Trésor historique de l'Etat en France
Comment réouvrir la question de l'Etat en France aujourd'hui, de façon non approximative ? Par un premier pas : vers une réflexion sur les matériaux de la répétition historique. L'avenir de l'Etat, en tant que forme d'organisation historiquement repérable, inventée dans le contexte bien précis des traditions ouest-européennes et maintenant contestée de facto par les pratiques du Management, est-il assuré? Que la planète soit ceinturée d'Etats ou que d'antiques nationalités s'arrachant aux Empires du XXe siècle en appellent à la forme étatique, cela ne prouve en rien que la notion d'Etat puisse à la longue tenir le coup et n'en vienne à se dissoudre de l'intérieur, laissant la place à autre chose. Aussi convient-il d'interroger le corpus institué des pratiques de pouvoir, les Administrations. De là, cette édition, nouvelle et augmentée, d'un modeste ouvrage sur la France ; dans le titre, le terme classique désigne la tradition qui nous enserre : 1750-1950. Les soutes de chaque Etat sont l'Administration ; les soutes de la science de l'Etat, le magasin juridique. Ainsi calée, selon ses techniques propres et par des ficelles culturelles, la société française peut naviguer ; ainsi embarqués, selon leur style de croyance au pouvoir, les Français jouent leur partie. Quels seront les effets de l'Europe annoncée sur la France et sa Bureaucratie patriote, sur ce nationalisme passionné d'Etat administratif, sur cette Administration que les citoyens ont dans la tête : un montage antifédéral ? Si la départementalisation est bien une machine de guerre centraliste, voulue comme telle par les Constituants de 1789-1790, la question ne manquera pas de se poser : comment investir politiquement la région ? Dans ces conditions, nous verrions du nouveau, car la Révolution du XVIIIe siècle serait finie, vraiment finie.
Discussion autour de l'ouvrage :
Lectures de… n° 3 : Le Trésor historique de l’État en France, de Pierre Legendre - 2e éd., Fayard, 1992 du 19 mai 2017.
Journée d’étude organisée le 19 mai 2017 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne par Pierre Bonin et Pierre Brunet avec le soutien du programme « Les fonctions des constitutions » (Institut de Recherches Juridiques de la Sorbonne, Paris 1) et avec l’assistance de l’Institut Cujas de l’université Panthéon-Assas (Paris II). Textes parus dans la Revue d’histoire des facultés de droit, n° 37, 2017, p. 527-620.