Sébastien-Yves Laurent

Professeur
Science politique.
Sciences Po Saint-Germain-en-Laye

Centre de Recherches Sociologiques sur le Droit et les Institutions Pénales
  • THESE

    Daniel Halévy (1872-1962) : une écriture entre littérature et politique : du libéralisme au traditionalisme, soutenue en 1999 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Serge Berstein 

  • Sébastien-Yves Laurent, État secret, état clandestin: essai sur la transparence démocratique, Gallimard, 2024, NRF essais, 359 p.    

    Nous semblons vivre à une époque où tout finit par se savoir depuis qu'en 2013 un employé de l'agence de renseignement technique des États-Unis, Edward Snowden, révéla un authentique " secret d'État " : la collecte par les États-Unis de dizaines de millions de communications échangées dans le monde. Depuis lors en tous domaines des documents secrets ont été l'objet de fuites, laissant croire que la notion de secret d'État n'existe plus. L'État aujourd'hui serait-il désormais un État transparent, dépouillé de ses mystères ? Sébastien-Yves Laurent, dans cet ouvrage profondément original, déjoue les leurres. Dès ses commencements, l'État eut des raisons que la raison commune ignorait : la Raison d'État autorisait des agissements diplomatiques, policiers ou militaires dont le secret était la garantie du succès. Vint le libéralisme politique au XVIIIe siècle, porteur des droits de l'individu et des ferments de la démocratie grâce à la publicité, ici étudiée dans trois pays : Angleterre, États-Unis et France. Le secret fut néanmoins reconnu comme nécessaire au fonctionnement de l'État, mais institutionnalisé en services, budgets, voire commissions parlementaires d'enquête. L'État secret, légalisé, était né. Vint au tournant de notre siècle le néo-libéralisme qui, doutant de l'efficacité du public face au privé, imposa l'idéologie de la transparence de l'action publique. Alors, le secret démocratique fut mis en cause et se créa dans l'ombre un État clandestin, acteur de liquidations physiques, déstabilisations dans l'univers numérique, emprisonnements extra-légaux. La démocratie en est fragilisée durablement. C'est pourtant notre monde.

    Sébastien-Yves Laurent, Le renseignement, Presses Universitaires de France et Cairn, 2024, Que sais-je ? ( Politique ), 126 p.  

    Face à l'augmentation des cyberattaques, de l'interconnexion croissante du monde et de la multiplication des conflits entre les États, quelles réponses apporter ? C'est là tout l'enjeu du renseignement, qui regroupe une grande diversité d'activités et de services dont le rôle est de rechercher et d'analyser des informations pour mieux prévenir les conflits et se protéger des puissances malveillantes. En se penchant aussi bien sur le cas français que sur les situations à l'étranger, cet ouvrage dresse un état des lieux du renseignement : il parcourt son histoire, marquée par le rôle majeur des technologies de l'information, balaie les modalités - et les obstacles - de ce circuit et analyse l'usage qui est fait des connaissances recueillies jusqu'à s'interroger sur leur utilisation, parfois, à des fins politiques. À l'heure où la cyberdéfense est notamment au cœur de l'augmentation considérable des crédits alloués en 2023 à la défense nationale française, Sébastien-Yves Laurent décrypte les rouages d'un réseau qui navigue entre information et surveillance

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), Les Espions français parlent: archives et témoignages des services secrets, Nouveau Monde éditions, 2024, Chronos, 622 p. 

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), Le secret de l'Etat: surveiller, protéger, informer XVIIe-XXIe siècle, Nouveau Monde éditions, 2023, Chronos, 282 p. 

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), Conflits, crimes et régulations dans le cyberespace, ISTE Editions, 2021, Série Cybersécurité, 201 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, Jean Belin, Anne-Marie Tournepiche (dir.), La conflictualité armée: approches interdisciplinaires, Éditions Pedone, 2021, Colloque, 276 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, Conflicts, crimes and regulations in cyberspaces, ISTE et Wiley, 2021, Information systems, web and pervasive computing series, 203 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, Olivier Forcade (dir.), Dans le secret du pouvoir. L’approche française du renseignement XVIIe-XXIe siècle, Nouveau Monde éditions, 2019, Le Grand jeu, 558 p.    

    La 4e de couv. indique : "Objet de fantasmes et intarissable source de fictions, Le renseignement recouvre une réalité complexe, longtemps ignorée et presque toujours méprisée. Depuis deux décennies, les historiens français s'attachent à l'écrire dans la longue durée, au-delà des anecdotes et des affaires, pour essayer d'en comprendre l'essentiel - qu'il s'agisse de la politique, de la guerre ou de l'État. Cet ouvrage réunissant les études d'historiens, de politistes et d'archivistes fait le point sur les archives ouvertes et les chantiers en cours qui constituent une approche française de l'espionnage et des jeux d'information, depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours. On y découvre le rôle des acteurs publics et privés en France et à l'étranger, ainsi que la dynamique de la recherche française dans le domaine du renseignement. Dans le secret du pouvoir est la synthèse de référence sur le sujet, établie parles meilleurs spécialistes."

    Sébastien-Yves Laurent, Olivier Gohin, Xavier Latour (dir.), Annuaire du droit de la sécurité et de la défense, mare & martin, 2019, Droit de la sécurité et de la défense, 295 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, Olivier Forcade (dir.), Dans le secret du pouvoir, Nouveau Monde editions et Numérique Premium, 2019, Le Grand jeu 

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), Entre l'État et le marché: l'information et l'intelligence économique en France, Nouveau Monde et Numérique Premium, 2017 

    Sébastien-Yves Laurent, Bertrand Warusfel (dir.), Transformations et réformes de la sécurité et du renseignement en Europe, Presses universitaires de Bordeaux, 2016, Science politique, 315 p. 

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), Le secret de l'État: surveiller, protéger, informer : [exposition, Paris : Archives nationales, 4 novembre 2015- 28 février 2016], Nouveau monde, 2016  

    Présente une histoire des lieux, des techniques et des outils qui ont permis de construire le secret d'Etat : boîtes à déchiffrement, documents estampillés, caméras, dénonciations de presse, etc.

    Sébastien-Yves Laurent, François Audigier (dir.), Un historien du politique. Mélanges en l’honneur de Bernard Lachaise: mélanges en l'honneur de Bernard Lachaise, Riveneuve éditions, 2015, Actes académiques, 570 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, Le secret de l'Etat , Nouveau Monde éditions, 2015, 224 p. 

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), Le secret de l'État, Archives nationales et Nouveau monde éditions, 2015, 223 p.   

    Sébastien-Yves Laurent, Atlas du renseignement. Géopolitique du pouvoir: géopolitique du pouvoir, Presses de Sciences Po, 2014, 190 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, Pour une véritable politique publique du renseignement, Institut Montaigne, 2014, Etude, 89 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, Jean-Claude Vitran, Christian Aghroum, Michel Aleverganti, Laurent Bonelli, Ayşe Ceyhan, Vincent Denis, Vincent Dufief, Pierre Piazza, Sylvia Preuss-Laussinotte, Thierry Rousselin, Jérôme Thorel, Anastassia Tsoukala (dir.), Identification et surveillance des individus, Éditions de la Bibliothèque publique d’information et OpenEdition, 2014, Paroles en réseau  

    « Big Brother is watching you ! » Cet avertissement placardé sur les murs de la cité imaginaire d'Océania dans le roman 1984 de Georges Orwell peut-il s'appliquer à nos sociétés contemporaines ? Passeport biométrique, fichage informatisé des individus, multiplication des caméras de surveillance, utilisation de puce dans des objets de la vie quotidienne, ou pour suivre les criminels en liberté surveillée, les mesures d'identification, de fichage et de surveillance des individus par des techniques de plus en plus sophistiquées se multiplient. Justifiés par la lutte contre le terrorisme, le crime organisé ou l'immigration clandestine, mais aussi par la volonté de mettre en place de nouveaux services, ces processus suscitent des réactions contrastées, entre enthousiasme face aux avancées technologiques et inquiétude à l'idée des dérives possibles. L'État ou d’autres institutions publiques ou privées ont toujours cherché à identifier et à surveiller les citoyens. Cependant, avec la mondialisation, et le développement des transports et des technologies de l’information et de la communication, on assiste, depuis une trentaine d’années, à des changements très profonds dans ces domaines, accélérés par les attentats de cette dernière décennie dans le monde. Nécessaires du fait de l’ampleur des dangers menaçant les sociétés démocratiques pour certains, ces évolutions apparaissent pour d’autres comme le prélude à l’instauration d’une société totalitaire. Elles appellent en tous cas le débat : Quels sont les enjeux politiques, philosophiques, sociaux, économiques, juridiques, etc. de l’identification et de la surveillance des personnes à l’échelle nationale et internationale ? Quelle est leur efficacité contre les dangers dont elles sont censées nous protéger ? Surtout, quelles sont, dans nos démocraties, les garanties qui peuvent être apportés pour les libertés et les droits des individus ?

    Sébastien-Yves Laurent, François Audigier, Bernard Lachaise (dir.), Les gaullistes, hommes et réseaux: hommes et réseaux, Nouveau monde et Numérique Premium, 2013, 603 p. 

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), Les espions français parlent: archives et témoignages inédits des services secrets français, Nouveau Monde et Numérique Premium, 2013, Poche histoire, 622 p. 

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), Archives "secrètes", secrets d'archives ?: L'historien et l'archiviste face aux archives sensibles, CNRS éditions, CNRS Éditions et OpenEdition, 2013  

    En 1941, l’historien médiéviste Marc Bloch critiquait fermement dans l’Apologie pour l’histoire un obstacle à la connaissance historique, la “ passion du secret ”. Aujourd’hui, à l’heure où la “ transparence ” devient un lieu commun du discours public sur l’État et sur les pratiques politiques, cette passion française ne semble pas avoir complètement disparu. La soif actuelle d’histoire contemporaine et, particulièrement, d’histoire du “ temps présent ”, l’écho médiatique parfois juridique de certains débats historiques, ont fait de l’accès aux archives - question apparemment professionnelle, voire corporatiste - un enjeu public. Dans quelles conditions archivistes et historiens peuvent-ils exercer leurs métiers ? Au carrefour du droit des archives, du droit à l’information et du travail nécessairement critique de l’historien, les auteurs dialoguent et s’interrogent sur l’utilisation des archives sensibles. Bousculant les préjugés et les idées reçues, les contributions montrent l’importance d’une interrogation commune et publique sur les archives afin de permettre l’écriture de l’histoire aujourd’hui mais aussi préparer celle de demain. L’État contemporain, son attitude à l’égard des archives, son aptitude à permettre l’écriture de l’histoire, est ici au cœur d’un débat d’essence civique. L’infléchissement de la recherche universitaire face aux sources léguées par le passé, la découverte de nouveaux gisements d’archives amènent également les historiens à rechercher des approches nouvelles, à proposer des études originales afin de contribuer au progrès général de la connaissance.

    Sébastien-Yves Laurent, Constantin Melnik, De Gaulle, les services secrets et l'Algérie, Nouveau monde éd., 2012, Nouveau monde poche, 582 p.   

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), Les Espions français parlent. Archives et témoignages inédits des services secrets français: archives et témoignages inédits des services secrets français, Nouveau Monde éditions, 2011, Le Grand jeu, 662 p. 

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), Politiques sous surveillance, Presses universitaires de Bordeaux, 2011, Espace public, 286 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, Olivier Forcade (dir.), Carnets du chef des services secrets, 1936-1944, Nouveau Monde éditions et Numérique Premium, 2010, Le grand jeu, 1007 p.   

    Sébastien-Yves Laurent, Paul Delouvrier, un grand commis de l'État, Cairn et Presses de Sciences Po, 2010, Colloque  

    Le Centre d'histoire de l’Europe du vingtième siècle (Chevs) de Sciences Po et l'Institut Paul-Delouvrier se sont associés pour ouvrir leurs archives et organiser un colloque autour de la carrière de Paul Delouvrier. Cet ouvrage, en publiant les principales interventions, permet de retracer le parcours exceptionnel d’une figure de la France de l'après-guerre : de l’inspection des finances et du Commissariat général du Plan à l’Algérie, de la construction européenne aux côtes de Jean Monnet au développement de la région parisienne et à la création des villes nouvelles. Le livre donne accès aux références d’archives et de documents (entretiens, interviews audiovisuelles, articles…)

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), Entre l’État et le marché : l'information et l'intelligence économique en France, Nouveau Monde éditions, 2010, Le Grand Jeu, 320 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, Politiques de l’ombre. État, renseignement et surveillance en France: État, renseignement et surveillance en France, Fayard, 2009, 692 p. 

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), Politiques du renseignement, Presses universitaires de Bordeaux, 2009, Espace public, 356 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, Olivier Forcade, Secrets d'État: pouvoirs et renseignement dans le monde contemporain, A. Colin, 2009, L'Histoire au présent  

    Espionnage, secret d'État, action clandestine : alors même que la transparence est à l'ordre du jour, il subsiste une part secrète de l'action de l'État et du fonctionnement des sociétés contemporaines. Ce n'est pas seulement de la face voilée de l'action étatique ou humaine que ce livre entend parler, mais de toute une économie secrète de l'action privée et de la décision publique, justifiée...

    Sébastien-Yves Laurent, L'Etat secret, l'information et le renseignement en France au XIXe siècle: contribution à une histoire du politique (1815-1914), 2007 

    Sébastien-Yves Laurent, Olivier Forcade, Secrets d’État. Pouvoirs et renseignement dans le monde contemporain: pouvoirs et renseignement dans le monde contemporain, Armand Colin, 2005, L'Histoire au présent, 238 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, Jean-Eudes Roullier (dir.), Paul Delouvrier, Sciences po, Les presses, 2005, Colloque, 139 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, Archives « secrètes », secrets d’archives ? Le travail de l’historien et de l’archiviste sur les archives sensibles, CNRS Éditions, 2003, 288 p. 

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), Archives "secrètes", secrets d'archives ?: l'historien et l'archiviste face aux archives sensibles, CNRS Éditions, 2003, CNRS Histoire, 288 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, Daniel Halévy. Du libéralisme au traditionalisme: du libéralisme au traditionalisme, Bernard Grasset, 2001, Biographie, 595 p.   

    Sébastien-Yves Laurent (dir.), L'Europe brisée: journal et lettres, 1914-1918, le grand livre du mois, 1998, 392 p.   

    Sébastien-Yves Laurent, Daniel Halévy, 1872-1962, face à l'histoire et à la politique, 1993, 222 p. 

    Sébastien-Yves Laurent, L'Ecole libre des sciences politiques de 1871 à 1914, s.n, 1991 

  • Sébastien-Yves Laurent, « Les études françaises de renseignement : bilan, provisoire et esquisse de développements », Dans le secret du pouvoir. L’approche française du renseignement XVIIe-XXIe siècle, Nouveau Monde éditions, 2019, pp. 533-537 

    Sébastien-Yves Laurent, « L’Etat dépassé ? », Annuaire 2019 du droit de la sécurité et de la défense, Mare & Martin, 2019, pp. 21-24 

    Sébastien-Yves Laurent, « Foccart au miroir du SDECE des années 1960 : entre « pré carré » africain et guerre froide », in BAT, Jean-Pierre (dir.), Jacques Foccart, archives ouvertes (1958-1974). La politique, l’Afrique et le monde, PUPS, 2017, pp. 231-237 

    Sébastien-Yves Laurent, « La Francia di fronte all’offensiva terroristica. Effetti della securitizzazione », La Francia di Macron, Il mulino, 2017, pp. 207-217 

    Sébastien-Yves Laurent, « De la « défense nationale » à la « sécurité nationale » : à la recherche d’un concept de sécurité depuis 1945 », in LAURENT, Sebastien (dir.), Transformations et réformes de la sécurité et du renseignement en Europe, Presses universitaires de Bordeaux, 2016, pp. 41-54 

    Sébastien-Yves Laurent, « About the Professionalization of the Intelligence Community: the French Cryptologists (1870-1945) », in RYAN, Peter Y.A. (dir.), The New codebreakers. Essays dedicated to David Kahn on the occasion of his 85th Birthday, Springer Verlag, 2016, pp. 25-33 

    Sébastien-Yves Laurent, « Liberté et sécurité dans un monde anomique de données », Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité. 22e rapport d’activité 2013-2014, La Documentation française, 2015, pp. 11-18 

    Sébastien-Yves Laurent, « Le contrôle parlementaire du renseignement (1971-2015) : les enjeux politiques d’une tardive banalisation », in AUDIGIER, François (dir.), Un historien du politique. Mélanges en l’honneur de Bernard Lachaise, Riveneuve éditions, 2015, pp. 372-396 

    Sébastien-Yves Laurent, « « Liberté, égalité, surveillance ». Les enjeux du secret de l'État contemporain, XIXe-XXIe siècles », in LAURENT, Sebastien (dir.), Le secret de l'Etat : surveiller, protéger, informer XVIIe-XXe siècle, Nouveau Monde éditions, 2015, pp. 97-172 

    Sébastien-Yves Laurent, « Le général Louis Rivet, chef des services spéciaux (1936-1944), diariste de la guerre, diariste de lui-même », in FONCK, Bertrand (dir.), 1940. L'empreinte de la défaite. Témoignages et archives, PUR, Service historique de la Défense, 2014, pp. 201-207 

    Sébastien-Yves Laurent, « Paix et guerre entre les nations : la mue contemporaine du renseignement », in BADIE, Bertrand (dir.), L’État du monde 2015. Nouvelles guerres, La Découverte, 2014, pp. 105-110 

    Sébastien-Yves Laurent, « Le gaullisme et la “communauté du renseignement” sous les IVe et Ve République : quand “l’État secret” s’impose au pouvoir politique », in AUDIGIER, François (dir.), Les gaullistes. Hommes et réseaux, Nouveau Monde éditions, 2013, pp. 331-352 

    Sébastien-Yves Laurent, « Pierre Messmer et la gestion de crises : le ministre des Armées, la sécurité militaire et le SDECE (1960-1970) », in AUDIGIER, François (dir.), Pierre Messmer au croisement du militaire, du colonial et du politique, Riveneuve éditions, 2012, pp. 225-237 

    Sébastien-Yves Laurent, « L’exceptionnel à l’épreuve de la banalisation : les parlementaires face à l’État secret sous la Ve République », in LACHAISE, Bernard, RICHARD, Gilles, GARRIGUES, Jean (dir.), Les territoires du politiques. Hommages à Sylvie Guillaume, PUR, 2012, pp. 187-199 

    Sébastien-Yves Laurent, « L’identification entre dénonciations, rumeurs et mémoires : la traque des traîtres et des criminels de guerre (1944-1946) », in BERLIERE, Jean-Marc (dir.), Fichés ? Photographie et identification 1850-1960, Perrin, 2011, pp. 213-225 

    Sébastien-Yves Laurent, « Le temps des incertitudes, les services spéciaux sous l’Occupation (septembre 1940-novembre 1942) », in FORCADE, Olivier (dir.), Carnets du chef des services secrets, 1936-1944, général Louis Rivet, Nouveau Monde éditions, 2010, pp. 419-433 

    Sébastien-Yves Laurent, « Faire l’histoire de la surveillance », Identification et surveillance des individus. Quels enjeux pour nos démocraties ?, Éditions de la Bibliothèque publique d’information, 2010, pp. 26-31 

    Sébastien-Yves Laurent, « La France et l’Europe centrale dans l’entre-deux-guerres : une “petite Entente” du renseignement ? », in CHALINE, Olivier (dir.), Le rayonnement français en Europe centrale du XVIIe siècle à nos jours, Maison des sciences de l'homme d'Aquitaine, 2009, pp. 109-115 

    Sébastien-Yves Laurent, « Politisations et politiques du renseignement sous la Ve République », in LAURENT, Sebastien (dir.), Politiques du renseignement, Presses universitaires de Bordeaux, 2009, pp. 295-308 

    Sébastien-Yves Laurent, « Ce que le renseignement ne peut pas dire. La surveillance de "l’adversaire intérieur” dans la France des années 1960 », in COCHET, François (dir.), Subversion, anti-subversion, contre-subversion, Riveneuve éditions, 2009, pp. 299-307 

    Sébastien-Yves Laurent, « De l’échec du renseignement : quelques réflexions à propos de l’activité des attachés militaires français à Budapest (1939-1945) », in MAJOROS, Istvan (dir.), Ot Koninens. Az Uj-es Jolonkori Egyotoùos Tornto,oti Tanszek tudomanyos kozlomenyel, 2009, pp. 75-82 

    Sébastien-Yves Laurent, François Audigier, Sebastien Laurent, « Le SAC de 1968 à 1974, une officine de renseignement politique ? », Renseignement politique, politique du renseignement et politisation du renseignement, Presses Universitaires de Bordeaux, 2009, pp. 59-75 

    Sébastien-Yves Laurent, « Sur le chemin de la conversion : quatre lettres de Léon de Montesquiou à Charles Maurras (1898-1915) », in CALLU, Agnès (dir.), Lettres à Charles Maurras : amitiés politiques, lettres autographes, 1898-1952, Presses universitaires du Septentrion, 2008, pp. 35-44 

    Sébastien-Yves Laurent, « Chaban à trois temps (1943-1944, 1957-1958, 1969-1972) : le renseignement dans la politique », in LACHAISE, Bernard (dir.), Jacques Chaban-Delmas en politique, PUF, 2007, pp. 163-176 

    Sébastien-Yves Laurent, « The French Military Secret Services and the Holocaust, 1940-1945 : Omission, Blindness or Failure ? », in BANKIER, David (dir.), Secret intelligence and the Holocaust : collected essays from the colloquium at the City University of New York Graduate Center, Enigma books-Yad Vashem, 2006, pp. 171 

    Sébastien-Yves Laurent, « Aux “services” des Républiques : esquisse d’une histoire politique des services de renseignements (XIXe-XXe siècles) », in BAUDOUI, Rémi (dir.), Un professeur en République. Mélanges en l’honneur de Serge Berstein, Fayard, 2006, pp. 272-280 

    Sébastien-Yves Laurent, « Michel Debré et le général de Gaulle face à la crise morale dans l’armée », in RAOUX, Nathalie (dir.), Michel Debré Premier ministre 1959-1962, PUF, 2005 

    Sébastien-Yves Laurent, « Les archives sensibles. Du droit et des pratiques », in ROUQUET, François (dir.), L’exploitation scientifique des archives, éditions Apogée, 2005, pp. 13 

    Sébastien-Yves Laurent, « Manuscrits et pouvoirs : l’invention du directeur de collection à la librairie Bernard Grasset (1919-1939) », Daniel Halévy, Henri Petit et les Cahiers Verts, Peter Lang, 2004, pp. 33-54 

    Sébastien-Yves Laurent, « L’argent secret de l’État. Les fonds secrets ministériels dans la République (1848-1914) », in WUILLEME, Tanguy (dir.), Autour des secrets, L’harmattan, 2004, pp. 139-153 

    Sébastien-Yves Laurent, « L’histoire, au-delà du secret de l’archive », Archives « secrètes », secrets d’archives ? Le travail de l’historien et de l’archiviste sur les archives sensibles, éditions du CNRS, 2003, pp. 7-12 

    Sébastien-Yves Laurent, « Faire l’histoire du renseignement », Archives « secrètes », secrets d’archives ? Le travail de l’historien et de l’archiviste sur les archives sensibles, Editions du CNRS, 2003, pp. 211-220 

    Sébastien-Yves Laurent, « Daniel Halévy ou la genèse du pouvoir littéraire », in PLUET-DESPATIN, Jacqueline (dir.), La Belle époque des revues 1880-1914, éditions de l’IMEC, 2002, pp. 109-118 

    Sébastien-Yves Laurent, « Les services spéciaux de la France libre : politique et légitimité républicaine », in SOUTOU, Georges-Henri (dir.), Les services spéciaux de la France libre : politique et légitimité républicaine, Economica, 2001, pp. 133-160 

    Sébastien-Yves Laurent, « Elie e Daniel Halévy allo specchio del liberalismo francese », in GRIFFO, Maurizio (dir.), Elie Halévy e l’era delle tirannie, Rubbettino editore, 2001 

    Sébastien-Yves Laurent, « Le renseignement et le contre-espionnage militaires face à l’Allemagne : étude du dispositif de renseignement français », in MERTENS, Stefan (dir.), Frankreich und Deutschland im Krieg (November 1942– Herbst 1944). Okkupation, Kollaboration, Résistance, Bouvier Verlag, 2000, pp. 783-792 

    Sébastien-Yves Laurent, « Le service secret de l’État (1870-1945). La part des militaires », in BARUCH, Marc-Olivier (dir.), Serviteurs de l’État. Une histoire politique de l’administration française 1875-1945, La Découverte, 2000, pp. 279-295 

    Sébastien-Yves Laurent, « Renseignement militaire et action politique. Le BCRA et les services spéciaux de l’armée d’armistice », Le renseignement à la française, Economica, 1998, pp. 79-99 

  • Sébastien-Yves Laurent, Sharon Weill, « Entretien croisé : discussion sur le lawfare », Raisons politiques, 2022, n°85, pp. 117-125   

    Sébastien-Yves Laurent, Bertrand Warusfel, Olivier Forcade, « Archives et politiques du secret : Ramener l’État à la raison démocratique », Revue Esprit, 2021   

    Sébastien-Yves Laurent, Frédéric Ocqueteau, « Introduction », 2019  

    Comme tout projet collectif étiré dans le temps, ce dossier thématique de Champ Pénal/Penal Field a connu une évolution notable. Depuis la parution de l’appel à contributions en 2017, de nombreuses publications ont vu le jour autour de cet objet. Les réponses reçues et sélectionnées ont infléchi et enrichi l’intention initiale. Rappelons les trois polarisations attendues de la proposition qui faisaient elles-mêmes écho à un atelier consacré à ces questions lors du 15e colloque de l’Associatio...

    Sébastien-Yves Laurent, Frédéric Ocqueteau, « Sovereign Actors of Intelligence: Return to an Empirical Stage. Introduction », 2019  

    Like all lengthy collective projects, this thematic dossier of Champ Pénal/Penal Field has evolved over time. Since the call for contributions was first issued in 2017, there have been numerous publications on this research object and our initial focus has been realigned and expanded in response to the papers received and selected. Let us first reiterate the three central themes proposed, themselves reflecting the content of a workshop held during the 15th Conference of the International Asso...

    Sébastien-Yves Laurent, « Les acteurs régaliens du renseignement : retour à l’empirie », Champ Pénal, 2019, n°17 

    Sébastien-Yves Laurent, « Travailler sur l’État secret contemporain », Revue internationale de criminologie et de police technique et scientifique, 2016, n°4, pp. 261-276 

    Sébastien-Yves Laurent, « La fin du secret international ? », Politique internationale, 2016, n°153, pp. 219-232 

    Sébastien-Yves Laurent, Jean-François Sirinelli, F. Osa, « Maurice Grimaud, un préfet dans le siècle », Histoire@Politique : revue du Centre d'histoire de Sciences Po, 2015, n°27 

    Sébastien-Yves Laurent, « Face aux services (1981-1983) : une autre leçon pour la gauche au pouvoir ? », Histoire@Politique : revue du Centre d'histoire de Sciences Po, 2015, n°27 

    Sébastien-Yves Laurent, « Plaidoyer pour un tournant analytique du renseignement et de la prospective », Revue Défense Nationale, 2014, n°775, pp. 15-22 

    Sébastien-Yves Laurent, « Is there Something Wrong with Intelligence in France? The Birth of the Modern Secret State », Intelligence and National Security, 2013, n°3, pp. 299-312 

    Sébastien-Yves Laurent, « Les services spéciaux face aux “nouvelles menaces” de la société ouverte », Revue Défense Nationale, 2012, n°755, pp. 55-58 

    Sébastien-Yves Laurent, « Les parlementaires face à l’État secret et au renseignement sous les IVe et Ve République : de l’ignorance à la politisation », Cahiers de la Sécurité, 2010, n°13, pp. 134-144 

    Sébastien-Yves Laurent, « Adieu Farewell ? Histoire et histoires autour d’un épisode de la guerre froide. Note critique », Histoire@Politique : revue du Centre d'histoire de Sciences Po, 2010, n°10 

    Sébastien-Yves Laurent, « Critiquer », Mil neuf cent : cahiers Georges Sorel : revue d'histoire intellectuelle, 2008, n°1, pp. 7-10 

    Sébastien-Yves Laurent, « La naissance du renseignement étatique en France au XIXe siècle, entre bureaucratie et politique », Revue d’histoire du XIXe siècle, 2007, n°35, pp. 109-124 

    Sébastien-Yves Laurent, Sébastien Laurent, « La naissance du renseignement étatique en France au xixe siècle, entre bureaucratie et politique », 2007  

    Les diverses activités liées au clandestin, à l’espionnage, à ce qu’il est commun d’appeler de façon plus neutre et générale le « renseignement » sont porteuses de représentations souvent péjoratives. L’historien n’échappe pas toujours à leur poids, marqué peut-être inconsciemment par la phrase célèbre du général de Gaulle lors de sa conférence de presse radiotélévisée du 21 février 1966 : « Ce qui s’est passé n’a rien que de vulgaire et de subalterne », prononcée à propos de l’implication d’...

    Sébastien-Yves Laurent, Olivier Forcade, « Le grand jeu », 2007   

    Sébastien-Yves Laurent, « Aux origines de la  guerre des polices  : militaires et policiers du renseignement dans la République (1870-1914) », Revue historique, 2005, n°4, pp. 767-791 

    Sébastien-Yves Laurent, « Pour une autre histoire de l'État : Le secret, l'information politique et le renseignement », Vingtième siècle. Revue d'histoire, 2004, pp. 173-184 

    Sébastien-Yves Laurent, Sébastien Laurent, « Les services secrets gaullistes à l’épreuve de la politique (1940-1947) », Politix, 2001, n°54, pp. 139-153        

    Les services secrets gaullistes à l'épreuve de la politique (1940-1947) Sébastien Laurent Les circonstances militaires et politiques exceptionnelles crées par la Seconde guerre mondiale ont profondément modifié les conditions dans lesquelles les services de renseignement militaire agissaient auparavant. La stricte séparation entre le militaire et le politique sous la troisième République a ainsi été entièrement remise en cause. Cette étude a pour objet d'analyser les raisons de cette révolution qui voit les services de renseignement militaire sortir du « pré carré » militaire. A Londres puis à Alger, se jouent entre la Résistance intérieure et l'entourage du général de Gaulle, les principales étapes de conflits présidant à la naissance du SDECE. Rattachés à la présidence du Conseil à partir de 1945, les services sont désormais l'enjeu de luttes politiques très vives, dans les assemblées politiques et dans la presse du nouveau régime. L'affaire Passy qui surgit en 1946 est un exemple caractéristique des nouveaux équilibres politiques et médiatiques auxquels sont désormais soumis les officiers de l'ombre.

    Sébastien-Yves Laurent, Sébastien Laurent, « Daniel Halévy et le mouvement ouvrier. Libéralisme, christianisme social et socialisme », Mil neuf cent : cahiers Georges Sorel : revue d'histoire intellectuelle, 1999, n°1, pp. 7-25      

    Laurent Sébastien. Daniel Halévy et le mouvement ouvrier. Libéralisme, christianisme social et socialisme. In: Mil neuf cent, n°17, 1999. Intellectuels dans la République. pp. 7-25.

  • Sébastien-Yves Laurent, Les gouvernances mondiales fragmentées de l’Internet, 2019, 39 p.   

    Sébastien-Yves Laurent, Maxime Kheloufi, Les Normes juridiques internationales applicables aux communications individuelles : les enjeux du « secret des correspondances » et des « données personnelles », 2018, 92 p.   

  • Sébastien-Yves Laurent, « Que (nous) fait la littérature ? Usages savants de la fiction littéraire en droit et science politique », le 14 novembre 2024  

    Colloque organisé par l'IRM et le DETS, Université de Bordeaux, sous la direction scientifique de Géraldine Cazals, Rafaël Cos et Yann Raison du Cleuziou, tous professeurs à l'Institut de recherche Montesquieu.

    Sébastien-Yves Laurent, « Logiques des législations antiterroristes : entre reconfiguration et défiguration du droit ? », le 26 septembre 2019  

    Organisé par le Centre de recherche Léon Duguit, sous la direction scientifique de Monsieur David Fonseca

    Sébastien-Yves Laurent, « L'insécurité dans le monde cyber », le 06 juin 2019  

    Organisé par le professeur Sébastien-Yves Laurent, dans le cadre des programmes ANR-UTIC et Conflictarm portés par le laboratoire IRM

    Sébastien-Yves Laurent, « 6e Colloque de l’Association française de droit de la sécurité et de la défense », le 27 septembre 2018  

    Organisé par l’ISCJ, l’IRM et l’AFDSD

    Sébastien-Yves Laurent, « La sortie de l'état d'urgence », le 10 octobre 2017  

    Organisé par le CERCCLE sous la responsabilité scientifique de Pauline Gervier, Maître de conférences en droit public, Université de Bordeaux, CERCCLE

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Quentin Rouxel, L'extraterritorialité du droit comme instrument de puissance dans les relations internationales : comparaison Etats-Unis, Union européenne, Chine depuis la fin de la Guerre froide, thèse soutenue en 2024 à Bordeaux 3, membres du jury : Olivier Zajec (Rapp.), Laurence Badel (Rapp.), Julien Ancelin et Thibaut Charles Fleury  

    L’essor de l’utilisation de l’extraterritorialité du droit dans les rapports internationaux est l’une des conséquences directes de la mondialisation entrée, depuis les années 1990 et la fin de la Guerre froide, dans une phase de globalisation économique. La volonté de réguler les phénomènes transnationaux, comme l’activité des firmes multinationales, ou « déterritorialisés » comme le numérique, lesquels dépassent par nature le cadre étatique de souveraineté westphalienne, amène les États à adopter un cadre législatif et un comportement juridique dépassant lui aussi le seul cadre d’application spatiale de la règle de droit à leur territoire. Ce faisant, à travers l’extraterritorialité, un État ou une organisation régionale, est aujourd’hui apte à appréhender juridiquement certaines situations de droit situées, au moins partiellement, en dehors de son territoire et ses frontières, et donc de son périmètre de souveraineté. Ainsi, outre sa dimension juridique largement étudiée par la doctrine, l’extraterritorialité du droit apparaît également comme un phénomène social à part entière qui prend place dans le champ particulier des relations internationales. Partant, l’objet de notre étude est d’appréhender et d’évaluer dans quelle mesure l'outil juridique d'extraterritorialité du droit est aujourd'hui utilisé comme un instrument au service des stratégies de puissance. Grâce au concept de puissance, et à travers l’étude comparée des usages contemporains de l’extraterritorialité du droit par les États-Unis, l’Union européenne, et la République populaire de Chine, cette thèse doctorale en sciences sociales a pour objectif de démontrer : comment et depuis quand l’extraterritorialité du droit est devenue un instrument de puissance dans les relations internationales.

    Basile Ichac louineau, Emergence des opérations d'influence numériques ciblant les populations occidentalres , thèse en cours depuis 2023  

    Les opérations d'influence numériques sont des actions menées par des acteurs étatiques ou privés cherchant à modifier, ou confirmer, le comportement d’un individu ou d’un groupe. Dans ce cadre, le comportement ciblé est politique ; qui peut comprendre la participation à une élection, le choix d’un candidat, la participation à une action politique (ex : manifestation). L’influence comprend plusieurs formes d’actions telles que la propagande, la désinformation et la subversion. L’objectif de cette thèse est de prouver et d’étudier l’existence d’un lien entre les campagnes publicitaires en ligne et les opérations d’influence numériques. Elle doit permettre d’établir un historique des types d’opérations numériques d’influence politique, fondamentalement liées aux évolutions technologiques. Potentiellement, cette thèse permettra également d’identifier des méthodes d’e-marketing qui ne font pas encore l’objet d’un usage politique mais qui sont susceptibles de l’être à l’avenir. Afin de prouver et d’étudier l’existence d’un lien entre les campagnes commerciales en lignes et les opérations d’influence numériques, nous utiliserons deux méthodes : la réalisation d'une analyse comparée de campagnes commerciales et d’opérations d’influence grâce à une matrice reconnue par les professionnels du secteur de la désinformation (DISARM) & le recueil et l'étude des témoignages (écrits et entretiens) de professionnels ayant travaillé sur des campagnes d'influence et de marketing numériques.

    Maud Benichou Duhil de Benaze, Modélisation hybride de réseaux dans un "champ criminel" : contribution des sciences sociales et d'outils logiciels au renseignement criminel, thèse soutenue en 2023 à Bordeaux 3, membres du jury : Gilles Venturini (Rapp.), Olivier Ribaux (Rapp.), Christophe Fagot, Guy Melançon, Jérôme Barlatier, Bruno Pinaud et Gautier Cloix  

    Ce travail, fondamentalement pluridisciplinaire, est une thèse CIFRE, sous la direction de l’Institut de Recherche Montesquieu, financé par l’entreprise Intactile DESIGN et en partenariat avec le Service Central du Renseignement Criminel de la Gendarmerie Nationale.Il a pour objet de proposer une méthodologie d’analyse et de modélisation des réseaux criminels appuyant l’analyste dans son travail et aboutissant à des modèles adaptés aux cas d’usages traités. L’objectif est de permettre de détecter des patterns dans les données afin d’identifier les individus occupant les positions et fonctions clefs au sein d’un réseau donné.Il s’agit d’appréhender et décrypter les réseaux criminels par des connaissances sociologiques, l’expertise des enquêteurs et analystes, ainsi que la combinaison de méthodes de modélisation issues de l’Analyse de Réseaux Sociaux (ARS), de l’analyse criminelle, de la sémantique, de la statistique, ou encore de l’informatique.Le travail consiste en l’analyse, d’un point de vue sociologique et sociométrique, de la structure et du fonctionnement du réseau criminel issu du cas d’usage à disposition, à savoir une enquête de grande envergure sur une organisation de trafic de fonds et de blanchiment en France.La première phase consiste à développer un premier modèle permettant d’extraire du graphe n-modes brut le réseau un-mode de personnes. Dans un deuxième temps, des calculs de sociométrie seront effectués sur le réseau social ainsi obtenu. Enfin, ces résultats seront interprétés et discutés sous le prisme de la théorie du champ social de Bourdieu.L’objectif est de proposer un modèle concret applicable par les analystes criminels sur les données telles qu’elles sont collectées par les enquêteurs.

    Pascal Martin, Le renseignement en France face au cyberespace et aux nouvelles technologies de l information et de la communication (NTIC), thèse soutenue en 2022 à Bordeaux 3, membres du jury : Bertrand Warusfel (Rapp.), François David (Rapp.), Jean-Marc Césari et Patrick Calvar  

    Le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) se traduit par une interconnexion croissante de nos appareils dans une zone dénommée cyberespace. Ce dernier est au cœur des évolutions des doctrines de défense des États et constitue donc une zone d'action pour les services de renseignement français, qui ont dû s’adapter à ce nouvel environnement opérationnel. En conséquence, le renseignement technique occupe désormais une place primordiale et suppose une adaptation des services par la création de structures mutualisées, des stratégies de ressources humaines adaptées, l'attribution de moyens financiers importants, une évolution des modes opératoires (nouvelles perspectives dans le renseignement humain notamment) et une collaboration accrue entre services, secteur privé et monde universitaire. L’accroissement inédit et exponentiel du nombre de données à traiter constitue un défi de premier ordre pour les services, tout comme l’accès à ces données. Ces nouveaux enjeux supposent donc une importante capacité d'innovation et une évolution des processus d'analyse, ainsi que le développement d'outils technologiques permettant le stockage, le traitement et l'exploitation de masses de données colossales. Enfin, en raison de cette connectivité croissante, l'action clandestine doit s'adapter constamment pour pleinement exploiter mais également contourner les contraintes liées aux technologies (biométrie, reconnaissance faciale, passé numérique des individus, etc.), tandis que ce mode opératoire est pleinement décliné au cyberespace (vol de données, sabotage, subversion, influence, désinformation…). Dans ce cadre, les services de renseignement voient leur rôle renforcé comme acteurs d'une cybercoercition au profit d'enjeux géopolitiques. Les services de renseignement français s'inscrivent donc dans une évolution constante pour s’adapter à ces nouveaux enjeux et faire face aux menaces qui en sont issues.

    Sylvain Gaillaud, Friends, Fools and Foes : les « relations spéciales » entre le Royaume-Uni et les États-Unis à l'épreuve de la révolution islamique en Iran (années 1970-1980), thèse soutenue en 2022 à Rennes 2 en co-direction avec Hélène Harter, membres du jury : Clarisse Berthezène (Rapp.), Pauline Schnapper (Rapp.), Alexandre Rios-Bordes  

    Dans la deuxième moitié du xxe siècle, la résurrection de l'idée de « famille anglo-saxonne », instrumentalisée par les impérialistes victoriens, se traduit par la conception d'une « relation spéciale » qui unirait les intérêts de Londres et de Washington. Cette recherche propose de vérifier, à l'interface entre l'étude des relations transatlantiques, de la politique étrangère et de la prise de décision, dans quelle mesure la politique iranienne corrobore la spécialité du bilatéralisme américano-britannique à la fin de la guerre froide. Depuis le XIXe siècle, la Perse impériale était une étape stratégique ménagée sur la route des Indes par la Couronne britannique. Un siècle après le « Grand jeu », dans un contexte de guerre froide, elle devient l'un des piliers de la stratégie d'endiguement de l'Union soviétique élaborée par les États-Unis. Le rôle de Londres et de Washington dans le renforcement du pouvoir impérial en 1953 nourrit la méfiance de la société iranienne pour les ingérences étrangères. Celle-ci éclate lors la révolution islamique à la fin des années 1970, perçue à Londres et à Washington comme une débâcle. L'étude du dialogue entre les acteurs américains et britanniques de la politique iranienne, enracinée dans l'analyse de leur formation, de leur carrière et de leurs réseaux, permet de cerner les formes de convergences, connivences et concurrences dans les stratégies de politique étrangère américaines et britanniques. Dans l'ombre post-traumatique des syndromes de Suez et du Vietnam, la mise à l'épreuve des « relations spéciales » par la « perte de l'Iran » montre ainsi l'opportunisme réciproque de partenaires en crise de puissance devant le dérèglement du monde.

    Margaux Latarche-Bertrand, L'évolution des concepts stratégiques dans la doctrine militaire en France depuis le Livre blanc sur la Défense nationale de 1972, thèse en cours depuis 2022  

    La stratégie militaire se cristallise parfois sous la forme de concepts stratégiques. Ceux-ci, issus de la logique et du langage des armées, doivent se révéler suffisamment pertinents pour influencer les décideurs politiques et être audibles par la population : l'exemple le plus récent est le concept de haute intensité, élaboré par l'institution militaire et repris par la classe politique. Depuis 1972, la France s'est dotée d'un document regroupant toutes les perspectives stratégiques à venir, que les gouvernements successifs réactualisent parfois, de plus en plus rapidement : Livre blanc sur la Défense nationale de 1972, Livre blanc sur la Défense de 1994, Livres blancs sur la défense et la sécurité nationale de 2008 et 2017, Actualisation stratégique de 2021. Ces textes, qui sont généralement les précurseurs des Lois de programmation militaire, indiquent non seulement l'héritage stratégique de la France, mais également son ambition pour l'avenir. Les concepts stratégiques, qui viennent ponctuer les démonstrations, sont avant tout les illustrations de cette triple synthèse entre acquis-moyens-volontés. Ainsi, derrière une composition exclusivement militaire, les concepts stratégiques révèlent une réalité qui dépasse la seule analyse contemporaine de l'institution militaire sur la conjoncture internationale. Il s'agit d'une réalité propre à l'héritage stratégique, entraînant des questions autour de son influence sur les armées et la classe dirigeante ; il s'agit d'une réalité propre à la dynamique des relations entre l'institution militaire et le corps politique ; il s'agit d'une réalité sur la place que la population française accorde à sa propre défense ; il s'agit de bien d'autres réalités encore, qui font intervenir ce que Clausewitz appelait la « trinité », entre armée, peuple et gouvernement. Plusieurs disciplines et axes de recherche seront invoqués au cours de ce travail – sociologie militaire, linguistique, histoire militaire, etc. – comme autant d'éclairages à la véritable nature et valeur des concepts stratégiques.

    Emmanuel Bossard-Charpentier, Anticiper les guerres à venir ? Recherches sur les causes des conflits armés interétatiques de 1989 à 2010., thèse soutenue en 2022 à Bordeaux 3, membres du jury : Olivier Forcade (Rapp.), Olivier Zajec (Rapp.), Adrien Schu  

    « Fait social total », la guerre résiste toujours, pourtant, à une définition académique consensuelle. S’agissant des conflits armés interétatiques, les causes ne sont pas plus consensuelles même s’il existe un constat partagé sur leur multiplicité. Dès lors se pose la question, non pas de résoudre un mystère, mais, pour filer la métaphore de Clausewitz, de faire se lever légèrement le « brouillard de la guerre » qui enveloppe aussi ses causes. A cette fin, une catégorisation plus fine du phénomène dans une période limitée permet de produire un isolat. Il est ainsi possible d’étudier uniquement les conflits armés interétatiques dans lesquels aucune guerre civile ne joue de rôle causal, sans considérations d’intensité, de pertes humaines ni de durée et ce durant les vingt premières années de l’après-guerre froide, soit entre 1989 et 2010. Au nombre de 13, les conflits ainsi discriminés ne semblent pas permettre de définir de nouvelles causes de la guerre. Au contraire, ils valident ensemble, à des degrés divers, les grandes théories explicatives existantes (réalisme, libéralisme, constructivisme). Par ailleurs, il apparaît que les causes sont globalement liés à la nature du rapport de force entre belligérants : ainsi, les puissances de tailles comparables s’affrontent sur des différends territoriaux non résolus et ce de façon plutôt imprévue. Par contraste, les conflits entre Etats non comparables recèlent des causes plus radicales comme le changement de régime et font l’objet de plus longues préparations.

    Ronald Oliver, Retour vers le futur , thèse en cours depuis 2021  

    Le futur est un espace dynamique qui génère de l’incertitude et, au-delà même de l’incertitude, des risques. Un système en « déplacement » dans cet espace (communauté d’Etats, Etat, collectivité, entreprise) étudiera les enjeux de gouvernance (investissement/coûts, profits/progrès, risques/dévalorisation) que génère l’incertitude, cherchera à prévoir les crises et produira pour cela des outils de gestion des risques. Mais le futur est aussi un espace de développement technologique et organisationnel dans lequel l’innovation imprègne le système étudié, qu’il l’ait générée ou pas (innovation subie ou motrice). Le système n’est donc pas seulement en déplacement, il est aussi en mutation. Un des enjeux pour lui sera donc de pérenniser ou de rétablir un équilibre interne et externe. Une « réponse anticipée » à l’opacité du futur pourra consister dans un premier temps à mener des travaux prospectifs et/ou des travaux d’anticipation pour prévenir les risques ou étudier le champ des possibles. Or le futur est aussi un espace d’investissement politique, un espace de discours et un espace d’introspection (s’il est étudié sous le prisme du rapport de l’être à la temporalité) qui interrogent la rationalité de ces travaux. Pour notre étude, nous commencerons par proposer une définition des différentes études sur le futur (anticipation, prospective, prévision et prédiction), puis nous réaliserons un recensement et un examen des travaux prospectifs dans les pays occidentaux depuis la fin de la deuxième guerre mondiale afin d’en souligner les enjeux. Nous montrerons comment le futur est devenu un champ d’action au niveau national et global. D’autre part, nous nous livrerons à une analyse critique des différentes méthodes référencées pour nous concentrer ensuite sur les scénarios prospectifs. Il s'agira alors de « problématiser » la construction des scénarios en les situant dans les processus organisationnels qui aboutissent à la prise de décision, « réponse anticipée » à l’incertitude.

    Mélina Agricole, La National Endowment for Democracy : la pratique de l'exportation de la démocratie par les États-Unis 1983-2000, thèse soutenue en 2021 à Bordeaux 3, membres du jury : Alexandre Rios-Bordes (Rapp.), Pierre Bourgois (Rapp.), Éric Dubesset  

    La NED est une organisation non gouvernementale créée en 1983 par le président Ronald Reagan, dans un contexte de guerre fraîche et de politique étrangère dictée par la lutte anti-communiste. La promotion de la démocratie représentait alors pour le président un réel enjeu de sécurité nationale. Ce projet reposait également sur un statut particulier : l’alliance des secteurs public et privé afin de créer une entité qui serait capable de promouvoir la démocratie, objectif du gouvernement, de la manière la plus légitime possible et surtout de façon transparente. Car la NED est un organisme privé, mais dont le financement est attribué en quasi-totalité par le Congrès américain. Ce travail de recherche se penche sur la question de l’autonomie de la fondation envers le gouvernement américain, envers l’administration ainsi que le Congrès, et son évolution au regard du changement de contexte des années 1990. En effet, la fin de la Guerre Froide et l’effondrement de l’URSS provoquèrent une remise en question de l’existence de la NED. Cette période est également marquée par l’arrivée de Bill Clinton qui doit redonner une nouvelle voie à la politique étrangère américaine après que le containment soit devenu désuet. À ce titre, nous tentons de montrer que l’anticommunisme, qui constitue le socle idéologique de la création de la NED, la lie aux objectifs du gouvernement. Mais elle conserve malgré tout une certaine autonomie qui en fait un outil ponctuel de politique étrangère. Mais cette position évolue dans les années 1990 avec le nouveau contexte international ainsi que les changements d’administration. Malgré cette autonomie, elle adopte de sa propre initiative un interventionnisme dans la poursuite de l’intérêt américain, alors nouvellement défini comme le maintien de la position hégémonique américaine, résultat notamment des différentes influences qui pèsent sur son conseil d’administration.

    Franck Peinaud, La politique européenne de lutte contre le terrorisme et les pays tiers : le cas de la coopération bilatérale avec la Tunisie depuis la révolution de 2011, thèse soutenue en 2021 à Bordeaux 3, membres du jury : Anne Mandeville-Briot (Rapp.), Mathieu Guidère (Rapp.), Bertrand Cavallier  

    Depuis la révolution tunisienne de janvier 2011, à l’origine du « Printemps arabe », la menace terroriste s’est accentuée des deux côtés de la Méditerranée. Celle-ci culmine en 2015 avec les attentats majeurs commis en France et en Tunisie. Les Etats membres demandent alors à l’Union européenne d’intervenir davantage en matière de lutte contre le terrorisme. Cela conduit, notamment, à la mise en place d’une coopération bilatérale entre celle-ci et la Tunisie. Afin d’en analyser les résultats, nous avons mené nos recherches sur le terrain, en tant qu’observateur participant. Ceux-ci montrent que l’Union européenne envisage son appui à la transition démocratique tunisienne comme l’opportunité de développer concrètement la dimension externe de sa politique publique de lutte contre le terrorisme au profit des pays tiers. Ils soulignent, cependant, les obstacles institutionnels et politiques tunisiens à la mise en œuvre effective de cette coopération, ainsi que l’impossibilité actuelle de réformer le secteur tunisien de la sécurité. Ils mettent également en exergue certaines faiblesses européennes, notamment l’incapacité de conduire plusieurs volets de la coopération proposée au partenaire tunisien. Enfin, s’ils attestent de l’objectif principal des autorités tunisiennes, au travers de cette coopération, d’acquérir des équipements pour leurs forces de sécurité intérieure, ils mettent en lumière des réussites de cette coopération sur le plan technique et tactique. Nous en concluons que l’Union européenne, en tant que partenaire politique d’un pays tiers en transition démocratique, gagnerait à procéder à différents aménagements dans l’élaboration et la conduite de son partenariat sécuritaire s’il elle veut parvenir à contribuer à réformer le secteur tunisien de la sécurité, en vue de renforcer la redevabilité des forces de sécurité intérieure tunisiennes.

    Jean-philippe Giraud, Le renseignement extérieur français sur la Chine, de 1860 aux années 1970, thèse en cours depuis 2020  

    Pratiqué de longue date par les diplomates et les militaires français, le renseignement extérieur est un outil au service des intérêts nationaux à l'étranger, notamment dans le cadre de l'empire colonial. En Chine, les Français ont poursuivi pendant près d'un siècle une politique d'influence, voire de colonisation avec le territoire à bail de Kouang-Tchéou-wan. Si le premier « agent-consul honoraire » français est nommé à Canton en 1827, ce n'est qu'à partir de 1840 qu'un consul est envoyé pour suivre les opérations lors de la première guerre de l'opium, instaurant une présence diplomatique française permanente. Pour le renseignement issu du Ministère de la Guerre, Il faut attendre 1857 avec l'engagement d'un corps expéditionnaire, doté d'un Service de renseignements (SR) ad hoc, pendant la seconde guerre de l'opium. Le premier attaché militaire est nommé en 1872. A partir de cette date, la France dispose d'agents de renseignement permanents en Chine au sein de plusieurs ministères, et ce au moins jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Notre travail s'intéresse principalement au renseignement « stratégique » sur la Chine, dans le domaine militaire, politique ou économique, sur fond de rivalités avec les autres puissances étrangères occupantes. L'étude du travail des différents acteurs français du renseignement sur la Chine, militaires et diplomates, mais aussi les services de police et de gendarmerie, ainsi que les missionnaires chrétiens ayant collaboré avec la France en matière de renseignement, est intéressante à plus d'un titre. Elle permet, compte tenu des biais propres à une telle approche, d'éclairer sous un jour nouveau l'évolution des relations internationales en Asie de l'Est et du Sud Est, des premiers « traités inégaux » à la décolonisation. Elle offre aussi un aperçu du développement des pratiques et de la structuration du renseignement extérieur français, à travers l'exemple chinois.

    David Husson, L’externalisation du transfert du savoir-faire militaire de la France à l’international , thèse en cours depuis 2020 

    Patrice Toreau, Le renseignement français dans la lutte contre l’islamisme armé de la guerre du Golfe (1990) à l’attentat du Bataclan (2015), thèse soutenue en 2019 à Bordeaux 3, membres du jury : Frédéric Ocqueteau (Rapp.), Xavier Crettiez et Bertrand Warusfel  

    Bien souvent les médias abordent la question de la lutte antiterroriste contre l’islamiste armé après un attentat ou lors des arrestations opérées par la police. Malgré ces interventions médiatisées pour rassurer la population, la véritable clé de la réussite d’une lutte antiterroriste demeure le renseignement au sens large (prévisionnel, offensif, …) en ne le réduisant pas seulement aux arrestations des terroristes ce qui serait réducteur. Cette recherche est d’autant plus nécessaire que le terrorisme islamiste est en perpétuel mutation autant pour échapper à la destruction que pour mener des attaques surprenantes qui déstabilisent les démocraties. Dans ce contexte les services de renseignement ont opéré une véritable métamorphose pour adapter leurs structures et leurs organisations de travail. En dehors de l’aspect fonctionnel et organisationnel le renseignement cherche sa place entre une justice organisée par un code de procédure pénal et une police qui se trouve écartelée entre un monde judiciaire et administratif. À ce carrefour le renseignement devient un sujet épineux entre des mondes qui ont des objectifs parfois inconciliables : arrêter les terroristes ou attendre pour connaître les réseaux. Cet équilibre est déjà bien instable est amplifié par nos décideurs politiques qui méconnaissent ce monde l’ombre et éprouvent une méfiance historique que ne ressentent pas les services alliés. Or cette méfiance a une réelle influence sur la politique antiterroriste puisque les débats portent sur les formes et les missions des services comme sur leur place dans l’architecture institutionnelle. Ce débat se prolonge dans le domaine des relations internationales puisque pour contrer efficacement ce terrorisme islamiste les services français coopèrent avec leurs homologues alliés qui disposent ou utilisent des méthodes qualifiées d’illégales dans l’Hexagone. Ainsi cette thèse mettra en relief les multiples aspects et spécificités du renseignement français pour s’opposer aux islamistes depuis la guerre du Golfe.

    Damien Mireval, Armées, sécurité et rébellions : le rôle du renseignement et des actions spéciales dans les guerres du Tchad (1969-1990), thèse soutenue en 2018 à Bordeaux 3, membres du jury : Tony Chafer (Rapp.), Philippe Vial (Rapp.), Jean-Pierre Bat, Serge Cholley et Alexander Laskaris  

    Au Tchad, le triptyque « armées, sécurité et rébellions » est indissociable, tant il mêle des acteurs armés qui ont dominé la scène nationale depuis l’indépendance du pays en 1960. L’entrelacs des intérêts et des combats a aussi provoqué l’implication d’intervenants extérieurs nombreux, la France et la Libye en premier lieu. Tous ont participé à cette séquence historique, de 1969 à 1990, dominée par l'émergence d'une rébellion, le Front de libération nationale du Tchad (FROLINAT), qui finira par s'emparer du pouvoir et engendrer une guerre civile suivie d'une guerre de libération des provinces du Nord. La France s’engage au Tchad en 1969 dans sa première véritable guerre depuis l’indépendance de l’Algérie, et dès lors restera actrice du destin de ce pays, sous tous les régimes successifs, de Tombalbaye au régime d’Hissène Habré. Elle cherche à conserver son appréciation autonome de situation, et renseigner sur les groupes rebelles du Tchad, la Jamariyya libyenne, voire ses propres alliés, afin de donner à ses décideurs politiques et militaires des clés de compréhension et d’action. Dans cette guerre d’un genre nouveau et méconnu des citoyens français, le renseignement et les actions spéciales constituent des armes fondamentales au cœur des engagements opérationnels, de l’évolution des différents types de capteurs, et des tensions interservices entre le SDECE/DGSE et les autres services chargés de renseignement. Parce qu'elle veut conserver son rang en Afrique notamment dans la bande sahélo-saharienne, concurrencée par les Etats-Unis, défiante vis-à-vis de la Libye et de l'Union soviétique; parce qu'elle est très impliquée dans les affaires intérieures du Tchad, parfois avec excès; et enfin parce que ses adversaires la contraignent à une adaptation permanente de posture et de capacités militaires, la France va faire du Tchad son point focal en Afrique, le laboratoire de ses futurs engagements, à la frontière entre légalité et légitimité, entre actions conventionnelles et spéciales, entre raison d'Etat et diplomatie.

    Julie Prin-Lombardo, L'impossible renseignement européen ? : évolution de la collaboration et de la coopération européennes en matière de renseignement, thèse soutenue en 2017 à Bordeaux 3, membres du jury : Olivier Forcade (Rapp.), Olivier Dubos (Rapp.), Olivier Zajec et François de La Presle  

    Cette étude est consacrée au caractère possible, voire souhaitable, du renseignement européen, en lien avec la collaboration et la coopération inter-services et dans le cadre d’une structure communautaire fonctionnelle. Notre réflexion s’est appuyée sur l’existant : le Centre de situation de l’Union de l’Europe occidentale, devenu SITCEN de l’Union européenne après les attentats du 11 septembre 2001 et Centre de renseignement (INTCEN) à l’occasion de la création du Service européen d’action extérieure (SEAE). Notre étude a permis de soulever de nombreuses questions, sans caractère exhaustif, relatives à la collaboration et à la coopération, sur le fond et sur la forme, en matière de renseignement. Tout d’abord, nous nous sommes penchés sur les motivations originelles des États-membres de l’Union européenne en matière de renseignement européen (I). Le contexte militaire, post Guerre froide, ainsi que les craintes liées à la relation privilégiée en matière de renseignement entre le Royaume-Uni et les États-Unis sont des éléments majeurs. Nous revenons également sur l’ensemble des aspects sémantiques majeurs liés à notre étude afin de comprendre ce que signifient la collaboration et la coopération en matière de renseignement, aux plans national et européen, avec toutes les subtilités que les deux termes, autant que le champ lexical du renseignement, impliquent. Ensuite, nous nous intéressons à la concrétisation, ou non, de la collaboration et de la coopération, avec les contours voire les motifs attenants (II). Le 11 septembre 2001 fait office de rappel du besoin d’une politique européenne adaptée, en matière de sécurité et de défense, et met en lumière le premier SITCEN et conduit à sa refonte (et sa renaissance) par Javier Solana. La succession d’attentats en Europe constitue, ensuite, l’élément déclencheur de la montée en puissance du second SITCEN. Ce dernier, couplé au Centre satellitaire - SATCEN, intégré aux missions et opérations civiles et militaires de l’Union européenne, est au cœur d’une véritable capacité européenne de renseignement, qui contribue de manière fondamentale aux ambitions politiques de sécurité et de défense européennes. Lorsqu’il devient INTCEN, à l’occasion de son insertion dans le SEAE en 2011, et que l’on y adjoint le terme intelligence, le centre cesse, paradoxalement, d’avoir cette capacité singulière et unique en matière de renseignement. En effet, des considérations d’ordre politique prennent le pas sur les missions d’analyse et de fusion de renseignement actionnable dans le cadre de gestion de crises. Or, la multiplication récente d’attentats démontre l’impérieuse nécessité du renseignement d’origine européenne, dans une démarche de création et de renforcement d’un appareil sécuritaire cohérent pour l’Union européenne. En plaçant le SITCEN/INTCEN au cœur de notre réflexion, nous avons souhaité montrer que la production de renseignement fusionné européen et l’examen européen d’une menace étaient possibles. En effet, le renseignement d’origine européenne et l’appréciation autonome de situation reposent majoritairement sur la bonne volonté des services nationaux de renseignement. L’histoire a prouvé, avec la constitution de réseaux informels, que la collaboration est souhaitée depuis longtemps autant que la coopération, en lien avec le refus, presque unanimement partagé au sein des États-membres, de dépendre des États-Unis. La montée en puissance du SITCEN puis son anéantissement à l’occasion de sa transformation en INTCEN ont confirmé que les réticences étaient politiques. Cette évolution illustre la relation tumultueuse entre politique et renseignement.

  • Olivier Brun, Roger Wybot (1912-1997) : genèse d'un contre-espionnage français modernisé, thèse soutenue en 2024 à Sorbonne université sous la direction de Olivier Forcade, membres du jury : Noëlline Castagnez (Rapp.), Bertrand Warusfel (Rapp.), Olivier Dard et Jean-François Gayraud    

    Roger Wybot, bien que relativement oublié aujourd'hui, fut au XXe siècle l'un des hommes les plus puissants et les plus singuliers de France. Ce n'est pas rien que d'avoir contribué, à vingt-huit ans, à la mise en place puis à la direction à Londres du contre-espionnage de la France libre, avant de créer après-guerre à Paris la redoutable et redoutée Direction de la surveillance du territoire (DST), dont il fut le directeur pendant quinze ans.Roger Wybot a longtemps suscité la crainte. À l'Assemblée nationale son nom était prononcé à voix basse. Le journal L'Aurore rapporte même qu'un avocat célèbre, un ministre, dirent de lui en leur temps « c'est le diable ». De caractère fort, difficilement influençable, cet intuitif sut avec persévérance modeler la DST selon ses vues, bouleversant des méthodes anciennes pour inscrire le service de contre-espionnage dans son temps. Incontestablement, il est le père du contre-espionnage français moderne.Une première partie montrera un Roger Wybot en mouvement, transporté par les événements qui se succèdent : né Warin, jeune officier sous contrat, il se retrouve embarqué par le tragique du conflit mondial dans une aventure exceptionnelle qui, déjà, lui donne les clés d'une carrière. Car avec la guerre, singulièrement par son expérience au BCRA, l'avenir de celui qui s'est mué en Wybot est en marche. Alors même que le poste de directeur du contre-espionnage ne lui était pas dû au sortir du conflit, il sait s'imposer et utiliser son savoir-faire pour transformer cette machine administrative et la placer au cœur de la IVe République.La seconde partie analysera en quoi toute la méthodologie mis en place en quelques semaines à la Libération s'est montrée adaptée aux événements, d'abord dans la chasse aux anciens nazis et collaborateurs puis très rapidement du fait de l'entrée dans la guerre froide dans la lutte contre l'ennemi communiste. Cet appareil d'État a aussi été construit dans un objectif de protection du secret de défense, dont la compromission allait provoquer deux scandales retentissants. Parallèlement pointait le mouvement de décolonisation qui réorientait son action, d'abord timidement avant d'absorber une large part de ses ressources avec la guerre d'Algérie.Mais ce travail ne saurait suffire. Son dessein est aussi de se demander, par-delà les événements qu'il a traversés, qui était réellement Roger Wybot par une approche croisée. L'individu ne se laisse pas facilement cerner. Ou plutôt, il a tant fait de son vivant pour construire son image que le risque est fort de se laisser porter par un portrait flatteur, sans chercher les zones d'ombre. Avec un tel spécialiste du contre-espionnage, la force et l'ampleur des manipulations ont été considérables. C'est vrai pour les affaires traitées, et on en comprend bien la nécessité, c'est aussi vrai pour sa propre représentation. Une troisième partie visera donc à reconstituer un portrait de l'homme, plus fidèle à la réalité, tout aussi étayé que le déroulé chronologique, mais interrogeant le pourquoi de cette relative mystification.L'objectif est bien d'atteindre Roger Wybot en historien. Quelle était donc sa personnalité si singulière ? S'est-il retrouvé dans ses convictions, ses réseaux et ses traditions, s'est-il enfermé dans un rôle, ou au contraire son chemin a-t-il constitué une démarche pour s'en affranchir ? En quoi son parcours a-t-il influencé, positivement ou négativement, sa manière de travailler et sur-tout de façonner le contre-espionnage, cette mission de service public si particulière ? Et finalement, que reste-t-il aujourd'hui de Roger Wybot ?

    Bilel Ainine, Islam politique et entrée en radicalité violente. Le cas des salafistes radicaux violents algériens, thèse soutenue en 2016 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Xavier Crettiez, membres du jury : Nathalie Duclos (Rapp.), Gilles Dorronsoro (Rapp.), Luis Martinez et Emmanuel Blanchard  

    Résumé : Cette thèse s’intéresse à la question de la radicalisation violente chez les salafistes algériens. Elle tente de comprendre comment s’effectue le glissement d’un militantisme (ou d’une sympathie) en faveur d’un islam politique légal, vers un activisme clandestin versé dans l’action violente sous le seau du djihad armé. Saisir le cheminement de cette entrée en radicalité, nous amène d’abord à réfléchir sur la radicalisation de la pensée religieuse comme première étape du processus étudié. L’engagement au profit du djihad est ensuite tributaire d’une construction (ou reconstruction) identitaire fondée sur un renversement moral de l’ordre socioreligieux établi. Les représentationsqui en émanent sont le produit d’une socialisation de l’individu à une pensée radicalisée qui, lorsqu’elle est combinée à d’autres variables facilitatrices ou incitatrices, le prédispose à passer à l’acte. Ainsi, au niveau macro, les opportunités/menaces agissent comme des facteurs facilitateurs ou précipitateurs dans l’engagement armé ; la répression et la fermeture du champ politique sont à ce titre, les variables les plus redondantes dans l’explication de l’entrée en radicalité chez les salafistes algériens. Au niveau méso et micro, l’influence des réseaux préconstitués (organisations armées, réseaux de soutiens logistiques…) et des liens sociaux (amis, voisins, famille…) pèse lourdement sur le choix de l’engagement collectif et individuel. Enfin, les chocs moraux et les récits mémoriels sur la répression subie peuvent aussi nous éclairer à saisir un certain nombre de trajectoires de radicalisation violente chez les djihadistes algériens

    Rose Fazli Estabragh, L'Etat Taliban en Afghanistan 1996-2001, thèse soutenue en 2016 à Bordeaux sous la direction de Daniel Bourmaud, membres du jury : Thomas Lindemann (Rapp.), Hubert Peres  

    Cette thèse est destinée à appréhender le phénomène Taliban d'un autre point de vue, c'est-à-dire en tantqu'État, durant la période 1996-2001. À cet égard, nous avons utilisé la théorie d'Alain Touraine relative auxmouvements sociaux, distinguant trois grands principes caractérisant un mouvement social : l'identité, l'oppositionet la totalité, ces trois éléments étant interdépendants. Le premier chapitre de cette thèse est destiné à analysercomment les Talibans, en tant que sujet historique, ont été créés dans un contexte de guerre et d'opposition. Sontainsi successivement abordés la guerre avec l'Union soviétique, les Moudjahidins, les guerres civiles, les oppositionsrégionales et le clivage essentiel entre sunnites et chiites. Ensuite, il a été tenté de clarifier la façon dont le caractèretotalitaire de l'identité de l'Etat Taliban est renforcé par ses deux dimensions organisationnelles : l'islamisme et lepachtounisme, ce qui a conduit à confronter le régime des Talibans à la définition du modèle classique de régimetotalitaire concernant les institutions et la domination. La dernière partie aborde la question de la chute de l'EtatTaliban. La contradiction entre l'universalisme idéologique et l'existence des Talibans en tant qu'Etat a conduit àl'isolement sur la scène internationale. Les Talibans échouent par ailleurs à établir une domination intégrale enAfghanistan et se trouvent confrontés à une crise de légitimité interne ouvrant la voie à leur chute. En conclusion, ilest souligné la façon dont les Talibans ont mis en place une centralisation politique, en dépit de la profondeur desclivages tribaux et idéologiques. Pour atteindre leurs buts, ils se sont concentrés principalement sur trois éléments :l'islam fondamentaliste, la conscience nationale et tribale et l'honneur du guerrier. Finalement par le moyen de lathéorie de George Bataille, l'auteur de la présente thèse tente de préciser que les Talibans ont échoué à établir leuremprise totalitaire dans le climat hétérogène de la société afghane, malgré leurs efforts pour imposer les troiséléments d'homogénéisation susmentionnés.

    Michel Roucaud, Le renseignement militaire opérationnel sous le Consulat et l'Empire (1799-1815), thèse soutenue en 2015 à Paris 1 sous la direction de Bernard Gainot, membres du jury : Jacques-Olivier Boudon (Rapp.), Jean-François Brun (Rapp.), Valeria Pansini et Hervé Drévillon  

    Dans la deuxième moitié du XXe siècle, l’historien américain Sherman Kent définit ce qu’est le renseignement. Ce mot désigne les structures de renseignement et renvoie aux activités mises en œuvre par ces organes, il s’agit enfin d’un savoir [knowledge] sur des matières aussi diverses que le sont les applications potentielles de l’activité de renseignement. Or, cette acception n’est pas celle qui est donnée au mot « renseignement » sous le Consulat et l’Empire. Le renseignement désigne juste l’action de se renseigner. Cependant le renseignement militaire opérationnel existe bel et bien dans les armées napoléoniennes. L’on constate dans ces armées la présence des savoirs et savoir-faire qui constituent une culture de renseignement propre à mener des opérations. Dans quelle mesure cette culture est-elle partagée par les militaires ? S’accompagne- t-elle de la formation d’une spécialité ? Répondre à ces interrogations, c’est axer les recherches tout d’abord sur l’étude des documents de renseignement et leur normalisation, puis sur les acteurs du renseignement opérationnel (du militaire à l’espion), sur les structures du renseignement permanentes et temporaires, et enfin sur le cycle de l’information. L’état de guerre quasi permanent à cette période de l’histoire contribue à accélérer l’acculturation des militaires au renseignement. Cependant, la fin de cet état fera apparaître les limites du renseignement opérationnel.

    Odile Girardin-Thibeaud, Des amiraux au service de Vichy (1940-1944), thèse soutenue en 2014 à Bordeaux 3 sous la direction de Bernard Lachaise, membres du jury : Olivier Wieviorka (Rapp.), Olivier Forcade (Rapp.), Jean-Baptiste Bruneau  

    Dès la signature de l’armistice, près de 70% des officiers généraux de marine de première section se retrouvent non seulement à des postes emblématiques de l’Etat français, mais aussi à des postes plus secondaires. Quelque soit la nature des ces fonctions, elles leur permettent, dans la plupart des cas, de se faire les hérauts de l’Etat français. Entrés en politique dès juin 1940 au gré des événements militaires, ces hommes présentent une cohérence sociale et professionnelle forte qui, à elle seule, ne suffit pourtant pas à expliciter ce ralliement massif au maréchal Pétain. Leur culture professionnelle et politique reste un élément majeur pour rendre compte de la rencontre idéologique entre ce corps et la Révolution nationale. Persuadés de la supériorité de leur modèle moral et culturel, ils voient dans ce régime, né des décombres de la Troisième République, l’opportunité de faire triompher leurs valeurs. L’obéissance militaire n’apparaît alors que comme un facteur certes réel mais secondaire pour expliciter ce ralliement. Chez l’amiral Darlan, en revanche, il semble bien que l’accession au pouvoir résulte d’un processus pensé et mûri dès mai 1940 et qui se poursuit pendant les six premiers mois de régime. Favorables à une gestion autoritaire du pouvoir, les amiraux portent les mesures d’exclusion et de retour à la tradition en fonction de leurs propres valeurs et des fonctions qu’ils exercent. Leurs pratiques politiques, directement héritées des méthodologies en vigueur dans la Marine, leurs entourages immédiats issus eux aussi de la Royale, contribuent avec la nature des actions qu’ils mettent en place, à alimenter leur réputation de mauvais politiques. L’épuration judiciaire et professionnelle sanctionne quelques uns d’entre eux, mais les procédures, prises sur la durée, d’amnistie et d’annulation par le conseil d’Etat des sanctions administratives permettent de tempérer les déclarations d’épuration rigoureuse. Un dictionnaire complète cette approche collective : il permet ainsi de suivre les itinéraires professionnels de chacun des quarante-neuf officiers généraux de marine étudiés, de rendre compte de leur rôle entre 1940 et 1944 et d’évoquer leur situation dans l’après guerre.

    Hervé Chauvin, La lutte finale : l'URSS dans le débat politique et intellectuel en France de 1975 à 1991, thèse soutenue en 2012 à Bordeaux 3 sous la direction de Bernard Lachaise, membres du jury : Laurent Jalabert (Rapp.), Marie-Pierre Rey (Rapp.), Marc Lazar  

    Depuis son origine, l'Union soviétique n'a cessé d'être en France l'objet d'un vif débat politique et intellectuel, un lieu de transposition des affrontements idéologiques hexagonaux. Alors que deux images contradictoires de l'URSS se sont formées au XXe siècle – celle de l'incarnation du socialisme et celle d'une dictature repoussante – la décennie qui débute en 1975 voit le triomphe en France de l'image noire du régime soviétique, dont le bilan est jugé complètement négatif, malgré une courte période d'interrogations suscitée par les réformes gorbatchéviennes. Cette évolution est le résultat d'un intense affrontement politique et idéologique hexagonal autour de la « réalité » du socialisme soviétique au moment où l'Union de la gauche propose un projet socialiste pour la France : l'Union soviétique se retrouve alors étroitement imbriquée dans les débats politiques, syndicaux, intellectuels français, constituant alors la ligne de démarcation principale entre communistes et non-communistes. La réintroduction du concept de totalitarisme, l'identification à la lutte de la dissidence est-européenne et la dénonciation de l'impérialisme soviétique pendant la période de « guerre fraîche » constituent les différentes facettes de cette lutte dont le résultat est le développement d'un fort antisoviétisme en France, allant jusqu'à une certaine remise en cause des relations bilatérales. L'amalgame entretenu entre les deux socialismes – de l'Est et de l'Ouest – contribue à la fois à la marginalisation du Parti communiste français qui peine à redéfinir ses relations avec les partis frères, de l'affirmation du « socialisme aux couleurs de la France » au bilan « globalement positif » des pays de l'Est, mais affecte aussi de manière plus générale l'idée de socialisme en France. Après des années de sympathie pour le communisme, les intellectuels français basculent massivement dans un anticommunisme virulent: la substitution du binôme capitalisme/socialisme au profit du couple démocratie/totalitarisme se traduit par l'abandon des traditions révolutionnaires de la gauche française. La vision libérale de l'histoire triomphe alors, entraînant une condamnation totale et définitive du régime soviétique qui précède, de loin, sa fin en 1991.

  • Ivan Sand, Géographie politique et militaire de la projection aérienne des armées françaises depuis 1945, thèse soutenue en 2020 à Sorbonne université sous la direction de Philippe Boulanger, membres du jury : Jean-Vincent Holeindre (Rapp.), Olivier Forcade et Jérôme de Lespinois    

    Les opérations de projection aérienne se caractérisent par l’emploi de l’aviation pour intervenir rapidement et souvent loin du territoire national. Seul un petit nombre d’États dispose des capacités militaires pour en faire un instrument géostratégique. Dans le cas de la France depuis 1945, ces opérations se déroulent essentiellement dans des zones difficilement accessibles par voies maritime ou terrestre (pays enclavés, vastes étendues désertiques), et plus récemment, dans les centres urbains, Sur le plan politique, la France utilise majoritairement la projection aérienne au sein de ses espaces d’influence, en premier lieu les pays francophones du continent africain. Pour y intervenir, les armées françaises bénéficient de réseaux diplomatiques et militaires qui leur permettent d’agir de façon autonome. Parallèlement, l’armée de l’air a également construit un outil de projection à l’échelle mondiale. La mission de dissuasion nucléaire y a largement contribué : ses vecteurs et ses unités ont peu à peu apporté une culture et des capacités nouvelles qui ont révolutionné la géographie des opérations aériennes. Dans ces zones plus éloignées de la métropole, où les appuis militaires et politiques sont moindres, les opérations se font généralement sous commandement américain. Les différences entre les opérations menées au sein des espaces d’influence de la France d’une part, et celles conduites dans le reste du monde d’autre part, font ressortir l’importance des appareils de transport à long rayon d’action, du réseau de bases aériennes à l’étranger et des soutiens diplomatiques régionaux, notamment si ces interventions sont amenées à durer.

    Alexis Deprau, Renseignement public et sécurité nationale, thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Olivier Gohin, membres du jury : Bertrand Warusfel (Rapp.), Olivier Forcade, Jean-Vincent Holeindre et Christian Protar  

    Si les activités de renseignement public n’étaient pas encadrées, la loi du 24 juillet 2015 relative au renseignement a permis de créer un cadre juridique du renseignement, tout en mettant en avant la communauté du renseignement. Cet encadrement juridique des activités de renseignement s’exerce dans le but de faire face aux menaces à la sécurité nationale. Cet encadrement juridique est aussi une avancée qui a permis d’ériger le renseignement public comme une politique publique, nécessaire pour protéger les intérêts fondamentaux de la Nation, et a été complété par un contrôle concret de ces activités de renseignement.

    Baptiste Colom y Canals, Le renseignement aérien en France (1945-1994), thèse soutenue en 2016 à Paris 4 sous la direction de Olivier Forcade, membres du jury : Philippe Boulanger (Rapp.), Marie-Catherine Dubreil-Villatoux    

    Au travers de l’étude du renseignement aérien en France de 1945 à 1994, il s’agit de replacer l’emploi de cet outil décisionnel sur une échelle de temps longue afin d’en comprendre sa perception chez les décideurs français. Pour analyser les évolutions du renseignement aérien, nous avons comparé les expériences opérationnelles avec les corpus doctrinaux et les innovations technologiques du système de collecte. Notre étude s’est appesantie sur les implications tactiques, stratégiques et politiques de notre objet d’étude pour expliciter les différentes dimensions de ses perceptions d’emploi. Afin de mieux comprendre ces facteurs évolutifs dans le contexte français, nous avons également introduit des points comparatifs avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. C’est également un moyen d’entrevoir l’influence de facteurs étrangers sur les évolutions d’emploi et de perceptions du renseignement aériens français, tout en précisant les spécificités françaises. Entre la mission de collecte, défini comme la reconnaissance et l’ensemble du renseignement aérien, la question qui se pose est de savoir ce qui doit être compris comme objet focalisant la perception du décideur militaire ou politique. Le renseignement aérien peut-il être compris, en France, comme un service de renseignement à part entière ou juste comme un système de collecte au service d’un acteur décisionnel ? L’autre question est de savoir comment les différentes évolutions qui ont touché notre objet d’étude ont influencé ses perceptions d’emploi. Au-delà de ces problématiques, celle du rapport entre l’image et le décideur, spécifique au renseignement aérien, influence t-elle également sa perspective d’utilisation ?

    Francis Garcia, La carrière des intendants militaires de 1870 à 1914, thèse soutenue en 2015 à Bordeaux 3 sous la direction de Jean-Paul Jourdan, membres du jury : Olivier Forcade (Rapp.), Jean Le Bihan  

    Les intendants militaires constituent une catégorie particulière d’officiers qui s’occupent des besoins de la vie courante du soldat. Ils sont crées en 1815 et remplacent les commissaires des guerres et les inspecteurs aux revues. Leur étude comprend deux parties. La première est destinée à présenter leurs caractéristiques sociales et militaires générales et leur place dans les débats sur l’administration militaire et la communauté militaire. Elle comprend les domaines suivants : - l’origine géographique, - l’âge et le grade au mariage, - la profession des pères et des beaux-pères, - la composition et le montant des dots, - les dossiers de demande d’autorisation de mariage, - les demandes de bourses pour les écoles militaires, - la place de la vie privée dans les appréciations données par leurs supérieurs. - l’origine du recrutement (saint-cyriens, polytechniciens, soldats), - les causes des fins de carrières - les grands évènements de la carrière (entrée dans le corps de contrôle de l’administration, interruptions de service, mutations), - la remise en question de l’intendance militaire au cours des débats sur l’administration militaire après la défaite de1870, et notamment sa place vis-à-vis du commandement, - la place des officiers d’administration et des médecins militaires, - l’image des intendants parmi les autres officiers. La seconde partie expose les déroulements des carrières, elle comporte les points suivants : - les résultats de la scolarité dans les écoles militaires et leur influence sur les appréciations données par leurs supérieurs et l’avancement ; - les carrières dans l’arme d’origine (l’influence des appréciations, des félicitations et des punitions), - les conditions du passage dans l’intendance (le concours, la formation administrative), - les carrières dans l’intendance (l’influence de la carrière dans l’arme d’origine, les rôles de l’origine et des appréciations dans l’accès aux différents grades, les projections de carrières à partir du premier grade).

    Alexandre Marchant, L'impossible prohibition : la lutte contre la drogue en France (1966-1996), thèse soutenue en 2014 à Cachan Ecole normale supérieure sous la direction de Olivier Wieviorka, membres du jury : Sophie Chauveau (Rapp.), Jean-François Sirinelli et Michel Kokoreff  

    Entre le milieu des années 1960 marqué par l’apparition d’une nouvelle toxicomanie juvénile inquiétant les pouvoirs publics (1966 : première campagne de presse contre le LSD) et débouchant sur la loi de 1970 et le milieu des années 1990 marqué par la généralisation des stratégies de réduction des risques (1996 : institutionnalisation des traitements de substitution), il s’agit d’étudier la constitution de la toxicomanie comme problème social, sanitaire et politique, à travers les politiques dont elle a fait l’objet, souvent influencées par le cadre international de « guerre à la drogue ». La thèse vise à cerner les évolutions des usages, trafics et politiques publiques. Sa problématique réside dans une interrogation sur la notion de prohibition : comment est construit socialement et médiatiquement le scandale qui légitime l’interdiction ? Qui sont les acteurs qui la définissent « d’en haut » (politiciens, législateur, experts médicaux), et ceux qui l’appliquent sur le terrain (policiers, magistrats, médecins) ? Quelles sont les conséquences sociales de son application (criminalisation accentué du trafic, stigmatisation des usages) ? Comment se contredit-elle entre son volet répressif et son volet sanitaire ? Cette recherche s’appuie sur le dépouillement de matériaux divers : archives ministérielles (Intérieur, Justice, Santé, Jeunesse et Sports, Education Nationale, Services du Premier Ministre, Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie-MILDT), archives parlementaires, archives privées, sources imprimées, presse, audiovisuel (archives INA)….

    Gaby Aron Castaing, Le contrôle général de la surveillance du territoire et la lutte contre l'espionnage et la trahison 1934-1942, thèse soutenue en 2013 à Dijon sous la direction de Jean-Marc Berlière, membres du jury : Christian Chevandier (Rapp.), Olivier Forcade et René Lévy  

    Pas de résumé

  • Agathe Couderc, Sous le sceau du secret : les coopérations internationales des Chiffres britannique et français, militaires et navals pendant la Première Guerre mondiale, thèse soutenue en 2022 à Sorbonne université sous la direction de Olivier Forcade, membres du jury : Julie d' Andurain (Rapp.), Philippe Nivet (Rapp.), Peter Jackson    

    Redécouverte à la fin du XIXe siècle, à la faveur de l’évolution des télécommunications, la cryptologie, ou science des écritures secrètes, connaît un intérêt croissant dans les milieux militaires et navals. Son développement accéléré en temps de guerre se traduit chez les Français et les Britanniques par la création ou l’élargissement de plusieurs services dits « du Chiffre », spécialisés dans la protection des communications nationales et alliées et dans l’attaque des codes ennemis. Une telle évolution illustre l’émergence d’une nouvelle branche du renseignement et de son reflet dans le contre-espionnage pendant la Première Guerre mondiale : le renseignement technique. La comparaison des Chiffres français et britanniques au sein des forces armées établit des temporalités certes différentes dans l’apparition de certaines missions, mais met en lumière les similitudes dans l’instauration de ces services, notamment dans le recrutement d’un personnel soumis au secret. Au sein de l’Entente cordiale, une coopération secrète, interarmes et interalliée, se noue entre les services du Chiffre français et britanniques. Cette alliance comprend autant la construction de codes secrets communs que le partage d’informations issues de l’interception et du décryptement des messages ennemis. Elle permet ainsi de souligner l’importance de la cryptologie pour l’alliance franco-britannique, mais aussi pour leurs autres alliés comme les Américains, dans la lutte contre les Empires centraux. L’ampleur que cette spécialité du renseignement prend dans la conduite de la guerre explique dès lors la forme prise par les Chiffres français et britanniques d’après-guerre.

    Édouard-Nicolas Derinck, L'offre de sécurité publique dans les territoires ruraux et périurbains, thèse soutenue en 2021 à Paris 2 sous la direction de Jean Mercier-Ythier et Jean Belin, membres du jury : François Facchini (Rapp.), Véronique Jérôme-Speziari (Rapp.), William Vaquette  

    Cette étude de l’offre de sécurité publique dans les territoires ruraux et périurbains développe une approche économique des facteurs de l’insécurité et de l'offre nationale de services de sécurité intérieure pour la combattre. Notre travail s’attache tout d’abord à définir, de manière théorique, les facteurs socio-économiques de l'insécurité face au risque criminel et à en évaluer les aspects objectifs et subjectifs qui pourront être associés dans des indicateurs multicritères, permettant in fine une comparaison spatiale, entre départements, de l’insécurité en France (Chapitre 1). A partir de ces analyses préalables, notre travail se poursuit par l'étude du besoin et de la demande de sécurité qui fondent l'offre sécuritaire. Partant du principe que la sécurité demeure un bien public pur, nous proposons une analyse des politiques publiques de sécurité en France métropolitaine et discutons la question du choix de l'égalité sécuritaire des territoires obtenue soit par un lissage géographique des taux de criminalité, soit par une répartition équitable des effectifs des forces de sécurité publiques au sein des territoires (Chapitre 2). Après avoir montré que la variable humaine est un facteur clé de la production de la sécurité au sein des territoires tenus par la gendarmerie nationale, nous proposerons une analyse économétrique permettant de mesurer l'effet de la variation des effectifs des gendarmes sur la délinquance dans les territoires et d'analyser l'impact de ces effets en zones rurales et en zones périurbaines (Chapitre 3).

    Mona Parra, La protection du renseignement britannique, américain et allemand pendant la Seconde Guerre mondiale., thèse soutenue en 2016 à Reims sous la direction de Thomas Nicklas, membres du jury : Trevor Harris (Rapp.), Richard Davis et Catherine Heyrendt  

    Cette thèse est consacrée à l’étude de la protection des sources de renseignement britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale, en enrichissant cette analyse grâce à des éléments de comparaison avec les pratiques privilégiées aux États-Unis et en Allemagne. Dans ces trois pays, des approches très différentes sont adoptées afin de s’assurer de la durabilité des sources et de pouvoir continuer à exploiter ces données précieuses, témoignant d’appréhensions variées de l’impératif de préserver ces sources et de politiques diverses à l’égard du choix complexe entre utilisation d’un renseignement et préservation de son origine, entre exploitation à court terme et bienfaits sur une échéance plus longue dans un contexte de guerre. En s’appuyant sur de nombreux documents d’archives civils et militaires des trois pays, cette étude présente leurs attitudes divergentes et permet de faire la lumière sur les véritables performances des services de renseignement des trois pays. Il est nécessaire de s’interroger sur le bien-fondé de la réputation de secret qui semble caractériser les agences britanniques, par opposition à leurs homologues américains, et sur le véritable succès des services allemands dans un pays marqué par de profondes divisions.Cette recherche détaille la coopération équivoque entre le Royaume-Uni et les États-Unis, qui a posé quelques-uns des premiers jalons de la « special relationship », la « relation spéciale » entre les deux pays, toute d’ambiguïté. Cette association est le théâtre de l’inversion du rapport de forces des deux puissances dans ce domaine comme dans bien d’autres. De plus, l’analyse des échanges des agences britanniques avec leurs homologues français et soviétiques permet d’adopter une nouvelle perspective dans l’étude de leurs relations internationales et de ces alliances complexes aux contours fluctuants.

    Elsa Clavel, La faculté des lettres de Bordeaux 1886-1968 : un siècle d'essor universitaire en province, thèse soutenue en 2016 à Bordeaux 3 sous la direction de Bernard Lachaise, membres du jury : Bruno Poucet (Rapp.), Jean-François Condette (Rapp.), Sylvie Guillaume  

    A partir de la fin des années 1870, l’enseignement supérieur en France connaît d’importantes mutations liées aux réformes de la Troisième République. La faculté des lettres de Bordeaux, qui s’installe en 1886 dans le « Palais des Facultés » - un des tout premiers en France - au centre-ville de Bordeaux, permet d’observer les bouleversements qui touchent autant les enseignants que les étudiants de plus en plus nombreux, mais aussi le cursus universitaire et les disciplines enseignées. La faculté des lettres de Bordeaux acquiert une certaine spécificité au cœur d’un mouvement national : l’innovation de la « science sociale » avec Emile Durkheim, le développement de la géographie coloniale en sont quelques exemples. Près d’un siècle plus tard, au cours des années 1960, la faculté des lettres de Bordeaux se distingue encore avec l’écriture d’une histoire de Bordeaux sous la direction de Charles Higounet, inédite alors pour une métropole en France et en Europe. Une étude prosopographique distingue quelques caractéristiques d’un corps professoral, souvent passé par les grandes écoles, pour lequel la faculté des lettres de Bordeaux peut constituer autant un tremplin vers Paris que la réalisation d’une longue carrière universitaire. L’analyse des dossiers des étudiants montre le mouvement de massification qui touche l’enseignement supérieur ainsi que sa féminisation et une relative diversification des origines sociales. La faculté des lettres de Bordeaux, siège de ministères au début des deux conflits mondiaux, est, enfin, engagée dans les grands enjeux politiques, de l’affaire Dreyfus à Mai 68 tout en s’insérant au cœur de l’Aquitaine et en s’ouvrant au monde, plus particulièrement aux territoires d’outre-mer et de culture hispanique. La faculté des lettres de Bordeaux est donc un reflet de la démocratisation progressive de l’accès à l’éducation et de ses limites, mais aussi des changements structurels de la société française de la fin du XIXe siècle à 1968.

    Thomas Bausardo, Les coopérations internationales de la France dans la lutte contre le terrorisme (fin XIXe siècle – 1989), thèse soutenue en 2015 à Paris 4 sous la direction de Olivier Forcade, membres du jury : Jean-François Clair et Didier Musiedlak  

    À la fin du XIXe siècle, à la faveur du développement en Europe des premières formes contemporaines d’un terrorisme internationalisé, la France participe à la naissance d’une première grammaire de la coopération internationale contre le terrorisme, qui se décline en une coopération politique multilatérale, une coopération policière secrète et une coopération de nature judiciaire ayant pour fondement l’extradition. Il s’agit dès lors d’écrire l’histoire des coopérations internationales de la France contre le terrorisme depuis cette période jusqu’à la fin des années 1980, dans ses versants tant politiques que policiers et judiciaires, en analysant les appréhensions, adaptations et spécialisations des différents organes de l’État, en fonction non seulement de l’évolution du terrorisme lui-même mais aussi des relations internationales dont elles constituent un élément à part entière. À l’ère du terrorisme anarchiste à la fin du XIXe siècle succède un entre-deux-guerres durant lequel la France fait l’expérience du terrorisme balkanique et où pour la première fois une organisation internationale, la SDN, se saisit du terrorisme. À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la France fait de nouveau l’expérience de la coopération durant la guerre d’Algérie, et à partir de la fin des années 60 participe à un mouvement d’européanisation de ses enjeux et de ses pratiques tant au niveau bilatéral que multilatéral. L’Europe géographique autant qu’institutionnelle devient l’espace de référence de la coopération antiterroriste, du fait de la persistance du phénomène tant d’origine domestique qu’international et de sa transformation en enjeu majeur pour la société internationale.

    Julien Florent, Renseignement et diplomatie de la SDN à l'ONU : histoire des pratiques de l'espionnage dans les organisations internationales, thèse soutenue en 2014 à Paris 4 sous la direction de Olivier Forcade, membres du jury : Peter Jackson et François David    

    Les Etats sont amenés à espionner les organisations internationales, les structures comme les membres qui les composent, car ces organisations ont déterminé depuis 1920 la place et la puissance des Etats dans l’ordre international. Cette recherche traite de la dynamique du renseignement dans la relation diplomatique de l’Etat à la Société des Nations et aux Nations Unies, de son articulation avec la diplomatie dans l’élaboration d’une politique étrangère à la SDN et à l’ONU. L’enjeu est de définir les leviers théoriques de l’articulation stratégique entre les services diplomatiques et les services de renseignement au cours de moments historiques précis et marquants des appréhensions, des objectifs, des moyens de mise en œuvre et de conduite des politiques d’influence des Etats dans les organisations internationales. A la SDN puis à l’ONU, nous étudierons le renseignement par le biais de son évolution vis-à-vis de ces nouveaux cadres internationaux, des figures et des jeux d’espions qui entourent les activités des organisations internationales, puis au cours de temps diplomatiques forts qui ont renforcé son rôle dans les organismes internationaux. Cette étude revisite l’histoire des relations internationales et des grandes institutions multilatérales telle qu’elle a été appréciée par les services de renseignement. Nous verrons ainsi que le renseignement à la SDN et à l’ONU se construit en fonction des impératifs diplomatiques comme un outil traditionnel de puissance et d’influence, un instrument de force et d’intégration de la politique étrangère des Etats. Il permettra de se projeter dans une actualité très contemporaine avec toute la profondeur de l’Histoire.

    Michaël Bourlet, Les officiers français des 2e et 5e bureaux de l’état-major de l’armée (août 1919-juin 1919), thèse soutenue en 2009 à Paris 4 sous la direction de Jacques Frémeaux, membres du jury : Philippe Nivet et Frédéric Guelton    

    Au début du XXe siècle, le 2e bureau incarne le renseignement militaire à l’état-major de l’armée à Paris. Entre août 1914 et juin 1919, 366 officiers servent dans cette administration secrète du ministère de la Guerre. Ce travail, qui a pour objet une histoire des services dits spéciaux à travers le prisme des dossiers individuels, comprend trois axes : une étude institutionnelle, une étude prosopographique et un dictionnaire biographique. En moins de quatre années, le dispositif de renseignement à l’EMA étend ses activités à des champs nouveaux (économie, politique, diplomatie, coopération interalliée). Ce développement passe par plusieurs réformes structurelles profondes. Pour mener à bien ces activités, le renseignement à l’EMA connaît un accroissement inédit de son personnel et un élargissement du recrutement, qui concerne en particulier les officiers de réserve. Les élites intellectuelles et économiques de la Nation occupent alors une place de choix dans cette organisation. Une fois la guerre terminée, le 2e bureau retrouve sa spécificité militaire.