Présentation générale
Les rencontres doctorales entre l'Association des Doctorants en Droit Public de l'Université de Lyon (A.D.P.L) et l'Association Clermontoise des Doctorants en Droit et Sciences politiques (A.C.D.D) résultent d'un constat regrettable : l'absence de liens entre les doctorants et doctorantes des Universités de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Partant, des associations doctorales de Clermont-Ferrand, Lyon et Saint-Etienne ont souhaité établir des rencontres régulières pour échanger sur la recherche et sur l'expérience de la thèse.
Ces rencontres doctorales se dérouleront sur deux demi-journées et se structureront autour d'une thématique transversale. Si l'exercice est concluant, l'objectif est de renouveler l'expérience chaque année. Ces manifestations s'adressent tant aux doctorants qu'aux jeunes chercheurs diplômés.
La recherche interdisciplinaire en droit
Pour cette première édition, le thème retenu porte sur les relations entre le droit et les autres disciplines scientifiques. Pratiquer la recherche interdisciplinaire n'est pas un exercice familier des juristes. Classiquement, le droit est appréhendé dans et par son autonomie et la doctrine travaille à isoler la juridicité. Pour reprendre les mots de Herbert Hart, « l'analyse ou l'étude des significations des concepts juridiques constitue une étude importante qu'il faut distinguer […] des recherches historiques, des recherches sociologiques, et de l'évaluation critique du droit au regard de la morale, des finalités sociales, des fonctions, etc. »[1]. Ainsi, la majeure partie des études juridiques recourent rarement aux méthodes, catégories et théories des autres sciences.
Pourtant, une autre tendance se dessine. En droit public, la doctrine du droit politique invite à appréhender le phénomène constitutionnel dans sa globalité, notamment en mobilisant la science politique, l'histoire et la philosophie. Le droit entretient des relations traditionnelles avec les autres disciplines des sciences humaines et sociales. Ainsi, des auteurs croisent les approches tels Pierre Legendre avec la psychanalyse, ou Jacques Chevallier, Jacques Caillose et Thomas Perroud avec la science administrative et la sociologie. On ne saurait oublier les relations qu'entretiennent le droit et l'économie, qui font depuis longtemps l'objet de nombreuses réflexions. De façon moins habituelle, à la faveur des évolutions technologiques et de la prise en compte par le droit de nouveaux enjeux sociaux et environnementaux, les chercheurs en droit ont été amenés à porter leur regard vers d'autres disciplines, à l'instar des neurosciences[2], de la psychologie[3], de l'informatique, de la biologie ou de l'écologie[4].
Le positionnement scientifique et social du droit doit conduire les juristes à questionner leur méthodologie et à décloisonner leur recherche. Les influences réciproques entre le droit et les autres disciplines justifient qu'on questionne la pertinence de la recherche interdisciplinaire et qu'on interroge ses fondements épistémologiques.
Programme
Les premières Rencontres auront lieu le 28 mai et 18 juin 2021 et se dérouleront respectivement à Lyon puis à Clermont-Ferrand.
La première demi-journée sera consacrée à des échanges sur la méthode interdisciplinaire en tant que telle, les différents ponts entre le droit et les autres disciplines, son positionnement institutionnel et sa valorisation dans le monde de la recherche. Des intervenants reconnus pour leurs travaux en la matière partageront leur expérience et leur savoir-faire. Un temps sera réservé à l'échange avec la salle et des doctorants effectuant leur thèse en croisant le droit avec d'autres disciplines seront également invités à faire part de leur méthode et d'éventuels points de blocage. La seconde demi-journée sera dédiée à une mise en pratique de l'interdisciplinarité. Les doctorants seront invités, sur un format de tables rondes, seuls ou en binôme, à échanger et à proposer des essais d'approches interdisciplinaires à partir de leurs propres travaux de recherche. L'objectif de ces journées est d'engager un dialogue et de permettre aux doctorants d'acquérir de nouvelles clés méthodologiques dans un cadre moins formel qu'un colloque.
Séminaire méthodologique – Vendredi 28 mai (14h – 18h) – Lyon (La Maison des Etudiants de la Métropole de Lyon, 90 rue de Marseille). Places limitées : 40 personnes.
Programme prévisionnel : 3 enseignants-chercheurs – Echanges entre doctorants et jeunes chercheurs.
Séminaire de mise pratique – Vendredi 18 juin (14h – 18h) – Clermont-Ferrand Table ronde réservé aux doctorants et jeunes chercheurs.
NB : Ces manifestations ayant vocation à générer des échanges entre jeunes chercheurs, elles seront reportées à la rentrée universitaire prochaine si leur tenue en présentielle n'est pas possible.
Présentations des associations à l'origine du projet
L'Association Clermontoise des Doctorants en Droit a été créée en 2012 par des étudiants en cours de préparation d'une thèse de doctorat à l'Ecole de Droit de Clermont- Ferrand. Les tâches que s'est assignée l'A.C.D.D. sont multiples. D'abord, apporter une contribution à la recherche universitaire en offrant aux doctorants l'opportunité de présenter des communications scientifiques et de publier leurs travaux dans les revues juridiques. Ensuite, l'A.C.D.D. accompagne les doctorants au quotidien par la formation aux contraintes formelles et administratives de la thèse, la diffusion d'informations relatives aux financements ou encore la relecture des travaux de thèse. Enfin, elle entend fédérer ses membres grâce à des activités plurielles.
L'Association des doctorants en droit public de l'université de Lyon (A.D.P.L.) a pour objet de fédérer les doctorants en droit public rattachés à l'école doctorale de droit de Lyon (ED 492), autour d'initiatives, de projets de recherche et d'activités scientifiques communs. L'A.D.P.L. vise à promouvoir et valoriser l'investissement scientifique de la jeune recherche lyonnaise, tout en favorisant les échanges interuniversitaires et interdisciplinaires. Sa principale activité réside dans l'organisation d'un colloque annuel qui permet de décloisonner les disciplines et les milieux professionnels et ainsi de parvenir à une meilleure connaissance du droit public. Les actes des colloques donnent lieu à publication sous la forme d'un ouvrage collectif.
[1]. HART H. L. A., Le concept de droit, Presses de l'Université Saint-Louis, 1976, p. 301.
[2]. TIJUS C. et PUIGELIER C. (dir.), L'esprit au-delà du droit. Pour un dialogue entre les sciences cognitives et le droit, Mare & Martin, 2016.
[3]. Revue Psycho-Droit, n° 1, 2016, numéro spécial « La psychologie et le droit : Quels liens ? » ; CARBONNIER J., « Etudes de psychologie juridique », Annales de l'Université de Poitiers, Deuxième série, t. II, 1949, pp. 1-18.
[4]. NAIM-GESBERT E., Les dimensions scientifiques du droit de l'environnement. Contribution à l'étude des rapports de la science et du droit, Bruylant, 1999 ; ENCINAS DE MUNAGORRI R. et autres (dir.), Sciences et droits de l'Homme, Mare & Martin, 2017 ; BIOY X. (dir.), Droits constitutionnels du vivant. Approches comparées de nouveaux objets constitutionnels : bioéthique et environnement, Mare & Martin, 2018.
Organisé en partenariat par l'Association des doctorants en droit public de l'Université de Lyon et l'Association clermontoise des doctorants en droit et science politique