Présentation
Depuis le milieu des années 1980, la création et la collaboration entre un nombre de programmes internationaux de recherche sur les changements globaux ont donné naissance à un nouveau champ d'étude dénommé la « science du système Terre ». Malgré les incertitudes entourant cette notion (journée d'études EHESS 2018), celle-ci peut être entendue comme le domaine scientifique qui, associant la chimie, la physique, la biologie, les mathématiques et les sciences appliquées, dépasse les limites disciplinaires de façon à traiter la Terre comme un système intégré, et qui vise à «comprendre les interactions physiques, chimiques, biologiques et humaines qui déterminent l'état passé, présent et futur de la planète» (Ruzek).Les scientifiques du système Terre s'accordent pour considérer que la planète fonctionne comme un seul système complexe, intégré non seulement par des composants physiques, chimiques, biologiques et humains, mais surtout caractérisé par leurs interactions et rétroactions dynamiques, complexes et non-linéaires, à des échelles spatiales et temporelles multiples (Déclaration d'Amsterdam sur la science du système Terre 2001, Déclaration sur l'état de la planète 2012, Steffen 2016).La mise en évidence que le fonctionnement actuel du système Terre -dans un état qui n'a pas d'équivalent au cours des derniers 500 000 ans-est une conséquence des modifications provoquées par l'Homme à certains paramètres environnementaux clés du système Terre, combinée avec la démonstration du dépassement de seuils biophysiques et de la survenance de changements abrupts affectant le système Terre dans le passé, conduit les scientifiques du système Terre à conclure que «les activités humaines ont le potentiel de faire basculer le système Terre vers des modes alternatifs de fonctionnement qui pourraient s'avérer irréversibles et moins hospitaliers pour les humains et autres formes de vie» (Déclaration d'Amsterdam sur la science du système Terre 2001).La prise en compte des progrès faits dans la science du système Terre ces dernières décennies, y compris à travers le prisme de concepts issus de cette science tels que l'Anthropocene (Crutzen et Stoermer2000, Crutzen 2002)et celui des «limites planétaires»(Rockström et al. 2009 et Steffen et al. 2015), ouvre un nouveau champ de recherche qui interroge les juristes et qui les oblige à s'ouvrir pour travailler avec d'autres disciplines. Ainsi que le démontrent, par exemple, les travaux de Kotzé (ed.) (2016) sur la manière dont le droit et la gouvernance environnementale peuvent être réimaginés pour mieux assurer la médiation de l'interface humanité-environnement à l'ère de l'Anthropocène, ou encore les travaux de Magalhaes et al. (2016)sur les nouvelles perspectives juridiques qui contribueraient à maintenir le système Terre dans un état semblable à celui qui l'a caractérisé pendant l'époque géologique de l'Holocène, une nouvelle discipline juridique et champ de recherche serait en train de naître: le droit du système Terre (Kotzé et Kim 2019, Task Force on Earth System Law de l'Earth System Governance Project).Ce séminaire international se propose de croiser les regards des sciences naturelles et juridiques pour tenter de comprendre les nouvelles connaissances issues de la science du système Terre sur la manière dont la planète fonctionne; de se demander en quoi ces nouvelles connaissances constitueraient de nouveaux paradigmes, ainsi que les implications qu'elles pourraient avoir sur le droit international de l'environnement. Dans quelle mesure le droit international de l'environnement est-il, dans sa configuration actuelle, adapté pour répondre à ces nouveaux paradigmes ? Quelles sont les évolutions juridiques qui pourraient être ou ont d'ores et déjà été imaginées pour les intégrer ?
Programme
8h45 : Accueil des participants
9h15 : Présentation du défi scientifique
Edgar Fernández Fernández, chercheur associé, Institut de l'Ouest : Droit et Europe (IODE), UMR CNRS 6262, Université de Rennes 1, France
9h30 : The Anthropocene : Global change and the Earth System
Will Steffen, Professeur émérite, Climate Change Institute, Australian National University, Australie
10h15 : Questions–discussions
10h35 : L'appréhension juridique du système Terre
Alexandra Aragao, Professeure, Institut Juridique de la Faculté de Droit, Université de Coimbra, Portugal
11h15 : Questions–discussions
11h30 : Pause-café
11h45 : Vers un décloisonnement des régimes juridiques internationaux de la biodiversité et du climat ?
Adélie Pomade, Maître de conférences en droit (HDR), UMR 6308 AMURE, Université de Bretagne occidentale, France
12h15 : Questions-discussions
12h30 : Pause déjeuner
14h00 : Resilience, complexity and regime shifts of social-ecological systems
Juan Rocha, Chercheur, Stockholm Resilience Centre, Université de Stockholm, Suède
14h45 : Questions-discussions
15h00 : Les incertitudes dans le droit
Alix Vollet, Doctorante, Institut de l'Ouest : Droit et Europe (IODE), UMR CNRS 6262, Université de Rennes 1, France
15h45 : Questions–discussions
16h00 : Conclusions et verre de l'amitié
Ce séminaire est gratuit et ouvert au public dans la limite des places disponibles
Inscription obligatoire au plus tard le vendredi 17 janvier 2020 auprès de : catherine.quemener@univ-rennes1.fr
Organisé par l'IODE, Université Rennes 1 dans le cadre des Défis scientifiques émergents sous la direction scientifique de Edgar Fernandez Fernandez, Chercheur associé, IODE UMR CNRS 6262 et Claire Malwé, Maître de conférences, IODE UMR CNRS 6262