémique en son sein avec le champ politique. Par voie d’institutionnalisation et de cooptation du reste du champ, les membres de cette communauté parviennent à imposer une conception utilitaire des sciences sociales permettant de produire des savoirs convergent avec les priorités politiques du moment. La troisième partie examine donc le contenu de ces savoirs de sorte à démontrer le rôle de médiateur joué par le champ expert. Il se confirme alors que sa vocation est de convaincre diverses parties-prenantes, en Turquie et à l’étranger, de la légitimité et l’opportunité du projet hégémonique du gouvernement turc en direction du Moyen-Orient arabe. En définitive, par l’étude de cette configuration experte, a été aussi posé la question de la profondeur de la rupture créée par l’AKP dans le mode de gouvernement et les orientations géopolitique de la Turquie. L’analyse conclut à une rupture dans la continuité
Clio Chaveneau, Les "internationaux" dans les territoires palestiniens occupés : trajectoires, expériences migratoires et engagements sociopolitiques, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Denys Cuche, membres du jury : Nancy L. Green (Rapp.), Jean-Baptiste Meyer (Rapp.), Véronique Bontemps
Cette recherche porte sur la migration de citoyens de pays du Nord dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO). Elle vise à analyser les trajectoires sociales et migratoires de ces individus, désignés localement « internationaux », ainsi qu'à montrer comment ils sont des acteurs dans la situation locale au travers de leurs mobilités, leurs emplois et leurs engagements. Cette problématique de recherche s'inscrit au croisement de deux phénomènes : d'une part, la diversification et l'accroissement des migrations internationales, et plus spécifiquement celles allant du Nord vers le Sud, et, d'autre part, l'émergence de conditions matérielles et professionnelles favorables à l'arrivée de citoyens étrangers dans un pays en conflit, sous l'effet de l'afflux massif de l'aide internationale depuis les années 1990. L'étude des profils sociaux des « internationaux » résidant dans les TPO révèle une forte homogénéité sociale et culturelle : on observe ainsi une migration de jeunes hautement diplômés, issus de familles de classes moyennes supérieures d'Europe ou d'Amérique du Nord, et particulièrement dotés en capitaux culturels. Toutefois, l'analyse des trajectoires souligne une certaine diversité des parcours migratoires et des liens entretenus à la Palestine. La seconde partie de cette thèse s'intéresse à la place politique et sociale des « internationaux » dans l'espace israélo-palestinien. La question des mobilités est cruciale pour saisir la position inédite de cette population migrante. Sa présence dans les TPO fait l'objet d'un contrôle important et croissant de la part des autorités israéliennes qui cherchent à la limiter et à la surveiller. Dans le même temps, à l'intérieur de l'espace israélo-palestinien, les « internationaux » bénéficient de droits à la mobilité dont sont privés les Palestiniens. L'étude des privilèges et des tensions qui en ressortent permet d'interroger les positionnements et le rôle de ces étrangers. Enfin, deux autres thématiques sont explorées : leur participation au système de l'aide internationale et leur engagements politiques vis-à-vis de la cause palestinienne. Tour à tour, pris dans les dynamiques sociopolitiques locales et partie prenante de ces mêmes dynamiques, les citoyens étrangers résidant dans les TPO représentent pour la recherche une entrée heuristique pour penser les circulations Nord-Sud comme la situation palestinienne actuelle.
Nofret Berenice Hernandez Vilchis, Etre journaliste en Palestine. : Esquisse d'une profession dans un terrain en conflit., thèse soutenue en 2015 à AixMarseille sous la direction de Bernard Botiveau, membres du jury : Abaher el Sakka (Rapp.), Vincent Romani (Rapp.), Philippe Aldrin et Véronique Bontemps
Cette enquête a pour objectif d’exposer le développement du journalisme palestinien et les conditions actuelles du travail des journalistes palestiniens. Plusieurs questions ont motivé cette recherche. Est-il possible de faire du journalisme dans un contexte marqué par la violence physique et psychologique ? Est-il possible pour un journaliste palestinien de faire un travail « objectif » et professionnel dans un tel contexte ? Les journalistes palestiniens rencontrent-ils plus de difficultés pour réaliser leur travail ? Quel type d‘institutions sont chargées de la protection des journalistes dans les Territoires palestiniens ? Quel est le cadre légal du journalisme palestinien ? Quelles sont les formations suivies par les Palestiniens pour devenir journaliste ? Il existe une « tradition journalistique » dans la région et spécifiquement palestinienne, qui est encore mal comprise. Cet héritage est le résultat de l’histoire de la région et des conditions politiques, économiques et sociales. La lutte pour un État indépendant explique la récurrence des journalistes palestiniens dans l’engagement politique. Par ailleurs, les jeunes générations de journalistes demandent un niveau de « professionnalisation » et de « professionnalisme » de leurs anciens collègues en se détachant de la sphère politique. L’investigation cherche à clarifier la « tradition journalistique palestinienne » et ses éléments pour comprendre pourquoi malgré le militantisme derrière cet héritage, les journalistes palestiniens peuvent faire un travail professionnel. Les journalistes palestiniens sont légitimes porte-paroles de leur société.
Klervi Fustec, Processus multi-échelles, enjeux environnementaux et construction étatique : le cas de l'autorité palestinienne, des politiques de gestion de l'eau et du changement climatique, thèse soutenue en 2014 à Montpellier 3 sous la direction de Julie Trottier et Stéphane Ghiotti, membres du jury : David Blanchon (Rapp.), Pierre-Benoît Joly (Rapp.)
Cette thèse analyse les relations de pouvoir qui se jouent autour des enjeux environnementaux (gestion de l'eau et changement climatique) dans le processus de construction étatique de l'Autorité palestinienne, entité gouvernementale sous régime d'aide et marquée par l'occupation israélienne. Elle mobilise la sociologie de l'action publique, la political ecology et les science and technology studies afin d'étudier les processus multi-échelles de co-construction de l'ordre social et de l'environnement à travers les savoirs, la définition des problèmes et les politiques adoptées pour y répondre. Cette recherche analyse les liens entre l'aide internationale, le développement, l'environnement et la volonté de consolidation du pouvoir de l'Autorité palestinienne. Elle se penche sur la circulation et l'hybridation des savoirs et des solutions d'action publique. En dehors de l'action des décideurs nationaux et internationaux, d'autres acteurs (ONG, organisations humanitaires) interviennent et mobilisent d'autres représentations des problèmes environnementaux et des solutions à apporter en interactions avec leurs représentations du territoire et du conflit. Cette thèse se fonde sur une série d'entretiens et de discussions informelles, la littérature grise sur le sujet et de nombreuses observations participantes.
Eduardo Emilio Dabed Dabed, A constitution for a non-state : the false hopes of the Palestinian Constitutional Process 1988-2007, thèse soutenue en 2012 à AixMarseille sous la direction de François Burgat, membres du jury : Françoise Dreyfus (Rapp.), Baudouin Dupret (Rapp.), Camille Mansour
La littérature académique sur la Palestine depuis les « Accords d'Oslo » a substantiellement avancé notre compréhension des aspects sociaux, politiques et économiques à leur sujet. Néanmoins, un examen en profondeur des structures juridiques qu'Oslo a créées et de leur rôle, et leur impact social et politique reste encore nécessaire. Cette étude se propose de contribuer à cette fin, en se concentrant sur le processus constitutionnel et de construction institutionnelle en Palestine depuis Oslo. Cette recherche essaie de répondre à certaines questions fondamentales soulevées par ce processus : D'abord, en ce qui concerne la rédaction constitutionnelle palestinienne elle-même : comment les forces politiques palestiniennes ont-elles (ou n'ont-elles pas) négocié et se sont-elles entendues (ou non) sur la rédaction et l'approbation de la Loi Fondamentale de 1997 et sur ses modifications ultérieures ? Qui étaient les principaux acteurs de ce processus, et comment leurs propres positions et objectifs politiques ont-ils influencé le processus constituant ? Quels ont été les principaux déterminants sociaux, politiques et juridiques du processus constitutionnel dans chacune de ses étapes ? Dans un second temps, ce travail s'intéresse à l'impact que les structures juridiques, les pratiques et les discours légaux ont eu sur la société palestinienne : quel rôle a joué le droit dans les transformations sociales et politiques ayant lieu dans les territoires palestiniens occupés après Oslo ?
Shaimaa Magued Mohamed, La politique arabe de la Turquie depuis 2002 comme une dimension de sa gestion régionale au Moyen-Orient, thèse soutenue en 2012 à AixMarseille sous la direction de Gérard Groc, membres du jury : Awad Ibrahim (Rapp.), Kemal Kirisci (Rapp.), Didier Billion et Bernard Botiveau
Vers fin de 2002 et début 2003, la Turquie a adopté une diplomatie active au Moyen-Orient dans un cadre de désordre et de déséquilibre de force entre les différentes puissances. Notre point de départ est l'arrivée d'une nouvelle élite en tant qu'événement instigateur et accélérateur de la reconstruction du rôle de puissance régionale. L'analyse de la politique arabe de la Turquie a recours aux notions du «rôle national» et de «puissance régionale» comme un binôme complémentaire visant à déterminer les préceptes fondateurs de la politique régionale turque en termes de source de projection, de dynamiques d'action et d'intérêt national. A partir de ce cadre théorique et de notre enquête de terrain, nous présentons une analyse critique de la littérature et une reconsidération des fondements épistémologiques et ontologique du processus de conceptualisation en Relations Internationales, notamment du terme de « puissance régionale ». L'apport de cette thèse au niveau méthodologique, en termes de définition d'un cadre conceptuel approprié à la théorisation et aux spécificités des études de cas traités, permet de reformuler la politique arabe en tant que dynamique de renaissance d'une nouvelle Turquie. En affirmant un rôle de puissance régionale, l'AKP dispose d'un répertoire d'action plus affirmé et autonome qui concilie les exigences du rôle régional avec ses alliés occidentaux et voisins d'une part ainsi que ses intérêts nationaux d'autre part. La politique arabe présente un microcosme de la politique étrangère turque et détermine comment la Turquie a émergé en tant que puissance régionale au niveau global, à partir de l'embryon militaro-séculier