Olivier Nay

Professeur
Science politique.
École de Droit de la Sorbonne

Centre Européen de Sociologie et de Science Politique
  • THESE

    La région site institutionnel : les logiques de représentation en Aquitaine, soutenue en 1997 à Bordeaux 4 sous la direction de Jacques Lagroye

  • Olivier Nay, Delphine Lagrange, Marieke Louis (dir.), Le tournant social de l'international: les organisations internationales face aux sociétés civiles, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2022  

    La montée en puissance des acteurs non gouvernementaux constitue un redoutable défi pour les organisations internationales. Bureaucrates et diplomates, autrefois protégés par les enceintes des institutions, doivent aujourd'hui composer avec des mouvements et des organisations qui se mobilisent dans l'espace mondial au nom de la « société civile ». À New York, Washington, Genève ou Paris, les grandes conférences multilatérales et les secrétariats internationaux deviennent ainsi de véritables écosystèmes dans lesquels gravitent des coalitions d'ONG, des mouvements de citoyens, des entrepreneurs de morale, des fondations, des organisations professionnelles, identitaires ou confessionnelles qui pèsent, de multiples manières, sur les choix des gouvernements. Les auteurs réunis dans cet ouvrage proposent une sociologie politique des organisations internationales. À partir de différents cas d'études (Nations Unies, Banque mondiale, OMC), ils explorent les dynamiques d'ouverture institutionnelle du système multilatéral. Les assemblées politiques et les administrations, exposées à la pression des acteurs transnationaux, mettent en place des mécanismes de participation dans le but de mieux organiser et canaliser l'expression des demandes sociales sur la scène internationale. Tenues d'opérer un « tournant social », les institutions internationales apprennent ainsi à intervenir dans une société mondiale de plus en plus complexe, ouverte et fragmentée

    Olivier Nay, Marieke Louis, Delphine Lagrange (dir.), Le tournant social de l’international : les organisations internationales face aux sociétés civiles, Presses Universitaires de Rennes, 2021, Res publica, 202 p. 

    Olivier Nay, Histoire des idées politiques : 2 500 ans de débats et controverses en Occident, Armand Colin et Cyberlibris, 2021, 859 p.  

    Il y a 2 500 ans, les Grecs inventaient la raison. Confiants dans la capacité de l'esprit humain à découvrir la vérité, ils imaginaient une société où les hommes pouvaient se gouverner par eux-mêmes, au nom d'une nouvelle conception de la justice et du bien commun. Quelles idées les sociétés européennes sont-elles allées puiser dans ce lointain héritage antique ? L'essor du christianisme a-t-il favorisé l'apparition d'une nouvelle conception du pouvoir en Occident ? Peut-on identifier une "renaissance médiévale" européenne annonçant les conceptions modernes de la philosophie et du droit ? Les idées sur la liberté proclamées au XVIIIe siècle sont-elles l'aboutissement de changements culturels plus profonds ? Les mouvements féministes et environnementalistes font-ils évoluer les conceptions de la justice en démocratie ? L'universalisme républicain est-il condamné par les appels croissants à la reconnaissance du pluralisme culturel ? Devenu une référence depuis sa première édition, cet ouvrage parcourt plus de vingt-cinq siècles d'une histoire jalonnée de débats et de controverses sur la meilleure façon d'organiser nos sociétés. Il explore la marche des idées politiques à la lumière des grandes mutations sociales, économiques et culturelles qui ont marqué les sociétés occidentales. Croisant l'analyse du temps long avec l'étude des conflits, des révolutions et des luttes sociales, il offre une synthèse remarquable de la "grande transformation" qui a vu éclore les idées de la modernité démocratique, sans jamais tomber dans une lecture radieuse de notre passé

    Olivier Nay, Histoire des idées politiques: la pensée politique occidentale de l'Antiquité à nos jours, 2e éd., Cairn et Armand Colin, 2020, Collection U  

    La 4ème de couv. indique :"Comment les hommes comprennent-ils leur époque ? Comment envisagent-ils leur avenir ? Quelle influence leurs idées exercent-elles sur la société ? Quel lien existe-t-il entre la philosophie, le droit, la religion et les grandes luttes politiques qui divisent le corps social ? Cette deuxieme édition offre un vaste panorama des idées politiques de l'Antiquité gréco-romaine à nos jours. Elle revient sur les grandes questions qui se sont posées à la réflexion politique : les conceptions antiques de la citoyenneté et de la loi, les désaccords entre la théologie et les " sciences nouvelles ", les incertitudes de la pensée monarchique, la progression de l'idée démocratique, la confrontation entre socialisme et libéralisme, jusqu'aux débats actuels sur le communautarisme et le multiculturalisme. Elle intègre un nouveau chapitre sur les critiques du totalitarisme et la question des libertés. Dans une perspective ouverte sur l'histoire sociale et politique, l'auteur procède à une analyse rigoureuse des grands débats philosophiques et juridiques qui ont contribué à la formation de la pensée occidentale."

    Olivier Nay (dir.), Lexique de science politique, 4e éd., Dalloz et Cyberlibris, 2017, 661 p.  

    Ce lexique de science politique a pour objectif de proposer des définitions claires, assorties de quelques illustrations, de notions clés de l'analyse politique, des institutions, des idées et des faits politiques majeurs. Il aborde toutes les disciplines relevant de la science politique, les institutions et régimes politiques, le droit constitutionnel, l'administration publique, la sociologie politique ou encore les relations internationales, l'Europe, les politiques publiques et les idées politiques

    Olivier Nay, Histoire des idées politiques: la pensée politique occidentale de l'Antiquité à nos jours, 2e éd., Armand Colin, 2016, Collection U ( Science politique ), 652 p.  

    La 4ème de couv. indique :"Comment les hommes comprennent-ils leur époque ? Comment envisagent-ils leur avenir ? Quelle influence leurs idées exercent-elles sur la société ? Quel lien existe-t-il entre la philosophie, le droit, la religion et les grandes luttes politiques qui divisent le corps social ? Cette deuxieme édition offre un vaste panorama des idées politiques de l'Antiquité gréco-romaine à nos jours. Elle revient sur les grandes questions qui se sont posées à la réflexion politique : les conceptions antiques de la citoyenneté et de la loi, les désaccords entre la théologie et les " sciences nouvelles ", les incertitudes de la pensée monarchique, la progression de l'idée démocratique, la confrontation entre socialisme et libéralisme, jusqu'aux débats actuels sur le communautarisme et le multiculturalisme. Elle intègre un nouveau chapitre sur les critiques du totalitarisme et la question des libertés. Dans une perspective ouverte sur l'histoire sociale et politique, l'auteur procède à une analyse rigoureuse des grands débats philosophiques et juridiques qui ont contribué à la formation de la pensée occidentale."

    Olivier Nay, Sonja Grimm, Nicolas Lemay-Hébert (dir.), The political invention of fragile states: the power of ideas, Routledge, 2015, Thirdworlds, 152 p. 

    Olivier Nay (dir.), Lexique de science politique: vie et institutions politiques, 3e éd., Dalloz et Dalloz, 2014, Lexique, 628 p.  

    Présentation de l'éditeur : "Ce lexique de science politique a pour objectif de proposer des définitions claires, assorties de quelques illustrations, de notions clés de l'analyse politique, des institutions, des idées et des faits politiques majeurs. Il aborde toutes les disciplines relevant de la science politique, les institutions et régimes politiques, le droit constitutionnel, l'administration publique, la sociologie politique ou encore les relations internationales, l'Europe, les politiques publiques et les idées politiques. Cette nouvelle édition intègre les dernières évolutions de la collection, notamment les encadrés mettant en avant les notions essentielles de la discipline"

    Olivier Nay (dir.), Lexique de science politique: vie et institutions politiques, 2e éd., Dalloz et Editions Dalloz, 2011, Lexique, 599 p.    

    Présentation de l'éditeur : "Ce lexique de science politique a pour objectif de proposer des définitions claires, assorties de quelques illustrations, de notions clés de l'analyse politique, des institutions, des idées et des faits politiques majeurs. Il aborde toutes les disciplines relevant de la science politique, les institutions et régimes politiques, le droit constitutionnel, l'administration publique, la sociologie politique ou encore les relations internationales, l'Europe, les politiques publiques et les idées politiques. Cette nouvelle édition intègre les dernières évolutions de la collection, des encadrés "actu" ont été créés pour rendre compte de l'actualité de la discipline"

    Olivier Nay (dir.), Lexique de science politique: vie et institutions politiques, Dalloz, 2008, Lexiques, 576 p. 

    Olivier Nay, Histoire des idées politiques, A. Colin, 2007, Collection U ( Science politique ), 592 p. 

    Olivier Nay, Johann Michel, Antoine Roger, Dictionnaire de la pensée politique: idées, doctrines et philosophes, Armand Colin, 2005, [Dictionnaire], 228 p. 

    Olivier Nay, Histoire des idées politiques, A. Colin, 2004, Collection U ( Science politique ), 592 p. 

    Olivier Nay, Andy Smith (dir.), Le gouvernement du compromis: courtiers et généralistes dans l'action politique, Economica, 2002, Etudes politiques, 237 p. 

    Olivier Nay, La région, une institution: la représentation, le pouvoir et la règle dans l'espace régional, l'Harmattan, 1997, Logiques politiques, 377 p.   

    Olivier Nay, Le chant local: politique de communication et stratégie de développement local à Montpellier, 1982-1993, Centre d'étude et de recherche sur la vie locale, Institut d'études politiques de Bordeaux, 1994, Les cahiers du CERVL ( Série Rapports de recherche ), 151 p.   

    Olivier Nay, La politique de communication de Montpellier: stratégie politique de développement autonome, 1992, 260 p. 

  • Olivier Nay, « Knowledge Battles at the World Bank: How Institutional Activists Introduced the Norm of Participation into International Development Policy », in David Dolowitz, Magdaléna Hadjiisky, Romuald Normand (dir.), International Organizations and the Globalization of Governance: Micro-Processes and Actors’ Configurations, Edward Elgar Publishing, 2020, pp. 137-161   

    Olivier Nay, Stéphanie Tchiombiano, Fred Eboko, « Le pouvoir des procédures. Les politiques de santé mondiale entre managérialisation et bureaucratisation : l’exemple du Fonds mondial en Afrique de l’Ouest », in Emmanuel Grégoire, Jean-François Kobiane, Marie-France Lange (dir.), L'Etat réhabilité en Afrique. Réinventer les politiques publiques à l'ère néolibérale, 2018, pp. 105-124 

    Olivier Nay, « La politique des bons offices: l'élu, l'action publique et le territoire », in Jacques Lagoroye (dir.), La politisation, Belin, 2003, pp. 199-220   

  • Olivier Nay, Françoise Barré-Sinoussi, « Bridging the gap between science and policy in global health governance », The Lancet global health, 2022, pp. 322-323 

    Olivier Nay, « Can a virus undermine human rights? », The Lancet Public Health, 2020, n°5, pp. 238-239 

    Olivier Nay, Marie Paule Kieny, Lelio Marmora, Michel Kazatchkine, « The WHO we want », The Lancet, 2020, n°395, pp. 1818-1820 

    Olivier Nay, « Gouverner par le marché. Les relations entre gouvernements et acteurs privés dans les politiques internationales de développement », Gouvernement & action publique, 2018, n°2, pp. 127-154 

    Olivier Nay, Sophie Béjean, Daniel Benamouzig, Henri Bergeron, Patrick Castel [et alii], « Vers la couverture de santé universelle en France : politiques de réforme et inégalités », The Lancet, 2016, n°10034, pp. 2236-2249   

    Olivier Nay, « Grand angle : La théorie des  États fragiles  : un nouveau développementalisme politique ? », Gouvernement et action publique , 2013, n° VOL. 2, pp. 139-151   

    Olivier Nay, « Fragile and failed states: Critical perspectives on conceptual hybrids », International Political Science Review, 2012, n°3, pp. 326-341   

    Olivier Nay, « Éléments pour une sociologie du changement dans les organisations internationales », Critique internationale , 2011, n° ° 53, pp. 9-20   

    Olivier Nay, « What drives Reforms in International Organizations? External Pressure and Bureaucratic Entrepreneurs in the UN Response to AIDS », Governance. An international Journal of Policy, Administration and Institutions, 2011, pp. 689-712   

    Olivier Nay, « Le travail politique à l’assemblée. Note sur un champ de recherche trop longtemps déserté », 2003  

    La grande majorité des études s’intéressant aux pratiques d’assemblée sont publiées aux États-Unis. La raison en est simple : dans le régime américain de séparation des pouvoirs, les deux chambres du Congrès jouent un rôle de premier plan dans la production des lois nationales, en particulier grâce au travail effectué par leurs nombreux « comités ». Elles disposent de compétences larges au point qu’aucun président des États-Unis ne peut espérer faire passer un projet défini par ses administra...

    Olivier Nay, « La négociation en régime d'incertitude. : Une comparaison des partenariats publics régionaux dans la mise en œuvre de la politique Européenne (ii) », Revue internationale de politique comparée , 2003, n° 10, pp. 91-110    

    À partir d’enquêtes de terrain menées dans trois régions françaises, le présent article rend compte des expériences de partenariat public réalisées dans la mise en œuvre du Fonds social européen (FSE) entre 1994 et 1999. Publiée dans le précédent numéro1, la première partie a montré que la pratique du partenariat entre préfectures de région, administrations déconcentrées de l’État et conseils régionaux avait conduit à des expériences de négociation bien différentes d’une arène régionale à l’autre. La seconde partie présentée ici s’intéresse aux jeux de tensions et de concurrence qui ont accompagné ces expériences. Elle soutient l’hypothèse que la nouvelle distribution des compétences imposée dans les années 1990, loin de participer à l’intégration fonctionnelle des partenaires publics, a contribué le plus souvent à attiser les rivalités institutionnelles et à multiplier les conflits dans l’interprétation du droit.

    Olivier Nay, « Pour une sociologie des pratiques d'assemblée : note sur un champ de recherche quelque peu délaissé », Sociologie du Travail, 2003, pp. 537-554   

    Olivier Nay, « La négociation en régime d'incertitude. une comparaison des partenariats publics régionaux dans la mise en œuvre de la politique européenne (i) », Revue internationale de politique comparée , 2002, n° 9, pp. 409-425    

    L’analyse présentée prend appui sur l’observation de partenariats régionaux associant les institutions publiques impliquées dans la mise en œuvre territoriale de la politique communautaire du FSE dans sa deuxième phase de programmation ( 1994-1999). L’étude conduite dans trois régions françaises permet de rendre compte, audelà de quelques convergences caractérisant les formes de la coopération, de la spécificité des systèmes de jeux et des arrangements établis dans chaque arène de négociation.

    Olivier Nay, « Négocier le partenariat : Jeux et conflits dans la mise en œuvre de la politique communautaire en France », Revue française de science politique , 2001, n° 51, pp. 459-481    

    Résumé La politique des fonds structurels constitue depuis une dizaine d’années l’un des principaux instruments de l’intervention communautaire dans les États de l’Union européenne. Elle s’appuie depuis le traité de Maastricht sur le principe de partenariat dont la mise en œuvre suppose la participation croisée des administrations nationales, régionales et locales à la gestion des crédits européens. L’aménagement de ce principe, placé sous la responsabilité des gouvernements nationaux, a été réalisé en France au début des années 1990 dans le cadre de la réforme de l’État déconcentré et de lois approfondissant la décentralisation. Celles-ci ont redéfini les équilibres de compétence entre les préfectures, les directions techniques des ministères et les collectivités locales. On comprend à ce titre que la redistribution des pouvoirs entre les acteurs publics territoriaux, réalisée en partie pour améliorer la conduite de la politique communautaire, se soit accompagnée de jeux de tension et de résistances. Prenant appui sur l’exemple du Fonds social européen (FSE), le présent article entend montrer que l’institutionnalisation du partenariat régional dans la gestion des fonds européens a abouti à une diversité d’équilibres politico-administratifs sur le territoire. Ces équilibres sont rapportés ici à deux ordres de facteurs : le poids des expériences localisées forgées antérieurement à la réforme des années 1990 ; les jeux concurrentiels auxquels se livrent, de 1994 à 1999, les acteurs politiques et administratifs mobilisés dans l’instruction quotidienne des dossiers européens.

    Olivier Nay, « Négocier le partenariat. Jeux et conflits dans la mise en œuvre de la politique communautaire en France », 2001, pp. 459-481    

    La politique des fonds structurels constitue depuis une dizaine d'années l'un des principaux ins­truments de l'intervention communautaire dans les États de l'Union européenne. Elle s'appuie depuis le traité de Maastricht sur le principe de partenariat dont la mise en œuvre suppose la participation croisée des administrations nationales, régionales et locales à la gestion des cré­dits européens. L'aménagement de ce principe, placé sous la responsabilité des gouvernements nationaux, a été réalisé en France au début des années 1990 dans le cadre de la réforme de l'État déconcentré et de lois approfondissant la décentralisation. Celles-ci ont redéfini les équi­libres de compétence entre les préfectures, les directions techniques des ministères et les col­lectivités locales. On comprend à ce titre que la redistribution des pouvoirs entre les acteurs publics territoriaux, réalisée en partie pour améliorer la conduite de la politique communau­taire, se soit accompagnée de jeux de tension et de résistances. Prenant appui sur l'exemple du Fonds social européen (FSE), le présent article entend montrer que l'institutionnalisation du partenariat régional dans la gestion des fonds européens a abouti à une diversité d'équilibres politico-administratifs sur le territoire. Ces équilibres sont rapportés ici à deux ordres de facteurs : le poids des expériences localisées forgées antérieurement à la réforme des années 1990 ; les jeux concurrentiels auxquels se livrent, de 1994 à 1999, les acteurs politiques et administratifs mobilisés dans l'instruction quotidienne des dossiers européens.

    Olivier Nay, « Les règles du recrutement politique. Pour une approche institutionnaliste de la sélection politique », 1998, pp. 161-190    

    Nay Olivier. Les règles du recrutement politique. Pour une approche institutionnaliste de la sélection politique. In: Politix, vol. 11, n°44, Quatrième trimestre 1998. Politiques du risque, sous la direction de Cyril Lemieux. pp. 161-190.

    Olivier Nay, « L'institutionnalisation de la région comme apprentissage des rôles. Le cas des conseillers régionaux », 1997, pp. 18-46    

    L'institutionnalisation de la Région comme apprentissage des rôles. Le cas des conseillers régionaux. Olivier Nay [18-46]. L'observation de rôles tenus par les élus politiques régionaux peut aider à la compréhension des processus par lesquels prend forme une institution politique telle que la Région. L'article s'attache à montrer que les rôles endossés par les représentants politiques dans l'exercice du mandat régional restent largement déterminés par les conditions de leur intervention sur des territoires politique infra-régionaux. C'est notamment par l'apprentissage d'un rôle d'intermédiaire — rôle par lequel est assurée une intercession permanente entre des acteurs éloignés les uns de autres — que les élus régionaux sont amenés à s'engager dans leur action de représentation. L'activité d'intermédiaire, toutefois, en conduisant ces derniers à intervenir simultanément dans une pluralité de lieux d'échange, tend à les confronter à des exigences contradictoires qu'ils ne sont pas toujours en mesure de concilier.

    Olivier Nay, « La propagande antimaçonnique sous le régime de Vichy », 1995, pp. 76-89    

    LA PROPAGANDE ANTIMACONNIQUE SOUS LE REGIME DE VICHY Comme tout discours politique de dénonciation, la propagande antimaçonnique vichyste vise la légitimation des pratiques d'exclusion et la mobilisation politique. Restituer le lexique de stigmatisation et reconstituer les combinaisons syntaxiques, les formulations verbales et les jeux sémantiques les plus significatifs du discours de propagande permet de rappeler que la violence symbolique que ce discours exerce est étroitement dépendante de sa structure lexicale singulière.

    Olivier Nay, « Les enjeux symboliques du développement local : l'exemple de la politique de communication de Montpellier », 1994, pp. 51-69    

    Erigée en impératif d'action publique, la politique de communication de la ville de Montpellier s'inscrit depuis 1982 au cœur des dispositifs stratégiques mis en œuvre par la municipalité pour la structuration et la conservation du pouvoir mayoral. En cherchant à anticiper symboliquement les conséquences concrètes qu'elle est censée induire, à travers les représentations idéalisées qu'elle véhicule, elle est posée comme un des axes centraux de l'action municipale. La représentation du dynamisme est en effet supposée être porteur d'effets politiques localisés. Le présent article s'efforce ainsi de comprendre cette tentative de mobilisation de "ressources symboliques" de pouvoir en s'attachant à observer les conditions de l'instrumentalisation politique d'images et de croyances perçues comme stratégiques par les responsables municipaux. L'analyse interne de la stratégie de communication permet de repérer l'ensemble des représentations à partir desquelles sont définis les critères d'élaboration de la politique, les objectifs économiques assignés à cette dernière, ainsi que l'enjeu du développement local et la territorialisation comme référents de la stratégie de proclamation.

  • Olivier Nay, Amartya Sen, Repenser l'inégalité, Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2001, pp. 311-315    

    Nay OlivierNay Olivier. Amartya Sen, Repenser l'inégalité. In: Revue française de science politique, 51ᵉ année, n°1-2, 2001. pp. 311-315.

  • Olivier Nay, « The Co-Optation of Critical Voices: How international organizations assimilate critical advocacy and convert it into global norms », Annual Convention, Nashville United States (US), le 30 mars 2022 

    Olivier Nay, « Les institutions internationales et la neutralisation de la protestation sociale », Congrès de l'Association française de science politique, Lille, le 05 juillet 2022 

    Olivier Nay, « Institutional Activists in Importing Policy Prescriptions: the Case of the World Bank », 2nd International Conference on Policy Diffusion and Development Cooperation, Sao Paolo Brazil (BR), le 11 février 2021 

    Olivier Nay, « Gouvernementalité, normes internationales et dynamique des guerres civiles : sur le modèle analytique de l’ERC », Colloque Social Dynamics of Civil Wars, Paris ( France), le 30 septembre 2021 

    Olivier Nay, « L’écosystème social des organisations onusiennes », Séminaire du Global Governance Center, Genève Switzerland (CH), le 12 avril 2021 

    Olivier Nay, « L’OMS et la diplomatie sanitaire », Séminaire de haut niveau du Global Health Center, Genève Switzerland (CH), le 08 décembre 2020 

    Olivier Nay, « The Global Health we need, the WHO we deserve », International Conference on Policy Diffusion and Development Cooperation, On Line United States (US), le 06 juillet 2020 

    Olivier Nay, « L’OMS est-elle devenue une institution internationale menacée ? », Journée d’étude du Think Tank Terra Nova, Paris, le 25 juin 2020 

    Olivier Nay, « La ‘captation épistémique’ : les institutions internationales et la digestion de la critique sociale », Congrès de l’Association française de science politique, Bordeaux, le 04 juillet 2019 

    Olivier Nay, « Les institutions financières internationales : domination des savoirs économiques, canalisation de la critique sociale », 57e Congrès annuel de la Société québécoise de science politique, Montréal Canada (CA), le 22 mai 2019 

    Olivier Nay, « Institutional Activists at the World Bank and the Raise of Participation Theories », International Symposium IO-GLOB Project: “Micro-Politics in International Organizations: Shaping Governance in an Era of Globalization”, Strabourg, le 27 juin 2018 

    Olivier Nay, « The World Bank and Academia: a Focus on Affiliated Experts and Universities », International Studies Association (ISA), 59th Annual Convention, San Francisco United States (US), le 04 avril 2018 

    Olivier Nay, « Framing Participatory Ideas at the World Bank: looking back to the Early Years (1980-1990s) », SIPA Seminar on International Organizations, Columbia University, New York United States (US), le 08 mars 2018 

    Olivier Nay, « Institutional Knowledge: How the World Bank built a Transnational Expert Community », 15th Annual International Conference on International Studies, Athène Greece (GR), le 12 juin 2017 

    Olivier Nay, « États infaillibles ? Fragmentation des institutions et institutionnalisation du chaos” (discutant) », 14e Congrès de l’Association française de science politique (AFSP), Montpellier, le 10 juillet 2017 

    Olivier Nay, « Universalité, solidarité et inégalités dans l’accès de la santé », Colloque médical d’Oncologie Thoracique: Innover et Soigner, Avignon, le 19 mai 2017 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Raisa Mulatinho Simoes, Négocier la biodiversité : jeux politiques, mobilisations sociales et enjeux économiques dans la construction de la gouvernance internationale des ressources énergétiques, thèse soutenue en 2022 à Paris 1, membres du jury : Vicki L. Birchfield (Rapp.), Daniel Compagnon (Rapp.), Florence Pinton  

    Cette thèse analyse la construction de la biodiversité comme un problème de gouvernance mondiale, en mettant l'accent sur l'élaboration et la mise en œuvre internationales des principes et des normes qui sous-tendent la Convention sur la diversité biologique et le Protocole de Nagoya sur l'accès et le partage des avantages. En examinant les transformations technologiques et économiques des dernières décennies du XXe siècle, mais aussi l'émergence des mouvements de protection de l’environnement et de défense des droits des populations autochtones, cette thèse ouvre une réflexion sur les enjeux politiques liés à l'utilisation commerciale et scientifique de la biodiversité. Elle met en lumière un processus de politisation généré par les États, des acteurs marchands et des réseaux militants dont les interventions ont contribué à redéfinir la biodiversité comme un composite de « ressources génétiques » et de « savoirs traditionnels » ayant une valeur à la fois utilitaire et socioculturelle. En croisant les savoirs tirés de la sociologie de l’action publique, de la sociologie économique, des relations internationales et des sciences et techniques (STS), nous montrons comment ce processus a transformé ce qui était initialement un problème scientifique et écologique – la perte accélérée de la biodiversité – en un problème d'importance principalement économique et politique. L'étude s’appuie principalement sur des méthodes d’enquête qualitatives (entretiens approfondis, observation et recherche d'archives), tandis qu'un logiciel d'analyse de données qualitatives a été utilisé pour l’étude des résultats de la recherche (transcriptions, notes d'observation, etc.). À travers des recherches de terrain multi-sites au Brésil, aux États-Unis, en France et dans un cadre de négociation multilatérale, cette thèse propose également une réflexion sur l'instrument d’« accès et partage des avantages », montrant comment l’idée d’un partage juste et équitable des avantages a été appropriée, dépolitisée et repolitisée par les acteurs en concurrence présents dans le régime international de la biodiversité.

    Laura Chaudiron, Aide internationale et réseaux locaux d’entraide au coeur de la crise libanaise , thèse en cours depuis 2021  

    La crise polymorphe inédite que traverse actuellement le Liban provoque la mobilisation de divers réseaux de solidarité, ancrés historiquement et localement. En parallèle, l’intervention internationale s’intensifie et multiplie les programmes humanitaires. Ce projet se propose d’étudier les recompositions de ces différentes logiques de l’aide et leur articulation sous l’effet de la crise, dans le quartier populaire de la Quarantaine.

    Benjamin Groc, L'Etat bolivien et les organisations internationales et bilatérales de développement, thèse en cours depuis 2020 

    Maëlle de Sèze, “Hepatitis has never been in fashion. Maybe finally the time is right” , thèse soutenue en 2020 à Paris 1 sous la direction de Julie Balen et Simon Rushton, membres du jury : Emmanuel Henry (Rapp.), Jeremy Shiffman (Rapp.), Khoudia Sow  

    "L'hépatite n'a jamais été à la mode. Peut-être que finalement le moment est venu". L'élaboration des politiques de santé entre l'Afrique de l'Ouest et l'OMS : la construction de l'hépatite virale comme un problème mondial et les réponses à l'hépatite B au Sénégal et en Gambie.

    Rik apolo Pereira sanches de carvalho, Routes panafricaines et reconfiguration des territoires de pensée-action politiques en Atlantique Sud (Cabo Verde, Portugal, Brésil) , thèse en cours depuis 2019 

    Mélissa Haussaire, La fabrique de l'Etat sous régime d'aide. Construction d'une administration extravertie au Sénégal., thèse soutenue en 2019 à Université de Lille 20182021 sous la direction de Yves Buchet de Neuilly    

    Depuis les années 2000 les programmes de coopération internationale mettent l’accent sur le renforcement de l’État et de nombreuses interventions sont consacrées à la « bonne gouvernance ». Mais l’étude des interventions internationales dédiées à ces réformes ne suffit pas à cerner les effets de la présence des bailleurs sur la construction de l’Etat. Les dispositifs d’aide ont des effets sur l’architecture administrative et la professionnalisation des agents qui sont plus larges et qui s’ancrent dans le temps long. En prenant pour objet la construction et la mise en œuvre des dispositifs de gestion de l’aide au niveau national et la manière dont les élites dirigeantes, politiques et administratives, s’en saisissent, cette thèse observe les stratégies d’extraversion et les reconfigurations de pouvoir qui en résultent. Elles reposent sur la réappropriation et la création d’instruments qui correspondent aux mots d’ordre internationaux par des acteurs multiples. Nous étudions plus spécifiquement les stratégies d’extraversion des agents du ministère des Finances et les directeurs et salariés des projets financés par les fonds extérieurs. La construction d’une administration extravertie, si elle donne lieu à des concurrences autour de la gestion et de l’usage des fonds, n’entraîne pas seulement une fragmentation de l’État. Au-delà de la création d’enclaves bureaucratiques ou de l’apparition d’une élite internationale, l’aide est appropriée par les acteurs locaux qui l’inscrivent dans des logiques endogènes à l’administration (les luttes administratives, les hiérarchies existantes, les liens avec le monde politique) dans laquelle ils sont fortement ancrés.

    Etienne Huyghe, Co-produire la sécurité ? Acteurs de la sécurité, militaires et diplomates face à la " crise sahélienne, thèse en cours depuis 2018 

    Michel Bouchaert, L’institutionnalisation politique de l’économie sociale et solidaire : l'exemple des régimes intercommunaux de l'ESS dans la région Hauts-de-France, thèse soutenue en 2017 à Lille 2    

    L’économie sociale et solidaire est un pan qui représente 10% de l’économie en termes d’emplois et de PIB. C’est un champ composé de structures économiques protéiformes qui s’intègre dans les politiques de développement économique depuis une quinzaine d’années. L’objet de cette thèse est d’interroger les régimes territoriaux de l’économie sociale et solidaire à l’oeuvre dans la construction et la réalisation d’une action publique dédiée au niveau intercommunal : jeux d’acteurs, luttes d’institution, enjeux socio-politiques, interprétations cognitives. L’institutionnalisation politique de l’ESS au niveau intercommunal n’est pas uniforme et admet des réalités très différentes d’un territoire à l’autre. Intégré au sein d’un cabinet de conseil, le chercheur développe une analyse de terrain, concrète qui vise à éclaire les mécanismes à l’oeuvre dans l’institutionnalisation d’une politique publique dont les frontières sontfloues et interprétables.

    Maxime Godefroy, Maintenir la paix, mais laquelle ? : Interdépendances, zones d'action et conjoncture de maintien de la paix dans le secteur de la sécurité collective, thèse soutenue en 2016 à Lille 2 en co-direction avec Yves Buchet de Neuilly    

    A travers l’exemple des opérations de maintien de la paix (OMP) conjointes entre les Nations Unies et l’Union européenne au Tchad et en République centrafricaine (Eufor Tchad-RCA et Minurcat) entre 2008 et 2010, cette thèse questionne les mécanismes qui mènent au déclenchement d’une opération de sécurité collective dite de maintien de la paix ainsi que son déroulement. Alors que les analyses anglo-saxonnes du maintien de la paix dans le champ des Relations internationales questionnent peu le processus qui mène à leur déploiement, faisant de celui-ci une réponse quasi rationnelle à l’émergence ou la reprise d’une « crise », cette thèse analyse finement le processus non linéaire qui mène au déploiement des opérations Eufor Tchad-RCA et Minurcat. Cela permet d’interroger de manière originale les disfonctionnements du maintien de la paix en ne s’intéressant pas uniquement à l’appropriation locale d’une OMP comme dans la littérature sur la paix libérale mais en analysant les continuités entre les phases dites de décision et celles de mise en oeuvre. La thèse défendue ici est que le déclenchement d’une OMP se comprend comme le produit de l’activité sociale ayant lieu autour d’un enjeu sécuritaire qui mène à la structuration d’une zone d’action conjoncturelle dans le secteur de la sécurité collective. On parle de conjoncture de maintien de la paix. Le déroulement de l’OMP s’analyse alors comme la poursuite de l’activité au sein de cette zone d’action qui intègre de nouveaux acteurs durant la phase de conduite des opérations. La reconfiguration de la zone d’action peut mener à la poursuite de l’OMP ou à sa fin suivant la dynamique sociale qui se met en place.

    Clément Soriat, Les acteurs associatifs et la lutte contre le sida au Bénin : de la professionnalisation au gouvernement des corps, thèse soutenue en 2014 à Lille 2 en co-direction avec Fred Eboko, membres du jury : Dominique Darbon (Rapp.), Laurent Vidal (Rapp.), Pierre Mathiot    

    Dans la plupart des pays francophones de l’Afrique de l’Ouest et centrale, les politiques de lutte contre le sida semblent davantage avoir été suscitées par des financeurs internationaux qu’elles ne sont le fruit de mobilisations collectives. Le Bénin est sur ce point emblématique. Les conditions d’émergence des acteurs associatifs béninois conduisent à leur implication dans l’action publique de lutte contre le sida selon une logique de « professionnalisation ». L’idée développée est que ce processus résulte d’une adaptation aux contraintes imposées par les bailleurs et qu’il n’est pas neutre. Il a des effets politiques et contribue à la redéfinition de relations de pouvoir, tant au sein de l’espace de la lutte contre le sida que dans les arènes locales dans lesquelles les acteurs associatifs sont implantés. Ces effets sont masqués par un phénomène de neutralisation politique entretenu par la focalisation des acteurs sur des enjeux techniques. Ils sont pourtant bien réels. Les mobilisations collectives sont mises à distance. Des groupes sociaux favorisés (les akowé), en investissant les ONG et les associations locales, acquièrent de nouvelles positions de pouvoir. Leur maîtrise des instruments promus par les bailleurs, indicateur majeur de leur professionnalisation, participe grandement à la construction de leur légitimité à occuper ces positions. Enfin, l’usage des instruments en question peut avoir des effets en termes de gouvernement des corps, les acteurs associatifs renforçant alors leur contrôle sur les séropositifs et participant à la construction de la population comme objet de connaissance et de gestion à distance.

    Raphaëlle Parizet, Le politique du développement : les usages politiques des savoirs experts et de la participation des populations indiennes au Mexique, thèse soutenue en 2013 à Lille 2, membres du jury : Camille Goirand (Rapp.), Laurent Jeanpierre (Rapp.), Irène Bellier et Jean-Gabriel Contamin    

    Mot valise véhiculé par les agences internationales, la notion de « développement avec identité » traduit une volonté de prendre en compte les spécificités locales et culturelles des populations autochtones et la promotion d’une approche en terme de développement, présenté comme universel et apolitique. C’est cette contradiction que cette thèse propose d’explorer. À partir du cas mexicain, il s’agit de comprendre comment les dispositifs de développement fonctionnent comme des instruments de connaissance, mais également comme des instruments performatifs par leurs inductions prescriptives et les usages sociaux qui en sont faits. Au final, le « développement avec identité » renvoie à un « art de gouverner » les populations marquées par une disqualification sociale. Celui-ci s’appuie sur deux volets : l’élaboration de savoirs spécifiques sur ces populations et la participation des individus et groupes autochtones aux dispositifs de développement. Cette thèse propose une contribution sociologique à l’analyse du développement et aux travaux sur la question autochtone. Cette étude de la circulation des discours, des instruments et des pratiques du développement se fonde sur une enquête ethnographique de trois espaces où se construisent, s’élaborent et se mettent en pratique les dispositifs du développement autochtone au Mexique : le bureau du Programme des Nations unies à Mexico, l’instance nationale en charge de l’action publique de développement des populations autochtones, et enfin des groupes sociaux de la région du Chiapas dans lesquels des dispositifs de développement sont également élaborés et mis en œuvre.

  • Emmanuel Enyu' u Moneye, Les associations dans la co-construction de l'action publique contre le sida au Cameroun : entre technicisation et politisation, thèse soutenue en 2022 à Université Paris Cité sous la direction de Fred Eboko, membres du jury : Laurent Vidal (Rapp.), Nadine Machikou Ndzesop (Rapp.), Laëtitia Atlani-Duault et Boris Samuel  

    Cette recherche analyse les transformations profondes des associations, à partir des effets de l'introduction des préceptes du New public management (NPM/NMP) dans l'action publique de la riposte contre le sida au Cameroun. Le prisme par lequel cette thèse aborde cette thématique est celui de l'accès concurrentiel aux financements, la recherche des indicateurs de performance prescrite en amont par les organisations internationales, pour ce qui est nommé « la recherche de l'efficacité », notamment. Le développement par les associations de formes de politisation « par le bas » constitue l'un des effets de ces procédures managériales et bureaucratiques. Ce processus s'exerce à travers un usage détourné des préceptes du Nouveau Management Public. Les associations utilisent les indicateurs dits « de performance » pour enrichir leurs revendications en faveur de la reconnaissance et/ou de la prise en charge sanitaire des cibles réprimées par les lois camerounaises, en particulier les LGBT+. Il résulte également de ces dynamiques une participation accrue des associations au sein de dispositifs institutionnels de participation. Ces derniers rendent possible l'émergence d'une forme de « démocratie sanitaire » dans un contexte d'« Etat stationnaire ». Dans un pays où l'Etat est peu enclin à l'inclusion et les associations pas assez puissantes pour se faire entendre, l'institutionnalisation de la participation peut être perçue comme une offre pour la reconnaissance des dominés. L'enquête qualitative menée dans ce travail repose sur trois méthodes d'investigation des sciences sociales issues notamment de la sociologie de l'action publique : la recherche documentaire, l'observation et les entretiens semi-directifs. Cette démarche, qui permet de mettre en évidence les processus de politisation en œuvre dans l'espace associatif, vient nuancer les résultats des études qui font le lien entre le New public management et la dépolitisation, la technicisation ainsi que la bureaucratisation.

    Déborah Alimi, Dealing (with) drugs : dissonances et reconfigurations dans l'espace de gestion internationale des drogues au tournant des années 2000, thèse soutenue en 2022 à Paris 1 sous la direction de Jean-Louis Briquet, membres du jury : François-Xavier Dudouet (Rapp.), Marie Jauffret-Roustide (Rapp.), Cécile Robert  

    En 2012, les présidents Santos de la Colombie, Calderón du Mexique, et Molina du Guatemala appellent la communauté internationale à un « débat global, franc et ouvert » sur l’avenir des politiques en matière de drogues, questionnant le modèle dominant de « lutte mondiale ». Centrée sur cette dissonance de 2012, qui précipite la convocation à 2016 d’une Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies sur les drogues (UNGASS), cette thèse s’attache à identifier les conditions d’audibilité et la particularité de cette forme de contestation, dans un espace fortement contraint, routinisé et marqué par une forte dépendance à des logiques de traitement répressif des drogues. À partir d’une approche processuelle, et une démarche appuyée sur les outils théoriques de problématisation, de mise en agenda et de circulation d’idées, cette thèse tente d’éclairer ce que cette dissonance dit de l'espace de gestion internationale des drogues dans lequel elle résonne, et d’observer la manière dont elle s’y insère, y est récupérée et le fait évoluer. La Commission des stupéfiants (CND) de l’ONU en constitue un terrain d’observation central. En filigrane, cette étude entend participer d’une réflexion plus large sur la gouvernance de cet illicite particulier que sont les drogues.

    Anicet Tounwendsida Kabore, Du sida à un "syndrome" du Fonds mondial ? : l'Union des Religieux et Coutumiers du Burkina (URCB) au coeur de l'Instance de Coordination Nationale de lutte contre le sida (ICN), thèse soutenue en 2019 à Université Paris Cité sous la direction de Fred Eboko, membres du jury : Dominique Darbon (Rapp.), André Soubeiga (Rapp.), Fanny Chabrol    

    Cette thèse porte sur des effets de la gouvernance impulsée au Burkina Faso par le Fonds mondial à travers son instance de coordination nationale de lutte contre le sida (ICN). Elle analyse cette instance de délibération officiellement collégiale et met en lumière le poids des outils managériaux et de l'instrument d'action publique que constitue le Fonds mondial, en tant que mécanisme institutionnel international. La gouvernance du Fonds mondial est analysée à l'aune d'une association-témoin, l'Union des Religieux et Coutumiers du Burkina (URCB), dans une comparaison entre les changements de trajectoire de cette dernière et ceux des autres associations partenaires. Cette recherche examine d'une part le lien entre les dispositifs d'encadrement du travail de l'Instance de coordination nationale du Fonds mondial au Burkina Faso et, d'autre part, les perceptions et les réactions des acteurs associatifs locaux. Elle relève le déplacement du curseur des pouvoirs en lice et les rapports de forces entre les différents acteurs réunis au sein de l'ICN au fil de son évolution. Cette recherche doctorale met en particulier en exergue les collusions et les collisions entre les acteurs internationaux, les pouvoirs publics d'un côté et les associations de l'autre côté. La présence des leaders religieux et des responsables coutumiers dans l'instance locale du Fonds mondial constitue un prisme des enjeux des idéologies dans et pour l'action publique de lutte contre le sida au Burkina. Ce travail allie des approches diachronique et synchronique qui révèlent une évolution entre engouement et désillusion des organisations de la société civile au sein de cette ICN. Il s'appuie sur 61 entretiens semi-directifs et sur une observation in situ, réalisés entre 2016 et 2017. La question des « populations-clés » (hommes ayant des relations avec des hommes - HSH, travailleuses du sexe) au sein de l'ICN constitue une illustration exemplaire de l'aporie des confrontations idéologiques, entre « le global » et « l'universel ».

    Julian Fernandez, Conflits et controverses autour de l'adoption des normes internationales de contrôle de stupéfiants : les usages de la feuille de coca en Colombie, thèse soutenue en 2017 à Paris 1 sous la direction de Jean-Louis Briquet, membres du jury : Élise Massicard, Fabiano Engelmann et François-Xavier Dudouet  

    La thèse porte sur l'existence de conflits lorsqu'il s'agit d'adapter la norme internationale relative aux drogues au sein de l'ordre juridique interne de l’État colombien. En effet, la loi internationale inscrite dans les Conventions Internationales de Contrôle de Stupéfiant considère uniquement les usages de la médecine et de la science comme des usages autorisés et par conséquence toute déviance est fortement réprimée. Certaines communautés indigènes colombiennes ont une conception différente sur les usages licites de la feuille de coca. Elles vont se mobiliser afin de légaliser la commercialisation des produits dérivés de la feuille. Par conséquent, l'adoption de cette conventions s'avère être source de conflit au sein de la nation colombienne. En effet, l'État est face à un dilemme : d'un côté, il se doit de respecter les droits des peuples indigènes et de l'autre, il doit suivre ses obligations internationales de contrôle de stupéfiants. Ce conflit non-résolu entre deux groupes de normes qui s'opposent se trouve au cœur de notre étude.

    Hélène Baillot, "Nous ne devons rien, nous ne paierons rien" : Jubilee 2000 et la redéfinition du mode de problématisation de la dette des pays pauvres (1996-2000), thèse soutenue en 2017 à Paris 1 sous la direction de Johanna Siméant-Germanos, membres du jury : Dorota Dakowska (Rapp.), James M. Jasper (Rapp.), David Ambrosetti et Étienne Ollion  

    Cette thèse s’intéresse à la manière dont le mode dominant de problématisation de la dette, qui s’était progressivement stabilisé depuis la Seconde Guerre mondiale, a été redéfini à partir des années 1980 sous l’action conjointe de différents acteurs, militants et institutionnels. Pour ce faire, elle mobilise un corpus théorique situé à la croisée de la sociologie des problèmes publics, de la sociologie de l’action collective, de la sociologie de l’action publique et de la sociologie économique. Si l’accent est mis sur la décennie 1990 qui voit naître, grandir, et s’achever la campagne Jubilee 2000, les mobilisations institutionnelles qui la précèdent ne sont pas négligées pour autant. Cette thèse accorde ainsi une attention particulière aux dispositifs dans lesquels la dette s’incarne, ainsi qu’aux institutions et acteurs qui les soutiennent (Banque mondiale, Fonds monétaire international, États du G8 notamment). Reposant sur une pluralité de méthodes (archives, observations, entretiens) et sur un terrain multisitué (États-Unis, Philippines, Ouganda, Bénin, Belgique), ce travail accorde une place centrale aux dynamiques de concurrence et aux logiques de division du travail qui animent l’espace international de la cause anti-dette : elles seules permettent de saisir à la fois comment mais aussi pour qui la dette est devenue -et demeure- un problème.

    Virgile Coujard, La politique étrangère de la France dans les crises internationales, du Golfe à l’Irak : Jeu gouvernemental, jeu diplomatique, système international, thèse soutenue en 2014 à Paris 1 sous la direction de Michel Dobry, membres du jury : Frédéric Ramel (Rapp.), Yves Buchet de Neuilly (Rapp.), David Ambrosetti et Samy Cohen  

    Cette thèse a pour objet la politique étrangère de la France dans la crise du Golfe (1990-1991) et la crise irakienne (2002-2003). Afin d'expliquer les variations du comportement français la participation à la guerre du Golfe, l'opposition à la guerre d'Irak, trois approches, trois niveaux d'analyse, sont mobilisés. Le jeu gouvernemental met au jour la construction interne de la politique étrangère, retraçant les marchandages au sommet de l'État et révélant les biais par lesquels le champ politique national et les administrations influent sur la politique menée. Le jeu diplomatique, en restituant la complexité des processus d'interaction et de négociation interétatiques, montre comment les enjeux et objectifs tactiques se construisent dans les crises, sont sensibles à la configuration du jeu et aux prises de positions des autres diplomaties. L'analyse structurale souligne le poids de la structure du système international- son état comme sa tendance - et de la position d'un État en son sein sur la politique étrangère. Dévoiler les mécanismes par lesquels ces pressions structurelles agissent nécessite de mettre en relation la structure du système, l'ordre international, les perceptions des dirigeants et les comportements des États. C'est au final un mode d'articulation des niveaux d'analyse et des facteurs de détermination de la politique étrangère en temps de crise internationale qui est proposé - un mode qui puisse éclairer l'interpénétration, les combinaisons et interactions entre ces trois niveaux.

    Marame Ndour, La politisation de l’accès aux médicaments dans l’espace international : l'Organisation mondiale de la santé comme foyer d'une dynamique contestataire, thèse soutenue en 2013 à Paris 1 sous la direction de Johanna Siméant-Germanos, membres du jury : Pierre Mathiot (Rapp.), Hans Peter Schmitz (Rapp.), Patrice Pinell  

    A partir d'une enquête sur le rôle de l'OMS dans la politisation de l'accès aux médicaments dans l'espace international cette thèse rend compte de deux choses : d'une part, des conditions particulières d'émergence et de structuration d'une cause à vocation mobilisatrice au sein de cette organisation; d'autre part, des effets de cette mise en politique sur l'action publique internationale. Il s'agit de comprendre les logiques sociales et politiques qui ont fait de cette organisation relativement marginalisée dans son domaine d'intervention, aux normes essentiellement non contraignantes, le lieu d'une mise en débat inédite et durable des enjeux situés à l'interface entre la santé publique et le commerce international et plus précisément entre le brevet pharmaceutique et l'accès aux médicaments des pays en développement. Privilégiant une approche de sociologie politique de l'international, la thèse montre que l'OMS a constitué le foyer de convergence et de consolidation de cette dynamique contestataire car elle offrait un support à la fois matériel et symbolique à cette revendication qui a contribué à revaloriser sa position dans le nouvel espace politique de l'accès aux médicaments. La thèse secondaire est que la prise en charge de ce problème public à l'OMS offrait des marges de manœuvre aux entrepreneurs de mobilisation sans pour autant remettre fondamentalement en cause l'ordre social contesté. En effet, les solutions qui émergent et s'institutionnalisent aussi bien à l'OMS que dans d'autres espaces, constituent des arrangements qui peinent à s'affranchir du cadre établi par le système dominant d'innovation pharmaceutique.

  • Valentin Thomas, La cause du cancer : Le Centre international de recherche sur le cancer dans les luttes transnationales pour la définition des cancérogènes, thèse soutenue en 2021 à Ecole doctorale SDOSE Paris sous la direction de Emmanuel Henry, membres du jury : Pierre Fournier (Rapp.), Sophie Dubuisson-Quellier et Angela N. H. Creager  

    En s’appuyant sur un ensemble varié de matériaux – archives, observations, entretiens, corpus d’articles scientifiques –, cette thèse analyse la fabrique et la légitimation d’une définition historiquement et socialement située de l’étiologie du cancer, ainsi que de l’organisation scientifique qui la porte. L’enquête se concentre sur le Programme des Monographies du Centre International de Recherche sur le Cancer, qui dépend de l’Organisation Mondiale de la Santé. Depuis 1971, ce Programme évalue le caractère cancérogène de différents types d’expositions (pesticides, virus, champs électromagnétiques, procédés industriels, etc.). Le cadre théorique de la thèse articule ensemble des travaux des Science and Technology Studies et une sociologie politique attentive aux processus d’institutionnalisation, aux ressources des acteurs et à leurs socialisations. En multipliant les focales d’analyse, de l’ethnographie d’un comité d’experts, à la distribution des rôles entre organisations à l’échelle globale, la thèse montre toutes les voies par lesquelles se négocie la valeur symbolique des études scientifiques en circulation sur le marché scientifique transnational. Elle montre comment la définition des cancérogènes produite par le Programme des Monographies, ainsi que la valeur de cette définition en termes de santé publique et de prévention contre le cancer, ont été élaborées dans un jeu d’alliances et d’oppositions permanent entre des acteurs scientifiques, économiques et politiques inégalement dotés pour imposer leurs vues.

    Quentin Deforge, La fabrique transnationale du politique : Une sociologie historique du champ réformateur de la "gouvernance" (1961-2019), thèse soutenue en 2019 à Ecole doctorale SDOSE Paris sous la direction de Thierry Kirat, membres du jury : Antoine Vauchez (Rapp.), Laëtitia Atlani-Duault, Vincent Gayon, Choukri Hmed et Martine Kaluszynski  

    Des travaux issus de différentes disciplines des sciences sociales ont mis au jour la transnationalisation du politique dans les pays du Sud, c’est à dire la participation d’acteurs internationaux dans des domaines comme, par exemple, l’organisation et l’observation des élections. En s’appuyant sur ces travaux, dans une approche de sociologie historique, cette thèse montre comment des « experts » internationaux, sous le label de « gouvernance », sont parvenus à s’imposer dans les espaces politiques nationaux pour mener des activités pourtant considérées comme relevant des affaires internes des États (élections, parlements, constitutions, etc.). En s’appuyant sur une enquête faite de l’étude d’archives, d’observations, et d’entretiens parmi les trois pôles qui structurent cette forme d’action publique transnationale (ONU, Banque mondiale, USAID), il s’agit plus particulièrement de s’intéresser aux processus par lesquels ces activités ont mené à la production et à la mobilisation de savoirs de gouvernements. A l’opposé d’une démarche qui essentialiserait l’objectif de « promotion de la démocratie », on montre que ces savoirs juridiques, administratifs, économiques et issus du conseil politiques, marquent tous des frontières différentes entre « administration » et « politique ». S’intéresser aux luttes professionnelles et académiques quant aux usages de ces savoirs permet alors de montrer comment un même objet de l’action publique transnationale (par exemple les parlements) fait l’objet problématisations différentes et parfois tout à fait opposées. Sur la première période étudiée, de 1961 à 1989, ces activités restent limitées et confinées à des espaces sociaux distincts. Mais à partir de 1989, l’effondrement du bloc soviétique, en mettant fin aux concurrences diplomatiques qui portent sur les pays du Sud, ouvre la possibilité de mener des activités de grande ampleur visant à la réforme des institutions d’État dans les pays du Sud, et précipite la jonction de ces espaces sociaux. Un champ réformateur transnational de la « gouvernance » se forme alors à l’interstice d’espaces sociaux transnationaux plus stabilisés, comme les droits de l’homme, le développement, et la coopération économique internationale. L’accroissement rapide des financements dans les années 1990 amène ce champ réformateur à se différencier en secteurs (« assistance électorale », « renforcement parlementaire », « gestion des finances publiques », etc.) au sein desquels les professionnels des différentes organisations collaborent, malgré des habitus professionnels et disciplinaires qui les opposent sur l’objet et la forme des interventions. Ces différentes activités de « gouvernance » s’institutionnalisent alors à l’échelle internationale, et s’imposent au sein des espaces nationaux, sur une frontière floue entre « administration » et « politique ». La thèse montre alors en quoi c’est une logique de professionnalisation qui amène les « experts » des différents secteurs à produire des savoirs, des normes et des modèles d’action publique à vocation universelle, afin de réaffirmer en permanence leur autorité dans le champ réformateur comme au sein des espaces nationaux. La thèse montre, enfin, en quoi cette forme d’action publique qui consiste à envoyer des « experts » internationaux au sein des États est dévalorisée par l’arrivée dans les années 2010 d’activités visant au contraire à s’appuyer sur des organisations non-gouvernementales locales au nom d’une mobilisation pour la « transparence » des institutions.

    Matthieu Brun, Microsociologie politique comparée de la mémoire du développement en milieu rural à Madagascar (Itasy) et au Maroc (Souss Massa Drâa), thèse soutenue en 2019 à Bordeaux sous la direction de Pierre Blanc, membres du jury : Philippe Lavigne Delville (Rapp.), Irene Bono et François Doligez  

    Les interventions de développement laissent à l’échelle du territoire une multitude de traces et d’empreintes qui se superposent au fil des années. Alors qu’en matière de temporalités les approches relatives à l’aide semblent surtout tournées vers le futur et rarement vers le passé, cette thèse interroge la mémoire du développement des habitants de sept communes à Madagascar et au Maroc. Pour analyser l’évocation des traces matérielles et immatérielles laissées dans le cadre des projets et des programmes, cette thèse développe une méthode mixte de recherche qui croise outils quantitatifs et qualitatifs. Elle s’organise autour de trois axes de réflexion : la fabrique et les processus de reconstruction des souvenirs ; le contenu et l’expression de contre-récits et enfin l’utilisation différenciée des mémoires. L’idée développée est que la mémoire du développement est transformée en capital, que ce dernier est inégalement réparti entre les individus et qu’il offre différentes formes de ressources, voire de pouvoirs, pour agir dans et hors de la configuration développementiste. Cette thèse propose donc un regard innovant et renouvelé sur les processus et les histoires du développement.

    Sarah Maire, Science et politique des "soft skills" de l'éducation à l'emploi : sociologie d'un nouveau motif cognitif international, thèse soutenue en 2018 à Strasbourg sous la direction de Romuald Normand, membres du jury : Patricia Loncle-Moriceau (Rapp.), Bénédicte Gendron et Daniel Bénamouzig    

    La thèse étudie les relations entre science et politique à travers l’émergence d’un nouveau concept, celui de « soft skills ». Examinant comment ce motif cognitif se construit et se diffuse à l’échelle internationale en l’espace d’une décennie, elle met en évidence le rôle essentiel d’experts et d’organisations internationales, mais aussi d’entrepreneurs et de réseaux privés. Ces circulations mènent à la convergence progressive des acteurs sociaux autour d’un même raisonnement qui se décline au sein du monde de l’éducation et du monde de l’emploi. Menée en France, la seconde partie de la recherche replace ces évolutions dans une dynamique de recomposition de l’action publique et d’émergence de nouveaux cadres, intimement liés à l’implication croissante de nouveaux acteurs issus de la philanthropie et de l’entrepreneuriat social. Articulée à la promotion du capital humain et de l’économie de la connaissance, justifiée par la stratégie européenne d’éducation tout au long de la vie et d’investissement social, soutenue par la responsabilité sociale revendiquée par certaines entreprises, la valorisation des compétences sociales mène à l’hybridation progressive des politiques et de leurs acteurs. Ces arrangements sont étudiés dans la troisième partie de la thèse, consacrée à l’étude de plusieurs dispositifs éducatifs.

    Julia Vanel, De l'éducation sanitaire à la promotion de la santé : Enjeux et organisation des savoirs au coeur de l'action publique sanitaire (internationale), thèse soutenue en 2016 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Thierry Leterre, membres du jury : Gérard de Pouvourville (Rapp.), Yves Poirmeur  

    L’internationalisation de l’action publique sanitaire est aujourd’hui incontestable, et cette thèse représente une contribution intellectuelle à l’analyse de ce phénomène reconnu mais encore à explorer dans les détails. Partant d’un point très précis voire étroit, la substitution progressive dans le vocabulaire et les pratiques de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) de l’éducation sanitaire par la promotion de la santé, on retrace un parcours autrement considérable qui n’engage rien moins que les représentations historiques et politiques qui ont conduit à la mise en place de politiques publiques dans le domaine sanitaire, et ce à l’international. A la croisée de l’histoire des idées et de l’analyse des politiques publiques internationales, c’est une méthodologie innovante – articulant démarche intellectuelle et recherche empirique, notamment par l’observation participante et la conduite d’entretiens – que nous mobilisons pour retracer l’histoire et le fonctionnement réel de l’OMS.Notre travail se présente comme une histoire d’enchevêtrements de savoir(s), de jeux de pouvoir et de processus d’institutionnalisation dans des contextes changeants. Partant de l’émergence, dès le XVIIIe siècle, de l’éducation sanitaire comme stratégie visant la modification des comportements individuels puis de son inscription au sein de l’OMS, on en arrive à la question du changement de l’action publique (internationale). L’affirmation progressive de la promotion de la santé à partir des années 1980 traduit le travail de sens opéré par des acteurs (de l’OMS) qui, confrontés à des tensions liées à des modifications dans les équilibres jusqu’alors établis, modifient leurs discours et leurs pratiques afin de conserver, ou d’acquérir, une capacité à orienter l’action publique. Surtout, notre recherche montre que l’action publique sanitaire (internationale) se caractérise aujourd’hui par l’effort pour concilier – dans un contexte de complexification des enjeux, d’hétérogénéité croissante des savoirs et de multiplication des acteurs susceptibles d’intervenir au nom de la santé publique – des registres de légitimation (la défense de la liberté individuelle et la nécessité d’une action collective au nom de ce « bien commun » qu’est la santé) et des stratégies d’action (individuelles et collectives) non seulement différentes mais qui souvent même s’opposent.

    Amandine Brizio, Le Conseil économique, social et environnemental régional : assemblée du dialogue des intérêts organisés dans la région, thèse soutenue en 2014 à Bordeaux sous la direction de Thierry Berthet, membres du jury : Michael Keating (Rapp.), Antoine Roger, Jacques Palard et Luc Pabœuf  

    Ce travail de thèse sur les Conseils économiques, sociaux, et environnementaux régionaux entend répondre à la question des modalités par lesquelles ces assemblées opèrent l’intermédiation entre les différents univers institutionnels de l’espace public régional. Ces assemblées socioprofessionnelles consultatives sont un espace d’échanges transversaux entre des responsables politiques régionaux et des représentants de groupes d’intérêt venus d’univers très variés, opérée par le biais de la rédaction collective d’avis et de rapports destinées à représenter les intérêts et à produire une expertise sur les problèmes publics de la Région. En sus de son rôle formel, quoique limité, de consultation des intérêts socio-économiques dans le cadre de la prise de décision du Conseil régional, le CESER participe ainsi à la structuration et à l’institutionnalisation des groupes d’intérêt sur le territoire régional, et à la diffusion de représentations partagées issues de la délibération.

    Nicolas Bouchet, La négociation multilatérale de l'aide aux Etats fragiles : constructions d'agendas et stratégies d'influence au Comité d'aide au déveloeppement de l'OCDE, thèse soutenue en 2011 à Bordeaux 4 sous la direction de Daniel Compagnon, membres du jury : Franck Petiteville (Rapp.), Martinus Desmet  

    Les modes de négociation au CAD de l'OCDE sont organisés autour de la règle du consensus et d'un processus itératif conduit entre pairs. Ces modes de négociation ont produit la notion d'Etat fragile de 2004 à 2010, idée prête à l'usage et prête à être étendue par ses promoteurs initiaux comme par tous les représentants de bailleurs de fonds qui choisissent de s'y investir. La notion et l'agenda concernant les Etats fragiles entrent en 2005 dans la course à la démonstration de la légitimité de l'aide publique au développement comme des compléments nécessaires et comme des concurrents à l'agenda de l'effocacité de l'aide. Cependant les mêmes modes de négociations ainsi que les contraintes organisationnelles et normatives rencontrées dans les bureaucraties de l'aide qui participent à cette construction ont tendu à normaliser le contenu et à limiter la transposition politique et bureaucratique de ce nouvel agenda. Au sein du CAD, ces contraintes diminuent également la portée des tenants de l'agenda Etats fragiles qui doivent faire face à des normes établies. Cet agenda a cependant pu être diffusé rapidement en raison de sa malléabilité, de la nature proinstitutionnelle de son argumentaire et du risque normatif et politique relativement faible qu'il fait prendre aux acteurs qui s'en servent pour promouvoir leurs propres visions stratégiques de l'aide publique au développement. Dans ce contexte, le CAD constitue une arène internationale de négociation où s'analyse l'action organisée des représentants de bureaucraties bilatérales et multilatérales.

  • Adam Baczko, La guerre par le droit : justice, domination et violence en Afghanistan (2001-2018), thèse soutenue en 2018 à Paris Sciences et Lettres ComUE sous la direction de Stéphane Audoin-Rouzeau et Gilles Dorronsoro, membres du jury : Rainer Maria Kiesow, Richard Banégas, Alessandro Monsutti et Shalini Randeria  

    À l’inverse de la perception dominante, les guerres civiles ne sont pas des situations de non-droit, mais de compétition entre systèmes juridiques. Cette thèse retravaille les approches sociologiques du droit et de l’État pour penser l’établissement de tribunaux par un mouvement armé. À travers une enquête de terrain conduite entre 2010 et 2016, j’analyse les implications sociales et politiques de la formation d’un droit par l’insurrection Taliban en Afghanistan. Dans un contexte où rendre justice est indissociablement une activité juridique, un instrument de contrôle social et un enjeu de la guerre, comment un mouvement armé peut-il faire reconnaître les décisions de ses juges comme autant d’actes juridiques et non politiques ? Autrement dit, comment le juge Taliban, qui est Taliban autant que juge, parvient-il à se faire reconnaître dans sa fonction par la population ? Les Taliban mettent en place leurs tribunaux dans un contexte d’incertitude juridique radicale causé par des décennies de guerre civile et alimenté, après 2001, par l’intervention militaire occidentale. En vue d’assurer l’impartialité de ses juges, l’insurrection les intègre dans un système institutionnel et encadre leurs pratiques par des procédures rudimentaires d’objectivation. Tout en restant pris dans la guerre, ce système juridique permet au mouvement armé de régler des conflits privés et, par là, de légitimer son emprise territoriale et d’appliquer son programme politique.

    Perrine Bonvalet, De l’urgence politique à la gestion de l’action publique : construire et institutionnaliser l'accès aux traitements du VIH/sida au Bénin, thèse soutenue en 2014 à Bordeaux sous la direction de Andy Smith, membres du jury : Fred Eboko (Rapp.), Emmanuel Henry (Rapp.), Dominique Darbon et Marc Dixneuf  

    Le cadrage du VIH/sida comme épidémie exceptionnellea conduit à la construction des politiquesde lutte contre le sida autour de la notiond’urgence politique et a rendu possible la miseen oeuvre de politiques d’accès aux traitementsantirétroviraux en Afrique au début des années2000. Cependant, dix ans après, l’accès de plusen plus massif à cette prise en charge a progressivementtransformé le VIH en maladie chronique,remettant ainsi en cause l’urgence politique aucoeur de ces politiques.A partir du cas du Bénin, cette thèse interrogel’émergence de la « chronicisation » du VIHet les effets de l’irruption du long terme dansle processus d’élaboration de la politique d’accèsau traitement. Mobilisant la sociologie de l’actionpublique, en lien avec le concept de « travailinstitutionnel », cette thèse analyse les processuset les acteurs réalisant ce travail.L’analyse de la construction du VIH/sidacomme problème politique exceptionnel et leprocessus d’institutionnalisation de la politiquemettent en évidence les difficultés des acteurs nationauxet internationaux à saisir des enjeux quis’inscrivent en contraste avec la définition initialedu problème. Ils continuent donc à agir au seinde ce cadrage du problème alors même que lescaractéristiques « objectives » du problème sonten constante évolution. Au coeur de ce processusd’institutionnalisation se trouve un réseaud’acteurs biomédicaux, organisé autour d’un programmede la Coopération française. A partir decette caractéristique, nous soulignerons la placecentrale de l’expertise dans le processus décisionnelet analyserons les jeux d’acteurs autourde sa mobilisation. Interrogeant le processus deconstruction et d’institutionnalisation d’une politique,cette thèse met en avant les dynamiquesd’acteurs et les jeux d’échelles au coeur de la productionde l’action publique contemporaine.

    Mathieu Hauchecorne, La fabrication transnationale des idées politiques : sociologie de la réception de John Rawls et des "théories de la justice" en France (1971-2011), thèse soutenue en 2011 à Lille 2 sous la direction de Frédérique Matonti et Frédéric Sawicki, membres du jury : Marion Fourcade, Sandra Laugier et Gisèle Sapiro    

    Au carrefour de la sociologie des élites, de l’histoire intellectuelle et des études de réception, cette recherche explore les mécanismes par lesquels les discours théoriques et les idées politiques circulent entre pays, entre disciplines, et entre mondes savants et politiques. Elle prend pour objet la réception, dans les champs intellectuel et politique français, de la théorie de la justice sociale de John Rawls et du vaste débat ouvert par celle-ci dans le monde anglophone à partir de 1971. Contribution à une histoire sociale des idées politiques contemporaines, elle combine l’observation in situ de séminaires d’experts, de colloques universitaires, l’ethnographie de discussions en ligne, avec une enquête statistique, et l’étude d’archives administratives, universitaires et éditoriales. La description des références à Rawls, Sen ou Walzer dans les publications académiques, la presse, les programmes politiques, l’action publique ou les programmes scolaires fonctionne ainsi comme un analyseur de reconfigurations plus globales, comme la domination accrue de l’anglais sur les échanges culturels transnationaux, le déclin des référentiels marxistes et keynésiens au sein de la gauche française, ou la remise en cause du paradigme structuraliste au sein des sciences humaines et sociales françaises. On montre comment les appropriations des « théories de la justice » et leurs circulations se rapportent à la position occupée par leurs médiateurs et la structure du milieu d’interconnaissance qu’ils constituent. Alors que la sociologie de la réception a souvent négligé l’analyse du contenu des appropriations, on montre en outre comment une lecture sociologique de celles-ci permet d’expliquer des affinités ressenties par ces médiateurs pour la pensée de Rawls, par-delà les frontières nationales, disciplinaires et sectorielles.

    Carolina Gutiérrez Ruiz, Une décentralisation en kit : analyse des trajectoires des politiques de régionalisation et de décentralisation dans la construction de l'État au Chili (1964-1996), thèse soutenue en 2010 à Lille 2 sous la direction de Pierre Mathiot, membres du jury : Philippe Bezes, Yves Dezalay, Renaud Payre et Gilles Pollet    

    Cette thèse retrace les trajectoires des politiques de régionalisation et de décentralisation au Chili ainsi que celles de leurs promoteurs/médiateurs. Ce faisant, elle montre que ces acteurs, constituant une « communauté réformatrice », agissent en réseau. Cette communauté devra non seulement imprégner l’administration pour agir sur elle mais elle devra aussi s’adapter et ajuster ses idées, révélant ainsi la fragilité d’un certain nombre de mécanismes institutionnels tant au niveau national qu’international, en particulier ceux relatifs à la coopération.

    Nicolas Matyjasik, L'évaluation des politiques publiques dans une France décentralisée , thèse soutenue en 2010 à Bordeaux 4 sous la direction de Andy Smith  

    Traditionnellement présentée comme la dernière phase d'une politique publique, l'évaluation reste relativement absente des travaux de science politique. Pourtant, cet instrument constitue un traceur pertinent des recompositions contemporaines à l'œuvre dans le champ politique. En mettant à nu les ressorts de la légitimité des gouvernants et de la rationalisation de l'action publique, l'évaluation offre ainsi une lecture complémentaire aux recherches portant sur la diffusion des théories néo-managériales depuis les années 1980. En prenant pour terrain l'espace infranational, nous proposons, dans cette recherche, une contribution à une sociologie politique explicitement centrée sur l'évaluation des politiques publiques. Pour le cas français, nous montrons que l'évaluation s'incarne dans des institutions de l'État central qui dessinent ses contours, pour ensuite la diffuser dans les collectivités territoriales par le truchement de systèmes incitatifs et d'une sensibilisation opérée par ses délégations. On assiste alors à la stabilisation d'un marché du conseil où l'évaluation constitue, pour les cabinets de conseil qui s'y déploient, un produit spécifique et stratégique pour pénétrer les administrations publiques, nouvelles opportunités de diversifier leur portefeuille clients. Progressivement, ces développements institutionnels et marchands font émerger un « milieu professionnel » et laissent entrevoir la spécialisation d'acteurs publics et privés qui collectivement se regroupent pour défendre leur intérêt.

    Elise Demange, La controverse « Abstain, Be Faithful, Use a Condom » , thèse soutenue en 2010 à Bordeaux 4 sous la direction de Dominique Darbon 

    Laurent Robert Godmer, Les mutations du capital représentatif , thèse soutenue en 2002 à Paris 1 sous la direction de Jean-Claude Colliard  

    La thèse analyse les transformations de la sélection des représentants régionaux allemands, britanniques, espagnols et français. Cette sélection est historiquement assise sur une logique séparative d'exclusion des majorités sociales "invisibles" favorisée par une professionnalisation ancienne et un contrôle oligopolistique par les entreprises politiques. En revanche, la période récente est marquée par une complexification de la structure du capital représentatif liée à l'émergence de ressources "physionomiques" qui facilite la sélection de majorités et minorités "visibles" (les femmes, les "jeunes", les minorités "ethniques". . . ).


Cours UNJF

Administrations publiques comparées

Administrations publiques comparées

La leçon 1 revient sur les différentes approches permettant d’étudier l’administration comme un objet des sciences sociales, tandis que la leçon...