Renaud Payre

Professeur
Science politique.
Sciences Po Lyon

Triangle : Action, Discours, Pensée Politique et Économique
  • HDR

    Ordre politique et gouvernement urbain, HDR soutenue en 2008   

    THESE

    A la recherche de la "science communale" : les "mondes" de la réforme municipale dans la France de la première moitié du vingtième siècle, soutenue en 2002 à Grenoble 2 sous la direction de Olivier Ihl 

  • Renaud Payre, Guillaume Marrel (dir.), Temporalité(s) politique(s): le temps dans l'action politique collective, Cairn et De Boeck Supérieur, 2021, Ouvertures politiques 

    Renaud Payre (dir.), Une grande école de la cité : sciences po Lyon, 70 ans, Libel, 2018, 151 p. 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel (dir.), Temporalité(s) politique(s) : le temps dans l'action politique collective, De Boeck Supérieur, 2018, Ouvertures politiques, 240 p. 

    Renaud Payre, Alistair Cole (dir.), Cities as political objects : historical evolution, analytical categorisations and institutional challenges of metropolitanisation, Edward Elgar Publishing, 2016, Cities series, 301 p.    

    La 4e de couverture indique : "Cities are back as significant political-administrative units - only now as metropolises. Rather than simply a mechanical effect of the exigencies of economic globalization, this book convincingly demonstrates that an array of active political actors are involved in energizing the trend. It is political praxis not economic structure that provides the key to understanding the efflorescence of urban governance today. The fact that there is much variation across cities in the extent and effectiveness of new models of governance suggests how much one-size-fits-all economic determinism misses the point."

    Renaud Payre, Martine Kaluszynski (dir.), Savoirs de gouvernement : circulation(s), traduction(s), réception(s), Economica, 2013, Politiques comparées, 190 p.    

    Dès le XVIIIe siècle, les arts de gouvernements reposent sur des connaissances scientifiques. Ces sciences de gouvernement marquent le passage, selon Michel Foucault, d'un régime dominé par les structures de souveraineté à un régime dominé par les techniques de gouvernement des populations. Reprenant ce questionnement sur une période plus contemporaine, l'ouvrage se penche sur les savoirs produits et utilisés par les différentes instances et dispositifs de gouvernement. Ces savoirs - voire ces sciences et technologies de gouvernement - sont porteurs de représentations, d'idées, de valeurs, de normes et d'intérêts qui sont constitutives de la réalité même de l'action publique. Le livre propose une lecture des formes de circulation des savoirs et sciences de gouvernement au cours des XIXe, XXe siècles et du début du XXIe. [4ème de couv.]

    Renaud Payre, Anouk Flamant, Olivier Quéré (dir.), Vox Populy : radiographie du vote lyonnais à la Présidentielle de 2012, Libel et Sciences Po Lyon, 2013, 159 p. 

    Renaud Payre, Gilles Pollet, Socio-histoire de l'action publique, Cairn et La Découverte, 2013, Repères ( Sciences politiques-Droit ), 128 p. 

    Renaud Payre (dir.), Lyon, ville internationale: la métropole lyonnaise à l'assaut de la scène internationale, 1914-2013, Libel, 2013, 287 p. 

    Renaud Payre, Une science communale ? Réseaux réformateurs et municipalité providence: réseaux réformateurs et municipalité providence, CNRS éditions, 2007, CNRS histoire, 309 p. 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel (dir.), Les temporalités du politique, OPPES, 2007, 187 p. 

  • Renaud Payre, Gilles Pollet, « The Socio-History of Public Policy Implementation », in Sager, Fritz, Mavrot, Céline, Keiser, Lael R. (dir.), Handbook of Public Policy Implementation, Edward Elgar Publishing, 2024, pp. 239-251   

    Renaud Payre, « Une trajectoire politique du premier vingtième siècle [Postface] », Paul Mistral, militant révolutionnaire : parcours d'un maire modernisateur du premier XXe siècle [Ouvrage de Nicole Salat], PUG, 2023, pp. 287-294 

    Renaud Payre, Gilles Pollet, « A sócio-história da ação pública », in Porto de Oliveira, Osmany, Hassenteufel, Patrick (dir.), Sociologia política da ação pública : teorias, abordagens e conceitos, Escola Nacional de Administração Pública (Enap), 2021, pp. 60-79   

    Renaud Payre, « Approche socio-historique », in Pasquier, Romain, Guigner, Sébastien, Cole, Alistair (dir.), Dictionnaire des politiques territoriales [2e édition mise à jour et augmentée], Sciences Po, Les Presses, 2020, pp. 45-50   

    Renaud Payre, Gilles Pollet, « Approches socio-historiques », in Boussaguet, Laurie, Jacquot, Sophie, Ravinet, Pauline (dir.), Dictionnaire des politiques publiques [5e édition entièrement revue et corrigée],, Sciences Po, Les Presses, 2019, pp. 101-108   

    Renaud Payre, Gilles Pollet, « On the path to public policy analysis : an 'administrative science' between reform and academy », in Halpern, Charlotte, Hassenteufel, Patrick, Zittoun, Philippe (dir.), Policy analysis in France, Policy Press, 2018, pp. 31-46 

    Renaud Payre, « Politistes en campagne : les savoirs académiques à l’épreuve de l’élection », in Lévêque, Sandrine, Taiclet, Anne-France (dir.), À la conquête des villes : sociologie politique des élections municipales de 2014 en France, Presses universitaires du Septentrion, 2018, pp. 291-297 

    Renaud Payre, « [Entrée] Municipalisme », in Charle, Christophe, Roche, Daniel (dir.), L'Europe : encyclopédie historique, Actes Sud, 2018, pp. - 

    Renaud Payre, « [Entrée] Hôtel de Ville », in Charle, Christophe, Roche, Daniel (dir.), L'Europe : encyclopédie historique, Actes Sud, 2018, pp. - 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel, « Le rapport au temps, marqueur de l’autonomisation du politique », in Marrel, Guillaume, Payre, Renaud (dir.), Temporalité(s) politiques(s) : le temps dans l’action politique collective, DeBoeck, 2018, pp. 5-21 

    Renaud Payre, « L'énigme de la comparaison : retour sur la catégorie de 'gouvernement local' à travers les échanges franco-britanniques de la première moitié du XXe siècle », in Protière, Guillaume (dir.), L'ordre critique du Droit : mélanges en l'honneur du professeur Claude Journès, Éditions L'Épitoge, 2017, pp. 315-328 

    Renaud Payre, « Saisir les intérêts urbains pour penser le gouvernement de la ville : groupes d'intérêt, autonomisation du politique et genèse d'une sociologie de l'action publique urbaine (des années 1930 aux années 1970) », in Cadiou, Stéphane (dir.), Gouverner sous pression ? La participation des groupes d'intérêt aux affaires territoriales, LGDJ, Lextenso éditions, 2016, pp. 41-56 

    Renaud Payre, « Présentation du débat entre Patrick Boucheron & Corey Robin », L'exercice de la peur : usages politique d'une émotion / Patrick Boucheron & Corey Robin, Presses universitaires de Lyon, 2015, pp. 7-23 

    Renaud Payre, « Le socialisme à l’épreuve de la ville : autour de la contribution de réformateurs municipalistes à la production de sciences de gouvernement (France des années dix aux années trente) », in Descendre, Romain, Fournel, Jean-Louis (dir.), Langages, politique, histoire : avec Jean-Claude Zancarini, ENS Éditions, 2015, pp. 551-562   

    Renaud Payre, Martine Kaluszynski, « Des savoirs de gouvernement en circulation(s) », in Kaluszynski, Martine ; Payre, Renaud (dir.), Savoirs de gouvernement. Circulations, traductions, réceptions, Economica, 2013, pp. 8-19 

    Renaud Payre, « La compétence contre la politique : milieu administratif et élaboration des savoirs légitimes de l'administration dans la France du second XIXe siècle », in Deloye, Yves ; Ihl, Olivier ; Joignant, Alfredo (dir.), Gouverner par la science : perspectives comparées, Presses universitaires de Grenoble, 2013, pp. 25-40 

    Renaud Payre, « Lyon et les sciences de gouvernement en Europe au coeur de l'Exposition », in Privat-Savigny, Maria-Anne ; (dir.), Lyon, centre du monde ! L'exposition internationale urbaine de 1914, Fage, 2013, pp. 161-167 

    Renaud Payre, « Circolazioni transnazionali e welfare municipale (1900-1930) », in Marucco, Dora ; Accornero, Cristina ; (dir.), Torino città internazionale : storia di una vocazione europea, Donzelli ed., 2012, pp. 43-56 

    Renaud Payre, « L'espace des circulations : la fabrique transnationale des sciences administratives (années 1910-années 1950) », in Laborier, Pascale ; Audren, Frédéric ; Napoli, Paolo ; Vogel, Jakob ; (dir.), Les sciences camérales : activités pratiques et histoire des dispositifs publics, Presses universitaires de France, 2011, pp. 283-306 

    Renaud Payre, « Entrée : Approche socio-historique », in Pasquier, Romain ; Guigner, Sébastien ; Cole, Alistair (dir.), Dictionnaire des politiques territoriales, Presses de Sciences po, 2011, pp. 40-45 

    Renaud Payre, Gilles Pollet, « Les savoirs de science politique : des savoirs pour l'action politique ? », in Le Marec, Joëlle (dir.), Les études de sciences : pour une réflexivité institutionnelle, Éditions des archives contemporaines, 2010, pp. 43-63 

    Renaud Payre, « Entrée : Governing science », in Iriye, Akira; Saunier, Pierre-Yves (dir.), The [Palgrave] dictionary of transnational history, Palgrave Macmillan, 2009, pp. 466-470 

    Renaud Payre, « Les institutionnalisations improbables : une sociologie historique prospective des sciences du gouvernement », in Buton, François; Mariot, Nicolas (dir.), Pratiques et méthodes de la socio-histoire, Presses universitaires de France, 2009, pp. 69-86 

    Renaud Payre, Pierre-Yves Saunier, « A city in the world of cities : Lyon and municipal associations in the 20th century », in Shane Ewen and Pierre-Yves Saunier (dir.), Another Global City. Historical Explorations into the Transnational Municipal Moment 1850-2000, Palgrave Macmillan, 2008, pp. 69-85   

    Renaud Payre, Gilles Pollet, « Approches socio-historiques », in Boussaguet, Laurie;Jacquot, Sophie;Ravinet, Pauline; Muller, Pierre (dir.), Dictionnaire des politiques publiques, Presses de Science Po. 2e éd. rev. et corr., 2006, pp. ?? 

    Renaud Payre, « Entrées : Inéligibilité ; Longévité », in Déloye, Yves; (dir.), Dictionnaire des élections européennes, Economica, 2005, pp. 391-393439-442 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel, « Inéligibilités », in Déloye Yves; (dir.), Dictionnaire des élections européennes, Economica, 2005, pp. 391-393 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel, « Longévité », in Déloye Yves; (dir.), Dictionnaire des élections européennes, Economica, 2005, pp. 439-442 

    Renaud Payre, Gilles Pollet, « Approches socio-historiques », in Boussaguet, Laurie;Jacquot, Sophie;Ravinet, Pauline; (dir.), Dictionnaire des politiques publiques, Presses de Sciences Po, 2004, pp. 86-93 

    Renaud Payre, « A l'école du gouvernement municipal : les congrès de l'Union Internationale des Villes de Gand 1913 à Genève 1949 », in Pollet, Gilles;Dumons, Bruno; (dir.), Administrer la ville en Europe: XIXe-XXe siècles, l'Harmattan, 2003, pp. - 

    Renaud Payre, « La riforma municipale in Francia tra le due guerre mondiali », in Dogliani, Patrizia;Gaspari, Oscar; (dir.), L'Europa dei comuni : origini e sviluppo del movimento comunale europeo dalla fine dell'Ottocento al secondo dopoguerra, Donzelli, 2003, pp. - 

    Renaud Payre, « Un possible non institutionnalisé : sociohistoire de la 'science communale' (1900-1950) », in Déloye, Yves;Voutat, Bernard; (dir.), Faire de la science politique : pour une analyse socio-historique du politique, Belin, 2002, pp. 10- 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel, Introduction - Les temporalités du politique, Observatoire des Politiques Publiques en Europe du Sud (OPPES), Montpellier : Observatoire des Politiques Publiques en Europe du Sud (OPPES) et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2006, pp. 5-7    

    MARREL Guillaume, PAYRE Renaud. Introduction - Les temporalités du politique. In: Pôle Sud, n°25, 2006. pp. 5-7.

  • Renaud Payre, préface à Philippe Bongrand, Julie Gervais, Les savoirs de gouvernement à la frontière entre "administration" et "politique", SciencesPo, les presses, 2012, 178 p. 

  • Renaud Payre, Jean-Yves Authier, « Lyon, une ville centriste toujours à droite ? », Métropolitiques, 2017   

    Renaud Payre, « Les géomètres de la sphère administrative : socio-histoire d’un mouvement réformateur internationalisé dans l’entre-deux-guerres », Revue française d’administration publique, 2017, n°161, pp. 133-146 

    Renaud Payre, « À la croisée des routes intermunicipales : réseaux de villes et configurations circulatoires (1913-2013) », Pour mémoire., 2017, n°21, pp. 86-91   

    Renaud Payre, « Une République mondiale de l’administration ? Circulations internationales, sciences de gouvernement et réforme administrative (1910-1945) », Revue internationale de politique comparée, 2016, n°1, pp. 35-56 

    Renaud Payre, « Un discret retour de Chicago. Villes, communautés locales et nouvelles perspectives sur le pouvoir urbain », Genèses. Sciences sociales et histoire, 2015, n°100101, pp. 205-209   

    Renaud Payre, Philippe Bongrand, Julie Gervais, « Les savoirs de gouvernement à la frontière entre administration et politique (N° 2012-4 de : Gouvernement et action publique) », Gouvernement & action publique, 2012, p. 178   

    Renaud Payre, Mili Spahic, « Le tout petit monde des politiques urbaines européennes. Réseaux de villes et métiers urbains de l'Europe : le cas du CCRE et d'Eurocities », Pôle Sud - Revue de science politique de l'Europe méridionale, 2012, n°37, pp. 117-137 

    Renaud Payre, « The importance of being connected : city networks and urban government, Lyon and Eurocities (1990-2005) », International Journal of Urban and Regional Research, 2010, n°2, pp. 260-280 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel, « Les temporalités du politique [Vol. 25 N° 2 de : Pôle Sud] », Pôle Sud - Revue de science politique de l'Europe méridionale, 2007, p. 187 

    Renaud Payre, « L'Etat vu d'en haut : la réforme de l'Etat au sein des espaces internationaux de la science administrative dans l'entre-deux-guerres », Revue française d’administration publique, 2006, n°120, pp. 651-666 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel, « Des carrières au parlement : longévité des eurodéputés et institutionnalisation de l'arène parlementaire », Politique européenne, 2006, n°18, pp. 69-104 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel, « Temporalités électorales et temporalités décisionnelles : du rapport au temps des élus à une sociologie des leaderships spatio-temporels », Pôle Sud - Revue de science politique de l'Europe méridionale, 2006, n°2, pp. 71-88    

    Cet article part d'une lecture des travaux de science sociale relatifs aux temporalités politiques pour proposer une démarche de recherche articulée autour de l'hypothèse d'une spécificité du rapport au temps des élus. Si l'élection est appréhendée comme le cadre temporel de référence de l'action politique, ce rapport au temps est principalement marqué par la précarité réglementaire du mandat et le travail individuel et collectif d'aménagement du risque électoral. Ce point de vue permet de se dégager des considérations généralisantes et normatives relatives à la spécificité du temps démocratique (incertitude, court-termisme, présentisme) et de proposer une première approche de l'aménagement des rythmes électoraux, « par le haut » autour des enjeux de la codification temporelle des mandats. Mais il autorise également un retour « par le bas » sur les différentes manières dont ont été saisies les relations entre les cadences électorales et les rythmes de l'aaion gouvernementale. Il s'agit moins de déterminer le sens et la nature de cette relation entre les notions de cycles, de configuration critique et de sentier de dépendance, que de proposer une observation de l'enchevêtrement des temporalités électorales et décisionnelles dans la gestion quotidienne des agendas individuels et collectifs, pour mieux saisir la production spatio-temporelle des leaderships.

    Renaud Payre, « Le stade de l'expérience : une incertaine science communale et la question de l'institutionnalisation disciplinaire des savoirs urbains », Revue d'histoire des sciences humaines, 2005, n°12, pp. 97-116   

    Renaud Payre, « Un savoir scientifique, utilitaire et vulgarisateur : la ville de la vie urbaine, objet de science et objet de réforme (1919-1939) », Genèses. Sciences sociales et histoire, 2005, n°60, pp. 5-30 

    Renaud Payre, Gilles Pollet, « Analyse des politiques publiques et sciences historiques », Revue Française de Science Politique, 2005, n°1, pp. 133-154 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel, « La remise en cause de la rééligibilité parlementaire aux Etats-Unis : ' Throw the bums out ' », Parlement, Revue d'histoire politique, 2005, n°2, pp. 97-115 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel, « Entre action et élection : les impératifs de la gestion publique dans la codification temporelle des mandats », Politiques et Management public, 2005, n°4, pp. 1-17    

    Cet article s'intéresse à la question des temporalités politiques. Il ne s'agit pas d'opposer, comme cela a été souvent fait, les temporalités électorales aux temporalités décisionnelles. Mais bien de montrer que la réglementation de la durée ou de la rééligibilité des mandats politiques renvoie à des manières d'envisager le rôle, la place et la légitimité des élus dans l'action publique. Les propos s'appuient sur deux enquêtes distinctes réalisées l'une sur l'adoption de la loi française du 10 avril 1929, allongeant le mandat municipal de quatre à six ans, l'autre menée sur le mouvement contemporain des « term limits » et la réduction légale de la rééligibilité des parlementaires et des élus locaux aux Etats-Unis. Le détour par les « terni limits » états-uniens nourrit l'hypothèse d'un passage : le passage du temps long de l'administration publique au temps court du management public, de l'expérience à la rotation, de mandats longs et rééligibles à des mandats courts et non-renouvelables, du compromis entre compétence et élection à l'impératif participatif.

    Renaud Payre, « II. A la recherche de la science communale : socio-histoire d'une science de gouvernement municipal », 2004, pp. 855-864    

    Payre Renaud. II. A la recherche de la « science communale » : socio-histoire d'une science de gouvernement municipal. In: Annuaire des collectivités locales. Tome 24, 2004. Réforme de la décentralisation, réforme de l'État. Régions et villes en Europe. pp. 855-864.

    Renaud Payre, « Les désillusions réformatrices : le thème de la réforme municipale dans la France de l'après-Seconde Guerre mondiale », Revue française d’administration publique, 2003, n°108, pp. 593-602 

    Renaud Payre, « Les efforts de constitution d'une science de gouvernement municipal : la vie communale et départementale (1923-1940) », Revue Française de Science Politique, 2003, n°2, pp. 201-218 

    Renaud Payre, « La Préfecture de la Seine comme 'clearing house' municipal (1919-1947) », Jahrbuch für europäische Verwaltungsgeschichte : JEV = Annuaire d'histoire administrative européenne, 2003, n°15, pp. 89-108 

    Renaud Payre, Rachel Vanneuville, « Les habits savants du politique : des mises en forme savante du politique à la formation de sciences de gouvernement », Revue Française de Science Politique, 2003, n°2, pp. 195-200 

    Renaud Payre, Rachel Vanneuville, « Sur la formation des sciences de gouvernement [Vol. 53 N° 2 de : Revue française de science politique] », Revue Française de Science Politique, 2003, p. 126   

    Renaud Payre, « The science that never was : 'communal science' in France (1913-1949) », Contemporary European History, 2002, n°4, pp. 529-547 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel, « Le temps des maires. L'allongement du mandat en 1929 : une redéfinition de l'espace politique municipal », 2001, pp. 59-86    

    Le temps des maires. L'allongement du mandat en 1929 : une redéfinition de l'espace politique municipal Guillaume Marrel Renaud Payre La loi du 10 avril 1929 prolonge le mandat municipal de quatre à six ans. L'étude de cette loi, aujourd'hui oubliée, est l'occasion de revenir sur un moment de redéfinition du pouvoir local à l'échelle de la commune. Etape de la codification temporelle des activités municipales, le projet aboutit, après une vingtaine d'années de débats, à la faveur d'une rencontre entre un programme de réforme et les intérêts corporatistes d'une partie du personnel politique. Il s'agit avant tout de perfectionner une gestion municipale en pleine transformation : la prolongation du mandat est présentée alors comme un compromis entre deux sources concurrentes de la légitimité du maire : la compétence et l'élection. Elle favorise l'émergence d'une figure défendue par les réformateurs municipaux : « l'administrateur urbain ». Mais l'allongement du mandat municipal s'impose surtout comme un moyen de notabilisation des élus confrontés aux aléas du suffrage universel. Il s'agit alors moins d'améliorer la gestion municipale que de réduire le niveau de risque pour des professionnels attentifs à leur carrière électorale. Catégorie bien particulière de notables, les « cumulards » s'emparent du projet de réforme. Soutenus par deux groupes d'intérêt, l'AMF et le Groupe des sénateurs-maires, ils parviennent à le faire voter au parlement.

    Renaud Payre, Pierre-Yves Saunier, « Municipalités de tous pays, unissez vous ! L'Union Internationale des Villes ou l'Internationale municipale (1913-1940) », Amministrare, 2000, n°12, pp. 217-239   

  • Renaud Payre, Lyon, ville internationale : la métropole lyonnaise à l'assaut de la scène internationale, 1914-2013, Libel, 2013, 288 p. 

    Renaud Payre, Un municipalisme européen ? Circulation d'innovations et gouvernement des villes dans l'entre-deux-guerres, 2011, pp. 30-37 

  • Renaud Payre, « La transition écologique et les collectivités territoriales », le 21 mars 2019  

    Organisé sous la direction des Professeurs Jean-Luc Pissaloux et Gérald Orange

    Renaud Payre, « Temporalité(s) politique(s) », le 30 novembre 2017  

    Organisé par JB. Devaux, doctorant de science politique, Triangle, G. Marrel, Maître de conférences de science politique, UAPV-LBNC-CHERPA, R. Payre, PR de science politique, Sciences Po Lyon - Triangle

    Renaud Payre, « Groupes d'intérêt et gouvernement local », le 20 juin 2012 

    Renaud Payre, « Sciences de gouvernement. Circulation(s), traduction(s, réception(s) », le 16 décembre 2010 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel, « Temporalités électorales et temporalités décisionnelles. Longévité, action et carrières politiques », Compte rendu de l'Atelier 25. 8e Congrès de l'AFSP, Lyon, le 01 septembre 2005 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel, « Entre action et élection. Les impératifs de la gestion publique dans la codification temporelle des mandats », Session 1 : Temps, politique et gestion. Quatorzième Colloque International : Le management public à l'épreuve de la politique, Bordeaux (Pessac), le 01 mars 2005 

    Renaud Payre, Guillaume Marrel, « Longévité des eurodéputés et institutionnalisation de l'arène parlementaire (1979-2004) », Séminaire de recherche : La sociologie des institutions européennes, Paris, le 01 janvier 2005 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Samuel Ripoll, Le rêve d'une Méditerranée des villes : Entre développement et démocratie (années 1960 - années 2010), thèse soutenue en 2022 à Lyon, membres du jury : Eric Verdeil (Rapp.), Aude Signoles (Rapp.), Jennifer Robinson  

    Dans les sciences humaines comme dans les initiatives de coopération internationale, la Méditerranée apparait souvent comme un emblème de la « fracture Nord-Sud », ou au contraire comme un espace de métissage, ferment d’une « unité méditerranéenne » que nombre d’acteurs appellent de leurs vœux. La science politique s’est surtout focalisée sur l’étude de la politics méditerranéenne, structurée par la figure de l’Etat et des régimes autoritaires arabes, par les principaux conflits et par les tentatives de l’Union européenne de stabiliser et démocratiser son voisinage. Nous proposons dans cette thèse de décentrer le regard en interrogeant la fabrique du politique en Méditerranée au prisme des circulations transnationales des politiques urbaines.Nous constatons en effet, depuis une cinquantaine d’années, la prolifération de réseaux de villes, d’institutions et de programmes internationaux, dédiés aux mutations urbaines de la région. Ils sont animés par des urbanistes, ingénieurs, activistes, élus et techniciens municipaux, experts internationaux, qui partagent une « volonté de savoir » comment bien gouverner les villes en Méditerranée, en particulier celles des rives sud et est. Ils développent des projets urbains expérimentaux, définissent des « bonnes pratiques » en matière d’aménagement et de gouvernance urbaine, organisent des rencontres et formations à destination des élus et professionnels de la ville.Nous analysons ces activités en croisant les études urbaines et la sociohistoire de l’action publique selon une perspective postcoloniale, attentive aux savoirs qui établissent la transformation des villes méditerranéennes en objet de réforme. Cette thèse met en lumière les conditions d’émergence d’une Méditerranée des villes, c’est-à-dire d’un espace politique composé d’un ensemble d’acteurs, d’institutions et de savoirs qui, à différentes périodes, selon différentes modalités, se proposent nouer de manière originale une vision des villes méditerranéennes avec une ambition de changer le destin de la région dans son ensemble. Elle prend forme dans les phénomènes de décolonisation qui agitent les années 1960 et se contracte progressivement à partir des années 2010, alors que les ambitions euro-méditerranéennes de l’Union européenne s’affaissent et que les « printemps arabes » reconfigurent les enjeux de coopération. Entre-temps se dessinent les contours d’un projet politique de transformation de la Méditerranée qui se propose de passer non par les Etats, mais par les villes. Incarné par des projets urbains emblématiques et par des « modèles » de politiques urbaines comme la planification stratégique, il se déploie autour d’ambitions de réforme du développement et de diffusion de la démocratie dans les pays du sud et de l’est du bassin.

    Antoine Lévêque, Desservir la banlieue : Métropolisation et relégation des quartiers d'habitat social dans l'agglomération lyonnaise (1959-2019), thèse soutenue en 2021 à Lyon en co-direction avec Anne-France Taiclet, membres du jury : Anne-Cécile Douillet (Rapp.), Hélène Reigner (Rapp.), Sylvie Tissot et Fabien Desage  

    À partir du cas de la desserte en transport en commun de la commune de Vaulx-en-Velin dans l’agglomération lyonnaise, cette thèse interroge les évolutions du traitement des classes populaires dans l’action publique urbaine. Depuis l’établissement d’une zone à urbaniser en priorité dans les années 1960, jusqu’à aujourd’hui, la mise en politique contrariée de la desserte des grands quartiers d’habitat social de la commune nous renseigne sur l’évolution de la représentation des classes populaires dans l’action publique. Elle éclaire les processus par lesquels une distribution moins avantageuse de la ressource publique s’exerce à leur endroit malgré l'intégration progressive du personnel municipal des communes de banlieue aux structures du gouvernement métropolitain.

    Thomas Scapin, La circulation transnationale de l'éthique publique : socio-histoire d'un répertoire océdéen du bon gouvernement et de ses réceptions au Québec et en France (années 1990-années 2010), thèse soutenue en 2019 à Lyon, membres du jury : Jean-Michel Eymeri-Douzans (Rapp.), Patrick Hassenteufel (Rapp.), Émilie Curinier-Biland et Philippe Bezes  

    Cette thèse part du constat d’un intérêt accru pour l’éthique des agents publics depuis les années 1990 et d’une référence généralisée aux travaux de l’Organisation de coopération et de développement économiques sur ce sujet. S’appuyant sur un travail archivistique, des entretiens et de l’observation participante, cette recherche analyse la circulation du répertoire de l’OCDE en matière d’éthique de l’administration publique. Ce dernier renvoie aux manières de concevoir et de gérer la bonne conduite des fonctionnaires selon l’organisation internationale qui sont promues sous la forme de modèles, de standards, de recettes, d’instruments etc. La thèse se déploie en trois temps. Elle étudie d’abord la genèse du répertoire océdéen en éthique publique, puis les frontières de la circulation des idées et des savoirs qui alimentent ce dernier, et enfin sa réception au Québec et en France. La première partie retrace le développement d’activités consacrées à l’éthique publique à l’OCDE depuis les années 1990 et montre que la prise en compte de cette question constitue un frein aux réformes de l’État d’après le New Public Management. La deuxième partie met en évidence les barrières linguistiques, nationales, disciplinaires, culturelles, géopolitiques et géographiques, et professionnelles qui entravent les échanges scientifiques transnationaux dans ce domaine. La troisième partie souligne la convergence limitée des politiques québécoises et françaises d’éthique publique qui demeurent avant tout marquées par leur contexte national d’élaboration. L’analyse de la circulation de l’éthique publique révèle au final l’hybridation qui caractérise le bon gouvernement dans les pays de l’OCDE au XXIe siècle.

    Louise Dangy, S'affronter pour réguler : le conflit transatlantique sur le boeuf aux hormones dans l'organisation internationale du commerce agroalimentaire., thèse soutenue en 2018 à Lyon en co-direction avec David Demortain, membres du jury : Jean-Michel Eymeri-Douzans (Rapp.), Amandine Orsini (Rapp.), Yves Schemeil  

    L’objectif de la thèse est de comprendre dans quelle mesure le conflit entre l’Amérique du Nord et l’Europe sur l’utilisation d’hormones de croissance en élevage a participé à l’histoire institutionnelle de la régulation du commerce mondial de denrées alimentaires. Entre 1980 et la période contemporaine (2016), plusieurs épisodes critiques ont mis en évidence la perspective atypique de l’Union européenne à l’égard de l’emploi de ces médicaments vétérinaires ainsi que la contestation suscitée par cette réglementation spécifique dans le cadre de la mondialisation commerciale. Ce conflit se joue sur plusieurs scènes : au sein de la Communauté européenne qui, pendant la décennie 1980, peine à trouver un accord interinstitutionnel quant à une législation commune sur les hormones de croissance ; dans le cadre du General agreement on tariffs and trade (GATT) puis del’Organisation mondiale du commerce (OMC) ; et enfin au sein du Codex Alimentarius, l’organisation internationale chargée d’élaborer des normes alimentaires. Dans chacune de ces instances, la gestion du conflit coïncide avec une phase importante du point de vue institutionnel : création d’organes spécifiques, nouveaux principes et procédures de travail. Dès lors, notre travail visait à détailler l’impact éventuel du conflit sur les hormones de croissance sur chacune de ces institutions ainsi quesur la façon dont, globalement, elles participent à la régulation du commerce international dans le domaine agroalimentaire.Notre travail s’est appuyé sur une enquête socio-historique utilisant un matériau riche et varié permettant de couvrir l’ensemble des institutions identifiées sur la période 1980-2016 : un corpus documentaire a été constitué grâce aux archives des différentes institutions, une trentaine d’entretiens semi-directifs ont été menés. Enfin, plusieurs centaines d’heures d’observationethnographique ont pu être réalisées, la plupart grâce à notre statut de fonctionnaire française du ministère de l’agriculture. Il met en évidence l’évolutivité des fonctions remplies par le conflit sur les hormones de croissance : celui-ci a en premier lieu permis de fédérer l’ensemble des acteurs concernés de la nécessité de renforcer les institutions supranationales, que ce soit à l’échelon européen ou international. Il a ensuite participé à l’élaboration concrète des institutions en permettant d’en tester les instruments au fur et à mesure de leur création, et ainsi, de permettre de réaliser les ajustements jugés nécessaires. De ce point de vue, la gestion du conflit sur les hormones révèle la perception des relations internationales des différents acteurs et sa variabilité temporelle. Enfin, constituant un paramètre pérenne que les acteurs intègrent à leur stratégie de négociationinternationale, le conflit sur les hormones est devenu un point d’ancrage autour duquel s’est structurée une communauté. Il doit ainsi être considéré pour son potentiel socialisateur.Notre enquête apporte également des informations concernant les attentes d’un certain nombre d’acteurs privés en termes de régulation internationale. Le cas des hormones mobilise l’attention des grandes firmes pharmaceutiques qui poussent à l’établissement de normes internationales contraignantes pour le commerce de produits agricoles et concentrent plus particulièrement leur action sur les instances productrices de normes (comme le Codex Alimentarius). Ce comportement semble indiquer que ces acteurs utilisent les instruments de régulation mondiale pour la diffusion de principes d’action publique.

    Anouk Flamant, Droit de cité ! : construction et dilution d'une politique municipale d'intégration des étrangers dans les villes de Lyon, Nantes et Strasbourg (1981-2012), thèse soutenue en 2014 à Lyon 2, membres du jury : Sylvie Tissot (Rapp.), Anne-Cécile Douillet (Rapp.), Cécile Robert et Laure Bereni  

    Depuis le début des années 1980, les élus locaux ont progressivement construit leur capacité à répondre au « problème » de l’intégration des étrangers. Cette mise à l’agenda politique a émergé en raison de sollicitations de la part du pôle associatif de l’espace local de la cause des étrangers et d’une dynamique de territorialisation des politiques d’ « intégration des étrangers » encouragée par l’État. Toutefois, c’est avec l’arrivée de nouvelles équipes municipales en 1989 que les exécutifs municipaux ont accru leurs revendications pour de nouvelles compétences sur cette thématique. Cette dynamique d’affirmation de nouvelles compétences pour les villes s’est poursuivie au cours des décennies 1990 et 2000 aussi bien dans l’espace européen que face aux autorités étatiques. Néanmoins, l’institutionnalisation d’une politique municipale d’ « intégration des étrangers » peine à avoir lieu en raison d’un engagement politique qui reste limité et de la montée en puissance d’un paradigme concurrent, celui de la « discrimination ethno-raciale ». Finalement, les exécutifs municipaux ont délaissé une action visant à résoudre les phénomènes de discriminations et d’exclusion socio-économiques des populations étrangères et de leurs enfants. L’enquête menée met en lumière plusieurs ressorts de cette dynamique générale. En premier lieu, elle permet de démontrer la force de la variable politics dans la conduite de l’action publique. Ensuite, l’enquête permet de saisir le rôle joué par la scène européenne dans le processus de contestation de la suprématie des autorités étatiques par les villes. Enfin, l’analyse des dispositifs mis en place par les trois villes étudiées révèle l’usage du critère ethnique dans le façonnement de la figure de l’ « étranger » visé par les actions municipales d’ « intégration ».

    Maxime Huré, Les réseaux transnationaux du vélo , thèse soutenue en 2013 à Lyon 2  

    Le développement du vélo en ville constitue aujourd’hui un impératif pour les élus, notamment au regard des injonctions en faveur du développement durable. Dans les années 2000, les dispositifs de vélos en libre service se sont imposés dans la majorité des villes européennes. Si leur développement a été guidé par des considérations écologiques, ces dispositifs valorisent plus généralement l’innovation politico-institutionnelle et le dynamisme économique des villes. Ces dispositifs se sont imposés grâce à des réseaux transnationaux structurés autour de la thématique du vélo. Ces réseaux invitent à considérer les échanges transnationaux comme vecteurs de transformations dans l’action publique urbaine. Les préoccupations pour le développement du vélo ont une histoire qui s’inscrit dans une série d’interactions entre les villes depuis les années 1970. L’analyse de la formation et des effets des réseaux transnationaux du vélo permet de définir des périodes et des régularités dans ces recompositions qui affectent à la fois les politiques du vélo en ville et l’organisation des pouvoirs politiques urbains. Une première période structurée par l’activité transnationale des associations de défense du vélo invite à comprendre le rôle des échanges dans la définition d’un problème public puis sa mise à l’agenda dans l’ensemble des villes européennes au cours des années 1970. Le traitement des problèmes pousse les élus et les agents administratifs à s’investir dans les échanges transnationaux pour construire une nouvelle compétence municipale fondée sur les expertises associatives. Cet investissement des municipalités caractérise la deuxième période, dans laquelle les municipalités s’affirment dans la mise en œuvre des politiques publiques du vélo en institutionnalisant des réseaux de collectivités au cours des années 1980-1990. Enfin, une troisième période s’engage à partir des années 2000 avec l’arrivée des entreprises du mobilier urbain et de l’affichage publicitaire dans les échanges transnationaux. Cet investissement des entreprises engendre une intense circulation des systèmes de vélos en libre service et confronte les élus urbains à l’exercice d’une régulation des relations avec ces grandes firmes, autant dans les interactions transnationales que dans celles qui se déroulent sur les territoires pour la gestion des services urbains. Ces réseaux transnationaux du vélo sont un moyen d’organiser les pouvoirs locaux et de légitimer les élus municipaux dans la conduite de l’action publique urbaine.

    Maxime Huré, Les réseaux transnationaux du vélo, thèse soutenue en 2013, membres du jury : Patrick Hassenteufel, Emmanuel Négrier, Marie-Emmanuelle Chessel et Guillaume Faburel    

    Le développement du vélo en ville constitue aujourd’hui un impératif pour les élus, notamment au regard des injonctions en faveur du développement durable. Dans les années 2000, les dispositifs de vélos en libre service se sont imposés dans la majorité des villes européennes. Si leur développement a été guidé par des considérations écologiques, ces dispositifs valorisent plus généralement l’innovation politico-institutionnelle et le dynamisme économique des villes. Ces dispositifs se sont imposés grâce à des réseaux transnationaux structurés autour de la thématique du vélo. Ces réseaux invitent à considérer les échanges transnationaux comme vecteurs de transformations dans l’action publique urbaine. Les préoccupations pour le développement du vélo ont une histoire qui s’inscrit dans une série d’interactions entre les villes depuis les années 1970. L’analyse de la formation et des effets des réseaux transnationaux du vélo permet de définir des périodes et des régularités dans ces recompositions qui affectent à la fois les politiques du vélo en ville et l’organisation des pouvoirs politiques urbains. Une première période structurée par l’activité transnationale des associations de défense du vélo invite à comprendre le rôle des échanges dans la définition d’un problème public puis sa mise à l’agenda dans l’ensemble des villes européennes au cours des années 1970. Le traitement des problèmes pousse les élus et les agents administratifs à s’investir dans les échanges transnationaux pour construire une nouvelle compétence municipale fondée sur les expertises associatives. Cet investissement des municipalités caractérise la deuxième période, dans laquelle les municipalités s’affirment dans la mise en œuvre des politiques publiques du vélo en institutionnalisant des réseaux de collectivités au cours des années 1980-1990. Enfin, une troisième période s’engage à partir des années 2000 avec l’arrivée des entreprises du mobilier urbain et de l’affichage publicitaire dans les échanges transnationaux. Cet investissement des entreprises engendre une intense circulation des systèmes de vélos en libre service et confronte les élus urbains à l’exercice d’une régulation des relations avec ces grandes firmes, autant dans les interactions transnationales que dans celles qui se déroulent sur les territoires pour la gestion des services urbains. Ces réseaux transnationaux du vélo sont un moyen d’organiser les pouvoirs locaux et de légitimer les élus municipaux dans la conduite de l’action publique urbaine.

    Camilo Argibay, De l’amphithéâtre à l’hémicycle ? Socialisation au métier politique et réseaux militants des dirigeants étudiants de la MNEF (1962-1986), thèse soutenue en 2011 à Lyon 2, membres du jury : Rémi Lefebvre (Rapp.), Hélène Michel (Rapp.), Éric Agrikoliansky et Gilles Pollet  

    Cette thèse analyse l’entrée en politique des dirigeants de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF). Cet organisme prenait en charge la gestion de la sécurité sociale étudiante. Il était dirigé par des étudiants élus. Au cours des années 1960 et 1970, l’engagement de ces responsables devient de plus en plus politique. Leur activité militante et professionnelle constitue une forme de socialisation particulière, en ce sens qu’ils apprennent des savoir-faire et intériorisent des représentations assimilables à des apprentissages politiques. La conversion de ce capital militant en capital politique constitue le cœur de la thèse. Elle est favorisée par des configurations d’acteurs au sein desquels les mondes de la représentation étudiante et les partis politiques sont fortement intriqués. Le recours à l’analyse des réseaux sociaux a permis d’objectiver ces configurations et de les situer historiquement. Les interpénétrations sont beaucoup plus fortes dans les années 1970 et 1980 que lors des années 1960. Au cours de ces deux décennies, un dirigeant sur de la mutuelle sur deux entre – en tant qu’élu ou que membre d’un cabinet – dans le champ politique. L’analyse de l’engagement de ces militants étudiants nous renseigne plus généralement sur l’entrée en politique comme processus.

  • Bernard Hirsch, Les collectivités locales sous Vichy : Ruptures et continuités entre deux Républiques, thèse soutenue en 2022 à Lyon 2 sous la direction de Anne-Sophie Chambost et Marie-Odile Nicoud, membres du jury : Grégoire Bigot (Rapp.), Nicolas Kada (Rapp.)  

    Le sujet de thèse indiqué se propose d’aborder, sous l’angle du droit public, le fonctionnement et la situation des collectivités locales à une époque charnière de l’histoire de France, à savoir la fin de la IIIe République et surtout pendant la période de l’occupation, dominée par le régime politique de Vichy de 1940 à 1944. Il sera rappelé, au préalable, le contexte politique et juridique sur lequel se cale le positionnement organisationnel des collectivités locales, pour mieux mettre en évidence les bouleversements mis en place par un régime politique autoritaire, quant à la manière de considérer et gérer les relations entre le pouvoir central et les personnes publiques décentralisées. Les développements portent notamment sur le degré d’autonomie accordé à ces collectivités et en parallèle, il sera présenté l’action de l’État au regard du contrôle qu’il entend exercer sur le fonctionnement des dites collectivités. Les dispositions prises par Vichy dans le domaine local ont eu des incidences sur les régimes politiques qui lui ont succédé et cette continuité s’est exprimée dans différents domaines : police, fonction publique, services déconcentrés.

    Christophe Parnet, Du modernisateur au notable , thèse soutenue en 2021 à Lyon sous la direction de Gilles Pollet  

    Cette recherche interroge le processus contemporain de construction institutionnelle des métropoles en France, à travers la comparaison des cas de Lyon et d’Aix-Marseille-Provence. Elle analyse ces créations institutionnelles dans une perspective historique, depuis la politique des métropoles d’équilibre dans les années 1960 jusqu’à l’entrée en vigueur des deux métropoles (2015-2016). D’un projet porté par l’Etat modernisateur, la question métropolitaine est appropriée localement à mesure que les élus locaux gagnent en autonomie durant cette période. L’analyse de la séquence réformatrice des années 2010 renseigne à la fois sur les configurations territoriales singulières forgées historiquement, en même temps qu’elle fournit de nouvelles ressources politiques permettant d’en modifier les équilibres. Adoptant un regard multi-situé de la réforme métropolitaine, cette recherche renseigne sur l’exercice du pouvoir urbain et ses hiérarchies, en soulignant l’importance des ressources politiques conférées par la multipositionnalité, caractéristique de trajectoires politiques notabiliaires. En ce sens, la métropolisation comme processus politique concourt à renforcer les hiérarchies au sein du pouvoir local.

    Christophe Parnet, Du modernisateur au notable, thèse soutenue en 2021 sous la direction de Gilles Pollet, membres du jury : Hélène Reigner (Rapp.), Anne-Cécile Douillet (Rapp.), Fabien Desage et Patrick Le Lidec    

    Cette recherche interroge le processus contemporain de construction institutionnelle des métropoles en France, à travers la comparaison des cas de Lyon et d’Aix-Marseille-Provence. Elle analyse ces créations institutionnelles dans une perspective historique, depuis la politique des métropoles d’équilibre dans les années 1960 jusqu’à l’entrée en vigueur des deux métropoles (2015-2016). D’un projet porté par l’Etat modernisateur, la question métropolitaine est appropriée localement à mesure que les élus locaux gagnent en autonomie durant cette période. L’analyse de la séquence réformatrice des années 2010 renseigne à la fois sur les configurations territoriales singulières forgées historiquement, en même temps qu’elle fournit de nouvelles ressources politiques permettant d’en modifier les équilibres. Adoptant un regard multi-situé de la réforme métropolitaine, cette recherche renseigne sur l’exercice du pouvoir urbain et ses hiérarchies, en soulignant l’importance des ressources politiques conférées par la multipositionnalité, caractéristique de trajectoires politiques notabiliaires. En ce sens, la métropolisation comme processus politique concourt à renforcer les hiérarchies au sein du pouvoir local.

    Francis Sanseigne, Inventer une cause, (dé)faire une loi , thèse soutenue en 2019 à Lyon sous la direction de Jacques Michel  

    Le but de cette thèse est de comprendre les conditions d’adoption de la « loi Neuwirth » en décembre 1967 qui dépénalise le libre recours à des moyens de contraception. La modification d’un dispositif légal qui remonte à la loi 1920 renvoie à l’existence d’une relation de pouvoir dotée d’une forme historiquement datée, et partant, socialement construite, qu’il convient d’aborder comme telle pour expliquer sa transformation. Sa formation n’est en effet pas concevable avant la fin du XIXème siècle dans le cadre du processus de nationalisation et d’étatisation de la société. Dès lors, comprendre l’adoption de la « loi Neuwirth » suppose de rendre compte à la fois de la constitution des conduites procréatrices en objet légitimed’intervention étatique, de décrire relationnellement l’invention de la cause contraceptive dans les années 1950, et de saisir les rapports qui peuvent s’établir entre, d’une part, les individus et groupes mobilisés en faveur de cette dernière et, d’autre part, les gouvernants. Bref, saisir pleinement une relation de pouvoir et sa transformation exige de produire une analyse à parts égales des éléments qui la composent en les traitant comme des espaces en interdépendance. Ce travail socio-historique à la croisée de la sociologie des mobilisations, de la sociologie de l’Etat et la sociologie de l’action publique, se base sur l’exploitation de nombreux fonds d’archives, la construction et l’analyse de deux bases données et la réalisation d’entretiens.

    Morane Chavanon, La guerre des mémoires n'aura pas lieu ! , thèse soutenue en 2019 à Lyon sous la direction de Nathalie Dompnier  

    « Retour du passé refoulé », « guerre des mémoires », « concurrence des victimes », depuis la fin des années 1990, les enjeux de mémoire collective sont au cœur du débat public, en particulier concernant la place occupée par les immigrés dans le roman national.L’idée qu’il existerait un « besoin de mémoire » rapporté à l’immigration, c’est-à-dire des immigrés et de leurs descendants, mais également de la société française dans son ensemble, s’est imposée comme une évidence, faisant l’objet d’une attention accrue des pouvoirs publics ainsi que d’une pluralité d’acteurs sociaux (universitaires, artistes, militants de la mémoire…).A partir d’une enquête comparative menée dans deux villes de la région Auvergne-RhôneAlpes : Saint-Etienne et Villeurbanne, notre thèse a pour but de saisir ce « besoin de mémoire » rapporté à l’immigration non pas comme un donné, mais comme un construit faisant l’objet d’usages politiques et sociaux.Dans ces deux villes marquées par une histoire industrielle forte, mais où la mémoire locale, en l’occurrence sa part immigrée, fait l’objet d’un traitement public différencié, il s’agit de se demander « ce qui se joue d’autre que le passé dans [des] politiques publiques censées y être consacrées » (Gensburger, 2010).A travers une démarche mêlant approche ethnographique et analyse documentaire, nous mettons au cœur de notre étude, non pas le rapport d’un groupe à sa mémoire, mais la notion de mémoire elle-même. Considérée comme une préoccupation majeure dans la sphère publique, elle est devenue une catégorie d’action et d’interprétation pour les pouvoirs publics mais également au principe de nouvelles mobilisations citoyennes. Il s’agit alors de restituer les conditions sociales de sa constitution en nouveau bien symbolique mis en circulation dans les territoires locaux ainsi que les enjeux politiques propres à la publicisation du passé migratoire.La traduction institutionnelle et militante des inégalités de traitement affectant les conditions d’existence des immigrés et leurs descendants dans les termes de la réparation symbolique renseigne sur la transformation des répertoires d’action publique, sur l’évolution des luttes autour de la cause de l’immigration, et donne à voir l’interpénétration croissante entre ces deux mondes.

    Morane Chavanon, La guerre des mémoires n'aura pas lieu !, thèse soutenue en 2019 sous la direction de Nathalie Dompnier, membres du jury : Sylvie Tissot (Rapp.), Catherine Neveu (Rapp.), Julien Talpin, Sarah Gensburger et Nancy Venel    

    « Retour du passé refoulé », « guerre des mémoires », « concurrence des victimes », depuis la fin des années 1990, les enjeux de mémoire collective sont au cœur du débat public, en particulier concernant la place occupée par les immigrés dans le roman national.L’idée qu’il existerait un « besoin de mémoire » rapporté à l’immigration, c’est-à-dire des immigrés et de leurs descendants, mais également de la société française dans son ensemble, s’est imposée comme une évidence, faisant l’objet d’une attention accrue des pouvoirs publics ainsi que d’une pluralité d’acteurs sociaux (universitaires, artistes, militants de la mémoire…).A partir d’une enquête comparative menée dans deux villes de la région Auvergne-RhôneAlpes : Saint-Etienne et Villeurbanne, notre thèse a pour but de saisir ce « besoin de mémoire » rapporté à l’immigration non pas comme un donné, mais comme un construit faisant l’objet d’usages politiques et sociaux.Dans ces deux villes marquées par une histoire industrielle forte, mais où la mémoire locale, en l’occurrence sa part immigrée, fait l’objet d’un traitement public différencié, il s’agit de se demander « ce qui se joue d’autre que le passé dans [des] politiques publiques censées y être consacrées » (Gensburger, 2010).A travers une démarche mêlant approche ethnographique et analyse documentaire, nous mettons au cœur de notre étude, non pas le rapport d’un groupe à sa mémoire, mais la notion de mémoire elle-même. Considérée comme une préoccupation majeure dans la sphère publique, elle est devenue une catégorie d’action et d’interprétation pour les pouvoirs publics mais également au principe de nouvelles mobilisations citoyennes. Il s’agit alors de restituer les conditions sociales de sa constitution en nouveau bien symbolique mis en circulation dans les territoires locaux ainsi que les enjeux politiques propres à la publicisation du passé migratoire.La traduction institutionnelle et militante des inégalités de traitement affectant les conditions d’existence des immigrés et leurs descendants dans les termes de la réparation symbolique renseigne sur la transformation des répertoires d’action publique, sur l’évolution des luttes autour de la cause de l’immigration, et donne à voir l’interpénétration croissante entre ces deux mondes.

    Francis Sanseigne, Inventer une cause, (dé)faire une loi, thèse soutenue en 2019 sous la direction de Jacques Michel, membres du jury : Frédéric Pierru (Rapp.), Johanna Siméant-Germanos (Rapp.), Catherine Achin et Bernard Lahire    

    Le but de cette thèse est de comprendre les conditions d’adoption de la « loi Neuwirth » en décembre 1967 qui dépénalise le libre recours à des moyens de contraception. La modification d’un dispositif légal qui remonte à la loi 1920 renvoie à l’existence d’une relation de pouvoir dotée d’une forme historiquement datée, et partant, socialement construite, qu’il convient d’aborder comme telle pour expliquer sa transformation. Sa formation n’est en effet pas concevable avant la fin du XIXème siècle dans le cadre du processus de nationalisation et d’étatisation de la société. Dès lors, comprendre l’adoption de la « loi Neuwirth » suppose de rendre compte à la fois de la constitution des conduites procréatrices en objet légitimed’intervention étatique, de décrire relationnellement l’invention de la cause contraceptive dans les années 1950, et de saisir les rapports qui peuvent s’établir entre, d’une part, les individus et groupes mobilisés en faveur de cette dernière et, d’autre part, les gouvernants. Bref, saisir pleinement une relation de pouvoir et sa transformation exige de produire une analyse à parts égales des éléments qui la composent en les traitant comme des espaces en interdépendance. Ce travail socio-historique à la croisée de la sociologie des mobilisations, de la sociologie de l’Etat et la sociologie de l’action publique, se base sur l’exploitation de nombreux fonds d’archives, la construction et l’analyse de deux bases données et la réalisation d’entretiens.

    Julie Vaslin, Esthétique propre , thèse soutenue en 2017 à Lyon sous la direction de Gilles Pollet  

    Dans cette thèse, le graffiti désigne, négativement, toute pratique d’inscription murale qui contribue à altérer l’« ordre esthétique » d’une ville, produit par les pouvoirs publics. Cette expression permet de désigner d’un côté l’ordre, c’est-à-dire le pouvoir politique, que l’inscription d’un graffiti sur un mur vient troubler. De l’autre la dimension esthétique de ce pouvoir, c’est-à-dire quelque chose qui dépasse la simple régulation de l’expression politique et s’inscrit, plus largement, dans le gouvernement des espaces publics. Ainsi défini, le graffiti n’est pas seulement analysé comme un message, une déviance, un dommage aux biens, une pratique culturelle ou un art, mais il devient un concept opératoire pour la science politique. Cette définition en termes de « désordre esthétique » permet d’interroger les dispositifs d’action publique qui contribuent à produire l’ordre esthétique propre à la ville. Elle permet aussi de questionner les catégorisations, les problèmes véhiculés par ces dispositifs ainsi que leurs effets sur la construction du sens commun, sur les représentations associées au graffiti, et surtout sur l’aspect physique, matériel, et donc esthétique de la ville.Inscrite dans la perspective d’une socio-histoire de l’action publique, cette thèse retrace l’histoire de la « mise en administration » du graffiti à Paris, la production d’un « ordre esthétique » dans cette ville de 1977 à 2017. À Paris, la municipalité administre ces peintures comme des « souillures » à travers des dispositifs d’effacement portés par les politiques de propreté, mais aussi comme des objets culturels à travers des dispositifs d’encadrement culturel, portés par différents domaines d’action publique (aménagement, culture, tourisme). En retraçant la genèse des dispositifs de répression et de promotion des graffitis au sein de l’administration parisienne, cette thèse propose de comprendre la manière dont s’articulent plusieurs domaines d’action publique et d’analyser la construction municipale d’un problème du graffiti. Dommage aux biens, nuisance visuelle, facteur du sentiment d’insécurité, culture populaire ou art urbain symbole de la vitalité artistique de Paris, le graffiti est un problème public qui, de 1977 à 2017, connaît plusieurs redéfinitions dans lesquelles les acteurs publics municipaux jouent des rôles variables. S’appuyant sur des archives, des entretiens semi-directifs, des observations et des photographies, ce travail s’attache à rendre compte de la variété de ces rôles, des conditions de la redéfinition du problème et ses mises à l’agenda successives. Au cœur de cette socio-histoire de la « mise en administration » du graffiti, une hypothèse : la saisie du graffiti par les acteurs municipaux est révélatrice de l’ambition municipale de monopoliser la définition légitime du « bel » espace public, de l’image de la Ville, au propre comme au figuré. L’enjeu de la thèse est alors de mettre en lumière les conditions historiques, sociales et politiques de la construction de cette légitimité.La démonstration s’organise en deux parties qui retracent chronologiquement la genèse des deux facettes du problème public qui se construit autour du graffiti. Dans la première partie, on montre la manière dont les pouvoirs publics norment l’esthétique des espaces urbains à travers les politiques de propreté qui font du graffiti le résultat d’un acte déviant, une source de désordre. La seconde partie analyse la manière dont différentes actions culturelles promeuvent progressivement certaines formes de graffitis et opèrent ainsi une normalisation de l’esthétique urbaine. Il s’agit finalement de montrer quels comment les acteurs urbains organisent le contrôle de l’esthétique urbaine, quels sont les enjeux sociaux et politiques contenus dans la production d’un certain « ordre esthétique ».

    Benoit Granier, Circulations transnationales et transformations de l’action publique : la mobilisation des sciences comportementales dans la politique énergétique japonaise (2010-2016), thèse soutenue en 2017 à Lyon sous la direction de Yveline Lecler et Mathieu Brugidou, membres du jury : Patrick Hassenteufel (Rapp.), Bernard Thomann (Rapp.), Sophie Dubuisson-Quellier  

    Le changement des comportements individuels s'est récemment imposé comme un objectif majeur pour l'action publique, qui mobilise dans cette optique de nouveaux savoirs de gouvernement : les sciences comportementales. Ces savoirs sont employés de manière explicite et croissante dans la politique énergétique du Japon pour réduire la consommation d’énergie des ménages, dans un contexte marqué par l’accident nucléaire de Fukushima et la libéralisation des marchés de l’énergie. Cette thèse examine les facteurs explicatifs et les modalités concrètes de cette transformation significative dans un domaine jusque-là dominé par une approche techno-économique prêtant peu attention aux comportements. Notre analyse associe des perspectives théoriques et méthodologiques issues de la sociologie de l'action publique et des études sur les transferts de politiques publiques pour retracer la genèse et la mise en œuvre de deux expérimentations : celle des réseaux électriques « intelligents » dans les Smart Communities et celle des nudges et des Home Energy Reports de l’entreprise étasunienne Opower. La conduite d’environ quatre-vingt entretiens semi-directifs et l’examen de nombreuses sources écrites ont mis en évidence la place centrale des circulations transnationales dans l’élaboration et la conduite de ces programmes et plus généralement de la politique énergétique de l’archipel.Nous défendons la thèse que la mobilisation des sciences comportementales dans la politique énergétique japonaise résulte d’une multiplicité de facteurs qui questionne l’opposition entre des changements de nature soit endogène soit exogène, et la distinction entre facteurs domestiques et facteurs extranationaux. Le recours à ces savoirs de gouvernement s’explique en effet par la capacité d’un petit groupe d’acteurs programmatiques japonais à introduire dans la politique énergétique des sciences et des instruments originaires de l’étranger, en réponse à des enjeux spécifiques au Japon. Notre analyse microsociologique des stratégies de ces acteurs invite à une endogénéisation de l’explication du changement intégrant les facteurs exogènes et les dynamiques extranationales. La mobilisation des sciences comportementales dans la politique nippone résulte indissociablement de l’essor de ces savoirs dans la recherche et l’action publique aux États-Unis et en Europe, des stratégies d’acteurs transnationaux, étasuniens et japonais, et de la prégnance des enjeux climatiques et énergétiques sur l’archipel. Nous suggérons par ailleurs que les États-Unis sont au cœur de la circulation des sciences comportementales dans le domaine de l’énergie, et que le recours à ces savoirs dans l’action publique s’explique par, outre leur succès académique, leur dimension « pratique » et « consensuelle ».

    Julie Vaslin, Esthétique propre, thèse soutenue en 2017 sous la direction de Gilles Pollet, membres du jury : Marie-Hélène Bacqué, Pascale Laborier, Emmanuel Négrier et Érik Neveu    

    Dans cette thèse, le graffiti désigne, négativement, toute pratique d’inscription murale qui contribue à altérer l’« ordre esthétique » d’une ville, produit par les pouvoirs publics. Cette expression permet de désigner d’un côté l’ordre, c’est-à-dire le pouvoir politique, que l’inscription d’un graffiti sur un mur vient troubler. De l’autre la dimension esthétique de ce pouvoir, c’est-à-dire quelque chose qui dépasse la simple régulation de l’expression politique et s’inscrit, plus largement, dans le gouvernement des espaces publics. Ainsi défini, le graffiti n’est pas seulement analysé comme un message, une déviance, un dommage aux biens, une pratique culturelle ou un art, mais il devient un concept opératoire pour la science politique. Cette définition en termes de « désordre esthétique » permet d’interroger les dispositifs d’action publique qui contribuent à produire l’ordre esthétique propre à la ville. Elle permet aussi de questionner les catégorisations, les problèmes véhiculés par ces dispositifs ainsi que leurs effets sur la construction du sens commun, sur les représentations associées au graffiti, et surtout sur l’aspect physique, matériel, et donc esthétique de la ville.Inscrite dans la perspective d’une socio-histoire de l’action publique, cette thèse retrace l’histoire de la « mise en administration » du graffiti à Paris, la production d’un « ordre esthétique » dans cette ville de 1977 à 2017. À Paris, la municipalité administre ces peintures comme des « souillures » à travers des dispositifs d’effacement portés par les politiques de propreté, mais aussi comme des objets culturels à travers des dispositifs d’encadrement culturel, portés par différents domaines d’action publique (aménagement, culture, tourisme). En retraçant la genèse des dispositifs de répression et de promotion des graffitis au sein de l’administration parisienne, cette thèse propose de comprendre la manière dont s’articulent plusieurs domaines d’action publique et d’analyser la construction municipale d’un problème du graffiti. Dommage aux biens, nuisance visuelle, facteur du sentiment d’insécurité, culture populaire ou art urbain symbole de la vitalité artistique de Paris, le graffiti est un problème public qui, de 1977 à 2017, connaît plusieurs redéfinitions dans lesquelles les acteurs publics municipaux jouent des rôles variables. S’appuyant sur des archives, des entretiens semi-directifs, des observations et des photographies, ce travail s’attache à rendre compte de la variété de ces rôles, des conditions de la redéfinition du problème et ses mises à l’agenda successives. Au cœur de cette socio-histoire de la « mise en administration » du graffiti, une hypothèse : la saisie du graffiti par les acteurs municipaux est révélatrice de l’ambition municipale de monopoliser la définition légitime du « bel » espace public, de l’image de la Ville, au propre comme au figuré. L’enjeu de la thèse est alors de mettre en lumière les conditions historiques, sociales et politiques de la construction de cette légitimité.La démonstration s’organise en deux parties qui retracent chronologiquement la genèse des deux facettes du problème public qui se construit autour du graffiti. Dans la première partie, on montre la manière dont les pouvoirs publics norment l’esthétique des espaces urbains à travers les politiques de propreté qui font du graffiti le résultat d’un acte déviant, une source de désordre. La seconde partie analyse la manière dont différentes actions culturelles promeuvent progressivement certaines formes de graffitis et opèrent ainsi une normalisation de l’esthétique urbaine. Il s’agit finalement de montrer quels comment les acteurs urbains organisent le contrôle de l’esthétique urbaine, quels sont les enjeux sociaux et politiques contenus dans la production d’un certain « ordre esthétique ».

    Olivier Quéré, L’atelier de l’État : des Instituts régionaux d'administration pour former les cadres intermédiaires de la fonction publique (1966-2013), thèse soutenue en 2014 à Lyon 2 sous la direction de Gilles Pollet, membres du jury : Jean-Michel Eymeri-Douzans (Rapp.), Philippe Bezes (Rapp.), Muriel Darmon  

    Chaque année, près de 700 attachés d'administration de l'État sont recrutés par concours. Ni agents de guichet ni hauts fonctionnaires, ce personnel peuple les échelons intermédiaires de la fonction publique, mais reste invisible aux usagers et peu connu des sciences sociales. Depuis 1970, les Instituts régionaux d'administration (IRA) ont la charge d’unifier le recrutement et d’homogénéiser les pratiques de ces fonctionnaires. L'étude de cette formation permet d’entrer dans l’atelier où se construit le mandat confié par l’État à ces cadres intermédiaires.Alliant sociologie de l'administration et sociologie de la socialisation, nous adoptons trois regards sur la formation de cet encadrement administratif intermédiaire. D'abord, l'analyse socio-historique des réformes des IRA éclaire à la fois les obstacles à la constitution d'un « corps interministériel » des attachés, et les compromis entre ministères qui permettent de stabiliser l'architecture de formation. À l'échelle de l'institution ensuite, l'étude des savoirs prescrits et enseignés donne à voir comment sont valorisées les activités des cadres intermédiaires au cours de leur formation, modélisant différentes figures de l'attaché. L'approche ethnographique du travail socialisateur de l'institution montre enfin que le mandat de l'attaché se fabrique aussi dans la variation des modes d'appropriations et dans les décalages par rapport aux attentes institutionnelles. Ces trois scènes d'investigation constituent un observatoire de la double tension qui travaille l'encadrement administratif intermédiaire : celle qui oppose l’unification du groupe à sa dispersion, et celle qui défend l’autonomie de l’attaché dans le processus de délégation hétéronome des tâches. À la fois encadré et encadrant, « technique » et « généraliste », « juriste » et « manager », le mandat de l'attaché oscille en fonction de ce que l'État – depuis les administrateurs des ministères jusqu'aux formateurs des IRA – veut faire de son administration.

    Eric Farges, Dynamique professionnelle et transformations de l’action publique , thèse soutenue en 2013 à Lyon 2 sous la direction de Gilles Pollet  

    L’article 2 de la loi n°94-43 du 18 janvier 1994, transférant l’organisation des soins en milieu carcéral du ministère de la Justice au service public hospitalier, a souvent été présenté comme une réforme de santé publique s’imposant au vu de l’état des prisons françaises. L’épidémie de sida et le volontarisme des ministres de la Santé suffiraient à rendre compte de ce qui a été qualifié de « révolution sanitaire ». Pourtant au-delà de ces facteurs conjoncturels, les conditions de possibilité de cette réforme s’inscrivent plus largement au croisement d’une double dynamique, professionnelle et carcérale, que cette recherche propose de retracer. En effet, la loi du 18 janvier 1994 est également la réforme d’une profession et d’un secteur d’action publique tous deux fortement contestés. La réforme de l’organisation des soins en prison marque l’échec d’une stratégie de spécialisation médicale, entendue comme la tentative opérée par certains praticiens d’occuper une position spécifique au sein du secteur médical.Initiée au début des années soixante par le premier Médecin-inspecteur des prisons, Georges Fully, l’affirmation d’une « médecine pénitentiaire » spécifique avait alors pour but de conférer aux praticiens une plus grande légitimité, et ainsi autonomie, à l’égard de leur employeur, l’Administration pénitentiaire. La spécialisation était ainsi conçue comme une ressource supplémentaire afin de mettre fin au tiraillement auquel étaient confrontés les praticiens travaillant en détention entre leur statut de vacataire du ministère de la Justice et celui de médecin-traitant des détenus. Toutefois, après la violente contestation des prisons survenue durant les années soixante-dix, l’affirmation d’une médecine pénitentiaire devient pour le nouveau Médecin-inspecteur, Solange Troisier, le moyen de légitimer un secteur d’action publique discrédité : l’organisation des soins en milieu carcéral. La consécration d’une médecine spécifique aux détenus est également pour elle le moyen de faire prévaloir les exigences du Code de procédure pénale sur celles issus du Code de déontologie. La spécialisation de la médecine pénitentiaire devient ainsi un moyen de s’autonomiser non pas du ministère de la Justice mais du secteur médical. La réforme de 1994 marque l’échec de cette tentative de spécialisation médicale. Elle résulte de la rencontre entre un « segment » de praticiens défendant l’idée d’une médecine non-spécifique avec quelques magistrats-militants, issus du Syndicat de la magistrature, en poste à l’Administration pénitentiaire favorables à un « décloisonnement » de l’institution carcérale. La loi du 18 janvier 1994 marque l’aboutissement de cette stratégie et l’échec de la tentative de spécialisation. A la « médecine pénitentiaire », désormais rattachée à un passé stigmatisant révolu, succéderait une « médecine exercée en milieu carcéral ».L’enjeu de cette thèse est par conséquent de retracer la sociogenèse d’une réforme à partir des dynamiques qui traversent un groupe professionnel, d’une part, et des transformations qui affectent un secteur d’action publique, d’autre part. On montrera également que la spécialisation de la médecine ne peut être comprise que si elle est articulée à d’autres logiques et qu’elle ne peut ainsi être réduite à sa seule dimension médicale.

    Eric Farges, Dynamique professionnelle et transformations de l'action publique, thèse soutenue en 2013 sous la direction de Gilles Pollet, membres du jury : Patrice Pinell, Henri Bergeron et Jean-Charles Froment    

    L’article 2 de la loi n°94-43 du 18 janvier 1994, transférant l’organisation des soins en milieu carcéral du ministère de la Justice au service public hospitalier, a souvent été présenté comme une réforme de santé publique s’imposant au vu de l’état des prisons françaises. L’épidémie de sida et le volontarisme des ministres de la Santé suffiraient à rendre compte de ce qui a été qualifié de « révolution sanitaire ». Pourtant au-delà de ces facteurs conjoncturels, les conditions de possibilité de cette réforme s’inscrivent plus largement au croisement d’une double dynamique, professionnelle et carcérale, que cette recherche propose de retracer. En effet, la loi du 18 janvier 1994 est également la réforme d’une profession et d’un secteur d’action publique tous deux fortement contestés. La réforme de l’organisation des soins en prison marque l’échec d’une stratégie de spécialisation médicale, entendue comme la tentative opérée par certains praticiens d’occuper une position spécifique au sein du secteur médical.Initiée au début des années soixante par le premier Médecin-inspecteur des prisons, Georges Fully, l’affirmation d’une « médecine pénitentiaire » spécifique avait alors pour but de conférer aux praticiens une plus grande légitimité, et ainsi autonomie, à l’égard de leur employeur, l’Administration pénitentiaire. La spécialisation était ainsi conçue comme une ressource supplémentaire afin de mettre fin au tiraillement auquel étaient confrontés les praticiens travaillant en détention entre leur statut de vacataire du ministère de la Justice et celui de médecin-traitant des détenus. Toutefois, après la violente contestation des prisons survenue durant les années soixante-dix, l’affirmation d’une médecine pénitentiaire devient pour le nouveau Médecin-inspecteur, Solange Troisier, le moyen de légitimer un secteur d’action publique discrédité : l’organisation des soins en milieu carcéral. La consécration d’une médecine spécifique aux détenus est également pour elle le moyen de faire prévaloir les exigences du Code de procédure pénale sur celles issus du Code de déontologie. La spécialisation de la médecine pénitentiaire devient ainsi un moyen de s’autonomiser non pas du ministère de la Justice mais du secteur médical. La réforme de 1994 marque l’échec de cette tentative de spécialisation médicale. Elle résulte de la rencontre entre un « segment » de praticiens défendant l’idée d’une médecine non-spécifique avec quelques magistrats-militants, issus du Syndicat de la magistrature, en poste à l’Administration pénitentiaire favorables à un « décloisonnement » de l’institution carcérale. La loi du 18 janvier 1994 marque l’aboutissement de cette stratégie et l’échec de la tentative de spécialisation. A la « médecine pénitentiaire », désormais rattachée à un passé stigmatisant révolu, succéderait une « médecine exercée en milieu carcéral ».L’enjeu de cette thèse est par conséquent de retracer la sociogenèse d’une réforme à partir des dynamiques qui traversent un groupe professionnel, d’une part, et des transformations qui affectent un secteur d’action publique, d’autre part. On montrera également que la spécialisation de la médecine ne peut être comprise que si elle est articulée à d’autres logiques et qu’elle ne peut ainsi être réduite à sa seule dimension médicale.

    Harold Mazoyer, Les calculs de la puissance , thèse soutenue en 2011 à Lyon 2 sous la direction de Gilles Pollet  

    A partir du début de la Vème République, l’économie des transports s’institutionnalise progressivement comme une science de gouvernement. Peu à peu, le recours aux économistes, et à leurs savoirs, dans les processus de décision publique s’impose comme une nécessité sociale. Cette recherche vise à comprendre les ressorts de cette dynamique. Elle s’efforce, plus généralement, de saisir l’origine et la nature de l’autorité dont ils bénéficient dans un domaine d’action publique. Pour ce faire, le regard est porté, tout d’abord, sur les services de l’administration centrale où des ingénieurs-économistes deviennent alors perçus comme d’influents « conseillers du prince », puis s’imposent comme les principaux animateurs d’une tentative de réforme de l’administration. La thèse interroge également le développement d’une expertise savante en investiguant l’univers académique. L’enquête porte, enfin, sur le processus d’expertise et de décision d’un projet, le métro de Lyon, pour saisir comment les économistes interviennent dans le dialogue noué entre le pouvoir central et le pouvoir local. La dynamique d’institutionnalisation d’une science de gouvernement est envisagée à travers les processus qui participent à la construction, et à l’affirmation, des rôles de l’économiste dans ces trois univers distincts. Il s’agit ainsi d’éclairer les processus singuliers se déroulant dans chacun d’eux mais également de comprendre ce qui se joue dans leurs connexions. Cette approche donne à voir le succès des économistes dans le gouvernement des transports comme l’appropriation d’un projet de réforme de l’action publique porté, à l’origine, par des élites et des institutions « centralistes ». En outre, elle montre comment la gestion des affaires publiques territoriales constitue alors un enjeu décisif qui participe à forger les attentes qui pèsent sur les économistes. Empruntant une démarche socio-historique, l’analyse se nourrit d’un matériau essentiellement archivistique mais également de plus de soixante-dix entretiens semi-directifs.

    Nicolas Fortané, Genèse d’un problème public , thèse soutenue en 2011 à Lyon 2 sous la direction de Jean-Louis Marie  

    Voilà une vingtaine d’années que le concept d’addiction a été élaboré par quelques psychiatres et chercheurs en neurosciences afin de rendre compte, à travers un nouveau regard, des phénomènes de dépendance (en associant drogues illicites, alcool et tabac). Il a ensuite été utilisé pour la première fois en 1999 dans une politique publique en France, à savoir le plan triennal de la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT).Le processus de construction du problème public des addictions constitue ainsi l’objet de cette thèse. Dans quelles mesures la reconfiguration de certains espaces des champs médical et politico-administratif a partie liée à l’institutionnalisation du paradigme addictologique et comment celui-ci a contribué à transformer les drug policies contemporaines ? Le problème public des addictions doit son émergence au succès politique d’un petit groupe d’acteurs qui a su transposer un concept médical dans le langage de l’action publique. Dans le prolongement des politiques de réduction des risques, les addictions bousculent le mode de régulation des usages de drogues, en favorisant leur sanitarisation plutôt que leur pénalisation. Par le biais d’une sociologie historique et politique de l’action publique, cette thèse retrace ainsi la genèse de l’addictologie et des drug policies françaises jusqu’au plan triennal de la MILDT de 1999.

    Renaud Pacoud, Le judiciaire dans l’Etat , thèse soutenue en 2011 à Lyon 2 sous la direction de Vincent Michelot  

    Si la science politique et l’histoire ont su montrer les effets de l’expansion de la bureaucratie sur la présidence et le Congrès en assez grands détails, la vision du pouvoir judiciaire dans sa relation avec l’État américain moderne reste singulièrement appauvrie. Un examen de l’historiographie de l’État et du pouvoir judiciaire montre que la question de l’impact du fait administratif sur le fonctionnement de ce dernier n’a finalement jamais été clairement posée. Cette thèse entend démontrer que les relations entre le judiciaire et l’État fédéral se sont jouées non sur un conflit de principe quand au rôle et à la place de la bureaucratie fédérale dans le schéma constitutionnel américain mais plutôt dans le cadre du processus de reconstruction du judiciaire fédéral initié à la fin du dix- neuvième siècle avec le Evarts Act de 1891.

    Renaud Pacoud, Le judiciaire dans l'Etat, thèse soutenue en 2011 sous la direction de Vincent Michelot, membres du jury : Anne E. Deysine (Rapp.), R. Shep Melnick et Jean-Christian Vinel    

    Si la science politique et l’histoire ont su montrer les effets de l’expansion de la bureaucratie sur la présidence et le Congrès en assez grands détails, la vision du pouvoir judiciaire dans sa relation avec l’État américain moderne reste singulièrement appauvrie. Un examen de l’historiographie de l’État et du pouvoir judiciaire montre que la question de l’impact du fait administratif sur le fonctionnement de ce dernier n’a finalement jamais été clairement posée. Cette thèse entend démontrer que les relations entre le judiciaire et l’État fédéral se sont jouées non sur un conflit de principe quand au rôle et à la place de la bureaucratie fédérale dans le schéma constitutionnel américain mais plutôt dans le cadre du processus de reconstruction du judiciaire fédéral initié à la fin du dix- neuvième siècle avec le Evarts Act de 1891.

    Harold Mazoyer, Les calculs de la puissance, thèse soutenue en 2011 sous la direction de Gilles Pollet, membres du jury : Brigitte Gaïti (Rapp.), Frédéric Lebaron (Rapp.), Vincent Spenlehauer    

    A partir du début de la Vème République, l’économie des transports s’institutionnalise progressivement comme une science de gouvernement. Peu à peu, le recours aux économistes, et à leurs savoirs, dans les processus de décision publique s’impose comme une nécessité sociale. Cette recherche vise à comprendre les ressorts de cette dynamique. Elle s’efforce, plus généralement, de saisir l’origine et la nature de l’autorité dont ils bénéficient dans un domaine d’action publique. Pour ce faire, le regard est porté, tout d’abord, sur les services de l’administration centrale où des ingénieurs-économistes deviennent alors perçus comme d’influents « conseillers du prince », puis s’imposent comme les principaux animateurs d’une tentative de réforme de l’administration. La thèse interroge également le développement d’une expertise savante en investiguant l’univers académique. L’enquête porte, enfin, sur le processus d’expertise et de décision d’un projet, le métro de Lyon, pour saisir comment les économistes interviennent dans le dialogue noué entre le pouvoir central et le pouvoir local. La dynamique d’institutionnalisation d’une science de gouvernement est envisagée à travers les processus qui participent à la construction, et à l’affirmation, des rôles de l’économiste dans ces trois univers distincts. Il s’agit ainsi d’éclairer les processus singuliers se déroulant dans chacun d’eux mais également de comprendre ce qui se joue dans leurs connexions. Cette approche donne à voir le succès des économistes dans le gouvernement des transports comme l’appropriation d’un projet de réforme de l’action publique porté, à l’origine, par des élites et des institutions « centralistes ». En outre, elle montre comment la gestion des affaires publiques territoriales constitue alors un enjeu décisif qui participe à forger les attentes qui pèsent sur les économistes. Empruntant une démarche socio-historique, l’analyse se nourrit d’un matériau essentiellement archivistique mais également de plus de soixante-dix entretiens semi-directifs.

    Nicolas Fortané, Genèse d'un problème public, thèse soutenue en 2011 sous la direction de Jean-Louis Marie, membres du jury : Pierre Muller (Rapp.), Patrick Hassenteufel (Rapp.), Henri Bergeron    

    Voilà une vingtaine d’années que le concept d’addiction a été élaboré par quelques psychiatres et chercheurs en neurosciences afin de rendre compte, à travers un nouveau regard, des phénomènes de dépendance (en associant drogues illicites, alcool et tabac). Il a ensuite été utilisé pour la première fois en 1999 dans une politique publique en France, à savoir le plan triennal de la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT).Le processus de construction du problème public des addictions constitue ainsi l’objet de cette thèse. Dans quelles mesures la reconfiguration de certains espaces des champs médical et politico-administratif a partie liée à l’institutionnalisation du paradigme addictologique et comment celui-ci a contribué à transformer les drug policies contemporaines ? Le problème public des addictions doit son émergence au succès politique d’un petit groupe d’acteurs qui a su transposer un concept médical dans le langage de l’action publique. Dans le prolongement des politiques de réduction des risques, les addictions bousculent le mode de régulation des usages de drogues, en favorisant leur sanitarisation plutôt que leur pénalisation. Par le biais d’une sociologie historique et politique de l’action publique, cette thèse retrace ainsi la genèse de l’addictologie et des drug policies françaises jusqu’au plan triennal de la MILDT de 1999.

  • Louis Bourgois, Résorber à bas bruit : ethnographie de l'action publique lyonnaise de résorption des squats et bidonvilles de migrants roupains précaires, thèse soutenue en 2021 à Université Grenoble Alpes sous la direction de Philippe Warin, membres du jury : Pascale Pichon (Rapp.), Anne Revillard et Tommaso Vitale  

    Depuis le milieu des années 1990, Lyon comme les autres métropoles française a connu une réapparition des squats et bidonvilles, majoritairement habités par des populations européennes identifiées comme Rom. Cette thèse propose une analyse de l’action publique locale développée sur le territoire métropolitain, sous l’angle de la sociologie de la gouvernance urbaine et de l’instrumentation de l’action publique.Dans une première partie, la thèse revient sur le phénomène social (à partir notamment du parcours de trois personnes présentes sur le territoire) et sa traduction en problème public, en démontrant l’émergence progressive d’un objectif partagé de résorption.La deuxième partie met en lumière l’existence d’une action publique relativement dense, organisée, à la gouvernance polycentrique impliquant un large ensemble d’acteur locaux, publics et privés au sein du système local d’action publique. Elle met en avant deux types d’outils de l’action publique : d’une part les projets de court terme, aux financements dédiés, visant à l’insertion des publics ; d’autre part les dispositifs visant principalement soit à la mise à l’abri soit à l’expulsion des personnes.La troisième et dernière partie revient sur les principes organisateurs de cette action publique locale, et propose la notion de politique à bas bruit. Elle démontre en effet la création d’une « filière d’insertion » discrète, en grande partie distincte de la filière de droit commun. Le bas-bruit de la politique repose sur trois éléments : le premier est composé de mécanismes dérogatoires au droit commun, et de pratiques instituées de non-recours. La thèse propose -ainsi un nouveau type de non-recours, le non-recours par interdiction. Les deux autres éléments sont la mobilisation massive de « travailleurs bénévoles » impliqués sur l’accompagnement social et le passage vers le droit commun, et la mise à l’écart de toute forme de participation des personnes au sein de l’action publique.Ainsi, la thèse propose une exploration du système local d’action publique, dont les caractéristiques sont marquées par l’histoire, la culture et les caractéristiques propres au territoire observé.

    Efi Markou, La décentralisation industrielle en France dans le premier XXe siècle : du mot d'ordre réformateur à l'aménagement du territoire, thèse soutenue en 2020 à Paris EHESS sous la direction de André Grelon, membres du jury : Odile Henry (Rapp.), Marie-Vic Ozouf-Marignier, Viviane Claude et Christian Topalov  

    Cette thèse analyse les enjeux, les logiques et les modalités de la construction de la décentralisation industrielle comme objet de réforme et d’action publique. La période d’étude s’étend du renouveau des débats à l’aube du XXe siècle jusqu’à l’institutionnalisation de cette action au tournant des années 1950, mobilisant plusieurs fonds d’archives et sources imprimées. Pour suivre les reconfigurations de la « décentralisation industrielle » tout au long d’un demi-siècle, cette recherche prend en compte l’ensemble des discours postulant le déplacement de l’industrie (décentralisation, transfert, dispersion…), émis par des acteurs appartenant à différents champs professionnels (hauts fonctionnaires, hommes politiques, urbanistes, ingénieurs, militaires, géographes, économistes…). Au tournant du XXe siècle, la décentralisation industrielle était pensée en fonction de l’opposition entre villes (notamment Paris) et campagnes, afin de favoriser le retour à la terre et de répondre à la fois à la désertion des campagnes et à la question urbaine. Ces préoccupations anciennes se reformulaient aux marges du champ réformateur, bénéficiant de l’ouverture d’un nouveau répertoire d’action, la réforme urbaine, et de la pratique professionnelle qui a pris corps à sa suite, l’aménagement des villes. La croyance en un possible inversement du mouvement industriel centripète était revivifiée par les progrès des transports et de l’énergie électrique. Les propositions s’organisaient autour de trois paradigmes : le paradigme ruraliste situait l’industrie dans la campagne, réduisant la taille des établissements et aspirant à revivifier les petits ateliers ; le paradigme régional visait l’industrialisation soit des zones géographiques particulières, comme les vallées, soit des périmètres plus vastes, dépendants des grandes villes ; enfin, le paradigme aménageur mettait la priorité non pas à la désindustrialisation des grandes villes mais à l’aménagement des zones industrielles dans leurs banlieues. Au cours des années 1920, la menace de bombardements aériens sur les industries stratégiques pour l’armée française et sur les villes fait de la défense nationale un nouvel enjeu de la décentralisation. Elle a déclenché la première politique, appliquée, au début des années 1930, aux industries aéronautiques puis aux autres industries de guerre, appelées à s’éloigner de la partie Nord-Est de la France et notamment de la région parisienne. Les considérations militaires s’appropriaient les débats antérieurs en matière de décentralisation tout en se greffant à des questions économiques majeures de leur époque, comme la modernisation de la production ou le chômage, et en se confrontant aux aspects pratiques des opérations, comme la disponibilité ou le logement de la main-d’œuvre.Le réformisme et le dirigisme du gouvernement de Vichy ont donné une nouvelle impulsion à la décentralisation industrielle, portée par les courants modernistes du régime. Son administration de la planification a entrepris, au moyen d’une ample étude, poursuivie après la Libération, de fixer les principes d’une action publique en la matière qui, tout en atténuant les effets de la centralisation, favoriserait la poursuite de l’industrialisation. Cependant, en même temps que ces velléités se heurtaient aux conditions de réalisation de la reconstruction et de la planification économique, la décentralisation industrielle perdait son autonomie pour devenir l’outil privilégié de l’aménagement du territoire, promu, à la fin des années 1940, par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Cette thèse montre la dynamique historique des réappropriations et des resémantisations continuelles opérées par des groupes d’acteurs aux prises avec des questions sociales, économiques ou urbaines. Elle contribue ainsi à la sociologie des rapports entre action publique, champ savant et pratiques professionnelles, mais aussi à l’histoire de la genèse de l’aménagement du territoire.

    Marie Piganiol, Quartiers de reconnexion : genèse et production d'un nouveau modèle urbain, thèse soutenue en 2017 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Sophie Dubuisson-Quellier, membres du jury : Pascale Trompette (Rapp.), Patrick Le Galès et Sylvie Tissot  

    Cette thèse retrace la genèse et la production d’un modèle urbain qui apparaît dans de nombreuses villes françaises au début du 21e siècle. Répondant à de multiples dénominations, comme celles d’« écoquartier » ou de « quartiers durables », des opérations urbaines lancées isolément dans les années 2000 ont acquis au cours de leur production une visée réformatrice : elles promettent de créer une mixité sociale harmonieuse, de régénérer la vie urbaine et de voisinage et de réconcilier la ville avec la « nature ». Pour ces raisons, ces quartiers sont qualifiés ici de « reconnexion ». Ils sont analysés à partir de trois projets lancés en Île-de-France (à Paris, Pantin et L’Île-Saint-Denis) au moyen d’une enquête ethnographique (entretiens, observations de longue durée, données statistiques, analyses iconographiques et documentaires) et en variant les échelles d’analyses locale, nationale (au sein du ministère du Logement) et internationale (lors d’événements comme la COP21). La thèse retrace la mise à l’agenda des nouveaux quartiers, étudie la manière dont certains d’entre eux deviennent des exemples à suivre en France et à promouvoir à l’étranger, analyse comment leurs promesses se traduisent dans les marchés fonciers et immobiliers, puis dans la conception architecturale et urbaine. L’argument est que la construction incrémentale de ce modèle urbain passe par de multiples opérations de valorisation au sein des marchés fonciers et de circulation de leurs promesses parmi les collectivités locales, les gouvernements intermédiaires et nationaux et les acteurs économiques en France et à l’étranger. La thèse entend ainsi contribuer à une sociologie économique du changement urbain, à la sociologie des promesses et de l’innovation ainsi qu’à une sociologie politique des modèles.

    Mary Gely, L’action extérieure des collectivités territoriales françaises : étude de la mise en œuvre d'une action publique transsectorielle, vecteur d'articulation entre territoires et scène extérieure, thèse soutenue en 2016 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Jean Lapèze, membres du jury : Emmanuel Matteudi (Rapp.), Patrick Le Galès et Fréderic Deshayes  

    Ce travail de thèse a pour objectif de mettre en lumière les raisons et les manières avec lesquelles sont actuellement mises en œuvre des actions extérieures des collectivités territoriales (AECT). En effet, malgré un contexte « tendu » les collectivités territoriales continuent de développer des actions en lien avec l’international. Alors que se multiplient les discours sur la réciprocité et sont mis en avant les partenariats « gagnant-gagnant », on se demandera quels sont réellement les impacts des actions extérieures pour les territoires locaux français : Existe-t-il une cohérence entre les impacts escomptés et ceux réellement observables sur le territoire ? De même, on s’interrogera sur les logiques sous-tendant ces actions : La logique de solidarité internationale est-elle dépassée ? Le « référentiel » de l’action extérieure est-il en train d’évoluer ? Enfin, seront questionnées les modalités effectives de mise en œuvre des actions extérieures dans, et par, les collectivités territoriales : Quels sont les acteurs, internes et externes, impliqués ? Selon quelles modalités participent-ils à ce processus ? En ce sens, en se basant notamment sur notre expérience CIFRE en « coopération décentralisée » ainsi que sur une série d’entretiens de professionnels, sera appréhendée la mise en œuvre des AECT « par le bas » dans une approche proche de la sociologie de l’action publique. De plus, afin de saisir plus globalement cet « objet frontière », notre recherche alliera sciences du territoire et études des relations internationales.

    Jeanne Chauvel, La question du Grand Paris (2001-2012), thèse soutenue en 2015 à Paris 2 sous la direction de Jacques Caillosse, membres du jury : Romain Pasquier (Rapp.), Philippe Estèbe et Christian Lefèvre  

    Le Grand Paris est une utopie en 2001, utopie qui va jouer un rôle moteur dans le changement de l’ordre institutionnel francilien de l’aménagement du territoire dans la décennie (2001-2012). Cette idée se manifeste dans trois processus menés conjointement : 1. une politique de coopération entre élus locaux mise en place par la Ville de Paris dès 2001 ; 2. un projet d’aménagement du territoire dès 2004 avec la révision du schéma directeur d’Ile-de-France, et dès 2008 avec un projet gouvernemental d’aménagement ; 3. un projet de réforme institutionnelle de changement d’échelle avec la création d’un gouvernement métropolitain. L’idée Grand Paris se matérialise par la mise en oeuvre d’un gigantesque réseau de transports publics autour de Paris depuis2010 et par une institution métropolitaine en 2014. Ces réalisations trouvent leurs racines dans les luttes institutionnelles et politiques de la décennie 2000.Cette monographie sur le Grand Paris illustre la problématique du changement d’échelle en contexte de forte concurrence entre métropoles mondiales. A travers l’analyse du système d’acteurs publics (en particulier la Ville de Paris, les maires de l’agglomération, le Conseil régional d’Ile-de-France et l’Etat), il s’agit de comprendre quels sont les usages du Grand Paris par ces acteurs,comment se construisent leurs représentations, et quels sont les blocages institutionnels contre la montée en puissance de l’échelon politique métropolitain. On montrera que l’on peut combiner utilement les trois variables d’analyse du changement que sont les intérêts, les idées et les institutions pour comprendre ce que révèle le problème public « Grand Paris » de l’évolution des relations entre l’Etat, la ville de Paris et le Conseil régional d’Ile-de-France.

    Narguesse Keyhani, Les "relations interculturelles" : trajectoire sociale d'une catégorie réformatrice, thèse soutenue en 2014 à Cachan Ecole normale supérieure sous la direction de Patrice Duran et Stéphane Dufoix, membres du jury : Sylvie Tissot (Rapp.), Pascale Laborier et Sylvain Laurens  

    Cette recherche suit la trajectoire de la catégorie savante et d’action publique des « relations interculturelles » en scrutant ses premières formulations dès la fin des années 1960, ses différentes formes d’institutionnalisation tout au long des années 1980 et en décrivant, jusqu’au tournant des années 2000, le processus d’invisibilisation dont elle fait l’objet. Elle analyse ses investissements savants, administratifs et politiques par divers acteurs, amenés dans le cadre de leurs activités respectives, à repenser la présence des immigrants dans la société française. Parce qu’ils logent la question des cultures des travailleurs immigrés au cœur de l’analyse, ces sociologues, pédagogues et agents administratifs reformulent la question de l’immigration en s’écartant à la fois d’une lecture en termes de classes sociales et d’une approche assimilationniste. Sont identifiées les conditions d’émergence d’une catégorie savante forgée par la mise en forme de savoirs critiques et celles d’une catégorie d’intervention publique réformatrice qui cible les représentations et mentalités pour éduquer une « opinion publique raciste ». L’enquête s’inscrit à la croisée de la socio-histoire des catégories et de l’étude de la construction des problèmes publics et s’appuie sur l’exploitation d’archives (en partie inédites) d’organisations publiques chargées, sous l’égide du ministère des Affaires sociales, de la mise en œuvre des politiques d’insertion et de promotion des relations interculturelles. Elle s’appuie aussi sur la littérature savante produites par les principaux promoteurs de cette cause, la littérature grise émanant de diverses instances de l’État et enfin des entretiens avec les promoteurs de la cause et des agents d’organisations publiques chargés de la mise en œuvre de la politique d’insertion. Ce matériau est exploité à partir de deux approches : l’analyse des rapports entre savoirs et action publique d’une part et celle des rapports entre organisations et action publique d’autre part. Ce faisant, la thèse démontre que si l’idéal de structuration de la société par des relations interculturelles harmonieuses, n’est pas resté inscrit durablement à l’agenda, la catégorie se cristallise de façon plus pérenne comme mode de régulation des interactions entre agents de guichet des services publics et administrés immigrés. Elle montre que l’institutionnalisation de ces savoirs dans une organisation aux marges de l’État et les modalités discursives et pratiques de mise à distance d’une « opinion publique raciste » contribuent à forger et à nourrir un antiracisme dépolitisé. En enquêtant sur une catégorie peu visible, la thèse donne à voir les processus de redéfinition de la frontière entre État et société au cœur desquels se trouve l’affirmation d’un rôle pédagogique de l’État.

    Héléna Revil, Le "non-recours" à la Couverture maladie universelle : émergence d'une catégorie d'action et changement organisationnel, thèse soutenue en 2014 à Grenoble sous la direction de Philippe Warin, membres du jury : Danièle Linhart (Rapp.), Michel Borgetto et Rémy Caveng  

    Cette thèse analyse l'émergence, en France, de la question du non-recours à la Couverture maladie universelle complémentaire (CMU C) et à l'Aide complémentaire santé (ACS), ainsi que son institutionnalisation dans la branche Maladie de la Sécurité sociale. La CMU C et l'ACS ont été créées pour limiter les inégalités d'accès aux soins. Celles-ci se sont en effet accrues avec les augmentations continues des frais de santé laissés à la charge des patients. Au croisement de la socio-histoire, de la sociologie de l'action publique et de la sociologie des organisations, le processus d'institutionnalisation du non-recours est étudié de manière chronologique, au travers de séquences d'action qui ont : initié une attention pour le phénomène ; positionné ses enjeux au regard des restructurations de la protection maladie des plus démunis ; construit des représentations et structuré une stratégie d'action pour le traiter. Principalement problématisé autour d'un enjeu d'effectivité des droits CMU C et ACS, le non-recours est devenu peu à peu un instrument opérationnel de la correction des inégalités d'accès aux soins, définie comme axe prioritaire de la gestion du risque maladie. Sa prise en compte a engagé l'Assurance maladie dans des changements profonds de pratiques et d'organisation du travail. De manière surplombante, c'est une transformation du rapport de l'institution à ses ressortissants fragiles qui s'est enclenchée, afin de faire en sorte que les populations démunies se rapprochent de leurs droits. En ce sens, l'institutionnalisation du non-recours s'inscrit dans un mouvement qui vise à concentrer les moyens et les actions de la branche Maladie sur les populations dites fragiles. Une approche de l'action publique par le non-recours aux droits paraît ainsi pertinente pour comprendre comment l'intégration de problèmes émergents, peu visibles ou volontairement ignorés, leur mise en sens par des acteurs publics et l'institution de nouvelles catégories d'action viennent travailler les organismes administratifs bureaucratiques dans leurs fonctionnements, leurs logiques et leurs normes d'intervention les plus ancrés. L'approche par le non recours est, en l'occurrence, un traceur du changement opéré à l'aune des ressortissants de l'action publique.

    Thomas Marty, Mobilisations politiques et expertise électorale : la question de la « représentation proportionnelle ». Histoire sociale de la réforme électorale sous la Troisième République, thèse soutenue en 2011 à Paris 10 sous la direction de Bernard Lacroix, membres du jury : Olivier Ihl (Rapp.), Gilles Le Béguec, Claude Emeri et Didier Georgakakis    

    Au début du vingtième siècle, après deux décennies sans réforme électorale, le mode de scrutin devient un sujet de controverse. Cette étude se propose d’examiner les conditions du choix de la représentation proportionnelle par les membres de la Chambre des députés française ainsi que par d’autres militants. Au-delà de la rééligibilité législative, c’est à travers le changement du mode de scrutin (introduction du scrutin de liste et de la représentation proportionnelle) que le problème de la réélection apparaît sous la Troisième République. Les professeurs de droit constitutionnel, tant à Paris qu’en province, délaissent cette expertise malgré quelques entreprises militantes éparses. Leurs étudiants formulent alors un savoir académique vite enserré par les contraintes récurrentes des jurys de thèse. Nous cherchons à examiner pourquoi et comment le parlement s’est emparé de cette question. Si les conservateurs et les socialistes sont les plus zélés partisans de la représentation proportionnelle, on ne peut en rester au fait que les partis défendent des systèmes qui les favorisent le plus. Notre étude insiste sur la stabilité socio-biographique du recrutement parlementaire plutôt que sur les variations de majorité et donc d’intérêts. Il faut expliquer pourquoi et comment ce fut le débat parlementaire lui-même qui a pu aboutir à une réforme électorale. Le système mixte de 1919, entre proportionnelle et principe majoritaire, exprime cette tendance des députés à l’ « auto-critique » qui dessine in fine un « auto-portrait ». Progressivement, les circulaires ministérielles adressées aux préfets confondent ces problèmes en un seul mouvement qui tente de codifier l’organisation des candidatures qui pourrait être au fondement du renouvellement souhaité. Ce travail préfectoral retire aux seuls entrepreneurs électoraux le monopole de l’anticipation des résultats et en ménage une co-production administrative. Dans la production préfectorale, de nouvelles cartes des circonscriptions uninominales ont eu tendance à perpétuer le traditionnel « scrutin d’arrondissement ». Ces tentatives de réforme électorale spatiale ont également introduit une nouvelle échelle dans le déroulement des campagnes électorales. Cet élargissement de la capacité électorale a été rendu possible par une nouvelle représentation : la circonscription administrative du département a eu tendance à devenir le critère principal de la mobilisation électorale que ce soit pour la loi électorale de 1919 ou celle de 1927.

  • Alexandre Faure, Les temporalités politiques et urbanistiques du Grand Paris : bâtir une métropole hors-norme, thèse soutenue en 2018 à Paris Sciences et Lettres ComUE sous la direction de Marie-Vic Ozouf-Marignier, membres du jury : Olivier Ratouis, David Guéranger, Dominique Rivière et Ádám Takács  

    Au même titre que la place et le statut de Paris, la métropolisation parisienne est une exception dans le paysage institutionnel français. Les années 2000 et 2010 sont caractérisées par l’émergence de deux modes de définition du phénomène métropolitain. Ceux-ci sont liés, d’une part à une ambition économique nationale (le Grand Paris), et d’autre part, aux volontés de réformer le mode de gouvernement de la région parisienne. La loi relative au Grand Paris de 2010 résulte du croisement de ces deux dynamiques qui sont pourtant très différentes. En effet, la métropolisation politique - qui aboutira à la Métropole du Grand Paris en 2016 - et le projet d’aménagement du Grand Paris - dont les chantiers ont démarré également en 2016 - ne se fondent ni sur les mêmes champs d’expérience ni sur les mêmes horizons d’attente. C’est en étudiant l’articulation de ces deux éléments à travers les récits métropolitains des élus franciliens, que ce travail ambitionne d’expliquer le régime d’historicité à l’œuvre, ordonnant une certaine configuration du passé, du présent et du futur. Ainsi, la particularité de la métropolisation se révèle non seulement dans le jeu d’échelles spatiales - du local au global - mais aussi dans l’enchevêtrement des échelles temporelles. La métropolisation mêle à la fois les temps courts de la décision et des mandats politiques, de la crise, et les temps intermédiaires voire longs du projet urbain, de l’aménagement et de l’inertie des pouvoirs.Cette thèse vise à mieux comprendre les temporalités soutenant ces deux phénomènes. Pour cela, elle s’appuie sur l’étude des politiques publiques d’aménagement, de la place et du rôle des élus dans la métropolisation, ainsi que de l’influence des séquences politiques sur l’institutionnalisation de la métropole. Elle expose l’inertie des institutions politiques sur le long terme au cours d’une série de réformes aux séquences rapides et incertaines (lois MAPAM et NOTRe). Enfin, ce travail participe à expliquer les enjeux de la configuration politique du pouvoir parisien tiraillés entre la construction d’une Métropole du Grand Paris des maires et un projet de transport co-porté par le Conseil Régional d’Ile-de-France et l’Etat.

    Boris de Rogalski Landrot, La fabrique matérielle et symbolique de la ville : le cas de Villeurbanne de 1900 à 1950, thèse soutenue en 2014 à Lyon École normale supérieure sous la direction de Jean-Luc Pinol, membres du jury : Annie Fourcaut (Rapp.), Loïc Vadelorge (Rapp.), Serge Wolikow et Michelle Zancarini-Fournel  

    Ma thèse-CIFRE intitulée La fabrique matérielle et symbolique de la ville : le cas de Villeurbanne de 1900 à 1950 porte sur l’analyse des mécanismes de la fabrique urbaine, tant matérielle que symbolique, dans le but de saisir les jeux d’acteurs et l’influence d’expériences urbaines extérieures à la municipalité, grâce auxquels des projets urbains ont pu être élaborés ou médiatisés dans le but de se conformer à un modèle d’urbanité. La fin du XIXe siècle correspond à une période de crispation identitaire à Villeurbanne en raison de la tentative d’annexion lyonnaise. La commune est dès lors mise en récit dans une logique de différenciation par rapport à Lyon afin de convaincre les décideurs politiques de rejeter l’annexion. Cette dernière a pour effet de rapprocher les édiles des communes potentiellement annexées et son échec se traduit par un développement de l’intercommunalité. Jules Grandclément, maire socialiste de 1908 à 1922, entreprend de rationnaliser la gestion municipale et il introduit des innovations urbaines dans une logique réformatrice avant 1914. La Première Guerre mondiale désorganise l’échelon municipal mais elle stimule un renforcement de l’interventionnisme municipal durant le conflit dont hérite la commune en 1919. Une pensée de Villeurbanne telle une ville et non plus une commune de banlieue, émerge alors chez les édiles, soit au moment de l’élaboration du plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension. Des échanges de savoirs urbains s’organisent avec d’autres municipalités et plus particulièrement avec des experts lyonnais. Le maire Lazare Goujon (1924-1935) s’inscrit directement dans la continuité des initiatives de son prédécesseur. Il innove en mettant en place une politique urbaine ambitieuse qui modifie la morphologie urbaine en parant dès lors la commune de ses attributs urbains. L’audience des transformations urbaines à Villeurbanne est telle que celle-ci est représentée comme un exemple de cité moderne durant les années 1930. Dès leur arrivée à la tête de la municipalité en 1935, les communistes dénoncent la politique urbaine dispendieuse de leur prédécesseur, et ils mettent en place une politique locale s’inscrivant dans le cadre du Front populaire. La coloration politique de la commune durant l’entre-deux-guerres est effacée durant la Seconde Guerre mondiale au profit de l’idéologie du gouvernement de Pétain. Le marché immobilier, fortement ralenti depuis les années 1930 et bloqué durant la Seconde Guerre mondiale, est réactivé par la politique étatique du logement. Cette intervention de l’Etat dans le domaine de l’urbanisme engendre des conflits d’expertise mais elle crée surtout un décalage entre la fabrique matérielle et symbolique de la ville à l’échelon local.

    Alexandre Rios-Bordes, Les précurseurs sombres , thèse soutenue en 2014 à Paris EHESS sous la direction de François Weil  

    Cette thèse retrace un changement majeur dans l'Etat fédéral américain qui s'effectue au long d'un moment que l'on suppose immobile et inerte. C'est l'histoire de trois ruptures liées au point de n'en faire qu'une, celle d'une reconfiguration de la relation du gouvernement à son peuple, ou plutôt : de l'État fédéral à sa population. C'est l'histoire de la constitution d'un espace de l'appareil d'État soustrait à l'impératif de publicité, occupé par des organes s'affranchissant des contraintes pesant habituellement sur l'action publique, pour faire et envisager l'impensable et l'indicible. A partir d'une vaste quantité d'archives parlementaires, judiciaires et militaires, cette recherche retrace la constitution d'un système contemporain de confidentialité, fondé sur la loi, décliné en règles, procédures et pratiques, et garanti par la perspective de sanctions. Elle relate comment, à l'abri de ce voile opaque qu'ils contribuent à mettre en place, les services de renseignement militaires - la Military Intelligence Division et Office of Naval Intelligence - se mettent à opérer structurellement dans la « zone grise » pour maintenir sous surveillance la population civile américaine. Elle explique enfin que cette accumulation de savoirs est conduite au nom - et en fonction - d'un raisonnement inédit sur les menaces que représente leur propre population. On assiste ainsi à l'émergence silencieuse d'un État secret américain, c'est-à-dire d'un espace délimité par le secret d'État, incarné par des bureaucraties secrètes radicalement autonomes qui élaborent, formulent et opèrent une rationalité inavouable, ce qu'il est convenu d'appeler : une forme contemporaine de raison d'État.

    Carolina Gutiérrez Ruiz, Une décentralisation en kit : analyse des trajectoires des politiques de régionalisation et de décentralisation dans la construction de l'État au Chili (1964-1996), thèse soutenue en 2010 à Lille 2 sous la direction de Pierre Mathiot, membres du jury : Philippe Bezes, Yves Dezalay, Olivier Nay et Gilles Pollet    

    Cette thèse retrace les trajectoires des politiques de régionalisation et de décentralisation au Chili ainsi que celles de leurs promoteurs/médiateurs. Ce faisant, elle montre que ces acteurs, constituant une « communauté réformatrice », agissent en réseau. Cette communauté devra non seulement imprégner l’administration pour agir sur elle mais elle devra aussi s’adapter et ajuster ses idées, révélant ainsi la fragilité d’un certain nombre de mécanismes institutionnels tant au niveau national qu’international, en particulier ceux relatifs à la coopération.

    Marie-Clotilde Meillerand, Penser l’aménagement d’une métropole au 20ème siècle : enjeux territoriaux, acteurs locaux et politiques publiques dans la région lyonnaise, thèse soutenue en 2010 à Lyon 2 sous la direction de Jean-Luc Pinol, membres du jury : Loïc Vadelorge, Marie-Christine Jaillet et Viviane Claude  

    Cette thèse porte sur la progressive prise en charge et gestion de l’urbanisation entre les années 1930 et la fin des années 1960. Sur la base d’une enquête portant principalement sur la région lyonnaise, ce travail a permis d’étudier les interactions existantes entre Etat et autorités locales et les modes d’action qui se dégagent pour prendre en compte et maîtriser la croissance urbaine.En suivant l’évolution des découpages territoriaux sous le poids du développement urbain, il s’agissait d’abord de retracer les étapes de la constitution et de l’institutionnalisation d’un territoire solidaire autour de Lyon. Ensuite, l’étude des premières réflexions sur la prise en charge des politiques urbaines a permis de comprendre les hésitations de l’Etat et les difficultés des responsables locaux des années 1930 au début des années 1960. Plusieurs dynamiques ont été repérées qui signalent une prise en compte parfois précoce des problèmes d’urbanisation par les autorités locales allant dans certains cas jusqu’à un repositionnement des services de l’Etat autour des problématiques urbaines. Si ces moments ne sont pas marqués par des évolutions institutionnelles et décisionnelles emblématiques, c’est sur ces premières réflexions et expériences, que s’appuieront les décisions prises à partir des années 1960. Cette décennie joue un rôle clé dans la mise en place d’une politique publique en matière d’aménagement urbain. En parallèle, nos analyses de terrain sur ces métropoles montrent que le parcours et le travail des hommes en charge de ces aménagements illustrent aussi les bouleversements que connaît le monde professionnel autour de l’urbain. Le cadre et la façon de penser l’aménagement des espaces urbains sont profondément modifiés que ce soit en termes de structures, de carrières, ou de modes de constitution et d’échange des savoirs. Notre travail s’arrête au seuil des années 1970 qui marquent le retrait progressif de l’Etat, et signalent une stabilisation des cadres de décision des politiques urbaines (agences d’urbanisme, renforcement des échelons intercommunaux).

    Sébastien Gardon, Gouverner la circulation urbaine : des villes françaises face à l'automobile (années 1910 - années 1960), thèse soutenue en 2009 à Lyon 2 sous la direction de Gilles Pollet, membres du jury : Viviane Claude et Mathieu Flonneau  

    Notre thèse porte sur l’analyse du gouvernement de la circulation urbaine pour la période allant des années 1910 aux années 1960. Elle s’appuie sur un travail de terrain constitué principalement d’une monographie du cas lyonnais que nous avons enrichie à partir d’autres exemples urbains (Marseille, Lille, Bordeaux, Nice, Saint-Étienne, Villeurbanne). Nos sources sont principalement constituées de fonds d’archives municipaux, mais également nationaux (des ministères concernés), internationaux (SdN, ONU) et d’autres documents de première main (archives privées et consulaires, périodiques). Notre travail se structure autour de deux grandes questions concernant l’analyse de l’action publique urbaine : la construction et l’identification d’un problème public ; la régulation d’un secteur d’intervention publique. Ces deux niveaux d’analyse sont appréhendés au niveau des scènes locales, nationales ou transnationales, de discussion des problèmes automobiles. En questionnant la structuration des pouvoirs urbains, on peut mettre en évidence l’existence d’un gouvernement par commissions, rassemblant des institutions et des acteurs divers et éclatés, et concourant à une co-production de l’expertise et de l’action publique en matière de circulation urbaine. Cette étude sur un temps long permet de montrer que, dans ce secteur, des formes de « gouvernance » articulant intérêts privés et enjeux publics ont émergé progressivement et se sont structurés au moment même où l’automobile devenait un enjeu urbain et un problème public central pour les villes du XX° siècle. Le gouvernement de la circulation urbaine constitue un excellent observatoire de la dynamique de constitution des pouvoirs urbains autour de dispositifs d’action publique pluralistes et largement participatifs qui renvoient au final à des débats situés au cœur même de la science politique contemporaine (pluralisme, gouvernance, réseaux, interfaces public/privé, démocratie participative...).