Le combattant du futur sera-t-il un « super soldat » ? L’augmentation militaire fait aujourd’hui partie des thématiques « à la mode ». En effet, les études portant sur les évolutions technologiques militaires mettent de plus en plus en avant ce concept, au même titre que les sujets des drones armés et des systèmes d’armes létaux autonomes, largement évoqués durant la dernière décennie. On observe ainsi, depuis plusieurs années maintenant, une multiplication des travaux portant sur le soldat augmenté. Dans le monde anglo-saxon, les écrits, en commun ou de manière autonome, de chercheurs tels que Patrick Lin, Max Mehlman ou encore Jai Galliott peuvent par exemple être mis en avant. Sans entrer dans les détails et débats entourant la définition du soldat augmenté, ce dernier fait référence, d’une manière générale, à un combattant doté de capacités physiques comme psycho-cérébrales « augmentées » grâce à des technosciences agissant sur lui depuis l’intérieur ou l’extérieur du corps humain. Il s’agit donc, pour les armées, de disposer d’un soldat plus performant sur le champ de bataille comme en dehors, que ce soit au niveau physique ou sur le plan cognitif. À cet égard, l’augmentation militaire représente un objet bien plus complexe qu’il n’y paraît. Ce point est justement au cœur de ce numéro des Champs de Mars et, par conséquent, de cette introduction, qui pousse ainsi à s’interroger sur sa nature en tant que telle. Le super soldat n’est-il pas, par exemple, un sujet similaire à celui d’« homme augmenté » ? Par ailleurs, ne doit-on pas le considérer comme un simple thème de science-fiction ? De même, l’augmentation ne constitue-t-elle pas une tendance récurrente dans l’histoire militaire ? Celle-ci ne fait-elle pas référence, finalement, à un processus globalement unifié ? Ces quelques questions – non exhaustives – mettent donc en lumière une complexité qui mérite d’être analysée. C’est l’enjeu de cet article, qui cherche à appréhender le phénomène à partir de certains des points de tension qui l’entourent et, en cela, à montrer la nécessité d’engager une approche multidimensionnelle permettant d’en saisir pleinement le contenu.