Présentation
« Norme » a son origine dans le terme latin « norma », qui signifie équerre, et son sens en français dérive ainsi de l'image figurée de l'angle droit, de l'orthogonalité.
La norme est ce qui donne la direction, mais elle est aussi ce qui révèle une direction, un état régulier.
La norme qui donne la direction s'impose de l'extérieur. Tel est le sens de l'adjectif « normal » pour les écoles normales, qui indiquent aux futurs enseignants la voie à suivre dans l'exercice du métier qu'ils ont choisi. C'est aussi le cas pour la norme de tout autre domaine dans lequel l'idée de « normalisation » est pertinente.
La norme biologique est d'une autre nature. Aucune autorité ne l'impose, mais elle s'impose d'elle-même. Elle se dégage de l'intérieur, elle est visible pour l'observateur qui analyse des faits et qui cherche les caractéristiques générales d'une espèce vivante, une « normalité » exprimée par une moyenne statistique. Et si une autorité fixe une norme biologique (pensons aux théories eugénistes), la normalité laisse alors place à la normativité et la norme biologique disparaît derrière la norme imposée.
La norme qui dit ce qui doit avoir lieu s'oppose ainsi à celle qui dit ce qui a lieu le plus souvent : la première est prescriptive et la seconde descriptive ; la première dénote le devoir, la seconde est commandée par le fait.
Mais la distinction n'est pas toujours aussi nette entre le devoir et le fait. Le domaine de la langue nous en offre une première illustration. Une norme grammaticale a sa source dans un usage de la langue, mais elle devient une norme lorsque, à partir d'un critère de valeur, on l'impose comme étant le bon usage. Dans un autre domaine, une norme culturelle résulte d'une tradition socialement acceptée, et l'héritage de cette acceptation la transforme en norme qui s'impose à toute la société. Dans le domaine juridique, le plus généralement l'usage précède la norme imposée, et une modification dans la façon de ressentir les droits et les devoirs conduit à une évolution de la loi. Mais ces articulations n'effacent pas une différence fondamentale entre les normes imposées - les lois humaines - et celles qui se dégagent des faits - les lois de la nature. Le respect et la transgression sont inhérentes aux premières, mais impensables par définition vis-à-vis des secondes.
Programme
14h00 : Table ronde
Participants :
Jean-Yves Chérot, droit
Laure Verdon, histoire
Pierre Livet, philosophie
Jean Gaudart, épidémiologie
Odina Benoist, anthropologie
Thierry Masson, métrologie
18h00 : Fin
Contact : sandrine.alligier@univ-amu.fr
Séminaire Inter+sections