Présentation
La réflexion sur les conditions de circulations des œuvres a depuis peu été fortement renouvelée, non seulement dans les musées et la recherche, mais aussi au sein du marché de l’art, par l’émergence d’une notion fondamentale : celle de la provenance des œuvres. Un sujet qui est au cœur du Rapport de mission : améliorer la sécurité des acquisitions des musées nationaux (C. Giacomotto, M.-C. Labourdette, A. Oseredczuk) paru en 2022.
Alors que la communauté française et internationale multiplie les outils en matière de recherche des propriétaires de biens spoliés (bases de données, réseaux, plateformes sociales, applications permettant l’identification des œuvres…), on peut s’interroger sur l’adaptabilité de ces méthodes de recherche de provenance ou de « collecting histories» à la spécificité des biens archéologiques.
Tout d’abord, l’histoire des fouilles archéologiques peut-elle nous renseigner sur la difficulté à établir la provenance des objets ? Faut-il, ensuite, différencier les pratiques liées à l’archéologie nationale française de celles liées à l’archéologie extra-européenne ? Comment la recherche de provenance permet-elle de renouveler les pratiques en usage et quelles sont les difficultés auxquelles se heurtent les chercheurs en archéologie ? De quelle manière le marché de l'art et les institutions muséales mettent-ils en œuvre les exigences de diligences requises face à une antiquité ? Enfin, comment la recherche de provenance peut-elle être rendue visible et accessible au public ?
La question de la provenance se présente donc comme le nouvel enjeu, incontournable, du monde de l’archéologie et a fortiori des jeunes chercheurs.es.
À l’initiative de cinq doctorantes et à l’occasion de l’ouverture du nouveau Master 2 « Biens sensibles, provenances et enjeux internationaux », le Centre de recherche de l’École du Louvre organise une journée d’étude sur le thème : Archéologie(s) et provenance(s) : état de l’art, recherches, et perspectives.
Dédiée aux jeunes chercheurs de disciplines différentes en vue d’établir un dialogue entre historiens de l’art, archéologues, professionnels des musées et juristes, elle s’organisera sous forme de quatre ateliers durant lesquels les intervenants débattront et approfondiront les questions et notions que soulève le thème de la séance au regard de leurs projets de recherche. Pour chaque atelier, des modérateurs, membres de l’équipe organisatrice, seront présents pour conduire la discussion, y compris avec la salle.
À travers ce fil conducteur, cette journée a pour objectif de proposer une réflexion large sur la présentation des outils de recherche de provenance mis en place par la communauté internationale et le monde des musées jusqu’aux possibilités développées par le marché de l’art, jalonnée par des études de cas précis et concrets. En mettant l'accent sur la méthodologie, les participants tenteront de mettre en exergue pourquoi et comment les pratiques se sont développées dans le passé et comment elles peuvent être adaptées aux investigations présentes et futures. Il s’agira également d’interroger et de développer les notions de provenance aux sens scientifique, historique et juridique, notamment celle, annexe mais indissociable, des diligences requises.
Programme
9h00-9H30 Accueil des participants et café│Hall de l’École du Louvre
9h30-9H45 Mot de bienvenue
Claire Barbillon, directrice de l’École du Louvre, professeure des universités
9h45-10H00 Présentation de la journée d’étude
Isabella Archer, Université de Poitiers│École du Louvre
Iris Martinez, Université Paris Saclay│École du Louvre
10H00-11H15 - Atelier 1 - La notion de provenance sous l’angle juridique
Modérateurs :
Noémie Gundogar, ENS Paris Saclay│École du Louvre
Iris Martinez, Université Paris Saclay│École du Louvre
Le blanchiment de provenance des œuvres en droit suisse et français
Enzo Bastian, Université de Lausanne
La recherche de provenance pour des objets archéologiques collectés à la Belle Epoque : le cas de la collection Froehner (BnF) et de ses archives. Intérêt scientifique et appréciation probatoire
Nicolas Perru, EPHE-PSL│BnF│École du Louvre
L’obligation de diligence, la conciliation de la protection du patrimoine archéologique avec la libre circulation des biens en droit de l’Union européenne
Anthony Saillard, ENS Paris Saclay│Institut des Sciences sociales du Politique
11H15-11h30 Pause
11H30-12H45 – Atelier 2 - Faire de la recherche de provenance et accéder à son terrain : en France et à l’international
Modérateurs :
Odile Boubakeur, Université Paris Saclay│École du Louvre
Anne-Lise Guigues, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne│École du Louvre
La documentation des œuvres cambodgiennes pillées : l’enjeu des archives
Sophie Biard, École française d’Extrême-Orient
Faire de la recherche de provenance dans un contexte institutionnel difficile : le cas italien
Marino Ficco, École française d’Athènes
Recherche de provenance du matériel archéologique et ostéologique en Egypte : entre pillages et documentation du XXème siècle. Le cas d’étude de Deir el-Médina (Louxor)
Mélie Louys, École du Louvre
Comment établir une recherche systématique et interdisciplinaire de la provenance dans les collections des musées archéologiques ?
Birgit Sporleder, Staatliche Museen zu Berlin│Stiftung Preußischer Kulturbesitz
12H45-14H30 Déjeuner
14H30-15H45 – Atelier 3 - La « Boîte à outils » en recherche de provenance
Modérateurs :
Anne-Lise Guigues, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne│École du Louvre
Noémie Gundogar, ENS Paris Saclay│École du Louvre
Identifier des annonces suspectes sur le marché des antiquités : le cercle des provenances disparues
Camille Blancher, Université de Poitiers
Rechercher la provenance d’un vase attique spolié pendant la Seconde Guerre mondiale : méthode et outils appliqués à un objet archéologique
Camille Freyermuth, Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945, ministère de la Culture
Prouver la provenance illicite et géographique de vestiges archéologiques : le potentiel de la carte archéologique nationale
Brune de Malet, Institut National du Patrimoine
The Snapshot Method
Emily Peacock, Transform Trafficking
15H45-17H00 – Atelier 4 - Communiquer la recherche de provenance au public
Modérateurs :
Isabella Archer, Université de Poitiers│École du Louvre
Odile Boubakeur, Université Paris Saclay│École du Louvre
Sensibiliser à la recherche de provenance : de l’histoire des collections au trafic des biens culturels
Morgan Belzic, Université de Poitiers
Le problème de provenance en art précolombien
Ninon Bour, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne│École du Louvre
Provenance et muséalisation : un point de vue de l’Allemagne
Constance Jame, Ruprechts Karl University of Heidelberg│École du Louvre
17H00-17H15 Pause
17H15-17H30 - Conclusion de la journée
Rose-Marie Mousseaux, directrice du Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye
La journée d’étude se déroulera en présentiel, dans l’amphithéâtre Dürer (dans la limite des places disponibles) ou en distanciel.
Inscription obligatoire avant le 23 novembre : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScSyzYhlc7Nv0prUfcs9pKJQoCojDujde2LP1D1DBsuFyRyaA/viewform?usp=sf_link
Comité scientifique
- Isabelle Anatole-Gabriel (conservatrice en chef du patrimoine, chercheure associée UMR 9022 Heritage.s, CUY Cergy Paris Université│CNRS│ministère de la Culture)
- Claire Chastanier (adjointe au sous-directeur des collections, service des musées de France, direction générale des patrimoines, ministère de la culture)
- Cécilia Hurley Griener (docteure en histoire de l’art (Oxford│Neuchâtel), HDR, chargée de cours, Université de Neuchâtel, enseignante, École du Louvre)
- Vincent Michel (professeur en histoire de l’art et archéologie antique, HDR, Université de Poitiers)
- Vincent Négri (chercheur HDR, CNRS, ENS, Université Paris-Saclay)
- Ariane Thomas (directrice du département des antiquités orientales, musée du Louvre)