Justin Daniel

Professeur
Science politique.
Faculté de droit et d'économie de la Martinique

Laboratoire caribéen de sciences sociales

Responsabilités administratives et scientifiques :

  • Justin Daniel, Yvan Combeau (dir.), Écrire l'histoire des départementalisations dans les outre-mer français, Société française d'Histoire des Outre-mers, 2022, 280 p. 

    Justin Daniel, Carine David, Carine Gindre David (dir.), 75 ans de départementalisation outre-mer - Bilan et perspectives - De l'uniformité à la différenciation, L'Harmattan, 2021, GRALE, 582 p.   

    Justin Daniel, Luly Rodrigues da Cunha Fischer, Lise Tupiassu, Ordenamento territorial francés: eo caso da Guiana francesa, Editora Lumen Juris, 2021 

    Justin Daniel (dir.), Les Outre-mer à l'épreuve du changement, L'Harmattan, 2011, Collection GRALE, 324 p. 

    Justin Daniel, Isabelle Dubost, Michel Giraud, Histoire et mémoire des migrations dans l'outre-Mer, Association réunionnaise communication et culture, 2011, Les dossiers de l'ARCC ( Histoire ), 3 p.  

    Les îles de la Caraïbe et de l'océan Indien constituent de véritables laboratoires de modernité culturelle selon des processus de créolisation historiquement ancrés au gré de multiples migrations nourissant nombre d'échanges culturels et identitaires. La revue "Hommes & Migrations", revue de sciences sociales, est éditée et publiée par la Cité nationale de l'histoire de l'immigration. Elle accompagne chacune de ses publications de conférences-débats pour engager et poursuivre nombre de réflexions sur un ou plusieurs thèmes objet de débat. Elle a ainsi organisé les 28 et 29 mai 2010 un week-end thématique qui a invité le public à visiter histoire et mémoire des migrations d'Outre-Mer. Ces rendez-vous de la revue présentent des recherches inédites qui complètent le volet de l'histoire de l'immigration elle-même. Les populations originaires d'Outre-Mer résidant dans l'hexagone appréhendent mal cette histoire et sont en demande de connaissances sur un sujet trop peu traité par les institutions culturelles nationales.

    Justin Daniel (dir.), Les Outre-mer à l'épreuve du changement: réalités et perspectives des réformes territoriales, l'Harmattan, 2011  

    "Cet ouvrage rend compte de la diversité et de la richesse des expériences actuellement réalisées dans tout l'Outre-mer français. Il trace également des perspectives pour les prochaines années."

    Justin Daniel, Fred Constant (dir.), Cinquante ans de départementalisation Outre-mer: 1946-1996, l'Harmattan, 2009 

    Justin Daniel (dir.), L'Outre-mer à l'épreuve de la décentralisation, L'Harmattan, 2007, 270 p. 

    Justin Daniel, Fred Constant (dir.), Politique et développement dans les Carai͏̈bes, L'Harmattan, 1999, Logiques politiques, 266 p.     

    Justin Daniel, Fred Constant (dir.), Politique et développement dans les Carai͏̈bes, l'Harmattan, 1999 

    Justin Daniel, Fred Constant (dir.), 1946-1996. Cinquante ans de départementalisation outre-mer: 1946-1996, l'Harmattan et Impr. Laballery, 1997, 478 p.     

    Justin Daniel (dir.), Les îles Caraïbes: modèles politiques et stratégies de développement, Karthala et CRPLC, 1996, Hommes et sociétés, 364 p.   

    Justin Daniel, Restructuration économique, crise des institutions politiques traditionnelles et quête de nouveaux modèles en Carai͏̈be: colloque international 23-25 Novembre 1994,, 1994 

    Justin Daniel, Claude Emeri, L'Assemblée et son devenir: litanies et lithinées du Docteur Iniaka, Ass. fr. de. sci. po., 1985, 17 p. 

    Justin Daniel, Clientèlisme et départementalisation: le cas de la Martinique, 1980 

  • Justin Daniel, Carine David, « 75 ans de départementalisation outre-mer - Bilan et perspectives - De l'uniformité à la différenciation. Introduction », in Justin Daniel, Carine David (dir.), 75 ans de départementalisation outre-mer - Bilan et perspectives - De l'uniformité à la différenciation, L'Harmattan, 2023, pp. 17-25     

    Justin Daniel, « French Guiana : History, Economy », in Europa Publications (dir.), South America, Central America and the Caribbean 2022, Routledge, 2021 

    Justin Daniel, « La réception de l’œuvre de Frantz Fanon à la Martinique dans le contexte de la départementalisation : entre faible résonance et dissonances cognitives. », 75 ans de départementalisation outre-mer - Bilan et perspectives - De l'uniformité à la différenciation, L'Harmattan, 2021, pp. 207-220   

    Justin Daniel, « Entre négation, prétérition et racialisation de l’ordre politique. La race comme catégorie politique à la Martinique », in Cellier Marine, Damerdji Amina, Lloret Sylvain (dir.), La Fabrique de la race dans la Caraïbe de l’époque moderne à nos jours, Classiques Garnier, 2021   

    Justin Daniel, « Outre-mer », in Romain Pasquier, Sébastien Guigner, Alistaire Cole (dir.), Dictionnaire des politiques territoriales, Les Presses SciencesPo, 2020   

    Justin Daniel, « The French Caribbean between egalitarian aspirations and identity assertions: Towards a realisation of difference? », in SEBASTIEN CHAUVIN, Peter Clegg, Bruno Cousin (eds) (dir.), Euro-Caribbean Societies in the 21st Century. Offshore Europe on the Move, Routledge, 2018   

    Justin Daniel, « Intégration régionale », in Nora Mareïe et Yann Richard (dir.), Dictionnaire de la régionalisation du monde, Atlande, 2018   

    Justin Daniel, « The French Territories in the Americas and the Caribbean : The Three Ages of Regional Integration », in Mauricio Chaves, Werner Mackenbach y Héctor Pérez Brignoli (dir.), Convergencias transculturales en el Caribe y Centroamérica, Centro de Investigaciones Históricas de América Central (CIHAC), 2018 

    Justin Daniel, « “Citizens disillusioned: The experience of the French territories in the Caribbean” », Hilbourne Watson (ed.) Globalization, Sovereignty, Citizenship, and the Problem of Belonging in the Caribbean. University Press of The West Indies, 2015, pp. 171-187, 2015 

  • Justin Daniel, préfacier , La réforme de la décentralisation: loi constitutionnelle du 28 mars 2003, CRPLC, 2003, - p. 

  • Justin Daniel, Myriam Thirot, Pierre Failler, « L’identité professionnelle de pêcheurs à l’épreuve de la protection de la biodiversité. Exemple des pêcheurs de Martinique », 2022  

    Introduction En 2011, le Conseil régional de la Martinique entreprenait la création d’une AMP au Prêcheur, commune du nord-ouest de l’île. S’en suivait un travail de diagnostic écologique (IMPACT MER et al., 2011) et de concertation entre les acteurs économiques (pêche, tourisme), associatifs (protection de la nature) et institutionnels (élus locaux et services de l’État). La Réserve Naturelle Territoriale Marine du Prêcheur inaugurée en octobre 2017 est gérée par le Parc Naturel de Martiniqu...

    Justin Daniel, Yvan Combeau, « Introduction », Outre-Mers Revue d'Histoire, 2022, n°2, pp. 7--14 

    Justin Daniel, Hubert Mazurek, Louis Arreghini, Caroline Cochet, Jean-Raphaël Gros-Desormeaux [et alii], « La création du parc naturel marin de Martinique : entre concertation et fragmentation », Natures Sciences Sociétés, 2019, n°3, pp. 310-326 

    Justin Daniel, « Les défis d’une mise en politique du développement durable dans la Caraïbe », 2019  

    Introduction Depuis le milieu du siècle dernier, les économies de la Caraïbe sont en quête d’un développement adapté. D’où le recours, dans un premier temps, à une variante du modèle de l’industrialisation sur invitation d’Arthur Lewis. Expérimenté à travers l’opération Bootsrap initiée dans les années 1950 à Porto Rico par le leader charismatique, Luis Munoz Marín soucieux de tirer avantage de l’appartenance de l’île à l’ensemble étatsunien, ce modèle se retrouve à l’échelle de la région. Il...

    Justin Daniel, Myriam Thirot, Pierre Failler, « Des savoirs locaux aux experts naturalistes », 2017  

    Introduction Le milieu marin et sa biodiversité font l’objet de dispositifs de protection et de conservation tels que la création d’Aires Marines Protégées (AMP) définies en France dans la loi du 14 avril 2006. Une AMP est « un espace délimité qui répond à un objectif de protection de la nature à long terme, non exclusif d’un développement économique maîtrisé, pour lequel des mesures de gestion sont définies et mises en œuvre. » (Agence des AMP 2015). L’AMP du Prêcheur en Martinique a été cré...

    Justin Daniel, Peter Clegg, Emilio Pantojas-García, Wouter Veenendaal, « The global financial crisis and its aftermath: economic and political recalibration in the non-sovereign Caribbean », Canadian Journal of Latin American and Caribbean Studies / Revue canadienne des études latino-américaines et caraïbes, 2017, n°1 

    Justin Daniel, Myriam Thirot, Pierre Failler, « Des savoirs locaux aux experts naturalistes », Revue d’ethnoécologie, 2016, n°11 

    Justin Daniel, « La mise en discours et en politique du développement durable dans l’espace caraïbe », Natures Sciences Sociétés, 2015, n°3, pp. 280-288   

    Justin Daniel, « Guyane et Martinique : les enjeux de la collectivité unique », Informations sociales, 2014, n°186, pp. 98-107   

    Justin Daniel, Michel Giraud, Isabelle Dubost, André Calmont, Didier Destouches [et alii], « La Guadeloupe et la Martinique dans l’histoire française des migrations en régions de 1848 à nos jours », Hommes & migrations, 2009, n°1278, pp. 174-197      

    L’histoire de la Guadeloupe et de la Martinique est constituée par et autour des migrations. De l’époque coloniale jusqu’à nos jours, ce sont les mouvements migratoires – immigration et émigration – qui ont puissamment contribué, d’une part, à modeler la démographie de ces pays et, d’autre part, à y former des sociétés originales, pluriethniques, qui se sont entièrement constituées il y a quatre siècles – et c’est là un point fondamental – à partir de populations toutes venues ou importées de...

    Justin Daniel, « La crise sociale aux Antilles françaises », EchoGéo, 2009 

    Justin Daniel, « L'espace politique aux Antilles françaises », Ethnologie française, 2002, n°4, pp. 589-600   

    Justin Daniel, « Pouvoirs dans la Caraïbe »: revue du CRPLC, 1997, p. -   

    Justin Daniel, Emmanuel Jos, « 3. Les régions ultrapériphériques face à l'union européenne : les difficultés de l'harmonisation dans la différence », 1995, pp. 23-50    

    Daniel Justin, Jos Emmanuel. 3. Les régions ultrapériphériques face à l'union européenne : les difficultés de l'harmonisation dans la différence. In: Annuaire des collectivités locales. Tome 15, 1995. pp. 23-50.

    Justin Daniel, « Les démocraties pluralistes face aux scandales politiques : l'Irangate, les affaires Flick et Carrefour du développement », 1992, pp. 981-1007    

    Trop souvent négligés par la littérature spécialisée, les scandales politiques, tels qu'ils se développent dans les démocraties pluralistes, ne peuvent être appréhendés comme la simple transgression de normes établies. L'analyse comparative de Irangate aux Etats-Unis, des affaires Flick en RFA et Carrefour du développement en France révèle qu'il s'agit de phénomènes socialement construits, procédant de la mobilisation d'un nombre restreint d'acteurs directement engagés dans la lutte pour le pouvoir. Leur traitement et leur issue dépendent d'une combinaison complexe de processus micro- et macro-dimensionnels : les ressources stratégiquement mobilisables par les protagonistes dans le cadre du jeu démo­cratique, d'une part, et, d'autre part, l'articulation spécifique entre justice et politique telle qu'elle s'est historiquement constituée, ainsi que la place accordée aux procédures de délibérations collectives dans chaque société. En ce sens, le scandale politique ne peut être étudié en dehors de son contexte historique et des stratégies qui lui sont consubstantielles.

    Justin Daniel, Fred Reno, « 4. L'articulation des politiques publiques étatiques et régionales. Le cas de la formation professionnelle à la Martinique », 1989, pp. 47-60    

    Daniel J., Reno Fred. 4. L'articulation des politiques publiques étatiques et régionales. Le cas de la formation professionnelle à la Martinique. In: Annuaire des collectivités locales. Tome 9, 1989. pp. 47-60.

    Justin Daniel, « Pouvoir central, pouvoir local : essai de sociologie de l’administration à la Martinique », 1984, pp. 71-88    

    Daniel Justin. Pouvoir central, pouvoir local : essai de sociologie de l’administration à la Martinique. In: Revue française d'administration publique, N°31, 1984. L'administration des départements d'outre-mer. pp. 71-88.

  • Justin Daniel, Les territoires non indépendants de la Caraïbe à la croisée des chemins : la quête de nouveaux modèles de gouvernance Rapport établi dans le cadre du programme de recherche PO n° 31120 Les territoires non indépendants de la Caraïbe, 2014   

    Justin Daniel, La Gouvernance du Développement durable dans l'espace caraïbe , 2013   

    Justin Daniel, André Calmont, Didier Destouches, Isabelle Dubost, Michel Giraud [et alii], Histoire et mémoire des immigrations en régions, Martinique - Guadeloupe , 2010   

  • Justin Daniel, Le cadre juridique et statutaire des collectivités situées outre-mer, 2019 

  • Justin Daniel, « L’œuvre de Frantz Fanon à la Martinique : une réception problématique. », Fanon at 95. A Twenty-Day Celebration, Brunswick United States (US), le 01 juillet 2020 

    Justin Daniel, « Conflits d'usage et nouvelles perceptions du foncier dans la Caraïbe : L'exemple de la Martinique », 44th Annual CSA Conference, 03 to 07 June 2019, Santa Marta Colombia (CO), le 01 juin 2019 

    Justin Daniel, « La Collectivité Territoriale de Martinique : une espérance trahie ? », le 15 mars 2018 

    Justin Daniel, Karine Galy, Jean-Raphaël Gros-Desormeaux, « Developing cooperation capacity in biodiversity conservation: the French West Indies(FWI) territories perspectives », Developing research capacity on biodiversity and conservation: a Caribbean challenge, Montpellier, le 19 juin 2016 

    Justin Daniel, « The discursive and political use of sustainable development in the French Caribbean Territories (FTCs) : Towards a new approach of development ? », CSA 40th Annual conference, La Nouvelle-Orléans United States (US), le 01 janvier 2015 

  • Justin Daniel, La mise en politique du développement durable dans les Outre-mer 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Vanessa Lenerand, Les enjeux du travail collaboratif entre des groupes professionnels de différentes institutions (Education-nationale et secteur médico-social), dans une perspective d'éducation inclusive en contexte Martiniquais, thèse soutenue en 2023 à Antilles en co-direction avec Patricia Champy-Remoussenard et Michel Tondellier  

    Le processus d’éducation inclusive prône la singularité de tous dans la société et invite à réinterroger les normes, les valeurs en référence à la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap (Gardou, 2006).En 2010, la France a ratifié l’article 24 de la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes en situation de handicap qui préconise l’éducation inclusive notamment dans le système éducatif. Cette approche s’est donc imposée largement dans les rhétoriques institutionnelles (Plaisance É. , 2013). Y compris sur notre terrain de recherche : la Martinique, collectivité territoriale française d’Outre-mer.Affirmant le droit pour chaque jeune en situation de handicap la scolarisation dans le milieu ordinaire, l’approche inclusive de l’éducation impose un décloisonnement de l’École qui se concrétise par l’ouverture de son territoire au milieu médico-social (Plaisance É. , 2013). La collaboration entre les différents acteurs organisationnels semble incontournable. Trois organisations principales sont concernées par ce droit fondamental à savoir l’Éducation nationale (Service publique de l’éducation), l’Agence Régionale de Santé (Gestionnaire de la politique de santé) et la Collectivité Territoriale de Martinique (Autorité publique distincte de l’État). Se pose alors la question de la formalisation du « travail-ensemble » pour construire une approche inclusive territorialisée. Bien que les politiques publiques posent de grands principes, le regard sur le terrain semble déterminant pour comprendre les tenants et les aboutissants de l’activité de travail collaboratif entre les différents groupes professionnels.À partir d’une méthodologie de recherche qualitative qui allie les entretiens semi-directifs, l’étude de cas et l’analyse de documents, nous avons cherché à comprendre, décrire et analyser toute la complexité de faire collaborer des organisations avec des projets distincts et dans une autre mesure des professionnels de terrain. Dans notre recherche, nous avons interrogés principalement des enseignants spécialisés (coordonnateur ULIS, enseignant référent, etc.) pour l’Éducation nationale et différents professionnels (éducateur spécialisé, psychologue, psychomotricien, ergothérapeute, etc.), sous la bannière du médico-social (secteur du handicap).Cette recherche se veut comparative, s’agissant de mettre en exergue les dynamiques collaboratives inter-organisationnelles. Nous étudierons également la dynamique des groupes professionnels (processus de professionnalisation/déprofessionnalisation).Dans une démarche phénoménologique et interactionniste, le courant de l’analyse de l’activité permet de comprendre les enjeux du travail collaboratif. Nous verrons que dans ce contexte inclusif, l’accès au travail réel nous conduit à analyser les dimensions cachées du travail dans ses marges et ses limites.Très peu de travaux ont été conduits en Martinique sur ce sujet, l’occasion nous est donnée de le contextualiser en tenant compte des particularités locales de ce territoire micro-insulaire.

    Morgane Le Guyader, « God Bless San Andres » , thèse soutenue en 2022 à Antilles en co-direction avec Christine Chivallon  

    À partir de la fin du 18ème siècle, une petite société plantationnaire de coton est établie sur l’archipel de San Andres et Old Providence, situé à l’intersection des côtes nicaraguayennes, du Sud de la Jamaïque et du Nord de la Colombie. Entre 1834 et 1851, celle-ci se démantèle au cours du processus d’émancipation sous l’autorité du pasteur baptiste Philippe Beekman Livingston, descendant du principal négrier écossais de ces îles et issu d’une famille d’esclavagistes installée sur l’île d’Old Providence et à la Jamaïque. De son projet missionnaire s’apparentant au concept baptiste jamaïcain de Free Village, naît une société insulaire afro-anglo-créole « post-émancipation » fondée sur une idéologie égalitariste et dont le déploiement s’accélère à la fin du 19ème siècle. Si l’impitoyable rivalité entre les empires coloniaux a conduit la majorité des territoires caribéens à être successivement et/ou simultanément colonisés par les Britanniques et les Espagnols (entre autres), cet archipel se confronte, à partir du début du 20ème siècle, au prolongement du paradigme colonial cette fois incarné par la Colombie. Le gouvernement central colombien initie alors une politique d’acculturation par assimilation auprès de cette communauté insulaire jugée trop « afro », trop « antillaise » et trop « protestante » pour l’identité nationale que les élites politiques cherchent à affirmer. Localement connue comme la « colombianisation », cette politique assimilationniste reste aujourd’hui synonyme du traumatisme communautaire le plus explicite. Sur l’île de San Andres, à partir des années 1950, de profonds bouleversements démographiques, économiques, territoriaux, et socio-culturels sont annonciateurs d’un point de non-retour. Ne représentant plus que 30% de la population insulaire de l’île de San Andres, la minorisation de la communauté afro-anglo-créole, devient ainsi, à partir de la seconde moitié du 20ème siècle, l’expression la plus contemporaine du phénomène de double colonisation inhérent à la condition historique et politique de l’archipel.Ce phénomène de « dépossession » représente l’un des facteurs majeurs du processus identitaire contemporain des héritiers de la société livingstonienne, institutionnellement inauguré dans les années 1990 par la revendication communautaire d’une catégorie ethnique et autochtone : la catégorie raizal. Au-delà des approches inter-ethniques et généalogiques de l’émergence de la catégorie raizal, la thèse vise à comprendre les enjeux ontologiques de ce processus identitaire post-esclavagiste et postcolonial. Elle interroge son caractère « racinaire », bâti sur la mémoire du processus d’émancipation intrinsèquement reliée à la mémoire communautaire des terres, et dont le récit de la genèse puise dans la figure profondément paradoxale du pasteur Beekman Livingston, érigé en mythe fondateur de la communauté.En dépit de l’apparente insignifiance qui lui est souvent attribuée, en quoi la raïzalité est-elle l’éminente manifestation du récit moderne d’une inquiétude résistante d’exister ? Dans quelle mesure la raïzalité constitue-t-elle une réponse singulière à l’expérience violente de la dépossession ? Pourquoi dépasse-t-elle amplement les frontières de cet archipel injustement effacé de la carte régionale et mondiale des luttes d’existence contre-hégémoniques ?

    Philippe Palany, Les petits espaces insulaires vulnérables dans l'ère de la stratégie et de l'intelligence territoriale , thèse soutenue en 2021 à Antilles sous la direction de Jean-Raphaël Gros-Désormeaux  

    Notre projet de recherche est né d’une interrogation sur l’intelligence sociale et collective et le dynamisme du « faire ensemble » en Martinique, île-territoire « intégrée » à une métropole industrialisée (Taglioni, 2006). Nous avons fait l’hypothèse selon laquelle, méfiance, non-dit, contrôle social, regards des autres hiérarchisés, jeux d’acteurs et de pouvoirs complexes, sont présents sur ce territoire et entraînent de l’inertie, conduisant à des impasses dans la réalisation d’actions collectives.Grâce à la mobilisation des ressources de la sociologie des organisations (Crozier-Friedberg, 1977), de la sociologie de la connaissance (Busino, 2007) ainsi que de l’anthropologie des savoirs (Adell, 2011), enrichies d’une « pensée complexe » (Morin, 1990), nous parvenons par la lecture socio-historique de la société martiniquaise puis, par la mobilisation de la géographie (culturelle, sociale et de perception), à un cadre conceptuel socio-culturel adapté.Ce cadre nous permet de mesurer étroitement les pratiques collaboratives, étudier plus largement la capacité de coopération des acteurs sur le territoire. Nous parvenons par exemple à mettre au jour les tensions entre les impératifs procéduraux de concertation et les pratiques culturelles, notamment lors de la phase de conception du plan de gestion par l’équipe du Parc Naturel Marin de la Martinique (PNMM), choisi comme terrain de recherche.Une réflexion prospective pour l’avènement d’une véritable intelligence territoriale, s’appuyant sur l’intelligence collective est alors rendue possible pour la Martinique. Partant de l’idée qu’une stratégie d’intelligence territoriale se définit comme un ensemble de « pratiques collectives créatrices de valeur ajoutée et de richesse, transformant l’énergie du système territorial en projets » selon Bertacchini (2004), il s’agit, en définitive, de s’interroger sur la place de cette stratégie et ce qu’il reste à développer pour son avènement en Martinique. Une montée en généralités de cette question pour les petits espaces insulaires vulnérables est enfin réalisée notamment pour les territoires liés à une métropole, comme c’est le cas actuellement des Outre-mer français.

    Joëlle Kabile, Masculinités martiniquaises : Une approche relationnelle, thèse soutenue en 2021 à Antilles en co-direction avec Stéphanie Mulot, membres du jury : Francis Dupuis-Déri (Rapp.), Marion Paoletti (Rapp.), Diane Lamoureux, Sylvain Ferez et Ary Gordien  

    Cette recherche doctorale qualitative (ANRS/CNRS/LC2S umr 8053) a pour but de mettre à jour les mécanismes de socialisation à l’œuvre dans la construction des masculinités dans les sociétés antillaises et plus spécifiquement en Martinique, ancienne colonie française et collectivité d’outre-mer. Ainsi, elle tente de démontrer qu’au centre des masculinités martiniquaises, se situe une conception singulière de la responsabilité, essentiellement centrée sur soi, et peu ouverte sur les autres. Cette conception de la responsabilité s’articule à une difficulté à saisir et exprimer l’intime, notamment dans des espaces relationnels cadenassés par ce que nous proposons d’appeler « l’ordre public des apparences masculines ». Cette situation produit alors des masculinités sous tension.Une telle tension se traduit par une lutte pour la reconnaissance, au sein de « hiérarchies de crédibilité masculine », au moyen de stratégies de valorisation de soi, de refus de la dévalorisation et du mépris, et de distinction constante avec les autres. Elle se traduit aussi par le recours à la violence contre soi ou contre les autres. Cependant, une fois obtenue, la reconnaissance de sa propre valeur (par soi -même, par les autres) facilite alors la relation à l’autre. Ces mécanismes se vérifient dans le champ de la sexualité, mais celui-ci se distingue également par des conceptions sexuées de la liberté impliquant une diversité des étiquettes relationnelles, propices à la prise de risques sexuels, et une réification de l’autre et de soi, finalement coûteuses pour tous. La quête d’une vulnérabilité qui pourrait s’exprimer, néanmoins, affleure constamment, faisant véritablement des relations à soi et à l’autre le cœur des masculinités rencontrées.

    Jean-Charles Martinon, La décroissance inclusive , thèse en cours depuis 2020 en co-direction avec Maurizio Alì 

    Noëlla Saint-marc, La transformation du modèle de gouvernance des collectivités territoriales. Enjeux, modalités, défis. Une étude comparative et qualitative., thèse en cours depuis 2019 en co-direction avec Yvon Pesqueux 

    Jean-François Brun, La lutte contre le trafic de cocaïne dans les Caraïbes et en Afrique de l'Ouest : un enjeu européen, thèse soutenue en 2019 à Antilles, membres du jury : Olivier Delas (Rapp.), Stéphane Dovert (Rapp.), Carine Gindre David, Karine Galy, Christian Girault et Marie-France Sauvagnac  

    L'Union Européenne doit répondre à des défis sécuritaires majeurs, dont en particulier celui de la drogue, appréhendé dans toutes ses dimensions. Si le cannabis reste en 2018 la drogue la plus consommée sur le Vieux Continent, avec 17,2 millions d'usagers, la cocaïne arrive en seconde place avec 2,3 millions de consommateurs, soit près de 2% de la population européenne âgée de 15 à 34 ans. Alors que cette drogue est produite exclusivement en Amérique latine à partir des feuilles de coca, principalement en Bolivie, en Colombie et au Pérou, sa consommation s'est popularisée en Europe, non sans conséquences d'un point de vue sanitaire. Ainsi, les trafiquants de cocaïne ont su adapter leurs circuits d'approvisionnement dans le contexte d'un marché des drogues mondialisé et en perpétuel changement, dont ils profitent pleinement. Un marché très dynamique et flexible, et d'autant plus dangereux pour les pays se trouvant sur les routes du trafic de cocaïne. L'Afrique de l'Ouest et les Caraïbes sont deux régions particulièrement touchées par ce phénomène, au point d'être considérées comme étant des carrefours essentiels au transit de la poudre blanche. A ce titre, la translation, au moins partielle, entre les Caraïbes et l'Afrique de l'Ouest en matière de trafic de drogue révèle à quel point les réseaux sont imbriqués et aptes aussi bien à s'adapter à l'évolution de la géopolitique à l'échelle de la planète et des sous-régions, qu'à tirer profit des spécificités des États, mais aussi de leurs faiblesses. Le véritable enjeu pour l'Union européenne tient au fait que l'ampleur du trafic de cocaïne fondé désormais sur une répartition des rôles entre les Caraïbes et l'Afrique de l'Ouest constitue un vrai danger pour le Vieux Continent et pour les populations. L'intérêt pour l'Union européenne, même si ses moyens d'action et d'intervention sont limités et plus difficiles à coordonner comparés à ceux mobilisés par les États-Unis, est de déployer des stratégies pour enrayer le phénomène, en mettant en place des dispositifs qui se distinguent du tout répressif, caractéristique du modèle américain.

    Daniella Letal, Les modèles clusters nouvel outil de coopération dans la Grande Caraïbe ?, thèse en cours depuis 2018 en co-direction avec Fabienne Alvarez 

    Pierre Odin, "Travayè an larila - Les travailleurs sont dans la rue" : syndicalisme et protestation en Guadeloupe et en Martinique, thèse soutenue en 2017 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Lilian Mathieu, membres du jury : Sophie Béroud (Rapp.), Laurent Willemez (Rapp.), Frédérique Matonti  

    En janvier 2009, une grève générale de 44 jours était déclenchée à l’appel du Liyannaj Kont Pwofitasyon - pour « Unité contre l’exploitation » en Guadeloupe et du Kolectif 5 Févrié - « Collectif du 5 février » en Martinique. Ces deux coalitions menées par des syndicalistes entendaient alors mobiliser la population locale contre la cherté de la vie aux Antilles, en soulignant le caractère inégalitaire et colonial de ce phénomène. La première partie de ce travail entend exposer la genèse du syndicalisme aux Antilles : d’abord, en décrivant l’influence des événements de Mai 68 sur la jeunesse anticolonialiste antillaise ; ensuite, en analysant les trajectoires des militants anticolonialistes qui se sont tourné vers le syndicalisme à la fin des années 1970. La deuxième partie est consacrée à l’encadrement politique des syndicats antillais contemporains, au sein de quatre organisations : l’Union Générale des Travailleurs de la Guadeloupe (UGTG), la Confédération Générale du Travail (CGTG et CGTM) et la Confédération Démocratique des Travailleurs Martinique (CDMT). Plus spécifiquement, il sera ici question de la façon dont l’indépendantisme et les différents courants d’extrême gauche parviennent à imprimer et à maintenir leurs orientations politiques tout en composant avec la diversité des publics auprès desquels interviennent les syndicats. Notre troisième partie revient quant à elle sur la situation de conflit social généralisé qui surgit à la faveur de la grève générale de 2009, en analysant le travail de coalition entre les différents acteurs protestataires, les négociations avec les autorités de l’île et la dynamique de radicalisation du conflit.

    Barbara Thiandoum, Se mobiliser contre la violence et le VIH : dynamiques subjectives de l'engagement associatif des femmes à la Guadeloupe et à Saint-Martin, thèse soutenue en 2017 à Antilles sous la direction de Sylvain Ferez, membres du jury : Gilbert Elbaz (Rapp.), Anne Marcellini (Rapp.), Stéphanie Mulot (Rapp.), Sébastien Ruffié  

    La fréquentation d’une association de lutte contre le VIH/SIDA et/ou contre les violences (et lesdiscriminations) n’est pas seulement une pratique, elle est aussi un rapport social, c’est-à-direqu’elle se déploie dans un espace caractérisé par des rapports de pouvoir et de domination. EnGuadeloupe, une étude exploratoire sur les processus de structuration du milieu associatif de luttecontre le VIH/SIDA a fait émerger une organisation autour de trois positions associatives defemmes – celles d’ « usagère », de « petite main » et d’ « entrepreneuse ». Au-delà de cettedifférence de position, les récits autobiographiques des femmes concernées sont largementstructurés autour de l’expérience de situations de violence (ou de discrimination). Nous faisonsl’hypothèse que ces positions associatives s’étayent, entre autres, sur les spécificités des rapports àl’expérience de la violence et des discriminations des femmes concernées. Aussi, la thèse proposéecherche à mettre en relation la position occupée par ces femmes dans des associations de luttecontre le VIH/SIDA et/ou les violences et les modes de subjectivation adoptés par celles-ci dans uncontexte postcolonial marqué par la problématique socio-raciale. Ce qui est à l’étude, c’est doncfinalement la manière dont ces femmes s’expriment et ra-content des situations vécues de violence(ou de discrimination) selon leur position associative et les ressources et modèles interprétatifs,discursifs et affectifs dont elles disposent. Le problème est résolument posé dans le cadre destravaux sur les rapports de domination se fondant sur une approche intersectionnelle. Sacompréhension s’appuie, dans le prolongement d’un terrain ethnographique, d’une part sur desdonnées recueillies lors d’entretiens individuels de type récit de vie et de pratique (n=15) et d’autrepart sur dix-sept focus-groups qui ont mobilisé trente femmes fréquentant des associations de luttecontre le VIH/SIDA et/ou les violences à la Guadeloupe et à Saint-Martin. Il apparaît que lespositions associatives observées sont déterminées par une combinaison spécifique de ressources etde dispositions à l’engagement de soi, et correspondent à des modes de subjectivation spécifiquesdans cet espace.

    Sébastien Nicolas, Identités raciales et production du politique , thèse soutenue en 2017 à Bordeaux en co-direction avec Christine Chivallon  

    Ce travail propose une analyse comparée portant sur la construction d’Haïti en tant queproblème public en Jamaïque et en Guadeloupe au cours des années 2000. Un premierfacteur de politisation observé dans ces deux territoires repose sur l’altérisation desHaïtiens par le biais de normes héritées de l’idéologie raciale coloniale et se traduit pard’importantes mobilisations contre les immigrés haïtiens. Un deuxième typed’intervention dans le champ politique relève au contraire de pratiques d’opposition audiscours colonial et tend à présenter la première République noire comme le symboled’une appartenance commune forgée dans la lutte contre l’hégémonie occidentale. Cetteconflictualité identitaire est resituée à l’aune du fond imaginaire racialisé hérité de lasociété de plantation et au croisement des modèles institutionnels mis en oeuvre après ladécolonisation en Jamaïque et en Guadeloupe. En retraçant la trajectoire du « problèmehaïtien », l’enquête engage une réflexion sur la production du politique dans l’espacecaribéen. Elle s’attache à montrer en quoi les antagonismes socio-raciaux exprimés dansles sociétés à fondement esclavagiste informent et travaillent l’action pol itique qui yprend place. La première partie revient sur l’invention de la figure racisée du « barbarehaïtien » dans l’espace Atlantique et son usage par les puissances occidentales en tantqu’outil de légitimation de l’ordre colonial en Jamaïque et en Guadeloupe. La deuxièmepartie s’intéresse à la manière dont ces stéréotypes raciaux sont réactivés dans les deuxterritoires durant les années 2000 à travers la politisation de l’immigration haïtienne etsa mise à l’agenda auprès des pouvoirs publics. En troisième lieu, les interactions quifaçonnent les énoncés officiels du « problème haïtien » sont saisies au prisme desinstruments de l’action publique mis en place afin de réguler, contrôler et mettre àl’écart les corps haïtiens. Cette recherche invite à aborder, par le biais de l’exemplecaribéen, les fondements de l’articulation entre identités raciales, production dupolitique, pratiques du pouvoir et modes de gouvernementalité. Elle met en évidence lalongévité des schèmes de pensée issus de la domination coloniale, tout en soulignant lacapacité des acteurs à en renégocier le contenu à travers le conflit politique.

    Sébastien Nicolas, Identités raciales et production du politique, thèse soutenue en 2017 en co-direction avec Christine Chivallon, membres du jury : Laurent Dubois (Rapp.), Johann Michel (Rapp.), Andy Smith et Patrick Simon    

    Ce travail propose une analyse comparée portant sur la construction d’Haïti en tant queproblème public en Jamaïque et en Guadeloupe au cours des années 2000. Un premierfacteur de politisation observé dans ces deux territoires repose sur l’altérisation desHaïtiens par le biais de normes héritées de l’idéologie raciale coloniale et se traduit pard’importantes mobilisations contre les immigrés haïtiens. Un deuxième typed’intervention dans le champ politique relève au contraire de pratiques d’opposition audiscours colonial et tend à présenter la première République noire comme le symboled’une appartenance commune forgée dans la lutte contre l’hégémonie occidentale. Cetteconflictualité identitaire est resituée à l’aune du fond imaginaire racialisé hérité de lasociété de plantation et au croisement des modèles institutionnels mis en oeuvre après ladécolonisation en Jamaïque et en Guadeloupe. En retraçant la trajectoire du « problèmehaïtien », l’enquête engage une réflexion sur la production du politique dans l’espacecaribéen. Elle s’attache à montrer en quoi les antagonismes socio-raciaux exprimés dansles sociétés à fondement esclavagiste informent et travaillent l’action pol itique qui yprend place. La première partie revient sur l’invention de la figure racisée du « barbarehaïtien » dans l’espace Atlantique et son usage par les puissances occidentales en tantqu’outil de légitimation de l’ordre colonial en Jamaïque et en Guadeloupe. La deuxièmepartie s’intéresse à la manière dont ces stéréotypes raciaux sont réactivés dans les deuxterritoires durant les années 2000 à travers la politisation de l’immigration haïtienne etsa mise à l’agenda auprès des pouvoirs publics. En troisième lieu, les interactions quifaçonnent les énoncés officiels du « problème haïtien » sont saisies au prisme desinstruments de l’action publique mis en place afin de réguler, contrôler et mettre àl’écart les corps haïtiens. Cette recherche invite à aborder, par le biais de l’exemplecaribéen, les fondements de l’articulation entre identités raciales, production dupolitique, pratiques du pouvoir et modes de gouvernementalité. Elle met en évidence lalongévité des schèmes de pensée issus de la domination coloniale, tout en soulignant lacapacité des acteurs à en renégocier le contenu à travers le conflit politique.

    Annie Hamou, La mémoire du Bumidom chez le Martiniquais, thèse en cours depuis 2016 

    Lauwencia Courrent, La problématique migratoire dans l'ultrapéripherie européenne : étude d'une fenêtre d'opportunité à travers les cas de la Guadeloupe et des Canaries, thèse soutenue en 2015 à AntillesGuyane sous la direction de Asunción Asín Cabrera, membres du jury : Dirk Godeneau (Rapp.), Romain Pasquier, Jean Crête et Jean-Louis Boucard  

    La problématique migratoire dans l’ultrapériphérie de l’Union européenne constitue un angle d’approche peu commun dans les études européennes. Espace de réflexion et de concertation qui cherche constamment à s’affirmer, l’ultrapériphérie européenne s’est, pour la première fois de son existence, penchée sur la thématique des flux migratoires. L’intérêt de cette situation sans précédent s’est confirmé lorsque la Commission européenne a officiellement décidé à travers sa communication du 12 septembre 2007 [COM(2007)507] intitulée « Stratégie pour les régions ultrapériphériques : bilan et perspectives », de prêter attention à la situation des régions ultrapériphériques (RUP) face au phénomène d’immigration. Si la plupart des travaux en la matière concernent les espaces nationaux ou transnationaux, rares sont ceux qui traitent d’un espace transrégional aussi éclaté géographiquement et dans sa composition juridico-institutionnelle.L’objet de la thèse porte ainsi sur la problématisation migratoire dans l’ultrapériphérie et l’étude de la fenêtre d’opportunité déclenchée par la communication de 2007. Ce qu’il s’agit d’observer, ce sont les conséquences de cette inscription à l’agenda européen pour l’espace ultrapériphérique sur cette thématique, à savoir la forme d’un processus d’élaboration d’un référentiel européen ultrapériphérique. Pour cela, il est nécessaire de comprendre les paramètres nationaux, régionaux, européens et ultrapériphériques qui englobent cet évènement.Cette étude de politiques publiques prend pour point de départ la notion d’européanisation définie de façon interactionnelle, et débouche sur un cadre théorique basé sur la Théorie du choix rationnel et l’Approche cognitive et normative. A l’aide de la méthode comparative, elle tente de confronter deux régions ultrapériphériques sélectionnées à cet effet : une région française, la Guadeloupe, et une région espagnole, les Iles Canaries. Deux archipels aux réalités juridiques, politiques et sociales différentes, ayant manifesté une inquiétude au sujet du phénomène d’immigration sur leur territoire dans la période précédant la prise en charge de 2007.L’analyse a mis en avant l’enchevêtrement de niveaux d’action publique assez complexe auquel sont confrontées ces régions. La diversité au sein de l’ultrapériphérie complique l’élaboration de bases communes au sujet de la question migratoire. Un processus d’européanisation directe dans l’ultrapériphérie a bien été lancé en 2007, mais reste à développer.L’objectif de la thèse est donc d’apporter des réponses aux difficultés observées, en menant une analyse assez précise de l’évènement de 2007. La démarche s’effectue en deux temps. D’une part, une analyse des paramètres internes (nationaux et régionaux) pouvant conditionner le processus étudié. D’autre part, un décryptage des racines conceptuelles et des premières observations de terrain pour comprendre la teneur du processus.

    Élodie Delvin, Les outre-mer à l'heure des grandes réformes , thèse en cours depuis 2015 en co-direction avec Marie-Joseph Aglaé 

    Jacques Nesi, Haïti à l’épreuve de la démocratisation : faiblesse, reconstruction et réinvention de l'Etat, 1986-2004, thèse soutenue en 2014 à AntillesGuyane, membres du jury : Christian Girault, Aarón Gamaliel Ramos, Jean-Marie Théodat et Jean-Claude William  

    Qu’est ce qui explique la faiblesse d’un Etat qui s’est engagé depuis plus de vingt ans à rompre avec les pratiques de l’autoritarisme et du néo-patrimonialisme ? Pourquoi les promesses d’une démocratisation réussie, malgré le soutien massif des acteurs de la « société internationale » ont paradoxalement débouché sur la déstabilisation de l’Etat dans un contexte de crises récurrentes ? Ce sont les interrogations principales qui orientent cette recherche qui se donne pour ambition d’étudier les processus par lesquels les élites et les masses haïtiennes s’approprient la démocratie. De ce point de vue, la démocratisation s’analyse comme une ressource politique et institutionnelle revendiquée par ces dernières comme élément probant de leur adhésion à la grammaire démocratique. Dès lors, il s’agit de scruter les routes sinueuses et chaotiques empruntées par la démocratisation en Haïti, en interrogeant les diverses séquences marquantes de l’histoire politique haïtienne. L’accent est mis sur l’importation des technologies institutionnelles d’origine occidentale, notamment durant la période ouverte en 1994 avec la réinstallation de Jean-Bertrand Aristide dans ses fonctions de président et celle qui commence en 2004 avec son départ forcé du pouvoir. Ces deux séquences historiques, sous-tendues par des plans de reconstruction de l’Etat, sont marquées par la mobilisation de ressources diverses, en vue de jeter les bases d’une nouvelle gouvernance politique et économique. Elles circonscrivent également un champ de représentations conflictuelles, caractérisé par la compétition entre les Etats occidentaux et la lutte pour la répartition des enjeux de puissance entre les organisations internationales et les élites locales. L’analyse du processus de démocratisation conduit à des observations paradoxales : l’exacerbation de la violence, l’actualisation de l’autoritarisme, la multiplication des situations déviantes découlant des stratégies des acteurs locaux. Ces derniers tentent d’échapper aux contraintes imposées par des acteurs externes qui interviennent afin de sanctionner, d’arbitrer et d’imposer des décisions aux factions en luttes pour le pouvoir. Ainsi, la démocratisation passe par des crises d’adaptation, des phases contradictoires de recomposition, d’hybridation des institutions importées et parfois de contournement des normes et procédures. Entre les acteurs internes et externes s’établit et s’organise une dynamique interactive qui influence l’Etat dont la configuration finale est loin de correspondre aux objectifs affichés à travers les réformes engagées. Afin de mieux mettre en évidence les traits distinctifs de cet Etat forgé dans l’incertitude et l’imprécision, la thèse propose de restituer les dynamiques et l’historicité propres à la société haïtienne, en privilégiant l’hypothèse de la réinvention de l’Etat. Paradoxalement, l’État peut être le produit de processus de violence et la part chaotique que comporte la situation en Haïti peut recéler les prémices de sa construction.

    Alejandra Paggi Poli, La diplomatie territoriale , thèse en cours depuis 2014 

    Vivien Charneau, Culture du risque et politiques publiques dans la Caraïbe , thèse en cours depuis 2012 

    Juliana Rimane, Citoyennes- citoyens en situation coloniale , thèse en cours depuis 2012  

    Si la participation à la vie de la cité est corrélée au sexe, elle l’est aussi à la classe, et plus explicitement à la race, en situation coloniale. Ainsi jusqu’à l’obtention du droit de vote, les femmes dans l’espace public sont invisibilisées et marginalisées. Pour autant, si les hommes de la colonie deviennent citoyens votants, l’exercice de leur citoyenneté semble subir des restrictions qui s’apparentent selon eux à de la discrimination. Le droit de vote et l’engagement politique ne permettent pas à la population de se vivre comme partie intégrante de la France, le fossé se creusant entre leurs aspirations et leur vécu. En dénonçant jusqu’à l’extrême les manquements et les humiliations de la gestion coloniale, la population de la colonie montre qu’elle ne se satisfait pas des échelles de valeurs où la classe, la race et le genre font office de marqueurs. Si l’acte d’abolition ouvre la porte à la réalisation de la démocratie, force est de constater que l’égalité ne peut se concrétiser en raison du statut colonial qui questionne d’autant la démocratie que les besoins des populations ne sont pas pris en considération. Les restrictions et les stéréotypes limitent de fait l’exercice de la citoyenneté. L’appropriation des leviers institutionnels républicains par les nouveaux citoyens à peine sortis de l’esclavage et des anciens libres de couleur est vécue comme un bienfait même si les inégalités deviennent d’autant visibles qu’elles se dévoilent dans un système déclaré comme égalitaire. L’école républicaine peine en effet à effacer les divisions socio-raciales héritées de la société esclavagiste. L’inégal accès à l’éducation, accentué par les différences territoriales entre zones rurales et urbaines, perpétue des inégalités. Le fossé qui se creuse entre l’expérience! des citoyens et leurs aspirations installe durablement une ambiguïté entre le discours délivré par la République et la réalité du vécu colonial. La gestion de la colonie reste marquée par les stigmates de la mise en esclavage et les relations de classe. Les dynamiques raciales et sociales restent visibles dans le discours et les interactions quotidiennes où la couleur de la peau reste un marqueur significatif d’identité et de statut social. En instaurant des doutes sur la capacité des habitants à intégrer pleinement la nation française, la République ne se donnait pas les moyens de gommer les préjugés et les stéréotypes liés au passé. Entre dénonciation de la gestion coloniale et marginalisation de la parole des élus locaux, les femmes de la colonie parviennent à s’immiscer dans les interstices laissés par la démocratie pour se rendre visibles dans le corps des citoyennes, impulsant une dynamique dans les processus politiques, économiques, sociaux et culturels. L’obtention tardive du droit de vote n’éloigne pas les Guyanaises des formes variées, parfois singulières de socialisation politique. Le combat tant des femmes que des hommes permet de cerner les interactions liées à la race, au genre et à la classe sociale dans un contexte général de violence faite aux femmes. Si les hommes exercent leurs droits politiques dans un cadre légal qui ne les protège pas toutefois des représentations et des stéréotypes, les rapports sociaux de genre permettent d’apprécier le patriarcat qui marginalise de façon globale les femmes qui évoluent dans des systèmes de subordination qui se recoupent et commandent leur engagement dans l’espace public. Les rapports de classe, de race et de genre s’articulent et s’imbriquent dans les faits et dans tous les imaginaires de la vie de la colonie. Sans attendre passivement l’octroi du droit de vote, les femmes ont lutté en amont pour les droits politiques des hommes dans l’espace valorisé qu’est la campagne électorale et l’élection. Quels que soient leur milieu et leur éducation, elles avaient intériorisé ! les codes et les valeurs inhérents à la société nationale et à la République qui les pousse à agir dans la société pour la faire évoluer et la transformer. Bien que marginalisées, elles sont « actives » et « réactives », s’imposant

    Yannick Zozime, La Caraïbe anglophone face à son destin politique , thèse en cours depuis 2010 en co-direction avec Gilbert Elbaz  

    Les pays de la caraïbe anglophone ont été les premiers adeptes du régionalisme. en effet, la nécessité d'unir les pays de la caraïbe a été à l'origine initiée par l'administration coloniale britannique dès le xix siècle, elle-même encouragée par le colonial office et les planteurs blancs locaux. pour l'élite politique caribéenne, quant à elle, l'intérêt pour une intégration des pays de la région ne s'est manifesté que quelques années plus tard et particulièrement vers les années 70 et 80. etait-ce dû à la jeunesse du mouvement politique antillais anglophone, les mouvements antillais contestataires de l'administration britannique, revendicateur d'autonomie faisant là leurs premiers pas, à l'inexpérience d'une population récemment émancipée et très peu concernée par la question régionale. toutefois, dans les années 80, les nouveaux leaders, encouragés par les etats-unis, considèrent l'intégration régionale comme unique alternative pour la viabilité économique et donc politique de leurs pays. si l'intégration économique a été privilégiée depuis l'échec de la grande fédération, de nombreux partenariats commerciaux ont vu le jour depuis. l'idée d'unité politique, voire d'une nouvelle fédération des west indies longtemps relégués au second plan, presque enfouie dans l'inconscient collectif, est remise au goût du jour depuis 2008 par trois, voire quatre pays de la zone.

  • Steven Philippe Emmanuel Son, Ecologie et conservation d'une espèce endémique à la Martinique : le Moqueur gorge-blanche (Ramphocinclus brachyurus brachyurus), thèse soutenue en 2020 à Antilles sous la direction de Daniel Imbert et Jean-Raphaël Gros-Désormeaux, membres du jury : Vincent Bretagnolle (Rapp.), Philippe Feldmann (Rapp.), Olivier Gros, Pascal Jean Lopez et Cécile Richard-Hansen  

    Le Moqueur gorge-blanche (Ramphocinclus brachyurus) est le plus petit passereau de la famille des Mimidés. Espèce classée sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (U.I.C.N.) au rang d’espèce en danger, elle présente une inégale répartition démographique sur les deux îles des Petites Antilles dont elle est endémique. Notre étude s’inscrit dans la continuité de ces différents travaux menés depuis trois décennies sur le Moqueur gorge-blanche de Martinique (Ramphocinclus b. brachyurus).En mobilisant différents outils d’écologie et de biologie des populations, nous avons cherché à répondre conjointement aux attentes des gestionnaires et du monde académique sur l’état démographique, morphologique et physiologique de cet oiseau endémique, tout en appliquant des méthodes de recherche-action collaborative. De cette étude, il ressort que les effectifs de Moqueur gorge-blanche de Martinique sont particulièrement faibles . L’analyse des données génétiques met en évidence que pour maintenir la diversité génétique de cette unique population, il est nécessaire de maintenir les effectifs au-dessus de 100 individus. Des analyses morphométriques, il ressort une absence de dimorphisme sexuel entre mâles et femelles. Enfin, l’évaluation de l’habitat du Moqueur gorge-blanche révèle le caractère précaire des conditions de nidification et d'alimentation de cette espèce. Cette recherche sur le Moqueur gorge-blanche se veut comme un point de rupture à partir duquel les efforts de gestion concernant cette espèce puissent aboutir à une conservation effective basée sur des outils scientifiques actualisés

    Sally Stainier, Lékol Gwadloup , thèse soutenue en 2020 à Antilles sous la direction de Fred Réno et Robert R. Daniel  

    Intangible pilier de toute société, la langue est un objet éminemment politique, intimement lié aux systèmes de croyances régissant nos pratiques quotidiennes et institutions. Le cas de la France, modèle exponentiel de monolinguisme étatique depuis la Révolution de 1789, soulève les enjeux d’une gestion homogénéisante de la diversité à l’aune des dynamiques supranationales et mondialisantes de l’après-guerre. Lorsqu’est votée sa départementalisation en 1946, la Guadeloupe — colonie française depuis 1635 — prend ainsi la voie d’une francophonie exclusive, a priori indissociable de la citoyenneté nouvellement acquise. Le processus dit assimilationniste opère alors à la jonction du couple formé par l’Ecole républicaine et la fonctionnarisation massive de la population active. Dans l’imaginaire collectif, le français devient langue de la réussite et le créole, obstacle social et cognitif. La francisation de l’archipel va donc de paire avec sa décréolisation ; non sans conséquence sur le développement et les constructions identitaires des apprenants scolarisés (dont les premières cohortes sont majoritairement créolophones). Partant de ce constat, la présente thèse mobilise une méthodologie résolument empirique et un cadre théorique transversal qui relie l’approche par les référentiels de politiques publiques (Jobert & Muller, 1987) au concept de glottopolitique (Guespin & Marcellesi, 1986). Les travaux menés interrogent notamment la posture glottopolitique de l’enseignant — que la double casquette de fonctionnaire-praticien érige en médiateur de référentiels tant globaux que locaux ou sectoriels — et sa capacité à re/configurer les représentations des langues en présence.

    Sally Stainier, Lékol Gwadloup, thèse soutenue en 2020 sous la direction de Fred Réno et Robert R. Daniel, membres du jury : Robert J. Blackwood (Rapp.), Catalina Toro Perez (Rapp.), Isabelle Hidair-Krivsky et Stéphanie Mulot    

    Intangible pilier de toute société, la langue est un objet éminemment politique, intimement lié aux systèmes de croyances régissant nos pratiques quotidiennes et institutions. Le cas de la France, modèle exponentiel de monolinguisme étatique depuis la Révolution de 1789, soulève les enjeux d’une gestion homogénéisante de la diversité à l’aune des dynamiques supranationales et mondialisantes de l’après-guerre. Lorsqu’est votée sa départementalisation en 1946, la Guadeloupe — colonie française depuis 1635 — prend ainsi la voie d’une francophonie exclusive, a priori indissociable de la citoyenneté nouvellement acquise. Le processus dit assimilationniste opère alors à la jonction du couple formé par l’Ecole républicaine et la fonctionnarisation massive de la population active. Dans l’imaginaire collectif, le français devient langue de la réussite et le créole, obstacle social et cognitif. La francisation de l’archipel va donc de paire avec sa décréolisation ; non sans conséquence sur le développement et les constructions identitaires des apprenants scolarisés (dont les premières cohortes sont majoritairement créolophones). Partant de ce constat, la présente thèse mobilise une méthodologie résolument empirique et un cadre théorique transversal qui relie l’approche par les référentiels de politiques publiques (Jobert & Muller, 1987) au concept de glottopolitique (Guespin & Marcellesi, 1986). Les travaux menés interrogent notamment la posture glottopolitique de l’enseignant — que la double casquette de fonctionnaire-praticien érige en médiateur de référentiels tant globaux que locaux ou sectoriels — et sa capacité à re/configurer les représentations des langues en présence.

    Marguerite Louis-Sidney, Régularisation foncière de l’occupation sans titre de la propriété des personnes publiques dans les collectivités territoriales de l’article 73 de la Constitution, thèse soutenue en 2019 à Antilles sous la direction de Antoine Delblond et Karine Galy, membres du jury : Maude Elfort (Rapp.), Béatrice Thomas-Tual (Rapp.), Carine Gindre David  

    L’occupation sans titre porte atteinte au droit de propriété des personnes publiques sur leurs domaines public et privé. Il s’agit de faits récurrents dans les collectivités territoriales de l’article 73 de la Constitution que sont la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, La Réunion, et Mayotte. Pour juguler cette occupation illégale, vectrice d’insécurité juridique et foncière, nonobstant l’atteinte portée à leur droit de propriété, ces personnes publiques procèdent à des régularisations foncières axées sur la délivrance ou la validation d’un titre de propriété au profit des occupants sans titre de leur domaine public, dont la zone des cinquante pas géométriques, grâce à des dispositifs légaux, et de leur domaine privé, grâce à des dispositifs locaux. Ces procédures de régularisation sont-elles appropriées pour répondre de manière définitive à l’objectif du législateur de juguler l’occupation sans titre outre-mer, dans les collectivités territoriales de l’article 73 de la Constitution, et ne constituent-t-elles pas la légitimation d’une atteinte portée au droit de propriété des personnes publiques = ? Devant la persistance de l’occupation sans titre outre-mer, il conviendrait de passer d’une régularisation foncière à moyens inégaux à une régularisation d’intérêt public, mieux encadrée. La régularisation foncière est une limite nécessaire au droit de propriété, dont le fondement est dans la volonté du propriétaire, dans l’intérêt public, voire dans l’utilité publique. Adossée au respect de la dignité humaine et au droit au logement digne, elle induit une amélioration de ses outils, et contribue à l’émergence d’un véritable droit de la régularisation foncière outre-mer.

    Soizic Brohan, « La femme politique paradoxale ». Étude comparative sur la représentation des femmes dans les assemblées politiques en Guadeloupe et en Jamaïque depuis 1944. : Étude comparative sur la représentation des femmes dans les assemblées politiques en Guadeloupe et en Jamaïque depuis 1944, thèse soutenue en 2019 à Bordeaux sous la direction de Christine Chivallon et Catherine Achin, membres du jury : Jessica Byron (Rapp.), Marion Paoletti et Stéphanie Guyon  

    Les sociétés caribéennes de legs plantationnaire sont souvent associées à des sociétés « matrifocales » à tendance matriarcale où les femmes seraient détentrices d’un potentat féminin et les hommes dépossédés de leur autorité « naturelle ». Les femmes sont certes dotées d'une autorité féminine mais la « matrifocalité » ne nie pas des rapports de pouvoir inégaux entre les hommes et les femmes. Le champ politique en constitue un terrain d'expression privilégié. Le décalage paradoxal entre le pouvoir prêté aux femmes et leur position dans le système politique sert de point de départ à ce travail de thèse qui cherche à étudier les relations entre ordre social et représentation politique du point de vue du genre. Il analyse l'évolution de la représentation des femmes dans les assemblées politiques centrales en Guadeloupe (Conseil départemental et Conseil régional) et en Jamaïque (Chambre des représentants et Sénat) depuis 1944 au prisme des renégociations permanentes entre les contraintes structurelles des deux contextes politiques étudiés et les contraintes symboliques intériorisées par leurs acteur.rices.s porteur.se.s d'une histoire sociale particulière, ainsi que les modalités de professionnalisation politique des représentantes recouvrant une hétérogénéité de trajectoires personnelles, professionnelles et politiques. La méthode de recherche adoptée mobilise des sources archivistiques par le recueil de données de type statistique et monographique, donnant lieu à la réalisation d'une base de données sur les femmes siégeant dans les assemblées politiques et d'une typologie de leurs trajectoires, ainsi que la réalisation d’une série d'entretiens semi-directifs biographiques auprès de certaines d’entre elles afin d'approfondir l'analyse de leurs trajectoires. La perspective comparatiste entre la Guadeloupe et la Jamaïque souligne les spécificités de leurs systèmes de représentation politique en dépit de leurs similitudes socioculturelles.

    Dominique Augier, La gestion intégrée des écosystèmes marins littoraux des Petites Antilles : entre stratégies de développement et enjeux de préservation, thèse soutenue en 2018 à Antilles sous la direction de Hubert Mazurek et Olivier Dehoorne, membres du jury : Omer Chouinard, Pascale Marcotte et Catherine Meur-Férec  

    À l’interface terre/mer et nature/société, les littoraux sont des territoires complexes et très attractifs où se déploient divers usages et pratiques qui génèrent de nombreux conflits et dégradations. Il existe aujourd’hui un consensus global quant à la nécessité de préserver ces espaces et la biodiversité qu’ils abritent. Depuis plusieurs décennies, c’est la gestion intégrée de la mer et du littoral (GIML) qui est prônée à l’échelle internationale comme la solution pour répondre aux problématiques rencontrées sur les zones côtières. L’approche s’inscrit dans la démarche du développement durable et elle tente de réconcilier l’usage des ressources et la conservation de la biodiversité. Une profusion de projets a vu le jour un peu partout à travers le monde et beaucoup de moyens humains et financiers ont été mobilisés à cet effet. Mais elle rencontre des difficultés importantes aussi bien dans sa mise en pratique que dans son évaluation. Or ce dernier point est largement reconnu comme un outil indispensable dans la planification et la gestion des projets et des programmes. Cette thèse propose donc une méthode d’élaboration d’indicateurs pour le suivi et l’évaluation des politiques de GIML qui permet d’apprécier les écarts entre les ambitions de protection de l’environnement, de développement économique et de bien-être social qui sous-tendent l’approche et les actions réalisées sur le terrain. Pour ce faire, quatre études de cas dans la Caraïbe ont été choisies. Il s’agit du Parc marin de Saba, de la Soufrière Marine Management Area (Sainte-Lucie), du groupe Nature Seekers (Trinidad) et du contrat de baie de Fort-de-France (Martinique). Ces expériences sont toutes citées comme des réussites en termes de gestion intégrée du littoral et comme des exemples à suivre. Mais répondent-elles réellement aux objectifs de la démarche ? La grille d’analyse proposée permet d’avoir une autre lecture des résultats de ces processus et de tirer des enseignements plus généraux pour la mise en pratique de la GIML.

    Nicolas Rocle, L’adaptation des littoraux au changement climatique : une gouvernance performative par expérimentations et stratégies d'action publique, thèse soutenue en 2017 à Bordeaux sous la direction de Denis Salles, membres du jury : Cecilia Claeys-Mekdade (Rapp.), Patrick Moquay (Rapp.), Caitriona Carter  

    L’élévation des niveaux marins accélérée par le changement climatique fait l'objet d'uneattention soutenue au niveau international depuis les années 1990. L’adaptation des littorauxau changement climatique est désormais en voie d’institutionnalisation de l’échelleinternationale jusqu’au niveau local. La thèse analyse les processus de mise en politique del’adaptation au changement climatique sur les littoraux français, à partir de deux cas d’étudecontrastés dans leur histoire, leurs politiques d’aménagement et leurs configurations sociales,mais traversés par des processus analogues d’attractivité et de vulnérabilité face auxsubmersions marines et à l’érosion côtière : la côte aquitaine et le littoral martiniquais.La thèse soutient que la mise en politique de l’adaptation au changement climatique en zonescôtières procède d’une gouvernance performative, définie comme un ensemble de dispositifset d’énoncés visant à faire advenir des mesures d’adaptation en les mettant à l’épreuve duréel. La thèse propose de montrer qu’entre une planification par intégration du changementclimatique dans les politiques littorales existantes (plan national d’adaptation, plans deprévention des risques littoraux…), et des formes d’expérimentation de nouvelles optionsd’adaptation (relocalisation des biens et des activités ou repli stratégique), émerge une« nouvelle gestion publique des risques » littoraux. Pour cette dernière, le concept de stratégied’action publique rend compte de ces formes d’instrumentation qui visent à encadrer, àrationaliser et à faire émerger de nouveaux référentiels gestionnaires (comme l’adaptation etla préparation) par de l’expertise scientifique et technique, par des procédures collaborativeset de la concertation citoyenne en vue d’une responsabilisation individuelle et collective desacteurs locaux.L’analyse des discours, des logiques d’acteurs et des instruments visant à légitimer une actionpublique guidée par l’anticipation et la préparation face aux risques et aux menaces, mobilisela sociologie de l’action publique, la sociologie des sciences et de l’expertise, et la sociologiepragmatique des problèmes publics. Des enquêtes par observation directe de situations denégociation et de concertation, par entretiens et par analyse de documents d’expertise et deplanification ont été menées sur chaque terrain d’étude ; une enquête par questionnaire a étéconduite sur la commune de Lacanau afin d’appréhender l’expérience des citoyens-usagersriverainsface à l’évolution et au recul du trait de côte.

  • Lionel Quille, Administrer le territoire en France dans un contexte de modernisation de l'Etat et de gouvernance européenne accrue : la Martinique et l'Alsace, deux collectivités territoriales pionnières, thèse soutenue en 2021 à Paris EHESS sous la direction de Marie-Vic Ozouf-Marignier, membres du jury : Romain Pasquier (Rapp.), Marc-Olivier Baruch, Patrick Le Lidec et Dominique Rivière  

    L’Alsace et la Martinique sont des terrains d’étude propices à un travail de recherche en sciences sociales centré sur l'administration du territoire et la territorialisation de l’action publique. Si dans le droit français la décentralisation est un chantier politique inscrit à l’agenda de chaque Président de la Vème République, il existe aussi des territoires et des élus locaux ou régionaux pionniers qui ont fait considérablement progresser, par leurs initiatives, le périmètre de l’autonomie locale et des pouvoirs décentralisés. Ils y sont parvenus en se prêtant au jeu de l’expérimentation, en multipliant les compromis bilatéraux ou les jeux d’influence et de concurrence avec l’État, mais aussi en construisant leur légitimité locale sur une demande (un projet) politique de référendum régional d’autodétermination institutionnelle ou statutaire. Ils ont aussi bénéficié des ruptures et des continuités de l’État, dans son mode d'organisation et dans son champ d'action originel. Celles-ci sont au fondement de nouveaux paradigmes tels que la décentralisation, la démocratie locale, la déconcentration, la contractualisation, la différenciation, ou l’autonomie financière des collectivités territoriales. Nous construirons donc notre propos en travaillant à partir de sources et matériaux juridiques issus du droit français et européen (délibérations de collectivités territoriales ; décrets ; lois ; jurisprudence administrative française et européenne ; directives et règlements ; conventions ; etc.), mais aussi d’entretiens conduits avec des président(e)s de collectivités territoriales, des ministres ou des fonctionnaires d’État et territoriaux. En définitive, les principales conclusions de cette thèse relèvent à la fois du droit public (a), de la sociologie (b), de l’Histoire et des sciences politiques (c). Cette thèse a mis en évidence l’aporie et la recentralisation budgétaire (financière et fiscale) qui rognent - les fondements constitutionnels de l’autonomie des collectivités territoriales et dont l’Etat est le premier responsable (a). Nous avons néanmoins insisté sur la liberté, et la rationalité des acteurs et des choix individuels qui émergent au sein de structures organisées et hiérarchisées : elles sont déterminantes dans l'évolution institutionnelle de ces territoires et dans leur capacité à s’affranchir de la conjoncture financière qui limite globalement l’action publique locale (b). Enfin, on conclura que la très grande hétérogénéité de la plateforme institutionnelle européenne et son importance croissante dans l’élaboration des politiques publiques mises en œuvre en France s’est structurée avec le concours des acteurs publics locaux et régionaux, lesquels acteurs sont désormais des interlocuteurs et partenaires privilégiés de ces mêmes institutions (c).

    Axel Liroy, Le tourisme des Antilles françaises saisi par le droit économique, thèse soutenue en 2020 à Université Côte dAzur sous la direction de Patrice Reis, membres du jury : Jean-Baptiste Racine (Rapp.), Eva Mouial-Bassilana  

    Objet à multiples dimensions juridiques – le commerce, la concurrence, la fiscalité, l’environnement, le salariat, l’urbanisme, les droits et libertés fondamentaux, la valorisation du folklore et des traditions, la formation, la police, la construction notamment –, le tourisme est le terrain de synergie d’acteurs et d’activités publics et privés en lien direct ou indirect avec l’économique. Un lien de subordination ordonnée caractérisé par la privation, relativement motivée, de l’acteur économique d’un accès libre et direct au marché. C’est l’office du pouvoir économique public. Aux Antilles françaises, il est l’artisan d’un protectionnisme juridique, irradiant, variablement éloigné des nécessités économiques par opposition franche à une Caraïbe plus libérale et lacunaire, aux méthodes distorsives de concurrence, éminemment connectée aux nécessités économiques. Propulsées dans la modernité du droit par leur nationalité politique et ses corollaires – il est une identité de droits entre les Antilles françaises, la France continentale et, résolument, l’Union européenne –, les Antilles françaises sont, au niveau de leur région d’extraction, marginales. La conjuration, au moins partielle, de leur marginalité et, par ricochet, de celle de leur tourisme passerait par un changement de paradigme obtenu notamment d’un mouvement de décentration (« sortir de soi »). Ce dernier tire sa subsistance d’une société devenue mondialisée et interdépendante exhortant les petites économies au regroupement pertinent. Un mouvement qui, matériellement confronté à l’ombre menaçante de l’assimilation juridique dans le cas des Antilles françaises, requiert une fine précision. L’intégration régionale, dont la formule contractuelle – méthode alternative d’organisation de l’économie –, en ses force, intensité, diversité, flexibilité et massivité, est la figure de proue, sans prétendre à la panacée, emporte un effet décentriste. Il naît du contrat économique, plus justement de sa force normative. Porté par l’acteur économique public – l’Etat et/ou ses démembrements territoriaux –, le traité ou l’accord international vise notamment la conduite de politiques communes telle qu’en matière environnementale, les optimisation et fluidité circulatoires – des personnes, des biens, des services –, la réduction des écarts de développement, la protection de la concurrence. Porté par l’acteur économique privé – l’exemple des parties à un contrat de franchise –, sous couvert de la poursuite de la satisfaction d’intérêts particuliers, il organise des rapports d’économie confinant au transfert de technologie, au partage de marque, au renforcement de l’offre et de la demande, à la diminution du coût de la vie par la réalisation d’économie d’échelle, de gamme notamment. Maîtrisé, l’effet décentriste de l’intégration régionale pourrait, dans une certaine mesure, constituer un outil efficace pour une économie durable du tourisme des Antilles françaises en marge ou, quand cela est possible, en alternative aux procédés traditionnels.

    Arnaud Busseuil, L'autonomie dans la République : bilan politique et juridique de trente années d'autonomie en Polynésie française, 1984-2014, thèse soutenue en 2018 à AixMarseille sous la direction de André Roux et Sémir Al Wardi, membres du jury : Florence Faberon (Rapp.), Laurent Sermet    

    La Polynésie française, collectivité d'outre-mer, vit sous le régime juridique de l'autonomie depuis 1977. Ce n'est toutefois qu'à partir de 1984 que les attributions et les symboles d'une véritable autonomie commencent à échoir à la collectivité. Or l'autonomie dans la République est source de nombreuses difficultés juridiques, entre respect d'un principe de subsidiarité à son paroxysme et conciliation des droits et libertés fondamentaux garantis par la République. Ainsi, trente années après les véritables débuts de l'autonomie polynésienne, il est désormais temps de dresser un bilan juridique et politique de l'application dans la collectivité d'un tel régime juridique. Afin de parvenir à un bilan le plus significatif possible, ce travail de recherche propose d'analyser les principales matières qui sont le soubassement du développement d'un territoire, matières dont les compétences ont été transférées à la collectivité territoriale. Ainsi, une analyse juridique et des politiques publiques issues des compétences suivantes est dressée : droit, économie, fiscalité, éducation, santé publique. De surcroît, cette recherche est l'occasion de déterminer les causes de l'échec relatif de l'autonomie polynésienne : gouvernance politique locale, statuts juridiques ou encore vacance étatique. Enfin, un bilan ne peut trouver d'intérêt que dans la projection qu'il peut susciter et il convenait donc de discuter de l'avenir de la Polynésie française, à la fois dans son développement économique et social local et dans sa relation à la République, relation qui pose à nouveau la problématique du délitement hypothétique de l'état unitaire à la française

    Nadia Chonville, Vers une déconstruction de la fiction hétéronormative dans le système scolaire martiniquais, thèse soutenue en 2017 à Antilles sous la direction de Gilbert Elbaz, membres du jury : Sam Bourcier (Rapp.), Line Chamberland (Rapp.), Diane Lamoureux (Rapp.)  

    Une société hétéronormative reconnaît l’hétérosexualité, les sexes et les rôles de genre qui y sont traditionnellement associés comme seuls comportements socialement acceptables. En Martinique, ces rôles de genre sont incarnés par des personnages fictifs auxquels les individus se réfèrent dans leurs interactions. Cette fiction hétéronormative s’écrit autour de personnages légitimes qui respectent des normes assez contradictoires décrites par les études de genre aux Antilles (Réputation, Respectabilité, Matrifocalité) et elle se maintient grâce à la stigmatisation de personnages identifiés comme monstrueux. Dans un contexte où l’essentiel des îles indépendantes des Antilles conserve une législation coloniale hostile à l’homosexualité, le Makoumè est un personnage de sexe mâle au rôle de genre féminin et supposé homosexuel, qui définit en négatif le rôle de genre masculin. Dans un contexte judéo-chrétien et post-colonial, la Walpa structure les rôles de genre féminins en dessinant la limite de comportements incompatibles avec la Respectabilité. La recherche sur la marginalisation de ces personnages met en lumière les violences auxquelles sont exposées les personnes LGBTI en Martinique. Elle révèle aussi les souffrances causées par la stigmatisation du Makoumè et de la Walpa dans l’ensemble de la population, quelle que soit l’identité sexuelle des individus. Déconstruire les axiomes de l’hétéronormativité dans le cadre scolaire pourrait alors participer à la diminution des violences sexistes et homophobes générées par cette fiction. Cette hypothèse a été explorée dans le cadre d’une étude de terrain pionnière sur l’homophobie et le sexisme en milieu scolaire en Martinique.

    Malcom Ferdinand, Penser, l'écologie depuis le monde caribéen : enjeux politiques et philosophiques de conflits écologiques (Martinique, Guadeloupe, Haïti, Porto Rico), thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Étienne Tassin et Étienne Tassin, membres du jury : Émilie Hache, Myriam Cottias et Bruno Villalba  

    Comment penser l’écologie depuis le monde caribéen ? Quelles sont les spécificités d’une conceptualisation des enjeux écologiques depuis les sociétés postcoloniales caribéennes ? Cette thèse est une réponse à ces questions à partir d’une approche interdisciplinaire. Elle débute par une enquête historique sur les fondations politiques et écologiques du monde colonial caribéen dans son rapport aux humains et aux non-humains. Elle se poursuit par une enquête sociologique de conflits écologiques contemporains dans la Caraïbe. Celle-ci comprend une étude approfondie des enjeux politiques et philosophiques de la contamination de la Martinique et de la Guadeloupe par des pesticides utilisés dans les bananeraies, dont le chlordécone. L’analyse des critiques et des mobilisations collectives locales révèle une pensée de l’écologie qui remet en cause une constitution coloniale du monde caribéen : une écologie décoloniale. Par ailleurs, une attention est portée à certaines politiques de préservation écologique qui exacerbent les discriminations politiques et les inégalités sociales, à l’instar de projets de reforestation en Haïti, et de la réserve naturelle de Vieques à Porto Rico. Enfin, une enquête littéraire montre comment un discours écologique global s’articule à un imaginaire de l’esclavage colonial et ses figures, telles le navire négrier et le Nègre Marron, qui structurent des rapports à la terre, à la nature et au monde. Ces trois approches esquissent les caractéristiques d’une écologie caribéenne cherchant à habiter la terre et à faire monde. Ces expériences me permettent de proposer une pensée de l’écologie qui a le monde comme horizon : une écologie-du-monde.

    Nelson Navin, L'opinion publique à La Réunion (1974-1995) - Fondements politiques et culturels d’une (re)construction identitaire, thèse soutenue en 2011 à La Réunion sous la direction de Yvan Combeau, membres du jury : Christian Delporte (Rapp.), Michel Watin  

    L'opinion publique exerce une pression plus ou moins constante sur les systèmes politiques. Partout dans le monde les fièvres électorales galvanisent les foules au moment d'élections majeures, rappelant que les peuples ne sont pas indifférents à la façon dont ils sont gouvernés. L'opinion publique concerne ainsi tous ceux qui vivent en société. Analyser le mécanisme de fabrication de l'opinion permet de comprendre ce qui « se pense » à un moment précis dans une société donnée et pourquoi. La société réunionnaise, par l'originalité de son peuplement et la jeunesse de son histoire, se révèle un sujet d'étude particulièrement intéressant. Existe-t-il une opinion publique réunionnaise et comment se caractérise-t-elle ? C'est ce que cette thèse se propose de découvrir. De 1974 à 1995, La Réunion connaît de profonds bouleversements politiques, économiques et sociaux. Ce développement à marche forcée se traduit par une profonde mutation de l'opinion publique réunionnaise. L'apparition du Quotidien de La Réunion dans le paysage médiatique local en 1976 joue un rôle crucial dans cette évolution en imposant le passage d'une presse d'opinion à une presse d'information. Mais en dépit de l'impulsion lancée par Michel Debré au début des années 1960, la société réunionnaise souffre encore d'un important retard économique et social à la fin des années 1970. La définition statutaire de l'île envenime les débats et voit s'affronter autonomistes et départementalistes. La question du statut se heurte à l'élaboration d'une identité complexe et au choix cornélien d'un modèle de développement. Partagée entre ses liens culturels avec les pays de la zone océan Indien et ses liens historiques avec la France métropolitaine, l'identité réunionnaise ne peut échapper aux enjeux politiques qui la tiennent prisonnière d'une controverse obsessionnelle. L'élection de François Mitterrand incite le Parti Communiste Réunionnais à abandonner la lutte autonomiste, ce qui met fin à la bipolarisation de la société réunionnaise. La « libéralisation des ondes » en 1981 puis la création illégale de télé Free Dom en 1986 confirment le besoin d'expression des Réunionnais. Le renouvellement culturel dessine les bases d'une nouvelle identité créole. Mais les émeutes liées à la saisie des émetteurs de la télé pirate, en 1991, soulignent les fragilités et les contradictions de la société réunionnaise. Les événements du Chaudron, loin de se réduire aux scènes de violence et de pillage, ont peut-être été le point d'orgue d'une crise identitaire interpellant cette société réunionnaise à la recherche d'elle même, mais qui désormais revendique sa double appartenance à l'espace européen et la zone océan Indien.

  • Ansebert Baltus, Politiques publiques de gestion de l'insécurité en France : le cas de la Guadeloupe, thèse soutenue en 2021 à Antilles sous la direction de Fred Réno, membres du jury : Florence Faberon, Isabelle Hidair-Krivsky et Yves Montouroy  

    Cette thèse intitulée : « Les politiques publiques de gestion de l’insécurité en France : le cas de la Guadeloupe », se propose d’étudier comment ce modèle de lutte contre l’insécurité a évolué et s’est progressivement métamorphosé dans les différents territoires français et singulièrement en Guadeloupe, notamment depuis l’avènement de la politique de décentralisation initiée par le Président François Mitterand dès le début des années 1980. Ces constantes remises en question des programmes de lutte contre l’insécurité illustrent dans une large mesure toute la complexité que revêt leur élaboration jusqu’à leur application finale sur le terrain. Si à l’origine, cette politique était exclusivement une compétence régalienne, elle tend de plus en plus à s’internationaliser. Par ailleurs, l’implication des collectivités locales, d’acteurs de la société civile ainsi que des entreprises commerciales expertes en sécurité sont de plus en plus effectives et consolident l’action de l’Etat dans sa politique de prévention et de répression. Nous nous trouvons désormais dans une logique de co-production de la sécurité. En examinant les évolutions qui se sont opérées dans la politique criminelle de l’Etat particulièrement en Guadeloupe, notre étude tend à démontrer que les nouvelles formes qu’ont prises les actions menées par le pouvoir central telles que la décentralisation et la privatisation tout comme le processus d’hybridation des régulations, combinés à la « co-production » de sécurité, nouvelle forme de l’interventionnisme du pouvoir central pour lutter plus efficacement contre l’insécurité, n’ont toujours pas donné les résultats escomptés. Tout au contraire l’aggravation de l’insécurité a pris une tournure inédite en Guadeloupe et s’est encore davantage accentuée depuis le début des années 2000 en raison notamment de ce que nous pouvons appeler la périurbanisation de la délinquance.

    Alexandre Abou, Le contrôle dans les délégations de service public d’eau, thèse soutenue en 2020 à Antilles sous la direction de Carine Gindre David, membres du jury : Antoine Delblond, Bertrand Beauviche, Jean-François Savard, Maude Elfort et Isabelle Vestris  

    Le contrôle des délégations de service public (DSP) d’eau apparaît de prime abord comme un pouvoir de l’administration qui se traduit par des prérogatives de puissance publique. L’exécution contractuelle nous montre que l’on doit plutôt constater une inversion du pouvoir en raison des nombreuses renégociations du contrat. Il ne s’agit pas pour la collectivité publique de reprendre le contrôle de la gestion du service public, celle-ci étant déléguée mais d’être capable de s’assurer que cette gestion est conforme à l’intérêt général du service public, dont elle a la responsabilité in fine. La thèse dégage des outils permettant de s’assurer de cette conformité à l’intérêt général et à définir des principes de l’action publique. Ces principes définissent ce que peut être, non un contrôle, au sens d’un pouvoir de contrôle, mais un contrôle comme simple instrument d’une régulation à définir. La régulation de la DSP semble pouvoir être définie par la capacité de conduire des négociations, initiales et complémentaires à l’aide d’outils juridiques et financiers comme l’évaluation de la valeur ajoutée du service. Elle permet une négociation efficace car loyale et encadrée. La configuration décentralisée de la gestion des services d’eau en France doit permettre de trouver un régulateur qui combine une régulation nationale et locale ainsi que l’ouverture du champ de la médiation et de la conciliation.

    Maël Lavenaire-Pineau, Décolonisation et changement social aux Antilles françaises , thèse soutenue en 2017 à Antilles sous la direction de Jean-Pierre Sainton  

    La transformation sociale des Antilles françaises qui se produit après la Seconde Guerre mondiale résulte d'un processus interactif historique. Celui-ci se produit entre 1946 et 1961 autour des nouvelles dynamiques de l'après-guerre. Il s'agit du statut départemental, de la décolonisation avec l'explosion des conflits sociaux, de la politique publique de "développement économique et social" avec la planification dans les départements d'outre-mer, et de l'accroissement démographique avec l'apparition d'une nouvelle génération "sociologique". C'est précisément cette interaction qui est à l'origine du nouveau type de société qui émerge aux Antilles à partir des années 1960 sans pour autant que leur structure sociale coloniale ne soit bouleversée. Cette construction qui prend le nom commun de "Départementalisation" est paradoxale car elle va générer des frustrations sociales "modernes", tout en maintenant des frustrations anciennes issues de la société de plantation. En induisant ainsi le passage d'un monde d'"habitation" à un monde de consommation, cette construction permet de comprendre un peu mieux, le maintien, au début du XXIe siècle, d'un malaise social latent dans ces départements en dépit d'une amélioration sensible et générale des conditions de vie.

    Edison Ndayisaba, Le Tribunal pénal international pour le Rwanda face à sa mission : Contribution à l'étude des limites des juridctions internationales répressives, thèse soutenue en 2017 à Antilles sous la direction de Blaise Tchikaya, membres du jury : Karine Galy, Hajer Gueldich, Amissi Melchiade Manirabona et Jean-Marc Sorel  

    Suite à la reprise des hostilités consécutive à l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, il y eut violation du cessez-le feu signé à Arusha le 04 aout 1993 entre le gouvernement rwandais et la rébellion du front patriotique rwandais, et une guerre civile éclata au Rwanda. Au cours de cette guerre civile, beaucoup de graves violations du droit international furent commises. Les différentes enquêtes des nations unies ayant constaté que ces violations pouvaient être qualifiées de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, recommandèrent la création d’un tribunal pénal international pour en réprimer les auteurs. C’est ainsi que le conseil de sécurité des nations unies, ayant constaté que ces crimes ainsi que la crise humanitaire au Rwanda constituaient une menace à la paix, créa, lors de sa séance du 8 novembre 1994, le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Il lui assigna la mission de réprimer toutes les personnes impliquées dans ces crimes au Rwanda et dans les pays voisins en 1994, en vue de contribuer au maintien de la paix dans la région des grands lacs africains ainsi qu’à la réconciliation nationale au Rwanda.La légalité, pour le conseil de sécurité, organe politique des nations unies, de créer une juridiction pénale dans le cadre du chapitre vii de la charte a été analysée. Quant à l’adéquation de cette mesure au contexte, la répression des auteurs des crimes devait contribuer au maintien de la paix et à la réconciliation nationale, par la dissuasion et l’aspect pédagogique des jugements.Cependant, à la clôture des travaux du TPIR en 2014, le bureau du procureur n’avait poursuivi aucun membre du FPR malgré les rapports bien documentés l’impliquant dans les crimes commis. Aussi, aucune enquête n’a été organisée pour élucider les circonstances de l’attentat contre l’avion du président rwandais, reconnu par l’ONU comme le facteur déclencheur du génocide.Les travaux du TPIR ont connu des limites d’ordre juridique, basées d’une part, sur les textes fondamentaux ainsi que la stratégie des poursuites inappropriée de la part du bureau du procureur, et que d’autre part, sur l’ingérence des facteurs politiques qui a limité l’action du bureau du procureur. Ces facteurs ont rendu l’action du TPIR critiquable et considérée par certains observateurs comme une justice du vainqueur.Suite à cette répression partielle et sélective, le TPIR n’a assuré aucune contribution au maintien de la paix dans la région des grands lacs. L’impunité accordée aux membres d’une partie au conflit rwandais a favorisé l’exportation de la violence armée en république démocratique du Congo, où les crimes graves ont été commis depuis 1996. Quant à la contribution à la réconciliation nationale, la répression partielle a plutôt servi à cristalliser les frustrations qui pourraient, à l’avenir, générer une autre crise politique plus importante que celle de 1994. En vue de réparer les erreurs du TPIR, il a été recommandé que la communauté internationale, à défaut d’étendre la compétence ratione temporis du TPIR, puisse créer un autre tribunal pénal international ad hoc pour réprimer les auteurs des crimes commis au Rwanda et au Congo, et dont l’impunité risque de pérenniser l’instabilité et la violence dans la région.

    Marie-Marthe Bredas, Institutions, démocratie et croissance dans la Caraïbe anglophone : Idées préconçues et réalité, thèse soutenue en 2017 à Antilles sous la direction de Antoine Delblond, membres du jury : Stéphane Dovert (Rapp.), Jessica Byron, Jean-Marc Sorel et Fred Réno  

    La Caraïbe est un espace multidimensionnel, une mosaïque polyforme et paradoxale qui évoque la diversité, l'éparpillement.Longtemps méconnue, elle est l'objet de toutes les curiosités et est de plus en plus regardé comme un véritable laboratoire par ceux qui s'y intéressent.En effet, la Caraïbe est un ensemble de petites îles plus ou moins pauvres sur le plan économique avec une organisation politique et administrative plurielle. De nombreux statuts politiques sont hérités de la décolonisation. La Caraïbe regroupe 25 pays et 11 territoires non indépendants qui pour la plupart, comptent moins de 500 000 habitants. 24 sont des îles, parties d'îles ou ensembles de territoires insulaires.De nombreux programmes d'aide sont mis en place par les métropoles, les pays de la Caraïbe mènent une politique active d'intégration en constituant des institutions régionales, pourtant ces pays ne semblent pas décoller économiquement.Parallèlement, la région est remarquée pour ces faits de violence accrue, de criminalité, de narcotrafic, de catastrophes naturelles, de maladies vectorielles, autant d'éléments qui influencent l'une des activités économiques prospère, le tourisme.Idées préconçues et réalité, telle est la problématique à laquelle tente de répondre cette thèse en examinant la corrélation entre les organisations institutionnelles et le développement économique à l'heure de la mondialisation.Pour des raisons de cohérence, ma recherche est limitée à la dizaine de pays anglophones de la zone des Caraïbes.

    Maël Lavenaire-Pineau, Décolonisation et changement social aux Antilles françaises, thèse soutenue en 2017 sous la direction de Jean-Pierre Sainton, membres du jury : Michelle Zancarini-Fournel, Jean-Pierre Guengant et Laurent Jalabert    

    La transformation sociale des Antilles françaises qui se produit après la Seconde Guerre mondiale résulte d'un processus interactif historique. Celui-ci se produit entre 1946 et 1961 autour des nouvelles dynamiques de l'après-guerre. Il s'agit du statut départemental, de la décolonisation avec l'explosion des conflits sociaux, de la politique publique de "développement économique et social" avec la planification dans les départements d'outre-mer, et de l'accroissement démographique avec l'apparition d'une nouvelle génération "sociologique". C'est précisément cette interaction qui est à l'origine du nouveau type de société qui émerge aux Antilles à partir des années 1960 sans pour autant que leur structure sociale coloniale ne soit bouleversée. Cette construction qui prend le nom commun de "Départementalisation" est paradoxale car elle va générer des frustrations sociales "modernes", tout en maintenant des frustrations anciennes issues de la société de plantation. En induisant ainsi le passage d'un monde d'"habitation" à un monde de consommation, cette construction permet de comprendre un peu mieux, le maintien, au début du XXIe siècle, d'un malaise social latent dans ces départements en dépit d'une amélioration sensible et générale des conditions de vie.

    Dominique Legrand-Picard, Pauvreté et mal-développement. Une géographie sociale de la Martinique, thèse soutenue en 2015 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Christian Girault, membres du jury : Sébastien Velut et Jean-Christophe Gay    

    Les déséquilibres socio-économiques entre les départements d’Outre-mer et l’Hexagone sont criants. En Martinique, la pauvreté est plus intense et plus diffuse qu’au plan national, elle frappe fortement les exclus du marché du travail et jusqu’aux salariés. Le chômage, un phénomène structurel et endémique, y est deux fois plus élevé et touche majoritairement les jeunes, les femmes et les non-diplômés. Depuis le mouvement social de 2009, et l’instabilité politico-institutionnelle qui l’a accompagné, les tensions sociales restent vives et sont l’expression de frustrations liées à des inégalités persistantes. Comment s’expliquent-elles ? La paupérisation croissante d’une part importante de la population découle d’un environnement économique particulièrement défavorable. La région se caractérise par un développement faible, une situation dégradée du marché de l’emploi, une économie dépendante des transferts publics. L’analyse géographique met en lumière les structures de la pauvreté : profils des familles, accès à l’emploi, qualification et formation, conditions de logement et situation sanitaire des publics démunis. Les dimensions territoriales des dynamiques de pauvreté soulignent le lien entre espace social et espace géographique : les phénomènes de pauvreté, de précarité et d’exclusion sont étudiés à l’échelle des quartiers d’habitat spontané et informel, encore nombreux aujourd’hui en Outre-mer, principaux espaces de production de pauvreté et de ségrégation dans les milieux urbains et ruraux.

    Salaura Didon, Journalistes caribéens, démocratie et liberté de la presse : Une analyse socio-politique à la Guadeloupe et à Trinidad-et-Tobago entre 1989 et 2009, thèse soutenue en 2013 à AntillesGuyane sous la direction de Bruno Ollivier, membres du jury : Joëlle Le Marec (Rapp.), Bernardo Amigo Latorre et Adeline Wrona  

    Notre sujet de thèse porte sur la contribution des journalistes caribéens au processus démocratique à travers le traitement des événements socio-politiques majeurs entre 1989 et 2009. Il s’agit de la tentative du coup d’état de juillet 1990 à Trinidad-et-Tobago et du mouvement social de 2009 en Guadeloupe.Cette étude part d'un état des lieux des concepts de journaliste, de démocratie et de liberté de la presse. Cette thèse vise à interroger le terme « démocratie » et l'éthique des journalistes. Il existe des chartes déontologiques, édictées par la profession des journalistes, qui reprennent les principes démocratiques. Nous avançons donc l'hypothèse selon laquelle les journalistes sont de véritables acteurs du processus démocratique. Garants de la démocratie, ils ont aussi une responsabilité sociale envers les citoyens.Cette recherche vise à analyser les événements socio-politiques majeurs dans les deux territoires entre 1989 et 2009. A travers ces événements, il s'agit de montrer la manière dont les journalistes contribuent au processus démocratique. Notre méthodologie consiste à analyser les articles de presse et les entretiens semi-directifs avec les journalistes pour comprendre comment ils travaillent et comprendre leur concept de liberté de la presse.

    Martine Bocquet, Médiévalité et sémiotique de la communication des entreprises et des institutions publiques, thèse soutenue en 2013 à AntillesGuyane sous la direction de Bruno Ollivier, membres du jury : Jean-Jacques Boutaud (Rapp.), Yves Jeanneret (Rapp.), Alain Chante  

    Cette thèse vise à explorer les dynamiques et processus médiévaux ou néo-médiévaux à l’œuvre dans la communication des entreprises et des institutions publiques. Le propos d'ensemble n'est pas d'étudier les systèmes de communication médiévaux, même si, à plusieurs endroits, certains de leurs aspects les mieux connus sont convoqués. Cette recherche exploratoire a pour objet d'étudier d'une manière générale ce qui, dans la communication contemporaine des entreprises et des institutions publiques pourrait révéler la présence de processus de résurgences, de mutations et de prégnances médiévales, et affecter les registres de cette communication. Une place importante est donnée aux contextes. Des axiologies ont été repérées comme caractérisant l’époque médiévales, entendue dans la perspective d'un long Moyen Âge. À ces axiologies, le nom de médiévalité a été donné. Ces axiologies rapportées aux contextes contemporains, forment le substrat du propos.Dans un premier temps, la recherche s'attache à des processus d'ordre politique, économique et culturel, structurant de nos jours le terrain de la communication des entreprises et des institutions publiques. Des conclusions sont tirées, quant aux manifestations et aux signes de cette médiévalité dans la communication des entreprises et des institutions publiques. Ceci ramène la sémiotique d'où tout part et où tout revient. Car, si des phénomènes d'ordre politique et d'ordre sémiotique structurent le terrain sur lequel la communication a lieu, celle-ci se développe à partir de ces deux logiques, qu'elle contribue en retour à faire vivre. Les fondements médiévaux de la sémiotique contemporaine sont abordés, puis la manière dont la médiévalité se manifeste dans la sémiotique de la communication des entreprises et des institutions publiques.En conclusion, d'une part, il faut aller chercher la médiévalité derrière son masque, dans des processus subtils qui sous tendent notre modernité et que la sémiotique révèle ; d'autre part, les champs d'étude liant approche historique et phénomènes communicationnels peuvent s'avérer riches de potentialités pour la recherche. Dans les domaines abordées par les Sciences de l'Information et de la Communication, l'hypothèse de la médiévalité peut permettre le développement d'une clef de compréhension des problématiques sur lesquelles portent les investigations de celles-ci. Cela passe par le rétablissement d'une référence historique parfois délaissée, malgré les incursions de plus en plus fréquente de chercheurs dans les périodes lointaines. Il paraît légitime que les Sciences de l'Information et de la Communication s'interrogent sur la possibilité de tels champs de recherche.

    Gaël Villoing, Approche socio-historique du mouvement handisport en Guadeloupe : enjeux sociaux, identitaires et sportifs des dynamiques associatives (1978-2010), thèse soutenue en 2013 à Montpellier 1 sous la direction de Anne Marcellini et Sébastien Ruffié, membres du jury : Patrick Fougeyrollas (Rapp.), Nicolas Bancel (Rapp.), Emmanuelle Fillion  

    Depuis son apparition à la fin de la seconde guerre mondiale, la pratique sportive des personnes atteintes de déficiences motrices a connu de nombreuses et rapides évolutions. Conçue initialement dans une logique rééducative, elle intègre de plus en plus le principe de performance en se rapprochant du mouvement sportif « ordinaire ». Toutefois, ce processus de sportivisation est variable selon l'espace social et culturel dans lequel il se réalise. Initié dans les années 1970, le mouvement handisportif guadeloupéen rencontre des difficultés récurrentes à s'organiser et à se fédérer. Au cours de ce travail, nous avons réalisé une enquête de terrain auprès des associations handisportives locales. Des entretiens avec les acteurs principaux de ce mouvement ont été menés, des archives recueillies et des observations directes et participantes effectuées afin de retracer l'histoire collective et de repérer les logiques individuelles mobilisées dans la structuration du mouvement handisport en Guadeloupe. Pour cela nous avons utilisé des outils de la socio-histoire et de l'analyse organisationnelle et traité les discours à partir d'une analyse des relations par opposition (ARO). Les principaux résultats mettent en évidence que les dynamiques associatives structurant la pratique sportive des personnes handicapées motrices en Guadeloupe sont imprégnées par une logique sportive doublée d'enjeux sociaux, culturels et identitaires. Ainsi, la thèse principale défendue au terme de cette recherche est que l'organisation du mouvement handisport en Guadeloupe est marquée par des stratégies fortement contextualisées où la conjugaison des identités – sportive, antillaise, de personne handicapée - produit des ajustements singuliers.