354 p., 23€
ISBN : 978-2-7535-4291-4
Présentation de l’ouvrage
Ce livre trace les contours de la réinvention de l’espace universitaire francilien. Il s’agit bien ici de revenir sur un passé récent qui n’a pas été suffisamment étudié mais dont les effets de mémoire sont indéniables sur le temps présent. Ce qui s’est joué au sein de l’université de Paris depuis les années 1950 conditionne aujourd’hui fortement les rapprochements difficiles entre les universités parisiennes que le ministère de l’Enseignement supérieur appelle de ses vœux depuis le milieu des années 2000.
Le décret du 21 mars 1970 supprime l'Université de Paris et la scinde en treize universités réparties dans la capitale et en proche banlieue. Cette rupture fondamentale dans l'histoire de l'enseignement supérieur a été longtemps interprétée comme une conséquence de la crise de Mai 1968, permettant à l'État de reprendre le contrôle des universités parisiennes sous couvert de la proclamation de leur autonomie. Sans minimiser l'impact de ce traumatisme fondateur, ce livre propose une autre lecture de la naissance des universités contemporaines en lle-de-France. S'appuyant sur des recherches récentes et des approches pluridisciplinaires, il suggère que la transformation de l'Université de Paris résulte moins d'un processus inéluctable dont la crise de Mai aurait été l'étincelle, que de logiques plurielles qui s'ajustent à la charnière des années 1960 et 1970.
Derrière la décision administrative, plusieurs temporalités s'enchevêtrent, en fonction des opportunités foncières, de la démographie étudiante mais aussi de l'évolution interne des facultés voire des recompositions disciplinaires. Au-delà des tensions idéologiques spécifiques à la période du changement, ce sont aussi les logiques de spatialisation des équipements universitaires qui sont interrogées ici, à l'échelle de la région parisienne comme à celle du paysage architectural et urbain. Le livre permet aussi de revenir sur le quotidien d'une recomposition qui concerne tout autant des institutions, des espaces que des méthodes de travail. Par l'association, la lutte ou le compromis, agents et acteurs touchés par le démantèlement d'une université née au Moyen-Âge ont dû en effet réinventer un monde universitaire dans le cadre des institutions issues de la loi Faure de novembre 1968.
Au final, ce sont les contours de cette réinvention de l'espace universitaire francilien que ce livre propose de tracer. Il s'agit bien ici de revenir sur un passé récent qui n'a pas été suffisamment étudié niais dont les effets de mémoire sont indéniables sur le temps présent. Ce qui s'est joué au sein de l'Université de Paris depuis les années 1950 conditionne aujourd'hui fortement les rapprochements difficiles entre les universités parisiennes que le ministère de l'Enseignement supérieur appelle de ses voeux depuis le milieu des années 2000. Ici comme ailleurs, l'histoire a vocation à éclairer les enjeux de l'actualité.
Florence Bourillon est professeur d'histoire contemporaine à l'université de Paris-Est Créteil et membre du CRHEC.
Éléonore Marantz est maître de conférences en histoire de l'architecture à l'université de Paris-IPanthéon-Sorbonne et membre du laboratoire HiCSA.
Stéphanie Méchine est responsable du service des archives de la Chancellerie de Paris.
Loïc Vadelorge est professeur d'histoire contemporaine à l'université de Paris-Est Marne la Vallée et membre du laboratoire ACP.
Ouvrage publié avec le soutien de la chancellerie des universités de Paris, de l’ACP de l’UPEM, du CRHEC de l’UPEC et de l’HiCSA et de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Table des matières
Introduction : De l’Université de Paris aux universités franciliennes, p. 9
Première partie : Un processus de transformation de longue durée
Anabela de Araujo, « Leçons de science dans un parc ». La nouvelle faculté des Sciences à Orsay dans la carte universitaire et scientifique francilienne (1955-1975), p. 21
Franck Delorme, Les premiers bâtiments de la faculté des Sciences de Jussieu (1958-1960). Une architecture universitaire méconnue dans le paysage des berges de la Seine à Paris , p. 35
Géraud Kerhuel, Nanterre-université : rigueur et préfabrication en réponse à l’urgence, p. 51
Christian Hottin, Stratégies ou tactiques immobilières pour l’enseignement supérieur parisien (1950-1975), p. 67
Loïc Vadelorge, La genèse de la carte universitaire francilienne : du Padog aux villes nouvelles (1960-1974), p. 83
Stéphanie Méchine et Ève-Marie Rollinat-Levasseur, Le théâtre à l’Université de Paris : institutionnalisation et développement dans la seconde moitié du XXe siècle, p. 97
Emmanuelle Giry et Édith Pirio, La faculté de Médecine de Paris et ses transformations au cours du second XXe siècle, p. 111
Deuxième partie : L’histoire plurielle de l’éclatement de l’Université de Paris
Marie-Claude Delmas, De l’Université de Paris à la chancellerie des universités de Paris. Le rôle de Pierre Bartoli, 1951-1978, p. 123
Arnaud Desvignes, Le passage de l’ancien au nouveau régime universitaire ou les limites de l’autonomie, l’exemple de Paris VII, p. 143
Christophe Charle, Genèse du Centre multidisciplinaire Tolbiac dans le contexte universitaire des années 1970, p. 157
Marina Marchal, Tolbiac, haut lieu des luttes étudiantes (1973-1989), p. 171
Charles Mercier, Paul Ricœur, un philosophe à l’épreuve des transformations de la Sorbonne (1964-1970), p. 181
Daniel Renoult, Le démembrement de l’Université de Paris et la création des bibliothèques interuniversitaires, p. 193
Guy Briot et Charles Soulié, Histoire des personnels BIATOSS de l’université de Vincennes : de l’AG permanente au règlement intérieur (1968-1980), p. 207
Troisième partie : La nouvelle division du travail universitaire : lieux, espaces, disciplines
Éléonore Marantz, L’université et ses architectes. Modes de désignation et processus de commande en question (Île-de-France, 1952-2006), p. 223
Bernadette Blanchon et Sonia Keravel, Le patrimoine paysager des universités franciliennes (1950-1990) : rétrospectives et perspectives, p. 241
Brice Le Gall, Différenciation et recomposition des formations en économie et gestion dans les universités franciliennes (1960-2000), p. 257
Laurène Le Cozanet et Christelle Dormoy-Rajramanan, Une origine, deux destins ? Les centres universitaires de Dauphine et Vincennes de 1968 aux années 1970, p. 271
Robi Morder, La grève du droit à Paris VIII en mai et juin 1983 : « l’esprit vincennois », p. 285
Florence Bourillon, Entre recentrement et dispersion, les enjeux d’une université « multi-sites », l’université Paris XII Val-de-Marne de sa création au milieu des années 1990 , p. 297
Myriam Baron et Leïla Frouillou, La structuration du paysage universitaire parisien. Ce que disent les représentations et les parcours étudiants, p. 311
Postface de Patrick Fridenson, p. 325
Les auteurs
Araujo Anabela (de) : École nationale supérieure d’architecture de Lyon, LACtH-EnSAP Lille
Baron Myriam : Université Paris-Est Créteil, Lab’urba
Blanchon Bernadette : École nationale supérieure de paysage, Versailles-Marseille, LAREP
Bourillon Florence : Université de Paris-Est Créteil, CRHEC
Briot Guy : Université Paris VIII Vincennes Saint-Denis
Charle Christophe : Université Paris I Panthéon-Sorbonne, IHMC CnRS/EnS
Delmas Marie-Claude : Conservateur général honoraire aux Archives nationales
Delorme Franck : Cité de l’architecture et du patrimoine. Département des collections
Desvignes Arnaud : Université de Paris-Sorbonne
Dormoy-Rajramanan Christelle : Université Paris-Ouest Nanterre La Défense, CRESPPA-CSu
Fridenson Patrick : EHESS, CRH
Frouillou Leïla : Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, UMR CNRS 8504 Géographie-cités, CRIA
Giry Emmanuelle : Archives nationales, Département Éducation- Culture-Affaires sociales
Hottin Christian : Direction génétrale des Patrimoines. Ministère de la Culture et de la Communication
Keravel Sonia : École nationale supérieure de paysage, Versailles-Marseille, LAREP
Kerhuel Géraud : École nationale supérieure d’architecture de Versailles
Le Cozanet Laurène : Université de Paris-Dauphine, IRISSO
Le Gall Brice : EHESS, CESSP-CSE
Marantz Éléonore : Université Paris I Panthéon-Sorbonne, HICSA EA 4100
Marchal Marina : Cité des Mémoires étudiantes
Méchine Stéphanie : Service des archives, rectorat de Paris
Mercier Charles : Université de Bordeaux/LACES EA 4140
Morder Robi : Université de Versailles Saint-Quentin-en- Yvelines et GERME
Pirio Édith : Archives nationales, Département Éducation- Culture-Affaires sociales
Renoult Daniel : Inspection générale des bibliothèques
Rollinat-Levasseur Ève-Marie : Université Sorbonne nouvelle Paris III-SPC, DILTEC-EA 2288
Soulié Charles : Université Paris VIII Vincennes Saint Denis, Centre européen de sociologie et de science politique
Vadelorge Loïc : Université de Paris-Est Marne-la-Vallée, ACP