Anne Klebes-Pelissier, Jérémie Ayadi, Droit, esclavage et droits esclavagistes français et anglo-américains, 2008
L’esclavage est une institution particulière réduisant l’Homme à l’état d’outil animé. La France et l’Amérique coloniales et post-coloniales furent l’illustration parfaite de cette monstruosité humaine et juridique au moment même où les Lumières éclairaient le monde occidental et que les dites sociétés se revendiquaient sincèrement de la démocratie. Le droit, quant à lui, a longtemps codifié de telles pratiques et c’est au moyen du droit que nous pouvons étudier les grands courants intellectuels, d’Aristote au chritianisme, qui ont légitimé l’esclavage avant que d’accorder à la personne réifiée le statut d’homme asservi. Les codes ont ainsi perpétué et appliqué une série de dichotomies, de hiatus : ceux entre les hommes, entre l’homme et la bête, entre le Blanc et le Noir, entre l’autochtone et l’étranger, entre le citoyen et l’esclave.
Anne Klebes-Pelissier, Anne Pélissier, Jacques Schwob, La déclaration d'indépendance de Chypre du nord et les perspectives de règlement du conflit chypriote,, 1992, 500 p.
Composé de communautés grecque et turque, l'Etat chypriote (dont l'indépendance est proclamée en 1960) se situe, depuis les interventions armées turques de 1974, dans l'aire géostratégique d'Ankara. La sécession de Chypre du nord en 1983 affecte et oppose des principes fondamentaux du droit international, dévoile leur inadaptation à la spécificité du contexte (autodétermination et intégrité territoriale des états éléments constitutifs de l'état et reconnaissance - légitimité et effectivité (in)dépendance politique et ou économique et souveraineté - conséquences, sur le plan international, de la reconnaissance de la République de Chypre comme seule représentante de l'ensemble de l'île frontière et ligne de démarcation -concept d'état divise...). La qualification juridique de la "République turque de Chypre du nord" et de la situation créée par sa proclamation veut également que l'on s'interroge sur les perspectives de règlement du conflit chypriote. La méfiance réciproque entre les parties prend une grande part dans un conflit exacerbe par les états tiers. La prise en compte de l'aptitude des organisations internationales à promouvoir un règlement du conflit est indispensable. Toutes les options proposées leur interprétation par les parties, dévoile une adaptation "à la carte" du concept de fédéralisme. L'évolution de la conjoncture internationale, marquée par la dislocation de certains états, tout comme les demandes d'adhésion de la République de Chypre et de la Turquie aux communautés européennes, peuvent influer sur l'évolution des pourparlers intercommunautaires.