Fabien Desage, Christelle Morel-Journel, Valérie Sala Pala (dir.), Le peuplement comme politiques: [colloque, Lyon et Saint-Etienne, 17 et 18 novembre 2011, 2014e éd., Presses universitaires de Rennes, 2024, Géographie sociale, 385 p.
« Peuplement »... Au premier abord, la notion semble évoquer des temps révolus, où des États en formation ou en expansion s'employaient à peupler des territoires considérés comme « vides » ou dont la population était jugée inadaptée, justifiant ainsi leur colonisation. La notion a pourtant refait surface ces vingt dernières années en France, pour qualifier l'action des pouvoirs publics visant à intervenir sur la répartition spatiale de populations, en fonction de certaines de leurs caractéristiques sociales, ethniques, religieuses, ou autres, réelles ou présumées. Le propos de ce livre est d'abord d'interroger la manière dont cette question du peuplement a été historiquement construite comme enjeu de l'action publique - et tout particulièrement de l'action publique urbaine -, dans des contextes sociaux singuliers, qu'ils soient ouvertement conflictuels ou apparemment pacifiés, qu'ils renvoient à des régimes démocratiques ou autoritaires. La diversité des terrains explorés témoigne de ce parti pris : diversité dans l'espace d'abord - des confins kurdes de l'État turc aux quartiers de Londres et Paris, d'Ho Chi Minh Ville aux agglomérations lyonnaise ou dunkerquoise, de l'Algérie coloniale jusqu'en Israël - ; diversité dans le temps ensuite, du XIXe siècle des entreprises coloniales françaises jusqu'aux politiques de rénovation urbaine du début du XXIe siècle. Quatre thématiques structurent le propos : celle du gouvernement des populations par leur répartition dans l'espace, celle des entreprises de catégorisation des groupes sociaux inhérentes aux objectifs de peuplement, celle des instruments inventés pour concrétiser ces objectifs et, enfin, celle des modalités de politisation et de dépolitisation de ces enjeux, à la fois omniprésents et souvent éludés ou euphémisés. Ces perspectives constituent autant de propositions, non exclusives les unes des autres, pour une analyse du peuplement comme politique(s).
Fabien Desage, Collectif Degeyter, Antonio Delfini, Fabien Eloire, Remi Lefebvre [et alii], Sociologie de Lille, 2017e éd., 2019
À Lille, le récit d’une agglomération reconvertie en métropole tertiaire, culturelle et créative semble avoir chassé les fantômes de la crise économique. Mais, cinquante ans après le début de sa désindustrialisation et sans nier les dynamiques économiques et culturelles nouvelles, la « bifurcation tertiaire » est loin d’avoir tenu ses promesses.
Lille est aujourd’hui la grande agglomération régionale la plus ségrégée de France. Les politiques publiques nationales et locales se sont révélées impuissantes à réduire les inégalités sociospatiales héritées du développement industriel et à contrecarrer un chômage persistant. La reconversion tertiaire s’est accompagnée d’une précarisation accrue du marché du travail et de ségrégations renouvelées, tant sur le plan résidentiel que scolaire.
Cet ouvrage rend compte de ces transformations, indissociablement politiques, économiques et sociales, qui font de l’agglomération lilloise un site privilégié pour comprendre les dynamiques inégalitaires des villes contemporaines.
Fabien Desage, David Guéranger, La politique confisquée: sociologie des réformes et des institutions intercommunales, 2011e éd., éditions du croquant, 2019, Collection Savoir-agir, 247 p.
L'intercommunalité a connu un développement accéléré depuis quelques années. À tel point que les communautés (de communes, d'agglomération ou urbaines) couvrent aujourd'hui la quasi-totalité du territoire national et concernent plus de 90 % de la population française. Si les traces de leur action jalonnent la vie quotidienne locale - le bus qui arbore l'acronyme du syndicat de transports en commun, la ligne de contribution aux services d'assainissement ou de ramassage des ordures ménagères qui barre la feuille des impôts locaux, le bâtiment du siège des services administratifs, parfois baptisé "hôtel de communauté" -, elles demeurent des objets politiques méconnus de la majorité des citoyens. Ce décalage entre des institutions sans cesse plus nombreuses, plus importantes, et leur faible appropriation démocratique, fonde l'hypothèse centrale de cet ouvrage : celle d'un objet politique doublement confisqué. Confisquée, l'intercommunalité l'est d'abord en raison de son fonctionnement politique singulier, marqué par des "consensus" interpartisans établis à l'abri des regards des citoyens et des élus municipaux. Confisquée, l'intercommunalité l'est ensuite au nom de sa technicité présumée, un argument qui puise dans les discours des acteurs politiques eux-mêmes et que valident ses "experts" patentés. Elle se trouve ainsi érigée en objet à part, domaine réservé de quelques-uns. Le présent ouvrage prend le contre-pied de ces conceptions dépolitisantes de l'intercommunalité. D'abord, en montrant les mécanismes qui la soustraient à tout espace public de délibération. Ensuite, en insistant sur les nombreuses conséquences politiques et sociales pour les territoires concernés des choix et des non-choix intercommunaux. Lever le voile sur les institutions intercommunales fournit ainsi un mobile et des outils pour les investir politiquement.
Fabien Desage, Dominique Duprez, Nicolas Sallée (dir.), Le contrôle des jeunes déviants. Savoirs, institutions, territoires, 2015e éd., Les Presses de l'Université de Montréal, 2019, 258 p.
Les perceptions publiques de la jeunesse semblent se cristalliser autour de deux figures bien distinctes : d’un côté, une jeunesse ordinaire, dont on dit souvent qu’« il faut bien qu’elle se passe ». Elle est certes parfois turbulente, ou même politisée, mais ses désordres semblent transitoires et, du moins aux yeux d’une partie de la société, légitimes. De l’autre côté, une jeunesse menaçante, issue des classes populaires, qui met en échec les instances traditionnelles de socialisation et ne semble répondre qu’aux exigences de la rue, du quartier ou du gang. Si cette seconde figure n’est pas nouvelle, sa perception s’est sensiblement modifiée et le fossé s’est creusé entre les deux polarités. À la représentation des déviances comme des séquences prévisibles et presque inévitables de la vie des jeunes (hommes le plus souvent) d’origine populaire s’est substituée l’image de déviances ancrées, accompagnées de violences incontrôlées, menant de la petite délinquance à la grande criminalité, ou – ultime menace de notre époque – aux radicalisations les plus terrifiantes.
Cet ouvrage met en lumière le fonctionnement des dispositifs de contrôle et les processus de typification qui contraignent en partie la jeunesse stigmatisée à ne pouvoir exister qu’à l’intérieur de cadres forgés pour elle. La multiplicité des territoires investigués, de la France au Brésil, en passant par le Québec et les États-Unis, permet de présenter une grande variété de cas et de dégager certaines tendances d’ensemble.
Fabien Desage, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala (dir.), Le peuplement comme politiques: [colloque, Lyon et Saint-Etienne, 17 et 18 novembre 2011, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019
La notion de peuplement a refait surface ces vingt dernières années pour qualifier l'action des pouvoirs publics sur la répartition spatiale de populations, en fonction de certaines de leurs caractéristiques sociales, ethniques, religieuses, ou autres, réelles ou présumées. Ce livre interroge la manière dont cette question du peuplement a été historiquement construite, dans des contextes sociaux singuliers, qu'ils soient conflictuels ou apparemment pacifiés, qu'ils renvoient à des régimes démocratiques ou autoritaires
Fabien Desage, Nicolas Sallée, Dominique Duprez (dir.), Le contrôle des jeunes déviants, Presses de l’Université de Montréal et OpenEdition, 2017
Fabien Desage, Émilie Curinier-Biland (dir.), France / Québec: (se) comparer, De Boeck, 2017, 225 p.
Fabien Desage, Louis Jacob (dir.), Les aménagements de la participation, Lien social et Politiques, 2015
Fabien Desage, Manuel Schotté (dir.), Politiques du logement, Editions du Croquant, 2013, 126 p.
Fabien Desage, Le consensus communautaire contre l'intégration intercommunale: séquences et dynamiques d'institutionalisation de la Communauté Urbaine de Lille (1964-2003),, 2011
Les institutions intercommunales en France sont presque toujours dirigées par des exécutifs collégiaux, associant des représentants municipaux de l'ensemble des formations partisanes . Ce mode de gestion atypique est justifié au nom de la technicité présumée des enjeux intercommunaux et de l'affirmation des politiques d'agglomération qu'il rendrait possible . Notre travail envisage le processus d'institutionnalisation de la CUDL, de sa genèse par les groupes réformateurs dans les annèes 1960, jusqu'à la consolidation d'un régime de " consensus ", terme utilisé par les élus eux-mêmes pour qualifier leurs accords interpartisans . La perspective socio-historique et ethnographique adoptée donne à voir les conditions pratiques de domestication par les maires des réformes successives. Le " consensus ", loin d'aboutir au renforcement de la capacité normative de la CUDL apparaît alors comme le vecteur principal de son maintien sous dépendance municipale et de l'entretien de son déficit démocratique .
Fabien Desage, Nicolas Bué (dir.), Coalitions partisanes, De Boeck, 2010, 248 p.
Fabien Desage, Florine Ballif, Clement Riviere, Fabien Jobard, Vers un maintien de l’ordre préventif ? Entretien avec Fabien Jobard, 20190e éd.
Fabien Desage, Tristan Haute, Marie Neihouser, Camille Kelbel, Thomas Soubiran [et alii], « Variables lourdes et effets de voisinage. Retours sur une enquête à la sortie des urnes à Roubaix », Revue française de science politique, , 2024, n°2023-04-01
Cet article mobilise une méthode particulière d’analyse des choix électoraux : une enquête à la sortie des urnes à vocation représentative menée lors de l’élection présidentielle de 2022 dans la ville de Roubaix, un territoire à la fois populaire et inégalitaire. Notre enquête a porté sur 35 des 45 bureaux de vote de la ville (4 266 questionnaires). Nous expliquons dans un premier temps qu’il est possible de contenir les biais associés aux enquêtes à la sortie des urnes. Nous présentons ensuite la manière dont ce dispositif permet une étude fine des déterminants sociaux du vote en milieu populaire. Nous montrons enfin que le caractère localisé du dispositif permet de documenter, autrement que par l’intermédiaire de données agrégées, l’existence d’effets de voisinage.
Fabien Desage, « Une thèse et deux livres pour rien ? Réceptions et scotomisations politico-administratives de recherches sociologiques (2005-2020) », PasserellesSHS, , 2024, n°2024-01
Que font les élus locaux et les fonctionnaires des recherches sociologiques conduites sur eux, leurs institutions ou les politiques publiques qu’ils mettent en œuvre ? Cet article, qui s’appuie sur une enquête rétrospective de l’auteur sur la réception de ses propres travaux, revient dans un premier temps sur l’ensemble des obstacles à la diffusion des recherches en sciences sociales en dehors du champ académique. Dans un second temps, en s’inscrivant dans la lignée d’analyses récentes sur la production sociale de l’ignorance, l’article décrypte les différentes modalités d’évitement de recherches sociologiques autonomes par les acteurs publics et esquisse quelques pistes pour sortir de cette impasse.
Fabien Desage, Clement Barbier, Antonio Delfini, « Bâtir ou périr ? Les (re)conversions immobilières de la bourgeoisie industrielle nordiste (1945-1990) », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, , 2023, n°2022-06-01
Les approches globales des transformations du capitalisme soulignent la succession de régimes d’accumulation distincts, un « second circuit » financiarisé post-fordiste ayant remplacé le « premier circuit » industriel et manufacturier. En-deçà de ces mutations macro-économiques bien documentées, cet article éclaire l’inscription localisée et historiquement ancrée de ces transformations, en s’intéressant à l’émergence d’un marché de la promotion immobilière dans l’agglomération lilloise, au tout début des années 1960. Loin d’être la conséquence mécanique de processus externes, celle-ci apparaît largement dépendante des investissements précoces de grands industriels locaux ou de leurs héritiers, mais aussi des reconfigurations de l’action publique locale. La comparaison de quelques trajectoires de (re)conversion immobilière, plus ou moins abouties, donne également à voir le rôle essentiel des positions et des dispositions de ces industriels, qui déterminent leur propension inégale à investir ce nouveau secteur d’activité et à abandonner l’ancien.
Fabien Desage, Nicolas Kaciaf, « Des représentants livrés à eux-mêmes ? La Métropole européenne de Lille, entre invisibilité des oppositions internes et imperméabilité aux contestations externes », Politique et Sociétés, , 2023, n°2022
S’appuyant sur des matériaux d’enquête centrés sur la Métropole européenne de Lille (MEL) et sa médiatisation, cet article vise à comprendre comment se construisent et s’entretiennent les mécanismes de clôture d’une institution politique sur elle-même, en insistant sur la conjonction de deux phénomènes relatifs à la publicité : la discrétion des élus quant aux processus délibératifs et décisionnels de la MEL renforce son invisibilité et, en retour, l’imperméabilité de ces mêmes élus vis-à-vis de revendications et de contestations externes qui peinent à les atteindre. Après avoir analysé l’institutionnalisation d’un « ordre coalitionnel » fondé sur le refus de toute forme de politisation et d’extraversion des conflits internes, l’article montre, d’une part, comment les rares et éphémères moments de controverses émergent presque toujours depuis l’extérieur de l’institution et, d’autre part, que même la publicisation d’affaires de corruption impliquant l’exécutif communautaire n’affecte en rien les échanges collusifs en matière de distribution des postes et des ressources budgétaires. Au-delà de ce seul cas, l’article permet d’appréhender quelques-uns des ressorts de la « dé-démocratisation » des institutions politiques locales en France.
Mots-clés : publicité, intercommunalité, parlementarisme, journalisme, dépolitisation
Fabien Desage, Emmanuel Bellanger, Tristan Haute, Jean Rivière, « Élections nationales 2022 : pour une analyse localisée du vote et de ses enjeux », Métropolitiques, , 2023, n°2022-12
Après avoir scruté les votes des grandes villes lors de l’élection présidentielle de 2017, Métropolitiques a consacré un nouveau dossier aux élections nationales de 2022. Les articles rassemblés ici proposent une analyse localisée des résultats électoraux et interrogent quelques enjeux territoriaux de ces élections.
Fabien Desage, Martin Baloge, François Briatte, nicolas Bué, Mathilde Desjeunes [et alii], « Présidentielle 2022 à Roubaix : Les déterminants sociaux du vote populaire ont-ils vraiment changé ? », https://metropolitiques.eu/Presidentielle-2022-a-Roubaix-les-variables-lourdes-du-vote-sont-presque.html, , 2022, n°2022-07-11
Fabien Desage, Rémy Bretton-Wilk, Tristan HAUTE, « De qui le maire de Roubaix est-il l'élu ? », Métropolitiques, , 2021, n°2021-04-19
Analysant les effets croisés de la ségrégation spatiale et de l’abstention sur les résultats électoraux, Rémy Bretton-Wilk, Fabien Desage et Tristan Haute démontrent l’existence d’une « prime au vote bourgeois » dans l’une des villes les plus pauvres de France.
Fabien Desage, Gilles Chantraine, Dominique Duprez, Grégory Salle, « Éditorial », 09c88846-db32-4c04-8fe0-bd9e5997695e, , 2020, n°2012
Fabien Desage, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala, « Peupler la ville : les politiques de gentrification et bien d'autres choses encore... (dossier) », Métropoles, , 2019, n°2013
Fabien Desage, David Guéranger, « De quoi l'intercommunalité est-elle le nom ? », Les cahiers de la décentralisation, , 2019, n°2011-09
Après la phase de "concertation" avec les associations d'élus et le débat parlementaire, la réforme territoriale de 2010 semble bien en peine de produire les changements annoncés avec force quelques temps plus tôt. C'est en tout cas ce qui ressort de l'analyse des dispositions en matière de coopération intercommunale et des premiers travaux des CDCI. A l'instar des précédentes, cette réforme met en scène le changement et réactive des symboles plutôt qu'elle ne modifie le fonctionnement de nos institutions locales. La vigueur démocratique du local, et notamment de la commune, est l'un de ces symboles, particulièrement fort et consensuel, mais aussi particulièrement contestable.
Fabien Desage, David Guéranger, « La démocratisation de l'intercommunalité n'aura pas lieu », Savoir / Agir, , 2019, n°2010
Moins médiatisées que celles concernant les régions et les départements, les dispositions du récent projet de loi de réforme des collectivités territoriales relatives à l'intercommunalité sont pourtant les plus nombreuses. À en croire leurs promoteurs, il s'agirait d'achever la couverture du territoire et de rationaliser l'organisation des structures existantes, afin d'en faire les échelons privilégiés de l'administration locale à côté des régions et de contribuer de la sorte à la cause désormais "sacrée" de la réduction des dépenses publiques. L'instauration d'un nouveau mode d'élection des conseillers communautaires est présentée quant à elle comme un moyen de mettre un terme au vieux débat sur le "déficit démocratique" de l'intercommunalité. Le texte (déposé devant le Sénat le 21 octobre 2009) est toujours en discussion au moment où l'on écrit cet article et il est donc trop tôt pour évaluer ce qui restera des ambitions gouvernementales à l'issue du travail parlementaire. Le contenu du projet de loi, largement inspiré des préconisations du "Comité pour la réforme des collectivités locales" présidé par Édouard Balladur, permet néanmoins d'avancer qu'en matière d'intercommunalité, de révolution institutionnelle il n'y aura point.
Fabien Desage, Emmanuel Bellanger, Jean Rivière, Patrick Lehingue, « 30 ans après Enjeux municipaux. », Métropolitiques.eu, , 2019, n°2014-04-23
En 1984 paraissait dans la collection PUF–CURAPP Enjeux municipaux, un ouvrage devenu incontournable pour qui s'intéresse à la démocratie locale et, plus largement, à l'histoire de la représentation politique. Trente ans après la parution de ce modèle d'enquête empirique, et quelques jours après les élections municipales de mars 2014, nous avons souhaité revenir, avec l'un de ses auteurs, sur la genèse de ce livre atypique, sa réception et son influence sur la science politique française.
Fabien Desage, Emmanuel Bellanger, Jean Rivière, « Local elections as seen by the social sciences », Métropolitiques, , 2019, n°2014-06-11
Fabien Desage, « Excluded from inclusion: Building social housing in times of austerity and “social diversity” (Quebec/France) », Espaces et sociétés (Paris, France), , 2019, n°2017-07-29
Depuis une dizaine d’années, en France comme au Québec, la fixation de taux minimum de logements sociaux est devenue l’un des outils privilégiés des pouvoirs publics pour favoriser le développement du parc social. Ces taux sont contraignants en France et incitatifs au Québec mais procèdent de logiques semblables, valorisant la mixité sociale comme objectif d’action publique et insistant sur les « opportunités de développement » que fourniraient les opérations privées, dans un contexte de baisse des financements publics. À partir de terrains réalisés dans deux agglomérations françaises (Nantes et Lille) et une agglomération québécoise (Montréal), il apparaît que l’acceptation du principe d’un « taux minimum de logements sociaux » n’a été concédée par les maires des communes résidentielles et par les promoteurs immobiliers, traditionnels opposants, qu’à la condition implicite d’en restreindre l’accès aux habitants issus de la commune (France) ou aux demandeurs sélectionnés par le réseau coopératif (Québec) ; autrement dit, d’en exclure les populations les plus indésirables et stigmatisées.
Fabien Desage, Émilie Biland, « France/Québec : (se) comparer (dossier) », Politix, , 2019, n°2017
Fabien Desage, « 20% de logements sociaux minimum, mais pour qui ? La loi SRU à l'épreuve de la préférence communale », Savoir/Agir, , 2019, n°2013
Fabien Desage, « Pas de quartier(s) pour les "grands ensembles" ? Banlieues populaires, ségrégation résidentielle et reformulation de la question sociale dans la France contemporaine », Cahiers français, , 2019, n°2015
Fabien Desage, « "Enfantillages". Photographier les enfants (et leurs parents) dans l'espace public », Métropolitiques, , 2019, n°2015-11-27
Fabien Desage, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala, « Peupler la ville : les politiques de gentrification et bien d'autres choses encore... (présentation) », Métropoles, , 2019, n°2013
Ce dossier s’inscrit dans le prolongement d’un colloque international intitulé « Le peuplement : catégorie insaisissable des politiques urbaines ? » co-organisé à l’Université Jean Monnet Saint-Etienne et à l’Institut d’études politiques de Lyon les 17 et 18 novembre 2011 par trois laboratoires : CERAPS (CNRS UMR 8026), EVS (CNRS UMR 5600) et Triangle (CNRS UMR 5206). En parallèle du présent dossier, un ouvrage collectif intitulé Le peuplement comme politique(s) est en cours d’édition. La focale de ce dossier privilégie l’étude des politiques urbaines contemporaines dans une perspective comparative.
Fabien Desage, Louis Jacob, « Les aménagements de la participation : design, innovation et controverses sociospatiales », Lien social et politiques, , 2019, n°2015
Fabien Desage, « "Un peuplement de qualité". Mise en oeuvre de la loi SRU dans le périurbain résidentiel aisé et discrimination discrète », Gouvernement et action publique, , 2019, n°2016
La lutte contre la ségrégation socio-spatiale fait partie des objectifs affichés des politiques urbaines en France, depuis le début des années 1990 au moins. Longtemps tournée exclusivement vers les « quartiers sensibles », la Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU) de décembre 2000 semble infléchir la tendance, en obligeant les communes résidentielles périurbaines d’une certaine taille à atteindre progressivement un taux de 20% de logements sociaux minimum. D’abord contournée, l’application de cette loi devient plus effective à partir de 2008. En appuyant sur l’étude de sa mise en œuvre dans l’agglomération lilloise, l’article se propose, dans un premier temps, d’expliquer ce changement d’attitude inattendu des élus concernés. Dans un second temps, en se concentrant sur le cas d’une commune résidentielle supérieure de cette aire urbaine, il pointe la contrepartie essentielle mais discrète de ce ralliement : l’exercice d’une « préférence communale » dans l’attribution des nouveaux logements. Il résulte de cette discrimination discrète que le développement du logement social dans les communes privilégiées, loin d’infléchir les inégalités socio-spatiales à l’échelle des agglomérations, tend plutôt à les renforcer.
Fabien Desage, Émilie Biland, « Vers un enracinement cosmopolite. Sciences et pratiques de la comparaison internationale », Politix, , 2019, n°2017
Dans un livre désormais classique, le politiste américain Sydney Tarrow soulignait les ressources internes mobilisées par les militant·e·s engagé·e·s dans des causes transnationales, évoquant des formes de « cosmopolitisme enraciné ». En analysant le développement récent des circulations entre la France et le Québec, cet article montre, de manière symétrique, combien la comparaison internationale constitue une dimension de plus en plus fréquente, voire obligée, de pratiques sociales et politiques ancrées localement et/ou nationalement. Ainsi, et en dépit des multiples différences qui caractérisent ces sociétés si souvent rapprochées, la France et le Québec tendent à former un vis-à-vis comparatif, dont les ressortissant·e·s, chercheur·e·s mais aussi et surtout fonctionnaires, militant·e·s, élu·e·s, journalistes – tendent à se comparer. Défendant une épistémologie réflexive, cet article invite donc les comparatistes savants à interroger leurs propres méthodes, en tenant compte des usages ordinaires de la comparaison parmi leurs enquêté·e·s (qui se comparent, autant qu’on les compare), ainsi que des enjeux internes de ce comparatisme désormais généralisé.
Fabien Desage, David Guéranger, « La démocratie locale, ils n'en ont pas voulu », Mouvements, , 2019, n°2014
Au moment où se déroulent les élections municipales, on peut se demander pourquoi les structures intercommunales sont si rarement enjeux de débats politiques, alors que leurs prérogatives touchent à une multitude d’aspects de la vie quotidienne. Les auteurs [1] replacent cette « dispense démocratique » dans l’histoire de la Ve République, en examinant notamment les positions des élus locaux de gauche et leurs évolutions. Cette histoire souligne le rôle des maires – sorte de « vaches sacrées » de la République – et de leurs logiques corporatistes. Elle appelle à repolitiser les institutions locales et à se mobiliser pour reprendre ce que ces élus ont confisqué, seuls moyens pour que se réalisent à nouveau des politiques locales « de gauche ».
Fabien Desage, Emmanuel Bellanger, Jean Rivière, « Les scrutins municipaux sous le regard des sciences sociales (dossier) », Métropolitiques, , 2019, n°2014-04-21
Les campagnes électorales municipales constituent des moments particuliers dans le cycle de la vie politique locale. Les auteurs réunis dans ce dossier montrent qu'elles représentent également un terrain fécond pour les sciences sociales, révélateur du fonctionnement et des transformations des systèmes politiques locaux. Quelques semaines après les dernières élections municipales, les articles présentés offrent une exploration dans le temps et dans l'espace (géographique et social) des « enjeux municipaux ».
Fabien Desage, Tristan HAUTE, « Lille : quand l'effondrement du PS ravive le vote de classe », Métropolitiques, , 2019, n°2017-06-02
Bastion historique du socialisme municipal, Lille est-elle en passe de tourner la page de la domination électorale du Parti socialiste ? Les clivages électoraux à l’occasion de la présidentielle 2017 révèlent la fracture croissante entre des quartiers populaires partagés entre abstention et vote à la gauche du PS, et des espaces des classes supérieures où l’effondrement du PS a profité au centre-droit.
Fabien Desage, Emilie Biland, « France / Québec : (se) comparer », Politix, De Boeck, 2017, n°120, p. 228
Fabien Desage, Emilie Biland, « Vers un enracinement cosmopolite. Sciences et pratiques de la comparaison internationale », Politix, De Boeck Supérieur, 2017, n°120, pp. 7-35
Fabien Desage, Emmanuel Bellanger, Jean Rivière, Patrick Lehingue, « 30 ans après Enjeux municipaux. », Métropolitiques, Métropolitiques, 2014
Fabien Desage, Emmanuel Bellanger, Jean Rivière, « Les scrutins municipaux sous le regard des sciences sociales », Métropolitiques, Métropolitiques, 2014
Fabien Desage, David Guéranger, « La démocratie locale, ils n’en ont pas voulu », Mouvements : des idées et des luttes, La découverte, 2014, n°77, pp. 145-156
Fabien Desage, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala, « Présentation », ENS Editions, 2013
1. Le peuplement comme analyseur des politiques urbaines : contexte et positionnement du dossier « Peupler la ville » : le choix de l’infinitif pourrait surprendre le lecteur puisqu’il suppose – et impose – un sujet actif. Il dénaturalise ainsi ce qui est rarement interrogé comme une intention dans nos démocraties, et semble renvoyer à des périodes révolues où il s’agissait d’occuper des espaces présumés « vides » et/ou de les coloniser. Cet infinitif épouse pourtant l’ambition première de ce...
Fabien Desage, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala, « Peupler la ville : les politiques de gentrification et bien d’autres choses encore… [coord. du dossier du n°13 de : Métropoles] », Métropoles, ENTPE ; ENS éditions, 2013, p. -
Fabien Desage, David Guéranger, « De quoi l'intercommunalité est-elle le nom ? »: Retour sur une révolution conservatrice, Pouvoirs Locaux : les cahiers de la décentralisation / Institut de la décentralisation, Institut de la décentralisation, 2011, n°90, pp. 15-20
Fabien Desage, David Guéranger, « La démocratisation de l'intercommunalité n'aura pas lieu », Savoir/Agir, Editions du Croquant, 2010, n°11, pp. 19-27
Fabien Desage, « I. Le consensus communautaire contre l'intégration intercommunale. Séquences et dynamiques d'institutionnalisation de la communauté urbaine de Lille (1964-2003) », CNRS Editions, Paris : CNRS Editions et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2007, pp. 623-634
Desage Fabien. I. Le « consensus » communautaire contre l'intégration intercommunale. Séquences et dynamiques d'institutionnalisation de la communauté urbaine de Lille (1964-2003). In: Annuaire des collectivités locales. Tome 27, 2007. Les collectivités territoriales et l'énergie. pp. 623-634.
Fabien Desage, Lassave P., Les sociologues et la recherche urbaine dans la France contemporaine, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2003, pp. 208-211
Desage Fabien. Lassave P., Les sociologues et la recherche urbaine dans la France contemporaine. In: Politix, vol. 16, n°63, Troisième trimestre 2003. Fréquentations militantes, sous la direction de Jean-Philippe Heurtin. pp. 208-211.