Présentation de l'éditeur
Ce livre entend répondre à une question à la fois simple et fondamentale : qu'est-ce qui change quand on passe au droit, ou, à l'inverse, quand on se passe de droit ? Que gagne-t-on ? Que perd-t-on ? Que signifie l'entrée dans une relation - plus largement, une société - juridique ?
Ce qui change quand on passe au droit, c'est que, désormais, la relation sociale primaire (affective, économique, politique) s'inscrit sous l'égide du tiers institué. Le tiers : à la fois une autorité en position de « troisième personne» (juge, législateur), mais aussi une fonction tierce intériorisée par les individus devenus sujets de droit. Le social s'élève alors à la « puissance trois », celle qui noue le lien, tout en assurant l'autonomie des individus.
Faire émerger et garantir un monde social en trois dimensions, indexé sur la référence structurale au tiers, telle serait en définitive la fonction propre du droit, l'inestimable plus-value qu'il peut apporter à la vie sociale chaque fois qu'il parvient à s'arracher à la violence de l'unicité.
Juriste et philosophe, François Ost est membre de l'Académie royale de Belgique. Fondateur de l'Académie européenne de théorie du droit, il a enseigné à Bruxelles et Genève et est actuellement professeur émérite invité à l'Université Saint-Louis (Bruxelles). Auteur d'une vingtaine d'ouvrages en théorie et philosophie du droit, il a également publié plusieurs pièces de théâtre et deux recueils de contes juridiques.
Sommaire
Le passage au droit
Première partie : Le tiers, ou l’élévation à la puissance trois
Considérations liminaires : variété, nature et fonction du tiers
Actualité : un monde sans tiers ?
Sur les traces du tiers symbolique, un parcours buissonnier
Deuxième partie : Inscrire sur une scène tierce. Les quatre étapes du passage au droit
Écart et représentation. Une logique de limites et de séparation
Script et intrigue. Un récit qui tisse des liens, une institution qui dure
Masques et rôles. Une logique pronominale, un jeu de représentations
Distribution et répertoire. Une logique de réversibilité, une remise en cause permanente
Troisième partie : Entre violence et amour, le droit
Trois mondes et leurs interfaces : bia, ius, agapè
Les interfaces du ius : agon et philia
Aux confins du droit : un droit de la guerre et un droit de la fraternité ?