Rym Talhouk, Comprendre le contrat social en Algérie à travers le dilemme de la réforme des subventions sociales aux produits de base , thèse en cours depuis 2023
Youssef Sharaf, Entre les magnats des affaires et l’armée, thèse en cours depuis 2023
Au-delà des analyses classiques de l’autoritarisme dans le monde arabe, ce travail propose plutôt une compréhension plus profonde de la réalité de l’État égyptien et du fonctionnement – ni entièrement externalisé, ni entièrement bureaucratisé – de sa haute administration publique à partir des années 1990. La focale d’analyse est placée sur les institutions de l’État égyptien en termes de modes de fonctionnement intérieur, et de contours sociologiques des cercles d’élites, afin de comprendre comment les politiques publiques peuvent être appréhendées comme résultantes d’interactions configurationnelles dans un contexte autoritaire hallucinant. Ce dernier est pourtant marqué par une hybridation et une imbrication de multiples phénomènes : la bureaucratisation, l’expertise et l’efficacité, l’extraversion, le libéralisme économique contrôlé, et le corporatisme.
Mariam Ghafir, Administrer les politiques de Planning Familial en Egypte depuis la Conférence Internationale pour la Population et le Développement , thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Ilana Eloit
Anis Cherif-Alami, Des métamorphoses de la pauvreté et de la misère dans le Liban en crise. Une enquête dans les quartiers de Hay el-Sellom et de Karm el-Zeitoun dans le Grand Beyrouth, thèse en cours depuis 2020 en co-direction avec Myriam Catusse
Zelie Jobert, Masculinité(s) négociée(s) , thèse en cours depuis 2020
Floriane Soulié, Militer au féminin pendant la guerre civile libanaise (1975-1990). Des engagements féminins dans les branches armées des Phalanges et des forces libanaises., thèse en cours depuis 2019
Abdoul Malick Ba, Le numérique universitaire africain, entre injonctions internationales et contraintes d'appropriation : le cas du Sénégal, thèse soutenue en 2022 à Paris 1 sous la direction de Jérôme Valluy, membres du jury : Papa Samba Ndiaye (Rapp.), Alain Kiyindou (Rapp.), Marie-Émmanuelle Pommerolle et Luc Massou
Quand on se réfère au lourd passé du numérique universitaire en Afrique, on peut constater que les dynamiques d’appropriation aussi essentielles soient-elles, ne sont pas souvent associées au discours politiques et institutionnels. Pourtant, beaucoup d’organisations internationales à l’image de la BM et de l’UNESCO continuent de promouvoir le numérique, associé tantôt à des fins économiques tantôt à des aspirations démocratiques, sans s’interroger sur les véritables conditions sociales culturelles et pédagogiques des acteurs concernés. Les réformes sur l’enseignement et la recherche supportées par les TIC s’inscrivent dans une perspective globale où de l’extérieur comme de l’intérieur, de fortes tendances convergent vers l’idée d’une modernisation de l’Université et de son amélioration. Cet ordre ne manque pas de rappeler le vieux souvenir de l’échec qu’aura connu l’Université Virtuelle Africaine. Ainsi, au Sénégal, bien que le numérique ne fasse pas l’objet d’un rejet, son utilisation dans l’enseignement et les problématiques qu’il suppose relativement à la recherche, conduisent à relativiser sa portée pédagogique et épistémique. Devant les nombreuses difficultés d’usages liées à des facteurs aussi bien techniques que socio-culturels et l’apparent besoin d’appropriation qu’expriment les apprenants inscrits en enseignement à distance, il y a lieu de s’interroger sur les politiques entreprises dans ce sens. C’est à cette tâche que se consacre cette thèse. L’objectif n’est pas de démontrer que le système de l’enseignement supérieur sénégalais devrait par principe repousser le numérique que nous utilisons tous désormais, ou s’il devrait l’accepter par évidence. Il s’agit plutôt d’attirer l’attention sur la dimension idéologique du numérique universitaire et les différentes formes objectives d’appropriation locale auxquelles donne lieu son intégration dans des contextes spécifiques. Cela devrait permettre de mieux mettre en exergue le besoin crucial de ne pas céder aux injonctions internationales portées par un discours néolibéral orienté vers les gains économiques des TIC, mais d’être plus attentif d’une part, aux actions et réactions des acteurs concernés spécifiquement et d’autre part, à leurs ressources et capacités d’appropriation.
Sara Benjelloun, Diplomatie migratoire du Maroc : la nouvelle politique migratoire ou la formation d'une politique publique engagée pour soutenir la politique étrangère du Maroc, thèse soutenue en 2019 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Jean-Noël Ferrié, membres du jury : Christian Lequesne (Rapp.), Mehdi Alioua (Rapp.), Constantin Hruschka et Sylvie Saroléa
Cette thèse s’intéresse à la politique migratoire du Maroc. En mobilisant les outils d’analyse des politiques publiques, des politiques étrangères et des relations internationales, il s’agit de montrer dans quelle mesure les différentes politiques marocaines à l’égard des migrations répondent davantage à des considérations géopolitiques qu’à des préoccupations internes et comment celles-ci sont construites de manière à soutenir la politique étrangère du Maroc.Une attention particulière est consacrée à la politique d’immigration et d’asile initiée en septembre 2013 qui marque un tournant majeur dans la conception que se fait le Maroc des migrations, de lui-même et de son rôle en la matière. Celle-ci traduit en effet le changement de profil migratoire revendiqué par les autorités : le Maroc se conçoit désormais comme pays d’immigration et de destination et non plus seulement de transit et d’émigration. Ce nouveau positionnement s’est accompagné par l’annonce de larges mesures visant l’accueil et l’intégration effective des étrangers en situation irrégulière qui ont jusque-là été considérés comme des menaces et gérés de manière exclusivement sécuritaire.L’évolution récente de la politique marocaine à l’égard de l’immigration reflète le passage d’un agenda réactif principalement guidé par l’UE à une réponse beaucoup plus proactive et réfléchie en adéquation avec les priorités internationales du Maroc, notamment avec sa volonté à constituer une puissance structurelle en Afrique, à approfondir ses relations avec l’UE et enfin à s’imposer en médiateur régional, continental et mondial dans les différents système de gouvernement des migrations auxquels il appartient.Cependant, la conduite de cette diplomatie des migrations est fragile puisqu’elle tente de faire tenir ensemble des intérêts difficilement compatibles. Tout au long des chapitres de cette thèse, il s’agira donc d’identifier les stratégies et les contres-conduites menées par le Maroc dans la mise en œuvre de cette politique. Il s’agira également de montrer dans quelle mesure la migration est perçue et utilisée par les acteurs marocains en tant que ressource économique mais aussi et surtout politique.Ce travail interroge les politiques publiques destinées à des « clients » étrangers et apporte une contribution à l’étude de la formation des politiques migratoires dites « ouvertes ».
Mehdi Labzaé, "La Terre est au Gouvernement" : droits fonciers, encadrement bureaucratique et conflictualité politique dans deux périphéries éthiopiennes., thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Johanna Siméant-Germanos, membres du jury : Jay Rowell (Rapp.), Jacobo Grajales Lopez (Rapp.), Sabine Planel
Comment se déploie le pouvoir dans les périphéries d’un État dit autoritaire ? À partir d’une ethnographie menée entre 2013 et 2019 dans deux régions de basses terres éthiopiennes, cette thèse complète les études de sociogenèse de l’État sur le temps long pour restituer par l’ethnographie les dynamiques contemporaines de formation de l’État. Des paysans, sélectionnés sur la base de leur appartenance identitaire réifiée, sont expropriés violemment par l’État pour attribuer leurs terres à des investisseurs. Des fonctionnaires procèdent à leur autocritique devant des cadres partisans qui détermineront de la poursuite de leur carrière, voire de leur maintien en liberté. Non loin de ces cadres partisans, des expatriés occidentaux installés dans les mêmes bâtiments co-conçoivent et financent les programmes qui mènent à l’expropriation des paysans pré-cités. Des combats meurtriers dans les campagnes empêchent les fonctionnaires de mener à bien les relevés de terrain prévus dans le cadre de ces programmes. De longues réunions permettent cependant aux agents de l’État de vanter les bienfaits de la formalisation des droits fonciers aux paysans, et d’appeler au travail commun pour le développement. Cette thèse articule ces phénomènes, tous liés à la mise en place d’un cadastre au Bénishangul-Gumuz et à Gambella, pour saisir certaines des dynamiques de l’exercice du pouvoir d’État au concret. Depuis ces espaces intégrés sur le tard à l’ensemble éthiopien et marqués par la prédation et la violence d’État, l’étude ethnographique propose une compréhension du déploiement de l’État, en analysant la mise en marché de la ressource foncière, les formes de conflictualité politique et les dynamiques de légitimation du régime, notamment internationales, qui en découlent.
Layla Baamara, La contestation institutionnalisée , thèse soutenue en 2017 à AixMarseille sous la direction de Philippe Aldrin
À rebours des lectures fonctionnalistes et du rôle de « façade démocratique » souvent prêté aux partis d’opposition en contexte autoritaire, cette thèse étudie les logiques endogènes et exogènes des processus d’institutionnalisation de la contestation en Algérie. À partir d’une enquête menée entre 2009 et 2013 auprès de militants et dirigeants du FFS à Alger, Béjaïa et Tizi-Ouzou, ce travail éclaire à la fois les luttes et les conflits qui fragilisent l’organisation et les processus de (re)production du lien partisan qui favorisent sa perpétuation. Fondé au lendemain de l’indépendance de l’Algérie et communément qualifié de « plus vieux parti d’opposition », le Front des forces socialistes (FFS) se maintient depuis plus de cinquante ans. Contraint d’opérer dans la clandestinité sous le régime de parti unique (1962-1989), ce parti a été légalisé après l’adoption du pluralisme partisan en 1989. Depuis lors, il participe – bien que de manière variable – à la compétition politique. En explorant les pratiques partisanes oppositionnelles au concret avec une approche relationnelle, la thèse analyse comment la trajectoire du FFS s’inscrit à la fois dans l’espace protestataire et dans l’espace politique institutionnel. Elle questionne les tensions et les mises à l’épreuve que génère cette double inscription et montre ainsi comment une organisation partisane se perpétue en restant dans l’opposition dans des configurations de pouvoir ne permettant pas l’alternance
Layla Baamara, La contestation institutionnalisée, thèse soutenue en 2017 sous la direction de Philippe Aldrin, membres du jury : Nicolas Bué (Rapp.), Élise Massicard (Rapp.), Julien Fretel et Myriam Catusse
À rebours des lectures fonctionnalistes et du rôle de « façade démocratique » souvent prêté aux partis d’opposition en contexte autoritaire, cette thèse étudie les logiques endogènes et exogènes des processus d’institutionnalisation de la contestation en Algérie. À partir d’une enquête menée entre 2009 et 2013 auprès de militants et dirigeants du FFS à Alger, Béjaïa et Tizi-Ouzou, ce travail éclaire à la fois les luttes et les conflits qui fragilisent l’organisation et les processus de (re)production du lien partisan qui favorisent sa perpétuation. Fondé au lendemain de l’indépendance de l’Algérie et communément qualifié de « plus vieux parti d’opposition », le Front des forces socialistes (FFS) se maintient depuis plus de cinquante ans. Contraint d’opérer dans la clandestinité sous le régime de parti unique (1962-1989), ce parti a été légalisé après l’adoption du pluralisme partisan en 1989. Depuis lors, il participe – bien que de manière variable – à la compétition politique. En explorant les pratiques partisanes oppositionnelles au concret avec une approche relationnelle, la thèse analyse comment la trajectoire du FFS s’inscrit à la fois dans l’espace protestataire et dans l’espace politique institutionnel. Elle questionne les tensions et les mises à l’épreuve que génère cette double inscription et montre ainsi comment une organisation partisane se perpétue en restant dans l’opposition dans des configurations de pouvoir ne permettant pas l’alternance
Mehdi Kamal Benslimane, Presse "indépendante" et pouvoir , thèse soutenue en 2015 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Jean-Noël Ferrié
Fondé en 1997 par de jeunes économistes-financiers, à l’aube de l’expérience d’alternance consensuelle au Maroc et la fin du règne d’Hassan II (1961-1999), Le Journal (LJ ci-après) est considéré comme l’emblème de la presse dite indépendante de cette époque. En trouvant un rayonnement à l’étranger, son influence et sa visibilité vont au-delà des élites du Maroc. Les transformations survenues néanmoins sur la ligne éditoriale de cet hebdomadaire francophone, jugée critique vis-à-vis du Pouvoir par l’audace de ses dossiers et couvertures (monarchie, gouvernance, droits de l’Homme), donnent lieu à des crises de différente nature (procès, boycott publicitaire, gestion interne, etc.) qui débouchent sur sa fermeture par les autorités en janvier 2010, sous le règne de Mohammed VI, après une « vie » dense empreinte de rapports tantôt positifs tantôt négatifs avec le Pouvoir. Au lieu de proposer une seule perspective dans l’étude du LJ, cette recherche espère relever le défi d’offrir trois perspectives qui se complètent : par l’analyse de l’environnement externe du LJ (partie I), par l’étude de son pouvoir d’influence (partie II), et enfin par l’analyse de son environnement interne (partie III). La première partie part d’une énigme simple celle de savoir comment on peut passer au niveau des rapports sociaux (ici entre journalistes et politiques) de situations dans lesquelles on est plus ou moins « bien » entendu à des situations de « mal » entendu. À partir du concept de malentendu (V. Jankélévitch), nous verrons ainsi comment Le Journal, d’abord « bien-entendu », devient, au fil du temps, un titre « mal » entendu, à la fois par ses supporters et par ses adversaires. Si le concept de « bien-entendu » rend compte de ce qui a fait l’originalité et le succès du LJ, comme projet d’innovation, dans un contexte historique marqué par la libéralisation politique ; le malentendu lui est un malentendu d’ordre politique qui porte sur les représentations différentes qu’ont les journalistes et les Politiques de la « transition démocratique », leurs appréciations divergentes de la situation politique au Maroc ainsi que sur le rôle que la presse est censée jouer dans de pareils contextes. La deuxième partie, qui est peut-être l'originalité de ce travail, questionne le pouvoir d'influence des médias (du Journal) à travers les concepts de « compétence » journalistique (comme pouvoir adaptatif aux situations nouvelles), de « l’étiquette d’indépendance » (ce qu’elle permet en termes de visibilité/crédibilité) et enfin de « leadership médiatique » de l’éditorialiste et directeur de publication du LJ. Et elle entend souligner leur interdépendance. Enfin, la dernière partie, concernant la vie interne du LJ, s’appuie sur les acquis des sociologies du journalisme, de l’engagement-désengagement, du loyalisme et de la défection, pour interroger ce qui a amené des journalistes à « entrer », à « rester » et à « partir » du Journal. L’exit nous renvoie encore une fois, dans une espèce de boucle, au malentendu et nous conduit à défendre la thèse selon laquelle Le Journal a été, à son corps défendant, le promoteur du trône. Si cette entreprise de recherche a l’ambition d’être une « psycho-socio-anthropologie historique du journalisme politique », elle en appelle également à une libération épistémo-méthodo-logique.
Mehdi Kamal Benslimane, Presse "indépendante" et pouvoir, thèse soutenue en 2015 sous la direction de Jean-Noël Ferrié, membres du jury : Baudouin Dupret (Rapp.), Abdallah Saaf (Rapp.), Zakaria Rhani
Fondé en 1997 par de jeunes économistes-financiers, à l’aube de l’expérience d’alternance consensuelle au Maroc et la fin du règne d’Hassan II (1961-1999), Le Journal (LJ ci-après) est considéré comme l’emblème de la presse dite indépendante de cette époque. En trouvant un rayonnement à l’étranger, son influence et sa visibilité vont au-delà des élites du Maroc. Les transformations survenues néanmoins sur la ligne éditoriale de cet hebdomadaire francophone, jugée critique vis-à-vis du Pouvoir par l’audace de ses dossiers et couvertures (monarchie, gouvernance, droits de l’Homme), donnent lieu à des crises de différente nature (procès, boycott publicitaire, gestion interne, etc.) qui débouchent sur sa fermeture par les autorités en janvier 2010, sous le règne de Mohammed VI, après une « vie » dense empreinte de rapports tantôt positifs tantôt négatifs avec le Pouvoir. Au lieu de proposer une seule perspective dans l’étude du LJ, cette recherche espère relever le défi d’offrir trois perspectives qui se complètent : par l’analyse de l’environnement externe du LJ (partie I), par l’étude de son pouvoir d’influence (partie II), et enfin par l’analyse de son environnement interne (partie III). La première partie part d’une énigme simple celle de savoir comment on peut passer au niveau des rapports sociaux (ici entre journalistes et politiques) de situations dans lesquelles on est plus ou moins « bien » entendu à des situations de « mal » entendu. À partir du concept de malentendu (V. Jankélévitch), nous verrons ainsi comment Le Journal, d’abord « bien-entendu », devient, au fil du temps, un titre « mal » entendu, à la fois par ses supporters et par ses adversaires. Si le concept de « bien-entendu » rend compte de ce qui a fait l’originalité et le succès du LJ, comme projet d’innovation, dans un contexte historique marqué par la libéralisation politique ; le malentendu lui est un malentendu d’ordre politique qui porte sur les représentations différentes qu’ont les journalistes et les Politiques de la « transition démocratique », leurs appréciations divergentes de la situation politique au Maroc ainsi que sur le rôle que la presse est censée jouer dans de pareils contextes. La deuxième partie, qui est peut-être l'originalité de ce travail, questionne le pouvoir d'influence des médias (du Journal) à travers les concepts de « compétence » journalistique (comme pouvoir adaptatif aux situations nouvelles), de « l’étiquette d’indépendance » (ce qu’elle permet en termes de visibilité/crédibilité) et enfin de « leadership médiatique » de l’éditorialiste et directeur de publication du LJ. Et elle entend souligner leur interdépendance. Enfin, la dernière partie, concernant la vie interne du LJ, s’appuie sur les acquis des sociologies du journalisme, de l’engagement-désengagement, du loyalisme et de la défection, pour interroger ce qui a amené des journalistes à « entrer », à « rester » et à « partir » du Journal. L’exit nous renvoie encore une fois, dans une espèce de boucle, au malentendu et nous conduit à défendre la thèse selon laquelle Le Journal a été, à son corps défendant, le promoteur du trône. Si cette entreprise de recherche a l’ambition d’être une « psycho-socio-anthropologie historique du journalisme politique », elle en appelle également à une libération épistémo-méthodo-logique.
Antoinette Ferrand, Définir le juste milieu : histoire du concept de « classe moyenne » dans l'Égypte de Nasser (1952-1970), thèse soutenue en 2024 à Sorbonne université sous la direction de Catherine Mayeur-Jaouen, membres du jury : Chihab El Khachab (Rapp.), Philippe Pétriat et Malak Labīb
Cette thèse présente l’histoire du concept arabe de « classe moyenne » (al-ṭabaqa al-wusṭā ou al-ṭabaqa al-mutawassiṭa) dans l’Égypte de Nasser (1952-1970). En choisissant d’analyser les connotations de ce terme et ses usages, en arabe, par les dirigeants, intellectuels et sociologues égyptiens de l’époque, ce travail fait un pas de côté vis-à-vis de l’historiographie générale qui a vu dans les deux décennies nassériennes l’époque triomphale de la « classe moyenne » tout en la définissant de l’extérieur. Il s’agit de dé-fétichiser ce syntagme dont la teneur ne cesse d’évoluer en Égypte et de rendre compte du travail de définition et de correction ainsi que de la lutte symbolique dont est issu le concept de « classe moyenne » dans les années 1950 et 1960. Outil narratif nationaliste, il devient un indicateur statistique et sociologique de développement autour duquel l’État nassérien pense son destin national. Étudier le millefeuille d’influences philosophiques et économiques occidentales autant que nationales que constitue le concept de « classe moyenne » contribue ainsi à réenvisager l’histoire de l’Égypte à l’époque de Nasser, des aspirations de ses dirigeants et de celles de sa population, à l’ère du développement.
Emmanuelle David, Une prime à l’engagement : prescrire le féminisme dans le travail artistique au Maroc, thèse soutenue en 2023 à Bordeaux sous la direction de Yves Déloye et Mounia Bennani-Chraïbi, membres du jury : Romain Lecler (Rapp.), Leyla Dakhli, Karim Hammou et Éléonore Lépinard
Comment le projet collectif du féminisme se déploie-t-il à l’extérieur des mondes militants ? Si de plus en plus de travaux mettent l’accent sur la professionnalisation du militantisme féministe, les tensions engendrées par l’importation de la cause dans des milieux du travail hiérarchisés et organisés selon des logiques marchandes restent peu investiguées. La sociologie de l’engagement militant au travail, pour éclairante qu’elle soit, laisse de côté l’étude des rapports de pouvoir qui se jouent entre des acteurs possédant un accès inégal aux ressources et situés à différents niveaux de hiérarchie. A partir d’une enquête qualitative menée entre 2016 et 2019 au sein des mondes de l’art contemporain au Maroc, la thèse propose de restituer les tensions liées à l’appropriation des savoirs, des discours et des pratiques féministes à l’intérieur d’un monde de l’art marqué par sa dimension fortement internationalisée. Pour comprendre ces processus, on propose ici la notion de « prime à l’engagement » qui désigne un ensemble d’incitations matérielles ou symboliques émises par certains acteurs à destination des artistes afin que ceux-ci fassent la démonstration de leur position militante. Envisagée comme un accélérateur de carrière plus que comme une injonction, la prime peut revêtir un aspect racialisé invitant les plasticiennes marocaines à dénoncer un « patriarcat arabe ». Ses effets incitatifs sur les pratiques des artistes sont renforcés par la dimension conceptuelle caractéristique de l’art contemporain.La thèse examine d’abord l’émergence, à la fin des années 1990, de centres d’art à but non lucratif financés par des bailleurs internationaux, plaçant les directrices des centres d’art en exécutrices indirectes de leurs prescriptions, et la manière dont, tout en rejetant les prescriptions des bailleurs, ces « professionnelles de la coopération artistique » ont pris part à la valorisation des savoirs féministes dans le discours conceptuel des artistes. On comprend ainsi que, dans un contexte de forte segmentation internationale du marché artistique, les plasticiennes marocaines, qui perçoivent ces incitations comme racialisées, adoptent des stratégies diverses ancrées dans leurs propres trajectoires, tout en valorisant un idéal professionnel orienté vers l’universel. Plus éloignés du cœur des projets artistiques, des acteurs domestiques divers liés à l’État et au marché de l’art valorisent au contraire un féminisme d’État ou ancré dans des logiques entrepreneuriales relativement peu contraignantes. On analyse enfin le rôle fondamental d’acteurs étrangers (médias, bailleurs de fonds du développement) dans la diffusion d’un idéal de l’artiste « briseuse de tabous » ancré dans le gender mainstreaming et compatible avec les objectifs du développement. La thèse contribue ainsi à une sociologie de l’appropriation du féminisme à l’intérieur de mondes du travail transnationaux.
Kévin Del Vecchio, Des eaux souterraines sous pression : une analyse des recompositions sélectives de l'action publique et de l'Etat au Maroc., thèse soutenue en 2023 à Lyon 2 sous la direction de Gilles Massardier, membres du jury : Myriam Catusse (Rapp.), Gwenola Le Naour, Sylvain Barone et Pierre-Louis Mayaux
Cette recherche interroge les changements de la politique de gestion des eaux souterraines à partir des nouveaux objectifs de préservation de ces eaux, qui s’opposent en partie à un paradigme aménagiste historique (contrats de nappe du Saïss et du Tadla principalement). L’analyse de leur mise en œuvre a pour ambition plus large de préciser les termes du débat sur les recompositions de l’interventionnisme étatique marocain. L’intérêt de ce travail est donc d’enrichir les travaux sur l’État au Maroc à partir de l’entrée, encore peu empruntée, de la sociologie de l’action publique. Elle insiste sur le rôle des permanences institutionnelles tout en prenant en compte la superposition de nouveaux éléments d’action publique (organisations, procédures, instruments). La thèse conclut à une transition paradigmatique différenciée selon les secteurs (Eau et Agriculture), ces divergences limitant la portée du changement des modes de fabrique de la politique de l’eau. Ce travail démontre également que les modes d’intervention de l’État, qui reste l’acteur central de la production de l’action publique, sont désormais moins directifs et plus sélectifs. La notion d’ « interventionnisme sélectif » permet de mieux comprendre les recompositions de l’État au Maroc, en mettant en lumière les processus de sélection des producteurs, des cibles et des objectifs de l’action publique. Malgré ces recompositions, le développementalisme hydro-agricole perdure, bien que remanié, et s’inscrit dans un processus d’entretien, par les gouvernants, d’une base sociale rurale sur laquelle repose en partie la légitimité du régime politique.
Sarah Daoud, Au nom de la sécurité nationale : l'activité de négociation des services de renseignement égyptiens dans le "dossier palestinien", thèse soutenue en 2022 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Guillaume Devin, membres du jury : Laetitia Bucaille (Rapp.), Laurent Bonelli
Depuis la « division » (inqisām) ou le « coup » (inqilāb), suite à la victoire législative du parti islamiste palestinien Hamas et sa prise de contrôle de la bande de Gaza en 2007, les factions politiques palestiniennes, le Hamas et le Fatah principalement, ont multiplié les rencontres et accords en vue de leur réconciliation. En parallèle, des négociations d’apaisement (tahdi’a) sont en cours pour instaurer un cessez-le-feu de long terme dans la bande de Gaza. Ces deux processus imbriqués font intervenir un acteur tiers, les services de renseignement généraux égyptiens, qui endossent un rôle de « médiateur-partenaire » dans ces négociations. En réalité, le « dossier palestinien » constitue l’un des portefeuilles de l’appareil sécuritaire égyptien depuis sa création dans les années 1950; on constate une recrudescence de leur activité de négociation dans ce dossier depuis le déclenchement de la deuxième Intifada au début des années 2000. En raison du statut et des fonctions des officiers de renseignement égyptiens mais aussi de leur longévité dans la gestion du « dossier palestinien » - les négociateurs palestiniens et égyptiens ont en effet développé des relations interpersonnelles lesquelles ont des effets relatifs sur l’évolution des négociations- ces derniers ont recours à des techniques de négociation qui mêlent des méthodes classiques à la subversion.Cette thèse entend éclairer les dynamiques d’hybridité de ces négociations en analysant les rapports de force entre négociateurs, mais aussi leurs profils, trajectoires et pratiques afin de comprendre l’évolution des processus de réconciliation intra-palestinienne et d’apaisement dans la bande de Gaza. Ce travail a également pour but de décentrer la focale en privilégiant un prisme de « proximité » pour étudier les dynamiques intérieures palestiniennes.
Sophie Russo, The arts of order : protecting trade and containing violence in Karachi's old city bazaars, thèse soutenue en 2022 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Gilles Favarel-Garrigues et Laurent Gayer, membres du jury : Lucia Michelutti (Rapp.), Matias Dewey et Sobia Ahmad Kaker
Si les opportunités de faire des profits sont nombreuses sur les marchés de gros de Karachi, il s’agit aussi d’un environnement commercial risqué. Depuis la fin des années 1980 jusqu'en 2016, les commerçants ont été les cibles privilégiées des groupes criminels. Les menaces sont également endogènes aux marchés, car de nombreuses transactions sont effectuées à crédit et les défauts de paiement sont courants. Enfin, le fait que les commerçants s'adonnent à des pratiques illégales les expose à la répression de l'État. Cette thèse interroge comment les commerçants atténuent l'incertitude liée à leur activité, en accordant une attention particulière aux pratiques des dirigeants des associations de marché. Elle s'appuie sur neuf mois de terrain ethnographique menés sur les marchés de gros de Karachi entre 2018 et 2021. Cette recherche met en évidence qu’étant donné qu'ils évoluent dans un environnement urbain potentiellement dangereux, les commerçants œuvrent à résoudre leurs problèmes sans alimenter les conflits existants. L'ordre n'est donc pas maintenu par la violence, mais par des pratiques plus subtiles comme pardonner, garder des secrets, taire le mécontentement, maintenir les apparences, capituler et, occasionnellement, par des démonstrations de force maitrisées. Je conceptualise cet ensemble de pratiques comme des "arts de l'ordre", car ils nécessitent la mise en scène de performances, la maîtrise de compétences et une adaptation créative. Je soutiens qu'il s'agit de moyens précaires de résoudre les problèmes des commerçants, car nombre d'entre eux vivent dans un état d'incertitude chronique et l'ordre économique reste instable sur les marchés de Karachi.
Mayada Madbouly, Au delà de la complainte : sociologie des constructions mémorielles nubiennes en Égypte, thèse soutenue en 2022 à Paris 10 sous la direction de Pascale Laborier et Dina El Khawaga, membres du jury : Choukri Hmed (Rapp.), Michèle Baussant et Hisham D. Aidi
À la croisée de la sociologie de la mémoire et la sociologie de l’action collective, cette thèse analyse les différentes façons d’évocation du passé et d’engagement pour ou par la mémoire. En mettant l’accent sur les constructions mémorielles nubiennes en Égypte post-indépendance, cette thèse explore comment les rapports au passé et à la communauté fluctuent dans un contexte politique en changement. Cette thèse démontre que l’évocation du passé et de ses images va au-delà de la complainte (rithâ’) et montre qu’il existe diverses formes du « faire mémoire ». Les associations nubiennes (gam‘iyât) fondées dans les villes depuis le XXe siècle d’un côté, les militants d’un autre côté, mais aussi les collectifs de jeunes intéressés par le patrimoine et la culture sont tous des groupes d’acteurs qui mettent le passé nubien au cœur de leurs pratiques. Cette étude explore plusieurs notions des travaux arabophones, francophones et anglophones, contribuant à apercevoir les processus de construction identitaire, de politisation et de dépolitisation, de définition et de formulation des logiques d’actions mémorielles. Elle examine les façons dont les constructions mémorielles se déploient dans un cadre national, mais aussi international. À partir d’une enquête ethnographique en Égypte, cette thèse étudie les modalités d’action d’une diversité d’acteurs (associations, militants et des groupes de jeunes non-contestataires) et les sens qu’ils attribuent à leur engagement.
Hafida Ali Ahmed Benkaid, De l’émeute au hirak en Algérie , thèse soutenue en 2021 à Paris 8 sous la direction de Michel Kokoreff
Depuis le début des années 2000, l’Algérie vit au rythme de barrages routiers, de blocages et fermetures d’édifices publics, mais surtout d’émeutes quasi quotidiennes. Ces actions collectives violentes peuvent s’exprimer à tout moment, provoquant un désordre social. Certes, le phénomène émeutier n’est pas nouveau dans la société algérienne, mais sa récurrence et sa persistance depuis une vingtaine d’années, sans qu’il ne constitue dans la plupart des cas un évènement national, suscite tout l’intérêt .
Hafida Ali Ahmed Benkaid, De l'émeute au hirak en Algérie, thèse soutenue en 2021 sous la direction de Michel Kokoreff, membres du jury : Myriam Aït-Aoudia (Rapp.)
Depuis le début des années 2000, l’Algérie vit au rythme de barrages routiers, de blocages et fermetures d’édifices publics, mais surtout d’émeutes quasi quotidiennes. Ces actions collectives violentes peuvent s’exprimer à tout moment, provoquant un désordre social. Certes, le phénomène émeutier n’est pas nouveau dans la société algérienne, mais sa récurrence et sa persistance depuis une vingtaine d’années, sans qu’il ne constitue dans la plupart des cas un évènement national, suscite tout l’intérêt .
Farah Hany George Ramzy, Renegotiating politics on campus : students in post-2011 Egypt, thèse soutenue en 2019 à Paris 10 sous la direction de Sophie Duchesne et Mounia Bennani-Chraïbi, membres du jury : Dina El Khawaga (Rapp.), Olivier Fillieule et Sandrine Lefranc
Cette thèse étudie les transformations des modes d’action politique des étudiants des universités Egyptiennes. L’enquête, qui mêle entretiens et observation parmi plusieurs groupes d’étudiants actifs entre 2011 et 2015, remet en perspective la conception historique de l’action politique étudiante dans ce pays. La mise en évidence de la multiplicité de formes, niveaux et enjeux des organisations et des mobilisations étudiantes permet de souligner les transformations sur le long terme et de les situer par rapport aux changements du système d’enseignement supérieur, et des reconfigurations plus larges du système politique. Cette thèse étudie comment être étudiant en Égypte produit des manières spécifiques de dire et de faire le politique. Elle démontre que l’articulation de la charge politique historiquement associée au statut étudiant, des réformes du système d’enseignement supérieur dans les années 1990s et des dynamiques de court terme générées par la révolution de 2011 et l’intervention militaire de 2013, offre aux acteurs un espace pour négocier les significations qu’ils attribuent à leurs engagements. Le politique se manifeste alors sous des formes et à des niveaux divers, et notamment dans les interstices entre ce que les acteurs disent et ce qu’ils font, et dans les dans luttes autour de l’étiquetage politique des activités.
Stéphane Gignoux, Essai de praxéologie juridique et politique : l'exercice de la copropriété à Tanger (2011-2014), thèse soutenue en 2019 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Baudouin Dupret, membres du jury : Jean-Philippe Bras (Rapp.), Laurence Dumoulin
À partir d’une observation participante basée sur l’exercice de la profession de gestionnaire d’immeubles dans la ville de Tanger de 2011 à 2014, cette thèse porte sur les pratiques du droit de la copropriété au Maroc. Son objectif principal consiste à examiner l’aptitude de l’État marocain à produire une norme juridique de référence, la loi 18-00 de 2002, dans le champ de la copropriété des immeubles bâtis en étudiant les effets et les résultats obtenus par l’introduction de ce nouveau cadre normatif. Pour atteindre ce résultat, la thèse adopte une démarche praxéologique qui consiste à saisir les modes de production du droit de la copropriété en action et en contexte par les acteurs, qu’ils soient professionnels ou profanes, dans le cadre d’exercice de la copropriété. La première partie présente des éléments contextuels permettant de situer le droit de la copropriété dans le système juridique contemporain du pays. Elle analyse les principales règles imposées par le droit positif étatique dans le champ de la copropriété qui vont servir de repères vers lesquels vont s’orienter les acteurs dans l’accomplissement de leurs activités quotidiennes. La seconde partie s’attache à décrire la mise en oeuvre du droit de la copropriété à partir des règles retravaillées par les usagers lors des pratiques observées dans l’exercice de mon activité professionnelle. Elle décrypte les stratégies et registres d’action employés par les différents acteurs à l’occasion d’interactions quotidiennes, et notamment celles liées à la résolution des conflits. De manière transversale, le fil conducteur de cette thèse est de placer l’acteur au coeur de la réflexion pour démontrer qu’en tant qu’usager de la politique de la copropriété dont il est le destinataire final, il est un acteur actif qui renégocie et reproduit les normes pour en faire remonter les lacunes et imperfections vers les décideurs politiques. La thèse interroge par ailleurs l’étude du droit en action, à partir de celui plus spécifique de la copropriété, en cherchant à relever le rôle du droit positif étatique comme source référente de droit et sa mise en concurrence avec d’autres ordres normatifs pour réguler les rapports sociaux dans la sphère privée.
Arthur Quesnay, Ordres partisans, politiques identitaires et production du social : le cas de Kirkouk, Irak (2003 - 2018), thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Gilles Dorronsoro, membres du jury : Jean-François Pérouse (Rapp.), Olivier Grojean et Thomas Pierret
Régulièrement décrite comme le fruit d'un conflit identitaire déclenché par des interventions extérieures, la guerre civile irakienne est d'abord le résultat d'une intense compétition partisane. À travers une enquête de terrain menée de 2010 à 2017 au sein du gouvernorat de Kirkouk, cette thèse montre la manière dont les partis irakiens pénètrent l'État et produisent la société. En particulier, notre travail interroge la manière dont les partis captent les ressources étatiques qui leur permettent la mise en place de politiques d'ingénieries démographiques, la violence étant par ailleurs une modalité d'action centrale du jeu politique. En conséquence, une nouvelle hiérarchie communautaire s'installe qui modifie les structures socio-économiques et la vie quotidienne de la population. À partir de 2011, les inégalités qui résultent de ces transformations encouragent des protestations unanimistes (et non communautaires), mais la violence interdit le développement de ce mouvement et la marginalisation des Arabes sunnites facilitera finalement l'émergence de l'État islamique. Entre 2014 et 2017, la guerre contre l'EI radicalise encore les projets politiques de l'ensemble des partis, mais aboutit paradoxalement à un renforcement de l'État qui revient par le biais d'une politique de décharge milicienne et parvient à reprendre Kirkouk aux partis kurdes irakiens en octobre 2017.
Celia Lamblin, Vivre la révolution de 2011 à distance : sociologie des migrations égyptiennes en France, thèse soutenue en 2018 à AixMarseille sous la direction de Sylvie Mazzella et Sylvie Brédeloup, membres du jury : Swanie Potot (Rapp.), Étienne Gérard et Sophie Bava
Cette thèse initiée en octobre 2013 s’attache à comprendre en quoi les événements politiques survenus en Égypte entre 2011 et 2016 ont pu peser sur les trajectoires individuelles et les registres de l'action collective des Égyptiens installés en France. À partir d'une sociologie des migrations égyptiennes en France, ce travail ambitionne plus largement de comprendre comment un événement peut influencer les trajectoires individuelles de ceux qui n'en sont pas directement témoins. Inscrit à la croisée d'une sociologie des migrations et d'une sociologie de l'action collective, ce travail interroge le poids et les rôles des mobilisations à distance. L'enquête de terrain multisituée (durant laquelle des entretiens et des observations ont été menés dans les villes de Paris, de Marseille, mais aussi dans plusieurs localités égyptiennes), inscrit ce travail dans la lignée des travaux portant sur les formes de politisation par l'événement et contribue aux études sur la participation politique à distance.
Lydia Aly, Militantismes entre communauté et espace public : les recompositions des actions collectives coptes face à la coproduction de l'autoritarisme en Egypte (1952-2016), thèse soutenue en 2018 à Paris 1 sous la direction de Patrick Bruneteaux, membres du jury : Dina El Khawaga (Rapp.), Choukri Hmed
La thèse aborde les processus de politisation de la minorité copte orthodoxe en Égypte. Ce cas illustre la question du communautarisme comme mode d'énonciation du politique, autrement dit, comme un bouclier de défense auquel les coptes ont eu recours pour lutter et survivre dans le cadre de l'autoritarisme républicain en Égypte. Dans cette perspective, nous proposons d'observer les différentes formes que prend le communautarisme copte, étroitement liées aux bouleversements qui marquent le champ politique égyptien. Elles sont conçues comme une réaction de la communauté à l'autoritarisme égyptien. Elles sont conçues comme une construction provenant des dynamiques des rapports entre le clergé et le pouvoir et une résultante des dynamiques intra-communautaires et inter- communautaires. Il s'agit de noter le souci d'une hiérarchie cléricale visant à répondre aux aspirations des fidèles marginalisés au niveau national, et dominés par son clergé au niveau communautaire. Cette thèse étudie la fragmentation communautaire, résultante des failles des équilibres entre l'Église et les autorités publiques, ce qui a permis l'émergence d'autres voies de mobilisation des acteurs coptes politisés. L'attention est portée sur les coptes profanes, longtemps ignorés et qui font leur entrée sur scène avec le Printemps Arabe. Ils proviennent des univers sociaux strictement contrôlés par l'Église et le régime en place et c'est l'imbrication de leurs divers processus de socialisation qui nous permet d'appréhender leur engagement différencié, ainsi que les bouleversements intra-communautaires provoqués par ces nouveaux entrants dans l'espace communautaire et l'espace public égyptien.
Nadia Khrouz, La pratique du droit des étrangers au Maroc : essai de praxéologie juridique et politique, thèse soutenue en 2016 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Baudouin Dupret, membres du jury : Mohammed Mouaqit (Rapp.), Léon Buskens et Driss El Yazami
Cette thèse porte sur les pratiques du droit des étrangers au Maroc. Par l’analyse de divers mécanismes de mobilisation du droit, tels qu’ils se déploient quotidiennement, son objectif est d’observer et de décrire, en contexte, les activités d’acteurs variés impliqués ou confrontés à un droit, des institutions et des procédures visant les étrangers. Ceci passe par une étude de l’activité judiciaire et administrative en la matière. Ceci passe aussi par une clarification de méthodes utilisées par les gens, professionnels ou profanes, dans leurs pratiques quotidiennes, impliquant de fait de prendre en compte les dimensions sociales et politiques du droit, des étrangers en particulier. En adoptant une démarche praxéologique, il s’agit de s’intéresser au droit en action en reconsidérant un ensemble de pratiques, méthodiques et ordonnées, pour en clarifier les modes endogènes de production et d’intelligibilité.Une première partie s’attache à présenter la démarche praxéologique, tout en apportant des éclairages sur un ensemble de phénomènes sociaux et politiques ancrés dans le contexte marocain contemporain. La seconde partie est consacrée à la description et à l’analyse de situations de rencontre de l’étranger avec l’administration et la justice, à partir d’une série d’épisodes permettant d’éclairer le déploiement pratique du droit en contexte. Une troisième partie s’attache aux méthodes de raisonnement, de compréhension, d’interprétation, qui permettent de mieux comprendre le droit des étrangers au Maroc, en accordant une attention particulière à l’analyse des catégorisations et aux jeux d’inférences. L’ensemble des chapitres offre un traitement original de différents processus et mécanismes de la grammaire du droit en action, mettant en exergue les relations qu’entretiennent le droit et la société, ainsi que la dimension intrinsèquement politique du droit des étrangers.
Prunelle Aymé, Gouverner avec les femmes, gouverner les femmes dans la Turquie de l'AKP : l'action sociale dans la ville de Gaziantep, thèse soutenue en 2022 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Élise Massicard, membres du jury : Jean-Louis Briquet (Rapp.), Dilek Yankaya (Rapp.), Catherine Achin
Cette thèse porte sur la participation des femmes au gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP) en Turquie. En dépit de la sous-représentation politique des femmes, la mise en place de ce que l’AKP a nommé le « municipalisme des services » a permis à des militantes, bénévoles et professionnelles de devenir actrices du gouvernement au quotidien. L’action sociale a été largement déléguée à des femmes, bien que souvent à des postes subalternes. Quelles sont les conséquences de l’émergence de ces nouvelles actrices ? Elles contribuent au développement d’un gouvernement du social paramunicipal, reposant sur la délégation à un secteur associatif aux marges d’autonomie variables. Leurs circulations et multipositionnements font d’elles des intermédiaires entre les champs associatif, partisan et municipal. En pratique, les dispositifs d’action sociale, qui ciblent d’abord les femmes des classes populaires, véhiculent des normes qui reposent à la fois sur l’activation et la moralisation des femmes. Dans ces dispositifs se forge aussi le rapport ordinaire des bénéficiaires aux institutions. Or, la forte pénétration de l’action publique locale par les logiques partisanes en fait des lieux de mise en contact avec l’AKP, où se superposent aide, contrôle et mobilisation. Ainsi, l’émergence de ces figures féminines de l’action publique renouvelle les modalités de la domination politique et sociale en Turquie. Cette recherche s’appuie sur une enquête de terrain dans la ville de Gaziantep. 90 entretiens ont été réalisés avec des acteur·rice·s de l’action sociale locale ainsi qu’avec des bénéficiaires. Des observations ont également été menées dans plusieurs dispositifs.
Caroline Barbary, Chabab al Thawra , thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Sarah Ben Néfissa
Chabab al thawra-les jeunes de la revolution : microcosme militant et societe politique en égypte revolutionnaire.
Caroline Barbary, Chabab al Thawra, thèse soutenue en 2019 sous la direction de Sarah Ben Néfissa, membres du jury : Mounia Bennani-Chraïbi (Rapp.), Salwa Ismail (Rapp.), Anne Le Naëlou et Frédérique Fogel
Chabab al thawra-les jeunes de la revolution : microcosme militant et societe politique en égypte revolutionnaire.
Aurore Saeidnia, « Faire avec » les contraintes , thèse soutenue en 2016 à Paris EHESS sous la direction de Michèle Leclerc-Olive
Sans présumer en amont d'un « autoritarisme iranien », cette thèse étudie l'expérience du politique des conseillers de quartier de Téhéran à la lumière des processus de normalisation qui organisent en pratique leur participation à la vie publique locale. A partir d'une double enquête ethnographique et conceptuelle, l'analyse montre que les processus de dépolitisation observables n'indiquent pas la fin ou l'absence du politique. Au contraire, leur position hors de l'espace politique institué permet aux conseillers de s'assembler et d'affirmer publiquement leur capacité à parler et à agir. Plus précisément, les conseillers investissent la figure publique et dépolitisée du motamed, au carrefour des multiples registres de légitimation - religieux, révolutionnaires et civiques - de la République islamique, pour revendiquer un droit à parler, à critiquer et à être entendu. A la fois élus, bénévoles et bureaucrates, les conseillers se sont progressivement à définis comme des intermédiaires incontournables dans l'accès et la redistribution des ressources à l'échelle du quartier. En mettant en œuvre des politiques publiques municipales et nationales, ils jouent le rôle d'agents de contrôle social et de disciplinarisation des habitants mais aussi de représentants élus contestant la partition de l'espace social que ces politiques véhiculent. Cette analyse « par le bas » des pratiques de remise en question mais aussi de diffusion des logiques autoritaires éclaire plus largement les transformations et les conflits politiques et sociaux de la société iranienne contemporaine.
Nadine Abdalla Iskandar, Les mobilisations sociales en Egypte entre revendications économiques et opposition au régime (2005-2009) , thèse soutenue en 2014 à Grenoble sous la direction de Jean-Noël Ferrié
Cette thèse a pour objectif d'analyser l'émergence, la réussite et l'opposition au régime de deux mouvements sociaux égyptiens durant la période (2006-2009). Ces derniers sont le mouvement ouvrier de la Compagnie de Méhalla et celui des fonctionnaires de l'impôt foncier. On mettra en évidence deux questions, d'une part, les enjeux concernant les dynamiques internes propres au mouvement et d'autre part, ceux de son conflit avec le régime et le défi qu'il (le mouvement) représente pour lui (le régime). Notre argumentation se basera essentiellement sur l'importance des choix des leaders, leurs positions et les stratégies, puisqu'on les considère comme une variable explicative particulièrement importante pour la compréhension des dynamiques interactionnelles et oppositionnelles du mouvement. Nous espérons ainsi contribuer à la littérature portant sur les mouvements sociaux en proposant une analyse qui jettera la lumière sur l'influence qu'exercent les actions des leaders sur les dynamiques qu'engendre le mouvement, un fait qui a été d'ailleurs sous-étudié par cette littérature. En outre, notre recherche, on le pense, peut intéresser également les spécialistes des régimes autoritaires puisqu'on traitera aussi le processus selon lequel les leaders d'un mouvement peuvent exploiter au maximum les « opportunités » politiques qu'offre un régime semi-autoritaire et induire un changement des rapports qui le liaient auparavant à ce régime, ainsi que les limites d'un tel processus.
Nadine Abdalla Iskandar, Les mobilisations sociales en Egypte entre revendications économiques et opposition au régime (2005-2009), thèse soutenue en 2014 sous la direction de Jean-Noël Ferrié, membres du jury : Dina El Khawaga (Rapp.), Baudouin Dupret (Rapp.), Amr Elshobaki
Cette thèse a pour objectif d'analyser l'émergence, la réussite et l'opposition au régime de deux mouvements sociaux égyptiens durant la période (2006-2009). Ces derniers sont le mouvement ouvrier de la Compagnie de Méhalla et celui des fonctionnaires de l'impôt foncier. On mettra en évidence deux questions, d'une part, les enjeux concernant les dynamiques internes propres au mouvement et d'autre part, ceux de son conflit avec le régime et le défi qu'il (le mouvement) représente pour lui (le régime). Notre argumentation se basera essentiellement sur l'importance des choix des leaders, leurs positions et les stratégies, puisqu'on les considère comme une variable explicative particulièrement importante pour la compréhension des dynamiques interactionnelles et oppositionnelles du mouvement. Nous espérons ainsi contribuer à la littérature portant sur les mouvements sociaux en proposant une analyse qui jettera la lumière sur l'influence qu'exercent les actions des leaders sur les dynamiques qu'engendre le mouvement, un fait qui a été d'ailleurs sous-étudié par cette littérature. En outre, notre recherche, on le pense, peut intéresser également les spécialistes des régimes autoritaires puisqu'on traitera aussi le processus selon lequel les leaders d'un mouvement peuvent exploiter au maximum les « opportunités » politiques qu'offre un régime semi-autoritaire et induire un changement des rapports qui le liaient auparavant à ce régime, ainsi que les limites d'un tel processus.