Présentation
En 1990, Renaud Sainsaulieu[1] et son groupe de sociologues constataient que l’entreprise était désormais une affaire de société. Or, non seulement elle participe à la vie sociale mais elle est devenue un espace où résonnent les débats sociétaux. Portée par les employés qui y travaillent et devant tenir compte d’une conjoncture contemporaine des plus complexes, elle se trouve placée sous tension dans une société dont elle est indissociable. Ses partenaires, ses concurrents, ses clients, l’Etat ou encore la société civile peuvent être une source de pressions institutionnelles (Oliver, 1991)[2] qui la laissent souvent démunie et peuvent la conduire à changer de politique et/ou de posture comme le fait d’arrêter de commercialiser certains produits ou de fermer des filiales dans certains pays. A l’inverse, un rôle de régulateur peut être attribué à l’entreprise, dont la responsabilité est considérée comme engagée, par exemple, dans le secteur des hautes technologies, pour certains cas de harcèlement dans les écoles ou la diffusion de propos antisémites ou racistes. Ainsi, les organisations peuvent-elles être appréhendées comme des institutions centrales de la société, creusets de mutations profondes tant des mentalités que des modes de vie, tout autant que réceptacles de violences et de dérives, représentant autant de sujets sensibles à gérer, et face auxquelles elles sont sommées d’agir.
Notre objectif est d’éclairer et questionner ce phénomène que nous désignons par « contagion sociétale » et que nous définissons, en référence au concept de contagion sociale (Gosling et Ric, 1996)[3], comme le processus par lequel les tensions et les débats qui traversent la société se propagent et se répercutent au sein des organisations. Amplifiée par la mondialisation, les médias sociaux et les réseaux d'influence, cette contagion peut avoir des répercussions tant positives que négatives. « Tantôt la contagion brise les solidarités, entame les pratiques d’entraide. Tantôt elle les suscite ou les renforce. Mis à l’épreuve de la contagion, le lien social peut se rompre ou se resserrer. » (Fabre, 1998, p.2)[4]. Elle peut affecter la performance organisationnelle, la réputation et les relations avec les parties prenantes, ou encore fortement altérer le climat social et générer de la souffrance ou du mal-être au travail. Elle peut aussi impulser des innovations managériales et jouer le rôle de révélateur de problématiques jusque là ignorées ou invisibilisées, qu’elle permet alors de traiter.
Comité d’organisation : Inès Antit, Martine Brasseur, Camille Cherkaoui, Olivier Guillet et Brice Isseki
Programme prévisionnel
9h00: Accueil des participants
9h30 : Ouverture du colloque
Présentation du thème
Martine Brasseur, Professeur des Universités, Université Paris Cité, CEDAG
Définition du concept de contagion sociétale
Inès Antit, ATER, Université Paris Cité, CEDAG
10h00: Table ronde – La contagion sociétale, un sujet sensible
Emilie Hennequin, Professeur des Universités, Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne, PRISM
Brice Isseki, Maître de conférences, Université Sorbonne Paris Nord, CEPN
Antoine Marie, Chercheur en psychologie politique, Institut Jean Nicod, ENS, EHESS, CNRS
11h00 - Pause
11h15 : Atelier 1 – Le rôle des représentations
Les tensions entre les visions du rôle des managers comme source de double contrainte
Anne Boraud
Rôle de la contagion des perceptions d’injustice dans le cas d’une entreprise tunisienne
Narjes Sassi, Adnane Malek et Mohamed-Ikram Nasr
12h00 - Buffet
14h00 : Table ronde – Contagion sociétale et faits religieux
Olivier Guillet, Maître de conférences, Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne, PRISM
Lionel Honoré, Professeur des Universités, Université de Brest, Observatoire du fait religieux, LEGO
Suzel Ramaciotti, Professeur des Universités, Université de Rouen, IDRef
15h00 – Pause
15h15 : L’entreprise sous tensions : Influence des conflits sur l’activité économique
Mahdi Fawaz, Maître de conférences, Université Sorbonne Paris Nord, CEPN
15h45 : Atelier 2 – De la société à l’entreprise
La neuro-diversité comme problématique organisationnelle : le cas des hauts potentiels intellectuels
Sonia Bernage et François Lacroux
Quelles réponses comportementales adoptées par les consommateurs de marques faisant l’objet de scandales ?
Pierre Buffaz, Laure Perraud et Virginie Rodriguez
16h30 : Clôture du colloque
Synthèse des contributions et mise en perspective
Martine Brasseur
Conclusion
Fin du colloque : 17h00
Inscription gratuite et nécessaire, avant le 2 mai : https://sondage.app.u-paris.fr/456423?lang=fr
[1]Sainsaulieu R., Dir. (1990), L’entreprise une affaire de société, Paris, Presses de Sciences Po.
[2] Oliver C. (1991), Strategic responses to institutional processes, Academy of management review, 16(1), 145‑179.
[3] Gosling P., Ric F. (1996), Psychologie sociale, Paris, Editions Bréal.
[4] Fabre G. (1998), Introduction, in Fabre G., Epidémies et contagions: L'imaginaire du mal en Occident, Paris, Presses Universitaires de France, 1-5.
Evénement organisé par le Centre de Droit des Affaires et de Gestion ( CEDAG URP 1516), Université Paris Cité, en partenariat avec le Pôle de Recherches Interdisciplinaires en Sciences du Management (PRISM Sorbonne), le Centre de recherche en économie et gestion de Paris Nord (CEPN UMR 7234) et l’Association pour la Recherche Interdisciplinaire sur le Management des entreprises (ARIMHE).