Coll. Au fil du débat, 192 pages
Présentation de l'éditeur
Dans le monde des collectivités locales, on connaît bien souvent celui ou celle qui préside l’exécutif. Mais ceux qui pilotent l’institution à leurs côtés sont beaucoup moins connus. Ceux qu’on appelle aujourd’hui les directeurs généraux des services jouent pourtant un rôle décisif, à la fois politique et administratif, dans le fonctionnement de ces institutions.
Fruit d’une enquête sociologique menée entre 2013 et 2015, cet ouvrage propose ainsi de partir à la rencontre de celles et ceux qui sont chargés de diriger les établissements publics de coopération intercommunale.
Évoluant dans un contexte de changement permanent, au cœur de transformations institutionnelles qui menacent la stabilité de leurs positions, les directeurs généraux d’intercommunalité formulent, au-delà des incertitudes qui pèsent sur leur communauté, un ensemble d’interrogations quant à leur avenir professionnel à court terme.
Qui sont-ils ? Quelles sont leurs trajectoires ? Comment exercent-ils leur métier ? En quoi se distinguent-ils de leurs homologues communaux ? Comment intègrent-ils les changements administratifs provoqués par d’incessantes réformes ? Comment font-ils pour travailler avec un exécutif composite, qui est aussi un collectif de maires ? Voici quelques-unes des questions auxquelles cet ouvrage tente d’apporter des réponses.
Ce faisant, cette enquête a très vite mis à jour un trait commun à toutes les personnes interrogées, qui constitue le fil conducteur de cet ouvrage : pourquoi donc ces dirigeants se déclarent-ils, spontanément et presque sans exception, comme des atypiques.
David Guéranger est chercheur au LATTS (Laboratoire techniques, territoires et sociétés) et maître de conférences de l’École des ponts Paris Tech, les travaux de David Guéranger portent sur les réformes de décentralisation et sur les institutions locales, qu’il étudie en mobilisant l’histoire et la sociologie. Il a publié, avec Fabien Desage, La politique confisquée − Sociologie des réformes et des institutions intercommunales, Éditions du Croquant, 2011.
Sommaire
PARTIE 1 – Une communauté d’atypiques
Chapitre 1 – Une identité professionnelle clivée
L’énigme de l’atypicité
Les précurseurs intercommunaux
Les tout-terrain institutionnels
La valorisation des caractéristiques et compétences individuelles
Conclusion
Chapitre 2 – La communauté de l’apolitisme
La politisation comme opération d’étiquetage
Repousser la politique sur les bords
Un apolitisme inscrit dans les carrières
Le « sas » intercommunal
La promotion généralisée de l’apolitisme
Conclusion
PARTIE 2 – L’inscription des carrières dans le marché
Chapitre 1 – Une sédentarité intercommunale compromise
Développement de l’institution et sédentarité
Les mobiles comme sédentaires contrariés
Se rendre mobile pour devenir sédentaire
Conclusion
Chapitre 2 – Un marché de l’emploi plus concurrentiel et plus fluide
Les réformes institutionnelles et la fin de l’âge d’or
Le spectre de « l’incident de parcours »
La mobilité accompagnée par les organisations professionnelles
La contribution des cabinets de recrutement
Conclusion
PARTIE 3 – Le métier de patron et la division sociale du travail
Chapitre 1 – L’exercice solitaire de l’assureur
Rassurer pour garder le monopole
Assurer la (di)gestion administrative des réformes
Assurer le mouvement administratif permanent
Conclusion
Chapitre 2 – Les ressorts d’une délégation nécessaire
Le resserrement du maillage temporel
Les délégations de la gestion
Les sens professionnels de la division symbolique
Conclusion
PARTIE 4 Travailler avec les élus, travailler pour les élus
Chapitre 1 – Personnaliser la relation de travail
Heurs et malheurs de la vie de « couple »
Un désir jamais satisfait
Les infidélités du cabinet
Conclusion
Chapitre 2 – Manager les politiques
Le management par « projet de territoire »
Produire une communauté d’élus
Instruire les élus plus que les dossiers
Faciliter la négociation collective
Conclusion