JCP.G N°20-21 du 2020-05-17 22:00:00
Poitiers - De la vie d’une faculté en temps de guerre... sanitaireDidier Veillon, doyen de la faculté de droit et des sciences sociales de Poitiers
"Nous sommes en temps de guerre", a déclaré le président de la République le 16 mars dernier lors de son allocution annonçant aux Français le début du confinement, même si le terme n’a pas été alors utilisé par le chef de l’État. Celui-ci fit en revanche de larges emprunts au langage militaire, évoquant entre autres un ennemi invisible, insaisissable, requérant « notre mobilisation générale ». De fait, celle-ci s’est produite sous différentes formes au sein des facultés de droit. À Poitiers, comme partout ailleurs sur le territoire national, la communauté enseignante, soutenue par le personnel administratif, a déployé une formidable énergie en vue d’assurer « la continuité pédagogique », pour reprendre une formule dorénavant consacrée. À cette fin, nous avons eu recours à plusieurs supports techniques dont la nature fut déterminée par notre volonté de faire en sorte que tous les étudiants puissent accéder de manière satisfaisante au contenu des cours et travaux dirigés. En cela, nous n’osons imaginer quelle eût été la situation de nos établissements face une telle pandémie il y a seulement un quart de siècle alors qu’internet était encore à ses balbutiements ! Pour autant, les ressources numériques dont nous disposons aujourd’hui ne sauraient être la panacée ; leur usage massif est aussi très révélateur des limites de l’exercice et laisse apparaître en creux les avantages du bon vieil enseignement en présentiel ! Dans le même ordre d’idées, le tout-distanciel ne peut devenir le mantra dans l’organisation des examens, et ce en raison de la fracture numérique affectant un nombre significatif d’étudiants. Aussi avons-nous choisi de privilégier le contrôle continu dans les matières fondamentales, tout en mettant en place par ailleurs des oraux en visioconférence et certaines épreuves écrites à distance quand cela s’avérait indispensable. Il convient en effet de savoir s’adapter pour gagner une guerre !