Fabien Desage

Maître de conférences
Science politique.
Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales

Centre d'Études et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales
  • THESE

    Le consensus communautaire contre l'intégration intercommunale : séquences et dynamiques d'institutionalisation de la Communauté Urbaine de Lille (1964-2003), soutenue en 2005 à Lille 2 sous la direction de Frédéric Sawicki

  • Fabien Desage, Collectif Degeyter, Antonio Delfini, Fabien Eloire, Remi Lefebvre [et alii], Sociologie de Lille, 2017e éd., 2019  

    À Lille, le récit d’une agglomération reconvertie en métropole tertiaire, culturelle et créative semble avoir chassé les fantômes de la crise économique. Mais, cinquante ans après le début de sa désindustrialisation et sans nier les dynamiques économiques et culturelles nouvelles, la « bifurcation tertiaire » est loin d’avoir tenu ses promesses. Lille est aujourd’hui la grande agglomération régionale la plus ségrégée de France. Les politiques publiques nationales et locales se sont révélées impuissantes à réduire les inégalités sociospatiales héritées du développement industriel et à contrecarrer un chômage persistant. La reconversion tertiaire s’est accompagnée d’une précarisation accrue du marché du travail et de ségrégations renouvelées, tant sur le plan résidentiel que scolaire. Cet ouvrage rend compte de ces transformations, indissociablement politiques, économiques et sociales, qui font de l’agglomération lilloise un site privilégié pour comprendre les dynamiques inégalitaires des villes contemporaines.

    Fabien Desage, David Guéranger, La politique confisquée: sociologie des réformes et des institutions intercommunales, 2011e éd., éditions du croquant, 2019, Collection Savoir-agir, 247 p.  

    L'intercommunalité a connu un développement accéléré depuis quelques années. À tel point que les communautés (de communes, d'agglomération ou urbaines) couvrent aujourd'hui la quasi-totalité du territoire national et concernent plus de 90 % de la population française. Si les traces de leur action jalonnent la vie quotidienne locale - le bus qui arbore l'acronyme du syndicat de transports en commun, la ligne de contribution aux services d'assainissement ou de ramassage des ordures ménagères qui barre la feuille des impôts locaux, le bâtiment du siège des services administratifs, parfois baptisé "hôtel de communauté" -, elles demeurent des objets politiques méconnus de la majorité des citoyens. Ce décalage entre des institutions sans cesse plus nombreuses, plus importantes, et leur faible appropriation démocratique, fonde l'hypothèse centrale de cet ouvrage : celle d'un objet politique doublement confisqué. Confisquée, l'intercommunalité l'est d'abord en raison de son fonctionnement politique singulier, marqué par des "consensus" interpartisans établis à l'abri des regards des citoyens et des élus municipaux. Confisquée, l'intercommunalité l'est ensuite au nom de sa technicité présumée, un argument qui puise dans les discours des acteurs politiques eux-mêmes et que valident ses "experts" patentés. Elle se trouve ainsi érigée en objet à part, domaine réservé de quelques-uns. Le présent ouvrage prend le contre-pied de ces conceptions dépolitisantes de l'intercommunalité. D'abord, en montrant les mécanismes qui la soustraient à tout espace public de délibération. Ensuite, en insistant sur les nombreuses conséquences politiques et sociales pour les territoires concernés des choix et des non-choix intercommunaux. Lever le voile sur les institutions intercommunales fournit ainsi un mobile et des outils pour les investir politiquement.

    Fabien Desage, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala, Le peuplement comme politiques, 2014e éd., 2019  

    La notion de peuplement a refait surface ces vingt dernières années pour qualifier l’action des pouvoirs publics sur la répartition spatiale de populations, en fonction de certaines de leurs caractéristiques sociales, ethniques, religieuses, ou autres, réelles ou présumées. Ce livre interroge la manière dont cette question du peuplement a été historiquement construite, dans des contextes sociaux singuliers, qu’ils soient conflictuels ou apparemment pacifiés, qu’ils renvoient à des régimes démocratiques ou autoritaires." (Présentation de l’éditeur)

    Fabien Desage, Dominique Duprez, Nicolas Sallée (dir.), Le contrôle des jeunes déviants. Savoirs, institutions, territoires, 2015e éd., Les Presses de l'Université de Montréal, 2019, 258 p.  

    Les perceptions publiques de la jeunesse semblent se cristalliser autour de deux figures bien distinctes : d’un côté, une jeunesse ordinaire, dont on dit souvent qu’« il faut bien qu’elle se passe ». Elle est certes parfois turbulente, ou même politisée, mais ses désordres semblent transitoires et, du moins aux yeux d’une partie de la société, légitimes. De l’autre côté, une jeunesse menaçante, issue des classes populaires, qui met en échec les instances traditionnelles de socialisation et ne semble répondre qu’aux exigences de la rue, du quartier ou du gang. Si cette seconde figure n’est pas nouvelle, sa perception s’est sensiblement modifiée et le fossé s’est creusé entre les deux polarités. À la représentation des déviances comme des séquences prévisibles et presque inévitables de la vie des jeunes (hommes le plus souvent) d’origine populaire s’est substituée l’image de déviances ancrées, accompagnées de violences incontrôlées, menant de la petite délinquance à la grande criminalité, ou – ultime menace de notre époque – aux radicalisations les plus terrifiantes. Cet ouvrage met en lumière le fonctionnement des dispositifs de contrôle et les processus de typification qui contraignent en partie la jeunesse stigmatisée à ne pouvoir exister qu’à l’intérieur de cadres forgés pour elle. La multiplicité des territoires investigués, de la France au Brésil, en passant par le Québec et les États-Unis, permet de présenter une grande variété de cas et de dégager certaines tendances d’ensemble.

    Fabien Desage, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala (dir.), Le peuplement comme politiques: [colloque, Lyon et Saint-Etienne, 17 et 18 novembre 2011, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019  

    « Peuplement »... Au premier abord, la notion semble évoquer des temps révolus, où des États en formation ou en expansion s’employaient à peupler des territoires considérés comme « vides » ou dont la population était jugée inadaptée, justifiant ainsi leur colonisation. La notion a pourtant refait surface ces vingt dernières années en France, pour qualifier l’action des pouvoirs publics visant à intervenir sur la répartition spatiale de populations, en fonction de certaines de leurs caractéristiques sociales, ethniques, religieuses, ou autres, réelles ou présumées. Le propos de ce livre est d’abord d’interroger la manière dont cette question du peuplement a été historiquement construite comme enjeu de l’action publique – et tout particulièrement de l’action publique urbaine –, dans des contextes sociaux singuliers, qu’ils soient ouvertement conflictuels ou apparemment pacifiés, qu’ils renvoient à des régimes démocratiques ou autoritaires. La diversité des terrains explorés témoigne de ce parti pris : diversité dans l’espace d’abord – des confins kurdes de l’État turc aux quartiers de Londres et Paris, d’Ho Chi Minh Ville aux agglomérations lyonnaise ou dunkerquoise, de l’Algérie coloniale jusqu’en Israël – ; diversité dans le temps ensuite, du XIXe siècle des entreprises coloniales françaises jusqu’aux politiques de rénovation urbaine du début du XXIe siècle. Quatre thématiques structurent le propos : celle du gouvernement des populations par leur répartition dans l’espace, celle des entreprises de catégorisation des groupes sociaux inhérentes aux objectifs de peuplement, celle des instruments inventés pour concrétiser ces objectifs et, enfin, celle des modalités de politisation et de dépolitisation de ces enjeux, à la fois omniprésents et souvent éludés ou euphémisés. Ces perspectives constituent autant de propositions, non exclusives les unes des autres, pour une analyse du peuplement comme politique(s)

    Fabien Desage, Nicolas Sallée, Dominique Duprez (dir.), Le contrôle des jeunes déviants, Presses de l’Université de Montréal et OpenEdition, 2017  

    Les perceptions publiques de la jeunesse semblent se cristalliser autour de deux figures bien distinctes : d’un côté, une jeunesse ordinaire, dont on dit souvent qu’« il faut bien qu’elle se passe ». Elle est certes parfois turbulente, ou même politisée, mais ses désordres semblent transitoires et, du moins aux yeux d’une partie de la société, légitimes. De l’autre côté, une jeunesse menaçante, issue des classes populaires, qui met en échec les instances traditionnelles de socialisation et ne semble répondre qu’aux exigences de la rue, du quartier ou du gang. Si cette seconde figure n’est pas nouvelle, sa perception s’est sensiblement modifiée et le fossé s’est creusé entre les deux polarités. À la représentation des déviances comme des séquences prévisibles et presque inévitables de la vie des jeunes (hommes le plus souvent) d’origine populaire s’est substituée l’image de déviances ancrées, accompagnées de violences incontrôlées, menant de la petite délinquance à la grande criminalité, ou – ultime menace de notre époque – aux radicalisations les plus terrifiantes. Cet ouvrage met en lumière le fonctionnement des dispositifs de contrôle et les processus de typification qui contraignent en partie la jeunesse stigmatisée à ne pouvoir exister qu’à l’intérieur de cadres forgés pour elle. La multiplicité des territoires investigués, de la France au Brésil, en passant par le Québec et les États-Unis, permet de présenter une grande variété de cas et de dégager certaines tendances d’ensemble

    Fabien Desage, Émilie Curinier-Biland (dir.), France / Québec: (se) comparer, De Boeck, 2017, 225 p. 

    Fabien Desage, Louis Jacob (dir.), Les aménagements de la participation, Lien social et Politiques, 2015 

    Fabien Desage, Christelle Morel-Journel, Valérie Sala Pala (dir.), Le peuplement comme politiques: [colloque, Lyon et Saint-Etienne, 17 et 18 novembre 2011, Presses universitaires de Rennes, 2014, Géographie sociale, 385 p. 

    Fabien Desage, Manuel Schotté (dir.), Politiques du logement, Editions du Croquant, 2013, 126 p. 

    Fabien Desage, Le consensus communautaire contre l'intégration intercommunale: séquences et dynamiques d'institutionalisation de la Communauté Urbaine de Lille (1964-2003),, 2011    

    Les institutions intercommunales en France sont presque toujours dirigées par des exécutifs collégiaux, associant des représentants municipaux de l'ensemble des formations partisanes . Ce mode de gestion atypique est justifié au nom de la technicité présumée des enjeux intercommunaux et de l'affirmation des politiques d'agglomération qu'il rendrait possible . Notre travail envisage le processus d'institutionnalisation de la CUDL, de sa genèse par les groupes réformateurs dans les annèes 1960, jusqu'à la consolidation d'un régime de " consensus ", terme utilisé par les élus eux-mêmes pour qualifier leurs accords interpartisans . La perspective socio-historique et ethnographique adoptée donne à voir les conditions pratiques de domestication par les maires des réformes successives. Le " consensus ", loin d'aboutir au renforcement de la capacité normative de la CUDL apparaît alors comme le vecteur principal de son maintien sous dépendance municipale et de l'entretien de son déficit démocratique .

    Fabien Desage, Nicolas Bué (dir.), Coalitions partisanes, De Boeck, 2010, 248 p. 

    Fabien Desage, Florine Ballif, Clement Riviere, Fabien Jobard, Vers un maintien de l’ordre préventif ? Entretien avec Fabien Jobard, 20190e éd. 

  • Fabien Desage, Rémi Lefebvre, Sébastien Vignon, « Postface. Don’t look up ? Les incapacités politiques intercommunales, de la méconnaissance au déni », Espaces politiques, 2023 

    Fabien Desage, Lorenzo Barrault, Brigitte Gaïti, Daniel Gaxie, Patrick Lehingue, « Le gouvernement des métropoles, laboratoire de la post-démocratie », Res Publica, 2019 

    Fabien Desage, Marie-Hélène Bacqué, Amélie Flamand, Anne-Marie Paquet-Deyris, Julien Talpin, « Les raisons de la colère. Emprise et adversité des institutions dans the Wire », The Wire. L'Amérique sur écoute, 2019 

    Fabien Desage, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala, « Le peuplement : couvrez ce dessein que nous ne saurions voir ? », in Desage, Fabien, Morel Journel, Christelle, Sala Pala, Valérie (dir.), Le peuplement comme politiques, Presses universitaires de Rennes, 2014, pp. 17-34 

  • Fabien Desage, Tristan Haute, Marie Neihouser, Camille Kelbel, Thomas Soubiran [et alii], «  Variables lourdes  et effets de voisinage. Retours sur une enquête à la sortie des urnes à Roubaix », Revue française de science politique, 2024, n°2023-04-01  

    Cet article mobilise une méthode particulière d’analyse des choix électoraux : une enquête à la sortie des urnes à vocation représentative menée lors de l’élection présidentielle de 2022 dans la ville de Roubaix, un territoire à la fois populaire et inégalitaire. Notre enquête a porté sur 35 des 45 bureaux de vote de la ville (4 266 questionnaires). Nous expliquons dans un premier temps qu’il est possible de contenir les biais associés aux enquêtes à la sortie des urnes. Nous présentons ensuite la manière dont ce dispositif permet une étude fine des déterminants sociaux du vote en milieu populaire. Nous montrons enfin que le caractère localisé du dispositif permet de documenter, autrement que par l’intermédiaire de données agrégées, l’existence d’effets de voisinage.

    Fabien Desage, « Une thèse et deux livres pour rien ? Réceptions et scotomisations politico-administratives de recherches sociologiques (2005-2020) », PasserellesSHS, 2024, n°2024-01  

    Que font les élus locaux et les fonctionnaires des recherches sociologiques conduites sur eux, leurs institutions ou les politiques publiques qu’ils mettent en œuvre ? Cet article, qui s’appuie sur une enquête rétrospective de l’auteur sur la réception de ses propres travaux, revient dans un premier temps sur l’ensemble des obstacles à la diffusion des recherches en sciences sociales en dehors du champ académique. Dans un second temps, en s’inscrivant dans la lignée d’analyses récentes sur la production sociale de l’ignorance, l’article décrypte les différentes modalités d’évitement de recherches sociologiques autonomes par les acteurs publics et esquisse quelques pistes pour sortir de cette impasse.

    Fabien Desage, Clement Barbier, Antonio Delfini, « Bâtir ou périr ? Les (re)conversions immobilières de la bourgeoisie industrielle nordiste (1945-1990) », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 2023, n°2022-06-01  

    Les approches globales des transformations du capitalisme soulignent la succession de régimes d’accumulation distincts, un « second circuit » financiarisé post-fordiste ayant remplacé le « premier circuit » industriel et manufacturier. En-deçà de ces mutations macro-économiques bien documentées, cet article éclaire l’inscription localisée et historiquement ancrée de ces transformations, en s’intéressant à l’émergence d’un marché de la promotion immobilière dans l’agglomération lilloise, au tout début des années 1960. Loin d’être la conséquence mécanique de processus externes, celle-ci apparaît largement dépendante des investissements précoces de grands industriels locaux ou de leurs héritiers, mais aussi des reconfigurations de l’action publique locale. La comparaison de quelques trajectoires de (re)conversion immobilière, plus ou moins abouties, donne également à voir le rôle essentiel des positions et des dispositions de ces industriels, qui déterminent leur propension inégale à investir ce nouveau secteur d’activité et à abandonner l’ancien.

    Fabien Desage, Nicolas Kaciaf, « Des représentants livrés à eux-mêmes ? La Métropole européenne de Lille, entre invisibilité des oppositions internes et imperméabilité aux contestations externes », Politique et Sociétés, 2023, n°2022  

    S’appuyant sur des matériaux d’enquête centrés sur la Métropole européenne de Lille (MEL) et sa médiatisation, cet article vise à comprendre comment se construisent et s’entretiennent les mécanismes de clôture d’une institution politique sur elle-même, en insistant sur la conjonction de deux phénomènes relatifs à la publicité : la discrétion des élus quant aux processus délibératifs et décisionnels de la MEL renforce son invisibilité et, en retour, l’imperméabilité de ces mêmes élus vis-à-vis de revendications et de contestations externes qui peinent à les atteindre. Après avoir analysé l’institutionnalisation d’un « ordre coalitionnel » fondé sur le refus de toute forme de politisation et d’extraversion des conflits internes, l’article montre, d’une part, comment les rares et éphémères moments de controverses émergent presque toujours depuis l’extérieur de l’institution et, d’autre part, que même la publicisation d’affaires de corruption impliquant l’exécutif communautaire n’affecte en rien les échanges collusifs en matière de distribution des postes et des ressources budgétaires. Au-delà de ce seul cas, l’article permet d’appréhender quelques-uns des ressorts de la « dé-démocratisation » des institutions politiques locales en France. Mots-clés : publicité, intercommunalité, parlementarisme, journalisme, dépolitisation

    Fabien Desage, Emmanuel Bellanger, Tristan HAUTE, Jean Rivière, « Élections nationales 2022 : pour une analyse localisée du vote et de ses enjeux », Métropolitiques, 2023, n°2022-12  

    Après avoir scruté les votes des grandes villes lors de l’élection présidentielle de 2017, Métropolitiques a consacré un nouveau dossier aux élections nationales de 2022. Les articles rassemblés ici proposent une analyse localisée des résultats électoraux et interrogent quelques enjeux territoriaux de ces élections.

    Fabien Desage, Martin Baloge, François Briatte, nicolas Bué, Mathilde Desjeunes [et alii], « Présidentielle 2022 à Roubaix : Les déterminants sociaux du vote populaire ont-ils vraiment changé ? », https://metropolitiques.eu/Presidentielle-2022-a-Roubaix-les-variables-lourdes-du-vote-sont-presque.html, 2022, n°2022-07-11 

    Fabien Desage, Rémy Bretton-Wilk, Tristan HAUTE, « De qui le maire de Roubaix est-il l'élu ? », Métropolitiques, 2021, n°2021-04-19  

    Analysant les effets croisés de la ségrégation spatiale et de l’abstention sur les résultats électoraux, Rémy Bretton-Wilk, Fabien Desage et Tristan Haute démontrent l’existence d’une « prime au vote bourgeois » dans l’une des villes les plus pauvres de France.

    Fabien Desage, Gilles Chantraine, Dominique Duprez, Grégory SALLE, « Éditorial », 09c88846-db32-4c04-8fe0-bd9e5997695e, 2020, n°2012 

    Fabien Desage, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala, « Peupler la ville : les politiques de gentrification et bien d'autres choses encore... (dossier) », Métropoles, 2019, n°2013 

    Fabien Desage, David Guéranger, « De quoi l'intercommunalité est-elle le nom ? », Les cahiers de la décentralisation, 2019, n°2011-09  

    Après la phase de "concertation" avec les associations d'élus et le débat parlementaire, la réforme territoriale de 2010 semble bien en peine de produire les changements annoncés avec force quelques temps plus tôt. C'est en tout cas ce qui ressort de l'analyse des dispositions en matière de coopération intercommunale et des premiers travaux des CDCI. A l'instar des précédentes, cette réforme met en scène le changement et réactive des symboles plutôt qu'elle ne modifie le fonctionnement de nos institutions locales. La vigueur démocratique du local, et notamment de la commune, est l'un de ces symboles, particulièrement fort et consensuel, mais aussi particulièrement contestable.

    Fabien Desage, David Guéranger, « La démocratisation de l'intercommunalité n'aura pas lieu », Savoir / Agir, 2019, n°2010  

    Moins médiatisées que celles concernant les régions et les départements, les dispositions du récent projet de loi de réforme des collectivités territoriales relatives à l'intercommunalité sont pourtant les plus nombreuses. À en croire leurs promoteurs, il s'agirait d'achever la couverture du territoire et de rationaliser l'organisation des structures existantes, afin d'en faire les échelons privilégiés de l'administration locale à côté des régions et de contribuer de la sorte à la cause désormais "sacrée" de la réduction des dépenses publiques. L'instauration d'un nouveau mode d'élection des conseillers communautaires est présentée quant à elle comme un moyen de mettre un terme au vieux débat sur le "déficit démocratique" de l'intercommunalité. Le texte (déposé devant le Sénat le 21 octobre 2009) est toujours en discussion au moment où l'on écrit cet article et il est donc trop tôt pour évaluer ce qui restera des ambitions gouvernementales à l'issue du travail parlementaire. Le contenu du projet de loi, largement inspiré des préconisations du "Comité pour la réforme des collectivités locales" présidé par Édouard Balladur, permet néanmoins d'avancer qu'en matière d'intercommunalité, de révolution institutionnelle il n'y aura point.

    Fabien Desage, Emmanuel Bellanger, Jean Rivière, Patrick Lehingue, « 30 ans après Enjeux municipaux. », Métropolitiques.eu, 2019, n°2014-04-23  

    En 1984 paraissait dans la collection PUF–CURAPP Enjeux municipaux, un ouvrage devenu incontournable pour qui s'intéresse à la démocratie locale et, plus largement, à l'histoire de la représentation politique. Trente ans après la parution de ce modèle d'enquête empirique, et quelques jours après les élections municipales de mars 2014, nous avons souhaité revenir, avec l'un de ses auteurs, sur la genèse de ce livre atypique, sa réception et son influence sur la science politique française.

    Fabien Desage, Emmanuel Bellanger, Jean Rivière, « Local elections as seen by the social sciences », Métropolitiques, 2019, n°2014-06-11 

    Fabien Desage, « Excluded from inclusion: Building social housing in times of austerity and “social diversity” (Quebec/France) », Espaces et sociétés (Paris, France), 2019, n°2017-07-29  

    Depuis une dizaine d’années, en France comme au Québec, la fixation de taux minimum de logements sociaux est devenue l’un des outils privilégiés des pouvoirs publics pour favoriser le développement du parc social. Ces taux sont contraignants en France et incitatifs au Québec mais procèdent de logiques semblables, valorisant la mixité sociale comme objectif d’action publique et insistant sur les « opportunités de développement » que fourniraient les opérations privées, dans un contexte de baisse des financements publics. À partir de terrains réalisés dans deux agglomérations françaises (Nantes et Lille) et une agglomération québécoise (Montréal), il apparaît que l’acceptation du principe d’un « taux minimum de logements sociaux » n’a été concédée par les maires des communes résidentielles et par les promoteurs immobiliers, traditionnels opposants, qu’à la condition implicite d’en restreindre l’accès aux habitants issus de la commune (France) ou aux demandeurs sélectionnés par le réseau coopératif (Québec) ; autrement dit, d’en exclure les populations les plus indésirables et stigmatisées.

    Fabien Desage, Émilie Biland, « France/Québec : (se) comparer (dossier) », Politix, 2019, n°2017 

    Fabien Desage, « 20% de logements sociaux minimum, mais pour qui ? La loi SRU à l'épreuve de la préférence communale », Savoir/Agir, 2019, n°2013 

    Fabien Desage, « Pas de quartier(s) pour les "grands ensembles" ? Banlieues populaires, ségrégation résidentielle et reformulation de la question sociale dans la France contemporaine », Cahiers français, 2019, n°2015 

    Fabien Desage, « "Enfantillages". Photographier les enfants (et leurs parents) dans l'espace public », Métropolitiques, 2019, n°2015-11-27 

    Fabien Desage, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala, « Peupler la ville : les politiques de gentrification et bien d'autres choses encore... (présentation) », Métropoles, 2019, n°2013  

    Ce dossier s’inscrit dans le prolongement d’un colloque international intitulé « Le peuplement : catégorie insaisissable des politiques urbaines ? » co-organisé à l’Université Jean Monnet Saint-Etienne et à l’Institut d’études politiques de Lyon les 17 et 18 novembre 2011 par trois laboratoires : CERAPS (CNRS UMR 8026), EVS (CNRS UMR 5600) et Triangle (CNRS UMR 5206). En parallèle du présent dossier, un ouvrage collectif intitulé Le peuplement comme politique(s) est en cours d’édition. La focale de ce dossier privilégie l’étude des politiques urbaines contemporaines dans une perspective comparative.

    Fabien Desage, Louis Jacob, « Les aménagements de la participation : design, innovation et controverses sociospatiales », Lien social et politiques, 2019, n°2015 

    Fabien Desage, « "Un peuplement de qualité". Mise en oeuvre de la loi SRU dans le périurbain résidentiel aisé et discrimination discrète », Gouvernement et action publique, 2019, n°2016  

    La lutte contre la ségrégation socio-spatiale fait partie des objectifs affichés des politiques urbaines en France, depuis le début des années 1990 au moins. Longtemps tournée exclusivement vers les « quartiers sensibles », la Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU) de décembre 2000 semble infléchir la tendance, en obligeant les communes résidentielles périurbaines d’une certaine taille à atteindre progressivement un taux de 20% de logements sociaux minimum. D’abord contournée, l’application de cette loi devient plus effective à partir de 2008. En appuyant sur l’étude de sa mise en œuvre dans l’agglomération lilloise, l’article se propose, dans un premier temps, d’expliquer ce changement d’attitude inattendu des élus concernés. Dans un second temps, en se concentrant sur le cas d’une commune résidentielle supérieure de cette aire urbaine, il pointe la contrepartie essentielle mais discrète de ce ralliement : l’exercice d’une « préférence communale » dans l’attribution des nouveaux logements. Il résulte de cette discrimination discrète que le développement du logement social dans les communes privilégiées, loin d’infléchir les inégalités socio-spatiales à l’échelle des agglomérations, tend plutôt à les renforcer.

    Fabien Desage, Émilie Biland, « Vers un enracinement cosmopolite. Sciences et pratiques de la comparaison internationale », Politix, 2019, n°2017  

    Dans un livre désormais classique, le politiste américain Sydney Tarrow soulignait les ressources internes mobilisées par les militant·e·s engagé·e·s dans des causes transnationales, évoquant des formes de « cosmopolitisme enraciné ». En analysant le développement récent des circulations entre la France et le Québec, cet article montre, de manière symétrique, combien la comparaison internationale constitue une dimension de plus en plus fréquente, voire obligée, de pratiques sociales et politiques ancrées localement et/ou nationalement. Ainsi, et en dépit des multiples différences qui caractérisent ces sociétés si souvent rapprochées, la France et le Québec tendent à former un vis-à-vis comparatif, dont les ressortissant·e·s, chercheur·e·s mais aussi et surtout fonctionnaires, militant·e·s, élu·e·s, journalistes – tendent à se comparer. Défendant une épistémologie réflexive, cet article invite donc les comparatistes savants à interroger leurs propres méthodes, en tenant compte des usages ordinaires de la comparaison parmi leurs enquêté·e·s (qui se comparent, autant qu’on les compare), ainsi que des enjeux internes de ce comparatisme désormais généralisé.

    Fabien Desage, David Guéranger, « La démocratie locale, ils n'en ont pas voulu », Mouvements, 2019, n°2014  

    Au moment où se déroulent les élections municipales, on peut se demander pourquoi les structures intercommunales sont si rarement enjeux de débats politiques, alors que leurs prérogatives touchent à une multitude d’aspects de la vie quotidienne. Les auteurs [1] replacent cette « dispense démocratique » dans l’histoire de la Ve République, en examinant notamment les positions des élus locaux de gauche et leurs évolutions. Cette histoire souligne le rôle des maires – sorte de « vaches sacrées » de la République – et de leurs logiques corporatistes. Elle appelle à repolitiser les institutions locales et à se mobiliser pour reprendre ce que ces élus ont confisqué, seuls moyens pour que se réalisent à nouveau des politiques locales « de gauche ».

    Fabien Desage, Emmanuel Bellanger, Jean Rivière, « Les scrutins municipaux sous le regard des sciences sociales (dossier) », Métropolitiques, 2019, n°2014-04-21  

    Les campagnes électorales municipales constituent des moments particuliers dans le cycle de la vie politique locale. Les auteurs réunis dans ce dossier montrent qu'elles représentent également un terrain fécond pour les sciences sociales, révélateur du fonctionnement et des transformations des systèmes politiques locaux. Quelques semaines après les dernières élections municipales, les articles présentés offrent une exploration dans le temps et dans l'espace (géographique et social) des « enjeux municipaux ».

    Fabien Desage, Tristan HAUTE, « Lille : quand l'effondrement du PS ravive le vote de classe », Métropolitiques, 2019, n°2017-06-02  

    Bastion historique du socialisme municipal, Lille est-elle en passe de tourner la page de la domination électorale du Parti socialiste ? Les clivages électoraux à l’occasion de la présidentielle 2017 révèlent la fracture croissante entre des quartiers populaires partagés entre abstention et vote à la gauche du PS, et des espaces des classes supérieures où l’effondrement du PS a profité au centre-droit.

    Fabien Desage, Emilie Biland, « France / Québec : (se) comparer », Politix, 2017, n°120, p. 228 

    Fabien Desage, « Les exclus de l’inclusion. Construire du logement social en temps d’austérité et de mixité (France-Québec) », Espaces et sociétés , 2017, n° ° 170, pp. 15-32    

    Depuis une dizaine d’années, en France comme au Québec, la fixation de taux minimum de logements sociaux est devenue l’un des outils privilégiés des pouvoirs publics pour favoriser le développement du parc social. Ces taux sont contraignants en France et incitatifs au Québec mais procèdent de logiques semblables, valorisant la mixité sociale comme objectif d’action publique et insistant sur les « opportunités de développement » que fourniraient les opérations privées, dans un contexte de baisse des financements publics. À partir de terrains réalisés dans deux agglomérations françaises (Nantes et Lille) et une agglomération québécoise (Montréal), il apparaît que l’acceptation du principe d’un « taux minimum de logements sociaux » n’a été concédée par les maires des communes résidentielles et par les promoteurs immobiliers, traditionnels opposants, qu’à la condition implicite d’en restreindre l’accès aux habitants issus de la commune (France) ou aux demandeurs sélectionnés par le réseau coopératif (Québec) ; autrement dit, d’en exclure les populations les plus indésirables et stigmatisées.

    Fabien Desage, Emilie Biland, « Vers un enracinement cosmopolite. Sciences et pratiques de la comparaison internationale », Politix, 2017, n°120, pp. 7-35 

    Fabien Desage, «  Un peuplement de qualité  : Mise en œuvre de la loi SRU dans le périurbain résidentiel aisé et discrimination discrète », Gouvernement et action publique , 2016, n° VOL. 5, pp. 83-112    

    La lutte contre la ségrégation socio-spatiale fait partie des objectifs affichés des politiques urbaines en France, depuis le début des années 1990 au moins. Longtemps tournée exclusivement vers les « quartiers sensibles », la Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU) de décembre 2000 semble infléchir la tendance, en obligeant les communes résidentielles périurbaines d’une certaine taille à atteindre progressivement un taux de 20% de logements sociaux minimum. D’abord contournée, l’application de cette loi devient plus effective à partir de 2008. En appuyant sur l’étude de sa mise en œuvre dans l’agglomération lilloise, l’article se propose, dans un premier temps, d’expliquer ce changement d’attitude inattendu des élus concernés. Dans un second temps, en se concentrant sur le cas d’une commune résidentielle supérieure de cette aire urbaine, il pointe la contrepartie essentielle mais discrète de ce ralliement : l’exercice d’une « préférence communale » dans l’attribution des nouveaux logements. Il résulte de cette discrimination discrète que le développement du logement social dans les communes privilégiées, loin d’infléchir les inégalités socio-spatiales à l’échelle des agglomérations, tend plutôt à les renforcer.

    Fabien Desage, Emmanuel Bellanger, Jean Rivière, Patrick Lehingue, « 30 ans après Enjeux municipaux. », Métropolitiques, 2014     

    Fabien Desage, Emmanuel Bellanger, Jean Rivière, « Les scrutins municipaux sous le regard des sciences sociales », Métropolitiques, 2014     

    Fabien Desage, David Guéranger, « La démocratie locale, ils n’en ont pas voulu », Mouvements : des idées et des luttes, 2014, n°77, pp. 145-156   

    Fabien Desage, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala, « Présentation », 2013  

    1. Le peuplement comme analyseur des politiques urbaines : contexte et positionnement du dossier « Peupler la ville » : le choix de l’infinitif pourrait surprendre le lecteur puisqu’il suppose – et impose – un sujet actif. Il dénaturalise ainsi ce qui est rarement interrogé comme une intention dans nos démocraties, et semble renvoyer à des périodes révolues où il s’agissait d’occuper des espaces présumés « vides » et/ou de les coloniser. Cet infinitif épouse pourtant l’ambition première de ce...

    Fabien Desage, « Politiques du logement », Savoir/Agir , 2013, n° ° 24, pp. 7-9   

    Fabien Desage, Christelle Morel Journel, Valérie Sala Pala, « Peupler la ville : les politiques de gentrification et bien d’autres choses encore… [coord. du dossier du n°13 de : Métropoles] », Métropoles, 2013, p. -   

    Fabien Desage, David Guéranger, « De quoi l'intercommunalité est-elle le nom ? »: Retour sur une révolution conservatrice, Pouvoirs Locaux : les cahiers de la décentralisation / Institut de la décentralisation, 2011, n°90, pp. 15-20   

    Fabien Desage, « L'institutionnalisation des Communautés urbaines : desseins et impasse d'un volontarisme réformateur (1964-1971) », Genèses , 2010, n° ° 80, pp. 90-113    

    RésuméDepuis la fin du xixe siècle, le renforcement de la coopération intercommunale apparaît pour des groupes réformateurs centraux comme le moyen de pallier le « morcellement communal » français. À travers une analyse de la genèse de la loi sur les communautés urbaines de décembre 1966, puis de son institutionnalisation dans l’agglomération lilloise, l’article se propose de montrer comment les projections gouvernementales se sont heurtées à des processus complexes de traduction et d’appropriation localisées. Au-delà de l’intercommunalité, cette étude de cas permet d’interroger le volontarisme réformateur et certains de ses impensés sociologiques.

    Fabien Desage, « La démocratisation de l'intercommunalité n'aura pas lieu », Savoir/Agir , 2010, n° ° 11, pp. 19-27   

    Fabien Desage, « Le  monde réel  des coalitions : L'étude des alliances partisanes de gouvernement à la croisée des méthodes », Politix , 2010, n° ° 88, pp. 7-37    

    Résumé Cet article retrace les principaux développements dans l’étude des coalitions de gouvernement depuis cinquante ans. Il revient ainsi sur la constitution progressive d’une « théorie des coalitions » comme sous-champ autonome de la science politique internationale. Initialement imprégné du paradigme du choix rationnel et d’un fort positivisme, celui-ci se diversifie avec l’introduction progressive d’études plus qualitatives et, corrélativement, avec la multiplication des variables prises en compte pour expliquer les comportements coalitionnels. Ce bref état de l’art ouvre ensuite à une présentation thématique des articles qui composent ce dossier. Le déplacement du regard que ces derniers opèrent et la perspective sociologique qui les guide permettent d’éclairer de façon originale certains des débats les plus prégnants dans la théorie des coalitions (question de l’unicité partisane, processus d’institutionnalisation et gouvernement des alliances) tout en explorant des pistes plus originales (l’expérience coalitionnelle, l’autonomisation tendancielle du jeu coalitionnel).

    Fabien Desage, « Un régime de grande coalition permanente ? : Éléments lillois pour une sociologie des  consensus  intercommunaux », Politix , 2010, n° ° 88, pp. 133-161    

    Résumé Les élections municipales de mars 2008 en France ont donné lieu à de nombreuses controverses au sujet des alliances partisanes du MODEM pour le second tour. Quelques semaines après ces élections, pourtant, de nombreux exécutifs de structures intercommunales se mettaient en place, associant les principales formations partisanes de droite et de gauche dans une relative indifférence médiatique. Cet article cherche à éclairer les conditions de possibilité de ces « grandes coalitions », atypiques dans le paysage national. Il s’appuie pour ce faire sur une observation ethnographique réalisée au sein de la CU de Lille au début des années 2000. Loin de résulter d’un dépassement temporaire des clivages ou de la technicité de ces structures, comme aiment à le justifier leurs principaux protagonistes, les « consensus » communautaires reposent sur un ensemble de compromis institutionnalisés. Ils impliquent dès lors toute une machinerie politico-administrative spécialisée dans le règlement des différends à huis clos et dans la dépolitisation partisane des conflits.

    Fabien Desage, David Guéranger, « La démocratisation de l'intercommunalité n'aura pas lieu », Savoir/Agir, 2010, n°11, pp. 19-27 

    Fabien Desage, « I. Le consensus communautaire contre l'intégration intercommunale. Séquences et dynamiques d'institutionnalisation de la communauté urbaine de Lille (1964-2003) », 2007, pp. 623-634    

    Desage Fabien. I. Le « consensus » communautaire contre l'intégration intercommunale. Séquences et dynamiques d'institutionnalisation de la communauté urbaine de Lille (1964-2003). In: Annuaire des collectivités locales. Tome 27, 2007. Les collectivités territoriales et l'énergie. pp. 623-634.

    Fabien Desage, Lassave P., Les sociologues et la recherche urbaine dans la France contemporaine, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2003, pp. 208-211    

    Desage Fabien. Lassave P., Les sociologues et la recherche urbaine dans la France contemporaine. In: Politix, vol. 16, n°63, Troisième trimestre 2003. Fréquentations militantes, sous la direction de Jean-Philippe Heurtin. pp. 208-211.

  • Fabien Desage, David Guéranger, Mathilde Gralepois, François Benchendikh, Romain Lajarge, Solidarité intercommunale, 2019, 2011e éd. 

    Fabien Desage, Francois Benchendikh, Mathilde Gralepois, David Guéranger, Romain Lajarge, Solidarité intercommunale. Partager richesse et pauvreté ?, 2019, 2011e éd.  

    L'intercommunalité fait l'objet - surtout depuis la décennie 1990 et dans le prolongement des deux lois majeures que sont la loi ATR et la loi Chevènement - de nombreuses études, rapports et autres analyses menés pour une bonne part dans une perspective évaluative. Ces travaux sont au départ le fruit de chercheurs de différents horizons disciplinaires qui, de la géographie à la science politique en passant par l'économie, ont alimenté les interrogations déjà nombreuses sur, respectivement, le "territoire pertinent", le "déficit démocratique" ou les "économies d'échelle". Depuis quelques années, le rythme de ces interrogations semble s'accélérer, et se déplacer. Un nombre conséquent de rapports plutôt issus des "cercles de la décision" vient redoubler et renforcer les réflexions des chercheurs. La tonalité peut sembler étonnamment critique de la part d'acteurs qui, pour certains d'entre eux au moins, participent eux-mêmes aux institutions intercommunales qu'ils dénoncent. Parmi ce flot de critiques, le rapport de la Cour des Comptes (2005) a connu un écho remarquable dans la presse et parmi les spécialistes et semble, dans une certaine mesure, avoir ouvert la brèche dans laquelle se sont engouffrés ensuite parlementaires éclairés (Dallier 2006, Piron 2006), membres du gouvernement (Perben 2008), du conseil économique et social (Rozet 2005) ou encore élites économiques et financières (Pébereau 2005). Le registre financier de la critique, très récurrent, pointe des organisations qui, loin de mutualiser les moyens et de réduire la pression fiscale, auraient plutôt ajouté leurs dépenses aux structures existantes. La réforme ne s'est ainsi pas fait attendre bien longtemps, au nom de la topique ancienne des économies d'échelle qui trouve un nouvel allié dans l'injonction croissante à la réduction massive des déficits publics.

    Fabien Desage, David Guéranger, Mathilde Gralepois, François Benchendikh, Romain Lajarge, Solidarité intercommunale: Partager richesse et pauvreté ?, 2011, 242 p. 

    Fabien Desage, François Benchendikh, Mathilde Gralepois, David Guéranger, Romain Lajarge, Solidarité intercommunale. Partager richesse et pauvreté ?: Note de synthèse, 2011   

  • Fabien Desage, David Guéranger, La fonction DGS d'une communauté est clairement politisée. Entretien avec F.Desage et D.Guéranger, 2012, 2 p. 

    Fabien Desage, David Guéranger, La politique confisquée: Séminaire, Toulouse, 17/02/2012, 2012 

    Fabien Desage, David Guéranger, Présentation de l'ouvrage "La politique confisquée': Séminaire au Congrès de la section régionale Nord-Pas-de-Calais de l'Association des Administrateurs Territoriaux de France, Boulogne-sur-Mer, 15/09/2012, 2012 

    Fabien Desage, David Guéranger, Présentation de l'ouvrage "La politique confisquée": Séminaire du CERAPS, Lille, 05/05/2012, 2012 

    Fabien Desage, David Guéranger, La politique confisquée dans les espaces ruraux, 2012 

    Fabien Desage, David Guéranger, Présentation de l'ouvrage "La politique confisquée": Séminaire CURAPP, Amiens, 20/01/2012, 2012 

    Fabien Desage, David Guéranger, Présentation de l'ouvrage "La politique confisquée": Séminaire ERMES, Nice, 03/02/2012, 2012 

    Fabien Desage, David Guéranger, Présentation de l'ouvrage "La politique confisquée": Séminaire - Congrès annuel de l'Association des Administrateurs Territoriaux de France, Rennes, 22/06/2012, 2012 

    Fabien Desage, David Guéranger, A propos de la "confiscation politique", 2011 

  • Fabien Desage, « Politiques du logement : l’alerte des sciences sociales », le 16 mai 2024  

    Journée d'études organisée par le CRESPPA-CSU, CNRS

    Fabien Desage, « Discrétions partisanes », le 23 septembre 2021  

    Organisé par le Clersé (UMR8019 / Univ. de Lille, CNRS), le CERAPS (UMR8026 / Univ. de Lille, CNRS, Sciences Po Lille), le CESSP (UMR8209 / Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CNRS, EHESS)

    Fabien Desage, « Quand il ne suffit pas d’être mal-logé. L’accès sélectif aux nouveaux logements sociaux (France/Québec, 2005-2015) », le 23 octobre 2019 

    Fabien Desage, « Peopling as Public Policy: Governing Populations in Urban Spaces », le 23 octobre 2019 

    Fabien Desage, « Le miroir aux alouettes de l'"inclusion" : produire du logement social en temps d'austérité et de mixité (Québec/France) », le 23 octobre 2019 

    Fabien Desage, Patrick Gilbert, Clement Riviere, « Métropolitiques : une revue à la croisée des mondes savants, professionnels et politiques est-elle possible ? », le 23 octobre 2019 

    Fabien Desage, Patrick Gilbert, Clement Riviere, « Métropolitiques : une revue à la croisée des mondes savants, professionnels et politiques est-elle possible ? », Congrès de l'Association française de sociologie (AFS), Amiens, le 03 juillet 2017 

    Fabien Desage, David Guéranger, « Intermunicipal cooperation in France : toward au new local elitism ? », Congrès de l'Association Internationale de Science politique (IPSA), RC05 "Comparative studies on local governments and politics, Madrid Spain (ES), le 08 juillet 2012 

    Fabien Desage, David Guéranger, « Les réformes de l'organisation territoriale en France et au Québec : tout changer pour que rien ne change ? », Séminaire du CERIUM : La question urbaine dans la France contemporaine. Gouvernement des territoires et des populations, Montréal, le 18 octobre 2012 

    Fabien Desage, David Guéranger, « La politique confisquée et les espaces ruraux  », CAESER, Dijon, le 07 décembre 2011 

    Fabien Desage, Patrick Gilbert, Clement Riviere, « Métropolitiques : une revue à la croisée des mondes savants, professionnels et politiques est-elle possible ? », le 30 novembre -0001 

  • Fabien Desage, Politiques du logement : l’alerte des sciences sociales 

    Fabien Desage, Mobilités et ségrégation sociale 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Henri Brianchon, La périurbanisation 'mise en politique' , thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Nicolas Bue  

    À partir d'une étude sociohistorique et sociopolitique des agglomérations lilloise et amiénoise, ce projet de thèse propose d'étudier les causes et les effets proprement politiques de l'étalement urbain, qui n'a cessé de progresser ces dernières décennies en dépit des injonctions à la maîtrise de l'espace et du foncier. Cette recherche sera structurée autour de trois dimensions. La première analysera la construction de l'étalement urbain comme « problème public ». Nous nous intéresserons à l'évolution du cadrage et des solutions apportées à ce problème, à sa réception et à sa construction à l'échelle locale, à sa mobilisation dans la définition des politiques intercommunales d'aménagement urbain, et aux critiques dont il a fait l'objet. La deuxième étudiera la « mise en politiques publiques » de la périurbanisation. Nous proposons de réaliser une histoire croisée des politiques intercommunales d'aménagement du territoire et de l'urbanisation des communes périurbaines de ces agglomérations depuis les années 1960. Nous espérons ainsi comprendre les logiques politiques, institutionnelles et administratives qui ont sous-tendu l'urbanisation de ces communes, en étant particulièrement attentif à la cohabitation – et aux éventuelles contradictions – entre les orientations nationales, intercommunales et communales. La troisième dimension cherchera à déterminer comment s'imbriquent évolution des profils sociodémographiques des habitants et des élus périurbains, et urbanisation (ou non) de leur commune.

    Antoine Mazot, La politique au camping. Analyse comparée des rapports au politique des classes populaires en France et au Québec., thèse soutenue en 2020 à Université de Lille 20182021 en co-direction avec Alexis Spire    

    Des deux bords de l’Atlantique, d’importantes recompositions des scènes partisanes et des résultats électoraux inopinés agitent les analyses politiques, médiatiques et pour partie universitaires. Ces phénomènes sont parfois interprétés au travers du prisme de la « montée des populismes ». Certains travaux pointent du doigt le « peuple » et sa propension à se laisser séduire, voire berner, par des leaders « populistes ». L’explication, souvent sur la base d’enquêtes de sondage, serait à trouver dans le vote, pêlemêle, des « perdants de la mondialisation », des classes populaires ou encore du monde ordinaire des zones rurales. Le constat d’un champ politique apparemment chamboulé par les franges dominées du monde social s’accompagne du paradoxe de pauvres votant contre leurs intérêts supposés. En France, ces questionnements s’inscrivent en partie dans des débats autour du vote des classes populaires dans un contexte d’effacement du clivage gauche-droite comme référent politique. Au contraire, au Québec, la scène partisane est présentée comme de plus en plus polarisée autour de ce clivage en raison du moindre attrait de la cause souverainiste tandis que la notion de classes populaires n’est pas aussi centralement mobilisée par les analyses politiques. En comparant ces deux cas distincts, ce travail de recherche vise à éclairer sous un jour qualitatif les rapports à la politique et au politique des classes populaires en France et au Québec. Sur la base d’une enquête ethnographique dans deux campings populaires dans le Pas-de-Calais et dans la partie sud de la région de Québec, ce travail étudie par le bas et dans une perspective comparée les représentations et les attitudes politiques de campeuses et de campeurs saisonniers dans des contextes de loisirs. Je mobilise comme données d’enquête une campagne d’une cinquantaine d’entretiens, des observations ethnographiques réalisées pendant deux saisons estivales dans ces deux campings et dans d’autres espaces de loisirs. En analysant les représentations ordinaires des sphères partisanes et les sens sociaux du vote auprès des enquêté-e-s rencontré-e-s, ce travail souligne une même distance soupçonneuse vis-à-vis du champ politique auprès de groupes sociaux aux propriétés sociales comparables. Le vote y apparait comme une information politique équivoque et parfois difficilement interprétable. A rebours des seuls schèmes savants de compréhension du jeu politique, ce travail souligne la mobilisation parmi les classes populaires françaises et québécoises d’outils profanes comparables, les indices et les rumeurs, qui observés in situ illustrent la pluralité des modes d’appréhension de la politique. Pour partie faiblement connectées aux enjeux du champ politique, souvent en écho à des expériences personnelles, les attitudes politiques des classes populaires nécessitent d’être étudiées dans une perspective plus large. Ces rapports au politique se comprennent davantage en réinscrivant ces représentations politiques et du monde social dans les relations qu’entretiennent ces enquêté-e-s à l’État et dans les frontières identitaires et de classe qu’ils et elles mobilisent pour se situer socialement. Cette recherche souligne ainsi les divergences et les effets de trajectoires sociales et de lieu dans les visions du monde que mobilisent les classes populaires dans ces deux espaces nationaux. Ma contribution vise donc à éclairer sous un autre jour les recompositions des scènes partisanes en France et au Québec en abordant la question au travers des rapports ordinaires à la politique des classes populaires. Elle esquisse une sociologie politique des classes populaires au Québec et prend position dans les débats portant sur la droitisation des classes populaires et sur la « montée des populismes » en France et au Québec en proposant une contribution méthodologique à l’ethnographie du politique.

  • Janoé Vulbeau, Roubaix : la construction d'une ville face aux Algériens. Politiques urbaines et racialisation (1950-1990), thèse soutenue en 2021 à Rennes 1 sous la direction de Thibault Tellier, membres du jury : Emmanuel Bellanger (Rapp.), Valérie Sala Pala (Rapp.), Isabelle Backouche, Angéline Escafré-Dublet et Loïc Vadelorge  

    Cette thèse vise à investiguer de manière croisée la question du peuplement des Algériens, la stigmatisation spatiale et raciale et les politiques urbaines menées à Roubaix entre 1950 et 1990. À l’aide du concept de la racialisation institutionnelle, nous cherchons à comprendre comment la conception spatiale de cette population a été posée comme un problème et la manière dont ces politiques ont tenté de contraindre et limiter leur présence dans le ville.Cette enquête nous a permis de saisir et d’analyser trois grandes temporalités, qui font l’objet des différentes parties de ce travail. Les deux premières parties qui s’intéressent à la politique de rénovation urbaine, puis de résorption de l’habitat insalubre, des années 1960 aux années 1970, montrent comment, en dépit de logiques différentes au cours du temps, elles ont conduit au renforcement de la stigmatisation des Algériens et à l’accroissement de leur ségrégation. La troisième partie, qui porte sur les années 1980, analyse la manière dont la dimension raciale est de plus en plus euphémisée au sein de ces politiques, ciblant alors uniquement de manière discrète la population algérienne.À travers l’étude de ces trois temporalités, cette thèse interroge la production institutionnelle des différences raciales et ses effets sur le peuplement urbain.

    Antoine Lévêque, Desservir la banlieue : Métropolisation et relégation des quartiers d'habitat social dans l'agglomération lyonnaise (1959-2019), thèse soutenue en 2021 à Lyon sous la direction de Renaud Payre et Anne-France Taiclet, membres du jury : Anne-Cécile Douillet (Rapp.), Hélène Reigner (Rapp.), Sylvie Tissot  

    À partir du cas de la desserte en transport en commun de la commune de Vaulx-en-Velin dans l’agglomération lyonnaise, cette thèse interroge les évolutions du traitement des classes populaires dans l’action publique urbaine. Depuis l’établissement d’une zone à urbaniser en priorité dans les années 1960, jusqu’à aujourd’hui, la mise en politique contrariée de la desserte des grands quartiers d’habitat social de la commune nous renseigne sur l’évolution de la représentation des classes populaires dans l’action publique. Elle éclaire les processus par lesquels une distribution moins avantageuse de la ressource publique s’exerce à leur endroit malgré l'intégration progressive du personnel municipal des communes de banlieue aux structures du gouvernement métropolitain.

    Christophe Parnet, Du modernisateur au notable , thèse soutenue en 2021 à Lyon sous la direction de Gilles Pollet  

    Cette recherche interroge le processus contemporain de construction institutionnelle des métropoles en France, à travers la comparaison des cas de Lyon et d’Aix-Marseille-Provence. Elle analyse ces créations institutionnelles dans une perspective historique, depuis la politique des métropoles d’équilibre dans les années 1960 jusqu’à l’entrée en vigueur des deux métropoles (2015-2016). D’un projet porté par l’Etat modernisateur, la question métropolitaine est appropriée localement à mesure que les élus locaux gagnent en autonomie durant cette période. L’analyse de la séquence réformatrice des années 2010 renseigne à la fois sur les configurations territoriales singulières forgées historiquement, en même temps qu’elle fournit de nouvelles ressources politiques permettant d’en modifier les équilibres. Adoptant un regard multi-situé de la réforme métropolitaine, cette recherche renseigne sur l’exercice du pouvoir urbain et ses hiérarchies, en soulignant l’importance des ressources politiques conférées par la multipositionnalité, caractéristique de trajectoires politiques notabiliaires. En ce sens, la métropolisation comme processus politique concourt à renforcer les hiérarchies au sein du pouvoir local.

    Christophe Parnet, Du modernisateur au notable, thèse soutenue en 2021 sous la direction de Gilles Pollet, membres du jury : Hélène Reigner (Rapp.), Anne-Cécile Douillet (Rapp.), Patrick Le Lidec    

    Cette recherche interroge le processus contemporain de construction institutionnelle des métropoles en France, à travers la comparaison des cas de Lyon et d’Aix-Marseille-Provence. Elle analyse ces créations institutionnelles dans une perspective historique, depuis la politique des métropoles d’équilibre dans les années 1960 jusqu’à l’entrée en vigueur des deux métropoles (2015-2016). D’un projet porté par l’Etat modernisateur, la question métropolitaine est appropriée localement à mesure que les élus locaux gagnent en autonomie durant cette période. L’analyse de la séquence réformatrice des années 2010 renseigne à la fois sur les configurations territoriales singulières forgées historiquement, en même temps qu’elle fournit de nouvelles ressources politiques permettant d’en modifier les équilibres. Adoptant un regard multi-situé de la réforme métropolitaine, cette recherche renseigne sur l’exercice du pouvoir urbain et ses hiérarchies, en soulignant l’importance des ressources politiques conférées par la multipositionnalité, caractéristique de trajectoires politiques notabiliaires. En ce sens, la métropolisation comme processus politique concourt à renforcer les hiérarchies au sein du pouvoir local.

    Camille Foubert, Traiter la "différence" : le tri des patient.es par les personnels hospitaliers en France et au Québec, thèse soutenue en 2020 à Paris EHESS sous la direction de Alexis Spire, membres du jury : Laurence Kotobi (Rapp.), Anne Paillet (Rapp.), Bénédicte Zimmermann et Sylvie Fainzang  

    Le milieu hospitalier est le lieu d’un apparent paradoxe où les professionnel•les affirment qu’on « soigne tout le monde pareil », mais que « chaque patient•e est différent•e ». L’adaptation et la modulation des discours et des pratiques de soins y sont à la fois revendiquées comme un impératif à la réalisation du travail (para)médical et niées comme productrices de différenciations. À partir de ce constat empirique, je me suis intéressée aux usages sociaux par les professionnel•les de santé des caractéristiques sociales de leurs patient•es. Ce travail consiste en une comparaison située basée sur une enquête de terrain par observations et par entretiens. Celle-ci a été menée pendant environ un an au sein de plusieurs services de maladies chroniques du métabolisme (obésité, diabète, médecine interne) dans trois centres hospitalo-universitaires, situés pour deux d’entre eux à Paris et en région parisienne et pour le dernier à Montréal. Il ne s’agit pas de traiter de manière symétrique les « deux côtés ». Le choix d’une observation microsociologique a été au contraire délibérément effectué dans le but de dénaturaliser le cadre « national » et d’en questionner la prééminence. Malgré l’existence de certaines différences (présence différentielle de la religion majoritaire, bilinguisme français-anglais très répandu au Québec…), la prise en compte et les pratiques autour des besoins ou demandes des patient•es y sont largement similaires. L’analyse de la prise en compte des caractéristiques sociales des patient•es par les professionnel•les semble dans les deux contextes répondre d’abord aux mêmes enjeux : celui d’organiser et de permettre le travail dans un contexte où celui-ci est relationnel et sur l’humain. Au croisement de plusieurs champs (la sociologie du travail, la sociologie de l’État et la sociologie des rapports sociaux et des inégalités) et à partir d’une analyse au niveau de la relation et les interactions entre professionnel•les de santé et patient•es à l’hôpital public, cette thèse explore la chaîne ou la somme des petites décisions, réalisées de façon routinière et permanente, par les professionnel•les hospitalier•es, de classement, de priorisation ou de négligence. Celles-ci constituent le phénomène du tri des patient•es à l’hôpital. Elles sont prises dans la tension permanente entre personnalisation du soin et différenciation sociale des traitements. Elles fondent également la production localisée de la « différence », de classe, de race et de sexe, dans la configuration étudiée qu’est la prise en charge à l’hôpital public.

    Manon Pesle, La petite fabrique de l'action éducative : ethnographie métropolitaine, thèse soutenue en 2016 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Alain Faure, membres du jury : Éric Verdier (Rapp.), Patricia Loncle-Moriceau (Rapp.), Claire Dupuy  

    L'action éducative de la communauté d'agglomération Grenoble Alpes métropole se développe dans les quartiers défavorisés de l'agglomération, auprès des enfants et de leurs parents. La thèse analyse la fabrique quotidienne de cette politique publique, en questionnant les cadres cognitifs à l’œuvre, par l'observation des acteurs qui élaborent l'action. De prime abord, les pratiques observées donnent à voir une prépondérance de procédures de fonctionnement et d'outils et une absence de construction d'un sens politique. À partir d'une immersion au sein de l'institution métropolitaine et d'une méthodologie inductive, Manon Pesle décrypte la construction d'une vision du monde gestionnaire, celle que chaque acteur soutient pour faire fonctionner l'institution et ses instruments d'action publique dans un objectif d'efficacité. Les acteurs visent à rendre l'action réactive, rationnelle et performante. L'analyse révèle que ces principes d'action constituent une vision du monde portée et encadrée par l'institution métropolitaine, où deux matrices cognitives se développent : l'une individuelle et l'autre techniciste. Ces matrices irriguent l'institution, mais aussi les relations éducatives qui se développent avec les parents et les enfants. L'individu, qu'il soit agent métropolitain ou parent d'un enfant en difficulté d'un quartier défavorisé, est conduit à se responsabiliser face à son quotidien et à sa situation. La matrice techniciste s'ancre dans une idée de la modernité et du progrès, elle prône la croyance en l'outil dans l'efficacité et la performance. Pour autant, cette vision du monde, portée par les instruments d'action publique, n'est pas formulée et travaillée comme telle par les acteurs, fonctionnaires et élus qui, pris dans les contraintes inter-institutionnelles et politiques, l'entretiennent. Le pouvoir politique métropolitain polycentré et son leadership fondé sur la fonction de médiation ne parviennent pas à requalifier les enjeux techniques en enjeux politiques. La thèse donne à voir une politique éducative métropolitaine à qui il manque, non pas une mise en récit et en scène, mais un régime de vérité général qui soit maîtrisé par les acteurs de la métropole.

    Clément Barbier, Les métamorphoses du traitement spatial de la question sociale : approche croisée de deux grands projets de renouvellement urbain dans les agglomérations de Lille et de Hambourg, thèse soutenue en 2015 à Paris 8 sous la direction de Yves Sintomer et Dieter Läpple, membres du jury : Carsten Keller (Rapp.), Suzanne Frank  

    Inscrite dans une démarche constructiviste, cette recherche socio-historique porte sur la genèse des projets de l'Union, aux confins des communes de Roubaix, Tourcoing et Wattrelos et de l'Internationale Bauaustellung (IBA) Hamburg, sur l'île de Wilhelmsburg. Pour ce faire, elle recourt à des matériaux ethnographiques (observation de réunions, entretiens approfondis) et aux archives des différentes instances publiques engagées dans les projets étudiés de 1990 à 2014. Cette étude porte d'une part sur les réseaux de réformateurs contribuant à la construction des catégories de «  quartier défavorisé  » (benachteiligter Stadtteil) et d'«  attractivité métropolitaine  » (internationale Ausstrahlung). Prenant en compte le contexte économique des agglomérations de Lille et Hambourg et les circulations transnationales et infranationales qui ont contribué à nourrir ce processus de catégorisation, ce travail met au jour que la spatialisation des problèmes sociaux et son articulation à la catégorie d'«  attractivité métropolitaine  », participent d'une même dynamique d'occultation progressive de la question sociale. Cette démonstration illustre d'autre part les mécanismes de production du consensus mis en place une fois ces alternatives politiques écartées. En refaçonnant le concept de «  mythe d'action publique  », ce travail dégage quatre systèmes de justifications de l'étude en situation de l'instrumentation de l'IBA et de l'Union et des arènes de négociations qu'ils instaurent  : attractivité, excellence, bonne gouvernance et justice spatiale. Ils constituent un outil d'analyse privilégié pour l'étude des contradictions sous-jacentes à ces deux grands projets de renouvellement urbain.