Présentation
Comme chaque année, l’Université Le Havre Normandie accueille doctorants et jeunes chercheurs en sciences humaines et sociales de tous horizons afin d’échanger autour d’un objet transdisciplinaire. La problématique de cette nouvelle journée, « Rentrer dans le moule ? » propose d’explorer l’articulation entre les normes et les formes qui les véhiculent, dans des domaines aussi variés que la sociologie, le droit, l’histoire, la géographie, l’économie, les lettres et les langues et littératures étrangères, l’art dans le cadre du second axe scientifique du pôle de recherches en sciences humaines et sociales : « Normes, représentations, identités. »
Un moule est en effet un objet qui donne sa forme à une matière, ou bien, pris au sens figuré, un modèle qui permet de produire en série un objet utilitaire ou, pourquoi pas, une œuvre d’art, un concept, un être humain. Le produit qui en résulte à ceci d’intéressant qu’il semble dénué d’identité propre : identique aux autres, il voit sa valeur résider dans sa conformité au modèle, et non en lui-même. Le « moule », entendu dans un sens très large, permet ainsi d’organiser une réflexion autour de la reproduction de comportements, de formes artistiques, voire de formes de pensées, et pose la question des rapports entre créativité et norme.
Nous proposons aux participants de partir d’une méditation sur l’expression « rentrer dans le moule », et d’en questionner l’apparent bon sens. Elle sert souvent d’injonction à se conformer à un modèle collectif, effort nécessaire à la vie commune et fondateur en réalité de toute formation de l’individu, aux niveaux social, politique, intellectuel, etc... Mais l’expression est chargée de connotations négatives, et l’on se rebelle volontiers contre toute norme qui semble étouffer l’individu, brider l’expression de son être intime. L’identité est de fait un terme ambigu : s’agit-il d’être identique aux membres de son groupe, ou à soi-même ? En premier lieu, le moule peut donc évoquer pour les sciences humaines les normes sociales prescriptives, et qui appellent une transgression. Mais il n’est pas que cela, puisqu’il ouvre la réflexion sur des problématiques d’engendrement des formes artistiques (littéraires, filmiques...), la création artistique fonctionnant par écart à la norme. De même, au niveau épistémologique, toute élaboration d’une pensée ne nécessite-t-elle pas formation – d’un modèle explicatif, voire du chercheur lui-même – puis sa remise en cause ? L’expression invite donc à explorer cette dialectique entre reproduction de la norme et sa subversion, et à mesurer combien toute identité est le fruit d’un travail de création. Comment se construit, finalement, une identité sociale, artistique, voire intellectuelle ?
Programme
10h00 : Accueil
10h30 : Du moule à la norme : vers une standardisation des matériaux de construction et de la production de la ville à Khartoum (Soudan) ?
Corten Pérez-Houis
L'humanité comme « masse » : le paradigme politique du moule au tournant du XXème siècle
Manon Delobel
Entre reproduction et subversion des poncifs sur « l’art féminin » à la fin du XIXe siècle : se couler dans le moule pour mieux le casser ?
Clémence Rinaldi
12h30 : Déjeuner (au CROUS)
14h00 : Vouloir sortir du moule hétérosexuel dans l'Angleterre des années 1950
Jérôme Ordono
La fabrique des nouveaux mondes : individus, subjectivités, sociétés et industries sur les réseaux sociaux numériques
Julien Chandelier
15h15 : Pause
15h30 : Épouser les formes du monde : transformations figuratives du corps burlesque
Mathilde Grasset
Entre rétrospectivité et prospectivité. Héritages et trajectoires dans le processus de création artistique
Alexandre Melay
Filmer la zone : enjeux et représentations des modes d’habiter liés à la mobilité du travail
Misia Forlen
17h00 : Conclusions
17h30 : Clôture
Contrôle du pass sanitaire
Ouvert à tous
Organisée par l’Université Le Havre Normandie