Abdellali Hajjat

Maître de conférences
Science politique.
UFR de Droit et  Science politique

Institut des Sciences Sociales du Politique
  • THESE

    Assimilation et naturalisation : socio-histoire d'une injonction d'Etat, soutenue en 2009 à Paris EHESS sous la direction de Stéphane Beaud 

  • Abdellali Hajjat, Les frontières de l'"identité nationale": l'injonction à l'assimilation en France métropolitaine et coloniale, Éditions Amsterdam, 2024, 335 p.  

    Les frontières des États-nations se traduisent par la séparation entre les nationaux et les étrangers. La procédure de naturalisation permet aux étrangers d’appartenir à la « communauté nationale », mais cela passe par la démonstration de leur assimilabilité. La notion d’assimilation constitue en effet la matrice du droit de la nationalité, et le « défaut d’assimilation » est un des principaux motifs de refus de naturalisation des candidats à la nationalité française. Promue sous l’Empire colonial, cette notion polysémique permet à la communauté nationale de maintenir la distinction entre les Français blancs de métropole et les Autres. Si l’on met de côté la connaissance de la langue, les principales motivations avancées pour caractériser ces défauts d’assimilation touchent aux questions du hijab, de la polygamie et de l’« islamisme ». Grâce à une enquête ethnographique minutieuse en préfecture, Abdellali Hajjat met en lumière l’invention de ces critères et les usages administratifs qui en sont faits. Il réalise ainsi une socio-histoire des usages juridiques et administratifs de l’assimilation et trace la généalogie de la frontière nationale, qui peut se confondre avec une frontière raciale.

    Abdellali Hajjat, Mohammed Marwan, Islamophobia. The construction of the "Muslim problem" by the French elites, 2023 

    Abdellali Hajjat, French Islamophobia, 2022 

    Abdellali Hajjat, Marwan Mohammed, Islamophobie: comment les élites françaises fabriquent le "problème musulman", la Découverte, 2022, Essais, 391 p. 

    Abdellali Hajjat, Intersectionnalité, 2019 

    Abdellali Hajjat, Marwan Mohammed, Islamophobie: comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman », Cairn et La Découverte, 2016, La Découverte-poche ( Essais ), 326 p.  

    Alors que l'hostilité à l'encontre des musulmans se traduit presque quotidiennement par des discours stigmatisants, des pratiques discriminatoires ou des agressions physiques, Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed font ici œuvre salutaire : ils expliquent comment l'islam a peu à peu été construit comme un « problème » et comment l'islamophobie est devenue l'arme favorite d'un racisme qui ne dit pas son nom. Ce livre propose un bilan critique des recherches menées, en France et à l'étranger, sur ce phénomène. Faisant le point sur les débats autour du concept d'islamophobie, il offre une description rigoureuse des discours et actes islamophobes, en les inscrivant dans l'histoire longue du racisme colonial et dans leur articulation avec l'antisémitisme. En insistant sur l'importance des stratégies des acteurs, les auteurs décortiquent le processus d'altérisation des « musulmans » qui, expliquant la réalité sociale par le facteur religieux, se diffuse dans les médias et ailleurs. Ils analysent enfin la réception du discours islamophobe par les musulmans et les formes de contestation de l'islamophobie par l'action collective et la mobilisation du droit antidiscrimination

    Abdellali Hajjat, Les frontières de l'« identité nationale »: l’injonction à l’assimilation en France métropolitaine et coloniale, Cairn et La Découverte, 2016, Sciences humaines  

    Comment un État-nation trace-t-il les frontières de ce qu'il perçoit comme son « identité »  ? Pourquoi et comment, pour y parvenir, cherche-t-il constamment à définir son extériorité au travers d'un Autre jugé « inassimilable »  ? En revenant sur les origines historiques de l'injonction à l'assimilation dans la procédure de naturalisation, ce livre cherche d'abord à montrer que ces « frontières » sont mouvantes. Celles-ci sont en effet le fruit de facteurs multiples, liés au contexte social et politique aussi bien qu'aux glissements des significations et des usages du concept même d'« assimilation » (des colonies vers la métropole, du discours politique vers le juridique…). Mais, outre cette dimension historique, ce livre novateur analyse la manière dont l'administration mesure l'« assimilation » des candidats. Grâce à une enquête minutieuse en préfecture qui aura duré deux ans (2006-2007), l'auteur met ainsi en lumière l'invention des critères d'assimilation et les usages administratifs qui en sont faits, également déterminés par la concurrence de logiques administratives distinctes, les pratiques des agents subalternes et la « naturalisabilité » des candidats. La « vérité objective » de la naturalisation est particulièrement bien révélée par les cas de refus de naturalisation pour « défaut d'assimilation », qui concernent aujourd'hui principalement des femmes et/ou des musulmans. Ces refus soulèvent ainsi les questions du hijab, de la polygamie et de l'« islamisme », qui constituent à l'heure actuelle autant de frontières à la prétendue « identité nationale »

    Abdellali Hajjat, Marwan Mohammed (dir.), Sociologie de l'islamophobie, 1e éd., Presses universitaires de France, 2014, 115 p.   

    Abdellali Hajjat, La marche pour l'égalité et contre le racisme, Éditions Amsterdam, 2013, 261 p.   

    Abdellali Hajjat, Marwan Mohammed, Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le "problème musulman": Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman », La Découverte, 2013, Cahiers libres, 302 p.   

    Abdellali Hajjat, Les frontières de l'"identité nationale”: L'injonction à l'assimilation en France métropolitaine et coloniale, La Découverte, 2012, 337 p.   

    Abdellali Hajjat, Sophie Béroud, Boris Gobille, Michelle Zancarini-Fournel (dir.), Engagements, rébellions et genre dans les quartiers populaires en Europe (1968-2005), Éditions des archives contemporaines, 2011, 212 p. 

    Abdellali Hajjat, Ahmed Boubeker (dir.), Histoire politique des immigrations (post)coloniales. France 1920-2008: France, 1920-2008, Éditions Amsterdam, 2008, 317 p. 

    Abdellali Hajjat, Immigration postcoloniale et mémoire, l'Harmattan et Numilog, 2005, Inter-national, 147 p.   

  • Abdellali Hajjat, « Comités Palestine (1970-1972): on the origins of the solidarity with the Palestinian cause in France », Transnational Solidarity: Decentering the Sixties, 2022 

    Abdellali Hajjat, « The politics of migration », The Routledge Handbook of French Politics and Culture, 2019 

    Abdellali Hajjat, « The Movement for Arab Workers and the Assifa Theatre Company », The Tempest Society, 2019 

    Abdellali Hajjat, Xavier Vigna, Philippe Artières, Laurent Chollet, François Dosse [et alii], « Lieux », 68, La Découverte, 2018, pp. 491-541 

    Abdellali Hajjat, « Colonial Legacies: Housing Policy and Riot Prevention Strategies in the Minguettes District of Vénissieux », in Ed Naylor (dir.), France's Modernising Mission. Citizenship, Welfare and the Ends of Empire, Palgrave Macmillan, 2018, pp. 225-250   

    Abdellali Hajjat, Gavan Titley, Des Freedman, Gholam Khiabany, Aurélien Mondon, « A Double-bind Situation? The Depoliticization of Violence and the Politics of Compensation », in Gavan Titley, Des Freedman, Gholam Khiabany, Aurélien Mondon (dir.), After Charlie Hebdo. Terror, Racism and Free Speech, Zed Books, 2017, pp. 79-96   

    Abdellali Hajjat, « La Marche pour l'égalité et contre le racisme », in Michel Pigenet, Danièle Tartakowshy (dir.), Histoire des mouvements sociaux en France de 1814 à nos jours, La Découverte, 2014, pp. 671-680     

    Abdellali Hajjat, « Immigration et héritage colonial », in Marie Poinsot, Serge Weber (dir.), Migrations et mutations dans la société française. État des savoirs, La Découverte, 2014, pp. 257-265   

    Abdellali Hajjat, « A la frontière du politique. Action et discours des "jeunes de cité" de SOS Avenir Minguettes (1981-1983) », in Sophie Béroud, Boris Gobille, Abdellali Hajjat et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), Engagements, rébellions et genre dans les quartiers populaires (1968-2010), Editions des Archives Contemporaines, 2011, pp. 13-24   

    Abdellali Hajjat, « The Arab Workers' Movement (1970-1976). Sociology of a New Political Generation », in Julian Jackson, Anna-Louise Milne et James S. Williams (dir.), May 68. Rethinking France's Last Revolution, Palgrave MacMillan, 2011, pp. 109-121   

    Abdellali Hajjat, « Le retour de l'idéologie assimilationniste », in Bertrand Badie et Dominique Vidal (dir.), État du monde 2011. La fin du monde unique, La Découverte, 2010, pp. 165-169 

    Abdellali Hajjat, « Comment établir la preuve de discrimination en situation d'enquête sociologique : l'instruction des demandes de naturalisation en préfecture », Les discriminations à l'épreuve des savoirs et des pratiques. Mieux connaître pour mieux combattre, HALDE/MiRe, 2010, pp. 31-33 

    Abdellali Hajjat, « La barrière de la langue. Naissance de la condition d'"assimilation" linguistique pour la naturalisation », in Didier Fassin (dir.), Les nouvelles frontières de la société française, La Découverte, 2010, pp. 53-77   

    Abdellali Hajjat, Ahmed Boubeker, « Introduction. Histoire politique des immigrations (post)coloniales », Histoire politique des immigrations (post)coloniales. France 1920-2008, Editions Amsterdam, 2008   

    Abdellali Hajjat, « Alliances inattendues à la Goutte d'Or », in Philippe Artières et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 68, Une histoire collective, La Découverte, 2008, pp. 521-527     

    Abdellali Hajjat, « Révolte des quartiers populaires, crise du militantisme et postcolonialisme », in Ahmed Boubeker et Abdellali Hajjat (dir.), Histoire politique des immigrations (post)coloniales. France 1920-2008, Editions Amsterdam, 2008, pp. 249-264   

    Abdellali Hajjat, « Les usages politiques de l'héritage colonial », Immigrances, Hachette Littératures, 2007, pp. 195-210 

  • Abdellali Hajjat, « Le grand retournement du droit antiraciste : la dissolution paradoxale du Collectif contre l’islamophobie en France », 2024  

    « Quand on vote, avec une certaine hâte, des lois qui ont un peu le caractère de lois de circonstance, il faut être particulièrement attentif. Légiférant aujourd’hui avec l’intention de défendre les libertés républicaines, gardons-nous de donner au Gouvernement le moyen de les étrangler (…). Ne redoutez-vous pas que certains groupements soient déclarés licites ou illicites au gré des Gouvernements qui passent et qui changent ? » Georges Pernot (1879-1962), député de l’Union républicaine, 6 dé...

    Abdellali Hajjat, Christelle Hamel, Géraldine Bozec, Marguerite Cognet, Fabrice Dhume [et alii], « Expérience des discriminations dans l'enseignement supérieur et la recherche en France »: Premiers résultats de l’enquête ACADISCRI, Eclairages, 2022     

    Abdellali Hajjat, «  Race et droit de la nationalité en contexte postcolonial : le cas de refus de naturalisation au motif de la polygamie  », 2021  

    « Quand l’immigration s’inscrit dans le cadre de la colonisation au point de continuer à en être le prolongement direct au-delà de l’ère coloniale proprement dite, (…) il ne lui est pas facile de rompre radicalement avec le passé colonial dont elle est issue de même qu’elle ne peut s’en détacher totalement, les relations coloniales anciennes continuant à peser sur le sort de cette immigration, sur son statut, sur son importance relative, sur sa place au sein de la société ainsi que sur les ré...

    Abdellali Hajjat, « Islamophobia and French academia », Current Sociology, 2021 

    Abdellali Hajjat, « La femme musulmane opprimée : genèse d’un nouveau genre littéraire à succès (1988–2003): », French Cultural Studies, 2021 

    Abdellali Hajjat, « [Islamophobia and French Academia] الإسلاموفوبيا والأكاديميا الفرنسية », مجلة تجسير , 2021 

    Abdellali Hajjat, « Race et droit de la nationalité en contexte postcolonial : le cas de refus de naturalisation au motif de la polygamie », La Revue des droits de l’homme. Revue du Centre de recherches et d’études sur les droits fondamentaux, 2021 

    Abdellali Hajjat, « Des discours républicains aveugles à la race ? La question raciale entre texte public et texte caché », Sociologie, 2021 

    Abdellali Hajjat, « Réflexions sur le problème raciste », Savoir/Agir, 2021 

    Abdellali Hajjat, « Racisme antiblanc », La Revue Nouvelle, 2020 

    Abdellali Hajjat, Jocelyne Dakhlia, « Contreparties », 2020   

    Abdellali Hajjat, Silyane Larcher, « Intersectionnalité », Mouvements : des idées et des luttes, 2019   

    Abdellali Hajjat, Audrey Célestine, Lionel Zevounou, « Rôle des intellectuel.les, universitaires ‘minoritaires', et des porte-parole des minorités », Mouvements : des idées et des luttes, 2019     

    Abdellali Hajjat, « Transgenre et transracial, ou les difficultés d’une analogie », Genèses. Sciences sociales et histoire, 2019, n°114, pp. 153-159   

    Abdellali Hajjat, Narguesse Keyhani, Cécile Rodrigues, « Infraction raciste (non) confirmée. Sociologie du traitement judiciaire des infractions racistes dans trois tribunaux correctionnels », Revue française de science politique, 2019, n°3, pp. 407-438 

    Abdellali Hajjat, Narguesse Keyhani, Cécile Rodrigues, « Saisir le racisme par sa pénalisation ? Apports et limites d’une analyse fondée sur les dossiers judiciaires », Genèses. Sciences sociales et histoire, 2019, n°3, pp. 125-144 

    Abdellali Hajjat, Cécile Rodrigues, Narguesse Keyhani, « Proximité spatiale, distance raciale : analyser la spatialisation des infractions racistes », Revue francaise de sociologie, 2019, n°3, pp. 341-383 

    Abdellali Hajjat, « (Un)confirmed racist offences: A sociological perspective on the judicial treatment of racist hate crimes in three criminal courts », Revue francaise de science politique, 2019 

    Abdellali Hajjat, « Saisir le racisme par sa pénalisation ? Apports et limites d'une analyse fondée sur les dossiers judiciaires », Genèses, 2019 

    Abdellali Hajjat, « Obstacles et avancées de la recherche sur la question raciale en France », H-France Salon, 2019 

    Abdellali Hajjat, « Vers le point de non-retour ? », Le Portique. Revue de philosophie et de sciences humaines, 2017 

    Abdellali Hajjat, « Timothy Peace, European Social Movements and Muslim Activism. Another World but with Whom?, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2015 », Lectures, 2017 

    Abdellali Hajjat, « Deux communautés, un destin. À propos de : Maud S. Mandel, Muslims and Jews in France. History of a Conflict, Princeton, PUP, 2014 », La Vie des idées, 2015 

    Abdellali Hajjat, « Rébellions urbaines et déviances policières », 2014  

    Dans quelles conditions la légitimité de l’usage de la force physique par la police peut-elle être directement remise en cause par les gouvernés ? L’objectif de cet article est d’analyser une forme particulière de délégitimation, la rébellion urbaine , qui est considérée par les forces de l’ordre comme une des menaces les plus importantes à leur propre exercice de la violence physique. La question est de savoir quand et comment l’autorité policière est contestée, et quelles sont les logiques ...

    Abdellali Hajjat, « Rébellions urbaines et déviances policières. Approche configurationnelle des relations entre les ”jeunes” des Minguettes et la police (1981-1983) », Cultures & conflits, 2014, n°93, pp. 11-34   

    Abdellali Hajjat, Julien Beaugé, « Elites françaises et construction du ”problème musulman”. Le cas du Haut Conseil à l'intégration (1989-2012) », Sociologie, 2014, n°1, pp. 31-59   

    Abdellali Hajjat, Julien Beaugé, « Élites françaises et construction du  problème musulman  », 2014  

    Depuis le début des années 1980, l’espace public français est marqué par la construction d’un « problème musulman », qui est devenu une véritable évidence sociale pour les « élites » françaises (Deltombe, 2005). En prenant appui sur le cadre théorique proposé par la sociologie des problèmes publics (Gusfield, 2009), nous partons du principe que tout fait social n’est pas en soi un problème public et qu’il le devient dès lors que sont réunies, au travers d’un processus social complexe, les tro...

    Abdellali Hajjat, « La Marche pour l'égalité et contre le racisme », Sciences humaines, 2014 

    Abdellali Hajjat, Marie-Carmen Garcia, Michelle Zancarini-Fournel, Patricia Mercader, « Der ”Marsch für Gleichheit und gegen Rassismus” von 1983. Sein Stellenwert im Handlungsrepertoire von Jugendlichen aus den französischen Vorstädten », Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte. Das zentrale Forum der Zeitgeschichtsforschung, 2013, n°61, pp. 391-408 

    Abdellali Hajjat, « Retour sur la Marche pour l’égalité et contre le racisme », Hommes & migrations. Revue française de référence sur les dynamiques migratoires, 2013, n°1304 

    Abdellali Hajjat, « Les trente ans de la Marche. La promotion d’une égalité sous conditions », La Vie des idées, 2013 

    Abdellali Hajjat, « Généalogie du concept d’assimilation. Une comparaison franco-britannique », Astérion, 2011  

    L’origine du concept d’assimilation est l’objet d’un débat entre plusieurs chercheurs en sciences sociales : notion sociologique détournée par les discours politiques ; concept dont le sens premier est « purement politique », hérité de la Révolution française, qui s’est transformé à la fin du xixe siècle ; catégorie du « paradigme politico-juridique » qui s’impose dans le discours des sciences sociales des années 1990 ; catégorie coloniale réutilisée dans le discours sur l’immigration en Fran...

    Abdellali Hajjat, « ”Bons” et ”mauvais” musulmans. L'Etat français face aux candidats ”islamistes” à la nationalité », Cultures & conflits, 2010, n°7980, pp. 139-159   

    Abdellali Hajjat, « Port du hijab et défaut d'assimilation. Étude d'un cas problématique pour l'acquisition de la nationale française », Sociologie, 2010, n°4, pp. 439-456   

    Abdellali Hajjat, « Entraves invisibles à la naturalisation », Plein droit, 2008 

    Abdellali Hajjat, « Immigration postcoloniale sous contrôle », Contemporary French civilization, 2007, n°1, pp. 187-196 

    Abdellali Hajjat, « Anatomie d'une révolte annoncée », Migrations Société, 2006, n°105106, pp. 287-294 

    Abdellali Hajjat, « L'expérience politique du Mouvement des travailleurs arabes », Contretemps: revue de critique communiste, 2006, n°16, pp. 76-85 

    Abdellali Hajjat, « Les comités Palestine (1970-1972). Aux origines du soutien de la cause palestinienne en France. », Revue d'études palestiniennes, 2006, n°98, pp. 74-92     

    Abdellali Hajjat, « La crise des banlieues françaises », Bulletin de l'Observatoire international sur le racisme et les discriminations, 2006, n°1, pp. 10-12 

    Abdellali Hajjat, « Le MTA et la grève générale contre le racisme de 1973 », Plein droit, 2005 

    Abdellali Hajjat, « Younès Amrani et Stéphane Beaud, Pays de malheur ! Un jeune de cité écrit à un sociologue, Paris, La Découverte, 2004 », Le Monde diplomatique, 2005 

  • Abdellali Hajjat, Timothy Peace, European Social Movements and Muslim Activism. Another World but with Whom?, Liens Socio, 2017  

    L’objectif de ce livre est d’étudier la participation de militants musulmans à la mouvance altermondialiste en France et au Grande-Bretagne au début des années 2000. Il s’agit de comprendre la grande différence de réaction des mouvements altermondialistes français et britannique quant à l’engagement de « militants musulmans » (c’est-à-dire qui se définissent comme tels) : s’ils sont accueillis à bras ouverts en Grande-Bretagne, ils sont rejetés en France. Ce décalage pose la question du plura...

    Abdellali Hajjat, Retour sur la Marche pour l’égalité et contre le racisme, EPPD - Cité nationale de l'histoire de l'immigration, 2013  

    Le trentième anniversaire de la Marche pour l’égalité et contre le racisme (15 octobre-3 décembre 1983) est l’occasion de multiples commémorations publiques d’un événement fondateur de l’histoire de l’immigration en France : film réalisé par Nabil Ben Yadir, documentaires télévisés, reportages radiophoniques, numéros de revue et colloques, ouvrages de témoignages, réunions publiques, expositions, etc. La “Marche” est devenue un objet de mémoire où se mêlent et s’affrontent les discours de mul...

  • Abdellali Hajjat, "Ne pas réduire un mineur à son acte". Une étude quali-quantitative de la justice des mineurs dans une juridiction d'Ile de France, 2014 

    Abdellali Hajjat, Naturalisation Procedures for Immigrants. France, 2014 

    Abdellali Hajjat, Christophe Bertossi, Report on Citizenship Law. France, 2014 

    Abdellali Hajjat, La condition d'"assimilation" est-elle une forme de discrimination ? Socio-histoire du critère "assimilation" dans la procédure de naturalisation, 2014 

  • Abdellali Hajjat, Fabrice Dhume, Marguerite Cognet, Cécile Rodrigues, Géraldine Bozec [et alii], Enquête nationale sur les discriminations à l'université. Analyses et résultats de l'étude pilote, 2022   

    Abdellali Hajjat, La fin de l’analyse de classe?, 2020 

    Abdellali Hajjat, L’emprise de Valeurs Actuelles, 2020 

    Abdellali Hajjat, Reflections on the Problem of Racism in France, 2020 

  • Abdellali Hajjat, « Rethinking Race, the Colonial and the Postcolonial in Contemporary France », le 13 décembre 2022  

    Organisé pour Droit et Société par Leora Auslander, University of Chicago ; Abdellali Hajjat, Université Libre de Bruxelles ; Silyane Larcher, CNRS / IRIS et Lionel Zevounou, Université Paris Nanterre

    Abdellali Hajjat, « Politiser et judiciariser les corps : genre, classe, race », le 04 juin 2021  

    Organisé pour l’Institut des sciences sociales du politique par Milena Jakšić & Marielle Debos

    Abdellali Hajjat, « Semaine doctorale intensive », le 17 juin 2019  

    Organisée par Sciences Po Paris

    Abdellali Hajjat, « Racisme et sexisme en procès », le 04 décembre 2018  

    Organisé par la Fac de droit de l’Université Paris Nanterre

    Abdellali Hajjat, « Race et droit colonial », le 11 septembre 2018 

    Abdellali Hajjat, « Quels citoyens pour l’empire ? », le 07 décembre 2016  

    Organisé par l’IDHES

    Abdellali Hajjat, « Héritages coloniaux : ségrégation et mobilisations dans le quartier des Minguettes à Vénissieux (1981-1983) », Decolonization and welfare during the "Trente glorieuses", Oxford United Kingdom (GB), le 06 juin 2014 

    Abdellali Hajjat, « French Elites and Construction of the "Muslim Problem". The Case of the High Council for Integration (1989-2012) », Resurrections. 21 St International Conference of Europeanists, Washington D.C. United States (US), le 15 mars 2014 

    Abdellali Hajjat, « La Marche : un "Mai 68" des enfants d'immigrés postcoloniaux ? », La Marche pour l'égalité et contre le racisme, 1983-2013. Résonances de l'immigration coloniale et post-coloniale, Paris, le 16 décembre 2013 

    Abdellali Hajjat, « La construction du "problème musulman" en France », Racialisation et mondialisation : enjeux contemporains / héritages historiques, Paris, le 18 novembre 2013 

    Abdellali Hajjat, « Présentation du livre Islamophobie », Savoirs et idéologies : genèse, circulation, transmission, Nanterre, le 13 novembre 2013 

    Abdellali Hajjat, « Montrer patte blanche : les frontières de l'identité nationale », Midis de la recherche, Genève Switzerland (CH), le 29 octobre 2013 

    Abdellali Hajjat, Laurent Bonelli, « La fabrique du jugement. Une analyse quanti-qualitative de populations de mineurs passées par un tribunal de grande instance », Histoire et sociologie des dispositifs de justice, Nanterre, le 28 février 2013 

    Abdellali Hajjat, « Au-delà du concept d'islamophobie : la construction du "problème musulman" en France », Genre, Génération, Ethnicité, Paris, le 08 mars 2012 

    Abdellali Hajjat, « Politisation et construction de la mémoire de l'immigration : évitement ou tremplin vers la politique ? », Mémoires et patrimonialisations de l'immigration, Paris, le 20 janvier 2012 

    Abdellali Hajjat, « La naturalisation administrative : une essentialisation de la frontière nationale ? », Processus sociaux de construction de l'identité, Paris, le 10 mai 2011 

    Abdellali Hajjat, « La mesure de l'assimilation pour la naturalisation. Technique administrative et savoir scientifique », Savoirs et idéologies en politique. Genèse, circulation, transmission, Nanterre, le 17 novembre 2010 

    Abdellali Hajjat, « Le choix des armes. Les "jeunes" des Minguettes face à la police (1981-1983) », Congrès Marx International, Nanterre, le 24 septembre 2010 

    Abdellali Hajjat, « Les "jeunes de cité" de SOS Avenir Minguettes : action et discours politiques d'un "groupe parlé" », Journée d'études de l'équipe Enquêtes, Terrains, Théories, Foljuif, le 16 juin 2010 

    Abdellali Hajjat, « La marche pour l'égalité de 1983 : une alternative à l'émeute ? », Engagements, rébellions et genre dans les quartiers populaires en Europe, 1968-2005, Lyon, le 03 juin 2010 

    Abdellali Hajjat, « La racialisation de l'immigration. Race, classe et question coloniale au début des années 1980 », Entre discrimination et reconnaissance ; ce que racialiser veut dire. Borders and Boundaries II, Paris, le 15 octobre 2009 

    Abdellali Hajjat, Stéphane Beaud, « Portraits des enfants de l'immigration de la Marche pour l'égalité en 1983 aux émeutes de 2005 », Conférence à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, Paris, le 18 juin 2009 

    Abdellali Hajjat, « Les deux visages du ghetto et mobilisations de l'immigration postcoloniale », Représenter la diversité en politique. Enjeux et pratiques aujourd'hui, Toulouse, le 02 avril 2009 

    Abdellali Hajjat, « Présentation de l'ouvrage Histoire politique des immigrations (post) coloniales. France 1920-2008 », Séminaire du programme ANR "Genrebellion", Lyon, le 04 février 2009 

    Abdellali Hajjat, « Comment penser question raciale, discrimination et naturalisation? Réflexions à partir d'une enquête ethnographique en préfecture », Inégalités économiques, recomposition des classes sociales et discriminations sexuelles et raciales, Ecole normale supérieure Jourdan, Paris, le 11 décembre 2008 

    Abdellali Hajjat, « Les années 68 et les immigrés: histoires politiques croisées », Mai 68 en quarantaine, Ecole normale supérieure - Lettres et sciences humaines, Lyon, le 22 mai 2008 

    Abdellali Hajjat, « Le Mouvement des travailleurs arabes: Sociologie d'une nouvelle génération politique dans l'immigration postcoloniale », May 68: 40 years later, University of London Institute in Paris, le 15 mai 2008 

    Abdellali Hajjat, « Travailleurs immigrés vs. beurs? Comparaison de deux figures des luttes de l'immigration postcoloniale en France », Rébellions urbaines : Comparaison Belgique-France-Italie, Université Paris I, le 10 avril 2008 

    Abdellali Hajjat, « Antiracism Without The Racialised: The Paradoxes of the 1983 March against Racism and for Equality », Race, Racism, and Anti-Racist Movements in Modern Europe, University of Chicago United States (US), le 07 avril 2008 

    Abdellali Hajjat, « The Politics of the Banlieue: Riots and Crisis of Activism in French Suburbs », Rupture, Repression and Uprising: Raced and Gendered Violence Along The Color-Line, University of Illinois at Urbana-Champaign United States (US), le 03 avril 2008 

    Abdellali Hajjat, « What does it mean to be (un)assimilated? The concept of assimilation in French naturalization law », Europe and its Established & Emerging Immigrant Communities: Assimilation, Multiculturalism or Integration?, De Montfort University, Leicester United Kingdom (GB), le 07 novembre 2007 

    Abdellali Hajjat, « Musulman-e-s et naturalisation », Colonial, post-colonial, Paris, le 15 mars 2007 

    Abdellali Hajjat, « De l'Étoile Nord-Africaine au Mouvement des Travailleurs Arabes : apport et actualité de Sayad pour une sociologie des mouvements politiques de l'immigration postcoloniale », Actualité d'Abdelmalek Sayad, Musée social, Paris, le 15 juin 2006 

    Abdellali Hajjat, « Qu'est-ce qu'être (in)assimilé-e ? Des origines coloniales de l'assimilation aux cas de refus de naturalisation pour défaut d'assimilation », Sciences sociales et immigration, Ecole normale supérieure Jourdan, Paris, le 21 octobre 2005 

    Abdellali Hajjat, « Le projet de syndicat arabe du Mouvement des Travailleurs Arabes : une stratégie de résistance au racisme à l'usine ? », Les syndicats contre le racisme, Université Paris 7 Denis-Diderot, le 20 octobre 2005 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Anthony Pregnolato, Rébellions urbaines et mobilisations contre les violences policières dans la région parisienne (2005-2018), thèse soutenue en 2022 à Paris 10 sous la direction de Pascale Laborier, membres du jury : Vanessa Codaccioni (Rapp.), Fabien Jobard (Rapp.), Andrea Rea et Myriam Aït-Aoudia    

    Ce travail étudie un espace des mobilisations contre les violences policières constitué de familles de victimes, de militant·es et de collectifs qui prennent pour objet de lutte – exclusive ou non – les violences policières à travers une diversité de modes d’action. Il articule une sociologie de l’action collective, de la police, de la justice, de la domination et des discriminations raciales, et repose sur une enquête par observations ethnographiques, entretiens et travail d’archives. En interrogeant le passage de « l’émeute » à l’action non-violente, la thèse montre comment l’expérience des violences policières et des rébellions urbaines constitue des instances de politisation. Elle interroge l’usage du droit par les familles de victimes et les processus de (dé)légitimation de l’usage de la force publique. En mettant en lumière l’improbabilité de la reconnaissance publique et institutionnelle des violences policières, l’enquête montre que même lorsque la condamnation advient, le fait d’assurer la fonction policière atténue la sanction pénale. Elle analyse aussi comment l’expérience de ces procédures judiciaires participe à la politisation et à l’engagement en tant que et au nom des familles de victimes qui contribuent, avec des miliant·es, à la construction d’une cause. Essentiellement inscrite dans l’histoire des luttes de l’immigration post-coloniale et des quartiers populaires, la cause contre les violences policières se généralise au sein des anarchistes, de la gauche radicale et d’une partie de la gauche durant la décennie 2010. L’étude des alliances et conflits a permis de mettre en évidence les luttes de (re)définition de la cause, de son « autonomie » et de sa représentation politique, à l’intersection des catégories de classe, de race et de territoire.

  • Aïcha Bounaga, Le soupçon et le reproche : les dessous normatifs de la prévention de la radicalisation et de la lutte contre le séparatisme (2014-2022), thèse soutenue en 2023 à Toulouse 2 sous la direction de Caroline Guibet Lafaye, membres du jury : Nadia Fadil (Rapp.), Julien Talpin (Rapp.), Ahmed Boubeker et Elsa Dorlin  

    À partir de 2014, l’État français met en place une variété de mesures visant à prévenir la radicalisation d’inspiration islamique. Cette politique publique donne simultanément lieu à une importante littérature de sciences sociales, soit sous la forme de commandes publiques en vue de la formalisation des signes annonçant la dérive radicale, soit à dévoiler de manière critique les aboutissements sécuritaires auxquels n’a de cesse de conduire la lutte contre la radicalisation. L’étude qui suit s’attache cependant à un pan non questionné de ces mesures et dispositifs institutionnels, c’est-à-dire l’éthique et la diversité des énoncés normatifs qui les sous-tendent. Si la menace de la violence politico-religieuse est en effet en toile de fond des mesures et des discours de la prévention de la radicalisation, cette séquence historique est également celle d’une profusion de prescriptions quant à la bonne manière de vivre sa vie au sein de la société libérale et séculière.À cet effet, différentes enquêtes menées au sein d’une région du Sud de la France permettent de restituer la normativité qui est ainsi à l’œuvre dans la prévention de la radicalisation : par le biais d’entretiens avec des membres de corps préfectoraux, d’autres avec des travailleurs sociaux de diverses structures associatives mobilisées par la commande publique et des imams également appelés à produire une norme de modération religieuse, par l'analyse de la littérature officielle, et l'observations de colloques et de sessions de formation et analyse de contenus audiovisuels.La thèse examine d’abord comment la prévention de la radicalisation crée les conditions de possibilités de formulation de normes, notamment à travers la mobilisation de pans divers de la société, dont l’université, le travail social, ou encore la sphère religieuse. Ce travail offre une analyse approfondie de la place du genre dans la prévention de la radicalisation qui se définit comme étant fondamentalement liée à la cause des inégalités entre hommes et femmes, en particulier celles dont les fondements seraient religieux. La prévention de la radicalisation est en effet le moment d’une formulation implicite des normes de genre dans la société française, qui définissent ce que serait une bonne féminité (notamment à travers la description des femmes radicalisées comme femmes déviantes car déviant de leur féminité naturelle). Outre la lutte contre les inégalités de genre, les discours de la prévention de la radicalisation en font également un enjeu de lutte contre les discriminations, notamment raciales. La définition spécifique du racisme et de l’antiracisme portée par la prévention de la radicalisation présente le problème des discriminations raciales comme un facteur possible de déviance radicale, et non comme un problème en soi. L’expérience de la discrimination pourrait en effet, selon cette perspective, amener à l’adoption d’une « posture victimaire » ou bien à une prise de distance de la victime de racisme vis-à-vis de la nation française - ce qui pourrait être au principe de velléités violentes. Enfin, cette thèse propose également une analyse du passage d’une politique de prévention à une politique de répression, caractérisé par l’abandon de certaines caractéristiques normatives de la prévention de la radicalisation, notamment la pratique du signalement, la stratégie de contre-discours, la caractérisation des individus déviants comme victimes, la mobilisation des savoirs et des pratiques relevant du travail social et de la psychologie, ainsi que la participation des acteurs religieux et des chercheurs. La lutte contre le séparatisme se base plutôt sur une normativité répressive qui ne vise plus réintégrer des individus à déviants à une norme nationale.

    Laura Foy, Quand la race fait école : place et rôle de la race dans l'activité professionnelle des enseignant·es des territoires hyper-paupérisés, thèse soutenue en 2023 à AixMarseille sous la direction de Nicolas Sembel, membres du jury : Patrick Simon (Rapp.), François Héran (Rapp.), Fabrice Dhume-Sonzogni et Christine Mussard  

    Les écoles REP+ enquêtées pour cette recherche font partie des territoires les plus pauvres de France voire d'Europe. Elles sont le lieu de rencontre entre des enseignants majoritairement blancs, dotés d'un capital culturel relativement élevé, de revenus REP+ confortables, et des élèves multiminorisés appartenant à la fois aux groupes ethniques minoritaires et aux groupes socio-économiques les plus défavorisés. Dans ce contexte socialement et ethniquement ségrégué à l'extrême, les rapports de race viennent reconfigurer les relations entre les enseignants et les publics et la race occupe une place centrale dans l'activité professionnelle des enseignants. Cette thèse propose d'utiliser le concept de race, en tant que construction pratique, articulé à une approche en termes de pouvoir et de domination, pour analyser, dans une perspective qualitative, compréhensive et intersectionnelle, la place et le rôle de la race dans l'activité professionnelle des enseignant·es exerçant dans les écoles hyper-paupérisées. Cette enquête est menée par une chercheuse au point de vue doublement situé : son identité raciale métisse fait d'elle une personne racisable tandis que son identité professionnelle d'enseignante fait d'elle la pair statutairement blanche de ses enquêtés. L'analyse repose ainsi sur une participation observante, objectivée et réflexive auprès des enseignants, dans les classes, les espaces de circulation et les salles des maitres. Dans ce contexte scolaire fortement dégradé et ségrégué, la racialisation ordinaire des publics est euphémisée, routinisée, banalisée et en partie inconsciente. Elle apparait in fine comme une stratégie de survie professionnelle permettant aux enseignants d'accepter des conditions d'exercice violentes pour eux comme pour les élèves en externalisant la difficulté professionnelle, reportée sur des publics naturalisés. Ne reposant que rarement sur une construction idéologique stable, un rapport professionnel à la race est pourtant construit et diffusé dans les écoles hyper-paupérisées et il informe l'activité professionnelle des enseignant·es pour qui la race devient une catégorie de l'entendement professoral. S'il n'y a pas de permanence et d'unicité des modes d'assignation à l'altérité raciale dans les écoles, si la race ne se manifeste pas toujours avec la même saillance et si elle n'occupe pas la même place dans l'activité professionnelle de tous les enseignants, l'ordre et les normes raciales et l'ordre et les normes scolaires n'en sont pas moins étroitement imbriqués les uns aux autres, mettant à mal l'idéal républicain et universaliste d'une école égalitaire et inclusive.

    Caroline Taïeb, La discrimination des burakumin dans le Japon contemporain : analyse sociologique d'un racisme invisible, thèse soutenue en 2022 à Paris EHESS sous la direction de Serge Paugam, membres du jury : Milena Doytcheva (Rapp.), Eiji Kawano (Rapp.), Patrick Simon  

    Cette thèse porte sur la discrimination et la stigmatisation des burakumin, une minorité japonaise qui ne présente aucune différence phénotypique, ethnique, religieuse ou même linguistique avec les autres Japonais. Depuis les années 1980, aucune recherche en français n’a été faite sur la situation des burakumin qui reste assez méconnue alors qu’elle est débattue au sein d’instances internationales chargées de protéger les droits de l’homme. Afin d’inscrire ce travail dans le prolongement des travaux menés en sciences sociales sur la discrimination, la stigmatisation et le racisme de ces dernières années, l’analyse s’appuie sur une bibliographie en langue japonaise mais aussi francophone et anglophone. Car malgré la grande richesse de la littérature sur ces questions, en dehors du Japon, le cas des burakumin n’a été que très peu confronté à ces recherches. Cette thèse s’appuie sur deux enquêtes qualitatives et une enquête quantitative menées dans plusieurs villes du Japon auprès des burakumin et des non-burakumin. Elle analyse les mécanismes par lesquels la discrimination et la stigmatisation se maintiennent et peinent à être enrayés alors qu’une partie des burakumin s’intègre et se fond dans la société japonaise. Cette recherche, qui vise à examiner les mécanismes conduisant au rejet de l’autre fondé sur une différence imaginaire, offre un cas exemplaire contribuant à l’avancée des connaissances sur une aire géographique où les questions du racisme et de la discrimination sont peu traitées dans les travaux francophones.

    Mamadou Alimou Diallo, Gouverner les étrangers au Maroc : les Subsahariens au guichet, et au-delà, thèse soutenue en 2021 à Paris 10 sous la direction de Béatrice Hibou, membres du jury : Johanna Siméant-Germanos (Rapp.), Mohamed Tozy (Rapp.), Richard Banégas, Michel Agier et Danièle Lochak    

    Pourquoi choisir le thème de l’immigration pour étudier la formation de l’État au quotidien et les transformations des façons de gouverner dans le Maroc contemporain ? Le territoire marocain est réputé être une « passoire » où transitent toutes les catégories d’étrangers indésirables dont la seule ambition serait de passer massivement dans les pays européens, un territoire aux frontières désormais connues pour être « mortifères ». En revanche, on sait peu de choses sur la façon dont les populations étrangères y sont gouvernées, administrées et contrôlées par une diversité d’acteurs qui mettent en œuvre une pluralité de dispositifs de pouvoir dans des espaces hétérogènes. De la wilaya à la médina, du consulat aux tranquillos, du camp aux guichets,de la gare routière aux frontières, de la forêt au centre-ville, du quartier à la chambre d’un faussaire ou d’un passeur, de l’agence d’un professionnel de l’immobilier (semsar, concierge, bailleur et agent immobilier) au bureau d’un professionnel du droit (avocat, notaire, adoul), de la rue au bureau d’une association, de la cafétéria à la mosquée, du centre d’enfermement au tribunal, du lieu de travail au bureau d’un syndicat, émerge un archipel qui donne à voir des figures improbables, des espaces insolites, des pratiques illégales, des dispositifs bricolés et des acteurs pluriels, qui collaborent et s’affrontent, négocient la frontière, contournent et transgressent les règles juridiques et les normes sociales. L’accès à ces espaces met en rapport des acteurs en position de pouvoir et en situation d’intermédiation avec des étrangers en quête de ressources et de services : avoir accès à la nationalité marocaine ; faire reconnaitre son enfant illégitime auquel l’État refuse la nationalité marocaine ; demander une autorisation de séjour ou un visa de travail ; demander un certificat de résidence ; louer un appartement ou acheter un bien immobilier interdit à une catégorie d’étrangers ; hériter des biens laissés par un étranger décédé ; aider la police à identifier un migrant décédé ; acheter un ticket de bus pour voyager aux frontières ; solliciter une assistance sociale et matérielle auprès d’une association ; demander la régularisation ; se faire fabriquer des faux papiers d’identification…Si la gestion de l’immigration est instantanément associée aux bureaux et aux guichets des étrangers, aux législateurs et aux services de sécurité ainsi qu’aux cours et aux tribunaux, le gouvernement des étrangers invite quant à lui à aller au-delà de ces acteurs et lieux bureaucratisés, spécialisés et institutionnalisés. À partir du cas marocain, cette thèse met en lumière ce que gouverner les étrangers veut dire au quotidien ; comment, concrètement, ce processus ne se réalise que par une multiplicité d’intermédiaires, par une hybridation de pratiques d’acteurs évoluant dans des espaces hétérogènes et par la coexistence de diverses façons de penser les étrangers. Elle souligne également combien la situation contemporaine ne peut se comprendre qu’en tenant compte de la trajectoire historique propre au Maroc, et notamment tout l’héritage colonial et des premières années d’indépendance. Nourrie d’enquêtes multi-situées, variant les échelles et combinant ethnographie, archives, entretiens et observation participante, cette thèse montre que la politique d’immigration d’un État ne se mesure pas uniquement au regard des pratiques des grands commis de l’État et de ses agents qui la mettraient en œuvre au « guichet » et dans les bureaux de l’administration publique, mais qu’elle ne se comprend qu’en intégrant dans l’analyse les pratiques et les façons de gouverner d’acteurs hybrides et privés, issus du monde associatif et du monde des affaires ainsi que les tactiques employées par les migrants eux-mêmes. L’originalité de cette thèse tient à sa capacité à tenir ensemble toutes ces échelles de gouvernement.

    Félicien Faury, Vote FN et implantation partisane dans le Sud-Est de la France : racisme, rapports de classe et politisation, thèse soutenue en 2021 à Ecole doctorale SDOSE Paris sous la direction de Éric Agrikoliansky, membres du jury : Philippe Aldrin (Rapp.), Éric Fassin (Rapp.), Martina Avanza et Nonna Mayer  

    Adossée à une enquête de terrain réalisée de 2016 à 2019, mobilisant observations et entretiens semi-directifs, la thèse porte sur l'implantation électorale et partisane du Front national (FN, RN depuis 2018) dans un territoire du Sud-Est de la France. Ce travail combine l’analyse de la production ordinaire de votes FN (spécifiquement au sein de la composante non-ouvrière de l'électorat frontiste) à celle de l’offre politique locale (mobilisation partisane et implantation municipale). La thèse analyse les processus concrets par lesquels certaines formes de racisme (et leurs supports : blanchité, nationalisme, islamophobie) s’articulent avec certains types de concurrences sociales (accès aux ressources publiques, conflits d’usage du territoire, styles de vie), participant de la formation de préférences politiques pour l’extrême droite. Elle décrit ensuite les modalités par lesquelles ces conflictualités sociales racialisées se traduisent électoralement et sont travaillées par les structures partisanes frontistes locales.

    Romane Blassel, (Dé)Construire la race : Socialisation et conscientisation des rapports sociaux chez les diplômé.e.s du supérieur, thèse soutenue en 2021 à Université Côte dAzur sous la direction de Christian Rinaudo et Géraldine Bozec, membres du jury : Emmanuelle Santelli (Rapp.), Patrick Simon (Rapp.)  

    La thèse étudie l’expérience de la racialisation rapportée par des personnes diplômées de l’enseignement supérieur en France. Elle s’appuie sur une enquête qualitative par entretiens biographiques menés entre 2017 et 2019 auprès de diplômé·e·s de Master, né·e·s en France de parents étrangers, ou arrivé·e·s en France pour leurs études. Elle met en perspective les parcours d’hommes et de femmes d’origines diverses (Afrique du Nord et subsaharienne, Asie, Amérique du Sud, Outremer, Europe), et de trajectoires sociales variées. Cette recherche interroge les variations dans les récits, et met en lumière le processus de conscientisation du rapport de race, en interaction avec le rapport de classe et de sexe. Dans ce travail, la conscientisation désigne un processus continu de traitement cognitif d’un signal, lequel conduit, dans un contexte donné, à interpréter une situation comme racialisante ou non. L’enquête montre que les caractéristiques sociales, politiques et migratoires des enquêté·e·s, leur degré d’exposition au risque discriminatoire ou l’idée de « frustration relative » ne suffisent pas à expliquer pourquoi certain·e·s enquêté.e.s interprètent leur expérience en termes de race et de racisme, quand d’autres ne le font pas. L’hypothèse principale défendue dans ce travail met l’accent sur le rôle de la socialisation dans la conscientisation des rapports de race. Mon travail discute et précise alors la notion de socialisation raciale en mettant en évidence sa complexité et sa pluralité. Il identifie trois dimensions essentielles de la socialisation raciale : la socialisation relationnelle (relations familiales, amicales, scolaires, professionnelles), la socialisation intellectuelle (accès aux connaissances, notamment sur le racisme), et la socialisation expérientielle (apprentissage de la « visibilité » et des contextes de stigmatisation et de discrimination). Le contexte français, caractérisé par la massification de l’enseignement supérieur et l’essor de l’antiracisme post- et décolonial, est également présenté comme un élément socialisateur. La thèse analyse les effets de la conscientisation du rapport social de race sur la relation à soi-même et à autrui. Elle montre que cette conscientisation peut prendre différentes formes, qui orientent le récit du parcours et de la vie quotidienne. Selon ces différentes formes, la personne enquêtée exprime une acceptation, une contestation, ou une minimisation de la position minoritaire. Chacune de ces formes influe également sur les ressentis, sur les perspectives scolaires et professionnelles, et sur la sociabilité. L’enquête montre comment la position de classe revendiquée par les enquêté.e.s influence la perception de leur place dans le rapport de race. En mettant l’accent sur le processus de conscientisation, la thèse enrichit la compréhension de l’articulation des rapports sociaux de race, de sexe et de classe.

    Yoshimi Tanabe, Résistance épistémique des actrices et acteurs (descendant-e-s) de l’immigration postcoloniale : Mémoire, subjectivité, sagesse, thèse soutenue en 2019 à Paris 13 sous la direction de Nacira Guénif Souilamas, membres du jury : Ahmed Boubeker (Rapp.), Nouria Ouali (Rapp.), Françoise Lorcerie et 千香子 森  

    En quête d’une approche éthique, cette thèse met en évidence les formes de résistance épistémique façonnées par les actrices et acteurs (descendant-e-s) de l’immigration postcoloniale originaires d’Afrique du Nord. Cette résistance vise à se libérer de la violence épistémique qui les prive de la possibilité d’une autodéfinition et d’une autoreprésentation, pour ainsi retrouver et écouter la voix étouffée par cette violence. Trois formes de résistance épistémique - mémoire, subjectivité, sagesse - permettant de produire et prendre une parole autonome sont au cœur de l’analyse des deux parties de la thèse. La première partie porte sur les pratiques culturelles et mémorielles des militants de Vitécri, de Zebda et du Tactikollectif à Toulouse pour retrouver une voix étouffée et exister politiquement. Considérés comme illégitimes aux yeux des dominants, ces militants s’acheminent vers une trans/formation de conscience politique qui embrasse la sagesse, la subjectivité et la mémoire. La mémoire joue un rôle indispensable pour que les militants se reconstruisent une subjectivité en accord avec leurs autodéfinitions. La deuxième partie porte sur un espace militant de sororitéà Blanc-Mesnil voulu par le collectif des femmes Quelque Unes d’Entre Nous. Leur résistance par l’expression artistique vise à retrouver leur voix étouffée mais aussi à amener les allié-e-s participant-e-s à cet espace à l’écouter. Par la subversion des rapports épistémiques de pouvoir en recherche d’une rencontre véritable, cet espace collectif fait resurgir la sagesse ignorée qui sera dès lors partagée comme une intelligence collective. Ces espaces collectifs sécurisants et transformateurs proposent ainsi un rapport social subalternatif et s’inscrivent dans des pratiques décoloniales.

    Pauline Picot, L'heure de nous-mêmes a sonné". Mobilisations antiracistes et rapports sociaux en Ile-de-France (2005-2018)., thèse soutenue en 2019 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Christian Poiret, membres du jury : Maud Simonet (Rapp.), Graeme Hayes (Rapp.), Magali Bessone et Jocelyne Streiff-Fénart    

    Cette thèse repose sur une enquête ethnographique menée entre 2013 et 2017 par observation (à des degrés de participation divers) et par entretiens, et sur une analyse de corpus. Elle vise à saisir l’activité militante concrète de plusieurs collectifs antiracistes franciliens : la Brigade anti-négrophobie, le Conseil représentatif des associations noires, le Parti des Indigènes de la République, le réseau Reprenons l’initiative contre les politiques de racialisation et le comité d’organisation des Journées contre l’islamophobie. Croisant sociologie de l’action collective, des relations interethniques et des rapports sociaux, la thèse déroule le fil de l’analyse du travail militant au sein de ces collectifs. Il s’agit, d’un côté, d’expliquer ces mobilisations au regard des conditions sociales de leur apparition – le contexte politique, l’état du champ militant antiraciste – et leur conjonction avec les trajectoires des militant.e.s ; et d’un autre côté, de se pencher sur ce que l’action collective produit pour ceux et celles qui y participent.On verra ainsi comment les mobilisations antiracistes déclenchées à partir du milieu des années 2000, du fait de militantes et de militants français héritiers de l’immigration (post) coloniale, participent d’une lutte pour l’hégémonie sur la définition du racisme en France : l’action collective contribue à produire des intellectuel.le.s, qui produisent de la théorie sur le social. Les formes de travail militant observées et analysées (intellectuel/domestique/émotionnel, visible/invisible) permettent d’interroger les façons dont s’actualisent les rapports de classe, de race et de sexe dans et par l’activité militante. Enfin, ces mobilisations ouvrent la perspective de la constitution des catégories minorisées dans les rapports sociaux de race en groupes sociaux « pour soi », politiquement représentés, c’est-à-dire la possibilité de formes de communalisation minoritaire.