Présentation

Après avoir exploré les vocabulaires du corps patrimonial, les matières et discours de l'incarnation et le corps dans la création-réception des œuvres ; cette quatrième séance questionnera “le corps à l'œuvre” sous le prisme des gestes et de leur patrimonialisation. L'archéologie expérimentale y est convoquée pour sa quête du mouvement historicisé. Dans cette démarche rétrospective, le chercheur se met lui-même à l'œuvre pour comprendre en faisant, en mobilisant son geste comme outil de recherche. Quant au créateur, son corps devient à la fois lieu du “je”, vecteur d'une production formelle et support d'un discours. Au XXe siècle, les artistes ont souvent mis leur corps à l'épreuve, par idéité, transgression, déconstruction — faisant du corps lui-même l'œuvre. Mais, les gestes en tant que formes vivantes du présent et images évanescentes du passé, soulèvent également des enjeux de patrimonialisation pour l'avenir.

La généalogie de l'art chorégraphique met en tension le passé. De l'origine d'un geste ou d'une séquence rythmée par le corps à leur réactivation par nos contemporains, c'est un art particulièrement traversé par la question de l'interprétation et ses limites. La partition chorégraphique en est un marqueur et une clé de lecture, garantissant pérennité, intégrité et transmissibilité dans un répertoire érigé en patrimoine. Ces représentations constituent par ailleurs un objet patrimonial avec une histoire matérielle et visuelle propre.

Enfin, les rapports du geste au temps peuvent se penser d'une manière prospective ; avec l'ambition de trans[1]mettre pour le futur ces créations fugitives. La muséalisation de la performance vient à bien des égards bousculer les institutions confrontées à ce patrimoine, si différent, qui les défie. Réciproquement, ces pratiques de conservation et d'administration viennent interroger la nature du happening/de l'action et de son immédiateté, quitte à la figer dans sa documentation aux fins de son inscription dans une histoire de l'art contemporain, écrit au temps présent.

Programme

10h00 : Accueil des participants

10h10 : Mot de bienvenue
Francesco Torrisi, directeur de la Maison de l'Île-de-France

10h15 : Mot d'introduction
par le comité scientifique du séminaire « Donner corps au Patrimoine »

10h20 : Ouverture de la séance par le laboratoire parrain "Dynamiques patrimoniales et culturelles" (DYPAC, UVSQ)
Pauline Lemaigre-Gaffier, maîtresse de conférences en Histoire moderne dont les recherches portent sur l'histoire culturelle des sociétés de cour européennes (cérémonies, fêtes, théâtres, spectacles)

10h30 : Session 1 - Expérimentation des gestes techniques de la gladiature : 30 années de recherches au service de l'histoire et du patrimoine
Brice Lopez, spécialiste des sports de combat de l'Antiquité et du Moyen Age (gladiateurs, athlètes) avec une approche en archéologie expérimentale, et dirigeant d'une société de spectacles historiques (ACTA)

Discutante : Mahaut Cazals, doctorante en histoire médiévale, DYPAC, UVSQ-Paris-Saclay et ATER, ENS-PSL.

11h30 : Session 2 - Représentations et notations de la danse : une patrimonialisation des savoirs chorégraphiques ?
Pauline Chevalier, maîtresse de conférences en Histoire de l'Art contemporain, Université de Bourgogne — Franche-Comté, conseillère scientifique (INHA) et chercheuse en Histoire des représentations visuelles et matérielles de la danse, ses processus de création et de transmission.

Discutante : Anaïs Szkopinski, maîtresse de conférences en Droit privé, DANTE, UVSQ qui a notamment travaillé sur le cadre juridique de la créativité des chorégraphes et des gens de théâtre

12h30 : Déjeuner

14h30 : Session 3 - Chorégraphier l'architecture : entre expérience esthétique et spatialité performante
Pamela Bianchi, professeure d'Histoire de l'Art et du Design d'exposition, ESADtpm et ENSAPB, spécialiste de l'Histoire des expositions et des pratiques expographiques contemporaines, travaillant entre autres sur l'expérience spatiale dans les processus créatifs contemporains

Discutante : Camille Hanen, agrégée et doctorante en Design, HiCSA, Panthéon-Sorbonne, INHA, qui mène sa thèse sur la mise en scène du défilé de mode à Paris

15h30 : Discussion autour du chapitre "Le geste d'écrire" de Vilém Flusser (« Les gestes », 2009, Flusser Studies)

Membres du comité : Ronan Bretel, docteur en Droit du patrimoine culturel et chercheur post-doctoral, ISJPS, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
et Julia Reitzer, doctorante en Design, CRD, PPSM, ENS Paris-Saclay

16h30 : Fin de la séance

Inscription obligatoire via le QR code de l'affiche