Présentation
L'histoire des Empires connaît un engouement récent qui a fait émerger un champ spécifique, « l'impériologie ». En revanche, la question de l'« impérialité », c'est-à-dire de l'Empire comme horizon des possibles, n'a pas bénéficié d'une approche complète. Or, comme l'ont montré de récentes études, le succès de l'idéologie impériale se mesure aussi à sa marque dans des monarchies non impériales (France, Sicile, Angleterre, Castille, Etats pontificaux...).
Le programme Imperialiter vise donc à mener de manière exhaustive l'étude des « pseudo-empires » chrétiens au Moyen Age et à l'époque moderne.
Le programme se décline en plusieurs interrogations majeures : l'impérialité est-elle un slogan mobilisateur ou un opérateur juridique qui ferait naître des notions effectives (souveraineté, lèse-majesté) ? Renvoie-t-elle à un système administratif et politique propre, ou est-elle un réservoir de références, d'images, de rituels liés au souverain, dont toute construction politique peut s'emparer pour masquer un ordre nouveau sous les oripeaux d'un ordre ancien ? On cherchera ainsi à mettre au jour la créativité politique des époques médiévale et moderne par le biais des processus d'adaptation du modèle impérial, lesquels lui permirent de se rendre compatible avec la féodalité comme avec la monarchie absolue.
Le roi et l'église
Les relations que chaque souverain entretient avec l'Eglise comme avec “son” Eglise apparaissent au cœur de la dynamique impériale des constructions politiques chrétiennes, et expriment une “impérialité seconde” profondément enracinée dans les exemples bibliques et historiques, ceux de David, du couple Moïse / Aaron, de Constantin, de Théodose, de Justinien, à la fois dans l'emprise du souverain sur le système religieux et dans sa soumission à ses prêtres. Il s'agit donc ici d'explorer les diverses formes de relations qui lièrent la royauté et la structure ecclésiastique depuis que la rupture induite par la lutte entre le Sacerdoce et l'Empire eut permis la migration de l'idéologie impériale et de son modèle théologico-politique depuis l'Empire réel jusqu'aux royaumes. On ne pourra, dans ce cadre, faire l'économie d'une approche séparée de la monarchie pontificale, qui produisit une forme spécifique de l'impérialité.
Comité scientifique : Annick Peters-Custot, Université de Nantes, Fulvio Delle Donne, Università della Basilicata, Yann Lignereux, Université de Nantes, Francesco Panarelli, Université de la Basilicate et Bernardo J. García García, Casa de Velázquez
Programme
Lundi 16 Octobre
14h00 : Salutations
Catherine Virlouvet, directrice de l'Ecole française de Rome
Introduction
Royaume de Dieu et Empire des hommes
Corinne Leveleux-Teixeira, Université d'Orléans
Annick Peters-Custot (Université de Nantes, CRHIA)
Le roi comme chef de son église
Présidence : Hélène Sirantoine, Université de Sydney
15h00 : Tyrannus-Rex-Imperator : i sovrani normanno-svevi e la Chiesa del Regno di Sicilia
Francesco Panarelli, Université de la Basilicate
Pause
Les « Consultas » et la gestion des cultes locaux entre junta et papauté dans l'Espagne de Charles Quint et Philippe II
Sylvène Edouard, Université Lyon 3, LARHRA
La provvista beneficiaria negli stati dell'Italia centro-settentrionale nel Rinascimento
Giorgio Chittolini, Université de Milan
Discussions
18h00 : Fin de la journée
Mardi 17 Octobre
Le souverain et la chrétienté universelle
Présidence : Benoît Grévin, CNRS, LAMOP
9h00 : De l'alliance à l'étreinte mortelle. Les Capétiens et la théocratie pontificale, mi XIIe - début du XIVe siècle
Julien Théry, Université de Lyon 2, CIHAM
The identity of the Catholic Monarchs as Defensor Fidei and Defensor Ecclesiae
Bernardo J. Garcia Garcia, Universidad Complutense, Madrid
Pause
Alfonso il Magnanimo : tra politica papale e aspirazioni imperiali
Fulvio Delle Donne, Université de la Basilicate
Henry VIII and the royal supremacy
George Bernard, Université de Southampton
Discussions
13h00 : Pause-déjeuner
La pénitence du souverain : La soumission du roi à l'église sont-elles des attitudes impériales ?
Présidence : Yann Lignereux, Université de Nantes
15h00 : Demande de pardon et pénitence impériales, le moment tardo-antique (379-565)
Philippe Blaudeau, Université d'Angers, CERHIO
Résistances et actes de soumission des rois d'Angleterre aux souverains pontifes, de Guillaume Ier à Jean sans Terre 1066-1216
Fanny Madeline, Fondation Thiers
Discussions
17h30 : Fin de la journée
Mercredi 18 Octobre
Le pape verus imperator ?
Présidence : Paul Cohen, Université de Toronto
Alle origini della “imperializzazione” del papato (secc. XI-XII)
Nicolangelo D'Acunto, Università Cattolica del Sacro Cuore, Milano-Brescia
9h00 : “Il vero imperatore è il papa”: pratiche e linguaggi del papato Duecentesco
Pietro Silanos, Università Cattolica del Sacro Cuore, Milano-Brescia
Pause
Humiliter ou humiliariter ? Déposition et abdication des papes comme offenses à l'impérialité (1394-1417)
Bénédicte Sère (Université Paris-Nanterre, CHISCO)
Discussions
13h00 : Pause-déjeuner
14h30 : Séminaire : Les catégories du droit
Présidence : Guido Braun, Universität Bonn
Accueil – introduction
Il “re imperatore”. Elementi giuridico-politici nella costruzione della legittimità monarchica aragonese
Guido Cappelli, Università di Napoli « l'Orientale »
Nullum temporalem superiorem recognoscens, quocumque imperatore regnante : la royauté française, l'Empire et le droit romain. Le point sur la question
Julien Théry, Université de Lyon 2
Pause
La question de l'apport du droit romain à la construction de la paix royale dans le royaume de France à l'époque des derniers Capétiens directs
Vincent Martin, Université de Rouen
La légitimité de l'empire et sa sanction au Moyen Age
Laurent Waelkens, Université de Leuven
Discussions
18h00 : Fin de la journée
Jeudi 19 Octobre
9h30 à 13h00 : Discussions sur l'organisation de la suite du programme
Contatti : Ecole française de Rome - Fabrice Jesné, Directeur des études, Epoques moderne et contemporaine - Claire Challéat, Assistante scientifique, Epoques moderne et contemporaine
Organisé par Annick Peters-Custot, Université de Nantes en collaboration avec la Casa de Velázquez, dans le cadre du réseau des Ecoles françaises à l'étranger