Olivier Zajec

Professeur
Science politique.
Faculté de Droit

Francophonie, Mondialisation et Relations Internationales

Mes travaux de recherche s’orientent selon trois axes complémentaires :

  • Les théories réalistes des relations internationales : épistémologie, ontologie et repositionnements inter-paradigmatiques, XXe et XXIe siècles.
  • Les politiques de défense et de sécurité dans les relations internationales. Théories et doctrines stratégiques (conventionnelles et nucléaires), évolution des modes d’action opérationnels et processus capacitaires comparés, en particulier dans l’aire transatlantique. Conséquences en termes de coopération et de conflits dans les relations internationales envisagées comme société.
  • Les méthodes d’approche socio-spatiales en science politique: constitution théorique et reconstructions heuristiques des grilles de lecture géopolitiques.

Responsabilités administratives et scientifiques :

  • Directeur de l'Institut d'études de stratégie et de défense (IESD)
  • Professeur à l'Ecole de Guerre (Enseignement militaire supérieur, Paris)
  • THESE

    Nicholas John Spykman (1893-1943), l’invention de la géopolitique américaine. Un itinéraire intellectuel aux origines paradoxales de la théorie réaliste des relations internationales., soutenue en 2013 à Paris 4 sous la direction de Olivier Forcade, membres du jury : Bernard Boëne, Bruno Colson et Jean-Jacques Roche     

  • Olivier Zajec, Les limites de la guerre: l'approche réaliste des conflits armés au XXIe siècle, Mare & Martin, 2024, Études stratégiques, 464 p.  

    Ukraine, Gaza, Arménie, Yémen, Sahel : sur tous les continents, la société internationale semble de nouveau s’embraser. Bien loin des illusions des années 1990, les spécialistes changent une nouvelle fois de discours : les opérations dites de « stabilisation » sont derrière nous, et le XXIe siècle sera celui du « retour » des conflits armés « majeurs ». Et si la perspective était faussée, la question mal posée ? À travers une réinterprétation des approches réalistes des relations internationales, souvent mal connues en France, Les limites de la guerre réarticule la nature sociale et la fonction politique de l’affrontement militaire, afin d’en ressaisir les balances intérieures, les possibilités de limitation et les effets concrets dans la vie des peuples. En mêlant chapitres théoriques et cas d’études consacrés aux guerres les plus récentes, de l’Afghanistan à l’Ukraine, l’auteur propose une redéfinition de la dialectique guerrière, dans une perspective interactionnelle ressourcée à la lecture croisée d’Aristote, de Clausewitz et de Georg Simmel.

    Olivier Zajec, Laurent Trigeaud (dir.), Études stratégiques, mare & martin, 2024 

    Olivier Zajec, Martin Motte, Georges-Henri Soutou, Jérôme de Lespinois, La mesure de la force: traité de stratégie de l'École de guerre, 4e éd., Tallandier, 2023, Texto, 477 p.  

    Alors que la guerre en Ukraine sonne le retour aux conflits de haute intensité, la compréhension de la stratégie suppose de savoir décrypter les formes guerrières d'aujourd'hui d'après les principes militaires de toujours. La pensée stratégique occidentale peine à définir une ligne d'action crédible face aux évolutions de la guerre : elle est écartelée entre la tentation du tout-technologique et la fascination pour les nouvelles approches venues de la sociologie, de l'anthropologie, de l'ethnologie, etc. Or la technique n'est qu'un facteur de l'équation stratégique et les sciences sociales, certes indispensables, ne sauraient se substituer aux connaissances militaires fondamentales. Ce sont ces connaissances que les auteurs du présent ouvrage, historiens de la stratégie et professeurs à l'École de guerre, nous font découvrir.

    Olivier Zajec, Olivier Zajec, Nicolas Auboin, Nicolas Auboin, Stéphane Faudais, Stéphane Faudais (dir.), Atlas de l'École de guerre: une géopolitique du monde, Éditions de l'École de guerre et impr. Lightning Source, 2022, 163 p.    

    "Le monde est confronté à des défis majeurs sur de multiples plans qui ont deux conséquences capitales : des mutations géopolitiques profondes et une complexification de leur interprétation. Au prisme de leurs 15 années de participation aux opérations sur tous les continents, les officiers stagiaires de l’École de guerre, forts de cette expérience et des enseignements de l’École, ont acquis une certaine expertise sur ces défis et mutations dont ils souhaitent rendre compte à travers cet ouvrage. Ils mettent en œuvre, dans cet atlas, une analyse particulière du pilier militaire de la stratégie française. Unique dans le cursus de formation des élites de l’État, l’École de guerre a ici l’ambition de proposer sa vision particulière qui s’attache au temps long et aux interactions dans toutes les dimensions. Sensibilisée au pragmatisme et à une vision prospective des enjeux internationaux, elle propose un focus sur les intérêts français, où qu’ils soient et quelle que soit la forme qu’ils prennent."

    Olivier Zajec, Introduction à l'analyse géopolitique: histoire, outils, méthodes, 5e éd., Éditions du Rocher et Cyberlibris, 2022, 352 p.  

    Qu'est-ce que la géopolitique ? Qui sont ses fondateurs, quelles étaient leurs théories ? Quels outils d'analyse indispensables met-elle aujourd'hui à notre disposition pour comprendre les permanences et les ruptures des relations internationales ? Illustrée de nombreuses cartes en couleurs et de cas d'études contemporains, cette introduction simplifiée et pédagogique clarifie les enjeux de pouvoir sur les territoires, dans tous leurs paradoxes.

    Olivier Zajec, Martin Motte, Georges-Henri Soutou, Jérôme de Lespinois, La mesure de la force: traité de stratégie de l'École de guerre, 3e éd., Tallandier, 2021, Texto, 473 p.  

    Malgré l'évolution des procédés militaires, l'essence de la guerre ne change pas. La compréhension des conflits actuels suppose de savoir décrypter les formes guerrières d'aujourd'hui d'après les principes stratégiques de toujours. La pensée stratégique occidentale peine à définir une ligne d'action crédible face aux « nouvelles conflictualités » : elle est écartelée entre la tentation du tout-technologique et la fascination pour les approches venues de la sociologie, de l'anthropologie, de l'ethnologie, etc. Or, la technique n'est qu'un facteur de l'équation stratégique et les sciences sociales, certes indispensables, ne sauraient se substituer aux connaissances militaires fondamentales. Ce sont ces connaissances que les auteurs du présent ouvrage, historiens de la stratégie et professeurs à l'École de guerre, nous font découvrir.

    Olivier Zajec (dir.), Environnement: risques, contraintes et opportunités pour la défense française, Université Jean Moulin Lyon 3, 2019, Web TV de l'Université Jean Moulin : restez en lien avec les événements pédagogiques et scientifiques 

    Olivier Zajec, Introduction à la géopolitique: histoire, outils, méthodes, 3e éd., Éditions du Rocher et Numérique Premium, 2019  

    Qu'est-ce que la géopolitique ? Qui sont ses fondateurs, quelles étaient leurs théories ? Quels outils d'analyse indispensables met-elle aujourd'hui à notre disposition pour comprendre les permanences et les ruptures des relations internationales ? Illustrée de nombreuses cartes en couleurs et de cas d'études contemporains, cette introduction simplifiée et pédagogique clarifie les enjeux de pouvoir sur les territoires, dans tous leurs paradoxes.

    Olivier Zajec, Les secrets de la géopolitique: des clés pour comprendre, Artège et Numérique Premium, 2019, Initiation à la géopolitique 

    Olivier Zajec, Martin Motte, Georges-Henri Soutou, Jérôme de Lespinois, La mesure de la force: traité de stratégie de l'École de guerre, Tallandier, 2018, 414 p.  

    La pensée stratégique occidentale peine à définir une ligne d’action crédible face aux « nouvelles conflictualités » : elle est écartelée entre la tentation du tout-technologique et la fascination pour les approches venues de la sociologie, de l’anthropologie, de l’ethnologie, etc. Or, la technique n’est qu’un facteur de l’équation stratégique et les sciences sociales, certes indispensables, ne sauraient se substituer aux connaissances militaires fondamentales. Ces connaissances sont au coeur du présent ouvrage. La guerre reste le « caméléon » dont parlait Clausewitz : sous des apparences toujours évolutives, son essence ne change pas. La compréhension des conflits actuels suppose de savoir décrypter les formes guerrières d’aujourd’hui d’après les principes stratégiques de toujours. Les auteurs de ce livre prolongent ici leur enseignement à l’École de guerre. Leur contact permanent avec les armées les fait bénéficier d’une information inégalée sur les évolutions stratégiques en cours – « guerres hybrides », « stratégie du flou », concurrence pour la haute mer, robotisation, militarisation de l’espace extra-atmosphérique, cyberattaques, retour du nucléaire... Leur formation d’historiens de la stratégie et des relations internationales leur permet de replacer ces évolutions dans la longue durée d’une réflexion jalonnée par les écrits de Sun Tzu, Thucydide, Xénophon, Machiavel, Napoléon, Clausewitz, Jomini, Mahan, Corbett, Foch, Douhet, Fuller, Castex, Lawrence, Liddell Hart, De Gaulle, et bien d’autres encore.

    Olivier Zajec, Introduction à la géopolitique: histoire, outils, méthodes, 4e éd., Éditions du Rocher, Editions du rocher et Numérique Premium, 2018, 269 p.  

    "Qu'est-ce que la géopolitique ? Qui sont ses fondateurs, quelles étaient leurs théories ? Quels outils d'analyse indispensables met-elle aujourd'hui à notre disposition pour comprendre les permanences et les ruptures des relations internationales ? Illustrée de nombreuses cartes en couleurs et de cas d'études contemporains, cette introduction simplifiée et pédagogique clarifie les enjeux de pouvoir sur les territoires, dans tous leurs paradoxes. Agrégé et docteur en histoire (Paris-IV Sorbonne), Olivier Zajec est maître de conférences en science politique à l'université Jean Moulin-Lyon III, où il dirige l'Institut d'études de stratégie et de défense (IESD, faculté de droit). Chargé de recherches à l'Institut de stratégie comparée (ISC, Paris), il enseigne également à l'École de Guerre (Direction de l'Enseignement Militaire Supérieur). Cartographie : Laura Margueritte, Thomas Delage, Dario Ingiusto."

    Olivier Zajec, Frontières: des confins d'autrefois aux murs d'aujourd'hui, Chronique éditions, 2017, 183 p.  

    "Filtres des identités, garantes des souverainetés, à la fois ponts et forteresses, les frontières ne se limitent pas à un poste de douane ou une ligne de barbelé. Si elles existent, ce n’est pas seulement parce que les hommes les ont arbitrairement décrétées, mais surtout parce qu’elles permettent aux cultures humaines de concilier pacifiquement le local et le global, le spécifique et l’universel. 60 chapitres et des cartes inédites pour comprendre toute la complexité de cette notion de « limite », du « limes » romain du Ier siècle, jusqu’au mur israélien du XXIe, des remparts de Carcassone à Check Point Charlie, du fond des océans au silence des espaces intersidéraux."

    Olivier Zajec, Nicholas John Spykman, l'invention de la géopolitique américaine: un itinéraire intellectuel aux origines paradoxales de la théorie réaliste des relations internationales, PUPS, 2016, Mondes contemporains, 603 p. 

    Olivier Zajec, Introduction à la géopolitique: histoire, outils, méthodes, 3e éd., Éditions du Rocher, 2016, 249 p. 

    Olivier Zajec (dir.), Stratégie et renseignement, Institut de stratégie comparée, 2014, 238 p. 

    Olivier Zajec, Introduction à l'analyse géopolitique, Argos, 2013, GéopolitiqueS, 172 p. 

    Olivier Zajec (dir.), Sobriété stratégique, Economica et Institut de stratégie et des conflits, Commission française d'histoire militaire, 2013, 224 p. 

    Olivier Zajec, Martine Bulard, Alain Gresh, Philippe Rekacewicz, Catherine Samary (dir.), L'atlas 2013, La Librairie Vuibert, 2012, 193 p. 

    Olivier Zajec, La nouvelle impuissance américaine: essai sur dix années d'autodissolution stratégique, L'œuvre éd., 2011, 183 p. 

    Olivier Zajec, La puissance aérienne et "l'équation Rafale", CEIS, 2010, Etudes stratégiques, 17 p. 

    Olivier Zajec, Les secrets de la géopolitique: des clés pour comprendre, Tempora, 2008, Initiation à la géopolitique, 178 p. 

    Olivier Zajec, Eric Schmidt (dir.), Paroles d'Europe sur... le Livre blanc de la Défense, Compagnie européenne d'intelligence stratégique, 2007, Les Cahiers de l'Université de la Défense, 140 p. 

  • Olivier Zajec, « « La « variable » atlantiste », dans : Bertrand Badie éd. », La France, une puissance contrariée, La Découverte, 2021, pp. 54-63 

    Olivier Zajec, « French Military Operations », The Handbook of European Defence Policies and Armed Forces, Oxford University Press, 2018 

    Olivier Zajec, « Les catégories spatiales de l’action stratégique : place et apport de la géostratégie, dans : Stéphane Taillat éd. », Guerre et stratégie, Presses Universitaires de France, 2015 

    Olivier Zajec, « Basil Henry Liddell Hart : illuminations, manipulations et paradoxes d’une carrière intellectuelle », Penseurs de la stratégie, Hermann, 2014 

  • Olivier Zajec, « Événements et époques du monde : la dimension atomique de la guerre d’Ukraine », Stratégique, Fondation pour les études de défense nationale, 2022, n°2, pp. 75-92 

    Olivier Zajec, « L’AUKUS, une surprise stratégique pour la France ? », Revue Défense Nationale, Paris: Comité d'études de défense nationale, 2022, n°7, pp. 43-47 

    Olivier Zajec, « Genèse d’une culture stratégique américaine autonome. Le prisme des Principles of War et de leur développement doctrinal », Politique Américaine, L'Harmattan, 2019, n°2 

    Olivier Zajec, «  Une nouvelle ère  ? Défense et stratégie des États-Unis après la première année de l’administration Trump », Politique Américaine, L'Harmattan, 2018, n°2 

    Olivier Zajec, « Armageddon polytropos. La pensée réaliste et le fait nucléaire, regards sur un demi-siècle de débatsinter-paradigmatiques », Stratégique, Fondation pour les études de défense nationale, 2017, n°3, p. 185 

    Olivier Zajec, « La Stratégie au risque de la Technique. Entre Coutau-Bégarie et Ellul, quelques perspectives sur la possibilité d’une systémique décisionnelle  ouverte  », Stratégique, Fondation pour les études de défense nationale, 2016, n°2, p. 217   

    Olivier Zajec, « Legal realism et international realism aux états-unis dans l'entre-deux guerres : les convergences réformistes négligées de la science politique et du droit », Revue Française de Science Politique, Presses de Sciences Po, 2015, n°56   

    Olivier Zajec, «  Je ne crois pas que l’on puisse diviser le monde en bons et en méchants  : Nicholas Spykman et l’influence réelle du codage géopolitique sur la stratégie américaine de containment », Relations internationales, Presses Universitaires de France, 2015, n°2, p. 95 

    Olivier Zajec, « How Much is Enough ? Aperçus historiques sur la planification stratégique dans le Planning, Programming and Budgeting Execution Process (PPBE) du Pentagone », Stratégique, Fondation pour les études de défense nationale, 2013, n°3 

    Olivier Zajec, « Actualité et réalité du collier de perles », Monde chinois nouvelle Asie, ESKA, 2009   

  • Olivier Zajec, « "Le 11 septembre" », Dictionnaire de la guerre et de la paix, Presses universitaires de France, 2017 

  • Olivier Zajec, « Diplomatie militaire, diplomatie par les militaires : le rôle des militaires dans la conduite des relations internationales », le 22 septembre 2023  

    Colloque organisé par le Centre Thucydide, Université Paris Panthéon-Assas

    Olivier Zajec, « Base industrielle et technologique de défense », le 17 novembre 2022  

    Organisée par l'IESD (Institut d'Études de Stratégie et de Défense) et l'association Polygone, Faculté de droit, Lyon 3

    Olivier Zajec, « Ukraine : réflexions sur une guerre européenne », le 25 mai 2022  

    Organisée sous la direction scientifique de Hugo Flavier, MCF en droit public à l’Université de Bordeaux et Pierre-François Laval, Professeur de droit public à l’Université Jean Moulin Lyon 3 dans le cadre du projet MAPS financé par les Actions Jean Monnet

    Olivier Zajec, « Diversité et unité des conflits armés : réflexion sur l'épistémologie des études stratégiques », le 15 février 2021  

    Organisé par l'Institut de stratégie et de défense, Université Jean Moulin, Lyon III, Faculté de droit

    Olivier Zajec, « Le futur de la puissance aérienne en Europe », le 12 décembre 2019  

    Organisé par l'équipe de l'IESD sous la direction de Olivier Zajec.

    Olivier Zajec, « Retour des frontières », le 25 novembre 2019  

    Organisé sous la direction scientifique de Pierre-Emmanuel Barral, Dr. en histoire à l’Université́ Paris-Sorbonne, ICES, CRICES, Éric Pomès, MCF HDR de l'ICES, Secrétaire général du CRICES et Christophe Réveillard, Centre Roland Mousnier, ICES, CRICES

    Olivier Zajec, « Les relations extérieures de la Russie : entre tensions et stabilisation », le 26 février 2018  

    Troisième édition organisée conjointement par le Laboratoire de droit international et européen (LADIE-EA 7414) de l’Université Nice Sophia Antipolis et l’Observatoire franco-russe, Centre d’analyse de la Chambre de commerce France-Russie.

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Amaury Dufay, La propulsion nucléaire spatiale aux États-Unis , thèse en cours depuis 2024  

    Ce projet de thèse a pour objet l’étude des dynamiques politiques et décisionnelles qui président à la résurgence industrielle des programmes de propulsion nucléaire spatiale aux États-Unis depuis 2020. Interrogeant le croisement entre les phénomènes de pouvoir internes (luttes d’influence politiques, processus bureaucratiques militaires, sécuritisation du savoir scientifique en matière spatiale, enjeux budgétaires), l’objectif de cette recherche est de déterminer dans quelle mesure les projets de propulsion nucléaire actuels se distinguent des précédents programmes états-uniens en la matière (en particulier ceux des années 1960) et à quel degré ils traduisent l’évolution du regard que portent tant les élites que la société américaines sur l’évolution politico-stratégique des relations internationales contemporaines.

    Romain Bethoux, Les fondements intellectuels de la stratégie de dissuasion nucléaire française depuis la fin de la Guerre. Les conséquences politiques de l’immobilisme conceptuel , thèse en cours depuis 2024 

    Brian Kalafatian, Constitution historique et institutionnalisation politique du « Tabou » extra-atmosphérique. Le paradoxe coopératif de la compétition spatiale (1945-2002), thèse en cours depuis 2022 

    Pierre Vallee, « L’adaptation de la politique de sécurité et de défense française aux engagements en coalition. Le cas de la puissance aérospatiale française depuis 1991 »., thèse en cours depuis 2022 

    Lise Dubois, La politique spatiale allemande. Objectifs stratégiques et échelles décisionnelles , thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Thomas C. Hoerber 

    Douglas DE QUADROS ROCHA, Le « déséquilibre stable » dans l’ordre nucléaire. La conciliation de la dissuasion et du désarmement dans la position nucléaire française., thèse en cours depuis 2022 

    Océane Tranchez, La diplomatie nucléaire française, thèse en cours depuis 2018 en co-direction avec David François 

  • Quentin Rouxel, L'extraterritorialité du droit comme instrument de puissance dans les relations internationales : comparaison Etats-Unis, Union européenne, Chine depuis la fin de la Guerre froide, thèse soutenue en 2024 à Bordeaux 3 sous la direction de Sébastien-Yves Laurent, membres du jury : Laurence Badel (Rapp.), Julien Ancelin et Thibaut Charles Fleury  

    L’essor de l’utilisation de l’extraterritorialité du droit dans les rapports internationaux est l’une des conséquences directes de la mondialisation entrée, depuis les années 1990 et la fin de la Guerre froide, dans une phase de globalisation économique. La volonté de réguler les phénomènes transnationaux, comme l’activité des firmes multinationales, ou « déterritorialisés » comme le numérique, lesquels dépassent par nature le cadre étatique de souveraineté westphalienne, amène les États à adopter un cadre législatif et un comportement juridique dépassant lui aussi le seul cadre d’application spatiale de la règle de droit à leur territoire. Ce faisant, à travers l’extraterritorialité, un État ou une organisation régionale, est aujourd’hui apte à appréhender juridiquement certaines situations de droit situées, au moins partiellement, en dehors de son territoire et ses frontières, et donc de son périmètre de souveraineté. Ainsi, outre sa dimension juridique largement étudiée par la doctrine, l’extraterritorialité du droit apparaît également comme un phénomène social à part entière qui prend place dans le champ particulier des relations internationales. Partant, l’objet de notre étude est d’appréhender et d’évaluer dans quelle mesure l'outil juridique d'extraterritorialité du droit est aujourd'hui utilisé comme un instrument au service des stratégies de puissance. Grâce au concept de puissance, et à travers l’étude comparée des usages contemporains de l’extraterritorialité du droit par les États-Unis, l’Union européenne, et la République populaire de Chine, cette thèse doctorale en sciences sociales a pour objectif de démontrer : comment et depuis quand l’extraterritorialité du droit est devenue un instrument de puissance dans les relations internationales.

    Olivier Chantriaux, Henry Kissinger, le réalisme de l'équilibre, thèse soutenue en 2023 à Valenciennes Université Polytechnique HautsdeFrance sous la direction de Ludovic Laloux, membres du jury : Ramu de Bellescize (Rapp.), Maki Fukuda et Agnès Piernas  

    Conseiller pour la sécurité nationale puis secrétaire d’État des présidents Richard Nixon et Gerald Ford, Henry Kissinger est généralement considéré comme l'une des incarnations les plus emblématiques de la Realpolitik.Biographes et historiens se sont essayés à décrire son œuvre, à apprécier la marque qu'il avait imprimée aux événements, à mieux comprendre sa personnalité, dont les fulgurances, au fond, n'ont cessé de fasciner ses contemporains.Aucune étude synthétique n'avait cependant été entreprise pour caractériser le réalisme auquel est couramment associé le nom de Kissinger. Le fait que celui-ci se soit engagé dans l'arène du pouvoir a pu, probablement, dissuader les analystes, accaparés par des débats plus abstraits, de s'intéresser aux sources intellectuelles de sa vision. Or, loin de se réduire à une simple praxis - πρᾶξις - déterminée par des motivations immédiates, la Weltanschauung d'Henry Kissinger se signale par sa cohérence et est structurée par un certain nombre d'invariants fondamentaux.Sa pensée et son action, en fait inséparables, définissent la ligne claire d'un réalisme historique vraiment classique, intellectuellement antérieur aux théories ébauchées après la Seconde Guerre mondiale et virtuellement contemporain de la diplomatie de cabinet pratiquée par les puissances européennes aux XVIIIe et XIXe siècles. Révélée dans ses multiples œuvres, qui vont de sa thèse, publiée en 1957, à Leadership, paru en 2022, la pensée de Kissinger donne la formule d’un réalisme qui, à la différence de la théorie de Hans Morgenthau, pourtant présenté, de façon rapide, comme le fondateur du classicisme, s'appuie, pour expliquer les logiques innervant le système mondial, sur l'action historique des États souverains et fait l’économie de toute réflexion sur les liens supposés de la conflictualité avec la nature humaine.Ami du très weberien Raymond Aron, Henry Kissinger établit un pont entre l’œuvre des promoteurs de la souveraineté, dont Jean Bodin et le cardinal de Richelieu, et sa reformulation selon des concepts germaniques, esquissée au XIXe siècle.Sa lecture du monde procède d'une valorisation de l'histoire, comprise en termes proches de la façon dont la concevait Leopold von Ranke, soit comme le reflet de la vie des personnes publiques souveraines que sont les États, une dimension à part et politique par excellence de la réalité, où, sur fond d'anarchie, leur cohabitation conflictuelle ne peut être régulée que par la construction diplomatique d'un équilibre. Son œuvre s'entend ainsi comme une véritable "cliopolitique", distincte du réalisme moderne de nature anthropologique de Morgenthau, autant que des néoréalismes structuralistes inspirés par Kenneth Waltz.L'équilibre des puissances pris pour perspective par Kissinger procède, en fait, d'une promotion de l'intérêt national, qui proportionne la volonté de puissance des États. L'ordre du monde devant en résulter constitue le terme des ambitions de Kissinger. Pour durer, cet ordre doit concilier la reconnaissance de la pluralité des unités politiques souveraines avec leur adhésion à des usages partagés, propres à asseoir sa légitimité.L’équilibre ainsi conçu fait place, à côté de la mesure physique de la force, à un élément psychologique, l’engagement des hommes d’État, et à un élément moral, la légitimité de l’ordre mondial et le sens des continuités historiques. Il donne toute sa valeur au jeu de la diplomatie. En cela, la pensée d’Henry Kissinger est une vraie pensée de la paix, non de celle des philosophes, mais de la paix donnée par l’histoire, la paix des équilibres entre souverains.Henry Kissinger a donc illustré dans ses réflexions et mis en œuvre dans sa politique une Weltanschauung westphalienne axiologiquement neutre, valorisant l'arkhè historique (ἀρχή), au sens de précédent normatif, mais aussi, par extension, d'usages fondateurs en diplomatie, qui, partagés par les États et par leurs leaders, contribuent à étoffer un ordre mondial légitime.

    Eduard Tokarskiy, La Russie au Conseil de sécurité des Nations Unies 1991-2017, thèse soutenue en 2023 à Sorbonne université sous la direction de Olivier Forcade, membres du jury : Gilles Ferragu (Rapp.), Marie-Pierre Rey    

    Après la fin de la guerre froide, la situation sur la scène géopolitique mondiale a beaucoup changé. L'URSS est sortie de l'histoire. L'ONU et son Conseil de sécurité en absence de la confrontation des blocs ont commencé à fonctionner efficacement. Cependant pour la Russie, en tant que continuateur de l'URSS, la chute de l’empire s’est avérée difficile. Le pays a perdu une grande partie de son influence, mais a réussi à conserver le siège de membre permanent du Conseil de sécurité. Ce siège a permis à la Russie de compenser sa faiblesse relative et d'influencer les processus mondiaux afin de former un ordre mondial stable et réaliser ses intérêts nationaux par le biais de la plus large coopération multilatérale. Cette recherche traite la question de la politique russe au Conseil de sécurité de l’ONU dans la période d’après-guerre froide et jusqu’à la seconde moitié des années 2010. L’enjeu est de comprendre l’approche russe au fonctionnement du Conseil de sécurité, montrer et expliquer sa transformation, ainsi que d’évaluer des changements de la politique étrangère russe dans la période concernée. En s’appuyant sur les Archives de l’ONU, les témoignages des diplomates et experts, la littérature historique et scientifique russe et occidentale, nous étudions dans cette thèse l’évolution de la politique russe dans l’un des principaux organes multilatéraux du monde ainsi que les changements pertinents sur la scène internationale entre 1991 et 2017.

    Emmanuel Bossard-Charpentier, Anticiper les guerres à venir ? Recherches sur les causes des conflits armés interétatiques de 1989 à 2010., thèse soutenue en 2022 à Bordeaux 3 sous la direction de Sébastien-Yves Laurent, membres du jury : Olivier Forcade (Rapp.), Adrien Schu  

    « Fait social total », la guerre résiste toujours, pourtant, à une définition académique consensuelle. S’agissant des conflits armés interétatiques, les causes ne sont pas plus consensuelles même s’il existe un constat partagé sur leur multiplicité. Dès lors se pose la question, non pas de résoudre un mystère, mais, pour filer la métaphore de Clausewitz, de faire se lever légèrement le « brouillard de la guerre » qui enveloppe aussi ses causes. A cette fin, une catégorisation plus fine du phénomène dans une période limitée permet de produire un isolat. Il est ainsi possible d’étudier uniquement les conflits armés interétatiques dans lesquels aucune guerre civile ne joue de rôle causal, sans considérations d’intensité, de pertes humaines ni de durée et ce durant les vingt premières années de l’après-guerre froide, soit entre 1989 et 2010. Au nombre de 13, les conflits ainsi discriminés ne semblent pas permettre de définir de nouvelles causes de la guerre. Au contraire, ils valident ensemble, à des degrés divers, les grandes théories explicatives existantes (réalisme, libéralisme, constructivisme). Par ailleurs, il apparaît que les causes sont globalement liés à la nature du rapport de force entre belligérants : ainsi, les puissances de tailles comparables s’affrontent sur des différends territoriaux non résolus et ce de façon plutôt imprévue. Par contraste, les conflits entre Etats non comparables recèlent des causes plus radicales comme le changement de régime et font l’objet de plus longues préparations.

    Bastian Dufilhol, Résilience de l'État : le modèle néolibéral hybride de l'État en France à l'épreuve des crises, thèse soutenue en 2022 à AixMarseille sous la direction de Christophe Pajon, membres du jury : Axel Éric Augé (Rapp.), Mossadek Talby, Ludivine Bout Vallot et Éric Gasparini    

    Nous sommes entrés dans une ère de turbulences où tout est interdépendant. Sous l’effet d’une double révolution de l’information, ce qui n’était pas crise hier l’est aujourd’hui, évolution paradigmatique appelant à considérer la crise comme l’état normal et la normalité l’exception. Le référentiel global, porteur de cohérence dans l’action de l’État, est remis en cause, alors que les principaux problèmes ne relèvent plus de logiques sectorielles. Depuis les années 1990, les politiques publiques néolibérales ont transformé l’État, devenu davantage intégrateur que propriétaire de moyens. Alors que les préoccupations de l’individu, « usager » et « client », sont devenues la priorité, nous avons eu tendance à négliger l’intérêt collectif, pourtant porteur de garanties de résilience. Les paradoxes du citoyen français et la fragmentation de l’appareil d’État permettent d’identifier des points saillants dans la crise où la mobilisation des ressources et la désectorisation devraient s’imposer mais où l’État semble en difficulté. L’État est ainsi plongé dans un tempo où l’immédiateté s’est imposée comme un dogme sociétal, alors qu’il serait nécessaire de s’en affranchir et libérer l’initiative locale semblant seule capable de faire face à la complexité. La résilience de l’État pourrait alors se définir comme la combinaison d’une variable statique, la masse (logiques de moyens) et d’une variable dynamique, l’organisation (logiques de mutation). Inspirée par trois principes (entretenir la confiance, conserver l’initiative et responsabiliser les décideurs), une politique de résilience pourrait signifier le retour de l’État stratège, capable d’absorber la crise, nouvelle normalité

    Dimitri Minic, Contourner la lutte armée : la pensée stratégique russe face à l'évolution de la guerre, 1993-2016, thèse soutenue en 2021 à Sorbonne université sous la direction de Olivier Forcade et Silvia Serrano, membres du jury : Martin Motte (Rapp.), Céline Marangé    

    Cette thèse s’intéresse au processus de démilitarisation de la guerre dans la pensée stratégique russe entre 1993 et 2016. Si d’importantes recherches ont été menées sur l’application des stratégies indirectes russes dans les pays post-soviétiques et occidentaux, l’analyse de leurs racines conceptuelles et des stratèges militaires qui les produisent fait encore défaut, freinant ainsi non seulement l’identification des concepts et notions réellement utilisés par les théoriciens militaires russes, mais la compréhension des logiques profondes qui structurent la pensée stratégique russe post-soviétique. Fondée sur l’examen de la littérature militaire russe, encore peu explorée par la recherche, des documents de doctrine et des discours d’officiels militaires et politiques russes, cette thèse d’histoire s’appuie par ailleurs sur un examen biographique des principaux officiers supérieurs et généraux du pays, ainsi que des civils proches de l’état-major général et du ministère de la Défense russes. Au-delà d’une analyse des concepts, notions et débats par lesquels les théoriciens militaires russes ont tenté de comprendre les caractéristiques d’une guerre moderne de moins en moins centrée sur la lutte armée, cette thèse explore les cadres cognitifs de ces stratégistes, faits de croyances et de perceptions qui, bien que souvent négligées dans le contexte militaire russe post-soviétique, sont une clé de compréhension essentielle des changements doctrinaux et institutionnels militaires russes entre 1993 et 2016.

  • Marc-Olivier Boisset, Contributions à la gestion de crise « cyber » : une approche juridique et managériale, thèse soutenue en 2022 à Paris EHESS sous la direction de Rainer Maria Kiesow et Jean-Fabrice Lebraty, membres du jury : Cécile Godé et Philippe de Montenon  

    L’omniprésence du cyberespace dans la vie des individus en fait un objet d’étude particulièrement intéressant, tant l’étendue de son champ d’action est large et son imbrication avec l’espace physique important. En effet, les crises « cyber » ont des effets non seulement dans le cyberespace, mais également dans l’espace physique. Ainsi, ces crises « cyber » nécessitent d’être gérées ; c’est-à-dire que, pour limiter leur impact sur les organisations, il est nécessaire d’adopter et de mettre en œuvre les mesures adéquates permettant de circonscrire les incidents d’origine cyber, mais aussi de disposer du cadre juridique adapté pour être en mesure de poursuivre les cybercriminels. L’objectif de notre démarche est bien ici d’améliorer la formation des experts en gestion de crise « cyber » et ainsi de définir un modèle ou un gabarit de gestion de crise facilitant le travail de ces experts de la cyberdéfense lorsqu’ils doivent faire face à un attaquant extérieur ayant la volonté de nuire à l’organisation.

    Andrei-Petru Paraschiv, Impact sur la performance de l’utilisation d’une aide cognitive digitale en situation simulée de crise et de stress : rôle d'une aide cognitive dans le sauvetage au combat, thèse soutenue en 2021 à Lyon sous la direction de Jean-Jacques Lehot et Luc Aigle, membres du jury : Nicolas Lerolle (Rapp.), Marion Trousselard (Rapp.), Christine Ammirati, Anne-Claire Lukaszewicz-Nogrette et Gilles Rode  

    La simulation est largement utilisée dans la formation continue des soignants. Les situations de crise et de stress, réelles ou simulées, affectent négativement les performances, peuvent entraver l'application des recommandations pour les soins aux blessés et peuvent être la source d'erreurs médicales. La thèse présentée ici s’est intéressée à la préparation opérationnelle des médecins et des infirmiers militaires ainsi qu’aux influences d’une aide cognitive (AC) digitale sur la performance technique et non-technique de ces professionnels de santé mais aussi sur la mémoire, en situation simulée de prise en charge des blessés de guerre à l’avant. Le 1er objectif de cette thèse était de faire état de l’accès à la formation continue et des possibilités de maintien des compétences dans le domaine de l’urgence des médecins et des infirmiers militaires susceptibles d’être projetés en opération extérieure (étude 1). Le 2ème objectif était d’étudier, dans un essai randomisé, l’effet sur la performance technique et non-technique des médecins et des infirmiers militaires, de l’utilisation de l’AC digitale MAX (Medical Assistant eXpert) pendant une situation complexe simulée par comparaison avec la mémoire seule, afin d’appliquer les étapes du protocole militaire de soins avec ou sans MAX (étude 2). Le 3ème objectif était de déterminer l’impact de l’utilisation de MAX sur la mémorisation à trois mois des messages pédagogiques donnés aux participants de la deuxième étude à la fin des deux scénarios simulés, utilisant ou non l’AC digitale (étude 3). Le 4ème objectif était de répertorier les raisons du succès de la simulation dans les formations en santé, civiles et militaires (études 4 et 5).

    Julie Prin-Lombardo, L'impossible renseignement européen ? : évolution de la collaboration et de la coopération européennes en matière de renseignement, thèse soutenue en 2017 à Bordeaux 3 sous la direction de Sébastien-Yves Laurent, membres du jury : Olivier Forcade (Rapp.), Olivier Dubos (Rapp.), François de La Presle  

    Cette étude est consacrée au caractère possible, voire souhaitable, du renseignement européen, en lien avec la collaboration et la coopération inter-services et dans le cadre d’une structure communautaire fonctionnelle. Notre réflexion s’est appuyée sur l’existant : le Centre de situation de l’Union de l’Europe occidentale, devenu SITCEN de l’Union européenne après les attentats du 11 septembre 2001 et Centre de renseignement (INTCEN) à l’occasion de la création du Service européen d’action extérieure (SEAE). Notre étude a permis de soulever de nombreuses questions, sans caractère exhaustif, relatives à la collaboration et à la coopération, sur le fond et sur la forme, en matière de renseignement. Tout d’abord, nous nous sommes penchés sur les motivations originelles des États-membres de l’Union européenne en matière de renseignement européen (I). Le contexte militaire, post Guerre froide, ainsi que les craintes liées à la relation privilégiée en matière de renseignement entre le Royaume-Uni et les États-Unis sont des éléments majeurs. Nous revenons également sur l’ensemble des aspects sémantiques majeurs liés à notre étude afin de comprendre ce que signifient la collaboration et la coopération en matière de renseignement, aux plans national et européen, avec toutes les subtilités que les deux termes, autant que le champ lexical du renseignement, impliquent. Ensuite, nous nous intéressons à la concrétisation, ou non, de la collaboration et de la coopération, avec les contours voire les motifs attenants (II). Le 11 septembre 2001 fait office de rappel du besoin d’une politique européenne adaptée, en matière de sécurité et de défense, et met en lumière le premier SITCEN et conduit à sa refonte (et sa renaissance) par Javier Solana. La succession d’attentats en Europe constitue, ensuite, l’élément déclencheur de la montée en puissance du second SITCEN. Ce dernier, couplé au Centre satellitaire - SATCEN, intégré aux missions et opérations civiles et militaires de l’Union européenne, est au cœur d’une véritable capacité européenne de renseignement, qui contribue de manière fondamentale aux ambitions politiques de sécurité et de défense européennes. Lorsqu’il devient INTCEN, à l’occasion de son insertion dans le SEAE en 2011, et que l’on y adjoint le terme intelligence, le centre cesse, paradoxalement, d’avoir cette capacité singulière et unique en matière de renseignement. En effet, des considérations d’ordre politique prennent le pas sur les missions d’analyse et de fusion de renseignement actionnable dans le cadre de gestion de crises. Or, la multiplication récente d’attentats démontre l’impérieuse nécessité du renseignement d’origine européenne, dans une démarche de création et de renforcement d’un appareil sécuritaire cohérent pour l’Union européenne. En plaçant le SITCEN/INTCEN au cœur de notre réflexion, nous avons souhaité montrer que la production de renseignement fusionné européen et l’examen européen d’une menace étaient possibles. En effet, le renseignement d’origine européenne et l’appréciation autonome de situation reposent majoritairement sur la bonne volonté des services nationaux de renseignement. L’histoire a prouvé, avec la constitution de réseaux informels, que la collaboration est souhaitée depuis longtemps autant que la coopération, en lien avec le refus, presque unanimement partagé au sein des États-membres, de dépendre des États-Unis. La montée en puissance du SITCEN puis son anéantissement à l’occasion de sa transformation en INTCEN ont confirmé que les réticences étaient politiques. Cette évolution illustre la relation tumultueuse entre politique et renseignement.

    Luc Klein, Le contrôle institutionnel de la force armée en démocratie, thèse soutenue en 2016 à Strasbourg sous la direction de Éric Maulin, membres du jury : Vincent Cattoir-Jonville (Rapp.), Bruno Daugeron (Rapp.), Olivier Jouanjan    

    L'objectif de cette thèse est de découvrir comment les systèmes démocratiques contemporains appréhendent l'existence en leur sein de la force armée et comment ils parviennent à utiliser cette force armée, tout en respectant leur principe de gouvernement. L'angle adopté est celui de l'histoire des institutions et du droit comparé (principalement Etats-Unis et France). Les deux axes de réflexion sont mobilisés autour de la recherche d’un équilibre à la fois vertical (entre les pouvoirs constitués et la force armée) et horizontal (entre les pouvoirs constitués entre eux par rapport à la force armée).